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Pendant que se tiennent les tables rondes du Beauvau de la sécurité, à Poissy on appelle au meurtre des policiers


Pendant que se tiennent les tables rondes du Beauvau de la sécurité, à Poissy on appelle au meurtre des policiers
Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Des policiers ont été violemment pris à partie ce samedi 13 février à Poissy, dans les Yvelines. Des dizaines d’individus ont lancé projectiles et mortier d’artifice, selon BFMTV.


À Poissy, dans le quartier Beauregard, une trentaine de voyous ont agressé des policiers qui intervenaient légitimement avec des tirs de mortiers en criant : tuez-les !

C’est à Poissy, c’est en France et nous sommes en République. On ne pourra pas dire, pour se consoler, que le maire a de l’humanisme écologique à revendre et que sa faiblesse serait responsable de la chienlit. C’est le contraire. Le maire de Poissy, Karl Olive, n’est pas naïf sur le plan de l’ordre et de la sécurité et il tente de faire tout ce qu’il peut dans le cadre municipal actuel pour favoriser dans sa ville la tranquillité publique. Pourtant c’est dans sa commune que la police a ainsi été attaquée.

Les voyous ne réagissaient même pas à une action des forces de l’ordre, ils les attendaient et en quelque sorte d’initiative, sans l’ombre d’une crainte, ils s’en sont pris à elles en hurlant leurs menaces de mort. Qui s’indigne véritablement face à ces séquences odieuses qui font douter de notre démocratie, de sa vigueur, de son courage ?

Sans vouloir abuser de la dérision, il est alors surréaliste de voir Gérald Darmanin et Marlène Schiappa s’intéresser ostensiblement au sort d’une victime agressée dans la rue avec son bébé et qui n’a pas pu déposer plainte. Il est rétrospectivement amer d’avoir entendu le ministre de l’Intérieur traiter avec une forme de condescendance la présidente du RN qui sonnait un tocsin factuellement pas si absurde, ne lui en déplaise ainsi qu’à son prédécesseur Christophe Castaner ou au garde des Sceaux.

Parce que le scandale de cette agression collective s’est déroulée à Poissy, en France, et que pourtant, apparemment, nous avons un gouvernement. Certes ce dernier ne peut pas tout faire mais d’abord il pourrait faire plus en apportant d’emblée un soutien systématique à la police victime de ces violences qui n’éprouvent même plus le besoin de se dissimuler.

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L’arrogance des agresseurs, avec la certitude guère démentie de leur impunité, est révélatrice d’un climat où l’Etat ne fait plus peur, où l’autorité et l’omnipotence en l’occurrence dévoyées sont passées de l’autre côté de la société. La police est à la fois abandonnée et stigmatisée parce qu’elle se serait abstenue, aurait réagi trop tard, ou en manquant d’urbanité face à des voyous. Ces derniers sont d’autant plus sûrs de leur fait abject qu’ils sont protégés par leur masse qui rend quasiment impossible la démonstration de toute responsabilité individuelle. Et par cette certitude navrante que la police est trop souvent impuissante puisque, face aux menaces, aux jets divers et aux atteintes physiques, elle n’a pratiquement pas le droit d’user de ce que la loi l’autorise à mettre en œuvre. Cette configuration d’échec est d’autant plus préoccupante qu’elle crée un grave déséquilibre, sur le plan judiciaire, entre ceux qui sont sans cesse exonérés, les pires, et les quelques policiers soupçonnés de violences illégitimes qui font l’objet – et c’est heureux – d’enquêtes, d’informations et parfois de renvois devant une juridiction.

Si on examine dans le détail les cinq situations qui permettent, depuis la loi du 28 février 2017 commune à la police et à la gendarmerie, l’usage des armes à feu, on constate d’abord qu’elles ne sont pas très éloignées de la notion ancienne de légitime défense mais que surtout elles sont très rarement concrétisées dans la pratique.

On pourrait s’en féliciter si des polémiques ne naissaient pas pourtant à chaque fois que légitimement la police les applique et que surtout cette dernière n’était pas littéralement tétanisée, à cause d’une choquante suspicion préventive politique, sociale et médiatique, par l’obligation d’user de ses armes ; et donc de ne jamais oser se défendre ou défendre autrui malgré la permission de la loi.

Les voyous sont tout-puissants avec l’illimité de leur haine violente et la police se limite parce qu’elle sait qu’une présomption de culpabilité pèserait sur elle malgré le fait justificatif prévu par la loi de 2017.

Pourtant ce qui a été perpétré est à Poissy, en France et paraît-il dans un Etat de droit. Mais il est vrai que sa conception et sa définition en font la propriété exclusive des transgresseurs – le comble : la Défenseur des droits veut des zones sans contrôle policier ! – et ne sauraient supporter le réarmement de notre pays face au pire qui quotidiennement sévit. Si j’avais approuvé le principe initial du Beauvau de la sécurité, ce n’était pas pour qu’il s’enlise dans des débats vains. Le réel, le vrai, l’éprouvant, la terrifiante et effective hostilité à l’encontre de la police n’ont pas été invités.

Pendant les tables rondes, il y a eu Poissy, en France, en République.

Le Ministre de l’Intérieur a réagit à l’évènement devant les journalistes



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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