Les militantes néoféministes ne décolèrent pas contre Brigitte Macron, qui a osé qualifier de « sales connes » les perturbatrices du spectacle de l’humoriste Ary Abittan. Les éditocrates bien-pensants forceront-ils la Première dame à s’excuser?

Les propos tenus par Brigitte Macron auprès d’Ary Abittan en coulisses aux Folies Bergère continuent de faire des vagues. Le salesconnesgate a pris une telle ampleur que l’Élysée a dû organiser hier un semi-rétropédalage et faire savoir que Brigitte Macron visait seulement les méthodes des manifestantes outragées. Toutes les pleureuses du néo-féminisme y vont de leur couplet indigné à commencer par l’inévitable Godrèche. Les Insoumis éructent. François Hollande gronde. Elle a dit conne! Quelle vulgarité! Un crachat sur les victimes! Qu’elle se lave la bouche avec du savon! Quand Souchon traite les électeurs RN de cons, ces beaux esprits ne mouftent pas. D’accord, Souchon n’est pas Première dame.
Brigitte Macron était en confiance. Elle était avec des amis. Elle a parlé comme on parle dans la vie et dit au passage ce que nous sommes beaucoup à penser (quoique « connes », c’est un peu mou). La caméra était celle de Bestimages, agence de Mimi Marchand, une proche du couple Macron qui était là pour faire du people sans histoires… D’après Le Parisien, on n’a pas voulu nuire à l’épouse du président de la République, il n’y a pas eu de coup tordu, juste une suite de négligences. Il semble que la vidéo a été vendue à l’hebdomadaire Public sans que quiconque n’ait écouté le son.
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S’il y a une victime dans cette affaire, c’est Ary Abittan. Mais curieusement, tous ces gens intraitables sur les bonnes manières ne trouvent rien à redire au fait que des militantes fassent irruption dans un spectacle et traitent de violeur un homme doublement blanchi par la Justice. Une intrusion par la force c’est tout de même plus grave qu’une insulte. Et violeur plus grave que connes. Mais non, le scandale, ce sont deux mots de Madame Macron. « Le moindre solécisme en parlant vous irrite mais vous en faites vous d’étranges en conduite » (Les femmes savantes).
Ces militantes ont bien le droit de critiquer une décision de justice comme je le fais moi-même souvent, me répliquerez-vous. Seulement ici, ce n’est pas de la critique, c’est de l’intimidation. Je trouve l’incarcération de Nicolas Sarkozy injuste. Mais je ne suis pas allée manifester devant la Santé pour l’empêcher. Puisque la Justice ne condamne pas sans preuves, les militantes néoféministes prétendent la remplacer par une justice expéditive qui condamne à la mort sociale tout homme accusé – car les femmes ne mentent jamais et ne se vengent jamais, c’est bien connu. Elles essaient d’effrayer les producteurs, les directeurs de théâtres et autres employeurs potentiels des hommes mis en cause. Et comme le courage n’est pas la première vertu du monde du spectacle, des centaines d’hommes blanchis ou ayant purgé leur peine se retrouvent non seulement chômeurs mais bannis. Elles expliquent qu’un non-lieu ne blanchit pas. On ne peut pas vous condamner mais vous n’êtes jamais innocenté. Génial! C’est la logique de la Terreur: tout homme est un coupable en puissance. L’une des associations énervées et qui annonce porter plainte contre Mme Macron s’appelle d’ailleurs les Tricoteuses hystériques. N’est-il pas un peu curieux de revendiquer une filiation avec les femmes qui pendant la Révolution assistaient avec gourmandise aux exécutions ?
Les tricoteuses d’aujourd’hui s’impatientent, elles trouvent que la guillotine sociale ne turbine pas assez. Comme disait Anatole France, les dieux ont soif. Et moi j’ai peur.
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale, au micro de Patrick Roger




