Dans notre drôle de pays, la haine antiflic est autorisée, tandis que l’histoire de France est censurée, déplore Isabelle Marchandier.
La Horde récidive ! Après Antifa, le jeu, présenté en 2022 comme un « jeu coopératif » mais qui était en réalité un manuel d’initiation aux méthodes des black blocs (perturber des meetings, bloquer des expulsions, agir masqué et vêtu de noir et autres joyeusetés) voici Fachorama, un jeu des « sept familles » rigolo et repensé pour cibler tout ce que le collectif range dans « l’extrême droite », avec en ligne de mire l’institution régalienne par excellence: la police.
Trop cool
Les noms ne sont pas cités, mais les caricatures sont transparentes : Éric Zemmour devient « le polémiste islamophobe », Marine Le Pen « l’héritière populiste », les catholiques « les réactionnaires anti-IVG »… et les policiers écopent d’une carte infamante: « flic raciste de la BAC ». Chaque carte devient ainsi une cible symbolique.
Comme Antifa, le jeu, Fachorama est vendu à la Fnac et sur Amazon. À croire que l’argent n’a pas d’odeur lorsqu’il s’agit de combattre l’extrême droite, pour ces militants qui portent en bandoulière leur anticapitalisme radical mais n’hésitent pas à transformer leur doctrine en produit de consommation marketé. Derrière le jeu, le message implicite est limpide : jouer aux antifas, c’est tendance; et la haine antiflic, c’est cool.
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Imaginons un instant un « sept familles antiwoke » édité par le Puy du Fou : Sandrine Rousseau en « écoféministe misandre », Mélenchon en « tribun immigrationniste », Barthès et Lucet en « propagandistes progressistes », Rima Hassan en « militante antisioniste », et LFI en « parti du grand remplacement ». Un tel jeu serait retiré des rayons en vingt-quatre heures, déclenchant tribunes indignées, manifestations antifas, sermons médiatiques dans Libération et Télérama et les éternels anathèmes sur « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Le chaos serait, bien sûr, toléré au nom de la lutte contre le retour du péril brun. Mais lorsqu’il s’agit de viser la droite, l’Église ou la police, tout devient soudain « pédagogique ». L’immunité morale de l’ultragauche reste totale.
Pendant ce temps
Et pendant ce temps, un spectacle historique pour enfants est… censuré. À Montrouge, Historock, opéra rock retraçant dix-sept grandes étapes du récit national (de la construction des cathédrales au général de Gaulle) a été annulé pour « propagande réactionnaire ».
Pourtant, aucune consigne politique, aucun slogan n’est martelé pendant le spectacle : ce sont simplement de grandes figures et des moments de l’histoire de France qui sont mis en scène, sous la direction pédagogique de l’historien Dimitri Casali et avec le parrainage de l’académicien Jean Tulard, à destination d’élèves de CM1-CM2.
Dans un pays où l’enseignement chronologique disparaît et où le niveau scolaire s’effondre, l’initiative était salutaire : redonner aux enfants le goût d’une continuité historique que l’école ne transmet plus, à travers une mise en scène rock’n’roll. Mais c’est justement ce qui dérange : la chronologie est désormais perçue comme un retour du « roman national », donc suspecte, voire raciste. Résultat : annulé !
En France, on peut offrir à un adolescent un jeu qui insulte les policiers, mais pas un spectacle qui raconte l’histoire de son pays. On célèbre la haine antiflic, mais on interdit l’histoire de France.
Un pays qui se méfie de son passé finit toujours par se renier lui-même.
Fachorama, 13 €
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