La pénalisation des clients ayant aggravé la situation des prostituées, le député Jean-Philippe Tanguy prépare un projet de loi pour rouvrir les maisons closes. Une excellente idée.
Le Rassemblement national veut rouvrir les maisons closes. Une idée qui affole le braillomètre et enrage les ligues de vertu féministe ne peut pas être mauvaise. Cette proposition de Jean-Philippe Tanguy de créer des bordels sans proxénètes, gérés par des femmes (pourquoi pas des hommes) qui décident librement de se prostituer est excellente d’un point de vue pragmatique et philosophique.
Touche pas à ma pute !
La loi de 2016 interdit de recourir aux services d’une prostituée mais autorise le racolage – comme si des boulangers avaient le droit de vendre du pain, mais qu’il était tout à fait interdit d’en acheter ! Comme l’observe Tanguy, elle n’a pas fait disparaître la prostitution. On trouve en outre sur internet de quoi satisfaire tous les fantasmes. Mais, en la plongeant dans l’illégalité, la loi a rendu les prostituées plus précaires. Cette activité doit donc être encadrée. La maison close apparait comme la solution la plus sûre, la plus digne, et la plus rationnelle économiquement (c’est une mise en commun de moyens, comme des avocats ou des médecins le font).
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Mais en légiférant, on légitime, répliquera-t-on. Et on contredit l’objectif abolitionniste affiché par la France. Tant mieux. Cet objectif est ridicule, liberticide, paternaliste et lesté de puritanisme bourgeois. C’est une « fausse vertu, un faux humanisme qui déshumanise les prostituées », dit Tanguy qui en a croisé quelques-unes en faisant des maraudes dans sa jeunesse.
Arrêtons de mentir

Si la prostitution a existé sous tous les cieux et régimes, y compris quand on embastillait les « femmes de mauvaise vie », c’est qu’elle répond à une demande sociale. La prostitution a sauvé le mariage et la famille bourgeois et engendré des personnages inoubliables de putains magnifiques dans la littérature ou le cinéma, Nana chez Zola, Esther chez Balzac, Belle de jour avec Deneuve chez Buñuel… Ce n’est pas la prostitution qu’il faut combattre mais l’exploitation.
Non seulement les lois anti-prostitution ne parviennent pas à la supprimer, mais l’objectif de l’abolition est parfaitement illibéral. Au nom de quoi interdirait-on à des femmes de se prostituer ? Elles sont aliénées, me dit-on, mais quand t’es amoureuse à l’œil aussi. Personne ne peut décider pour l’autre ce qu’est être libre (c’est d’ailleurs pour cela que je ne veux pas restreindre le voile islamique au nom de la liberté des femmes, mais au nom de ma liberté de ne pas voir ce symbole d’inégalité).
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Certaines femmes considèrent que leur corps est un temple qu’on ne peut pénétrer qu’après en avoir fait huit fois le tour et signé un contrat, d’autres trouvent naturel de monnayer des actes sexuels, c’est leur droit à chacune. La prostitution fait peur, parce qu’elle concerne le désir, la sexualité, les tourments de l’âme humaine. Dès lors qu’il n’y a pas de violence, ce n’est ni à la société ni à l’État de décider dans quelles conditions des adultes libres s’adonnent au stupre et à la fornication. (En bon français, mêlez-vous de vos fesses).
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale, avec Patrick Roger




