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Justice: Non, chers amis réacs, l’emprise n’est pas forcément une tarte à la crème!

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Dans les nombreuses récentes affaires médiatico-judiciaires de violences sexuelles, la notion d’emprise est très en vogue. Philippe Bilger l’analyse ici.


Un article dans Le Monde avec pour titre « Nicolas Sarkozy, valeur refuge de la droite » et cette explication : « Au sein des Républicains, beaucoup voient dans l’ancien président un homme providentiel. Auprès de l’électorat, les choses ne semblent pas si évidentes ». J’ai eu un moment de saisissement, une envie d’écrire sur cette dépendance qui résiste à ses échecs politiques mais tient à une personnalité à laquelle on prête énergie, force, audace. C’est comme cela, il y a une sorte de fatalité dans ce parti : il préfère les apparences à la substance. Je me suis vite détourné de ce thème pour ne pas être tenté et parce que la notion d’emprise est devenue une véritable scie médiatique et judiciaire. À la réflexion, je quittais l’esquisse d’une emprise politique pour tenter l’analyse d’une emprise humaine.

L’avantage d’avoir des amis intelligents est de ne jamais laisser votre pensée en repos. Appréciant de plus en plus l’Heure des pros du jeudi soir (CNews) et le compagnonnage libre et stimulant que l’émission permet, j’ai quitté celle du 18 février après une joute, selon moi passionnante, consacrée à la condamnation de Georges Tron en appel et à la notion d’emprise, une variation judiciaire sur la contrainte, l’un des quatre éléments se rapportant au viol et à ses modalités.

Un désaccord avec Elisabeth Lévy et Gilles-William Goldnadel

Elisabeth Lévy et Gilles-William Goldnadel étaient vent debout contre cette explication par l’emprise, qui avait été, semble-t-il, décisive pour la condamnation de Georges Tron ayant par ailleurs bénéficié d’un acquittement partiel pour l’une des deux parties civiles. Sans aller aussi loin que la seule Elisabeth Lévy qui soutenait que l’emprise était consubstantielle à l’amour et à l’acte amoureux, mes deux contradicteurs – Jean-Louis Burgat ayant eu la classe d’écouter sans se croire obligé d’intervenir – mettaient en cause le danger de ce concept d’emprise qui pouvait s’appliquer peu ou prou à n’importe quel lien professionnel ou autre révélant une dépendance et susceptible donc de justifier n’importe quelle accusation. Même en ne donnant pas de l’emprise une aussi large définition que celle d’Elisabeth Lévy.

Pour ma part j’avais argumenté sur la réalité, en certaines circonstances criminelles, d’une emprise qui permettait au violeur d’accomplir le pire. À peine l’émission quittée, sans penser contre moi-même, je continuais un débat intime nourri par le débat animé par l’irremplaçable Pascal Praud. Avant d’approfondir ce point, je voudrais rappeler quelques données tenant à la surabondance des paroles libérées aujourd’hui.

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D’abord cette évidence qu’il convient de distinguer absolument ce qui relève d’un processus judiciaire ou ce qui lui échappe à cause de l’éloignement dans le temps.

Ensuite cette précaution qu’aucune affaire ne se ressemble et qu’on ne saurait mettre dans le même sac Matzneff, Duhamel, Berry ou PPDA contestant l’accusation portée contre lui par une journaliste scientifique car il s’agissait, selon lui, « d’une relation confraternelle » et ceux connus et médiatiques qui viendront, à n’en pas douter, augmenter cette liste.Par ailleurs la certitude qu’on ne saurait par principe présumer coupable qui, de nombreuses années plus tard, se voit dénoncé par une « victime » adulte qui avait tout de même eu besoin de l’aide d’un livre ou d’une dénonciation médiatique pour oser s’exprimer à son tour ! Ou quand, au fil de rencontres très espacées même non consenties, elle prend le parti, un jour, de la révélation. Elle peut être vraie mais rien n’est forcément sûr.

Contrainte, emprise, influence…

Revenons à l’emprise.

Nulle difficulté quand la contrainte, et donc l’emprise qui en a résulté, s’est traduite « par des actes positifs » qui n’ont pas atteint le niveau de la violence physique, autre condition du viol. Me Caty Richard, une spécialiste de ces affaires, distingue à juste titre « l’emprise consciente et travaillée » de « l’emprise presque involontaire » suscitée par le sentiment d’une victime – jeune fille, jeune femme ou femme – d’une certaine manière influencée, subjuguée, tétanisée parce que face à elle se trouve une personnalité célèbre et charismatique.

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On comprend bien le danger d’une telle interprétation extensive qui, au paroxysme, imposerait à l’homme rien de moins que d’effacer ce qu’il est pour que la partenaire – il ne s’agit là ni de pédophilie ni d’inceste – ne succombe pas à une envie faisant disparaître chez elle liberté et responsabilité. Comme si le premier, se contentant d’être soi, était pourtant coupable de l’impression qu’il peut produire sur la fragilité et la faiblesse de la seconde.On a le droit de s’interroger sur cet abus de la notion d’emprise et le risque judiciaire qui pourrait en résulter. Faute de ne pouvoir contredire des dénégations de bonne foi de la part d’un accusé, l’emprise servirait, comme la vertu dormitive de l’opium, à répondre à tout, donc à ne rien démontrer.

Elle pourrait aussi être à retardement, instrumentalisée par des sensibilités féminines désireuses d’échapper, du temps ayant passé, à ce qu’elles avaient vécu pourtant librement. Qu’on m’entende bien : l’emprise authentique née d’une contrainte singulière existe et il est hors de question de la rejeter à tout coup. Mais elle ne devra pas devenir une facilité. Il sera essentiel, pour les cours d’assises, d’expliquer dans leur motivation de quelle nature était cette emprise si puissante qu’elle a empêché des « victimes » adultes de résister et de dire non et des auteurs se disant de bonne foi de ne pas se méprendre sur le caractère apparent du consentement prodigué.

Quelle est donc cette emprise irrésistible qui rend à la fois un homme coupable et une femme victime aussi d’elle-même ? C’est seulement une exemplaire vigilance, une fine discrimination qui répudieront l’emprise tarte à la crème mais valideront l’emprise vraie dépendance.

Passeport vaccinal: une menace de plus pour notre liberté

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Quelle chance! un nouveau document administratif se profile à l’horizon… Sophie de Menthon alerte sur les situations kafkaïennes qui découleraient de sa délivrance


La France a le don de lancer des débats inutiles permettant de s’affronter sur des sujets qui n’en sont pas.

Proposer un passeport de vaccination pour le Covid veut dire en langage clair l’imposer. Or il y a une certaine indécence à évoquer le sujet alors que nous ne sommes absolument pas en mesure actuellement de procurer des vaccins aux plus fragiles, jeunes ou vieux. Il semble en fait que pour convaincre nos autorités bienveillantes de rouvrir tout ce qui nous est interdit, sans aucune logique, la panacée serait d’ouvrir uniquement à ceux qui sont vaccinés et le prouveraient par un document. C’est ainsi par exemple que pourraient visiter un musée, skier, aller au cinéma, au théâtre, au restaurant ou au rayon lingerie dans plus de 20 000 mètres carrés ceux qui seraient vaccinés… Montrez votre passeport!

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L’argument : 12 millions de personnes devraient être vaccinées avant le mois d’août. Qui y croit ? Et de toute façon il en restera énormément. Cette idée de passeport n’est non seulement pas du tout d’actualité, mais c’est une menace de plus à notre liberté.

Vacciner le personnel soignant avant, de force s’il le faut !

Comment ose-t-on prévoir d’exiger un passeport, alors que l’on a été incapable d’imposer au personnel soignant de se faire vacciner dans les EPHAD et les hôpitaux, ce qui provoque des clusters et contamine au coronavirus ceux qui étaient déjà malades d’autre chose ?

Quand on a évoqué l’obligation de vaccination pour eux, ce fut une levée de boucliers. Pire une soignante au 20h a osé dire : « Je ne suis pas un cobaye, je ne veux pas me faire vacciner », et tout le monde de trouver cela parfaitement normal qu’elle choisisse de regarder mourir ses patients! Ne pourrait-on pas commencer par exiger la vaccination de toutes les personnes au contact des malades et leur donner un passeport exigible pour aller au boulot ? Cette obligation de certificat vaccinal existe déjà, objectent certains, mais pourtant rien à voir avec le fait de de demander un vaccin pour passer une frontière comme c’est le cas pour la fièvre jaune.

Qui va mettre en place la banque de données ? Quand on connaît l’efficacité, le pragmatisme et la rapidité de nos fonctionnaires…

Un document administratif de plus donc, de surcroit injuste, et qui ne devrait pouvoir exister que lorsque la totalité de la population française aura vraiment eu accès à la possibilité de se faire vacciner.

La liberté de circulation est un vieux souvenir

Et que faites-vous de la liberté? Qui a le droit de nous interdire l’accès de certains lieux? Que fait-on de la liberté de circulation, d’aller et venir, l’égalité devant la fréquentation d’un lieu et la non-discrimination? Qu’à cela ne tienne, nous ne sommes pas à cela près: on rédigera une loi! Dès lors que l’on touche à l’atteinte d’une liberté fondamentale, n’est-ce pas obligatoire? Et à partir de quel âge faut-il un passeport? Quelle est la majorité virale?

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Une bonne occasion aussi de créer une usine-passeport à gaz, une aubaine, imaginez un peu: il y aura ceux qui ont déjà eu le Covid et qui ont des anticorps (passeport anticorps renouvelable après des tests réguliers pour voir s’ils sont toujours là ?) ceux qui ne sont pas vaccinés pour contre-indication médicale (Ceux qui sont allergiques, à prouver sur le passeport ?) Et que fait-on lorsque le vaccin ne fera plus d’effet sur certains variants ? Un passeport par variant ? Et les données de santé ? La confidentialité ? Qui va mettre en place la banque de données ? Quand on connaît l’efficacité, le pragmatisme et la rapidité de nos fonctionnaires… Oh ! Combien de commissions, combien de spécialistes, combien de services ?

Et on n’oublie pas les gestes barrières pour autant

On oublie par ailleurs le principal : nos éminents spécialistes, plus variants que les variants, s’accordent tous à dire que le vaccin vous protège vous mais ne vous empêche pas de contaminer les autres, d’où la nécessité de continuer les gestes barrières…

Et voilà que le patronat se range à ce laisser passer, le président du MEDEF, probablement lassé des contraintes de télétravail et autres menaces en tous genres vante les mérites du passeport…  Je n’ose pas penser moi, au patron qui interdirait l’entrée de l’entreprise à ceux qui refusent de se faire vacciner : direct aux prud’hommes ! Et les syndicats ne seront pas en reste.

Alors pitié, pas de mauvais plans sur la comète : commençons par vacciner avant de « passeporter notre liberté » !

Où l’on découvre (grâce à Najat Vallaud-Belkacem) qu’un Trump se cache dans la région lyonnaise…

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Najat Vallaud-Belkacem devrait se lancer aux régionales en région Rhône-Alpes Auvergne, et cherche un accord avec les écolos… La région est actuellement dirigée par Laurent Wauquiez. En la parcourant, on peut déjà y profiter de cantines sans viande à Lyon ou d’une insécurité chronique à Grenoble.


L’ancienne ministre de l’Education nationale veut conquérir la présidence de la région Rhône-Alpes. Pour atteindre cet objectif elle a besoin des voix des écologistes. Afin d’obtenir leurs suffrages elle a qualifié Laurent Wauquiez, actuel détenteur du titre, de « mini Trump ».

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Informé de cette définitive saillie, l’ancien président des Etats-Unis a interrompu sa partie de golf : « Laurent Wauquiez ? Mais qui c’est celui-là ? ». Quand on lui a dit que c’était quelqu’un que Najat Vallaud-Belkacem n’aimait pas il a récidivé : « mais qui c’est celle-là ? ». La goujaterie misogyne et l’inculture de Donald Trump éclatent ainsi au grand jour.

Build the wall !

Nous attendons de l’ancienne ministre de l’Education nationale, des précisions sur les méfaits du « mini Trump ». Elles ne vont pas tarder. Et dès que la campagne sera lancée on saura tout sur l’abominable personnage qui martyrise la région Rhône-Alpes. Pour faire couleur locale il s’est plié à une concession : il a abandonné le bourbon pour le beaujolais. Pour le reste il est parfaitement conforme à l’idée qu’on se fait de son modèle.

Il persécute les quelques Noirs qui vivent encore dans sa région. Ce sont des rescapés : on ne compte plus les George Floyd qui ont péri sous ses coups. Avec les femmes il est d’une vulgarité affligeante : dès que sa présence est annoncée, les jeunes Lyonnaises se terrent chez elles de crainte qu’il leur mette la main au c… On sait également qu’il a bâti un mur pour empêcher les immigrés arabes de pénétrer dans la région Rhône-Alpes.

Séduire les écolos…

On comprend bien que si Najat Vallaud-Belkacem a entrepris de terrasser ce Trump bien de chez nous c’est qu’elle a été galvanisée par la victoire de Joe Biden. Et là l’objectivité nous oblige à dire qu’elle est quand même mieux physiquement et mentalement que l’actuel locataire de la Maison Blanche. Ce dernier mis au courant de l’existence de Najat Vallaud-Belkacem ne manquera pas de lui envoyer un message de soutien.

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Est-ce que tout cela sera suffisant pour convaincre les écologistes de rallier la candidature de l’ancienne ministre de l’Education nationale ? Non ! Elle doit faire encore un effort et annoncer qu’elle a supprimé la viande de ses repas la remplaçant par des œufs et du poisson.

C’est en effet le menu qu’à imposé Grégory Doucet, le maire de Lyon, dans les cantines scolaires. On sait que cet édile se soucie beaucoup des tourments des élèves qui mangent hallal. Dès que Najat Vallaud-Belkacem aura annoncé qu’elle a supprimé la bidoche de ses repas vous en serez informés dans un prochain article.

« The Voice »: Chante mais ferme-la!

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Un petit tour et puis s’en va! The Vivi (Vincent Pois de son vrai nom) vient d’être dégagé brutalement de The Voice à l’issue d’un communiqué lapidaire d’ITV Studios France. En cause et comme toujours, des tweets exhumés par des hordes de militants sur les réseaux sociaux.


En rappant « Suicide social » d’Orelsan sur le plateau du télé-crochet de TF1, le jeune Sarthois avait frappé un grand coup le week-end dernier. En prime-time, il hurlait ses « adieux à la France de Joséphine Ange Gardien » et décrochait d’un même tir les approbations des quatre vedettes en charge d’examiner sa prestation. Mieux, le candidat faisait se lever Vianney qui reprenait avec lui les paroles homophobes du rappeur normand[tooltips content= »https://www.paroles.net/orelsan/paroles-suicide-social »](1)[/tooltips].

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Mais si capitalisme n’aura jamais hésité à vendre le poison prêt à causer son agonie, point trop n’en aura fallu pour The Vivi. Courroucés par les ironiques paroles d’Orelsan (initialement placées dans la bouche d’un narrateur résolu à en finir avec la vie), les social justice warriors de Twitter – qui n’avaient visiblement rien à faire de leur samedi soir – auront cherché toute la nuit des poux dans la tête de son émule. Ils en auront trouvé deux, une blague raciste et un tweet homophobe[tooltips content= »Qu’est ce qu’un arabe sans main ? Un antivol / Demain Skywase vient dormir à la maison. Vous voulez que je le viole pendant la nuit? Jsuis pas un pédé sous race »](2)[/tooltips], publiés lorsque le gamin avait dix-sept ans.

«Ni oubli, ni pardon!» telle est la devise des réseaux sociaux

Dès lors fallait-il pendre ce pauvre morveux par les pieds. Et ses plus plates excuses, rapidement publiées sur Instagram, n’auront pas fait trembler la foule. Plier le genou face aux charognards n’a jamais fait qu’accélérer leur sale boulot. « Ni oubli, ni pardon ! » telle est la devise des réseaux sociaux.

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Certains salueront toutefois qu’ITV Studios France n’ait pas versé dans le deux poids deux mesures. La société produisant The Voice avait effectivement mis fin au parcours d’une précédente candidate, Mennel, trois ans plus tôt et sous des motifs similaires. Des tweets de la jeune femme avaient, là encore, été exhumés, à l’occasion desquels elle remettait en question la version officielle des attentats du Bataclan.

Louer la sainte morale du studio de production apparaîtrait toutefois précipité, à l’heure où ce cher Vianney, si enthousiasmé par The Vivi et déjà en larmes, la semaine passée, à l’écoute d’un rap anti-avortement d’un autre gamin, fait lui aussi face à la géhenne. On se demande alors si l’émission de TF1 saura se montrer aussi exigeante envers ses salariés qu’envers les mômes qui viennent y mendier quelque gloire. On se demande si elle respectera, pour les uns, les principes qu’elle aura édictés pour les autres ; et si elle ira jusqu’à jeter la si charmante tête de gendre idéal de son juré dans la fosse purulente qui en réclame encore. Comme toujours, on pourra toutefois parier que cette quête d’égalité et de blancheur se heurte à l’habituel mur de la lutte des classes. En télévision comme ailleurs, l’argent a ses raisons que la raison ignore.

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La défaite de la liberté


Le renvoi d’Alain Finkielkraut est la manifestation la plus inquiétante de la censure qui étouffe le débat public. Le projet de dissolution de Génération identitaire en est une autre. Les épurateurs ne supportent pas la nuance et ne tolèrent pas l’outrance. Quand le lynchage est une « culture », quand la liste des sujets interdits à la réflexion et des opinions criminelles s’allonge sans cesse, le combat pour la libération de la pensée est une impérieuse nécessité.


Il faut relire Milan Kundera. Personne mieux que lui ne fait ressentir le totalitarisme désenchanté des années 1970, quand le pouvoir n’avait pas besoin d’attenter aux personnes physiques, la déchéance sociale suffisait. Les dissidents n’étaient pas (ou peu) tués, ils étaient limogés, parfois enrôlés, bannis de la société humaine. Ainsi, peu à peu, la prudence se muait en soumission, neutralisant le désir même de liberté.

D’accord, nous n’en sommes pas là. Ne brandissons pas les grands mots. Sauf qu’à répéter, depuis des années, que nous n’en sommes pas là, nous y sommes peut-être arrivés sans le savoir. Le lynchage est devenu une « culture », des condamnations à la mort sociale sont prononcées à tour de bras par le tribunal médiatico-numérique. Alors, peut-être que, comme Ludvik, au début de La Plaisanterie, nous croyons encore à la liberté de blaguer quand elle nous a été retirée depuis longtemps, et avec elle, celle de communiquer nos pensées et nos opinions. Ce n’est pas une clause de style. La liste des sujets prohibés et des opinions criminalisées s’allonge chaque jour. Et on ne risque pas seulement son honneur et sa réputation, mais son gagne-pain. Les nouveaux moralisateurs ne se contentent pas de victoires morales. Couper les vivres s’avère souvent un excellent moyen de couper le sifflet.

Que la fête des victimes commence!

Les paniques morales se succèdent en effet, avec leurs litanies d’indignations et d’excommunications. Des humoristes, des journalistes, des écrivains disparaissent pour un mot de travers, une blague de trop, ou encore parce qu’on les accuse de crimes lointains et prescrits – dont ils ne pourront jamais se disculper. Ce tourbillon de la dénonciation enfle à mesure que les #Metoo se succèdent : après #MetooInceste et #MetooGay, le producteur de France Culture Nicolas Martin appelle de ses vœux d’autres #Metoo, « des trans, des putes, des handicapés, et même des migrants ». Que la fête des victimes commence ! Symétriquement, il faut à chaque jour son lot de têtes à planter sur des piques. C’est ainsi qu’à deux semaines d’intervalle, se sont retrouvés cloués au pilori Alain Finkielkraut, limogé de LCI, et Génération identitaire, groupuscule politique menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur.

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À première vue, il n’y a aucun rapport entre ces deux événements. D’un côté, un penseur et écrivain respecté, académicien de surcroît, débarqué par une chaîne de télévision pour des propos qu’il n’a pas tenus au sujet d’une ténébreuse affaire d’abus incestueux d’un homme sur son beau-fils adolescent. De l’autre des défenseurs de l’Europe chrétienne compensant leur faiblesse numérique par un talent pour l’agit-prop au moins égal à celui de leurs adversaires extrêmes gauchistes. De plus, si la censure, exercée par le tribunal médiatique, a été d’une efficacité redoutable pour notre cher philosophe, interdit d’antenne et privé du droit de se défendre en quelques heures et sans possibilité d’appel, Génération identitaire a de bonnes chances de survivre aux vapeurs de Gérald Darmanin. Il serait étonnant (et angoissant) qu’un juge admette que quelques trublions menacent la République, quand la Brigade anti-négrophobie peut vandaliser des statues ou saboter une représentation théâtrale sans que quiconque songe à la faire interdire – ce qu’on ne réclame évidemment pas. En réalité, leur exclusion des réseaux sociaux, tout aussi inique, est un bien meilleur étouffoir que les velléités du ministre. Même en matière de police de la pensée, le privé fait mieux que notre État omni-impuissant.

Enfin, le philosophe et les activistes interviennent dans des registres différents : le premier expose des pensées, les seconds professent des opinions. Justement, ce n’est pas par hasard si la Déclaration des droits de l’homme garantit d’un même mouvement « la libre communication des pensées et des opinions » – que l’on traduit aujourd’hui par le terme générique de « liberté d’expression ». La vague de censure qui s’abat sur nous ne se contente plus de frapper d’illégalité ou d’infamie certaines opinions – par exemple, l’hostilité à l’immigration. Elle prétend aussi soustraire certains sujets à tout questionnement rationnel. Ainsi, sur la douloureuse question des crimes sexuels, seule l’indignation bruyante est tolérée. En somme, on veut nous priver aussi bien des nuances de Finkielkraut que des outrances de Génération identitaire. Il nous faut donc défendre les unes et les autres. Le débat public a besoin de Finkielkraut. Et sans partager la conception ethnique de l’identité française défendue par les identitaires, on se battra pour qu’ils puissent la défendre.

Questions prohibées

L’éviction d’Alain Finkielkraut est particulièrement alarmante. D’abord, elle montre que nul n’est à l’abri. Alain Finkielkraut n’a pas été protégé par son œuvre et son statut intellectuel, ni par les nombreux lecteurs et auditeurs qui, depuis trente ans, grandissent avec lui (ainsi que le rappellent Cyril Bennasar pages 68-69, et Bérénice Levet, pages 64-67). Ensuite, elle révèle avec éclat que la « tyrannie de l’émotion », dénoncée par d’éminents penseurs dans l’appel que nous publions dans notre numéro de février, est déjà advenue. On ne récuse pas des réponses éventuellement déplaisantes ou choquantes, on prohibe les questions. En effet, sans s’arrêter ici sur les ressorts de cette affaire, explorée dans les pages suivantes, y compris par le principal intéressé (relire notre grand entretien), rappelons que non seulement Alain Finkielkraut a condamné les agissements prêtés à Olivier Duhamel (et non démentis par lui), mais il n’a fait que s’interroger sur ce qui s’était passé et sur la conclusion qu’en tirerait un juge. Enfin, comme l’observe Finkielkraut, on voit apparaître un nouveau chef d’inculpation, le délit d’amitié. Embarquées dans une croisade pour les enfants, les duettistes du Monde (Bacqué-Chemin), entendent bien entraîner dans la chute d’Olivier Duhamel ceux de ses proches qui ne claironnent pas urbi et orbi l’aversion qu’il leur inspire. Qu’il soit plus honorable d’avoir de la compassion pour un pécheur que de hurler avec la meute ne les a sans doute pas effleurées.

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Par ailleurs, notre impétueux académicien, accoutumé à penser sans filet les choses qui fâchent, ne tombe pas à cause de son amour inquiet pour l’identité française, mais pour s’être intéressé à une sombre affaire de mœurs – qui, il est vrai, fait d’autant plus saliver les épurateurs qu’elle se déroule dans le Tout-Paris du pouvoir et des lettres. C’est significatif. Reste à savoir de quoi. Que le crime sexuel, en particulier sur des enfants, soit devenu le crime suprême, équivalent voire supérieur dans l’horreur au génocide, indique que notre époque libérée de tous les tabous est tétanisée face au trou noir de la sexualité. Certes, l’inceste est un crime épouvantable. Mais, qu’un siècle après Freud, on en parle comme s’il était étranger à l’humanité, témoigne d’une terrible opacité à nous-mêmes (voir à ce sujet l’article de Paul Bensussan). Aveuglés et habités par une terreur sacrée, les redresseurs de torts semblent ne jamais avoir entendu parler d’Œdipe, d’inconscient ou de pulsion. Pour eux, le désir est innocent, empathique et respectueux. « Un adulte ne peut pas désirer un enfant », répètent-ils pour se rassurer, rabattant ce qui est sur ce qui devrait être, l’ici-bas des affres humaines sur l’éden improbable d’une pureté surjouée. On est donc étonné que les psychanalystes abandonnent le terrain à des charlatans, en particulier à une charlatane qui se pique d’expliquer à des adultes désemparés que leurs échecs sont dus à des traumatismes d’enfance refoulés et de convaincre les victimes d’abus réels que leur vie est détruite.

Déstruction totalitaire du langage

L’affaire Finkielkraut est, enfin, une exécution sur ordonnance. Ce sont les réseaux sociaux, c’est-à-dire ceux qui y sévissent, qui ont exigé de TF1 (maison-mère de LCI) cette déplorable décision. Comment un tribunal qui ne s’appuie pas sur un appareil d’État, donc ne peut pas recourir à la force, parvient-il à faire respecter ses arrêts ? Par la pression conjuguée du conformisme et de la peur. Qu’il soit lecteur, électeur, acheteur, le client est roi. Il ne faut pas déplaire à l’opinion – ou aux escouades numériques que l’on prend pour l’opinion. Des consommateurs peuvent obtenir la tête d’un employé, des téléspectateurs/internautes celle d’un penseur. Et un accusateur anonyme peut s’en payer deux, appartenant aux deux élus communistes parisiens qu’il accuse nommément de viol. C’est ainsi qu’a été lancé #MetooGay.

À moins de travailler chez des kamikazes, toute victime d’une tempête numérique est presque assurée de prendre la porte. Le patron du média, parti ou entreprise coupable par association exécute la sentence requise et congédie la vipère lubrique du jour, sans oublier de rappeler, larmoyant ou solennel, que l’individu contrevient gravement aux valeurs de sa boutique.

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Le cas de Génération identitaire est moins inquiétant, dès lors que, répétons-le, la demande étatique de mise à l’index a peu de chances d’aboutir. Il n’est pas anodin pour autant. Gérald Darmanin justifie son ardeur épuratrice par le fait qu’il est « scandalisé » : là encore, le licite et l’illicite sont évalués à l’aune de l’émotion suscitée. Je lui enverrai ma petite liste de ce et ceux qui me donnent des palpitations. Il ne reproche pas à Génération identitaire des atteintes aux biens ou aux personnes. Ce qui est intolérable à nos hautes autorités, ce sont les idées et propos des militants identitaires sur l’immigration. Après l’opération de contrôle sauvage des migrants menée à la frontière espagnole le 19 janvier, le procureur de Saint-Gaudens a ainsi justifié l’ouverture d’une enquête pour « provocation publique à la haine raciale » par « des propos très clairement anti-immigration », inscrits sur une banderole « et surtout par la raison pour laquelle cette banderole a été déployée ». Des propos, des raisons, on les tient chef ! On l’aura compris, il est interdit d’être contre l’immigration. Il faudra en informer les 70 % de Français de tous bords et de toutes origines qui, de sondage en enquête, martèlent qu’ils veulent stopper l’immigration parce que, dans la vraie vie, la merveilleuse diversité menace chaque jour un peu plus de virer à la foire d’empoigne. 

Ne nous faisons pas d’illusions. Les délateurs qui exercent une surveillance impitoyable pour que nul ne sorte des clous invisibles qui délimitent le territoire du tolérable sont en train de gagner. On dira qu’ils peuvent contrôler la parole, pas asservir la pensée. Seulement, comme en atteste 1984, l’une ne va pas sans l’autre. L’un des exploits de notre temps est d’avoir réédité la destruction totalitaire du langage. Ainsi appelle-t-on « libération de la parole » son formatage strict, au propre et au figuré. Quelle parole libère-t-on en 280 signes, au vu et au su de tous ? Plus on la dit libérée, plus la parole est soumise. Le mensonge, c’est la vérité.

Faut-il, alors, entrer en clandestinité ? C’est ce que pense un des signataires de notre appel : « Nous allons devoir retrouver le fonctionnement des sociétés secrètes », dit-il, plaisantant à moitié. Après tout, le numérique n’est pas seulement fait pour les chiens toujours prêts à tailler en pièces l’honneur d’un homme, comme le disait Mitterrand. Peut-être cette première moitié du xxie siècle verra-t-elle naître une nouvelle franc-maçonnerie qui attendra l’heure de la reconquête intellectuelle en s’adonnant dans l’ombre aux joies de l’examen raisonné, du libre débat et de l’humour qui pique. Peut-être verrons-nous éclore mille Thélème digitales où l’on prendra encore le risque de choquer, blesser ou énerver. S’ils existent un jour, ces territoires virtuels de la liberté seront les places to be. Il sera toujours plus exaltant d’être libre avec des parias que comblé d’honneurs au milieu des censeurs. En plus, avec les parias, on se marre bien.

La loi nationale doit soumettre les GAFA à la démocratie

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Ce weekend, Marion Maréchal et Jordan Bardella ont vu leurs comptes suspendus. Inviter à quitter Facebook ou Twitter est vain. Le joug politiquement correct des GAFA doit être brisé.


Après la suspension définitive du compte Twitter du président américain en exercice janvier dernier, les GAFA continuent leur travail de censure des comptes de personnalités élues démocratiquement.

Après les députés Emmanuelle Ménard et Joachim Son-Forget, et l’un de vos serviteurs, passé sous les fourches caudines de Twitter pour un tweet critiquant l’action de la ligue de défense noire africaine (cette association, dont le président a été condamné à la prison pour viol sur personne vulnérable, incitait récemment à aller « cracher sur la tombe du criminel raciste de Gaulle »), ce sont Marion Maréchal et Jordan Bardella qui ont vu leurs comptes Facebook suspendus ce week-end pour avoir critiqué la procédure de dissolution administrative engagée par Gérald Darmanin à l’encontre du mouvement Génération Identitaire.

Aujourd’hui c’est la politique migratoire qui pose problème, et demain ?

« Quand ils sont venus chercher… je n’ai rien dit. » Nous connaissons tous cette anaphore du pasteur Niemöller dénonçant la lâcheté des intellectuels allemands au moment de l’accession au pouvoir du NSDAP. Il est pourtant nécessaire de nous la remémorer au moment où nous subissons de plein fouet le joug politiquement correct des GAFA. Combien de temps encore allons-nous rester inactifs face aux attaques répétées contre la liberté d’expression ? Aujourd’hui c’est la politique migratoire qui est visée, et demain ? Il est, à proprement parler, scandaleux que les élus de la Nation soient corsetés par une entreprise numérique privée, au moindre tweet engagé et au mépris des lois nationales réprimant l’injure ou la diffamation. Rappelons d’ailleurs utilement que l’association Génération Identitaire n’a jamais fait l’objet de la moindre condamnation judiciaire.

Si Twitter précise s’engager « en faveur de la liberté d’expression », il semble en pratique que celle-ci ne puisse être utilisée qu’à des fins idéologiquement conformes à la pensée dominante.

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Nous remarquons ainsi avec curiosité qu’après avoir bloqué de nombreux messages de Donald Trump pendant la dernière campagne présidentielle américaine, Twitter s’est permis, le 13 janvier dernier, à l’occasion d’élections en Ouganda, de condamner publiquement les pressions subies par les fournisseurs de services Internet pour bloquer l’accès aux réseaux sociaux. Selon la firme de San Francisco, ces coupures sont « extrêmement néfastes, violent les droits humains fondamentaux ». Et de rappeler que « l’accès à l’information et la liberté d’expression, y compris la conversation publique sur Twitter, n’est jamais plus important que pendant les processus démocratiques, en particulier les élections. ». Nous n’aurions pas dit mieux…

Dans les faits c’est donc encore une fois l’arbitraire du deux poids deux mesures « progressiste » qui s’applique. Toute critique de l’immigration (légale ou illégale) sera-t-elle bientôt interdite sur les réseaux sociaux ? Il est temps de reprendre la main pour éviter que ce maccarthysme s’impose plus avant en France et c’est donc au politique de réguler les GAFA, et non l’inverse.

Des entreprises privées particulières

Les commentateurs libéraux nous rétorqueront que Twitter n’est pas un espace public mais une entreprise privée. A la manière d’un patron de bistro qui expulserait un client aviné, elle pourrait donc librement suspendre tout utilisateur ne respectant pas ses conditions générales d’utilisation et ne serait aucunement tenue d’offrir une plateforme d’expression à tout un chacun.

Cette vision apparaît autant dogmatique que dépassée ! Au vu de la puissance de résonnance de ces mastodontes, il est quasiment impossible pour une entreprise, un média ou un homme politique de ne pas avoir de comptes sur les réseaux sociaux. Et en cas de censure privée, sans recours justes et transparents, c’est alors la mort médiatique ou économique assurée…

Quitter Twitter et Facebook ? Cela ne fera que favoriser un peu plus l’archipelisation des milieux politiques par l’éclosion de communautés artificielles, développant un entre-soi et limitant ainsi les possibilités de dialogue, d’échanges et d’affrontements sur lesquels reposent la démocratie. Or la démocratie, par nature, c’est le choix, et donc le clivage, aujourd’hui vilipendé par les tenants d’une pensée unique et chloroformée. Nos rapports sociaux et politiques doivent rester structurés dans leur dimension collective et historique et non réduits à des relations interindividuelles.

Non à la soft law de Facebook et Twitter

En outre, ces GAFA n’ont rien de petites entreprises privées : ce sont au contraire des acteurs internationaux aussi puissants que certains Etats, des autoroutes de l’information en situation de monopole et abusant de leur position dominante. Choisissant d’ailleurs leurs cibles et en épargnant d’autres, à l’instar du président Erdogan. Cette puissance de frappe leur permet  de forger chaque jour un peu plus une nouvelle règle de droit, une soft law, non démocratique, à laquelle nous devons nous soumettre.

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Il est urgent et légitime de contraindre ces sociétés à respecter nos principes démocratiques. D’autres pays européens nous montrent d’ailleurs la voie. En mai 2020, la justice italienne a confirmé la supériorité de la loi nationale sur l’arbitraire des règles privées de Facebook dans le cadre d’un litige entre l’entreprise américaine et un mouvement politique. Le tribunal civil romain a ainsi imposé au réseau californien d’annuler la suspension du compte litigieux. Selon le juge italien, ladite suspension portait atteinte de manière disproportionnée à la liberté d’expression, de pensée et d’association et les limites de l’activité de l’association devaient être laissées à l’appréciation de la loi nationale. L’Etat polonais a récemment exprimé la volonté d’interdire la suppression par les réseaux sociaux des publications qui n’enfreignent pas la loi polonaise. La France doit s’inspirer de ces exemples européens et faire des réseaux sociaux des « lieux publics », où chacun s’exprimerait librement sous réserve de respecter la loi de son pays.

Rappelons enfin que sur ces réseaux, un utilisateur ne souhaitant pas être importuné par un « client aviné », pourra toujours se désabonner ou bloquer le compte en question.

Bernard Carayon est maire de Lavaur, ancien député et avocat.
Thibault Mercier est avocat, essayiste et président du Cercle Droit & Liberté.

Islamo-gauchisme: comment la société française en est arrivée là

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Frédérique Vidal, qui postule pour la place de plus bel éléphant dans un magasin de porcelaine, est actuellement vilipendée par une partie des universitaires (pas tous, heureusement, il en est qui sauvent l’honneur de l’institution), pour avoir demandé au CNRS d’enquêter sur l’islamo-gauchisme à l’université. Adresse plaisante : autant demander à un violeur d’enquêter sur les maltraitances infligées aux femmes. Jean-Michel Blanquer de son côté affirme que l’islamo-gauchisme est « un fait social indubitable. » « Fantasme ! » s’écrient les uns, « Chasse aux sorcières ! » hurlent les autres. Le dolorisme et l’idéologie victimaire sont à la mode, et comme bien peu de gens, dans le monde universitaire, ont les braies bien nettes, chacun se croit visé.

L’islamo-gauchisme est pourtant plus qu’un fait social : c’est un fait politique. Une construction artificielle, une chimère monstrueuse élaborée dans les ateliers d’une Gauche sans projet.

L’islamo-gauchisme, expression forgée par Pierre-André Taguieff, est, selon la définition de Jacques Julliard dans la Revue des Deux mondes, « un courant de pensée qui considère que le réveil de l’islam et la montée de l’islamisme sont des éléments de critique très intéressants du néocapitalisme et, d’une certaine façon, se substituent à la lutte des classes et au prolétariat classique, qui a déçu ceux qui comptaient sur lui. »

Pierre-Andre Taguieff en 2007 © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00542783_000015
Pierre-Andre Taguieff en 2007 © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00542783_000015

Ce qui suit est l’historique de cette notion.

En 2002, avant le premier tour de la présidentielle, Pierre Mauroy conseilla à Lionel Jospin de « parler au peuple ». Le candidat, qui ignorait encore qu’il arriverait troisième au soir du premier tour, et qui se voyait beau, répondit avec sa morgue ordinaire que la Fondation Jean Jaurès, boîte à idées de la Gauche boboïsée, le lui déconseillait. Le peuple, expliquaient ces grands esprits, n’existait plus, en tout cas comme réservoir de voix pour la Gauche ; cela faisait d’ailleurs quinze ans qu’il votait, de plus en plus, pour le Front national. Le vrai réservoir de voix, c’étaient les classes moyennes…
On sait ce qu’il en advint. 

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La disparition progressive du prolétariat a suivi la désindustrialisation de la France. Je ne suis pas loin de penser que fermer l’outil industriel, c’était supprimer, dans la pensée de dirigeants libéraux, cette partie de l’opinion qui a une propension à l’émeute. Tout ce qu’il en reste aujourd’hui, ce sont les Gilets jaunes.

L’échec de Jospin a sonné le tocsin pour les belles intelligences qui hantent les UER de Sociologie. S’il n’y a plus de prolétaires, allons chercher d’autres « damnés de la terre ». Remplaçons la lutte des classes par la lutte des races. Et aménageons les horaires des piscines municipales, à Lille et ailleurs, afin que les musulmanes, toujours pures, comme chacun sait, ne se baignent pas dans les mêmes eaux que des salopes céfrans.

Les immigrés, main d’œuvre surexploitée dans les années 1960-1970, avaient fait des enfants, qui, le cul entre deux cultures, choisirent celle qui leur offrait un peu de transcendance, l’islam, tout en adoptant les gadgets de l’autre : le capitalisme ne s’inquiète guère des revendications existentielles tant qu’on achète ses produits. Les insurrections algériennes du FIS et du GIA mirent de l’huile d’arachide sur ce feu. Comme on les avait adroitement enfermés dans des ghettos, ces enfants de deuxième ou troisième génération commencèrent par en expulser les Juifs qui y vivaient encore : à Trappes ou ailleurs, on n’incendie pas les synagogues pour des prunes.

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Cet antisémitisme de l’islam, héritier des belles déclarations du Grand Mufti de Jérusalem, Husseini, allié d’Hitler contre les Juifs, conflua avec l’antisionisme des gauchistes de la LCR, qui tournèrent alors un regard intéressé vers des gens susceptibles de renforcer ses maigres bataillons.

Puis les jeunes musulmans burent les paroles des imams envoyés en France par des régimes et des organisations qui ont une vision à long terme et une politique adroite de cheval de Troie: les universités ont vu affluer des publics plus portés sur l’entrisme religieux que sur les savoirs classiques. Les plus extrémistes fomentèrent des attentats ici-même. Ceux qui avaient le goût des voyages rejoignirent Daesh — puis sont revenus prêcher la bonne parole d’Allah le Miséricordieux.

« Là se trouve, pensent les idéologues de l’extrême-gauche, le réservoir humain de notre reconquête. Foin du marxisme qui faisait de la religion l’opium du peuple ! C ‘est par l’islam que nous enfoncerons un coin dans cette vieille gueuse pourrissante — la République française. » Jacques Julliard n’avait pas tort en affirmant que « l’islamo-gauchisme, c’est la haine de l’identité française. »

S’ensuivit un effet boule de neige. Aux islamistes purs et durs, dûment chapitrés afin de feindre (la taqîya n’est pas pour les chiens) la collaboration avec des koufars qu’ils méprisaient profondément, s’adjoignirent par intersectionnalité tous ceux qui voulaient s’élever en piétinant le cadavre de l’homme blanc occidental. Alors que la Gauche était historiquement anti-raciste, au moins depuis l’Affaire Dreyfus, des étudiants, des syndicalistes, des enseignants, se sont mis à inventer des meetings ou des colloques réservés aux « racisés » et autres « indigènes de la République ». Le phénomène se retrouve à tous les niveaux, et des syndicalistes, pour accroître le nombre de leurs affidés, ont entériné ces pratiques racistes : voir SUD, notamment, ou l’UNEF, qui exhibe des militantes voilées (tout comme le NPA présente des candidates voilées à des élections locales) tout en interdisant la lecture des œuvres de Charb, qui se fait ainsi assassiner deux fois. 

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Jean-Luc Mélenchon s’est converti à cette ligne, et défile désormais avec les Frères musulmans. Oh, comme je plains les démocrates sincères et de gauche qui ont voté pour lui et ont fait le lit de ces compromissions ignobles !

Intersectionnalité oblige, des féministes se voilèrent la face (si je puis ainsi m’exprimer), et décidèrent d’oublier que le voile islamique est le symbole de l’infériorité de la femme, de sa soumission aux diktats des barbus. Tant qu’à faire, ces chiennes de garde omirent aussi de condamner la polygamie, l’excision, les certificats de virginité, les mariages forcés et autres discriminations imposées par une vision fanatique de l’Islam des cavernes. La loi de 2004, bien timide, qui interdit l’exhibition de signes religieux ostentatoires dans les lycées et collèges, leur paraît un déni de démocratie. On en reparlera quand elles devront se voiler elles-mêmes. En attendant, le voile envahit les universités, et nombre d’universitaires ont dû faire face à des protestations selon les sujets qu’ils traitaient.

L’enseignant que je suis sait bien, depuis des décennies, que les petites maghrébines n’ont que l’école pour se libérer d’un environnement familial totalitaire. Et qu’elles brillent bien davantage que leurs grands-frères, occupés à les museler. Peu importe aux féministes actuelles, pour qui un tchador a la même signification qu’une mini-jupe, et un burkini qu’un bikini. Le paradoxe du féminisme contemporain, c’est qu’il sacrifie des femmes, et en grand nombre, sur l’autel sacré de la convergence des luttes.

Tous les laissés-pour-compte du Tiers monde, venus en Europe trouver un boulot et des subventions, tous les descendants d’esclaves (attention : ne pas mélanger ceux de la traite trans-Atlantique, emmenés par des Blancs odieux, et ceux, bien plus nombreux, de la traite trans-africaine, mutilés et massacrés par des frères en Mohammed, sur lui la Paix et la Bénédiction), les gays et lesbiennes qui ont choisi d’ignorer qu’ils seront un jour ou l’autre empalés ou lapidés par leurs nouveaux amis, tout ce beau petit monde a choisi la revendication brutale plutôt que la voie plus difficile des études et des concours.

Ils ne se contentent pas de faire du bruit : ils dénient aux autres le droit à la parole et même à l’existence. Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Elisabeth Badinter en ont fait l’amère expérience. Le slogan de 68, « Il est interdit d’interdire », est devenu « Il est interdit d’exprimer quoi que ce soit qui ne soit pas en accord avec la doxa dont nous sommes dépositaires ». Logique : à force de fréquenter des fanatiques, on se bricole sa charia dans son coin. L’idéologie « woke » américaine, selon laquelle le Blanc est coupable par naissance, le mâle violeur par essence et la laïcité à la française une atteinte intolérable au droit constitutionnel d’être un crétin superstitieux et arrogant, s’insinue progressivement dans nos facs. Et les universitaires, par conviction ou par lâcheté, entérinent ces élucubrations et les perpétuent en sélectionnant des objets d’étude plus farfelus les uns que les autres. 

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Le recrutement d’enseignants conformes à cette doxa accentue encore le mécanisme d’emprise. La terreur que font régner quelques extrémistes crée la panique dans la majorité silencieuse. Les médias, qui répondent volontiers aux sollicitations des énergumènes, grossissent les faits. Et tout ce beau monde prépare l’avènement d’une société raciste, fanatique, soumise, où il fera certainement très bon vivre.

Alors oui, Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer ont raison de nommer l’islamo-gauchisme. Peut-être pourraient-ils aussi se donner les moyens de faire appliquer les lois existantes, qui interdisent — c’est l’essence de la Constitution — toute distinction de sexe, de race ou de religion. Et ça, c’est le boulot des ministres de l’Intérieur et de la Justice.

À la « French Pride », on se tient bien

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J’ai bien failli ne pas aller à la manif organisée à Paris pour Génération Identitaire, association menacée de dissolution.


Un samedi après-midi, avec une femme au travail et un gosse sur les bras, ce n’était pas gagné. Ce n’était pas l’envie qui me manquait de marcher jusqu’à Denfert pour les soutenir dans leur dénonciation de l’islamisation et leur défense de la civilisation française, mais j’étais coincé. Charles Martel, lui, n’avait pas ce genre d’empêchement.

J’ai suggéré à sa mère que peut-être, je pourrais emmener le petit, en promettant de rester loin des bagarres et des lacrymos. « Je suis quand même père de famille bon sang, je ne fais pas n’importe quoi ! Enfin mon amour ! » Mais le mot doux servi pour l’occasion ne trompa personne et le « non » fut catégorique.

Mon tee-shirt Keep America great introuvable

Elle craignait des heurts avec des contre-manifestants annoncés. Je lui explique que pour briser des vitrines innocentes et lyncher des flics entravés par la non-violence de leurs consignes, il y a toujours du monde, mais que face à de jeunes esprits sains dans des corps sains, il risque de n’y avoir personne. Comme Arthur Koestler l’écrivait à propos des Arabes, « ils font d’excellents émeutiers mais de piètres combattants. » Heureusement, la baby-sitter est libre. Elle se pointe à 14h. Je cherche partout mon tee-shirt « Président Trump 2020 Keep America great » sans pouvoir mettre la main dessus. J’enrage. Pour une fois que j’aurais pu échanger des regards complices avec des Trumpistes, dans Paris intra-muros ! Tant pis, j’enfile une chemise, j’attrape mon masque bleu-blanc-rouge et j’y vais.

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À Denfert-Rochereau, la police cerne la place. Le lion de Belfort lance vers les cités de Vanves et de Malakoff ce regard farouche qu’il a gardé de la toute première occupation, celle de 1870. Aujourd’hui, les occupants ont changé de visage et les Versaillais qui les accueillent aussi, mais la détermination du fauve à opposer une résistance semble intacte. Cet après-midi, il n’est pas seul: 3000 personnes selon les organisateurs et 1500 selon la police sont rassemblées autour de sa statue. Debout sur le socle du félin de bronze, j’aperçois une belle fille noire coiffée d’un bonnet phrygien. À ses côtés un type qui ressemble à Manu Dibango agite un drapeau de Génération Identitaire. Jean Messiha leur rendra hommage dans son discours en citant De Gaulle s’adressant à des Noirs et des Arabes : « Mon Dieu que vous êtes français ! » Il est vrai qu’avec le courage qu’il faut pour s’afficher identitaire, ils ont un peu plus de mérite que ceux qui héritent. Le soir, je ne les reverrai pas sur les images que diffuse la télé. En revanche les aryens aux cheveux courts seront sur tous les plans. Des dessins sont brandis, des figures de poilus qui défendaient les frontières. Les affiches demandent: « Vous les auriez dissous » ? Il y a pas mal de jolies filles, en jupe et en sécurité, et aussi quelques rares mines patibulaires, qui se tiennent en retrait. Ils me rappellent les skinheads qui nous agressaient il y a 30 ans, à dix contre un, quand on sortait du Gibus, parce qu’on avait ce qui manquait à ces bourrins, comme aux bandes de racailles aujourd’hui: du style et des filles. 

Pas déplorables

Je fais un tour, j’avance facilement, la foule n’est pas très compacte. J’observe un petit groupe de jeunes gens d’une vingtaine d’années, coiffés de casquettes rouges « Trump 2020 ». Ils sont assez beaux, plus que la moyenne des jeunes que je croise d’habitude, peut-être parce qu’ils ne sont pas fringués comme une équipe de basketteurs américains. Ici, il n’y a pas de capuches, pas de dreadlocks, pas de joggings bariolés, pas de jeunes à canettes, débraillés et défoncés, rien de ce qui a fait dire à Bret Easton Ellis que « le look de Black lives matter est déplorable ». Il n’y a pas non plus de techno dans la sono ou de tamtam sur un char. On n’est pas chez les Indigènes de la République mais chez les indigènes de France et la « j’m’en bats les couilles attitude » n’est pas de mise. À la French Pride, on se tient bien. Une vieille dame déambule avec un masque sur lequel elle a écrit au feutre: « Génération identitaire ». On fait attention à elle, on s’écarte pour la laisser passer. On sent un usage ancien de la civilité et les vertus de l’éducation. Deux jeunes militants se retrouvent: « ça va, Gro ? » Gro n’étant pas l’inverse de maigre mais le diminutif de « négro », une expression venue des cités et répandue chez les jeunes. On n’échappe pas à l’argot de sa génération, même identitaire, mais quand on s’interpelle entre blancs, on ne se dit pas « frère !» On n’est pas raciste.

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Entre les pattes du lion, les cadres du mouvement lancent des slogans repris aussitôt. « On est chez nous » ou « Darmanin dans les cités ». Puis viennent les discours. Florian Philippot, qui trouve Marine trop molle, Jean-Frédéric Poisson qui dénonce la société multiculturelle avec la précision qu’on lui connaît. Personne sur place du Rassemblement National mais des messages de soutien sont lus, envoyés par Stéphane Ravier et Thierry Mariani. Un discours d’Emilie, jeune militante parisienne, puis de Thaïs d’Escuffon, très applaudie sur son engagement. Elle porte une de ces jolies robes que les filles à l’ère de la diversité mettent pour sortir quand il fait beau et surtout quand elles sont accompagnées de gentlemen sportifs. Enfin, c’est Jean Messiha qui prend le micro et qui casse la baraque. On l’applaudit, on scande à plusieurs reprises: « Messiha président ! ». Manifestement, on l’aime bien malgré sa « tête de bougnoule » et son « air de chameau » comme dirait Yassine Belattar. 

Mais après la fin de la manif et la dispersion dans le calme, sans les pillages et les saccages auquel le vandale de troisième génération nous a habitués après d’autres rassemblements, en allumant ma télé sur Cnews, pour trois débatteurs sur quatre qui soutiennent la dissolution de « cette milice raciste et antisémite », les racistes dans ce pays, ce sont les jeunes gens de Génération Identitaire. Mais où ont-ils vu ça ? À la télé ? Comment dit-on déjà ? Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ? On pourrait ajouter qu’il n’y a pas plus malhonnête aujourd’hui que celui qui ne veut pas faire le jeu du Rassemblement National.

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«Tuez-les ; Tuez-les!»… La guerre contre la police

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La police française se fait attaquer dans les rues par des délinquants qui menacent la vie de ses agents, et sur le terrain institutionnel et politique par des acteurs toujours plus nombreux et déterminés à l’empêcher de remplir sa mission. La sécurité de tous les citoyens est menacée.


Le 25 janvier, à Pantin, le 4 février, dans le quartier de la Conte à Carcassonne, le 13 février, à Poissy, des groupes organisés de « jeunes » selon le vocabulaire consacré ont attiré les forces de police dans leurs cités pour leur tendre une embuscade. Aux cris de « Tuez-les ; Tuez- les », les patrouilles ont été prises à partie avec des mortiers, ces engins pyrotechniques régulièrement utilisés comme des armes de guérilla urbaine. A chaque fois, des vidéos de l’attaque ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Des statistiques du ministère de l’Intérieur publiées par le Figaro montrent qu’entre le 17 mars et le 5 mai 2020, 79 guet-apens ont été tendus aux policiers. En octobre 2020, on avait recensé au moins dix attaques de commissariats depuis le début de l’année.

Les médias délégitiment l’institution policière en permanence

La guerre contre la police qui est menée dans notre pays n’est jamais nommée. Au contraire, médias et people s’associent pour affirmer qu’une police intrinsèquement raciste est partie en guerre contre la population. Rappelons-nous les manifestations incessantes et largement médiatisées du clan d’Assa Traore contre le « meurtre » de son frère par la police. Ou bien, en mai 2020, peu après que la chanteuse Camélia Jordana ait accusé la police d’assassinats multiples et gratuits sur une chaîne de télévision du service public, – « les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue » se font « massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau » – une hallucinante séquence s’est mise en place: le député LREM Aurélien Taché a twitté « Bravo Camélia Jordana, mais le prix à payer va être terrible…tu le savais. Ils vont nier puis retourner la charge de la preuve et une fois encore, chercher à faire passer les victimes pour des coupables. » Le journal Les Inrockuptibles[tooltips content= »Violences policières: Ce que dit Camélia Jordana est évident, c’est l’étonnement qu’elle rencontre qui est étonnant, Les Inrockuptibles, 25 mai 20″](1)[/tooltips] a apporté sa caution à l’accusation en donnant la parole à un faux « expert » des violences policières, le documentariste David Dufresne, qui a affirmé que la chanteuse « exprime des évidences ». L’Obs a surenchéri en juin 2020, en tendant le micro à Omar Sy qui, de sa villa de Los Angeles, a « demandé justice pour Adama Traoré », tracé un parallèle avec George Floyd et appelé de ses vœux une « police digne de notre démocratie »[tooltips content= »EXCLUSIF. L’appel d’Omar Sy : Réveillons-nous. Ayons le courage de dénoncer les violences policières en France, L’Obs, le 4 juin 2020″](2)[/tooltips]. Une pétition a été lancée qui a recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures. Le 24 juin, Amnesty International a publié un rapport[tooltips content= »« Europe: police et pandémie: les mesures prises en Europe pour faire face à la pandémie de covid-19 ont donné lieu à des violations des droits humains », 24 juin 2020, amnesty.org »](3)[/tooltips] qui a dénoncé le racisme de la police en Europe pendant le confinement sanitaire. Le 19 juillet 2020, le maire écologiste de Colombes (Hauts-de-Seine) Patrick Chaimovitch a dressé un parallèle entre la police de Vichy et celle d’aujourd’hui. Le psychanalyste Gérard Miller a invité à « réfléchir » sur les propos du maire de Colombes et le journaliste Edwy Plenel a comparé le nouveau ministre de l’intérieur Gérald Darmanin à René Bousquet, haut fonctionnaire organisateur de la rafle du Vel d’Hiv et gravement compromis avec la Gestapo pendant la guerre.


Ce climat de délégitimation de l’action de la police a pour conséquence d’aggraver les violences contre les policiers. Sur les routes, les automobilistes refusent fréquemment de s’arrêter lors des contrôles et, parfois, lancent leur voiture contre les forces de l’ordre. Selon le Figaro, ces refus d’obtempérer ont fait un bond de 5,1 % en 2020, soit une infraction commise toutes les 20 minutes.

Le Défenseur des droits s’oppose aussi à la police

La pression médiatique sur la police est telle que les forces de l’ordre ne se sentent pas en droit d’utiliser leur arme. Comme l’écrit Philippe Bilger, ex-magistrat, « face aux menaces, aux jets divers et aux atteintes physiques, elle (la police) n’a pratiquement pas le droit d’user de ce que la loi l’autorise à mettre en œuvre », à savoir son arme. « Si on examine dans le détail les cinq situations qui permettent, depuis la loi du 28 février 2017 commune à la police et à la gendarmerie, l’usage des armes à feu, on constate d’abord qu’elles ne sont pas très éloignées de la notion ancienne de légitime défense mais que surtout elles sont très rarement concrétisées dans la pratique ». Pour la bonne raison qu’à chaque fois, pèse sur la police une choquante suspicion d’usage illégitime de la violence.

La mise en accusation de la police par les médias et les people est alimentée aussi par le monde académique. En France, comme aux Etats Unis, la police est accusée de pratiquer des contrôles au faciès, c’est-à-dire de faire un usage raciste de son pouvoir de contrôle des identités. Cette idée a été lancée et alimentée par une étude[tooltips content= »Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris. http://www.laurent-mucchielli.org/public/Les_controles_d__identite.pdf »](4)[/tooltips] de Fabien Jobard et René Lévy, deux chercheurs du CNRS, qui ont affirmé en 2009 que les contrôles de police sont menés « au faciès », c’est à dire « non pas sur ce que les gens font, mais sur ce qu’ils sont, ou paraissent être ». En 2017, le Défenseur des droits a repris publiquement à son compte l’accusation portée contre la police de contrôles d’identités racistes.

L’éternel débat sur les statistiques ethniques

Ces « études » du CNRS ou du Défenseur des droits auraient pu être contrées – ou corroborées – par des études sociologiques qui montrent que la criminalité est également – ou inégalement – répartie au sein des différentes couches ethniques qui composent la société française. Mais la loi française interdit les statistiques ethniques. Il est donc permis d’accuser la police de racisme, mais il est interdit de vérifier si les Noirs ou les Maghrébins sont surreprésentés dans la délinquance, au regard de leur présence démographique dans la population française. La mode aujourd’hui est d’exiger une stricte proportionnalité des contrôles d’identité entre les Blancs, les Noirs et les Arabes.

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L’offensive médiatique contre la police est également légitimée par les plus hauts représentants de l’Etat. « Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé », a déclaré Emmanuel Macron au média Brut, en décembre 2020. Le 12 février, Claire Hédon, Défenseure des droits, demandait sur France Info l’arrêt des contrôles d’identité dans « certains quartiers » et l’instauration « de zones sans contrôle d’identité ».

Il était inévitable que cette pression politico-médiatique se traduise par des ouvertures sur le terrain du droit. En 2016, la Cour de cassation a jugé qu’ « un contrôle d’identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s’agit d’une faute lourde ».

Les associations lancent une action de groupe contre l’Etat

Comment résister ? Le 27 janvier 2021, les avocats de six ONG (dont Amnesty International France et Human Rights Watch) ont lancé une action de groupe contre l’Etat, adressant une mise en demeure au premier ministre, Jean Castex, ainsi qu’au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti pour que cessent « les contrôles au faciès ». L’État dispose de quatre mois pour répondre à la mise en demeure des ONG et faire des propositions. S’il ne répondait pas de manière satisfaisante, l’action de groupe contre l’Etat, la première du genre en Europe, irait devant les tribunaux.

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Mais ce n’est pas seulement la police de terrain qui est attaquée. D’autres puissants acteurs ont entrepris de s’attaquer aux moyens d’investigation de la police anti-criminalité. Le 6 octobre 2020, la Cour de Justice de l’UE a rendu un arrêt dans trois affaires relatives à la conservation « généralisée et indifférenciée des données relatives au trafic et des données de localisation » dans le secteur des communications électroniques. En d’autres termes, au nom de la protection du droit à la vie privée et à la protection des données personnelles, la Cour a jugé que les lois nationales imposant aux fournisseurs de services téléphoniques de conserver de manière « généralisée et indifférenciée » les données relatives au trafic (les fadettes) et les données de localisation (qui permettent a posteriori d’identifier les téléphones qui ont borné à proximité d’une scène de crime par exemple) étaient contraires à la Charte de l’UE, laquelle est intégrée aux traités et a donc valeur constitutionnelle. Il en résulte que la prévention et la résolution des crimes va être beaucoup plus complexe et souvent devenir impossible. Dans 90% des cas, la police n’a pour seul indice que les téléphones qui ont borné à proximité d’une scène de crime, ce qui permet ensuite, tel le fil d’Ariane, de remonter les pistes (via les fadettes, qui permettent de savoir avec qui la personne qui a borné a communiqué dans les semaines et les mois précédents).

Les forces qui se liguent aujourd’hui contre la police – médias, people, associations et ONG anti-racistes, une partie de la magistrature et les cours droit-de-l’hommistes européennes sans oublier les comités des droits de l’homme de l’ONU – poussent à la dévitalisation de l’Etat sur un point essentiel : sa mission d’assurer la sécurité de tous les citoyens.

Si le processus aboutit, l’antiracisme mis en place au milieu des années 1980 par la gauche, se sera révélé le plus efficace outil de démantèlement des États depuis la seconde guerre mondiale.

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A Lyon être végétarien est un geste barrière


Le maire de Lyon impose dès aujourd’hui dans les écoles une cantine sans viande, érigée en nouveau geste barrière pour lutter contre le virus. La mesure n’est pas au goût de tout le monde: l’élu se voit reprocher de profiter de la crise sanitaire pour faire passer l’idéologie végane en contrebande.


Le cœur léger, perchés sur leurs trottinettes électriques XXL, les parents écolos ont pu filer à toute allure en direction des écoles lyonnaises ce lundi. À compter de ce jour, un « menu unique sans viande » est imposé dans toutes les cantines scolaires de la capitale mondiale de la gastronomie ayant élu maire un militant de la décroissance en juillet 2020.

Et ensuite on s’en prendra aux bouchons lyonnais?

Fini les sueurs froides de ces parents antispécistes et végans qui cauchemardaient à l’idée de laisser leur progéniture porter atteinte à Mère Nature en mangeant du boudin aux pommes, du foie de veau à la lyonnaise ou encore une bonne poularde bien dodue, toutes ces spécialités culinaires qui font la réputation des bouchons lyonnais.

Néanmoins, on apprend que ce n’est pas par conviction idéologique que le maire EELV Grégory Doucet a décidé de verdir les assiettes des cantines, mais pour des raisons sanitaires. Les menus sans viande permettraient de mieux respecter le protocole anti-Covid… L’alimentation sans viande ne serait ainsi pas promue pour lutter contre l’élevage intensif et industriel, contre les souffrances animales ou le changement climatique, mais comme un nouveau geste barrière ! On croirait lire une blague Carambar, mais ce n’est hélas pas le cas.

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Stéphanie Léger, l’adjointe chargée de l’Éducation, explique très sérieusement qu’un menu unique sans viande permettrait de « servir plus rapidement les élèves et fluidifier les repas ». Déposer de la viande déjà cuite dans les assiettes prendrait plus de temps que de servir une louche de purée de pommes de terre ? Pour parvenir à une telle conclusion, les services de la mairie ont évidemment du procéder à un chronométrage bien précis du personnel de la cantine, pour en déduire que le geste de servir diffère selon les plats, lent pour la viande, rapide pour les légumes. Il me semblait que l’exemple des maudits haricots verts – qui  ne cessent de s’échapper au point qu’il faut souvent s’y prendre à deux fois pour servir une quantité raisonnable – suffisait à démontrer le contraire.

La terre a des limites, mais la bêtise humaine est infinie

Bien évidemment, la raison sanitaire de cette nouvelle restriction alimentaire n’est que le masque qui occulte les hérésies de l’écologie punitive. Et le maire ne fait qu’appliquer ses promesses de campagne qui prévoyaient, entre autres, de passer au 100% bio dans la restauration collective, de réduire la consommation carnée et surtout d’habituer les consommateurs aux plats végétariens.

Avec cette évangélisation à marche forcée, le travail de sape de notre gastronomie est en route. Après les enfants, ce sera peut-être nos anciens dans les Ehpad qui seront privés de viande, dans toutes les villes tenues par les tyrans en herbe qui déifient les pousses de sojas.

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Et plus sérieusement, on peut déplorer l’injustice de cette injonction écologique. Priver de viande les petits Lyonnais n’est pas sans conséquence sur les apports nutritionnels journaliers nécessaires, surtout en ce moment, où l’anémie est franchement à éviter. Par ailleurs, quoi de plus injuste que de priver certaines familles précaires de la garantie de servir à leurs enfants un repas équilibré – peut-être le seul de la journée ? L’égalité d’accès à une alimentation variée permise par l’école républicaine est donc sacrifiée sur l’autel des injonctions de l’écologie. Vouloir « sauver la planète » n’est pas critiquable, mais n’oublions pas aussi de protéger l’immunité collective et naturelle de nos jeunes enfants. Cet épisode grotesque apporte une nouvelle preuve que  l’écologisme fanatique n’est pas immunisé contre la bêtise qui, pour reprendre la célèbre formule flaubertienne « est infinie. »

Justice: Non, chers amis réacs, l’emprise n’est pas forcément une tarte à la crème!

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Février 2021, Georges Tron a été condamné en appel à de la prison ferme pour viol et agressions sexuelles en réunion. La cour d’assises de Paris a dépassé les réquisitions de l’avocat général. Image d'archive. © Thibault Camus/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22301078_000002

Dans les nombreuses récentes affaires médiatico-judiciaires de violences sexuelles, la notion d’emprise est très en vogue. Philippe Bilger l’analyse ici.


Un article dans Le Monde avec pour titre « Nicolas Sarkozy, valeur refuge de la droite » et cette explication : « Au sein des Républicains, beaucoup voient dans l’ancien président un homme providentiel. Auprès de l’électorat, les choses ne semblent pas si évidentes ». J’ai eu un moment de saisissement, une envie d’écrire sur cette dépendance qui résiste à ses échecs politiques mais tient à une personnalité à laquelle on prête énergie, force, audace. C’est comme cela, il y a une sorte de fatalité dans ce parti : il préfère les apparences à la substance. Je me suis vite détourné de ce thème pour ne pas être tenté et parce que la notion d’emprise est devenue une véritable scie médiatique et judiciaire. À la réflexion, je quittais l’esquisse d’une emprise politique pour tenter l’analyse d’une emprise humaine.

L’avantage d’avoir des amis intelligents est de ne jamais laisser votre pensée en repos. Appréciant de plus en plus l’Heure des pros du jeudi soir (CNews) et le compagnonnage libre et stimulant que l’émission permet, j’ai quitté celle du 18 février après une joute, selon moi passionnante, consacrée à la condamnation de Georges Tron en appel et à la notion d’emprise, une variation judiciaire sur la contrainte, l’un des quatre éléments se rapportant au viol et à ses modalités.

Un désaccord avec Elisabeth Lévy et Gilles-William Goldnadel

Elisabeth Lévy et Gilles-William Goldnadel étaient vent debout contre cette explication par l’emprise, qui avait été, semble-t-il, décisive pour la condamnation de Georges Tron ayant par ailleurs bénéficié d’un acquittement partiel pour l’une des deux parties civiles. Sans aller aussi loin que la seule Elisabeth Lévy qui soutenait que l’emprise était consubstantielle à l’amour et à l’acte amoureux, mes deux contradicteurs – Jean-Louis Burgat ayant eu la classe d’écouter sans se croire obligé d’intervenir – mettaient en cause le danger de ce concept d’emprise qui pouvait s’appliquer peu ou prou à n’importe quel lien professionnel ou autre révélant une dépendance et susceptible donc de justifier n’importe quelle accusation. Même en ne donnant pas de l’emprise une aussi large définition que celle d’Elisabeth Lévy.

Pour ma part j’avais argumenté sur la réalité, en certaines circonstances criminelles, d’une emprise qui permettait au violeur d’accomplir le pire. À peine l’émission quittée, sans penser contre moi-même, je continuais un débat intime nourri par le débat animé par l’irremplaçable Pascal Praud. Avant d’approfondir ce point, je voudrais rappeler quelques données tenant à la surabondance des paroles libérées aujourd’hui.

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D’abord cette évidence qu’il convient de distinguer absolument ce qui relève d’un processus judiciaire ou ce qui lui échappe à cause de l’éloignement dans le temps.

Ensuite cette précaution qu’aucune affaire ne se ressemble et qu’on ne saurait mettre dans le même sac Matzneff, Duhamel, Berry ou PPDA contestant l’accusation portée contre lui par une journaliste scientifique car il s’agissait, selon lui, « d’une relation confraternelle » et ceux connus et médiatiques qui viendront, à n’en pas douter, augmenter cette liste.Par ailleurs la certitude qu’on ne saurait par principe présumer coupable qui, de nombreuses années plus tard, se voit dénoncé par une « victime » adulte qui avait tout de même eu besoin de l’aide d’un livre ou d’une dénonciation médiatique pour oser s’exprimer à son tour ! Ou quand, au fil de rencontres très espacées même non consenties, elle prend le parti, un jour, de la révélation. Elle peut être vraie mais rien n’est forcément sûr.

Contrainte, emprise, influence…

Revenons à l’emprise.

Nulle difficulté quand la contrainte, et donc l’emprise qui en a résulté, s’est traduite « par des actes positifs » qui n’ont pas atteint le niveau de la violence physique, autre condition du viol. Me Caty Richard, une spécialiste de ces affaires, distingue à juste titre « l’emprise consciente et travaillée » de « l’emprise presque involontaire » suscitée par le sentiment d’une victime – jeune fille, jeune femme ou femme – d’une certaine manière influencée, subjuguée, tétanisée parce que face à elle se trouve une personnalité célèbre et charismatique.

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On comprend bien le danger d’une telle interprétation extensive qui, au paroxysme, imposerait à l’homme rien de moins que d’effacer ce qu’il est pour que la partenaire – il ne s’agit là ni de pédophilie ni d’inceste – ne succombe pas à une envie faisant disparaître chez elle liberté et responsabilité. Comme si le premier, se contentant d’être soi, était pourtant coupable de l’impression qu’il peut produire sur la fragilité et la faiblesse de la seconde.On a le droit de s’interroger sur cet abus de la notion d’emprise et le risque judiciaire qui pourrait en résulter. Faute de ne pouvoir contredire des dénégations de bonne foi de la part d’un accusé, l’emprise servirait, comme la vertu dormitive de l’opium, à répondre à tout, donc à ne rien démontrer.

Elle pourrait aussi être à retardement, instrumentalisée par des sensibilités féminines désireuses d’échapper, du temps ayant passé, à ce qu’elles avaient vécu pourtant librement. Qu’on m’entende bien : l’emprise authentique née d’une contrainte singulière existe et il est hors de question de la rejeter à tout coup. Mais elle ne devra pas devenir une facilité. Il sera essentiel, pour les cours d’assises, d’expliquer dans leur motivation de quelle nature était cette emprise si puissante qu’elle a empêché des « victimes » adultes de résister et de dire non et des auteurs se disant de bonne foi de ne pas se méprendre sur le caractère apparent du consentement prodigué.

Quelle est donc cette emprise irrésistible qui rend à la fois un homme coupable et une femme victime aussi d’elle-même ? C’est seulement une exemplaire vigilance, une fine discrimination qui répudieront l’emprise tarte à la crème mais valideront l’emprise vraie dépendance.

Passeport vaccinal: une menace de plus pour notre liberté

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Sophie de Menthon © SdM

Quelle chance! un nouveau document administratif se profile à l’horizon… Sophie de Menthon alerte sur les situations kafkaïennes qui découleraient de sa délivrance


La France a le don de lancer des débats inutiles permettant de s’affronter sur des sujets qui n’en sont pas.

Proposer un passeport de vaccination pour le Covid veut dire en langage clair l’imposer. Or il y a une certaine indécence à évoquer le sujet alors que nous ne sommes absolument pas en mesure actuellement de procurer des vaccins aux plus fragiles, jeunes ou vieux. Il semble en fait que pour convaincre nos autorités bienveillantes de rouvrir tout ce qui nous est interdit, sans aucune logique, la panacée serait d’ouvrir uniquement à ceux qui sont vaccinés et le prouveraient par un document. C’est ainsi par exemple que pourraient visiter un musée, skier, aller au cinéma, au théâtre, au restaurant ou au rayon lingerie dans plus de 20 000 mètres carrés ceux qui seraient vaccinés… Montrez votre passeport!

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L’argument : 12 millions de personnes devraient être vaccinées avant le mois d’août. Qui y croit ? Et de toute façon il en restera énormément. Cette idée de passeport n’est non seulement pas du tout d’actualité, mais c’est une menace de plus à notre liberté.

Vacciner le personnel soignant avant, de force s’il le faut !

Comment ose-t-on prévoir d’exiger un passeport, alors que l’on a été incapable d’imposer au personnel soignant de se faire vacciner dans les EPHAD et les hôpitaux, ce qui provoque des clusters et contamine au coronavirus ceux qui étaient déjà malades d’autre chose ?

Quand on a évoqué l’obligation de vaccination pour eux, ce fut une levée de boucliers. Pire une soignante au 20h a osé dire : « Je ne suis pas un cobaye, je ne veux pas me faire vacciner », et tout le monde de trouver cela parfaitement normal qu’elle choisisse de regarder mourir ses patients! Ne pourrait-on pas commencer par exiger la vaccination de toutes les personnes au contact des malades et leur donner un passeport exigible pour aller au boulot ? Cette obligation de certificat vaccinal existe déjà, objectent certains, mais pourtant rien à voir avec le fait de de demander un vaccin pour passer une frontière comme c’est le cas pour la fièvre jaune.

Qui va mettre en place la banque de données ? Quand on connaît l’efficacité, le pragmatisme et la rapidité de nos fonctionnaires…

Un document administratif de plus donc, de surcroit injuste, et qui ne devrait pouvoir exister que lorsque la totalité de la population française aura vraiment eu accès à la possibilité de se faire vacciner.

La liberté de circulation est un vieux souvenir

Et que faites-vous de la liberté? Qui a le droit de nous interdire l’accès de certains lieux? Que fait-on de la liberté de circulation, d’aller et venir, l’égalité devant la fréquentation d’un lieu et la non-discrimination? Qu’à cela ne tienne, nous ne sommes pas à cela près: on rédigera une loi! Dès lors que l’on touche à l’atteinte d’une liberté fondamentale, n’est-ce pas obligatoire? Et à partir de quel âge faut-il un passeport? Quelle est la majorité virale?

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Une bonne occasion aussi de créer une usine-passeport à gaz, une aubaine, imaginez un peu: il y aura ceux qui ont déjà eu le Covid et qui ont des anticorps (passeport anticorps renouvelable après des tests réguliers pour voir s’ils sont toujours là ?) ceux qui ne sont pas vaccinés pour contre-indication médicale (Ceux qui sont allergiques, à prouver sur le passeport ?) Et que fait-on lorsque le vaccin ne fera plus d’effet sur certains variants ? Un passeport par variant ? Et les données de santé ? La confidentialité ? Qui va mettre en place la banque de données ? Quand on connaît l’efficacité, le pragmatisme et la rapidité de nos fonctionnaires… Oh ! Combien de commissions, combien de spécialistes, combien de services ?

Et on n’oublie pas les gestes barrières pour autant

On oublie par ailleurs le principal : nos éminents spécialistes, plus variants que les variants, s’accordent tous à dire que le vaccin vous protège vous mais ne vous empêche pas de contaminer les autres, d’où la nécessité de continuer les gestes barrières…

Et voilà que le patronat se range à ce laisser passer, le président du MEDEF, probablement lassé des contraintes de télétravail et autres menaces en tous genres vante les mérites du passeport…  Je n’ose pas penser moi, au patron qui interdirait l’entrée de l’entreprise à ceux qui refusent de se faire vacciner : direct aux prud’hommes ! Et les syndicats ne seront pas en reste.

Alors pitié, pas de mauvais plans sur la comète : commençons par vacciner avant de « passeporter notre liberté » !

Où l’on découvre (grâce à Najat Vallaud-Belkacem) qu’un Trump se cache dans la région lyonnaise…

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Dans le JDD, Najat Vallaud Belkacem affirme: "La question essentielle, c'est de mettre fin à la mandature d'un mini-Trump, Laurent Wauquiez, qui pense que la solidarité est un cancer social et l'égalité des droits une blague, qui vomit l'écologie à longueur de journée et se prévaut d'une laïcité à la géométrie variation" © Lewis JOLY/JDD/SIPA Numéro de reportage : 01005358_000021

Najat Vallaud-Belkacem devrait se lancer aux régionales en région Rhône-Alpes Auvergne, et cherche un accord avec les écolos… La région est actuellement dirigée par Laurent Wauquiez. En la parcourant, on peut déjà y profiter de cantines sans viande à Lyon ou d’une insécurité chronique à Grenoble.


L’ancienne ministre de l’Education nationale veut conquérir la présidence de la région Rhône-Alpes. Pour atteindre cet objectif elle a besoin des voix des écologistes. Afin d’obtenir leurs suffrages elle a qualifié Laurent Wauquiez, actuel détenteur du titre, de « mini Trump ».

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Informé de cette définitive saillie, l’ancien président des Etats-Unis a interrompu sa partie de golf : « Laurent Wauquiez ? Mais qui c’est celui-là ? ». Quand on lui a dit que c’était quelqu’un que Najat Vallaud-Belkacem n’aimait pas il a récidivé : « mais qui c’est celle-là ? ». La goujaterie misogyne et l’inculture de Donald Trump éclatent ainsi au grand jour.

Build the wall !

Nous attendons de l’ancienne ministre de l’Education nationale, des précisions sur les méfaits du « mini Trump ». Elles ne vont pas tarder. Et dès que la campagne sera lancée on saura tout sur l’abominable personnage qui martyrise la région Rhône-Alpes. Pour faire couleur locale il s’est plié à une concession : il a abandonné le bourbon pour le beaujolais. Pour le reste il est parfaitement conforme à l’idée qu’on se fait de son modèle.

Il persécute les quelques Noirs qui vivent encore dans sa région. Ce sont des rescapés : on ne compte plus les George Floyd qui ont péri sous ses coups. Avec les femmes il est d’une vulgarité affligeante : dès que sa présence est annoncée, les jeunes Lyonnaises se terrent chez elles de crainte qu’il leur mette la main au c… On sait également qu’il a bâti un mur pour empêcher les immigrés arabes de pénétrer dans la région Rhône-Alpes.

Séduire les écolos…

On comprend bien que si Najat Vallaud-Belkacem a entrepris de terrasser ce Trump bien de chez nous c’est qu’elle a été galvanisée par la victoire de Joe Biden. Et là l’objectivité nous oblige à dire qu’elle est quand même mieux physiquement et mentalement que l’actuel locataire de la Maison Blanche. Ce dernier mis au courant de l’existence de Najat Vallaud-Belkacem ne manquera pas de lui envoyer un message de soutien.

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Est-ce que tout cela sera suffisant pour convaincre les écologistes de rallier la candidature de l’ancienne ministre de l’Education nationale ? Non ! Elle doit faire encore un effort et annoncer qu’elle a supprimé la viande de ses repas la remplaçant par des œufs et du poisson.

C’est en effet le menu qu’à imposé Grégory Doucet, le maire de Lyon, dans les cantines scolaires. On sait que cet édile se soucie beaucoup des tourments des élèves qui mangent hallal. Dès que Najat Vallaud-Belkacem aura annoncé qu’elle a supprimé la bidoche de ses repas vous en serez informés dans un prochain article.

« The Voice »: Chante mais ferme-la!

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Image: capture d'écran TF1

Un petit tour et puis s’en va! The Vivi (Vincent Pois de son vrai nom) vient d’être dégagé brutalement de The Voice à l’issue d’un communiqué lapidaire d’ITV Studios France. En cause et comme toujours, des tweets exhumés par des hordes de militants sur les réseaux sociaux.


En rappant « Suicide social » d’Orelsan sur le plateau du télé-crochet de TF1, le jeune Sarthois avait frappé un grand coup le week-end dernier. En prime-time, il hurlait ses « adieux à la France de Joséphine Ange Gardien » et décrochait d’un même tir les approbations des quatre vedettes en charge d’examiner sa prestation. Mieux, le candidat faisait se lever Vianney qui reprenait avec lui les paroles homophobes du rappeur normand[tooltips content= »https://www.paroles.net/orelsan/paroles-suicide-social »](1)[/tooltips].

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Mais si capitalisme n’aura jamais hésité à vendre le poison prêt à causer son agonie, point trop n’en aura fallu pour The Vivi. Courroucés par les ironiques paroles d’Orelsan (initialement placées dans la bouche d’un narrateur résolu à en finir avec la vie), les social justice warriors de Twitter – qui n’avaient visiblement rien à faire de leur samedi soir – auront cherché toute la nuit des poux dans la tête de son émule. Ils en auront trouvé deux, une blague raciste et un tweet homophobe[tooltips content= »Qu’est ce qu’un arabe sans main ? Un antivol / Demain Skywase vient dormir à la maison. Vous voulez que je le viole pendant la nuit? Jsuis pas un pédé sous race »](2)[/tooltips], publiés lorsque le gamin avait dix-sept ans.

«Ni oubli, ni pardon!» telle est la devise des réseaux sociaux

Dès lors fallait-il pendre ce pauvre morveux par les pieds. Et ses plus plates excuses, rapidement publiées sur Instagram, n’auront pas fait trembler la foule. Plier le genou face aux charognards n’a jamais fait qu’accélérer leur sale boulot. « Ni oubli, ni pardon ! » telle est la devise des réseaux sociaux.

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Certains salueront toutefois qu’ITV Studios France n’ait pas versé dans le deux poids deux mesures. La société produisant The Voice avait effectivement mis fin au parcours d’une précédente candidate, Mennel, trois ans plus tôt et sous des motifs similaires. Des tweets de la jeune femme avaient, là encore, été exhumés, à l’occasion desquels elle remettait en question la version officielle des attentats du Bataclan.

Louer la sainte morale du studio de production apparaîtrait toutefois précipité, à l’heure où ce cher Vianney, si enthousiasmé par The Vivi et déjà en larmes, la semaine passée, à l’écoute d’un rap anti-avortement d’un autre gamin, fait lui aussi face à la géhenne. On se demande alors si l’émission de TF1 saura se montrer aussi exigeante envers ses salariés qu’envers les mômes qui viennent y mendier quelque gloire. On se demande si elle respectera, pour les uns, les principes qu’elle aura édictés pour les autres ; et si elle ira jusqu’à jeter la si charmante tête de gendre idéal de son juré dans la fosse purulente qui en réclame encore. Comme toujours, on pourra toutefois parier que cette quête d’égalité et de blancheur se heurte à l’habituel mur de la lutte des classes. En télévision comme ailleurs, l’argent a ses raisons que la raison ignore.

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La défaite de la liberté

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Banderole de Génération identitaire en marge de la manifestation « contre le racisme et les violences policières », Paris, 13 juin 2020 © Anne-Christine POUJOULAT / AFP.

Le renvoi d’Alain Finkielkraut est la manifestation la plus inquiétante de la censure qui étouffe le débat public. Le projet de dissolution de Génération identitaire en est une autre. Les épurateurs ne supportent pas la nuance et ne tolèrent pas l’outrance. Quand le lynchage est une « culture », quand la liste des sujets interdits à la réflexion et des opinions criminelles s’allonge sans cesse, le combat pour la libération de la pensée est une impérieuse nécessité.


Il faut relire Milan Kundera. Personne mieux que lui ne fait ressentir le totalitarisme désenchanté des années 1970, quand le pouvoir n’avait pas besoin d’attenter aux personnes physiques, la déchéance sociale suffisait. Les dissidents n’étaient pas (ou peu) tués, ils étaient limogés, parfois enrôlés, bannis de la société humaine. Ainsi, peu à peu, la prudence se muait en soumission, neutralisant le désir même de liberté.

D’accord, nous n’en sommes pas là. Ne brandissons pas les grands mots. Sauf qu’à répéter, depuis des années, que nous n’en sommes pas là, nous y sommes peut-être arrivés sans le savoir. Le lynchage est devenu une « culture », des condamnations à la mort sociale sont prononcées à tour de bras par le tribunal médiatico-numérique. Alors, peut-être que, comme Ludvik, au début de La Plaisanterie, nous croyons encore à la liberté de blaguer quand elle nous a été retirée depuis longtemps, et avec elle, celle de communiquer nos pensées et nos opinions. Ce n’est pas une clause de style. La liste des sujets prohibés et des opinions criminalisées s’allonge chaque jour. Et on ne risque pas seulement son honneur et sa réputation, mais son gagne-pain. Les nouveaux moralisateurs ne se contentent pas de victoires morales. Couper les vivres s’avère souvent un excellent moyen de couper le sifflet.

Que la fête des victimes commence!

Les paniques morales se succèdent en effet, avec leurs litanies d’indignations et d’excommunications. Des humoristes, des journalistes, des écrivains disparaissent pour un mot de travers, une blague de trop, ou encore parce qu’on les accuse de crimes lointains et prescrits – dont ils ne pourront jamais se disculper. Ce tourbillon de la dénonciation enfle à mesure que les #Metoo se succèdent : après #MetooInceste et #MetooGay, le producteur de France Culture Nicolas Martin appelle de ses vœux d’autres #Metoo, « des trans, des putes, des handicapés, et même des migrants ». Que la fête des victimes commence ! Symétriquement, il faut à chaque jour son lot de têtes à planter sur des piques. C’est ainsi qu’à deux semaines d’intervalle, se sont retrouvés cloués au pilori Alain Finkielkraut, limogé de LCI, et Génération identitaire, groupuscule politique menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur.

A lire aussi, Alain Finkielkraut: «Aujourd’hui c’est le pouvoir médiatique qui est liberticide»

À première vue, il n’y a aucun rapport entre ces deux événements. D’un côté, un penseur et écrivain respecté, académicien de surcroît, débarqué par une chaîne de télévision pour des propos qu’il n’a pas tenus au sujet d’une ténébreuse affaire d’abus incestueux d’un homme sur son beau-fils adolescent. De l’autre des défenseurs de l’Europe chrétienne compensant leur faiblesse numérique par un talent pour l’agit-prop au moins égal à celui de leurs adversaires extrêmes gauchistes. De plus, si la censure, exercée par le tribunal médiatique, a été d’une efficacité redoutable pour notre cher philosophe, interdit d’antenne et privé du droit de se défendre en quelques heures et sans possibilité d’appel, Génération identitaire a de bonnes chances de survivre aux vapeurs de Gérald Darmanin. Il serait étonnant (et angoissant) qu’un juge admette que quelques trublions menacent la République, quand la Brigade anti-négrophobie peut vandaliser des statues ou saboter une représentation théâtrale sans que quiconque songe à la faire interdire – ce qu’on ne réclame évidemment pas. En réalité, leur exclusion des réseaux sociaux, tout aussi inique, est un bien meilleur étouffoir que les velléités du ministre. Même en matière de police de la pensée, le privé fait mieux que notre État omni-impuissant.

Enfin, le philosophe et les activistes interviennent dans des registres différents : le premier expose des pensées, les seconds professent des opinions. Justement, ce n’est pas par hasard si la Déclaration des droits de l’homme garantit d’un même mouvement « la libre communication des pensées et des opinions » – que l’on traduit aujourd’hui par le terme générique de « liberté d’expression ». La vague de censure qui s’abat sur nous ne se contente plus de frapper d’illégalité ou d’infamie certaines opinions – par exemple, l’hostilité à l’immigration. Elle prétend aussi soustraire certains sujets à tout questionnement rationnel. Ainsi, sur la douloureuse question des crimes sexuels, seule l’indignation bruyante est tolérée. En somme, on veut nous priver aussi bien des nuances de Finkielkraut que des outrances de Génération identitaire. Il nous faut donc défendre les unes et les autres. Le débat public a besoin de Finkielkraut. Et sans partager la conception ethnique de l’identité française défendue par les identitaires, on se battra pour qu’ils puissent la défendre.

Questions prohibées

L’éviction d’Alain Finkielkraut est particulièrement alarmante. D’abord, elle montre que nul n’est à l’abri. Alain Finkielkraut n’a pas été protégé par son œuvre et son statut intellectuel, ni par les nombreux lecteurs et auditeurs qui, depuis trente ans, grandissent avec lui (ainsi que le rappellent Cyril Bennasar pages 68-69, et Bérénice Levet, pages 64-67). Ensuite, elle révèle avec éclat que la « tyrannie de l’émotion », dénoncée par d’éminents penseurs dans l’appel que nous publions dans notre numéro de février, est déjà advenue. On ne récuse pas des réponses éventuellement déplaisantes ou choquantes, on prohibe les questions. En effet, sans s’arrêter ici sur les ressorts de cette affaire, explorée dans les pages suivantes, y compris par le principal intéressé (relire notre grand entretien), rappelons que non seulement Alain Finkielkraut a condamné les agissements prêtés à Olivier Duhamel (et non démentis par lui), mais il n’a fait que s’interroger sur ce qui s’était passé et sur la conclusion qu’en tirerait un juge. Enfin, comme l’observe Finkielkraut, on voit apparaître un nouveau chef d’inculpation, le délit d’amitié. Embarquées dans une croisade pour les enfants, les duettistes du Monde (Bacqué-Chemin), entendent bien entraîner dans la chute d’Olivier Duhamel ceux de ses proches qui ne claironnent pas urbi et orbi l’aversion qu’il leur inspire. Qu’il soit plus honorable d’avoir de la compassion pour un pécheur que de hurler avec la meute ne les a sans doute pas effleurées.

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Par ailleurs, notre impétueux académicien, accoutumé à penser sans filet les choses qui fâchent, ne tombe pas à cause de son amour inquiet pour l’identité française, mais pour s’être intéressé à une sombre affaire de mœurs – qui, il est vrai, fait d’autant plus saliver les épurateurs qu’elle se déroule dans le Tout-Paris du pouvoir et des lettres. C’est significatif. Reste à savoir de quoi. Que le crime sexuel, en particulier sur des enfants, soit devenu le crime suprême, équivalent voire supérieur dans l’horreur au génocide, indique que notre époque libérée de tous les tabous est tétanisée face au trou noir de la sexualité. Certes, l’inceste est un crime épouvantable. Mais, qu’un siècle après Freud, on en parle comme s’il était étranger à l’humanité, témoigne d’une terrible opacité à nous-mêmes (voir à ce sujet l’article de Paul Bensussan). Aveuglés et habités par une terreur sacrée, les redresseurs de torts semblent ne jamais avoir entendu parler d’Œdipe, d’inconscient ou de pulsion. Pour eux, le désir est innocent, empathique et respectueux. « Un adulte ne peut pas désirer un enfant », répètent-ils pour se rassurer, rabattant ce qui est sur ce qui devrait être, l’ici-bas des affres humaines sur l’éden improbable d’une pureté surjouée. On est donc étonné que les psychanalystes abandonnent le terrain à des charlatans, en particulier à une charlatane qui se pique d’expliquer à des adultes désemparés que leurs échecs sont dus à des traumatismes d’enfance refoulés et de convaincre les victimes d’abus réels que leur vie est détruite.

Déstruction totalitaire du langage

L’affaire Finkielkraut est, enfin, une exécution sur ordonnance. Ce sont les réseaux sociaux, c’est-à-dire ceux qui y sévissent, qui ont exigé de TF1 (maison-mère de LCI) cette déplorable décision. Comment un tribunal qui ne s’appuie pas sur un appareil d’État, donc ne peut pas recourir à la force, parvient-il à faire respecter ses arrêts ? Par la pression conjuguée du conformisme et de la peur. Qu’il soit lecteur, électeur, acheteur, le client est roi. Il ne faut pas déplaire à l’opinion – ou aux escouades numériques que l’on prend pour l’opinion. Des consommateurs peuvent obtenir la tête d’un employé, des téléspectateurs/internautes celle d’un penseur. Et un accusateur anonyme peut s’en payer deux, appartenant aux deux élus communistes parisiens qu’il accuse nommément de viol. C’est ainsi qu’a été lancé #MetooGay.

À moins de travailler chez des kamikazes, toute victime d’une tempête numérique est presque assurée de prendre la porte. Le patron du média, parti ou entreprise coupable par association exécute la sentence requise et congédie la vipère lubrique du jour, sans oublier de rappeler, larmoyant ou solennel, que l’individu contrevient gravement aux valeurs de sa boutique.

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Le cas de Génération identitaire est moins inquiétant, dès lors que, répétons-le, la demande étatique de mise à l’index a peu de chances d’aboutir. Il n’est pas anodin pour autant. Gérald Darmanin justifie son ardeur épuratrice par le fait qu’il est « scandalisé » : là encore, le licite et l’illicite sont évalués à l’aune de l’émotion suscitée. Je lui enverrai ma petite liste de ce et ceux qui me donnent des palpitations. Il ne reproche pas à Génération identitaire des atteintes aux biens ou aux personnes. Ce qui est intolérable à nos hautes autorités, ce sont les idées et propos des militants identitaires sur l’immigration. Après l’opération de contrôle sauvage des migrants menée à la frontière espagnole le 19 janvier, le procureur de Saint-Gaudens a ainsi justifié l’ouverture d’une enquête pour « provocation publique à la haine raciale » par « des propos très clairement anti-immigration », inscrits sur une banderole « et surtout par la raison pour laquelle cette banderole a été déployée ». Des propos, des raisons, on les tient chef ! On l’aura compris, il est interdit d’être contre l’immigration. Il faudra en informer les 70 % de Français de tous bords et de toutes origines qui, de sondage en enquête, martèlent qu’ils veulent stopper l’immigration parce que, dans la vraie vie, la merveilleuse diversité menace chaque jour un peu plus de virer à la foire d’empoigne. 

Ne nous faisons pas d’illusions. Les délateurs qui exercent une surveillance impitoyable pour que nul ne sorte des clous invisibles qui délimitent le territoire du tolérable sont en train de gagner. On dira qu’ils peuvent contrôler la parole, pas asservir la pensée. Seulement, comme en atteste 1984, l’une ne va pas sans l’autre. L’un des exploits de notre temps est d’avoir réédité la destruction totalitaire du langage. Ainsi appelle-t-on « libération de la parole » son formatage strict, au propre et au figuré. Quelle parole libère-t-on en 280 signes, au vu et au su de tous ? Plus on la dit libérée, plus la parole est soumise. Le mensonge, c’est la vérité.

Faut-il, alors, entrer en clandestinité ? C’est ce que pense un des signataires de notre appel : « Nous allons devoir retrouver le fonctionnement des sociétés secrètes », dit-il, plaisantant à moitié. Après tout, le numérique n’est pas seulement fait pour les chiens toujours prêts à tailler en pièces l’honneur d’un homme, comme le disait Mitterrand. Peut-être cette première moitié du xxie siècle verra-t-elle naître une nouvelle franc-maçonnerie qui attendra l’heure de la reconquête intellectuelle en s’adonnant dans l’ombre aux joies de l’examen raisonné, du libre débat et de l’humour qui pique. Peut-être verrons-nous éclore mille Thélème digitales où l’on prendra encore le risque de choquer, blesser ou énerver. S’ils existent un jour, ces territoires virtuels de la liberté seront les places to be. Il sera toujours plus exaltant d’être libre avec des parias que comblé d’honneurs au milieu des censeurs. En plus, avec les parias, on se marre bien.

La loi nationale doit soumettre les GAFA à la démocratie

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Marion Maréchal et Jordan Bardella ont subi la censure des réseaux sociaux après des messages sur Génération Identitaire © Photos: Hannah Assouline / ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01004245_000001

Ce weekend, Marion Maréchal et Jordan Bardella ont vu leurs comptes suspendus. Inviter à quitter Facebook ou Twitter est vain. Le joug politiquement correct des GAFA doit être brisé.


Après la suspension définitive du compte Twitter du président américain en exercice janvier dernier, les GAFA continuent leur travail de censure des comptes de personnalités élues démocratiquement.

Après les députés Emmanuelle Ménard et Joachim Son-Forget, et l’un de vos serviteurs, passé sous les fourches caudines de Twitter pour un tweet critiquant l’action de la ligue de défense noire africaine (cette association, dont le président a été condamné à la prison pour viol sur personne vulnérable, incitait récemment à aller « cracher sur la tombe du criminel raciste de Gaulle »), ce sont Marion Maréchal et Jordan Bardella qui ont vu leurs comptes Facebook suspendus ce week-end pour avoir critiqué la procédure de dissolution administrative engagée par Gérald Darmanin à l’encontre du mouvement Génération Identitaire.

Aujourd’hui c’est la politique migratoire qui pose problème, et demain ?

« Quand ils sont venus chercher… je n’ai rien dit. » Nous connaissons tous cette anaphore du pasteur Niemöller dénonçant la lâcheté des intellectuels allemands au moment de l’accession au pouvoir du NSDAP. Il est pourtant nécessaire de nous la remémorer au moment où nous subissons de plein fouet le joug politiquement correct des GAFA. Combien de temps encore allons-nous rester inactifs face aux attaques répétées contre la liberté d’expression ? Aujourd’hui c’est la politique migratoire qui est visée, et demain ? Il est, à proprement parler, scandaleux que les élus de la Nation soient corsetés par une entreprise numérique privée, au moindre tweet engagé et au mépris des lois nationales réprimant l’injure ou la diffamation. Rappelons d’ailleurs utilement que l’association Génération Identitaire n’a jamais fait l’objet de la moindre condamnation judiciaire.

Si Twitter précise s’engager « en faveur de la liberté d’expression », il semble en pratique que celle-ci ne puisse être utilisée qu’à des fins idéologiquement conformes à la pensée dominante.

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Nous remarquons ainsi avec curiosité qu’après avoir bloqué de nombreux messages de Donald Trump pendant la dernière campagne présidentielle américaine, Twitter s’est permis, le 13 janvier dernier, à l’occasion d’élections en Ouganda, de condamner publiquement les pressions subies par les fournisseurs de services Internet pour bloquer l’accès aux réseaux sociaux. Selon la firme de San Francisco, ces coupures sont « extrêmement néfastes, violent les droits humains fondamentaux ». Et de rappeler que « l’accès à l’information et la liberté d’expression, y compris la conversation publique sur Twitter, n’est jamais plus important que pendant les processus démocratiques, en particulier les élections. ». Nous n’aurions pas dit mieux…

Dans les faits c’est donc encore une fois l’arbitraire du deux poids deux mesures « progressiste » qui s’applique. Toute critique de l’immigration (légale ou illégale) sera-t-elle bientôt interdite sur les réseaux sociaux ? Il est temps de reprendre la main pour éviter que ce maccarthysme s’impose plus avant en France et c’est donc au politique de réguler les GAFA, et non l’inverse.

Des entreprises privées particulières

Les commentateurs libéraux nous rétorqueront que Twitter n’est pas un espace public mais une entreprise privée. A la manière d’un patron de bistro qui expulserait un client aviné, elle pourrait donc librement suspendre tout utilisateur ne respectant pas ses conditions générales d’utilisation et ne serait aucunement tenue d’offrir une plateforme d’expression à tout un chacun.

Cette vision apparaît autant dogmatique que dépassée ! Au vu de la puissance de résonnance de ces mastodontes, il est quasiment impossible pour une entreprise, un média ou un homme politique de ne pas avoir de comptes sur les réseaux sociaux. Et en cas de censure privée, sans recours justes et transparents, c’est alors la mort médiatique ou économique assurée…

Quitter Twitter et Facebook ? Cela ne fera que favoriser un peu plus l’archipelisation des milieux politiques par l’éclosion de communautés artificielles, développant un entre-soi et limitant ainsi les possibilités de dialogue, d’échanges et d’affrontements sur lesquels reposent la démocratie. Or la démocratie, par nature, c’est le choix, et donc le clivage, aujourd’hui vilipendé par les tenants d’une pensée unique et chloroformée. Nos rapports sociaux et politiques doivent rester structurés dans leur dimension collective et historique et non réduits à des relations interindividuelles.

Non à la soft law de Facebook et Twitter

En outre, ces GAFA n’ont rien de petites entreprises privées : ce sont au contraire des acteurs internationaux aussi puissants que certains Etats, des autoroutes de l’information en situation de monopole et abusant de leur position dominante. Choisissant d’ailleurs leurs cibles et en épargnant d’autres, à l’instar du président Erdogan. Cette puissance de frappe leur permet  de forger chaque jour un peu plus une nouvelle règle de droit, une soft law, non démocratique, à laquelle nous devons nous soumettre.

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Il est urgent et légitime de contraindre ces sociétés à respecter nos principes démocratiques. D’autres pays européens nous montrent d’ailleurs la voie. En mai 2020, la justice italienne a confirmé la supériorité de la loi nationale sur l’arbitraire des règles privées de Facebook dans le cadre d’un litige entre l’entreprise américaine et un mouvement politique. Le tribunal civil romain a ainsi imposé au réseau californien d’annuler la suspension du compte litigieux. Selon le juge italien, ladite suspension portait atteinte de manière disproportionnée à la liberté d’expression, de pensée et d’association et les limites de l’activité de l’association devaient être laissées à l’appréciation de la loi nationale. L’Etat polonais a récemment exprimé la volonté d’interdire la suppression par les réseaux sociaux des publications qui n’enfreignent pas la loi polonaise. La France doit s’inspirer de ces exemples européens et faire des réseaux sociaux des « lieux publics », où chacun s’exprimerait librement sous réserve de respecter la loi de son pays.

Rappelons enfin que sur ces réseaux, un utilisateur ne souhaitant pas être importuné par un « client aviné », pourra toujours se désabonner ou bloquer le compte en question.

Bernard Carayon est maire de Lavaur, ancien député et avocat.
Thibault Mercier est avocat, essayiste et président du Cercle Droit & Liberté.

Islamo-gauchisme: comment la société française en est arrivée là

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Lionel Jospin en campagne présidentielle, accompagné de sa femme Sylviane Agacinski, avril 2002 © REMY DE LA MAUVINIERE/AP/SIPA Numéro de reportage : AP20042023_000046

Frédérique Vidal, qui postule pour la place de plus bel éléphant dans un magasin de porcelaine, est actuellement vilipendée par une partie des universitaires (pas tous, heureusement, il en est qui sauvent l’honneur de l’institution), pour avoir demandé au CNRS d’enquêter sur l’islamo-gauchisme à l’université. Adresse plaisante : autant demander à un violeur d’enquêter sur les maltraitances infligées aux femmes. Jean-Michel Blanquer de son côté affirme que l’islamo-gauchisme est « un fait social indubitable. » « Fantasme ! » s’écrient les uns, « Chasse aux sorcières ! » hurlent les autres. Le dolorisme et l’idéologie victimaire sont à la mode, et comme bien peu de gens, dans le monde universitaire, ont les braies bien nettes, chacun se croit visé.

L’islamo-gauchisme est pourtant plus qu’un fait social : c’est un fait politique. Une construction artificielle, une chimère monstrueuse élaborée dans les ateliers d’une Gauche sans projet.

L’islamo-gauchisme, expression forgée par Pierre-André Taguieff, est, selon la définition de Jacques Julliard dans la Revue des Deux mondes, « un courant de pensée qui considère que le réveil de l’islam et la montée de l’islamisme sont des éléments de critique très intéressants du néocapitalisme et, d’une certaine façon, se substituent à la lutte des classes et au prolétariat classique, qui a déçu ceux qui comptaient sur lui. »

Pierre-Andre Taguieff en 2007 © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00542783_000015
Pierre-Andre Taguieff en 2007 © BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00542783_000015

Ce qui suit est l’historique de cette notion.

En 2002, avant le premier tour de la présidentielle, Pierre Mauroy conseilla à Lionel Jospin de « parler au peuple ». Le candidat, qui ignorait encore qu’il arriverait troisième au soir du premier tour, et qui se voyait beau, répondit avec sa morgue ordinaire que la Fondation Jean Jaurès, boîte à idées de la Gauche boboïsée, le lui déconseillait. Le peuple, expliquaient ces grands esprits, n’existait plus, en tout cas comme réservoir de voix pour la Gauche ; cela faisait d’ailleurs quinze ans qu’il votait, de plus en plus, pour le Front national. Le vrai réservoir de voix, c’étaient les classes moyennes…
On sait ce qu’il en advint. 

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La disparition progressive du prolétariat a suivi la désindustrialisation de la France. Je ne suis pas loin de penser que fermer l’outil industriel, c’était supprimer, dans la pensée de dirigeants libéraux, cette partie de l’opinion qui a une propension à l’émeute. Tout ce qu’il en reste aujourd’hui, ce sont les Gilets jaunes.

L’échec de Jospin a sonné le tocsin pour les belles intelligences qui hantent les UER de Sociologie. S’il n’y a plus de prolétaires, allons chercher d’autres « damnés de la terre ». Remplaçons la lutte des classes par la lutte des races. Et aménageons les horaires des piscines municipales, à Lille et ailleurs, afin que les musulmanes, toujours pures, comme chacun sait, ne se baignent pas dans les mêmes eaux que des salopes céfrans.

Les immigrés, main d’œuvre surexploitée dans les années 1960-1970, avaient fait des enfants, qui, le cul entre deux cultures, choisirent celle qui leur offrait un peu de transcendance, l’islam, tout en adoptant les gadgets de l’autre : le capitalisme ne s’inquiète guère des revendications existentielles tant qu’on achète ses produits. Les insurrections algériennes du FIS et du GIA mirent de l’huile d’arachide sur ce feu. Comme on les avait adroitement enfermés dans des ghettos, ces enfants de deuxième ou troisième génération commencèrent par en expulser les Juifs qui y vivaient encore : à Trappes ou ailleurs, on n’incendie pas les synagogues pour des prunes.

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Cet antisémitisme de l’islam, héritier des belles déclarations du Grand Mufti de Jérusalem, Husseini, allié d’Hitler contre les Juifs, conflua avec l’antisionisme des gauchistes de la LCR, qui tournèrent alors un regard intéressé vers des gens susceptibles de renforcer ses maigres bataillons.

Puis les jeunes musulmans burent les paroles des imams envoyés en France par des régimes et des organisations qui ont une vision à long terme et une politique adroite de cheval de Troie: les universités ont vu affluer des publics plus portés sur l’entrisme religieux que sur les savoirs classiques. Les plus extrémistes fomentèrent des attentats ici-même. Ceux qui avaient le goût des voyages rejoignirent Daesh — puis sont revenus prêcher la bonne parole d’Allah le Miséricordieux.

« Là se trouve, pensent les idéologues de l’extrême-gauche, le réservoir humain de notre reconquête. Foin du marxisme qui faisait de la religion l’opium du peuple ! C ‘est par l’islam que nous enfoncerons un coin dans cette vieille gueuse pourrissante — la République française. » Jacques Julliard n’avait pas tort en affirmant que « l’islamo-gauchisme, c’est la haine de l’identité française. »

S’ensuivit un effet boule de neige. Aux islamistes purs et durs, dûment chapitrés afin de feindre (la taqîya n’est pas pour les chiens) la collaboration avec des koufars qu’ils méprisaient profondément, s’adjoignirent par intersectionnalité tous ceux qui voulaient s’élever en piétinant le cadavre de l’homme blanc occidental. Alors que la Gauche était historiquement anti-raciste, au moins depuis l’Affaire Dreyfus, des étudiants, des syndicalistes, des enseignants, se sont mis à inventer des meetings ou des colloques réservés aux « racisés » et autres « indigènes de la République ». Le phénomène se retrouve à tous les niveaux, et des syndicalistes, pour accroître le nombre de leurs affidés, ont entériné ces pratiques racistes : voir SUD, notamment, ou l’UNEF, qui exhibe des militantes voilées (tout comme le NPA présente des candidates voilées à des élections locales) tout en interdisant la lecture des œuvres de Charb, qui se fait ainsi assassiner deux fois. 

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Jean-Luc Mélenchon s’est converti à cette ligne, et défile désormais avec les Frères musulmans. Oh, comme je plains les démocrates sincères et de gauche qui ont voté pour lui et ont fait le lit de ces compromissions ignobles !

Intersectionnalité oblige, des féministes se voilèrent la face (si je puis ainsi m’exprimer), et décidèrent d’oublier que le voile islamique est le symbole de l’infériorité de la femme, de sa soumission aux diktats des barbus. Tant qu’à faire, ces chiennes de garde omirent aussi de condamner la polygamie, l’excision, les certificats de virginité, les mariages forcés et autres discriminations imposées par une vision fanatique de l’Islam des cavernes. La loi de 2004, bien timide, qui interdit l’exhibition de signes religieux ostentatoires dans les lycées et collèges, leur paraît un déni de démocratie. On en reparlera quand elles devront se voiler elles-mêmes. En attendant, le voile envahit les universités, et nombre d’universitaires ont dû faire face à des protestations selon les sujets qu’ils traitaient.

L’enseignant que je suis sait bien, depuis des décennies, que les petites maghrébines n’ont que l’école pour se libérer d’un environnement familial totalitaire. Et qu’elles brillent bien davantage que leurs grands-frères, occupés à les museler. Peu importe aux féministes actuelles, pour qui un tchador a la même signification qu’une mini-jupe, et un burkini qu’un bikini. Le paradoxe du féminisme contemporain, c’est qu’il sacrifie des femmes, et en grand nombre, sur l’autel sacré de la convergence des luttes.

Tous les laissés-pour-compte du Tiers monde, venus en Europe trouver un boulot et des subventions, tous les descendants d’esclaves (attention : ne pas mélanger ceux de la traite trans-Atlantique, emmenés par des Blancs odieux, et ceux, bien plus nombreux, de la traite trans-africaine, mutilés et massacrés par des frères en Mohammed, sur lui la Paix et la Bénédiction), les gays et lesbiennes qui ont choisi d’ignorer qu’ils seront un jour ou l’autre empalés ou lapidés par leurs nouveaux amis, tout ce beau petit monde a choisi la revendication brutale plutôt que la voie plus difficile des études et des concours.

Ils ne se contentent pas de faire du bruit : ils dénient aux autres le droit à la parole et même à l’existence. Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Elisabeth Badinter en ont fait l’amère expérience. Le slogan de 68, « Il est interdit d’interdire », est devenu « Il est interdit d’exprimer quoi que ce soit qui ne soit pas en accord avec la doxa dont nous sommes dépositaires ». Logique : à force de fréquenter des fanatiques, on se bricole sa charia dans son coin. L’idéologie « woke » américaine, selon laquelle le Blanc est coupable par naissance, le mâle violeur par essence et la laïcité à la française une atteinte intolérable au droit constitutionnel d’être un crétin superstitieux et arrogant, s’insinue progressivement dans nos facs. Et les universitaires, par conviction ou par lâcheté, entérinent ces élucubrations et les perpétuent en sélectionnant des objets d’étude plus farfelus les uns que les autres. 

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Le recrutement d’enseignants conformes à cette doxa accentue encore le mécanisme d’emprise. La terreur que font régner quelques extrémistes crée la panique dans la majorité silencieuse. Les médias, qui répondent volontiers aux sollicitations des énergumènes, grossissent les faits. Et tout ce beau monde prépare l’avènement d’une société raciste, fanatique, soumise, où il fera certainement très bon vivre.

Alors oui, Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer ont raison de nommer l’islamo-gauchisme. Peut-être pourraient-ils aussi se donner les moyens de faire appliquer les lois existantes, qui interdisent — c’est l’essence de la Constitution — toute distinction de sexe, de race ou de religion. Et ça, c’est le boulot des ministres de l’Intérieur et de la Justice.

À la « French Pride », on se tient bien

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Paris, 20 février 2021

J’ai bien failli ne pas aller à la manif organisée à Paris pour Génération Identitaire, association menacée de dissolution.


Un samedi après-midi, avec une femme au travail et un gosse sur les bras, ce n’était pas gagné. Ce n’était pas l’envie qui me manquait de marcher jusqu’à Denfert pour les soutenir dans leur dénonciation de l’islamisation et leur défense de la civilisation française, mais j’étais coincé. Charles Martel, lui, n’avait pas ce genre d’empêchement.

J’ai suggéré à sa mère que peut-être, je pourrais emmener le petit, en promettant de rester loin des bagarres et des lacrymos. « Je suis quand même père de famille bon sang, je ne fais pas n’importe quoi ! Enfin mon amour ! » Mais le mot doux servi pour l’occasion ne trompa personne et le « non » fut catégorique.

Mon tee-shirt Keep America great introuvable

Elle craignait des heurts avec des contre-manifestants annoncés. Je lui explique que pour briser des vitrines innocentes et lyncher des flics entravés par la non-violence de leurs consignes, il y a toujours du monde, mais que face à de jeunes esprits sains dans des corps sains, il risque de n’y avoir personne. Comme Arthur Koestler l’écrivait à propos des Arabes, « ils font d’excellents émeutiers mais de piètres combattants. » Heureusement, la baby-sitter est libre. Elle se pointe à 14h. Je cherche partout mon tee-shirt « Président Trump 2020 Keep America great » sans pouvoir mettre la main dessus. J’enrage. Pour une fois que j’aurais pu échanger des regards complices avec des Trumpistes, dans Paris intra-muros ! Tant pis, j’enfile une chemise, j’attrape mon masque bleu-blanc-rouge et j’y vais.

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À Denfert-Rochereau, la police cerne la place. Le lion de Belfort lance vers les cités de Vanves et de Malakoff ce regard farouche qu’il a gardé de la toute première occupation, celle de 1870. Aujourd’hui, les occupants ont changé de visage et les Versaillais qui les accueillent aussi, mais la détermination du fauve à opposer une résistance semble intacte. Cet après-midi, il n’est pas seul: 3000 personnes selon les organisateurs et 1500 selon la police sont rassemblées autour de sa statue. Debout sur le socle du félin de bronze, j’aperçois une belle fille noire coiffée d’un bonnet phrygien. À ses côtés un type qui ressemble à Manu Dibango agite un drapeau de Génération Identitaire. Jean Messiha leur rendra hommage dans son discours en citant De Gaulle s’adressant à des Noirs et des Arabes : « Mon Dieu que vous êtes français ! » Il est vrai qu’avec le courage qu’il faut pour s’afficher identitaire, ils ont un peu plus de mérite que ceux qui héritent. Le soir, je ne les reverrai pas sur les images que diffuse la télé. En revanche les aryens aux cheveux courts seront sur tous les plans. Des dessins sont brandis, des figures de poilus qui défendaient les frontières. Les affiches demandent: « Vous les auriez dissous » ? Il y a pas mal de jolies filles, en jupe et en sécurité, et aussi quelques rares mines patibulaires, qui se tiennent en retrait. Ils me rappellent les skinheads qui nous agressaient il y a 30 ans, à dix contre un, quand on sortait du Gibus, parce qu’on avait ce qui manquait à ces bourrins, comme aux bandes de racailles aujourd’hui: du style et des filles. 

Pas déplorables

Je fais un tour, j’avance facilement, la foule n’est pas très compacte. J’observe un petit groupe de jeunes gens d’une vingtaine d’années, coiffés de casquettes rouges « Trump 2020 ». Ils sont assez beaux, plus que la moyenne des jeunes que je croise d’habitude, peut-être parce qu’ils ne sont pas fringués comme une équipe de basketteurs américains. Ici, il n’y a pas de capuches, pas de dreadlocks, pas de joggings bariolés, pas de jeunes à canettes, débraillés et défoncés, rien de ce qui a fait dire à Bret Easton Ellis que « le look de Black lives matter est déplorable ». Il n’y a pas non plus de techno dans la sono ou de tamtam sur un char. On n’est pas chez les Indigènes de la République mais chez les indigènes de France et la « j’m’en bats les couilles attitude » n’est pas de mise. À la French Pride, on se tient bien. Une vieille dame déambule avec un masque sur lequel elle a écrit au feutre: « Génération identitaire ». On fait attention à elle, on s’écarte pour la laisser passer. On sent un usage ancien de la civilité et les vertus de l’éducation. Deux jeunes militants se retrouvent: « ça va, Gro ? » Gro n’étant pas l’inverse de maigre mais le diminutif de « négro », une expression venue des cités et répandue chez les jeunes. On n’échappe pas à l’argot de sa génération, même identitaire, mais quand on s’interpelle entre blancs, on ne se dit pas « frère !» On n’est pas raciste.

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Entre les pattes du lion, les cadres du mouvement lancent des slogans repris aussitôt. « On est chez nous » ou « Darmanin dans les cités ». Puis viennent les discours. Florian Philippot, qui trouve Marine trop molle, Jean-Frédéric Poisson qui dénonce la société multiculturelle avec la précision qu’on lui connaît. Personne sur place du Rassemblement National mais des messages de soutien sont lus, envoyés par Stéphane Ravier et Thierry Mariani. Un discours d’Emilie, jeune militante parisienne, puis de Thaïs d’Escuffon, très applaudie sur son engagement. Elle porte une de ces jolies robes que les filles à l’ère de la diversité mettent pour sortir quand il fait beau et surtout quand elles sont accompagnées de gentlemen sportifs. Enfin, c’est Jean Messiha qui prend le micro et qui casse la baraque. On l’applaudit, on scande à plusieurs reprises: « Messiha président ! ». Manifestement, on l’aime bien malgré sa « tête de bougnoule » et son « air de chameau » comme dirait Yassine Belattar. 

Mais après la fin de la manif et la dispersion dans le calme, sans les pillages et les saccages auquel le vandale de troisième génération nous a habitués après d’autres rassemblements, en allumant ma télé sur Cnews, pour trois débatteurs sur quatre qui soutiennent la dissolution de « cette milice raciste et antisémite », les racistes dans ce pays, ce sont les jeunes gens de Génération Identitaire. Mais où ont-ils vu ça ? À la télé ? Comment dit-on déjà ? Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre ? On pourrait ajouter qu’il n’y a pas plus malhonnête aujourd’hui que celui qui ne veut pas faire le jeu du Rassemblement National.

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«Tuez-les ; Tuez-les!»… La guerre contre la police

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Claire Hédon, Défenseure des droits depuis juillet 2020, voulait tester des zones sans contrôle d'identité. La proposition choc de trop pour des policiers français perpétuellement vilipendés. © Jacques Witt/SIPA Numéro de reportage : 00982854_000005

La police française se fait attaquer dans les rues par des délinquants qui menacent la vie de ses agents, et sur le terrain institutionnel et politique par des acteurs toujours plus nombreux et déterminés à l’empêcher de remplir sa mission. La sécurité de tous les citoyens est menacée.


Le 25 janvier, à Pantin, le 4 février, dans le quartier de la Conte à Carcassonne, le 13 février, à Poissy, des groupes organisés de « jeunes » selon le vocabulaire consacré ont attiré les forces de police dans leurs cités pour leur tendre une embuscade. Aux cris de « Tuez-les ; Tuez- les », les patrouilles ont été prises à partie avec des mortiers, ces engins pyrotechniques régulièrement utilisés comme des armes de guérilla urbaine. A chaque fois, des vidéos de l’attaque ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Des statistiques du ministère de l’Intérieur publiées par le Figaro montrent qu’entre le 17 mars et le 5 mai 2020, 79 guet-apens ont été tendus aux policiers. En octobre 2020, on avait recensé au moins dix attaques de commissariats depuis le début de l’année.

Les médias délégitiment l’institution policière en permanence

La guerre contre la police qui est menée dans notre pays n’est jamais nommée. Au contraire, médias et people s’associent pour affirmer qu’une police intrinsèquement raciste est partie en guerre contre la population. Rappelons-nous les manifestations incessantes et largement médiatisées du clan d’Assa Traore contre le « meurtre » de son frère par la police. Ou bien, en mai 2020, peu après que la chanteuse Camélia Jordana ait accusé la police d’assassinats multiples et gratuits sur une chaîne de télévision du service public, – « les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue » se font « massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau » – une hallucinante séquence s’est mise en place: le député LREM Aurélien Taché a twitté « Bravo Camélia Jordana, mais le prix à payer va être terrible…tu le savais. Ils vont nier puis retourner la charge de la preuve et une fois encore, chercher à faire passer les victimes pour des coupables. » Le journal Les Inrockuptibles[tooltips content= »Violences policières: Ce que dit Camélia Jordana est évident, c’est l’étonnement qu’elle rencontre qui est étonnant, Les Inrockuptibles, 25 mai 20″](1)[/tooltips] a apporté sa caution à l’accusation en donnant la parole à un faux « expert » des violences policières, le documentariste David Dufresne, qui a affirmé que la chanteuse « exprime des évidences ». L’Obs a surenchéri en juin 2020, en tendant le micro à Omar Sy qui, de sa villa de Los Angeles, a « demandé justice pour Adama Traoré », tracé un parallèle avec George Floyd et appelé de ses vœux une « police digne de notre démocratie »[tooltips content= »EXCLUSIF. L’appel d’Omar Sy : Réveillons-nous. Ayons le courage de dénoncer les violences policières en France, L’Obs, le 4 juin 2020″](2)[/tooltips]. Une pétition a été lancée qui a recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures. Le 24 juin, Amnesty International a publié un rapport[tooltips content= »« Europe: police et pandémie: les mesures prises en Europe pour faire face à la pandémie de covid-19 ont donné lieu à des violations des droits humains », 24 juin 2020, amnesty.org »](3)[/tooltips] qui a dénoncé le racisme de la police en Europe pendant le confinement sanitaire. Le 19 juillet 2020, le maire écologiste de Colombes (Hauts-de-Seine) Patrick Chaimovitch a dressé un parallèle entre la police de Vichy et celle d’aujourd’hui. Le psychanalyste Gérard Miller a invité à « réfléchir » sur les propos du maire de Colombes et le journaliste Edwy Plenel a comparé le nouveau ministre de l’intérieur Gérald Darmanin à René Bousquet, haut fonctionnaire organisateur de la rafle du Vel d’Hiv et gravement compromis avec la Gestapo pendant la guerre.


Ce climat de délégitimation de l’action de la police a pour conséquence d’aggraver les violences contre les policiers. Sur les routes, les automobilistes refusent fréquemment de s’arrêter lors des contrôles et, parfois, lancent leur voiture contre les forces de l’ordre. Selon le Figaro, ces refus d’obtempérer ont fait un bond de 5,1 % en 2020, soit une infraction commise toutes les 20 minutes.

Le Défenseur des droits s’oppose aussi à la police

La pression médiatique sur la police est telle que les forces de l’ordre ne se sentent pas en droit d’utiliser leur arme. Comme l’écrit Philippe Bilger, ex-magistrat, « face aux menaces, aux jets divers et aux atteintes physiques, elle (la police) n’a pratiquement pas le droit d’user de ce que la loi l’autorise à mettre en œuvre », à savoir son arme. « Si on examine dans le détail les cinq situations qui permettent, depuis la loi du 28 février 2017 commune à la police et à la gendarmerie, l’usage des armes à feu, on constate d’abord qu’elles ne sont pas très éloignées de la notion ancienne de légitime défense mais que surtout elles sont très rarement concrétisées dans la pratique ». Pour la bonne raison qu’à chaque fois, pèse sur la police une choquante suspicion d’usage illégitime de la violence.

La mise en accusation de la police par les médias et les people est alimentée aussi par le monde académique. En France, comme aux Etats Unis, la police est accusée de pratiquer des contrôles au faciès, c’est-à-dire de faire un usage raciste de son pouvoir de contrôle des identités. Cette idée a été lancée et alimentée par une étude[tooltips content= »Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris. http://www.laurent-mucchielli.org/public/Les_controles_d__identite.pdf »](4)[/tooltips] de Fabien Jobard et René Lévy, deux chercheurs du CNRS, qui ont affirmé en 2009 que les contrôles de police sont menés « au faciès », c’est à dire « non pas sur ce que les gens font, mais sur ce qu’ils sont, ou paraissent être ». En 2017, le Défenseur des droits a repris publiquement à son compte l’accusation portée contre la police de contrôles d’identités racistes.

L’éternel débat sur les statistiques ethniques

Ces « études » du CNRS ou du Défenseur des droits auraient pu être contrées – ou corroborées – par des études sociologiques qui montrent que la criminalité est également – ou inégalement – répartie au sein des différentes couches ethniques qui composent la société française. Mais la loi française interdit les statistiques ethniques. Il est donc permis d’accuser la police de racisme, mais il est interdit de vérifier si les Noirs ou les Maghrébins sont surreprésentés dans la délinquance, au regard de leur présence démographique dans la population française. La mode aujourd’hui est d’exiger une stricte proportionnalité des contrôles d’identité entre les Blancs, les Noirs et les Arabes.

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L’offensive médiatique contre la police est également légitimée par les plus hauts représentants de l’Etat. « Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé », a déclaré Emmanuel Macron au média Brut, en décembre 2020. Le 12 février, Claire Hédon, Défenseure des droits, demandait sur France Info l’arrêt des contrôles d’identité dans « certains quartiers » et l’instauration « de zones sans contrôle d’identité ».

Il était inévitable que cette pression politico-médiatique se traduise par des ouvertures sur le terrain du droit. En 2016, la Cour de cassation a jugé qu’ « un contrôle d’identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s’agit d’une faute lourde ».

Les associations lancent une action de groupe contre l’Etat

Comment résister ? Le 27 janvier 2021, les avocats de six ONG (dont Amnesty International France et Human Rights Watch) ont lancé une action de groupe contre l’Etat, adressant une mise en demeure au premier ministre, Jean Castex, ainsi qu’au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti pour que cessent « les contrôles au faciès ». L’État dispose de quatre mois pour répondre à la mise en demeure des ONG et faire des propositions. S’il ne répondait pas de manière satisfaisante, l’action de groupe contre l’Etat, la première du genre en Europe, irait devant les tribunaux.

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Mais ce n’est pas seulement la police de terrain qui est attaquée. D’autres puissants acteurs ont entrepris de s’attaquer aux moyens d’investigation de la police anti-criminalité. Le 6 octobre 2020, la Cour de Justice de l’UE a rendu un arrêt dans trois affaires relatives à la conservation « généralisée et indifférenciée des données relatives au trafic et des données de localisation » dans le secteur des communications électroniques. En d’autres termes, au nom de la protection du droit à la vie privée et à la protection des données personnelles, la Cour a jugé que les lois nationales imposant aux fournisseurs de services téléphoniques de conserver de manière « généralisée et indifférenciée » les données relatives au trafic (les fadettes) et les données de localisation (qui permettent a posteriori d’identifier les téléphones qui ont borné à proximité d’une scène de crime par exemple) étaient contraires à la Charte de l’UE, laquelle est intégrée aux traités et a donc valeur constitutionnelle. Il en résulte que la prévention et la résolution des crimes va être beaucoup plus complexe et souvent devenir impossible. Dans 90% des cas, la police n’a pour seul indice que les téléphones qui ont borné à proximité d’une scène de crime, ce qui permet ensuite, tel le fil d’Ariane, de remonter les pistes (via les fadettes, qui permettent de savoir avec qui la personne qui a borné a communiqué dans les semaines et les mois précédents).

Les forces qui se liguent aujourd’hui contre la police – médias, people, associations et ONG anti-racistes, une partie de la magistrature et les cours droit-de-l’hommistes européennes sans oublier les comités des droits de l’homme de l’ONU – poussent à la dévitalisation de l’Etat sur un point essentiel : sa mission d’assurer la sécurité de tous les citoyens.

Si le processus aboutit, l’antiracisme mis en place au milieu des années 1980 par la gauche, se sera révélé le plus efficace outil de démantèlement des États depuis la seconde guerre mondiale.

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A Lyon être végétarien est un geste barrière

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Le maire de Lyon Grégory Doucet impose les menus sans viande dans les cantines © Bony/SIPA Numéro de reportage : 00982816_000021

Le maire de Lyon impose dès aujourd’hui dans les écoles une cantine sans viande, érigée en nouveau geste barrière pour lutter contre le virus. La mesure n’est pas au goût de tout le monde: l’élu se voit reprocher de profiter de la crise sanitaire pour faire passer l’idéologie végane en contrebande.


Le cœur léger, perchés sur leurs trottinettes électriques XXL, les parents écolos ont pu filer à toute allure en direction des écoles lyonnaises ce lundi. À compter de ce jour, un « menu unique sans viande » est imposé dans toutes les cantines scolaires de la capitale mondiale de la gastronomie ayant élu maire un militant de la décroissance en juillet 2020.

Et ensuite on s’en prendra aux bouchons lyonnais?

Fini les sueurs froides de ces parents antispécistes et végans qui cauchemardaient à l’idée de laisser leur progéniture porter atteinte à Mère Nature en mangeant du boudin aux pommes, du foie de veau à la lyonnaise ou encore une bonne poularde bien dodue, toutes ces spécialités culinaires qui font la réputation des bouchons lyonnais.

Néanmoins, on apprend que ce n’est pas par conviction idéologique que le maire EELV Grégory Doucet a décidé de verdir les assiettes des cantines, mais pour des raisons sanitaires. Les menus sans viande permettraient de mieux respecter le protocole anti-Covid… L’alimentation sans viande ne serait ainsi pas promue pour lutter contre l’élevage intensif et industriel, contre les souffrances animales ou le changement climatique, mais comme un nouveau geste barrière ! On croirait lire une blague Carambar, mais ce n’est hélas pas le cas.

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Stéphanie Léger, l’adjointe chargée de l’Éducation, explique très sérieusement qu’un menu unique sans viande permettrait de « servir plus rapidement les élèves et fluidifier les repas ». Déposer de la viande déjà cuite dans les assiettes prendrait plus de temps que de servir une louche de purée de pommes de terre ? Pour parvenir à une telle conclusion, les services de la mairie ont évidemment du procéder à un chronométrage bien précis du personnel de la cantine, pour en déduire que le geste de servir diffère selon les plats, lent pour la viande, rapide pour les légumes. Il me semblait que l’exemple des maudits haricots verts – qui  ne cessent de s’échapper au point qu’il faut souvent s’y prendre à deux fois pour servir une quantité raisonnable – suffisait à démontrer le contraire.

La terre a des limites, mais la bêtise humaine est infinie

Bien évidemment, la raison sanitaire de cette nouvelle restriction alimentaire n’est que le masque qui occulte les hérésies de l’écologie punitive. Et le maire ne fait qu’appliquer ses promesses de campagne qui prévoyaient, entre autres, de passer au 100% bio dans la restauration collective, de réduire la consommation carnée et surtout d’habituer les consommateurs aux plats végétariens.

Avec cette évangélisation à marche forcée, le travail de sape de notre gastronomie est en route. Après les enfants, ce sera peut-être nos anciens dans les Ehpad qui seront privés de viande, dans toutes les villes tenues par les tyrans en herbe qui déifient les pousses de sojas.

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Et plus sérieusement, on peut déplorer l’injustice de cette injonction écologique. Priver de viande les petits Lyonnais n’est pas sans conséquence sur les apports nutritionnels journaliers nécessaires, surtout en ce moment, où l’anémie est franchement à éviter. Par ailleurs, quoi de plus injuste que de priver certaines familles précaires de la garantie de servir à leurs enfants un repas équilibré – peut-être le seul de la journée ? L’égalité d’accès à une alimentation variée permise par l’école républicaine est donc sacrifiée sur l’autel des injonctions de l’écologie. Vouloir « sauver la planète » n’est pas critiquable, mais n’oublions pas aussi de protéger l’immunité collective et naturelle de nos jeunes enfants. Cet épisode grotesque apporte une nouvelle preuve que  l’écologisme fanatique n’est pas immunisé contre la bêtise qui, pour reprendre la célèbre formule flaubertienne « est infinie. »