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Anne Coffinier, figure de la liberté scolaire, sous le feu de l’extrême gauche


Anne Coffinier, figure de la liberté scolaire, sous le feu de l’extrême gauche
Anne Coffinier. DR.

Depuis plusieurs mois, Anne Coffinier, voix incontournable de l’école libre en France, subit une série d’attaques médiatiques venues de la gauche et de l’extrême gauche.


La virulence des critiques étonne d’autant plus qu’au sein de Créer son école, elle défend une liberté ouverte à tous : celle de créer des écoles catholiques, protestantes, juives ou strictement laïques ; des écoles pour enfants intellectuellement précoces comme pour élèves cabossés par le système public. Son action répond avant tout à des besoins concrets, ceux d’enfants que l’Éducation nationale ne parvient plus à accueillir dignement.

Ennemie parfaite

Pourquoi, alors, un tel acharnement ? La gauche assimile le combat pour la liberté scolaire à une cause de droite, parfois même d’extrême droite. Serait-ce parce qu’Anne Coffinier intervient souvent dans des médias classés à droite ? Parce que sa fondation Kairos et son association bénéficient du soutien de grands patrons ? L’explication tient sans doute moins à ces caricatures qu’à sa capacité rare à faire dialoguer des univers qui s’ignorent. Le 25 novembre, elle réunissait ainsi au Palais des Sports, devant plus de 4 000 personnes, le grand rabbin Haïm Korsia, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique et la députée macroniste Violette Spillebout pour défendre, ensemble, les libertés de l’école privée. Pour la gauche, l’école libre est l’ennemi parfait, qui lui offre un ciment opportun qui lui permet de s’unir, dans la tradition du serment de Vincennes du 19 juin 1960 dont les conjurés se promirent d’éradiquer les financements publics de toute alternative à l’école publique.

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La gauche a compris de longue date que l’on transforme une société en prenant en main l’éducation de ses enfants. N’est-ce pas d’ailleurs dans les rangs de l’Éducation nationale qu’elle recrute l’essentiel de ses militants, de ses cadres syndicaux et de ses experts ? La droite, plus individualiste, est rétive à s’occuper réellement de questions scolaires au niveau national. Elle se soucie prioritairement de l’avenir scolaire de ses propres enfants, souvent scolarisés dans le privé, mais se mobilise peu pour l’éducation en tant que bien commun. Elle défend l’école libre lorsqu’elle est attaquée, mais ne porte que très rarement d’ambition forte pour la développer. Beaucoup de responsables refusent encore d’assumer un programme visant à rendre l’école privée accessible à tous, par crainte d’attiser la guerre scolaire, de faire le lit du communautarisme islamiste ou de mécontenter leur électorat. On se demande par exemple quand les Républicains oseront réclamer enfin la fin du totem des  80/20% en termes d’allocation des moyens financiers pour l’éducation ?

Réveiller l’école

C’est précisément ce verrou qu’Anne Coffinier invite à faire sauter. « Le libre choix de l’école est un droit démocratique à conquérir, un nouveau droit social qui pourrait rassembler largement, et que la droite aurait tout intérêt à porter, même si cela a vocation à être une cause transpartisane », affirme-t-elle. Elle rappelle, non sans humour, que Condorcet lui-même plaidait pour l’existence d’un secteur privé dynamique afin d’éviter la sclérose de l’école publique. En réservant la gratuité au seul public, l’État impose en réalité un monopole éducatif aux classes populaires et les prive d’une alternative garantie pourtant par la Constitution. C’est là que se niche un véritable séparatisme social, bien plus que dans le choix, réel ou supposé, des classes aisées de protéger leurs enfants de mauvaises fréquentations.

Alors que certains députés LFI veulent supprimer les déductions fiscales liées aux dons, réduire les subventions ou aligner les pratiques éducatives du privé sur celles du public, l’enjeu n’est plus de rallumer une guerre scolaire dépassée. Il s’agit plutôt d’innover en matière d’égalité sociale : offrir enfin à toutes les familles, et pas seulement aux plus favorisées, la possibilité de choisir l’école publique ou privée qui convient à leurs enfants.

Une telle réforme serait un moyen audacieux de réveiller la méritocratie scolaire, de relancer l’ascenseur social et de replacer l’école au cœur d’un projet véritablement national.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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