Accueil Édition Abonné Décembre 2025 Bio: attention toxique!

Bio: attention toxique!

Le cuivre de la discorde


Bio: attention toxique!
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Les viticulteurs bio sont inquiets de l’interdiction de fongicides à base de cuivre à partir de 2027…


Le bio, c’est un peu une mascarade. Il se présente comme vertueux sous prétexte qu’il refuse les pesticides, alors qu’il ne rejette que ceux qui sont synthétiques. Or ce rejet est arbitraire : rien ne permet d’affirmer que les pesticides synthétiques sont, en tant que tels, plus nocifs que ceux d’origine animale, végétale ou minérale. Mais le bio prospère sur une idéologie bien ancrée : ce qui est « naturel » serait forcément meilleur, plus sûr, plus sain que ce qui est « synthétique ».

Une opposition non justifiée

En tout cas, puisqu’il utilise bel et bien des pesticides, il ne peut échapper aux évaluations sanitaires, comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de le rappeler. Elle a en effet passé au crible les fongicides à base de cuivre, pilier de la protection des cultures bio. Le verdict est sans ambiguïté : ces produits, qui s’accumulent dans les sols, présentent une toxicité préoccupante. Conséquence logique : en juillet 2025, l’agence a refusé le renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché d’une grande partie de ces produits cupriques. Début 2027, ils ne pourront donc plus être utilisés. Pour la filière bio, c’est un coup de tonnerre ; en particulier pour la viticulture, qui dépend fortement du cuivre pour lutter contre le mildiou, maladie provoquée par un champignon. Les viticulteurs bio sont ainsi menacés par une chute des rendements. Au-delà de cette filière, c’est toute l’agriculture biologique qui se découvre soudainement vulnérable. On peut compatir aux difficultés économiques qui s’annoncent. Mais cette décision a le mérite de dissiper une illusion que l’agriculture bio entretient depuis longtemps, à savoir qu’elle serait nécessairement meilleure pour la santé et l’environnement. La fable d’une agriculture saine par essence s’effrite donc.

Aussi, en ce qui concerne l’environnement et la santé, est-il temps d’en finir avec l’opposition entre le naturel et le synthétique. Chaque produit doit être évalué au cas par cas, qu’il soit d’un type ou de l’autre.

Décembre 2025 – #140

Article extrait du Magazine Causeur




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Essayiste et philosophe des sciences

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