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Dix ans après le 13-Novembre, la menace endogène

Dix ans après les attentats sanglants du Bataclan, du Stade de France et des terrasses de cafés parisiens, des experts avancent que la menace extérieure s’est atténuée: les commandements centraux de l’État islamique et d’Al-Qaida ont été considérablement affaiblis. En revanche, l’ennemi intérieur apparaît toujours aussi redoutable et imprévisible. Surtout, depuis 10 ans, une autre insécurité a explosé, observe notre chroniqueur – l’insécurité culturelle.


L’ennemi est là. Parmi nous. Dix ans après les attentats islamistes du 13 novembre 2015, qui ciblèrent notamment des consommateurs sur des terrasses de bistrots parisiens et le public d’un concert au Bataclan, l’islam djihadiste s’est fondu dans la société française qu’il déteste.

Menace endogène

Loin d’avoir été traqué, comme il a pu l’être par Israël et certains pays musulmans, il s’est installé dans les recoins de la nouvelle société « diversitaire ». Céline Berthon, directrice de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le rappelait lundi sur RTL : la menace islamiste est désormais « endogène » et mobilise auprès d’une jeunesse âgée de 17 à 22 ans. Si l’État islamique semble avoir perdu de sa capacité à projeter des offensives extérieures, ses petits bras armés sont prêts localement à ubériser la guerre sainte, dans des initiatives individuelles difficilement décelables. Or, abordant cette menace, Catherine Vautrin, ministre des Armées, a curieusement estimé, mardi sur Europe 1, comme si elle découvrait le sujet : « Nous devons travailler sur ce sujet ». Cette somnolence de l’Etat mollasson face à l’islam radical fait du pouvoir l’allié benêt d’une idéologie totalitaire qui ne respecte que la force. En 2015, Jean-Yves Le Drian, à ce même ministère des Armées, avait déclaré après les tueries parisiennes : « Je ne parlerai jamais d’ennemi intérieur ». Il craignait d’alimenter une possible guerre civile. Mais ces postures morales sont des lâchetés. Dix ans après, il y a bel et bien un ennemi intérieur. Une 5e colonne a même trouvé de fanatiques collaborateurs auprès d’une extrême gauche qui a vendu son âme pour accompagner électoralement ce qu’elle croit être un islam révolutionnaire.

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Contre l’ennemi intérieur, l’exemple de Ceux de 14

Rien n’est plus contre-productif, pour éviter la guerre intestine, que de fermer les yeux sur les fractures nées d’une société ouverte à l’immigration de peuplement. Un sondage Ifop de 2020 montrait déjà que 74% des jeunes musulmans français (moins de 25 ans) se réclamaient de l’islam plutôt que des valeurs de la République. Les dirigeants, à commencer par le chef de l’État, savent ces échecs.

Leur choix de perpétuer une invasion extra-européenne les rend complices d’une colonisation agressive. Cette situation place de plus en plus de Français en insécurité culturelle, voire en légitime défense. D’autant que la résistance à l’envahisseur, qui dicta le comportement de nos aïeux durant la Grande Guerre, est inenvisageable pour les actuelles élites. Or le courage des Poilus reste un exemple. Il ne doit pas se contenter, comme avant-hier, du rituel républicain du 11-Novembre. Mes deux grands-pères étaient au front. L’un, Jean Rioufol, mobilisé à ses 18 ans, est mort peu après la guerre, à 28 ans, les poumons brûlés par les gaz allemands, laissant une veuve et deux jeunes orphelins. J’ai eu la chance en revanche de connaître mon grand-père maternel, le colonel Mario Ayme, à l’époque capitaine de la 2e Compagnie du 28e Bataillon de chasseurs alpins (28e BCA). Il m’a souvent raconté, notamment, son assaut de la tranchée de Bouchavesnes, le 12 septembre 1916, lors de l’offensive de la Somme, qui allait le blesser grièvement à une jambe et le rendre partiellement sourd. Ces souvenirs sont ceux de nombreuses familles françaises. La mémoire de ces héros nous oblige à chasser l’ennemi infiltré.

Jean-Jacques Goldman et ce que la France est devenue

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Nous vivons dans un étrange pays où un simple message de soutien d’un ancien chanteur populaire à nos forces armées déclenche une vague de commentaires étonnés, observe notre chroniqueur.


Assez régulièrement, je résiste à la tentation d’écrire un nouveau billet sur Jean-Jacques Goldman, ses rares propos publics, ses actions caritatives discrètes, l’aura inaltérable qui le maintient au premier rang de l’affection populaire. Je me rends compte que mes billets ne doivent pas être seulement un moyen d’exprimer son enthousiasme personnel, mais aussi une occasion de le dépasser pour susciter une réflexion plus générale.

Une forme de disruption

Cette belle opportunité m’a été offerte par le message manuscrit que Goldman a adressé, au soir du 11 novembre, en sa qualité d’ambassadeur du Bleuet de France.

Photo : le Bleuet de France

« Pas de paix sans gardien, ni de liberté sans soldat. Nous avons peut-être eu tendance à l’oublier, mais l’actualité nous le rappelle dramatiquement chaque jour. Il me semblait important de montrer notre reconnaissance envers nos armées, leurs blessés, et plus généralement envers toutes les forces de sécurité qui nous protègent au quotidien1. »

Il se dit « heureux et fier » d’être l’ambassadeur de cette association, qui apporte son soutien aux anciens combattants, aux veuves de guerre, aux pupilles de la nation, aux militaires blessés lors des missions de maintien de la paix, ainsi qu’aux victimes du terrorisme.

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Dans un monde où la normalité et la décence prévaudraient, il ne serait même pas nécessaire de s’attarder sur ces évidences adressées à tous les Français. Jean-Jacques Goldman serait sans doute le premier à juger excessive l’attention portée à son message de cœur, de solidarité et de reconnaissance envers tous ceux – et toutes les institutions – qui défendent notre société et veillent, autant que possible, à la tranquillité et à l’intégrité de nos existences.

Mais nous savons bien, pour le subir au quotidien, que le principe, dans le monde intellectuel, artistique et même sportif, est inverse, qui ne manque jamais une occasion de pourfendre ce que Jean-Jacques Goldman honore.

Organes de sauvegarde

Que ce soit à l’égard de nos armées ou de nos forces de l’ordre, on ne compte plus les dénonciations ineptes, injustes ou mensongères. J’ai encore en mémoire la sottise de Kylian Mbappé à la suite de la mort de Nahel, ainsi que les tribunes, pétitions et mises en demeure qui, presque toutes, poursuivent le même dessein : s’en prendre à nos organes de sauvegarde, qu’ils œuvrent à l’intérieur ou à l’extérieur. Et, malheureusement, je ne peux pas exclure de cette responsabilité collective le président de la République lui-même, qui, à plusieurs reprises, s’est cru autorisé à préjuger, toujours dans le même sens.

Dans ce climat où, dans tant de secteurs, le registre est devenu celui de la haine – au détriment de la courtoisie, qui devrait au moins, dans la forme, civiliser les contestations et les contradictions, même les plus vives – la sérénité et la rectitude que distille le message de Jean-Jacques Goldman font du bien. Elles constituent, en effet, un véritable havre de paix et ne font qu’amplifier mon admiration pour une personnalité qui, tout au long de sa carrière comme dans sa vie d’après, n’a jamais proféré la moindre stupidité ni cédé à la moindre facilité démagogique. Nous n’aurons plus jamais, de sa part, d’autres retours que ceux que l’éthique démocratique lui prescrit, que la vérité et la justice lui dictent. Nous nous en contenterons.

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  1. https://www.franceinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/11-novembre/document-pas-de-paix-sans-gardien-ni-liberte-sans-soldat-a-l-occasion-des-commemorations-du-11-novembre-jean-jacques-goldman-adresse-un-message-aux-francais_7609268.html ↩︎

Le plus long «shutdown» américain s’achève: mais à quoi tout cela a-t-il servi?

Dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 novembre, Donald Trump a promulgué la loi mettant un terme à la paralysie budgétaire qui durait depuis 43 jours. Après cet interminable bras de fer politique, comment les marchés financiers vont-ils se redresser ? Analyses et perspectives.


Après que le Sénat a voté le maintien du financement du gouvernement fédéral jusqu’au 30 janvier, le plus long “shutdown” de l’histoire des États-Unis semble devoir s’achever dans un murmure. La Chambre des représentants doit se prononcer sur le projet de loi dès mercredi, tandis que le président Donald Trump a déjà proclamé « une très grande victoire ». Il reste toutefois difficile de savoir si quelqu’un a réellement gagné quoi que ce soit.

Rattrapage des salaires

Du côté positif pour la consommation américaine, le texte du Sénat garantit le versement rétroactif des salaires aux employés fédéraux mis en congé forcé et annule les licenciements décidés au début du shutdown, en gelant toute nouvelle suppression de postes au moins jusqu’au 30 janvier. Cependant, l’économie américaine montrait déjà des signes d’affaiblissement dans certains secteurs clés avant la fermeture, et l’absence de données actualisées a brouillé le tableau. Le rapport sur l’inflation (CPI) du mois d’octobre a bien été publié à temps, mais l’incertitude demeure concernant la mise à jour prévue pour le 13 novembre, tandis que les retards sur les statistiques d’emplois non agricoles de septembre et octobre continuent d’obscurcir la dynamique de croissance.

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Anatole Kaletsky, mon collègue, estime que le shutdown a peut-être masqué une faiblesse sous-jacente du marché du travail américain. Les indicateurs du secteur privé, tels que l’augmentation des licenciements annoncés par Challenger ou la forte baisse de l’indice des services de ressources humaines et d’emploi du S&P 1500, pointent clairement vers un mauvais chiffre de l’emploi, voire une contraction, ce qui pourrait provoquer un bref accès d’aversion au risque sur les marchés. À l’inverse, si les données concordent avec les signaux plus robustes des ventes de détail Redbook et de l’indice ISM des services, confirmant la poursuite de la création d’emplois, les investisseurs devraient accueillir leur publication avec sérénité.

Autres dossiers en attente

La liquidité devrait s’améliorer à mesure que le gouvernement rouvre. Après que la loi One Big Beautiful Bill Act a relevé le plafond de la dette en juillet, le Trésor a reconstitué sa réserve de liquidités à environ 950 milliards de dollars, mais a continué de conserver un excès de trésorerie. Le shutdown a pu retarder certains paiements, de sorte que la reprise des décaissements pourrait réduire le solde du Trésor et réinjecter de la liquidité dans le secteur privé. Cette dynamique contribue à expliquer la récente hausse des actions américaines et de l’or, ainsi que l’affaiblissement du dollar à l’approche de la réouverture. Le recul du taux de financement garanti au jour le jour (SOFR) indique lui aussi une diminution des tensions sur la liquidité des marchés monétaires.

La question clé est de savoir jusqu’où cette réserve de trésorerie va diminuer. Le Trésor a récemment reconnu détenir un excès de liquidités et s’est engagé à réduire ses emprunts pour faire baisser le solde. S’il atteint son objectif de 850 milliards de dollars, environ 100 milliards afflueraient vers le secteur privé. Un retour à son repère d’un “débit d’une semaine”, conforme à son objectif post-2016, impliquerait une injection plus importante, de l’ordre de 200 milliards.Toutefois, ce surcroît ponctuel de liquidité ne devrait pas modifier de manière significative les perspectives concernant le bilan de la Réserve fédérale.

Avec la résolution du shutdown, le Congrès peut maintenant se concentrer sur d’autres dossiers en attente. Les élus doivent encore négocier une prolongation des subventions de l’Affordable Care Act, un vote étant prévu pour décembre. Un autre point essentiel est la réautorisation de l’International Development Finance Corporation (DFC), qui a des implications macroéconomiques importantes. La DFC a été suspendue lorsque la loi BUILD a expiré le 1er octobre, sa reconduction ayant été retardée par le shutdown. Durant cette suspension, le Sénat a confirmé Benjamin Black, fils du dirigeant de private equity Leon Black, au poste de directeur général.

La reconduction de la DFC est importante étant donné le projet de l’administration de l’utiliser pour financer des initiatives liées aux priorités de sécurité nationale. Par exemple, la DFC s’est engagée à travailler avec la société d’investissement Orion Resource Partners et avec ADQ, le fonds contrôlé par le gouvernement d’Abou Dhabi, pour investir dans des projets de chaîne logistique concernant des minerais critiques pour les États-Unis et leurs alliés. En résumé, l’impact économique principal du shutdown devrait se limiter à des distorsions temporaires des données, qui devraient rapidement disparaître. L’injection ponctuelle de liquidité liée à la baisse des réserves du Trésor, combinée au retour à un fonctionnement normal du financement public, devrait fournir un soutien à court terme aux marchés — du moins jusqu’au prochain épisode d’affrontement politique.

«Cachez cette photo que je ne saurais voir»


La présence d’enfants voilées à l’Assemblée nationale, le 5 novembre, a provoqué une polémique. Malgré cela, la gauche anti-laïcité est parvenue à imposer son récit, présentant cette apparition comme autorisée dans les tribunes du palais Bourbon.


découvert, erte
(dé-kou-vêr, vèr-t’) part. passé de découvrir
1 Qui n’est pas couvert. Ils ont toujours la tête découverte. Une maison encore découverte. La cuisinière trouva le pot-au-feu découvert.Ils ne savent pas que c’est une femme découverte et non une femme nue qui est indécente, DiderotSalon de 1765, Œuvres, t. XIII, p. 18, dans POUGENS.
Qui a la tête découverte.Vous ne vous contentiez pas que je me tinsse découvert devant vous, PascalConv. 2.En même temps Foucault s’est couvert et a lu l’arrêt ; M. Fouquet l’a entendu découvert, SévignéLett. 22 déc. 1664.
Définition dans le dictionnaire Littré.


Donne lieu à une polémique la sortie scolaire à l’Assemblée nationale de mercredi dernier, le 5 novembre, qui avait été organisée par le député Modem Marc Fesneau. En effet, une photographie fut prise par Julien Odoul, député du rassemblement national, dans laquelle on peut voir, dans la tribune réservée au public, des fillettes affublées du hijhab. M. Fesnau explique :

« Des élèves de deux établissements scolaires privés ont visité hier l’Assemblée nationale, à leur demande, et dans le cadre d’un projet de l’un des établissements [ça ne s’invente pas] ‘Démocratie et citoyenneté’ ». (Il est interdit de rire, mais il est permis de sourire).

Les réactions ne se sont pas fait attendre.

D’une part, on dénonce une atteinte à la laïcité citoyenne; la présidente de l’Assemblée nationale elle-même, Mme Yaël Braun-Pivet, exprime sa réprobation au nom de la « cohérence républicaine ».

De l’autre, on déchire sa djellaba en hurlant à l’islamophobie et on parle même audacieusement d’« instrumentalisation du principe de laïcité » dont seraient victimes de jeunes enfants. D’ailleurs, Mme Yaël Braun-Pivet se ferait la complice de l’extrême-droite vu que la photo en question a été diffusée par Frontières; cependant, on se demande où est le problème vu que ce média jouit pleinement de la liberté de la presse et que la photo n’était pas truquée. Sans oublier que l’on peut tenir pour acquis que tel était le but précis de la manœuvre effectuée par les écoles concernées : jouer les crucifiés.

Mais que dit le droit?

Marine Tondelier, qui évoque également l’islamophobie, donne le cadre jurique général : « il y a ce qui est autorisé et ce qui n’est pas autorisé, ce n’est pas interdit ». En dépit de sa formulation très maladroite, on devine qu’elle pense sans doute à l’universelle « norme générale de liberté » : est permis tout ce qui n’est pas interdit.

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Les bonnes âmes inféodées aux lobbies religieux signalent, correctement, que la loi de 2004 qui prohibe, dans les établissements scolaires – et évidemment en sortie scolaire – le port de signes religieux ostensibles, ne vise pas les institutions privées. C’est là enfoncer une porte ouverte.

Le jésuitique Éric Coquerel, pour sa part, pose la question suivante à Mme Braun-Pivet : « Pouvez-vous me dire à quel règlement de l’Assemblée vous faites référence pour interdire des signes religieux au public qui visite l’Assemblée ? ». Antoine Léaument, lui, est catégorique : « aucune loi n’interdit le port du voile à l’Assemblée ». Et la patronne des Ecologistes est d’avis que « les huissiers de l’Assemblée sont très scrupuleux, donc si ça avait été interdit, elles ne seraient pas arrivées jusque-là ». Ces représentants du peuple français lancent ainsi aux intéressés une judicieuse invitation à commencer par le commencement et à nous pencher sur le texte applicable.

L’article 8 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose : « pour être admis dans les tribunes, le public doit porter une tenue correcte » et se tenir « assis, découvert et en silence ».

Il est donc exact qu’il y a libre accès au Palais-Bourbon peu importe l’accoutrement du visiteur, à l’exception, cependant, de la tribune où l’on peut assister aux travaux de l’Assemblée. Pour sa part, le service communication (ou plus exactement com’) de l’Assemblée nationale nous informe que

« Le port de tenues manifestant une appartenance religieuse n’est pas en soi interdit. Ce n’est que dans le cas où le président de séance estimerait que le port de telles tenues est de nature à troubler l’ordre ou le bon déroulement des débats qu’il pourrait être amené à prendre des mesures…  cette tolérance permet d’accueillir en tribune des députées ou d’autres invitées étrangères voilées ».

En effet, on précise que « l’article 8… n’est pas interprété à la lettre »! Chacun appréciera l’euphémisme.

C’est là feindre d’ignorer qu’un texte clair, par définition, ne peux faire l’objet d’« interprétation » : l’on n’« interprète » pas une formule mathématique. C’est d’ailleurs une des failles de l’herméneutique juridique française où l’on invoque trop souvent spécieusement le soi-disant « esprit » d’un texte pourtant univoque afin de le contourner et même de le modifier. Or, cette disposition ne comporte aucune exception, aucune possibilité de « tolérance ». L’expression correcte eût donc été : « L’article 8 n’est pas appliqué dans tous les cas » : l’on accorde occasionnellement des passe-droits, notamment aux gamines.

(Incidemment, l’on peut supposer que ces étrangères seraient heureuses de se soumettre à la lettre de cette disposition, qui leur fournirait une libération, quoique éphémère. Sans oublier que les femmes occidentales se trouvant, par exemple en Iran, ou en Afghanistan, à quelque titre que ce soit, n’ont jamais droit à une quelconque « tolérance » les dispensant de la lettre chariesque).

D’aucuns invoquent un flou juridique, pourtant imaginaire. En ce qui concerne l’aspirante présidente Tondelier, on lui répondra que cette norme générale de liberté se heurte ici à une interdiction précise, consacrée par le participe passé « découvert » dont la portée sémantique est indiscutable. Et la possible négligence des huissiers n’a aucune incidence linguistique.

À noter l’outrecuidance de plusieurs députés, dont l’onctueuse Sandrine Rousseau, qui activent la glande lacrymale et posent bien soudainement comme protecteurs de l’enfance malheureuse : ils voudraient voir dans cette polémique la stigmatisation d’« enfants »; Marc Fesneau abonde, finalement, dans le même sens et rejette « des polémiques inutiles qui viennent surtout jeter des enfants à la vindicte populaire ». Du Hervé Bazin et du Jules Renard pur jus.

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(Note : en l’occurrence, « enfants » est un terme piquant vu que, selon les informations disponibles, il s’agit d’élèves de CM2, donc nubiles, ou sur le point de l’être aux termes de la charia; pour mémoire, selon l’éminente doctrine du regretté Ayatollah Khomeny, est proclamée apte à la reproduction la femme dès son 9e anniversaire, ou, en cas de maturité sexuelle incomplète, au moins habilitée à canaliser, d’une manière ou d’une autre, les bouillonnements maritaux).

Que nenni. Les défenseurs de la laïcité ne songent nullement à s’en prendre à ces fillettes qui sont bel et bien des victimes, mais à la mouvance religieuse rétrograde dont elles sont captives et qui lui servent de chair à canon; en revanche, ils exposent l’instrumentalisation, et même la provocation auxquelles se livrent les donneurs d’ordre. Il ne faut pas se tromper de chefs d’orchestre.

En résumé, on ne peut, en effet, que constater et déplorer, sinon un flou, une certaine incohérence dans l’article 8 dans la mesure où il est muet sur les oripeaux religieux en tant que tels. Il en résulte que, en l’état, peut prendre son siège à la tribune le prêtre catholique enseignant à Bétharram en visite à Paris et étranglé par son col romain; en revanche, en sont exclus les popes grecs orthodoxes, les juifs orthodoxes portant la yarmulke ou le schtreimel, les sikhs (dont le turban dissimule un kirpan) et les bonnes sœurs à cornettes.

Et donc les musulmanes cloitrées dans leur voile.

Cependant, quid du moine bouddhiste Matthieu Ricard? Impossible de nier qu’il est « découvert », mais sa tenue est-elle « correcte » ?

BNP: Omar m’a tuer?

Trois réfugiés soudanais aux Etats-Unis vont être dédommagés par la célèbre banque française, a décidé un tribunal à New York.


Entre la fin des années 1990 et 2009, BNP Paribas a exercé des activités bancaires (notamment via sa filiale suisse) permettant au régime soudanais dirigé par Omar Al-Bashir d’accéder aux marchés financiers internationaux. Selon trois réfugiés soudanais aux États-Unis, ce soutien financier indirect a facilité les exactions du tyran, dont le point d’orgue fut le génocide mené au Darfour. Un tribunal civil de New York, accédant à leur demande, vient de condamner la BNP à verser aux trois plaignants la coquette somme de 20 millions de dollars – l’établissement bancaire va faire appel. Il conteste en effet les fondements de la décision : il affirme n’avoir pas financé directement des armes ou milices. À 7 millions de dollars par tête, cela pourrait pourtant bien aiguiser l’appétit des 23 000 réfugiés soudanais, jadis affamés. Une addition théorique à 160 milliards de dollars, soit trois années de chiffre d’affaires de la BNP – autant dire la faillite immédiate. De quoi également ébranler le système bancaire mondial, car – rien qu’aux États-Unis – on dénombre près de 200 000 réfugiés bosniaques, rohingyas, yézidis ou ouïghours. À la clé, une potentielle débâcle financière généralisée pour l’humanité. Après avoir ruiné Birmingham ou miné la démocratie française, la justice occidentale, assoiffée de Bien, poursuivrait-elle la méthodique destruction d’une civilisation qu’elle abhorre ?

Max Chaleil, de l’édition à la… prostitution

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À l’occasion de la parution-évènement du Monde de la prostitution – De la violence à l’illusion, l’œuvre d’une vie : hommage à Max Chaleil et aux Éditions de Paris.


Précaution d’usage : ce n’est pas – du tout – parce que Max Chaleil a publié mes quatre derniers livres que j’interviens ici. J’interviens pour saluer une somme, celle d’une vie – et qui la justifie (outre l’édition, son épouse, son fils, ses petits-enfants, etc. – bien sûr).

Son sujet ne me concerne pas particulièrement : l’histoire, le monde de la prostitution, ses mots (tout un dictionnaire thématique !), ses illustrations (arts, livres, films, opéras, chansons, économie, etc.) – mais je l’ai ouvert, presque par devoir d’abord (mon éditeur !).

Je l’ai refermé – épaté -, stupéfait par la quantité de lectures (et de fiches : Max est un homme « à fiches ») que suppose une telle entreprise, et depuis si longtemps (Max m’a dit avoir été piqué par le sujet depuis l’adolescence – il a… 88 ans).

Le troisième tome vient de paraître. Son titre : La prostituée comme imaginaire et création – 600 pages (les quatre tomes prévus comptent 1500-1700 pages ; tome 4 : janvier 2026).

En dépit de mon peu d’appétence pour le thème, je répète – j’ai tant à lire et écrire, tant de sujets me retiennent ou requièrent que je me réjouis presque lorsque l’un d’eux m’indiffère un peu – j’ai donc lu. Et là, stupéfaction – c’est pour cela que je prends la plume – parce qu’il est très rare d’avoir ce sentiment de « l’œuvre d’une vie ».

Un seul exemple (sur les 1700 pages en quatre tomes !), celui de la prostitution et de la prostituée dans la littérature. Max rend compte de (presque) toutes les littératures. Il couvre aussi bien les domaines « occidentaux » (allemand, anglais, américain, italien, espagnol, hispano-américain, russe, nordique, etc.) qu’ « orientaux » (indien, chinois, japonais, arabe, etc.). Quant à la « Littérature antique et littérature française » – d’Aristophane à Lucien de Samostate, de Plaute à Pétrone, de Villon à Houellebecq -, elle occupe plus de 230 pages : un manuel, presque. Je connais un peu « la littérature », j’ai « un peu » lu – mais là encore, j’ai été édifié, par la profusion, la précision et la diversité des références (livres, auteurs).

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Et n’imaginez pas que ce soit du « digest », un résumé qui sente la seconde main. Au contraire, cette œuvre-vie (je répète : de l’adolescence à 88 ans, ce sont 70 ans qui en ont été « obsédés ») a été édifiée, érigée, gré à gré – avec le temps, auxiliaire indispensable, unique, du travail accompli. Son érudition m’a fait songer à celle de ces autodidactes (versus les universitaires souvent, pas toujours) qui ont inventé seuls leur voie, leur chemin, leur sujet (et prisme) – et que leur singularité irréductible, insigne, rend absolument nécessaires. Et indémodables : qui a démodé François Caradec, Hubert Juin, Francis Lacassin ? Personne. Dans leurs domaines respectifs, ils sont non négociables. Pareil pour la somme de Max à l’avenir : non négociable. On prend les paris.

Je connais presque « bien », Max : je le vois aujourd’hui encore lire Le Figaro tous les jours, découper les articles, acheter telle ou telle revue (selon les sujets) et surligner au jaune telle ou telle page, etc.

Je crois savoir comment cette somme d’un obsessionnel a été nourrie : par la lecture, donc. Personne sans doute n’aura autant lu sur le sujet. Je laisse les spécialistes en débattre – mais je ne vois pas comment, quand, ils pourraient faire l’économie de sa lecture. En discuter : autant qu’ils veulent. La négliger : je ne crois pas.

Et puisque j’en suis à évoquer Max et son œuvre, je voudrais ajouter deux mots sur l’édition – Les Éditions de Paris.

Max et Rosie, son épouse, ont à peu près le même âge, ils ont créé Les Éditions de Paris en 1984 : il y a plus de 40 ans. Leur fils, Frédéric, qui dirige la collection « Littérature », les a rejoints quelques années plus tard.

Pour avoir travaillé avec eux, publié les quatre livres que j’ai dits chez eux, je voudrais préciser combien ils représentent pour moi « les derniers des Mohicans », éditeurs à l’ancienne qui veillent à chaque étape du livre avec une exigence qui réjouit (a fortiori lorsque l’auteur – mettons, moi – l’est beaucoup lui-même, exigeant, obsessionnel). Max (passé par Bourgois, Stock, Belfond, Galilée, etc. comme créateur ou directeur de collection) pour le choix des manuscrits ; Rosie-Roselyne, son épouse, pour tout le reste (c’est-à-dire beaucoup, puisque Max ne sait pas même envoyer un mail), avec l’aide de Frédéric – pour sa collection (de Frédéric), où la littérature côtoie les écrits sur l’art (Frédéric est un esthète, au goût très sûr, érudit et sensible – donc devenu un ami cher).

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Je précise une chose, parce que je connais la malice – parfois malveillance – des gens. Je ne flagorne pas. Je décris très précisément tels que je les ai connus et observés les Chaleil au travail. Et si l’on veut se faire une idée de l’origine de tout cela, peut-être faut-il rappeler que le père de Max, Léonce, était un paysan cévenol, protestant, dur à la tâche, qui a travaillé toute sa vie d’arrache-pied : « Les chiens ne font pas des chats » – dicton que Léonce eût peut-être employé.

Celui-ci avait publié ses « Mémoires » : La Mémoire du village (Stock, 1977 ; réédité aux Éditions de Paris), salué et régulièrement cité par Emmanuel Le Roy Ladurie (spécialiste d’histoire rurale entre autres)… et par Bernard Pivot, puisque Léonce fut l’un des invités d’« Apostrophes ». Bilan : plus de 100 000 exemplaires vendus.

A plus de 85 ans, les Chaleil, certes, lèvent le pied. Mais – mon dernier livre est paru en octobre, donc je l’atteste – la passion qui les anime, ce feu sacré, est intact(e). La fatigue, parfois, les pousse à « faire une pause » – et Frédéric la pallie si nécessaire. Mais à 40 ans, leur maison a les allures d’une œuvre (1200 livres parus) – que couronne aujourd’hui le grand œuvre de Max, sur la prostitution. Je prie ceux qui en douteraient, d’avoir l’honnêteté de faire comme moi : ouvrir le livre, le lire, l’examiner – et constater son éminence.

Coda : connaissant la nullité asymptotique de Max avec l’informatique, j’ai été d’autant plus stupéfait par sa somme. Internet ici n’a joué aucun rôle. De l’érudition à l’ancienne, avec des journées en bibliothèque(s), de la chine des décennies (!) durant pour déceler tel ou tel livre (ou rareté), des notes prises à la main, des expositions courues un peu partout quand c’était possible, etc. : cela aussi est très intéressant – et impressionnant. On ne fabrique pas les mêmes livres érudits avec OU sans Internet : il y a vraiment « quelqu’un » derrière cette somme – et on l’entend. Je ne prolonge pas – mais ceux qui lisent « de l’érudition » aujourd’hui savent de quoi je parle : cette différence, si humaine ; ce temps passé, tangible ; cette main, que l’on devine… ou discerne.

La prostituée comme imaginaire et création (Littérature, chanson, opéra, art, cinéma) – Tome 3 de « Le Monde de la prostitution – De la violence à l’illusion ». Éditions de Paris-Max Chaleil, 618 pages.

Teleperformance: une entreprise face à l’IA

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Le spécialiste tricolore des centres d’appel a ajusté à la baisse ses objectifs annuels, malgré un troisième trimestre solide. Si le titre a légèrement reculé à la Bourse, la réaction du marché reste mesurée, les nouvelles prévisions étant proches du consensus. L’enjeu pour Teleperformance est désormais de conjuguer automatisation par l’IA et préservation du capital humain pour rester compétitif dans les services.


Vous voyez ces gens qui vous répondent quand votre box tombe en panne, que votre ordinateur s’éteint sans prévenir ou qu’une facture devient un casse-tête ? Ces voix anonymes, qu’on imagine dans un open space à l’autre bout du monde, font tourner une bonne partie de l’économie française. On les entend sans les voir, on les croit remplaçables, mais derrière ces appels du quotidien se cache une industrie bien réelle.

Un géant français

Centres d’appels, gestion externalisée de la relation client, traitement de demandes de visa, modération de contenus en ligne, un vaste ensemble de tâches que beaucoup ignorent, mais sans lesquelles le système s’arrêterait net. Ce sont de gros employeurs, discrets mais indispensables, qui offrent du travail à tous les niveaux, du jeune sans diplôme au cadre spécialisé. Un secteur qu’on remarque surtout quand il dysfonctionne, mais qui, le reste du temps, maintient la mécanique du monde connecté en état de marche. Ce n’est pas l’activité la plus connue parmi celles qui tirent la France vers le haut, moins prestigieuse que le luxe et moins symbolique que la défense, mais elle contribue pourtant à la solidité du tissu économique national.

Si nous parlons aujourd’hui de Teleperformance (TP), ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’un géant français du service, mais parce que cette entreprise permet d’observer de près comment l’intelligence artificielle transforme en profondeur les activités dites ordinaires. Née à Paris en 1978, bien avant que la relation client ne devienne un business mondialisé, Teleperformance a fait du service un empire qui illustre la capacité d’adaptation et d’innovation de l’économie française. En un peu plus de quarante ans, elle est passée du simple plateau téléphonique au groupe mondial présent dans plus de 90 pays et fort de 400 000 salariés. Loin du cliché de la standardiste, Teleperformance gère aujourd’hui des segments entiers du quotidien numérique : assistance technique, formalités administratives, sécurité en ligne, modération de contenus pour les grandes plateformes.

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C’est une entreprise au cœur d’un métier peu qualifié, souvent perçu comme interchangeable, mais dont la continuité est essentielle à la stabilité économique. Étudier Teleperformance revient donc à comprendre comment une entreprise « lambda » en apparence, mais majeure dans les faits, affronte la mutation technologique la plus rapide de notre époque.

Comme beaucoup de pionniers du service, TP a compris qu’il fallait désormais parler la langue de l’intelligence artificielle. Non par effet de mode, mais parce qu’il devient impossible d’y échapper. Trier, répondre, anticiper sans lever la voix ni demander de pause, l’automatisation promet de faire ce que l’humain ne peut plus suivre. Officiellement, il ne s’agit pas de remplacer, mais d’accompagner, et dans les faits, l’IA s’installe au cœur des opérations. Elle trie les demandes, évalue les performances, prédit les besoins et aide à planifier.

Ce virage n’est pas une coquetterie technologique, mais une réponse lucide à la pression d’un marché que les géants américains veulent dominer. C’est aussi un test grandeur nature pour mesurer la manière dont une entreprise fondée sur le travail humain peut intégrer la machine sans se renier. Regarder Teleperformance, c’est donc observer en direct les effets de la révolution IA sur l’économie réelle, celle des services, des emplois de masse et des marges serrées.

Mauvaise semaine

Après une semaine agitée, l’action Teleperformance a perdu 6,5 %, sans décrochage massif. Le repli observé après l’annonce d’un ajustement de prévisions traduit davantage une phase de digestion qu’une perte de confiance. Selon Les Échos, la résistance du titre témoigne d’une intégration progressive des mauvaises nouvelles et d’un attentisme prudent du marché.

Malgré un troisième trimestre marqué par un ralentissement du marché américain, des effets de change défavorables et les désormais habituelles incertitudes géopolitiques, le chiffre d’affaires a progressé de 1,5% à périmètre constant pour atteindre 7,6 milliards d’euros sur neuf mois. Les activités dites « Core Services », cœur du métier, enregistrent plus de 3% de croissance, tandis que les zones Europe–Moyen-Orient–Afrique et Asie-Pacifique demeurent dynamiques.

Les services spécialisés, liés à la gestion de contrats complexes comme les demandes de visa, reculent de 8,7%, mais cette baisse ponctuelle masque une progression sous-jacente de 2,6%. Sorti du CAC 40, le groupe prouve néanmoins sa résilience. Présente dans plus de 90 pays, TP prévoit pour 2025 une marge d’EBITA comprise entre 14,7 et 15% et un cash-flow libre proche du milliard d’euros.

En misant sur une IA d’accompagnement et d’optimisation pour le recrutement, la formation, la planification et le suivi qualité, Teleperformance structure méthodiquement son virage. Les activités technologiques et de conseil progressent à deux chiffres, confirmant la pertinence du modèle.

Ce n’est pas une activité « glamour », mais une entreprise fondée sur des méthodes industrielles appliquées à un métier de service. C’est un acteur essentiel dans un secteur discret mais vital, dont dépendent des millions d’interactions quotidiennes. Observer TP, c’est comprendre comment une entreprise ordinaire devient un laboratoire de la mutation économique en cours.

Sa capacité à absorber les chocs, à intégrer l’intelligence artificielle et à préserver l’emploi humain en fait un exemple concret de la manière dont nos économies peuvent non seulement survivre à la révolution technologique, mais aussi s’en nourrir.

La gauche: sous la tolérance, la censure

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Pourquoi une sensibilité politique qui ne cesse de proclamer sa tolérance et d’exiger une ouverture toujours plus grande à l’Autre (avec majuscule, s’il vous plaît), est-elle systématiquement à l’origine de censure, cancel culture, surenchère de pureté militante, procès en hérésie, bûchers virtuels et goulags bien réels ?


Pourquoi la gauche, qui traque avec une attention maniaque le moindre soupçon de patriarcat ou même de virilité assumée, le moindre frémissement d’atteinte à l’écologie, la moindre trace de réticence à chanter les louanges du militantisme LGBTQI+, le moindre indice de tiédeur dans la vénération de la diversité et des migrants, pourquoi cette gauche est-elle systématiquement hostile à la diversité d’opinions, systématiquement complaisante vis-à-vis de pays peu accueillants envers les migrants dès que ces pays ne sont pas européens, systématiquement favorable à l’islam alors que celui-ci n’est pas connu pour son féminisme ni pour son côté gay-friendly ?

Luttes soi-disant émancipatrices

On me dira : « pas toute la gauche ». Eh bien si, justement, toute la gauche. Y compris cette excroissance de la gauche qu’on appelle le « centre progressiste », y compris cette gauche « laïque et républicaine », qui sautent comme des cabris en criant « Laïcité ! Laïcité ! » mais finissent par faire « front républicain » aux côtés de Rima Hassan et de Raphaël Arnault, en faveur de l’islamisation démographique et donc culturelle de l’Occident.

L’explication la plus évidente est celle de la haine partagée de ce fameux Occident. Les causes de la gauche ne sont que des prétextes, elle ne les défend pas réellement mais les instrumentalise pour abattre ce qu’elle appelle, au gré des modes du moment, « ordre bourgeois », « patriarcat », « cis-hétéro-normativité », « capitalisme », « blanchité », toutes ses luttes soi-disant émancipatrices n’ayant pour véritable finalité que de piller l’Occident au profit des « avant-gardes éclairées guidant le peuple », la nomenklatura. Dans ce but, toute alliance avec ce qui fragilise l’Occident est bonne à prendre, qu’importe si « queer for Palestine » ressemble fortement à « chicken for KFC ».

Civilisation judéo-chrétienne, un gros mot pour la gauche

J’ai écrit « Occident », d’autres diraient « anthropologie chrétienne », le plus exact serait sans doute de parler de décence commune de la civilisation helléno-judéo-chrétienne, ces trois composantes symboliquement rassemblées depuis longtemps dans la belle image des Neuf Preux (introduite en 1312 par Jacques de Longuyon avec « Les Vœux du paon », qui pour représenter l’idéal chevaleresque associe trois héros de l’Antiquité gréco-romaine, trois héros juifs, et trois héros chrétiens).

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Cette première explication est juste, mais insuffisante. Car même lorsque les causes utilisées par la gauche sont défendues avec sincérité, il y a quelque chose qui conduit directement de l’exaltation de la tolérance en théorie, à une extrême intolérance en pratique – du moins à une extrême intolérance envers ce que la décence commune juge normal et de bon sens.

Une clef, peut-être, pour résoudre le paradoxe : la gauche n’est pas tolérante, elle est relativiste, et ne peut donc pas supporter la vérité.

Permettez-moi une métaphore.

Nous sommes dans une maison, et dehors, il pleut. Dans la maison, certains affirment qu’il pleut, d’autres qu’il neige, d’autres encore qu’il fait un grand soleil. Il est arrivé que les uns et les autres s’affrontent violemment à cause de cela, et pour mettre fin à des conflits absurdes, plusieurs ont décidé que tous devaient être libres de croire et de dire absolument ce qu’ils veulent au sujet du temps : qu’il pleut, qu’il neige, qu’il fait beau, qu’il grêle, qu’il tombe des grenouilles. Et on a appelé ça « tolérance ». L’intention est noble, l’idée est séduisante.

Le problème, c’est qu’au lieu de défendre le droit à l’erreur, on en est venu à affirmer que toutes les croyances se valent. La tolérance est devenue relativisme. Et ce relativisme se sait fragile, car il se trouve qu’en réalité toutes les croyances ne se valent pas : dehors, il pleut.

Dès lors, ceux qui affirment qu’il pleut sont dangereux : ils risquent de ne pas seulement défendre le droit de croire ce que l’on veut pour « vivre-ensemble », mais d’encourager les uns et les autres à faire usage de cette précieuse liberté pour rechercher la vérité. Péril mortel pour le relativisme : on pourrait écouter le bruit de la pluie sur le toit, la voir ruisseler sur les carreaux, ou pire encore, ouvrir la porte, sortir, et constater par nous-mêmes qu’il pleut. On pourrait découvrir que la vérité existe, et qu’elle n’est pas qu’une construction sociale visant à justifier hypocritement des rapports de domination. On pourrait même en déduire que tout ne se vaut pas, que certaines hiérarchies sont justes (et ne placent pas les relativistes au sommet de l’univers) et que certains interdits sont légitimes (y compris des interdits susceptibles de faire obstacle aux appétits plus ou moins avouables de ceux qui ont choisi d’embrasser le relativisme).

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Et ça, les relativistes le savent. Ou du moins, ils ont l’intuition d’un danger. S’il pleut, ils vont chercher à faire alliance avec ceux qui croient qu’il neige et ceux qui croient qu’il fait beau, contre ceux qui croient – ou qui savent – qu’il pleut. Ils vont même préférer un fanatique prêt à égorger quiconque refuse de croire qu’il fait beau, à un brave homme expliquant paisiblement qu’il pleut. Car les mensonges imposés par la force ne menacent pas réellement le fondement du relativisme, qui est la négation radicale de la vérité : mensonges et relativisme ont en commun de ne pouvoir triompher qu’en réduisant la vérité au silence.

Soumission à l’arbitraire

Quittons la métaphore. Que voyons-nous ? La gauche américaine affirme que la validité universelle des mathématiques, la recherche d’objectivité et la règle du tiers-exclu relèvent du « suprémacisme blanc. » Une revue de « sciences sociales » de premier plan prétend que les personnes trans auraient une « manière d’accéder à la connaissance » supérieure aux « démarches épistémologiques occidentales mainstream », ces dernières favorisant « le point de vue du groupe dominant. » Rien de nouveau, tout ça n’est qu’un habillage vaguement modernisé de ce que professait déjà Calliclès, l’adversaire de Socrate dans le « Gorgias ». Pour Socrate (tout comme pour son quasi-contemporain Confucius, nous y reviendrons) le Vrai, le Juste, le Beau, le Bien existent. Pour Calliclès, à l’inverse, les mœurs des Grecs ne valent pas mieux que celles des barbares (autrement dit, à bas l’ethnocentrisme et la « blanchité »), et seuls sont réels les rapports de force (les « relations de domination » chères à la gauche) : il n’y a pas de vérité, seulement « le point de vue du groupe dominant. »

Rien d’étonnant à ce que la gauche – qui n’est pas et n’a jamais été tolérante, mais seulement relativiste – soutienne sans aucun souci de cohérence tout ce qui s’oppose à l’Occident. Et pas seulement à l’Occident : ainsi que l’a notamment relevé sur Twitter une utilisatrice nommée Loreine « Les Asiatiques à droite », cette gauche anti-Blancs est aussi férocement anti-Asiatiques (d’Asie de l’Est). Héritiers de Socrate et héritiers de Confucius, chevaliers et samouraïs. Deux civilisations évidemment différentes, mais qui ont en commun l’essentiel : valoriser la quête de vérité et de rectitude, aussi bien intellectuelle que morale, et avoir proclamé une éthique de la vertu (au sens de la virtus romaine et du ren confucéen) plutôt que de la soumission à l’arbitraire – qu’il s’agisse de l’arbitraire d’un tyran, fut-il un dieu-tyran, ou de l’arbitraire de nos propres pulsions. Un danger mortel pour le relativisme. Une fondation indispensable pour toute société authentiquement soucieuse de dignité humaine.

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Il est temps d’ouvrir les yeux

Notre chroniqueur décrit pour nous ici ceux qui ont réinventé la haine au nom de l’amour, le racisme au nom de l’antiracisme et l’exclusion au nom de l’inclusion. Ils se rêvent résistants et ne voient pas qu’ils préparent peut-être le terrain d’une nouvelle barbarie.


Depuis plusieurs mois, en Europe et dans le monde occidental, se multiplient des manifestations contre des artistes, des musiciens et des athlètes israéliens. À Paris, des militants ont tenté d’empêcher le concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie, au nom d’un boycott culturel. À Londres, le Royal Albert Hall a été pris d’assaut par des protestataires avant une représentation du même orchestre. À Berlin, des chanteurs israéliens ont reçu des menaces, certains festivals ont cédé aux pressions militantes et annulé leurs invitations. À Madrid, une nageuse israélienne a été huée lors d’une compétition internationale ; à Melbourne, un joueur de tennis a dû renoncer à un tournoi pour « raisons de sécurité ».

Contagion

On croyait pourtant que la musique, l’art, le sport avaient échappé à la contagion des haines politiques. Que les salles de concert, les stades, les théâtres demeuraient ces lieux où la beauté suspend un instant la brutalité du monde. Et pourtant, voici qu’on manifeste contre un orchestre un peu comme jadis on huait des Juifs sur les places d’Europe. Des pancartes s’élèvent, des cris accusent, des drapeaux s’interposent entre la musique et ceux qui voudraient simplement l’écouter. Ce ne sont plus des dictatures qui censurent, mais des foules démocratiques qui sifflent. Ce ne sont plus des ordres venus d’en haut, mais des émotions fabriquées dans les réseaux, amplifiées par des consciences sûres de leur pureté.

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Sous couvert de solidarité avec un peuple lointain, on rejoue les vieux scénarios de l’exclusion. On croit défendre la paix en désignant l’ennemi. On croit protéger les victimes en en inventant d’autres. Ce ne sont pas des chars, cette fois, qui encerclent un peuple, mais des slogans, des hashtags, des boycotts culturels. La civilisation qui se vantait d’avoir aboli la barbarie la réinvente sous forme de vertu.

Ces manifestations n’ont rien d’anodin : elles marquent le basculement d’un humanisme malade de lui-même. Elles ne visent pas des politiques, mais des êtres ; elles ne s’attaquent pas à des décisions, mais à des identités. Et dans le silence gêné des institutions culturelles, dans la complaisance molle des médias, on entend déjà résonner la vieille musique de la désignation. L’artiste israélien est redevenu le Juif d’autrefois : symbole commode de la faute originelle, cible idéale de la colère morale.

C’est ainsi que tout recommence, toujours : non par la guerre, mais par le refus d’écouter. Par la haine qui s’avance sous le masque du bien. Par l’indignation qui croit sauver et ne fait que condamner.

Amnésie

Il est temps d’ouvrir les yeux — non plus ceux du confort moral ou de la compassion mécanique, mais ceux, brûlants, que la lucidité arrache aux ténèbres. Nous vivons dans une époque d’amnésie volontaire où l’homme postmoderne, sûr de sa vertu et de son innocence, croit avoir aboli la barbarie par décret humanitaire. Il ne sait pas — ou ne veut pas savoir — que la barbarie sommeille dans chaque phrase de son indignation, dans chaque slogan qu’il répète, dans chaque certitude morale dont il se couronne pour échapper à la honte de vivre.

Je songe à ces terres de l’Est — Biélorussie, Ukraine, Lituanie, Russie — où, durant la Seconde Guerre mondiale, des hommes instruits, raffinés, diplômés, ont dirigé les Einsatzgruppen, ces unités de sécurité préventive chargées, disait-on, d’« assainir » le front. L’expression avait la froideur administrative des mots qui précèdent la tuerie. Ces hommes n’étaient pas des brutes incultes : c’étaient des docteurs en philosophie, des professeurs d’université, des juristes, des poètes parfois. Ils parlaient Goethe et Schiller, lisaient Kant le soir dans leurs baraquements, citaient Nietzsche en latin pour justifier leurs ordres. Ils savaient la musique, l’histoire, la grammaire des civilisations. Et pourtant, ils ont enseigné à d’autres hommes — simples soldats, paysans arrachés à leurs campagnes — l’art méthodique d’exterminer femmes et enfants.

La culture n’avait donc pas sauvé l’Europe. Elle avait servi à rationaliser la mort. Elle avait donné à la barbarie un vernis de raison, une syntaxe, un style. Il n’y eut pas de rupture entre le séminaire universitaire et le charnier : seulement une gradation dans la conviction. Car les intellectuels de ces temps-là avaient trouvé la justification suprême : ils croyaient défendre la civilisation contre la menace du chaos — le chaos des « judéo-bolcheviques », des partisans, des vaincus. Toujours, le meurtre collectif se pare des habits du salut.

Un mal transfiguré ?

On se tromperait lourdement en croyant que cette logique appartient au passé. Le même mal, transfiguré, circule aujourd’hui dans nos veines démocratiques. Il a changé de vocabulaire, non de nature. Hier, on parlait de purification ethnique ; aujourd’hui, on parle de justice historique. Hier, on nommait parasite celui qu’on voulait détruire ; aujourd’hui, on le dit oppresseur. Les mots sont polis, inclusifs, universitaires. Mais ils procèdent du même abîme moral.

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Il est temps d’ouvrir les yeux, dis-je, car les prochains massacreurs ne portent pas d’uniforme. Ils enseignent, ils tweetent, ils rééduquent. Ils habitent nos universités, nos médias, nos ONG. Ils parlent le langage du bien et de la tolérance, mais c’est une tolérance qui désigne ses ennemis à la vindicte. Ils ont inventé la haine au nom de l’amour, le racisme au nom de l’antiracisme, l’exclusion au nom de l’inclusion. Comme jadis les Einsatzgruppen, ils croient agir en légitime défense : défendre la pureté morale du monde contre les « dominants », les « sionistes », les « colonialistes », les « hommes blancs », les « héritiers du patriarcat ». Ils se rêvent résistants et ne voient pas qu’ils préparent le terrain d’une nouvelle barbarie morale.

Rien n’est plus dangereux que la haine justifiée par la vertu. Elle tue sans remords, elle massacre en chantant. C’est elle qui, au Rwanda, a fait des paysans hutus les exécuteurs d’un peuple voisin — au nom de la peur d’être exterminés. C’est elle qui, au Cambodge, a poussé les enfants de la paysannerie à abattre leurs professeurs. C’est elle, déjà, qui en Europe avait transformé la culture allemande en machine à détruire. Et c’est elle, encore, qui aujourd’hui, sous des noms nouveaux, sous des drapeaux arc-en-ciel ou des pancartes de campus, insinue dans les esprits le même poison : celui de la désignation, du ressentiment, du droit à haïr au nom du bien.

Déguisements

Nous sommes redevenus les spectateurs tranquilles du retour du mal. Il se déploie à visage découvert dans les réseaux sociaux, dans les cortèges, dans les universités américaines où l’on acclame des massacres, où l’on exulte devant des cadavres israéliens, où l’on nie le droit à l’existence d’un peuple au nom de la justice. La barbarie nouvelle est morale, sentimentale, compassionnelle. Elle s’enrobe de culpabilité occidentale, d’antisionisme déguisé en humanisme. Elle croit réparer les crimes de l’histoire en préparant ceux de demain.

Il est temps d’ouvrir les yeux, car l’histoire recommence toujours sous d’autres formes. Nous n’avons rien appris de nos ruines. Nous ne voulons pas savoir que les massacres naissent d’abord des mots, puis des silences. Que les crimes de masse commencent dans les universités, dans les tribunes, dans la presse, dans l’inversion tranquille du bien et du mal. Et que, lorsque la vérité sera enfin dite, il sera trop tard : il y aura déjà des morts, des charniers, des cris effacés par le vacarme des justifications.

Ce siècle qui se dit éclairé vit déjà dans la nuit du cœur. Le mensonge est devenu foi, la haine s’appelle amour, la lâcheté se nomme prudence. Il est temps d’ouvrir les yeux — non pour fuir, mais pour affronter. Car il n’y aura de paix qu’à condition de nommer le mal, fût-il dissimulé sous les apparences du progrès ou de la justice. Ce n’est pas le monde qu’il faut sauver, mais l’âme humaine — cette chose fragile, invisible, qui disparaît chaque fois qu’un homme croit avoir raison d’un autre au nom de la vertu.

La société malade

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Les colonnes de Buren seront-elles vraiment balayées par le vent de l’histoire, comme le dit Jean Clair?

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45 ans que ça dure! et nous sommes loin d’être sortis de cette panade…


La plus grotesque et la plus longue arnaque intellectuelle de tous les temps est-elle vouée à se résorber à terme dans son vide consubstantiel ? C’est ce que nous présage Jean Clair, dans son article du Figaro, publié ce mercredi, intitulé : « Les colonnes de Buren sont le jeu de quilles que la roue du Temps finira par renverser[1] », et où il affirme que cette œuvre est l’incarnation du vide : « un style peut-être, mais pour ne rien dire ».

Lorsque Mitterrand fut chargé par MM. Lang et Mollard de choisir entre le projet de Pol Bury et celui de Buren, il prit celui qu’il trouvait le plus « intelligent », le préférant au plus sensible et poétique.

Une œuvre vaniteuse qui a fait couler beaucoup d’encre

Il intronisait ainsi Buren comme figure de proue d’un art d’Etat auto-proclamé « contemporain », de type posturo-conceptuel, casseur de codes, déconstructif, progressiste, et surtout redoutablement totalitaire. Commençait alors le règne du gauchisme culturel qui exclut toujours 95% de la création vivante pour facho-ringardisme et réduit ad hitlerum toute contestation de l’ineptie régnante !

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On est encore très loin de voir les colonnes, buses et autres architectures buréniennes, dispersées à grand renfort d’argent public, dans l’hexagone, renversées par quelque vent que ce soit, parce qu’elles sont en béton, et surtout, suprême vertu, parce qu’elles ont été réalisées in situ, donc juridiquement indéplaçables, comme pourraient l’être les sculptures de Bury, d’Ipoustéguy, de César, de Miro, etc. qui n’ont pas besoin d’un contexte pour exister en elles-mêmes, puisqu’elles ont un contenu artistique indépendant de leur environnement et de tout embobinage discursif. Buren possède d’ailleurs une armée d’avocats pour la protection de son « droit moral et intellectuel ».

Membre de l’Académie française, Jean Clair est ancien conservateur général du patrimoine, ex-directeur du Musée Picasso, écrivain et critique d’art, il a notamment publié Le Temps des avant-gardes. Chroniques d’art 1968-1978 (La Différence, 2012), Considérations sur l’état des Beaux-Arts, La Part de l’ange. Journal 2012-2015  (Gallimard, 2016) et Terre natale. Exercices de piété (Gallimard, 2019).

Droit moral

Je vous joins ci-dessous cette video réalisée en 1985 au Palais Royal où l’on voit Mr et Mme Michu (tels que les désigne avec mépris, le présentateur) protester contre ces immondes colonnes… où l’on voit le culot inouï, dans la défense de son « droit moral », de celui qui va devenir le plasticien numéro 1 français… Celui que les générations futures considéreront peut-être comme une honte pour la France.

Se dirige-t-on vers la fin du terrorisme intellectuel de gauche ? Il est possible de considérer cette parution d’un texte de Jean Clair comme le signe d’un réveil de la droite dans le domaine culturel… Elle qui a toujours été complexée en la matière et a laissé ce domaine à la gauche. Doit-on considérer cela comme signe d’un retour imminent de la peste brune ou de la bête immonde ? À suivre…

Je vous joins, pour terminer, cette image de Buren en coloriste de la mer, qui prouve que l’art d’État dit contemporain est capable des pires atrocités envers l’humain…

L'art n'a jamais été aussi contemporain qu'aujourd'hui

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Suite à la publication de mon article sur le « carnage » dans les Écoles Des Beaux-arts publiques (70 000 vues sur Facebook) j’ai reçu ce témoignage d’une artiste broyée par le système auquel elle a cru :

« Si je vous écris aujourd’hui c’est que certaines choses doivent être dénoncées. Et vous le faites très bien. Je vais vous raconter un petit bout de mon histoire. J’ai fait mes études à l’école des beaux-arts. J’en suis sortie diplômée en 1990. Je ne suis donc pas un « lapin de 6 semaines ». Je suis une « vieille » de 59 ans. J’étais figurative et je le suis toujours. Ça m’a valu d’être placardisée, menacée, ringardisée…. Il ne faut pas oublier que Jack Lang était le ministre de la Culture.
Maintenant, ceux qui sortent des écoles d’art ont tout ce que nous n’avions pas. Organismes de toutes sortes, associations, et internet. L’info à portée de clics. Les artistes nés en 80-90 et après se font curateurs maintenant. Donc ces fameux curateurs ne vont surtout pas mettre en avant une « vieille » comme moi. Je suis condamnée à l’invisibilité. Je suis donc confrontée à une mort professionnelle, sociale. Je suis abonnée aux salons plus ou moins merdiques, aux expositions payantes et aux plateformes de vente d’art (comme Artmajeur) (il y a beaucoup de choses à dire sur ces plateformes).
Aujourd’hui j’ai la désespérante sensation d’avoir été enterrée vivante. C’est l’enfer. Je ne sais plus quoi faire. Continuer ce chemin cauchemardesque ou arrêter ? Et faire quoi ? J’ai consacré toute ma vie à l’art. J’ai eu beaucoup d’échecs dans la vie que j’ai surmontés. Je pense que celui-ci sera de trop. Continuez ce que vous faites. »

[1] https://www.lefigaro.fr/vox/culture/jean-clair-les-colonnes-de-buren-sont-le-jeu-de-quilles-que-la-roue-du-temps-finira-par-renverser-20251111

Dix ans après le 13-Novembre, la menace endogène

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Le Bataclan à Paris photographié le 12 novembre 2025 © HENRI WELSCHINGER/OLA NEW/SIPA

Dix ans après les attentats sanglants du Bataclan, du Stade de France et des terrasses de cafés parisiens, des experts avancent que la menace extérieure s’est atténuée: les commandements centraux de l’État islamique et d’Al-Qaida ont été considérablement affaiblis. En revanche, l’ennemi intérieur apparaît toujours aussi redoutable et imprévisible. Surtout, depuis 10 ans, une autre insécurité a explosé, observe notre chroniqueur – l’insécurité culturelle.


L’ennemi est là. Parmi nous. Dix ans après les attentats islamistes du 13 novembre 2015, qui ciblèrent notamment des consommateurs sur des terrasses de bistrots parisiens et le public d’un concert au Bataclan, l’islam djihadiste s’est fondu dans la société française qu’il déteste.

Menace endogène

Loin d’avoir été traqué, comme il a pu l’être par Israël et certains pays musulmans, il s’est installé dans les recoins de la nouvelle société « diversitaire ». Céline Berthon, directrice de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le rappelait lundi sur RTL : la menace islamiste est désormais « endogène » et mobilise auprès d’une jeunesse âgée de 17 à 22 ans. Si l’État islamique semble avoir perdu de sa capacité à projeter des offensives extérieures, ses petits bras armés sont prêts localement à ubériser la guerre sainte, dans des initiatives individuelles difficilement décelables. Or, abordant cette menace, Catherine Vautrin, ministre des Armées, a curieusement estimé, mardi sur Europe 1, comme si elle découvrait le sujet : « Nous devons travailler sur ce sujet ». Cette somnolence de l’Etat mollasson face à l’islam radical fait du pouvoir l’allié benêt d’une idéologie totalitaire qui ne respecte que la force. En 2015, Jean-Yves Le Drian, à ce même ministère des Armées, avait déclaré après les tueries parisiennes : « Je ne parlerai jamais d’ennemi intérieur ». Il craignait d’alimenter une possible guerre civile. Mais ces postures morales sont des lâchetés. Dix ans après, il y a bel et bien un ennemi intérieur. Une 5e colonne a même trouvé de fanatiques collaborateurs auprès d’une extrême gauche qui a vendu son âme pour accompagner électoralement ce qu’elle croit être un islam révolutionnaire.

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Contre l’ennemi intérieur, l’exemple de Ceux de 14

Rien n’est plus contre-productif, pour éviter la guerre intestine, que de fermer les yeux sur les fractures nées d’une société ouverte à l’immigration de peuplement. Un sondage Ifop de 2020 montrait déjà que 74% des jeunes musulmans français (moins de 25 ans) se réclamaient de l’islam plutôt que des valeurs de la République. Les dirigeants, à commencer par le chef de l’État, savent ces échecs.

Leur choix de perpétuer une invasion extra-européenne les rend complices d’une colonisation agressive. Cette situation place de plus en plus de Français en insécurité culturelle, voire en légitime défense. D’autant que la résistance à l’envahisseur, qui dicta le comportement de nos aïeux durant la Grande Guerre, est inenvisageable pour les actuelles élites. Or le courage des Poilus reste un exemple. Il ne doit pas se contenter, comme avant-hier, du rituel républicain du 11-Novembre. Mes deux grands-pères étaient au front. L’un, Jean Rioufol, mobilisé à ses 18 ans, est mort peu après la guerre, à 28 ans, les poumons brûlés par les gaz allemands, laissant une veuve et deux jeunes orphelins. J’ai eu la chance en revanche de connaître mon grand-père maternel, le colonel Mario Ayme, à l’époque capitaine de la 2e Compagnie du 28e Bataillon de chasseurs alpins (28e BCA). Il m’a souvent raconté, notamment, son assaut de la tranchée de Bouchavesnes, le 12 septembre 1916, lors de l’offensive de la Somme, qui allait le blesser grièvement à une jambe et le rendre partiellement sourd. Ces souvenirs sont ceux de nombreuses familles françaises. La mémoire de ces héros nous oblige à chasser l’ennemi infiltré.

Jean-Jacques Goldman et ce que la France est devenue

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Le chanteur Jean-Jacques Goldman photographié en 1988 © GREGOIRE/SIPA

Nous vivons dans un étrange pays où un simple message de soutien d’un ancien chanteur populaire à nos forces armées déclenche une vague de commentaires étonnés, observe notre chroniqueur.


Assez régulièrement, je résiste à la tentation d’écrire un nouveau billet sur Jean-Jacques Goldman, ses rares propos publics, ses actions caritatives discrètes, l’aura inaltérable qui le maintient au premier rang de l’affection populaire. Je me rends compte que mes billets ne doivent pas être seulement un moyen d’exprimer son enthousiasme personnel, mais aussi une occasion de le dépasser pour susciter une réflexion plus générale.

Une forme de disruption

Cette belle opportunité m’a été offerte par le message manuscrit que Goldman a adressé, au soir du 11 novembre, en sa qualité d’ambassadeur du Bleuet de France.

Photo : le Bleuet de France

« Pas de paix sans gardien, ni de liberté sans soldat. Nous avons peut-être eu tendance à l’oublier, mais l’actualité nous le rappelle dramatiquement chaque jour. Il me semblait important de montrer notre reconnaissance envers nos armées, leurs blessés, et plus généralement envers toutes les forces de sécurité qui nous protègent au quotidien1. »

Il se dit « heureux et fier » d’être l’ambassadeur de cette association, qui apporte son soutien aux anciens combattants, aux veuves de guerre, aux pupilles de la nation, aux militaires blessés lors des missions de maintien de la paix, ainsi qu’aux victimes du terrorisme.

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Dans un monde où la normalité et la décence prévaudraient, il ne serait même pas nécessaire de s’attarder sur ces évidences adressées à tous les Français. Jean-Jacques Goldman serait sans doute le premier à juger excessive l’attention portée à son message de cœur, de solidarité et de reconnaissance envers tous ceux – et toutes les institutions – qui défendent notre société et veillent, autant que possible, à la tranquillité et à l’intégrité de nos existences.

Mais nous savons bien, pour le subir au quotidien, que le principe, dans le monde intellectuel, artistique et même sportif, est inverse, qui ne manque jamais une occasion de pourfendre ce que Jean-Jacques Goldman honore.

Organes de sauvegarde

Que ce soit à l’égard de nos armées ou de nos forces de l’ordre, on ne compte plus les dénonciations ineptes, injustes ou mensongères. J’ai encore en mémoire la sottise de Kylian Mbappé à la suite de la mort de Nahel, ainsi que les tribunes, pétitions et mises en demeure qui, presque toutes, poursuivent le même dessein : s’en prendre à nos organes de sauvegarde, qu’ils œuvrent à l’intérieur ou à l’extérieur. Et, malheureusement, je ne peux pas exclure de cette responsabilité collective le président de la République lui-même, qui, à plusieurs reprises, s’est cru autorisé à préjuger, toujours dans le même sens.

Dans ce climat où, dans tant de secteurs, le registre est devenu celui de la haine – au détriment de la courtoisie, qui devrait au moins, dans la forme, civiliser les contestations et les contradictions, même les plus vives – la sérénité et la rectitude que distille le message de Jean-Jacques Goldman font du bien. Elles constituent, en effet, un véritable havre de paix et ne font qu’amplifier mon admiration pour une personnalité qui, tout au long de sa carrière comme dans sa vie d’après, n’a jamais proféré la moindre stupidité ni cédé à la moindre facilité démagogique. Nous n’aurons plus jamais, de sa part, d’autres retours que ceux que l’éthique démocratique lui prescrit, que la vérité et la justice lui dictent. Nous nous en contenterons.

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  1. https://www.franceinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/11-novembre/document-pas-de-paix-sans-gardien-ni-liberte-sans-soldat-a-l-occasion-des-commemorations-du-11-novembre-jean-jacques-goldman-adresse-un-message-aux-francais_7609268.html ↩︎

Le plus long «shutdown» américain s’achève: mais à quoi tout cela a-t-il servi?

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Le président Donald Trump s’exprime avant de signer la loi de financement visant à rouvrir le gouvernement, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, le mercredi 12 novembre 2025, à Washington © Jacquelyn Martin/AP/SIPA

Dans la nuit du mercredi 12 au jeudi 13 novembre, Donald Trump a promulgué la loi mettant un terme à la paralysie budgétaire qui durait depuis 43 jours. Après cet interminable bras de fer politique, comment les marchés financiers vont-ils se redresser ? Analyses et perspectives.


Après que le Sénat a voté le maintien du financement du gouvernement fédéral jusqu’au 30 janvier, le plus long “shutdown” de l’histoire des États-Unis semble devoir s’achever dans un murmure. La Chambre des représentants doit se prononcer sur le projet de loi dès mercredi, tandis que le président Donald Trump a déjà proclamé « une très grande victoire ». Il reste toutefois difficile de savoir si quelqu’un a réellement gagné quoi que ce soit.

Rattrapage des salaires

Du côté positif pour la consommation américaine, le texte du Sénat garantit le versement rétroactif des salaires aux employés fédéraux mis en congé forcé et annule les licenciements décidés au début du shutdown, en gelant toute nouvelle suppression de postes au moins jusqu’au 30 janvier. Cependant, l’économie américaine montrait déjà des signes d’affaiblissement dans certains secteurs clés avant la fermeture, et l’absence de données actualisées a brouillé le tableau. Le rapport sur l’inflation (CPI) du mois d’octobre a bien été publié à temps, mais l’incertitude demeure concernant la mise à jour prévue pour le 13 novembre, tandis que les retards sur les statistiques d’emplois non agricoles de septembre et octobre continuent d’obscurcir la dynamique de croissance.

A lire aussi: Stabiliser la dette publique: les étranges partis-pris du Conseil d’analyse économique

Anatole Kaletsky, mon collègue, estime que le shutdown a peut-être masqué une faiblesse sous-jacente du marché du travail américain. Les indicateurs du secteur privé, tels que l’augmentation des licenciements annoncés par Challenger ou la forte baisse de l’indice des services de ressources humaines et d’emploi du S&P 1500, pointent clairement vers un mauvais chiffre de l’emploi, voire une contraction, ce qui pourrait provoquer un bref accès d’aversion au risque sur les marchés. À l’inverse, si les données concordent avec les signaux plus robustes des ventes de détail Redbook et de l’indice ISM des services, confirmant la poursuite de la création d’emplois, les investisseurs devraient accueillir leur publication avec sérénité.

Autres dossiers en attente

La liquidité devrait s’améliorer à mesure que le gouvernement rouvre. Après que la loi One Big Beautiful Bill Act a relevé le plafond de la dette en juillet, le Trésor a reconstitué sa réserve de liquidités à environ 950 milliards de dollars, mais a continué de conserver un excès de trésorerie. Le shutdown a pu retarder certains paiements, de sorte que la reprise des décaissements pourrait réduire le solde du Trésor et réinjecter de la liquidité dans le secteur privé. Cette dynamique contribue à expliquer la récente hausse des actions américaines et de l’or, ainsi que l’affaiblissement du dollar à l’approche de la réouverture. Le recul du taux de financement garanti au jour le jour (SOFR) indique lui aussi une diminution des tensions sur la liquidité des marchés monétaires.

La question clé est de savoir jusqu’où cette réserve de trésorerie va diminuer. Le Trésor a récemment reconnu détenir un excès de liquidités et s’est engagé à réduire ses emprunts pour faire baisser le solde. S’il atteint son objectif de 850 milliards de dollars, environ 100 milliards afflueraient vers le secteur privé. Un retour à son repère d’un “débit d’une semaine”, conforme à son objectif post-2016, impliquerait une injection plus importante, de l’ordre de 200 milliards.Toutefois, ce surcroît ponctuel de liquidité ne devrait pas modifier de manière significative les perspectives concernant le bilan de la Réserve fédérale.

Avec la résolution du shutdown, le Congrès peut maintenant se concentrer sur d’autres dossiers en attente. Les élus doivent encore négocier une prolongation des subventions de l’Affordable Care Act, un vote étant prévu pour décembre. Un autre point essentiel est la réautorisation de l’International Development Finance Corporation (DFC), qui a des implications macroéconomiques importantes. La DFC a été suspendue lorsque la loi BUILD a expiré le 1er octobre, sa reconduction ayant été retardée par le shutdown. Durant cette suspension, le Sénat a confirmé Benjamin Black, fils du dirigeant de private equity Leon Black, au poste de directeur général.

La reconduction de la DFC est importante étant donné le projet de l’administration de l’utiliser pour financer des initiatives liées aux priorités de sécurité nationale. Par exemple, la DFC s’est engagée à travailler avec la société d’investissement Orion Resource Partners et avec ADQ, le fonds contrôlé par le gouvernement d’Abou Dhabi, pour investir dans des projets de chaîne logistique concernant des minerais critiques pour les États-Unis et leurs alliés. En résumé, l’impact économique principal du shutdown devrait se limiter à des distorsions temporaires des données, qui devraient rapidement disparaître. L’injection ponctuelle de liquidité liée à la baisse des réserves du Trésor, combinée au retour à un fonctionnement normal du financement public, devrait fournir un soutien à court terme aux marchés — du moins jusqu’au prochain épisode d’affrontement politique.

«Cachez cette photo que je ne saurais voir»

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DR.

La présence d’enfants voilées à l’Assemblée nationale, le 5 novembre, a provoqué une polémique. Malgré cela, la gauche anti-laïcité est parvenue à imposer son récit, présentant cette apparition comme autorisée dans les tribunes du palais Bourbon.


découvert, erte
(dé-kou-vêr, vèr-t’) part. passé de découvrir
1 Qui n’est pas couvert. Ils ont toujours la tête découverte. Une maison encore découverte. La cuisinière trouva le pot-au-feu découvert.Ils ne savent pas que c’est une femme découverte et non une femme nue qui est indécente, DiderotSalon de 1765, Œuvres, t. XIII, p. 18, dans POUGENS.
Qui a la tête découverte.Vous ne vous contentiez pas que je me tinsse découvert devant vous, PascalConv. 2.En même temps Foucault s’est couvert et a lu l’arrêt ; M. Fouquet l’a entendu découvert, SévignéLett. 22 déc. 1664.
Définition dans le dictionnaire Littré.


Donne lieu à une polémique la sortie scolaire à l’Assemblée nationale de mercredi dernier, le 5 novembre, qui avait été organisée par le député Modem Marc Fesneau. En effet, une photographie fut prise par Julien Odoul, député du rassemblement national, dans laquelle on peut voir, dans la tribune réservée au public, des fillettes affublées du hijhab. M. Fesnau explique :

« Des élèves de deux établissements scolaires privés ont visité hier l’Assemblée nationale, à leur demande, et dans le cadre d’un projet de l’un des établissements [ça ne s’invente pas] ‘Démocratie et citoyenneté’ ». (Il est interdit de rire, mais il est permis de sourire).

Les réactions ne se sont pas fait attendre.

D’une part, on dénonce une atteinte à la laïcité citoyenne; la présidente de l’Assemblée nationale elle-même, Mme Yaël Braun-Pivet, exprime sa réprobation au nom de la « cohérence républicaine ».

De l’autre, on déchire sa djellaba en hurlant à l’islamophobie et on parle même audacieusement d’« instrumentalisation du principe de laïcité » dont seraient victimes de jeunes enfants. D’ailleurs, Mme Yaël Braun-Pivet se ferait la complice de l’extrême-droite vu que la photo en question a été diffusée par Frontières; cependant, on se demande où est le problème vu que ce média jouit pleinement de la liberté de la presse et que la photo n’était pas truquée. Sans oublier que l’on peut tenir pour acquis que tel était le but précis de la manœuvre effectuée par les écoles concernées : jouer les crucifiés.

Mais que dit le droit?

Marine Tondelier, qui évoque également l’islamophobie, donne le cadre jurique général : « il y a ce qui est autorisé et ce qui n’est pas autorisé, ce n’est pas interdit ». En dépit de sa formulation très maladroite, on devine qu’elle pense sans doute à l’universelle « norme générale de liberté » : est permis tout ce qui n’est pas interdit.

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Les bonnes âmes inféodées aux lobbies religieux signalent, correctement, que la loi de 2004 qui prohibe, dans les établissements scolaires – et évidemment en sortie scolaire – le port de signes religieux ostensibles, ne vise pas les institutions privées. C’est là enfoncer une porte ouverte.

Le jésuitique Éric Coquerel, pour sa part, pose la question suivante à Mme Braun-Pivet : « Pouvez-vous me dire à quel règlement de l’Assemblée vous faites référence pour interdire des signes religieux au public qui visite l’Assemblée ? ». Antoine Léaument, lui, est catégorique : « aucune loi n’interdit le port du voile à l’Assemblée ». Et la patronne des Ecologistes est d’avis que « les huissiers de l’Assemblée sont très scrupuleux, donc si ça avait été interdit, elles ne seraient pas arrivées jusque-là ». Ces représentants du peuple français lancent ainsi aux intéressés une judicieuse invitation à commencer par le commencement et à nous pencher sur le texte applicable.

L’article 8 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose : « pour être admis dans les tribunes, le public doit porter une tenue correcte » et se tenir « assis, découvert et en silence ».

Il est donc exact qu’il y a libre accès au Palais-Bourbon peu importe l’accoutrement du visiteur, à l’exception, cependant, de la tribune où l’on peut assister aux travaux de l’Assemblée. Pour sa part, le service communication (ou plus exactement com’) de l’Assemblée nationale nous informe que

« Le port de tenues manifestant une appartenance religieuse n’est pas en soi interdit. Ce n’est que dans le cas où le président de séance estimerait que le port de telles tenues est de nature à troubler l’ordre ou le bon déroulement des débats qu’il pourrait être amené à prendre des mesures…  cette tolérance permet d’accueillir en tribune des députées ou d’autres invitées étrangères voilées ».

En effet, on précise que « l’article 8… n’est pas interprété à la lettre »! Chacun appréciera l’euphémisme.

C’est là feindre d’ignorer qu’un texte clair, par définition, ne peux faire l’objet d’« interprétation » : l’on n’« interprète » pas une formule mathématique. C’est d’ailleurs une des failles de l’herméneutique juridique française où l’on invoque trop souvent spécieusement le soi-disant « esprit » d’un texte pourtant univoque afin de le contourner et même de le modifier. Or, cette disposition ne comporte aucune exception, aucune possibilité de « tolérance ». L’expression correcte eût donc été : « L’article 8 n’est pas appliqué dans tous les cas » : l’on accorde occasionnellement des passe-droits, notamment aux gamines.

(Incidemment, l’on peut supposer que ces étrangères seraient heureuses de se soumettre à la lettre de cette disposition, qui leur fournirait une libération, quoique éphémère. Sans oublier que les femmes occidentales se trouvant, par exemple en Iran, ou en Afghanistan, à quelque titre que ce soit, n’ont jamais droit à une quelconque « tolérance » les dispensant de la lettre chariesque).

D’aucuns invoquent un flou juridique, pourtant imaginaire. En ce qui concerne l’aspirante présidente Tondelier, on lui répondra que cette norme générale de liberté se heurte ici à une interdiction précise, consacrée par le participe passé « découvert » dont la portée sémantique est indiscutable. Et la possible négligence des huissiers n’a aucune incidence linguistique.

À noter l’outrecuidance de plusieurs députés, dont l’onctueuse Sandrine Rousseau, qui activent la glande lacrymale et posent bien soudainement comme protecteurs de l’enfance malheureuse : ils voudraient voir dans cette polémique la stigmatisation d’« enfants »; Marc Fesneau abonde, finalement, dans le même sens et rejette « des polémiques inutiles qui viennent surtout jeter des enfants à la vindicte populaire ». Du Hervé Bazin et du Jules Renard pur jus.

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(Note : en l’occurrence, « enfants » est un terme piquant vu que, selon les informations disponibles, il s’agit d’élèves de CM2, donc nubiles, ou sur le point de l’être aux termes de la charia; pour mémoire, selon l’éminente doctrine du regretté Ayatollah Khomeny, est proclamée apte à la reproduction la femme dès son 9e anniversaire, ou, en cas de maturité sexuelle incomplète, au moins habilitée à canaliser, d’une manière ou d’une autre, les bouillonnements maritaux).

Que nenni. Les défenseurs de la laïcité ne songent nullement à s’en prendre à ces fillettes qui sont bel et bien des victimes, mais à la mouvance religieuse rétrograde dont elles sont captives et qui lui servent de chair à canon; en revanche, ils exposent l’instrumentalisation, et même la provocation auxquelles se livrent les donneurs d’ordre. Il ne faut pas se tromper de chefs d’orchestre.

En résumé, on ne peut, en effet, que constater et déplorer, sinon un flou, une certaine incohérence dans l’article 8 dans la mesure où il est muet sur les oripeaux religieux en tant que tels. Il en résulte que, en l’état, peut prendre son siège à la tribune le prêtre catholique enseignant à Bétharram en visite à Paris et étranglé par son col romain; en revanche, en sont exclus les popes grecs orthodoxes, les juifs orthodoxes portant la yarmulke ou le schtreimel, les sikhs (dont le turban dissimule un kirpan) et les bonnes sœurs à cornettes.

Et donc les musulmanes cloitrées dans leur voile.

Cependant, quid du moine bouddhiste Matthieu Ricard? Impossible de nier qu’il est « découvert », mais sa tenue est-elle « correcte » ?

BNP: Omar m’a tuer?

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DR.

Trois réfugiés soudanais aux Etats-Unis vont être dédommagés par la célèbre banque française, a décidé un tribunal à New York.


Entre la fin des années 1990 et 2009, BNP Paribas a exercé des activités bancaires (notamment via sa filiale suisse) permettant au régime soudanais dirigé par Omar Al-Bashir d’accéder aux marchés financiers internationaux. Selon trois réfugiés soudanais aux États-Unis, ce soutien financier indirect a facilité les exactions du tyran, dont le point d’orgue fut le génocide mené au Darfour. Un tribunal civil de New York, accédant à leur demande, vient de condamner la BNP à verser aux trois plaignants la coquette somme de 20 millions de dollars – l’établissement bancaire va faire appel. Il conteste en effet les fondements de la décision : il affirme n’avoir pas financé directement des armes ou milices. À 7 millions de dollars par tête, cela pourrait pourtant bien aiguiser l’appétit des 23 000 réfugiés soudanais, jadis affamés. Une addition théorique à 160 milliards de dollars, soit trois années de chiffre d’affaires de la BNP – autant dire la faillite immédiate. De quoi également ébranler le système bancaire mondial, car – rien qu’aux États-Unis – on dénombre près de 200 000 réfugiés bosniaques, rohingyas, yézidis ou ouïghours. À la clé, une potentielle débâcle financière généralisée pour l’humanité. Après avoir ruiné Birmingham ou miné la démocratie française, la justice occidentale, assoiffée de Bien, poursuivrait-elle la méthodique destruction d’une civilisation qu’elle abhorre ?

Max Chaleil, de l’édition à la… prostitution

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L’Entremetteuse (détail), toile de Vermeer (1656). DR.

À l’occasion de la parution-évènement du Monde de la prostitution – De la violence à l’illusion, l’œuvre d’une vie : hommage à Max Chaleil et aux Éditions de Paris.


Précaution d’usage : ce n’est pas – du tout – parce que Max Chaleil a publié mes quatre derniers livres que j’interviens ici. J’interviens pour saluer une somme, celle d’une vie – et qui la justifie (outre l’édition, son épouse, son fils, ses petits-enfants, etc. – bien sûr).

Son sujet ne me concerne pas particulièrement : l’histoire, le monde de la prostitution, ses mots (tout un dictionnaire thématique !), ses illustrations (arts, livres, films, opéras, chansons, économie, etc.) – mais je l’ai ouvert, presque par devoir d’abord (mon éditeur !).

Je l’ai refermé – épaté -, stupéfait par la quantité de lectures (et de fiches : Max est un homme « à fiches ») que suppose une telle entreprise, et depuis si longtemps (Max m’a dit avoir été piqué par le sujet depuis l’adolescence – il a… 88 ans).

Le troisième tome vient de paraître. Son titre : La prostituée comme imaginaire et création – 600 pages (les quatre tomes prévus comptent 1500-1700 pages ; tome 4 : janvier 2026).

En dépit de mon peu d’appétence pour le thème, je répète – j’ai tant à lire et écrire, tant de sujets me retiennent ou requièrent que je me réjouis presque lorsque l’un d’eux m’indiffère un peu – j’ai donc lu. Et là, stupéfaction – c’est pour cela que je prends la plume – parce qu’il est très rare d’avoir ce sentiment de « l’œuvre d’une vie ».

Un seul exemple (sur les 1700 pages en quatre tomes !), celui de la prostitution et de la prostituée dans la littérature. Max rend compte de (presque) toutes les littératures. Il couvre aussi bien les domaines « occidentaux » (allemand, anglais, américain, italien, espagnol, hispano-américain, russe, nordique, etc.) qu’ « orientaux » (indien, chinois, japonais, arabe, etc.). Quant à la « Littérature antique et littérature française » – d’Aristophane à Lucien de Samostate, de Plaute à Pétrone, de Villon à Houellebecq -, elle occupe plus de 230 pages : un manuel, presque. Je connais un peu « la littérature », j’ai « un peu » lu – mais là encore, j’ai été édifié, par la profusion, la précision et la diversité des références (livres, auteurs).

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Et n’imaginez pas que ce soit du « digest », un résumé qui sente la seconde main. Au contraire, cette œuvre-vie (je répète : de l’adolescence à 88 ans, ce sont 70 ans qui en ont été « obsédés ») a été édifiée, érigée, gré à gré – avec le temps, auxiliaire indispensable, unique, du travail accompli. Son érudition m’a fait songer à celle de ces autodidactes (versus les universitaires souvent, pas toujours) qui ont inventé seuls leur voie, leur chemin, leur sujet (et prisme) – et que leur singularité irréductible, insigne, rend absolument nécessaires. Et indémodables : qui a démodé François Caradec, Hubert Juin, Francis Lacassin ? Personne. Dans leurs domaines respectifs, ils sont non négociables. Pareil pour la somme de Max à l’avenir : non négociable. On prend les paris.

Je connais presque « bien », Max : je le vois aujourd’hui encore lire Le Figaro tous les jours, découper les articles, acheter telle ou telle revue (selon les sujets) et surligner au jaune telle ou telle page, etc.

Je crois savoir comment cette somme d’un obsessionnel a été nourrie : par la lecture, donc. Personne sans doute n’aura autant lu sur le sujet. Je laisse les spécialistes en débattre – mais je ne vois pas comment, quand, ils pourraient faire l’économie de sa lecture. En discuter : autant qu’ils veulent. La négliger : je ne crois pas.

Et puisque j’en suis à évoquer Max et son œuvre, je voudrais ajouter deux mots sur l’édition – Les Éditions de Paris.

Max et Rosie, son épouse, ont à peu près le même âge, ils ont créé Les Éditions de Paris en 1984 : il y a plus de 40 ans. Leur fils, Frédéric, qui dirige la collection « Littérature », les a rejoints quelques années plus tard.

Pour avoir travaillé avec eux, publié les quatre livres que j’ai dits chez eux, je voudrais préciser combien ils représentent pour moi « les derniers des Mohicans », éditeurs à l’ancienne qui veillent à chaque étape du livre avec une exigence qui réjouit (a fortiori lorsque l’auteur – mettons, moi – l’est beaucoup lui-même, exigeant, obsessionnel). Max (passé par Bourgois, Stock, Belfond, Galilée, etc. comme créateur ou directeur de collection) pour le choix des manuscrits ; Rosie-Roselyne, son épouse, pour tout le reste (c’est-à-dire beaucoup, puisque Max ne sait pas même envoyer un mail), avec l’aide de Frédéric – pour sa collection (de Frédéric), où la littérature côtoie les écrits sur l’art (Frédéric est un esthète, au goût très sûr, érudit et sensible – donc devenu un ami cher).

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Je précise une chose, parce que je connais la malice – parfois malveillance – des gens. Je ne flagorne pas. Je décris très précisément tels que je les ai connus et observés les Chaleil au travail. Et si l’on veut se faire une idée de l’origine de tout cela, peut-être faut-il rappeler que le père de Max, Léonce, était un paysan cévenol, protestant, dur à la tâche, qui a travaillé toute sa vie d’arrache-pied : « Les chiens ne font pas des chats » – dicton que Léonce eût peut-être employé.

Celui-ci avait publié ses « Mémoires » : La Mémoire du village (Stock, 1977 ; réédité aux Éditions de Paris), salué et régulièrement cité par Emmanuel Le Roy Ladurie (spécialiste d’histoire rurale entre autres)… et par Bernard Pivot, puisque Léonce fut l’un des invités d’« Apostrophes ». Bilan : plus de 100 000 exemplaires vendus.

A plus de 85 ans, les Chaleil, certes, lèvent le pied. Mais – mon dernier livre est paru en octobre, donc je l’atteste – la passion qui les anime, ce feu sacré, est intact(e). La fatigue, parfois, les pousse à « faire une pause » – et Frédéric la pallie si nécessaire. Mais à 40 ans, leur maison a les allures d’une œuvre (1200 livres parus) – que couronne aujourd’hui le grand œuvre de Max, sur la prostitution. Je prie ceux qui en douteraient, d’avoir l’honnêteté de faire comme moi : ouvrir le livre, le lire, l’examiner – et constater son éminence.

Coda : connaissant la nullité asymptotique de Max avec l’informatique, j’ai été d’autant plus stupéfait par sa somme. Internet ici n’a joué aucun rôle. De l’érudition à l’ancienne, avec des journées en bibliothèque(s), de la chine des décennies (!) durant pour déceler tel ou tel livre (ou rareté), des notes prises à la main, des expositions courues un peu partout quand c’était possible, etc. : cela aussi est très intéressant – et impressionnant. On ne fabrique pas les mêmes livres érudits avec OU sans Internet : il y a vraiment « quelqu’un » derrière cette somme – et on l’entend. Je ne prolonge pas – mais ceux qui lisent « de l’érudition » aujourd’hui savent de quoi je parle : cette différence, si humaine ; ce temps passé, tangible ; cette main, que l’on devine… ou discerne.

La prostituée comme imaginaire et création (Littérature, chanson, opéra, art, cinéma) – Tome 3 de « Le Monde de la prostitution – De la violence à l’illusion ». Éditions de Paris-Max Chaleil, 618 pages.

Teleperformance: une entreprise face à l’IA

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Bureaux de la multinationale Teleperformance à Salt Lake City, aux Etats-Unis, 2019 © Kris Tripplaar/Sipa USA/SIPA

Le spécialiste tricolore des centres d’appel a ajusté à la baisse ses objectifs annuels, malgré un troisième trimestre solide. Si le titre a légèrement reculé à la Bourse, la réaction du marché reste mesurée, les nouvelles prévisions étant proches du consensus. L’enjeu pour Teleperformance est désormais de conjuguer automatisation par l’IA et préservation du capital humain pour rester compétitif dans les services.


Vous voyez ces gens qui vous répondent quand votre box tombe en panne, que votre ordinateur s’éteint sans prévenir ou qu’une facture devient un casse-tête ? Ces voix anonymes, qu’on imagine dans un open space à l’autre bout du monde, font tourner une bonne partie de l’économie française. On les entend sans les voir, on les croit remplaçables, mais derrière ces appels du quotidien se cache une industrie bien réelle.

Un géant français

Centres d’appels, gestion externalisée de la relation client, traitement de demandes de visa, modération de contenus en ligne, un vaste ensemble de tâches que beaucoup ignorent, mais sans lesquelles le système s’arrêterait net. Ce sont de gros employeurs, discrets mais indispensables, qui offrent du travail à tous les niveaux, du jeune sans diplôme au cadre spécialisé. Un secteur qu’on remarque surtout quand il dysfonctionne, mais qui, le reste du temps, maintient la mécanique du monde connecté en état de marche. Ce n’est pas l’activité la plus connue parmi celles qui tirent la France vers le haut, moins prestigieuse que le luxe et moins symbolique que la défense, mais elle contribue pourtant à la solidité du tissu économique national.

Si nous parlons aujourd’hui de Teleperformance (TP), ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’un géant français du service, mais parce que cette entreprise permet d’observer de près comment l’intelligence artificielle transforme en profondeur les activités dites ordinaires. Née à Paris en 1978, bien avant que la relation client ne devienne un business mondialisé, Teleperformance a fait du service un empire qui illustre la capacité d’adaptation et d’innovation de l’économie française. En un peu plus de quarante ans, elle est passée du simple plateau téléphonique au groupe mondial présent dans plus de 90 pays et fort de 400 000 salariés. Loin du cliché de la standardiste, Teleperformance gère aujourd’hui des segments entiers du quotidien numérique : assistance technique, formalités administratives, sécurité en ligne, modération de contenus pour les grandes plateformes.

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C’est une entreprise au cœur d’un métier peu qualifié, souvent perçu comme interchangeable, mais dont la continuité est essentielle à la stabilité économique. Étudier Teleperformance revient donc à comprendre comment une entreprise « lambda » en apparence, mais majeure dans les faits, affronte la mutation technologique la plus rapide de notre époque.

Comme beaucoup de pionniers du service, TP a compris qu’il fallait désormais parler la langue de l’intelligence artificielle. Non par effet de mode, mais parce qu’il devient impossible d’y échapper. Trier, répondre, anticiper sans lever la voix ni demander de pause, l’automatisation promet de faire ce que l’humain ne peut plus suivre. Officiellement, il ne s’agit pas de remplacer, mais d’accompagner, et dans les faits, l’IA s’installe au cœur des opérations. Elle trie les demandes, évalue les performances, prédit les besoins et aide à planifier.

Ce virage n’est pas une coquetterie technologique, mais une réponse lucide à la pression d’un marché que les géants américains veulent dominer. C’est aussi un test grandeur nature pour mesurer la manière dont une entreprise fondée sur le travail humain peut intégrer la machine sans se renier. Regarder Teleperformance, c’est donc observer en direct les effets de la révolution IA sur l’économie réelle, celle des services, des emplois de masse et des marges serrées.

Mauvaise semaine

Après une semaine agitée, l’action Teleperformance a perdu 6,5 %, sans décrochage massif. Le repli observé après l’annonce d’un ajustement de prévisions traduit davantage une phase de digestion qu’une perte de confiance. Selon Les Échos, la résistance du titre témoigne d’une intégration progressive des mauvaises nouvelles et d’un attentisme prudent du marché.

Malgré un troisième trimestre marqué par un ralentissement du marché américain, des effets de change défavorables et les désormais habituelles incertitudes géopolitiques, le chiffre d’affaires a progressé de 1,5% à périmètre constant pour atteindre 7,6 milliards d’euros sur neuf mois. Les activités dites « Core Services », cœur du métier, enregistrent plus de 3% de croissance, tandis que les zones Europe–Moyen-Orient–Afrique et Asie-Pacifique demeurent dynamiques.

Les services spécialisés, liés à la gestion de contrats complexes comme les demandes de visa, reculent de 8,7%, mais cette baisse ponctuelle masque une progression sous-jacente de 2,6%. Sorti du CAC 40, le groupe prouve néanmoins sa résilience. Présente dans plus de 90 pays, TP prévoit pour 2025 une marge d’EBITA comprise entre 14,7 et 15% et un cash-flow libre proche du milliard d’euros.

En misant sur une IA d’accompagnement et d’optimisation pour le recrutement, la formation, la planification et le suivi qualité, Teleperformance structure méthodiquement son virage. Les activités technologiques et de conseil progressent à deux chiffres, confirmant la pertinence du modèle.

Ce n’est pas une activité « glamour », mais une entreprise fondée sur des méthodes industrielles appliquées à un métier de service. C’est un acteur essentiel dans un secteur discret mais vital, dont dépendent des millions d’interactions quotidiennes. Observer TP, c’est comprendre comment une entreprise ordinaire devient un laboratoire de la mutation économique en cours.

Sa capacité à absorber les chocs, à intégrer l’intelligence artificielle et à préserver l’emploi humain en fait un exemple concret de la manière dont nos économies peuvent non seulement survivre à la révolution technologique, mais aussi s’en nourrir.

La gauche: sous la tolérance, la censure

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Pourquoi une sensibilité politique qui ne cesse de proclamer sa tolérance et d’exiger une ouverture toujours plus grande à l’Autre (avec majuscule, s’il vous plaît), est-elle systématiquement à l’origine de censure, cancel culture, surenchère de pureté militante, procès en hérésie, bûchers virtuels et goulags bien réels ?


Pourquoi la gauche, qui traque avec une attention maniaque le moindre soupçon de patriarcat ou même de virilité assumée, le moindre frémissement d’atteinte à l’écologie, la moindre trace de réticence à chanter les louanges du militantisme LGBTQI+, le moindre indice de tiédeur dans la vénération de la diversité et des migrants, pourquoi cette gauche est-elle systématiquement hostile à la diversité d’opinions, systématiquement complaisante vis-à-vis de pays peu accueillants envers les migrants dès que ces pays ne sont pas européens, systématiquement favorable à l’islam alors que celui-ci n’est pas connu pour son féminisme ni pour son côté gay-friendly ?

Luttes soi-disant émancipatrices

On me dira : « pas toute la gauche ». Eh bien si, justement, toute la gauche. Y compris cette excroissance de la gauche qu’on appelle le « centre progressiste », y compris cette gauche « laïque et républicaine », qui sautent comme des cabris en criant « Laïcité ! Laïcité ! » mais finissent par faire « front républicain » aux côtés de Rima Hassan et de Raphaël Arnault, en faveur de l’islamisation démographique et donc culturelle de l’Occident.

L’explication la plus évidente est celle de la haine partagée de ce fameux Occident. Les causes de la gauche ne sont que des prétextes, elle ne les défend pas réellement mais les instrumentalise pour abattre ce qu’elle appelle, au gré des modes du moment, « ordre bourgeois », « patriarcat », « cis-hétéro-normativité », « capitalisme », « blanchité », toutes ses luttes soi-disant émancipatrices n’ayant pour véritable finalité que de piller l’Occident au profit des « avant-gardes éclairées guidant le peuple », la nomenklatura. Dans ce but, toute alliance avec ce qui fragilise l’Occident est bonne à prendre, qu’importe si « queer for Palestine » ressemble fortement à « chicken for KFC ».

Civilisation judéo-chrétienne, un gros mot pour la gauche

J’ai écrit « Occident », d’autres diraient « anthropologie chrétienne », le plus exact serait sans doute de parler de décence commune de la civilisation helléno-judéo-chrétienne, ces trois composantes symboliquement rassemblées depuis longtemps dans la belle image des Neuf Preux (introduite en 1312 par Jacques de Longuyon avec « Les Vœux du paon », qui pour représenter l’idéal chevaleresque associe trois héros de l’Antiquité gréco-romaine, trois héros juifs, et trois héros chrétiens).

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Cette première explication est juste, mais insuffisante. Car même lorsque les causes utilisées par la gauche sont défendues avec sincérité, il y a quelque chose qui conduit directement de l’exaltation de la tolérance en théorie, à une extrême intolérance en pratique – du moins à une extrême intolérance envers ce que la décence commune juge normal et de bon sens.

Une clef, peut-être, pour résoudre le paradoxe : la gauche n’est pas tolérante, elle est relativiste, et ne peut donc pas supporter la vérité.

Permettez-moi une métaphore.

Nous sommes dans une maison, et dehors, il pleut. Dans la maison, certains affirment qu’il pleut, d’autres qu’il neige, d’autres encore qu’il fait un grand soleil. Il est arrivé que les uns et les autres s’affrontent violemment à cause de cela, et pour mettre fin à des conflits absurdes, plusieurs ont décidé que tous devaient être libres de croire et de dire absolument ce qu’ils veulent au sujet du temps : qu’il pleut, qu’il neige, qu’il fait beau, qu’il grêle, qu’il tombe des grenouilles. Et on a appelé ça « tolérance ». L’intention est noble, l’idée est séduisante.

Le problème, c’est qu’au lieu de défendre le droit à l’erreur, on en est venu à affirmer que toutes les croyances se valent. La tolérance est devenue relativisme. Et ce relativisme se sait fragile, car il se trouve qu’en réalité toutes les croyances ne se valent pas : dehors, il pleut.

Dès lors, ceux qui affirment qu’il pleut sont dangereux : ils risquent de ne pas seulement défendre le droit de croire ce que l’on veut pour « vivre-ensemble », mais d’encourager les uns et les autres à faire usage de cette précieuse liberté pour rechercher la vérité. Péril mortel pour le relativisme : on pourrait écouter le bruit de la pluie sur le toit, la voir ruisseler sur les carreaux, ou pire encore, ouvrir la porte, sortir, et constater par nous-mêmes qu’il pleut. On pourrait découvrir que la vérité existe, et qu’elle n’est pas qu’une construction sociale visant à justifier hypocritement des rapports de domination. On pourrait même en déduire que tout ne se vaut pas, que certaines hiérarchies sont justes (et ne placent pas les relativistes au sommet de l’univers) et que certains interdits sont légitimes (y compris des interdits susceptibles de faire obstacle aux appétits plus ou moins avouables de ceux qui ont choisi d’embrasser le relativisme).

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Et ça, les relativistes le savent. Ou du moins, ils ont l’intuition d’un danger. S’il pleut, ils vont chercher à faire alliance avec ceux qui croient qu’il neige et ceux qui croient qu’il fait beau, contre ceux qui croient – ou qui savent – qu’il pleut. Ils vont même préférer un fanatique prêt à égorger quiconque refuse de croire qu’il fait beau, à un brave homme expliquant paisiblement qu’il pleut. Car les mensonges imposés par la force ne menacent pas réellement le fondement du relativisme, qui est la négation radicale de la vérité : mensonges et relativisme ont en commun de ne pouvoir triompher qu’en réduisant la vérité au silence.

Soumission à l’arbitraire

Quittons la métaphore. Que voyons-nous ? La gauche américaine affirme que la validité universelle des mathématiques, la recherche d’objectivité et la règle du tiers-exclu relèvent du « suprémacisme blanc. » Une revue de « sciences sociales » de premier plan prétend que les personnes trans auraient une « manière d’accéder à la connaissance » supérieure aux « démarches épistémologiques occidentales mainstream », ces dernières favorisant « le point de vue du groupe dominant. » Rien de nouveau, tout ça n’est qu’un habillage vaguement modernisé de ce que professait déjà Calliclès, l’adversaire de Socrate dans le « Gorgias ». Pour Socrate (tout comme pour son quasi-contemporain Confucius, nous y reviendrons) le Vrai, le Juste, le Beau, le Bien existent. Pour Calliclès, à l’inverse, les mœurs des Grecs ne valent pas mieux que celles des barbares (autrement dit, à bas l’ethnocentrisme et la « blanchité »), et seuls sont réels les rapports de force (les « relations de domination » chères à la gauche) : il n’y a pas de vérité, seulement « le point de vue du groupe dominant. »

Rien d’étonnant à ce que la gauche – qui n’est pas et n’a jamais été tolérante, mais seulement relativiste – soutienne sans aucun souci de cohérence tout ce qui s’oppose à l’Occident. Et pas seulement à l’Occident : ainsi que l’a notamment relevé sur Twitter une utilisatrice nommée Loreine « Les Asiatiques à droite », cette gauche anti-Blancs est aussi férocement anti-Asiatiques (d’Asie de l’Est). Héritiers de Socrate et héritiers de Confucius, chevaliers et samouraïs. Deux civilisations évidemment différentes, mais qui ont en commun l’essentiel : valoriser la quête de vérité et de rectitude, aussi bien intellectuelle que morale, et avoir proclamé une éthique de la vertu (au sens de la virtus romaine et du ren confucéen) plutôt que de la soumission à l’arbitraire – qu’il s’agisse de l’arbitraire d’un tyran, fut-il un dieu-tyran, ou de l’arbitraire de nos propres pulsions. Un danger mortel pour le relativisme. Une fondation indispensable pour toute société authentiquement soucieuse de dignité humaine.

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Il est temps d’ouvrir les yeux

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Munich, Allemagne, 11 novembre 2025 © Malin Wunderlich/DPA/SIPA

Notre chroniqueur décrit pour nous ici ceux qui ont réinventé la haine au nom de l’amour, le racisme au nom de l’antiracisme et l’exclusion au nom de l’inclusion. Ils se rêvent résistants et ne voient pas qu’ils préparent peut-être le terrain d’une nouvelle barbarie.


Depuis plusieurs mois, en Europe et dans le monde occidental, se multiplient des manifestations contre des artistes, des musiciens et des athlètes israéliens. À Paris, des militants ont tenté d’empêcher le concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie, au nom d’un boycott culturel. À Londres, le Royal Albert Hall a été pris d’assaut par des protestataires avant une représentation du même orchestre. À Berlin, des chanteurs israéliens ont reçu des menaces, certains festivals ont cédé aux pressions militantes et annulé leurs invitations. À Madrid, une nageuse israélienne a été huée lors d’une compétition internationale ; à Melbourne, un joueur de tennis a dû renoncer à un tournoi pour « raisons de sécurité ».

Contagion

On croyait pourtant que la musique, l’art, le sport avaient échappé à la contagion des haines politiques. Que les salles de concert, les stades, les théâtres demeuraient ces lieux où la beauté suspend un instant la brutalité du monde. Et pourtant, voici qu’on manifeste contre un orchestre un peu comme jadis on huait des Juifs sur les places d’Europe. Des pancartes s’élèvent, des cris accusent, des drapeaux s’interposent entre la musique et ceux qui voudraient simplement l’écouter. Ce ne sont plus des dictatures qui censurent, mais des foules démocratiques qui sifflent. Ce ne sont plus des ordres venus d’en haut, mais des émotions fabriquées dans les réseaux, amplifiées par des consciences sûres de leur pureté.

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Sous couvert de solidarité avec un peuple lointain, on rejoue les vieux scénarios de l’exclusion. On croit défendre la paix en désignant l’ennemi. On croit protéger les victimes en en inventant d’autres. Ce ne sont pas des chars, cette fois, qui encerclent un peuple, mais des slogans, des hashtags, des boycotts culturels. La civilisation qui se vantait d’avoir aboli la barbarie la réinvente sous forme de vertu.

Ces manifestations n’ont rien d’anodin : elles marquent le basculement d’un humanisme malade de lui-même. Elles ne visent pas des politiques, mais des êtres ; elles ne s’attaquent pas à des décisions, mais à des identités. Et dans le silence gêné des institutions culturelles, dans la complaisance molle des médias, on entend déjà résonner la vieille musique de la désignation. L’artiste israélien est redevenu le Juif d’autrefois : symbole commode de la faute originelle, cible idéale de la colère morale.

C’est ainsi que tout recommence, toujours : non par la guerre, mais par le refus d’écouter. Par la haine qui s’avance sous le masque du bien. Par l’indignation qui croit sauver et ne fait que condamner.

Amnésie

Il est temps d’ouvrir les yeux — non plus ceux du confort moral ou de la compassion mécanique, mais ceux, brûlants, que la lucidité arrache aux ténèbres. Nous vivons dans une époque d’amnésie volontaire où l’homme postmoderne, sûr de sa vertu et de son innocence, croit avoir aboli la barbarie par décret humanitaire. Il ne sait pas — ou ne veut pas savoir — que la barbarie sommeille dans chaque phrase de son indignation, dans chaque slogan qu’il répète, dans chaque certitude morale dont il se couronne pour échapper à la honte de vivre.

Je songe à ces terres de l’Est — Biélorussie, Ukraine, Lituanie, Russie — où, durant la Seconde Guerre mondiale, des hommes instruits, raffinés, diplômés, ont dirigé les Einsatzgruppen, ces unités de sécurité préventive chargées, disait-on, d’« assainir » le front. L’expression avait la froideur administrative des mots qui précèdent la tuerie. Ces hommes n’étaient pas des brutes incultes : c’étaient des docteurs en philosophie, des professeurs d’université, des juristes, des poètes parfois. Ils parlaient Goethe et Schiller, lisaient Kant le soir dans leurs baraquements, citaient Nietzsche en latin pour justifier leurs ordres. Ils savaient la musique, l’histoire, la grammaire des civilisations. Et pourtant, ils ont enseigné à d’autres hommes — simples soldats, paysans arrachés à leurs campagnes — l’art méthodique d’exterminer femmes et enfants.

La culture n’avait donc pas sauvé l’Europe. Elle avait servi à rationaliser la mort. Elle avait donné à la barbarie un vernis de raison, une syntaxe, un style. Il n’y eut pas de rupture entre le séminaire universitaire et le charnier : seulement une gradation dans la conviction. Car les intellectuels de ces temps-là avaient trouvé la justification suprême : ils croyaient défendre la civilisation contre la menace du chaos — le chaos des « judéo-bolcheviques », des partisans, des vaincus. Toujours, le meurtre collectif se pare des habits du salut.

Un mal transfiguré ?

On se tromperait lourdement en croyant que cette logique appartient au passé. Le même mal, transfiguré, circule aujourd’hui dans nos veines démocratiques. Il a changé de vocabulaire, non de nature. Hier, on parlait de purification ethnique ; aujourd’hui, on parle de justice historique. Hier, on nommait parasite celui qu’on voulait détruire ; aujourd’hui, on le dit oppresseur. Les mots sont polis, inclusifs, universitaires. Mais ils procèdent du même abîme moral.

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Il est temps d’ouvrir les yeux, dis-je, car les prochains massacreurs ne portent pas d’uniforme. Ils enseignent, ils tweetent, ils rééduquent. Ils habitent nos universités, nos médias, nos ONG. Ils parlent le langage du bien et de la tolérance, mais c’est une tolérance qui désigne ses ennemis à la vindicte. Ils ont inventé la haine au nom de l’amour, le racisme au nom de l’antiracisme, l’exclusion au nom de l’inclusion. Comme jadis les Einsatzgruppen, ils croient agir en légitime défense : défendre la pureté morale du monde contre les « dominants », les « sionistes », les « colonialistes », les « hommes blancs », les « héritiers du patriarcat ». Ils se rêvent résistants et ne voient pas qu’ils préparent le terrain d’une nouvelle barbarie morale.

Rien n’est plus dangereux que la haine justifiée par la vertu. Elle tue sans remords, elle massacre en chantant. C’est elle qui, au Rwanda, a fait des paysans hutus les exécuteurs d’un peuple voisin — au nom de la peur d’être exterminés. C’est elle qui, au Cambodge, a poussé les enfants de la paysannerie à abattre leurs professeurs. C’est elle, déjà, qui en Europe avait transformé la culture allemande en machine à détruire. Et c’est elle, encore, qui aujourd’hui, sous des noms nouveaux, sous des drapeaux arc-en-ciel ou des pancartes de campus, insinue dans les esprits le même poison : celui de la désignation, du ressentiment, du droit à haïr au nom du bien.

Déguisements

Nous sommes redevenus les spectateurs tranquilles du retour du mal. Il se déploie à visage découvert dans les réseaux sociaux, dans les cortèges, dans les universités américaines où l’on acclame des massacres, où l’on exulte devant des cadavres israéliens, où l’on nie le droit à l’existence d’un peuple au nom de la justice. La barbarie nouvelle est morale, sentimentale, compassionnelle. Elle s’enrobe de culpabilité occidentale, d’antisionisme déguisé en humanisme. Elle croit réparer les crimes de l’histoire en préparant ceux de demain.

Il est temps d’ouvrir les yeux, car l’histoire recommence toujours sous d’autres formes. Nous n’avons rien appris de nos ruines. Nous ne voulons pas savoir que les massacres naissent d’abord des mots, puis des silences. Que les crimes de masse commencent dans les universités, dans les tribunes, dans la presse, dans l’inversion tranquille du bien et du mal. Et que, lorsque la vérité sera enfin dite, il sera trop tard : il y aura déjà des morts, des charniers, des cris effacés par le vacarme des justifications.

Ce siècle qui se dit éclairé vit déjà dans la nuit du cœur. Le mensonge est devenu foi, la haine s’appelle amour, la lâcheté se nomme prudence. Il est temps d’ouvrir les yeux — non pour fuir, mais pour affronter. Car il n’y aura de paix qu’à condition de nommer le mal, fût-il dissimulé sous les apparences du progrès ou de la justice. Ce n’est pas le monde qu’il faut sauver, mais l’âme humaine — cette chose fragile, invisible, qui disparaît chaque fois qu’un homme croit avoir raison d’un autre au nom de la vertu.

La société malade

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Les colonnes de Buren seront-elles vraiment balayées par le vent de l’histoire, comme le dit Jean Clair?

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45 ans que ça dure! et nous sommes loin d’être sortis de cette panade…


La plus grotesque et la plus longue arnaque intellectuelle de tous les temps est-elle vouée à se résorber à terme dans son vide consubstantiel ? C’est ce que nous présage Jean Clair, dans son article du Figaro, publié ce mercredi, intitulé : « Les colonnes de Buren sont le jeu de quilles que la roue du Temps finira par renverser[1] », et où il affirme que cette œuvre est l’incarnation du vide : « un style peut-être, mais pour ne rien dire ».

Lorsque Mitterrand fut chargé par MM. Lang et Mollard de choisir entre le projet de Pol Bury et celui de Buren, il prit celui qu’il trouvait le plus « intelligent », le préférant au plus sensible et poétique.

Une œuvre vaniteuse qui a fait couler beaucoup d’encre

Il intronisait ainsi Buren comme figure de proue d’un art d’Etat auto-proclamé « contemporain », de type posturo-conceptuel, casseur de codes, déconstructif, progressiste, et surtout redoutablement totalitaire. Commençait alors le règne du gauchisme culturel qui exclut toujours 95% de la création vivante pour facho-ringardisme et réduit ad hitlerum toute contestation de l’ineptie régnante !

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On est encore très loin de voir les colonnes, buses et autres architectures buréniennes, dispersées à grand renfort d’argent public, dans l’hexagone, renversées par quelque vent que ce soit, parce qu’elles sont en béton, et surtout, suprême vertu, parce qu’elles ont été réalisées in situ, donc juridiquement indéplaçables, comme pourraient l’être les sculptures de Bury, d’Ipoustéguy, de César, de Miro, etc. qui n’ont pas besoin d’un contexte pour exister en elles-mêmes, puisqu’elles ont un contenu artistique indépendant de leur environnement et de tout embobinage discursif. Buren possède d’ailleurs une armée d’avocats pour la protection de son « droit moral et intellectuel ».

Membre de l’Académie française, Jean Clair est ancien conservateur général du patrimoine, ex-directeur du Musée Picasso, écrivain et critique d’art, il a notamment publié Le Temps des avant-gardes. Chroniques d’art 1968-1978 (La Différence, 2012), Considérations sur l’état des Beaux-Arts, La Part de l’ange. Journal 2012-2015  (Gallimard, 2016) et Terre natale. Exercices de piété (Gallimard, 2019).

Droit moral

Je vous joins ci-dessous cette video réalisée en 1985 au Palais Royal où l’on voit Mr et Mme Michu (tels que les désigne avec mépris, le présentateur) protester contre ces immondes colonnes… où l’on voit le culot inouï, dans la défense de son « droit moral », de celui qui va devenir le plasticien numéro 1 français… Celui que les générations futures considéreront peut-être comme une honte pour la France.

Se dirige-t-on vers la fin du terrorisme intellectuel de gauche ? Il est possible de considérer cette parution d’un texte de Jean Clair comme le signe d’un réveil de la droite dans le domaine culturel… Elle qui a toujours été complexée en la matière et a laissé ce domaine à la gauche. Doit-on considérer cela comme signe d’un retour imminent de la peste brune ou de la bête immonde ? À suivre…

Je vous joins, pour terminer, cette image de Buren en coloriste de la mer, qui prouve que l’art d’État dit contemporain est capable des pires atrocités envers l’humain…

L'art n'a jamais été aussi contemporain qu'aujourd'hui

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Suite à la publication de mon article sur le « carnage » dans les Écoles Des Beaux-arts publiques (70 000 vues sur Facebook) j’ai reçu ce témoignage d’une artiste broyée par le système auquel elle a cru :

« Si je vous écris aujourd’hui c’est que certaines choses doivent être dénoncées. Et vous le faites très bien. Je vais vous raconter un petit bout de mon histoire. J’ai fait mes études à l’école des beaux-arts. J’en suis sortie diplômée en 1990. Je ne suis donc pas un « lapin de 6 semaines ». Je suis une « vieille » de 59 ans. J’étais figurative et je le suis toujours. Ça m’a valu d’être placardisée, menacée, ringardisée…. Il ne faut pas oublier que Jack Lang était le ministre de la Culture.
Maintenant, ceux qui sortent des écoles d’art ont tout ce que nous n’avions pas. Organismes de toutes sortes, associations, et internet. L’info à portée de clics. Les artistes nés en 80-90 et après se font curateurs maintenant. Donc ces fameux curateurs ne vont surtout pas mettre en avant une « vieille » comme moi. Je suis condamnée à l’invisibilité. Je suis donc confrontée à une mort professionnelle, sociale. Je suis abonnée aux salons plus ou moins merdiques, aux expositions payantes et aux plateformes de vente d’art (comme Artmajeur) (il y a beaucoup de choses à dire sur ces plateformes).
Aujourd’hui j’ai la désespérante sensation d’avoir été enterrée vivante. C’est l’enfer. Je ne sais plus quoi faire. Continuer ce chemin cauchemardesque ou arrêter ? Et faire quoi ? J’ai consacré toute ma vie à l’art. J’ai eu beaucoup d’échecs dans la vie que j’ai surmontés. Je pense que celui-ci sera de trop. Continuez ce que vous faites. »

[1] https://www.lefigaro.fr/vox/culture/jean-clair-les-colonnes-de-buren-sont-le-jeu-de-quilles-que-la-roue-du-temps-finira-par-renverser-20251111