Alors que le «Russiagate» a fait pschitt, les démocrates utilisent désormais une conversation de Trump avec le Président ukrainien pour lui nuire
Ce n’est pas nouveau. Depuis son élection et même avant son investiture, une partie de la presse américaine et des élus Démocrates songeaient déjà à destituer Donald Trump. Le « Russiagate » et l’enquête du procureur Mueller ayant fait pschitt, comme aurait dit Chirac, il fallait bien trouver autre chose. L’appel téléphonique au président ukrainien aura fait l’affaire, malgré la transparence affichée par Trump – totalement inédite de la part d’un président américain – qui en a rendu le texte public.
La procédure initiée pose cependant de graves problèmes dans un régime démocratique.
D’abord, l’absence d’un vote formel de la Chambre des représentants. Cette procédure a été déclenchée par une simple déclaration à la presse de Nancy Pelosi. On ne sait donc pas quelle serait l’issue d’un vote. Certains Démocrates élus en 2018 dans des circonscriptions qui ont voté pour Donald Trump en 2016 pourraient hésiter à s’aliéner une partie de leur électorat. A cet égard, à plusieurs reprises, la Chambre des représentants a rejeté des propositions de résolutions déposées par des Démocrates demandant d’entamer une procédure de destitution. Pourquoi refuser un vote formel cette fois pour un acte aussi grave que la destitution d’un président ?
Les démocrates pensent nuire à la campagne de réélection de Trump…
Ensuite, au sein des commissions concernées, les démocrates ont choisi une procédure secrète, théoriquement à huis clos, mais en distillent les éléments qui leur conviennent à la presse, ce qui ne constitue certainement pas un procès équitable pour le président. Ses avocats devraient, par exemple, avoir la possibilité d’interroger les témoins comme ce fut le cas lors de la procédure de destitution à l’encontre de Bill Clinton.
Enfin, l’élection présidentielle aura lieu dans un an. Entamer une procédure de destitution aussi tardivement au cours du mandat présidentiel montre clairement la volonté des Démocrates de priver le peuple américain du droit de choisir librement, en jugeant le président à sa place. D’autres éléments comme l’animosité, pour ne pas dire la haine, de certains hauts fonctionnaires que le président n’a cessé de vouloir contourner, ne peuvent que renforcer le sentiment d’une cassure entre une partie du peuple – les « deplorables » d’Hillary Clinton – et le « Deep State », les élites politiques, administratives et médiatiques.
Ajoutons que le prétexte ukrainien semble bien mince. Les considérations personnelles et partisanes ont toujours influencé la politique américaine. Les grâces présidentielles sont souvent accordées pour des raisons politiques. Bill Clinton n’a pas été le moins critiqué à cet égard. La politique d’Obama à la fin de son mandat vis-à-vis d’Israël s’explique par son animosité à l’égard de Benjamin Netanyahu. A l’exception de Mitt Romney (qui, battu par Trump, a quelques raisons de lui en vouloir), aucun sénateur ne soutient à ce stade l’impeachment, ce qui montre bien son caractère partisan. C’était d’ailleurs aussi le cas pour Bill Clinton et, à l’époque, le sénateur Biden n’hésitait pas à évoquer un lynchage public.
… ils ne font que détourner l’attention…
Comme Joe Biden pourrait être l’an prochain le challenger du président, les Démocrates ont un intérêt évident à braquer les projecteurs sur Trump et non sur les turpitudes de leur propre favori à ce stade. En effet Hunter, le fils de Joe n’avait aucune expérience dans le domaine de l’énergie lorsqu’il a été nommé au conseil d’administration de Burisma en Ukraine avec un confortable revenu de 50 000 dollars par mois pour deux ou trois réunions annuelles. Il est évident que c’est sa seule qualité de fils du vice-président en fonction qui lui a valu cette faveur et ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg puisqu’il a aussi des liens avec une grande firme chinoise alors que son père était en charge des relations avec la Chine. On s’étonne que la presse américaine, si prompte à mettre sa puissance d’investigation en action, soit à ce point silencieuse sur le cas Biden. Joe n’avait-il pas publiquement déclaré que si le procureur ukrainien n’était pas relevé de ses fonctions, l’aide américaine ne serait pas déboursée ? Et certains reprochent à Trump ses « interférences» !
À quelques exceptions près, les médias américains ont perdu tout sens de l’objectivité et sont vent debout contre Donald Trump. Leur puissance de feu croisé est considérable et il n’est pas étonnant qu’une majorité du peuple américain soit désormais, selon les sondages, en faveur d’une procédure de destitution. Mais un sondage n’est pas une élection et ce n’est pas non plus une preuve du caractère régulier de la procédure. En fonction du « privilège de l’exécutif », le président peut rejeter les assignations à comparaître devant les commissions du Congrès visant des membres de son administration, ainsi que la transmission de documents confidentiels liés à l’exercice du pouvoir. En cas de conflit entre l’exécutif et le parlement, il appartiendra à la Cour suprême de trancher le différend.
… et nuisent à leur pays
La procédure de destitution a comme conséquence d’obliger la Maison-Blanche à lui consacrer un temps considérable au détriment de l’action politique. Les Démocrates n’affaiblissent pas seulement le détesté Donald Trump, mais l’institution même de la présidence et la puissance des Etats-Unis à travers le monde. On voit le profit que la Corée du Nord, la Russie ou la Chine peuvent tirer de l’affaiblissement du président américain. En n’acceptant pas le verdict populaire de 2016 et en tentant d’influencer l’élection de 2020, les Démocrates ne rendent pas service à la démocratie, à leurs institutions et à leur pays.
D’après la doxa néoféministe, les hommes gagneraient 25% de plus que les femmes. Complaisamment relayé par L’État, ce chiffre gonflé ne tient pas compte des écarts de temps de travail, de pénibilité et de productivité.
Le 6 novembre dernier à 15 h 35 très précisément, les femmes françaises ont – aux dires de notre Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les sexes – commencé à travailler « bénévolement » jusqu’à la fin de l’année 2018, puisqu’à compétences égales elles auraient été en moyenne payées « 9 à 27% de moins » que leurs collègues masculins. Dès la décennie 1990, le progressisme anglo-saxon a adopté comme coutume de marquer symboliquement chaque année la durée de travail incrémentale que les femmes auraient à consentir pour que leurs salaires équivaillent à ceux dont les hommes jouissent. Cette revendication égalitariste, parée de tous les atours de l’humanisme le mieux intentionné, s’est diffusée dans tout le monde occidental au point de devenir un programme politique et une bannière de ralliement pour un féminisme bon teint que d’aucuns se plaisent à afficher.
La première des conditions de l’hygiène étant une bonne conscience, selon les termes bien connus de Nodier, peu de voix se sont fait entendre pour questionner la doxa désormais bien établie en vertu de laquelle l’inégalité salariale serait nécessairement la résultante discriminatoire du système de domination patriarcale. Pour le gouvernement, il s’agirait même d’une « violence économique » faite aux femmes, à ajouter à la longue litanie des violences sexuelles, symboliques, routières, culturelles et sociales.
Le dessous des chiffres
La plupart des statistiques publiques sont communiquées dans leur forme réduite, c’est-à-dire au moyen d’un chiffre unique et explicite. En matière de traitement salarial, il semble en aller bien autrement, les autorités ne communiquant que des intervalles aux bornes fluctuantes selon les circonstances et les locuteurs. Pourtant, maints travaux académiques existent et tous convergent quant à leurs conclusions : si l’écart de salaires en France se situe bien autour des 25 %, c’est en analysant les données de la manière la plus « brute » qui soit, en comparant des agrégats en fait non commensurables. Il ne viendrait, normalement, à l’idée de personne de se plaindre d’un traitement discriminatoire pour avoir été payé, pour travailler à mi-temps, la moitié du salaire d’un collègue occupant un poste similaire à temps plein ; c’est pourtant ainsi que la valeur de 25% est établie, sans tenir compte des différences effectives de temps de travail. Une fois cet ajustement pris en compte, l’écart s’établit sous les 20%. Mais c’est là encore sans considérer la qualification des salariés, ainsi que les différences de secteurs professionnels et des catégories d’emplois en jeu. Après correction de ces effets, l’Insee lui-même reconnaît un écart résiduel de 9 % (dit « à compétences et postes égaux »). Voilà trivialement d’où provient la borne basse de la communication gouvernementale en matière de discrimination professionnelle.
Cependant, notre Institut national de la statistique, comme tous les autres organes de recherche sérieux ayant traité du sujet, reconnaît que ce chiffre néglige encore d’autres facteurs à même d’en relativiser la portée, au rang desquels : la pénibilité ou la dangerosité des emplois occupés (le taux de mortalité par accident du travail étant sensiblement plus élevé chez les hommes), la durée et la fréquence des interruptions de carrière (les femmes ayant en moyenne des parcours moins continus), le consentement aux mobilités externe et géographique (les hommes acceptant plus souvent cet inconfort vis-vis de leur situation familiale), voire la productivité réelle (certaines études, dont celles du Crest soulignant qu’elle puisse varier selon les genres et les secteurs d’activités). La prise en compte plus juste de telles considérations permet, sans surprise, de réduire encore un peu plus l’écart, de 9 % à moins de 4% (déjà, en 2002, un rapport d’information du Sénat indiquait cet ordre de grandeur). Autrement dit, l’inégalité salariale,telle qu’elle est revendiquée, relève autant de l‘incertitude statistique que de phénomènes problématiques de discrimination. La discrimination peut exister – nul ne le contestera – mais elle n’a rien à voir avec le système fantasmé par le progressisme sexualiste.
De si commodes inégalités
Les données relatives aux salaires d’embauche des jeunes diplômés confirment en outre qu’il n’y a en moyenne pas de traitement différencié sensible entre les hommes et les femmes pour un même métier lorsque les qualifications sont identiques. En revanche, les parcours de vie divergent ensuite et la survenue de la maternité, l’appétence au risque ou les choix subséquents d’orientation de carrière sont de nature à induire des décalages de progression en termes de salaires. Mais à y regarder de plus près, il apparaît par exemple que l’arrivée d’un premier enfant n’infléchit que peu à la baisse le taux d’activité des femmes « sans ascendance migratoire » (selon les chiffres et termes de l’Insee), alors que cela tend à éloigner durablement les immigrées et descendantes d’immigrés du marché de l’emploi, induisant de facto une baisse de rémunération chez ces dernières. Le patriarcat de l’« homme blanc » discrimine moins qu’il n’y paraît ; pourtant, c’est celui que l’on voue volontiers aux gémonies. A contrario les véritables traditionalismes machistes restent largement impensés par le féminisme accusateur contemporain.
Clamer à la moitié de sa jeunesse qu’elle est condamnée à moins bien réussir en raison de son sexe, c’est alimenter une opposition catégorielle aussi insupportable que fallacieuse. La question des inégalités réelles est une chose bien trop sérieuse pour être laissée à la main de militants politiques aux raisonnements simplistes, fussent-ils en situation de responsabilité politique. Churchill admettait ne croire aux statistiques que lorsqu’il les avait lui-même manipulées ; notre gouvernement, lui, ne se prive pas d’établir des politiques publiques sur ces fondements instables, instaurant des indicateurs d’égalité, promettant de multiplier contrôles et sanctions, menaçant de pratiquer le « name and shame » à l’encontre des entreprises les moins disciplinées. La mesure et la raison attendront une fois de plus, tant que les périls inégalitaires guetteront.
Comme ce n’est pas tous les jours que vous tombe entre les mains un excellent livre, ne boudons pas notre plaisir : Filmer la légende est un très bon livre, que tout amateur d’Histoire / de cinéma / des Etats-Unis, ou des trois à la fois, se doit d’avoir lu et de conserver dans sa bibliothèque, au gré des bobines que vous verrez ou reverrez.
Le titre, bien sûr, est une fine allusion à ce que j’ai appelé déjà le Principe de Liberty Valance, tel qu’il est formulé par John Ford en 1962 : « This is the West, Sir. When the legend becomes fact, print the legend » ou plutôt, expliquent Florence Arié et Alain Korkos, faisons un film.
Il était une fois le cinéma…
C’est que les Etats-Unis sont un pays jeune, qui ne s’appuie sur les épaules d’aucun géant incontournable — les Pères fondateurs ont tout au plus 250 ans, des jeunots à l’échelle historique européenne, où nous comptons en millénaires. Exit donc la littérature : quand on n’a rien de plus vieux que la Constitution (1776) à se mettre sous la dent, on n’est pas pris au sérieux chez les archivistes. Exit aussi la peinture, dont l’Europe (et la France particulièrement) a fait un support magnifique pour entériner ses légendes et construire quelque « roman national » qui faisait se pâmer d’aise Mallet & Isaac, et fulminer Laurence de Cock et autres révisionnistes multi-culturalistes. Voir, parmi mille autres, les Dernières cartouches — ou la guerre de 1870 revue et corrigée par Alphonse de Neuville.
Quand on pense que ce fut, un temps, le tableau le plus cher jamais vendu en France…
Côté tableaux, quand on n’a à se mettre sous la dent que Robert J. Onderdonk pour la Chute d’Alamo ou Frederic Remington pour la marche de Coronado vers le Nord on est un peu démuni. Un grand peintre américain comme Thomas Cole a préféré, pour décorer la Société d’Histoire de New York (à l’angle de la 77e Rue et de Central Park West), représenter le même paysage de convention, très nettement romanisé, pour symboliser « le Destin des empires ».
C’est que l’Amérique, comme l’explique très bien le livre, c’est l’espace.
Reste donc le cinéma, pour s’approprier justement l’espace, et pour bâtir la légende d’un pays peuplé de gens qui, initialement, ne devaient pas savoir lire autre chose que leur Bible. Lorsque sort le premier western, The Great train Robbery, en 1903, la conquête de l’Ouest se termine à peine, la « frontière » (excellentes remarques dans le bouquin sur la façon dont certains présidents US très contemporains ont su jouer avec ce mythe si ingénieusement composé par des nanars jadis spectaculaires et aujourd’hui invisibles comme la Conquête de l’Ouest) est à peine atteinte, et la Horde sauvage, qui va mourir en 1913 dans les soubresauts du Mexique de Pancho Villa, n’en est qu’à ses premiers exploits — et tout le monde sait ici l’amour immodéré que je porte au film de Peckinpah.
Une véritable rétrospective
Le livre est bâti sur la chronologie historique, et à chaque chapitre les films qui ont utilisé ce segment d’Histoire, et l’ont recomposé d’un bout à l’autre en mentant effrontément, sont analysés en détail. Les auteurs ont pensé aux dîners en ville où les bobos aiment briller, et ils parsèment leur étude d’inserts sur tel ou tel détail peu connu qui permettra effectivement d’en mettre plein la vue à ceux qui croient que Little Big Man est l’alpha et l’oméga du western révisionniste.
Parce que — et c’est là que ça devient passionnant — le contre-discours qui se tient à partir des années 1950 (disons avec la Flèche brisée, ce si beau film de Delmer Daves avec une Indienne aux yeux bleus nommé Debra Paget — coupable de « redface », selon les critères contemporains) est lui aussi une fabrique de l’Histoire, tout aussi tendancielle que la précédente, qu’elle prétend …
Avec leurs blagues potaches, les jeunes journalistes membres de la Ligue du LOL ont plus péché par mauvais goût que par sexisme. Si le tribunal numérique les a condamnés à la mort sociale, la vérité se dévoile peu à peu.
C’est La lettre écarlate à l’ère numérique, La Plaisanterie dans la twittosphère, Le Procès à la sauce MeToo. On voudrait avoir une once du talent de Hawthorne, Kundera ou Kafka (ou de Philip Roth, bien sûr) pour raconter la chasse aux sorcières modernes, connue comme l’affaire de la « Ligue du LOL », qui a passionné notre république des médias durant quelques semaines à partir de février 2019 – jusqu’à ce que la machine à dénoncer se trouve d’autres cibles. Faute de quoi, il faut au moins essayer de comprendre comment nous avons tous ou presque avalé un gigantesque bobard, une légende hollywoodienne de gentils et de méchants, ou plutôt de gentilles et de méchants, pour la bonne raison qu’elle s’intégrait parfaitement au grand récit néoféministe qui, depuis la vague MeToo, a acquis le statut de vérité officielle. Et aussi un peu pour la mauvaise que les têtes qui tombaient appartenaient au camp des redresseurs des torts. De plus, comme dans les procès staliniens, la plupart des accusés avaient, sous la pression, reconnu leur crime et demandé pardon. « J’en étais arrivé à penser que je m’étais vraiment comporté comme le pire des salauds », confie l’un d’eux. Tous ont connu des périodes de marasme épouvantable traversées d’envies suicidaires. La plupart remontent la pente, délestés de quelques illusions et de pas mal d’espoirs.
Une rumeur d’Orléans
L’histoire de la Ligue du LOL est celle d’un lynchage médiatique parfaitement réussi, d’un emballement collectif qui, conformément au scénario décrit par René Girard, aboutit au bannissement de quelques boucs émissaires autour desquels la communauté des journalistes se réconcilie. Le Parti se renforce en s’épurant. Le 5 septembre, l’historien Nicolas Lebourg, qui tient tribune sur Mediapart, écrit sur Twitter à propos de cette histoire : « La Ligue du LOL est une rumeur d’Orléans. Rien ne tient, hormis le signe d’avoir envie de carboniser des journalistes plutôt connotés à gauche, c’est cela le fait sociologique, non l’histoire de bric et de broc qui a été vendue. » L’une des spécificités de cette affaire est en effet qu’elle se déroule à l’intérieur du monde médiatique où elle alimente la fièvre épuratrice drapée dans le combat féministe. Toutefois, contrairement à ce que laisse entendre Lebourg, il ne s’agit pas d’une odieuse manœuvre de droite, mais d’une crise interne aux médias de gauche et même dans un premier temps, au petit monde des journalistes qui voulaient être les explorateurs et les défricheurs du nouveau monde numérique. Il est vrai que, du Figaro à Causeur, on a d’abord trouvé amusant de voir des journalistes des Inrocks et de Libération essuyer un peu de la boue dont leurs journaux respectifs arrosent volontiers leurs adversaires, déclarés nauséabonds à longueur de pages. L’amusement a vite cédé la place à l’effroi. Même des hommes de gauche ont droit à la justice.
Pour monter cette magnifique omelette, il a bien fallu casser quelques œufs, en l’occurrence les 14 personnes, journalistes, blogueurs et communicants qui y ont perdu, en plus de leur santé, de leur honneur et de leur joie de vivre, leur boulot et peut-être tout espoir d’en retrouver dans leur domaine. Les arrêts du Tribunal numérique sont insusceptibles de recours et s’appliquent sans limites de temps ni d’espace. Ce tissu de mensonges a en effet rencontré un écho planétaire, de sorte que, si vous tapez le nom des principaux protagonistes sur un moteur de recherche, vous trouverez des centaines d’articles et de vidéos affirmant qu’il a fait partie d’une bande de harceleurs dont la principale activité était d’humilier et de persécuter d’innocentes et pures demoiselles. Les accusés-condamnés ne peuvent même pas espérer une réhabilitation de la Justice puisque, malgré l’ampleur du scandale, à notre connaissance, aucune instruction n’a été ouverte, aucune procédure engagée – sinon par eux devant les prud’hommes. Pour eux, ce sera médias partout et justice nulle part.
Libération ouvre le feu
Le battement d’aile de papillon qui a déclenché ce jeu de massacre est peut-être un propos de Vincent Glad, l’homme qui, dans les médias du monde entier, sera ensuite désigné comme le marionnettiste secret, le chef d’orchestre maléfique de tous les dérapages, agressions et blagues de potache qui étaient le quotidien de Twitter entre 2009 et 2014, période durant laquelle se sont produits la majorité des faits incriminés. Le 5 février, Glad donne un entretien au Vent se lève, un site proche de la France insoumise, à propos de son traitement des gilets jaunes dans Libé, tenu pour une référence par une partie de la profession. En réaction, le journaliste indépendant Thomas Messias ironise sur Twitter en raillant « le journaliste modèle qui joue les exemples après s’être bien amusé au sein de meutes de harceleurs de féministes ». On ne boudera pas le plaisir de citer l’un des rares tweets, daté du 22 février 2013, qui ait survécu au grand ménage que Messias a très vite mené sur son propre compte : « Baiser Audrey Lamy. Faire un trou dans un mur et y fourrer sa quine. #César2013. » On ne comprend pas tout, mais à l’évidence, ce n’est pas très raffiné. Les tweets outranciers émanant de victimes autoproclamées ne manquent pas, mais ils n’intéressent pas les médias pourtant passionnés par l’affaire. En tout cas, certaines de ces victimes ont la mémoire courte. À moins qu’avec un sens consommé de l’opportunité elles n’aient simplement sauté dans le train en marche.
Trois jours plus tard, le vendredi 8 février, ce sont les « fact-checkers » de Libération qui ouvrent véritablement le feu – que cette déroute du journalisme ait été initiée par les prétendus gardiens de la vérité ne laisse pas d’être savoureux. L’article est titré : « La Ligue du LOL a-t-elle vraiment existé et harcelé des féministes sur les réseaux sociaux ? » Que ce groupe ait existé, personne ne le nie. Cela ne suffit pas à démontrer qu’il est à l’origine de toutes les infamies qu’on lui impute. « Toutes les victimes le reconnaissent : dix ans après, les preuves manquent », peut-on lire dans l’article. On ne va pas s’arrêter à ce détail.
« Notre affaire Wenstein », selon le Monde
La mécanique est lancée. C’est un déferlement. « La ligue du LOL sera notre affaire Weinstein », pronostique Michel Guerrin dans Le Monde. On a des victimes qui se racontent dans tous les médias, il faut des coupables. En quelques jours, le storytelling est établi : une bande de cyberharceleurs se cachait dans la presse de gauche. Et c’est grâce à leurs méfaits qu’ils ont obtenu des postes dans des journaux prestigieux notamment à Libération et aux Inrocks (amusant, comme ces jeunes-turcs du digital sont sensibles au prestige de la vieille presse). « La Ligue du LOL est devenue la boîte noire, l’endroit où étaient pensés et conçus tous les mauvais coups commis sur Twitter », affirme l’un des journalistes congédiés. Marie-Claire évoque la « mécanique pernicieuse et persistante de l’esprit “boys club” », Numerama parle d’une « machine à broyer les femmes ». En attendant, ce sont les membres du cénacle maudit qui vont être broyés.
En quelques jours, la Ligue du LOL est chargée de tous les péchés d’internet. L’ennui, c’est que la Ligue du LOL n’existe pas – en tout cas pas comme personne morale ou physique qui pourrait se défendre dans les médias ou intenter des procès en diffamation. Elle n’a jamais rien fait, pensé ou dit puisqu’il s’agit d’un groupe privé Facebook, créé en octobre 2010 par Glad « pour rassembler la crème de l’humour en ligne » ; un lieu d’échanges, qui par définition n’a pas la capacité d’insulter ni d’ailleurs d’émettre le moindre message. Pour l’auteur anonyme d’un texte intitulé « La fabrique des trente salauds [tooltips content= »1 « Ligue du LOL : la fabrique des trente salauds », Medium, 20 juin 2019″](1)[/tooltips] » et publié sous forme de tribune sur internet, c’était « une bande de petits cons qui se moquaient de tout le monde ou presque sur le Twitter de l’époque ». Alexandre Hervaud, membre du groupe alors journaliste à Libération, renchérit auprès de ses collègues vérificateurs : « On y faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu, il n’y a jamais eu, à l’intérieur de ce groupe, d’obsession antiféministe. On se moquait de tout, et de tout le monde. » Oui, mais se moquer c’est mal.
Twitter, une planète étrange
La twittosphère des débuts, entre 2009 et 2014 environ, tient à la fois de la cour d’école maternelle et du Far West. Beaucoup s’insultent, tout le monde se bagarre (on dit « se clasher ») et cela ne semble choquer personne. « J’en prenais plein la gueule aussi, déclare Glad aux fact-checkers. C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considérerait ça comme du harcèlement. » Et comme dans toute cour de récré, il y a des reines du bal, qui sont plutôt des rois, et des souffre-douleur. Tous les coups sont permis, de la blague de potache à l’agression en bande organisée. Ce n’est pas une excuse, dira-t-on. Un peu tout de même, dès lors que certaines des harcelées étaient aussi des harceleuses. Les échanges entre Capucine Piot, alors blogueuse mode, et la militante Daria Marx sont assez éclairants. La première, qui a effectivement reçu des tombereaux d’injures et de remarques désobligeantes sur son physique, au point qu’elle a préféré quitter le journalisme, traitait volontiers la seconde de grosse vache et autres amabilités. Quant à Marx, qui dit avoir payé son juste combat contre la grossophobie de mille tourments infligés par les loleurs, elle a effacé 2 000 messages, mais des archéologues opiniâtres en ont exhumé quelques-uns comme ce bijou de distinction adressé aux « putes à blacks » (sic) : « Connasses, pouffiasses, unissez-vous parce qu’on est plein à vous détester, à avoir envie de vous tabasser, à vous envoyer en camp de rééducation en Slovénie, vous voir gratter des montagnes de patates crues avec vos ongles niqués, vous filmer en train de chier dans la neige le cul dans les orties, ça ferait une putain de télé-réalité, je serai la kapo de cette belle assemblée, je te ferai tellement trimer que tu chialeras. » On admettra que ses airs outragés sonnent légèrement faux.
Cette planète étrange, dont les habitants peuvent penser que leur vie est foutue parce qu’on se paie leur tête sur Twitter, est aussi un monde très compétitif où chacun espère alors sortir du lot et mettre un pied dans une grande rédaction. Il arrive d’ailleurs que victimes et bourreaux supposés se coalisent contre les vieux du web 2.0. Reste que, derrière la chasse à l’homme, il y a aussi la revanche des médiocres ou des malchanceux sur quelques jeunes gens ingénieux, amusants et rouleurs de mécaniques dont la réussite insolente et la capacité de séduction, sans doute conjuguées à un comportement imbuvable, ont peut-être fait des envieux, comme le reconnaît Vincent Glad, toujours dans le premier article de Libération : « Nous étions influents, et c’est vrai que si on critiquait quelqu’un, ça pouvait prendre beaucoup d’ampleur. Il y avait beaucoup de fascination autour de nous, on était un peu les caïds de Twitter. » Avoir été une tête à claques, ça mérite perpète ?
Les têtes tombent alors que l’existence de la Ligue du LOL n’est pas avérée
Les loleurs ne forment même pas une bande de copains : malgré leurs efforts, les limiers lancés à leurs trousses ont déniché une seule photo, prise au cours d’une fête organisée par Le Mouv, où on en voit certains poser ensemble. Il est avéré que certains des membres du groupe ont déjà proféré des injures, soit sur leurs propres comptes, soit sur des comptes anonymes comme @foutlamerde, qui était géré en partie par Vincent Glad. Du coup, on a collé sur le dos de ce dernier tous les tweets haineux exhumés par les uns ou les autres, par exemple ceux du compte @Languedeuxpute qui a pourtant fait savoir qu’il n’avait rien à voir avec Ligue du LOL. L’auteur de « La fabrique des trente salauds » résume : « Prenez 30 personnes, désignez-les comme des salauds, enquêtez sur toutes leurs publications sur internet pendant dix ans et faites rejaillir chacun des tweets condamnables des uns sur les autres, et vous obtiendrez la démonstration de votre hypothèse : oui, ce sont bien des salauds. […] On a fabriqué un coupable idéal […]. La Ligue du LOL est devenue une clé explicative de toutes les vagues de haine sur Twitter. »
Parmi les dizaines de journalistes qui ont traité l’affaire et émis des opinions péremptoires, aucun n’a pu produire un seul des messages échangés à l’intérieur de la Ligue du LOL. On ne sait pas avec précision qui en a fait partie. Dès le 9 février, alors que Twitter, en ébullition, réclame des têtes, une liste partielle – expurgée notamment de plusieurs noms de femmes qui juraient avec le récit du boy’s club – est publiée anonymement sur le site Pastebin, puis reprise sur son compte Twitter durant deux heures par le blogueur Matthias Jambon-Puillet qui raconte, sur le site collaboratif Medium, avoir subi « des insultes anonymes, des “enregistrements sarcastiques”, des photomontages dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs ». Il dit peut-être vrai. Encore faudrait-il savoir qui sont les auteurs de ces méfaits, puisque cela ne peut pas être la Ligue du LOL en tant que telle. Quitte à dénoncer, il serait encore préférable d’affecter chaque faute à une personne plutôt que de prononcer une condamnation collective.
Or, c’est, semble-t-il, sur la base de cette liste que seront décidés certains des licenciements. Les têtes tombent très vite. Dès le lundi 11 février, Libération annonce la mise à pied de Hervaud et de Glad, tandis qu’aux Inrocks, le rédacteur en chef David Doucet et son adjoint connaissent le même sort. Dans la foulée, Stephen des Aulnois, rédacteur en chef du « site de culture pornographique » Le Tag parfait présente des excuses publiques et annonce sa démission.
La ruse totalitaire est de convaincre l’accusé de sa propre culpabilité. Pendant le week-end, Vincent Glad et David Doucet ont également fait acte de contrition. « J’ai créé un monstre », écrit Glad dans un texte assez piteux où il se repent d’un tweet de 2012 où il ironisait sur la culture du viol – qui est, semble-t-il, l’un des éléments les plus lourds de son dossier. Fini de rigoler. Glad récite sa profession de foi féministe. On peut trouver ça ridicule ou désolant, mais il faut essayer de se figurer ce qu’on éprouve quand on devient du jour au lendemain un ennemi public et un paria, que ceux qui la veillent vous flattaient vous crachent au visage. Twitter se régale : tant mieux, qu’ils sachent ce que ça fait ! En vérité, aucune victime de harcèlement numérique n’a subi un pilonnage d’une telle intensité.
Il faut s’arrêter un instant sur le cas de David Doucet, qui a fréquenté la Ligue du LOL pendant deux ans alors qu’il débutait dans le métier. Lorsque l’affaire éclate, il est serein. Dans son souvenir, il n’a jamais rien commis de répréhensible. D’ailleurs, par la suite, personne ne lui reprochera le moindre tweet désagréable. Son truc à lui, c’était les blagues innocentes et pas toujours très subtiles. Il créait aussi de faux comptes se moquant gentiment de people. Depuis, il a fait son chemin, jusqu’à obtenir cette place convoitée de rédacteur en chef aux Inrocks. Et voilà que, dans l’effervescence numérique suscitée par l’article de Check News, un épisode oublié remonte à la surface, un canular téléphonique dans lequel, en mai 2013, il se faisait passer pour le producteur Laurent Bon (fondateur du « Petit Journal ») auprès d’une jeune journaliste qui rêvait elle aussi de se faire sa place dans ce nouveau monde. La blague, dépourvue de toute allusion graveleuse ou sexuelle, était donc plutôt de mauvais goût. Elle n’en a pas moins été relayée à l’époque par le rédacteur en chef de la jeune femme et par le compte Twitter de l’émission « Le Vinvinteur », « un programme de vulgarisation des contre-cultures issues d’internet » diffusé sur France 5, dont elle était la responsable digitale. Six ans plus tard, elle se répand pourtant sur le tort que lui a causé ce canular. Comme Glad, Doucet, en état de sidération, finit par se voir tel qu’on le décrit. Le 10 décembre, à 2 heures du matin, il publie son autocritique, dénonçant la « dégueulasserie » de son geste et affirmant se compter « parmi les bourreaux ». Et, bien sûr, il demande pardon à sa victime. Laquelle réplique en substance : c’est très bien, maintenant, j’attends que tu démissionnes et que tu laisses ta place à une candidature féministe. Deux jours plus tard, il est dehors. Il sera effectivement remplacé par une candidate féministe. Mais la révolution n’arrête jamais de dévorer ses enfants. Fin août, Élisabeth Laborde, la patronne des Inrocks qui l’a viré, est à son tour débarquée. Elle crie au machisme, mais il se murmure que sa disgrâce aurait quelque chose à voir avec sa gestion désastreuse de l’affaire.
À l’exception d’Alexandre Hervaud, qui plaide sa cause pied à pied – il a obtenu que son nom soit retiré d’un article de Slate après que le témoignage d’une de ses accusatrices s’est révélé mensonger – et continue à s’agiter sur Twitter, les mis en cause, comme on dit dans les commissariats, ont choisi de se taire, comme s’ils savaient que toute défense serait inaudible. Pourtant, le vent commence à tourner. Comme souvent après les phases d’emballement collectif, dans les rédactions on a la gueule de bois et on se demande si, dans l’ivresse du moment, on n’en a pas un peu trop fait. On réalise vaguement que des jeunes gens ont été condamnés à la mort sociale pour la seule raison qu’ils avaient appartenu à un groupe virtuel de déconneurs. Il est trop tôt pour affirmer que la condamnation pour diffamation de la fondatrice de BalanceTonPorc, le 25 septembre, mettra un coup d’arrêt à la justice expéditive des réseaux sociaux. Un mois plus tôt, le 26 août, on pouvait lire cet aveu stupéfiant sur le compte Twitter de Check News, la rubrique où tout a commencé: « Il y a eu un emballement hallucinant sur ce sujet, et probablement des articles derrière critiquables. » On attend encore que nos vaillants vérificateurs daignent porter cette information à la connaissance de leurs lecteurs.
Florian Philippot appelle tous les souverainistes à se parler. Entretien avec le président des Patriotes, candidat à la mairie de Forbach.
Causeur. Votre rentrée politique me semble plutôt discrète. Pendant des années, des observateurs malveillants regrettaient de vous voir arriver en première place parmi les personnalités politiques les plus présentes dans les matinales. Est-ce difficile de présenter vos idées à une large audience désormais?
Florian Philippot. Pendant des années, j’ai bénéficié du temps de parole d’un parti politique dont j’étais le principal représentant, sans toutefois en être le président. De fait, c’est aujourd’hui très différent! Pour x raisons, j’étais le plus invité parmi les responsables du parti. Mais je restais dans une position de porte-parole, même si j’ai réussi à y faire connaître ma sensibilité et que je ne me suis certes pas contenté de diffuser des éléments de langage. Je suis arrivé au Front national par souverainisme, par conviction gaulliste, en affirmant en plus une touche sociale affirmée. Mais aujourd’hui, je construis moi-même ma propre parole. J’ai ma propre vision des choses et en tant que président des Patriotes, le temps médiatique qui m’est imparti pour le faire est forcément plus faible. Toutefois, qualitativement, ce n’est pas du tout la même chose. Je suis dans la construction de mon propre projet, celui du mouvement que je préside, alors qu’auparavant j’étais surtout une courroie de transmission, celle d’un projet qui me dépassait… et je ne gagnais pas tous les arbitrages.
Il y a dix ans, vous aviez rejoint Marine Le Pen afin d’imprimer votre ligne au Front national, excédé par l’inefficacité des petites chapelles souverainistes. En créant votre parti Les Patriotes et suite à votre échec aux Européennes, n’êtes-vous pas retombé dans les travers que vous fustigiez jadis?
Pour moi, le contrat était très simple. J’ai obtenu dès 2013 au conseil national du FN qu’on mette dans le programme officiel du parti un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne. La sortie de l’euro était déjà actée. Cela conditionnait toute la cohérence et la véracité de ce que le Front national pouvait proposer à côté, sur les sujets migratoires, sociaux, écologiques ou démocratiques. A partir du moment où ce contrat a été rompu, j’ai pris mes responsabilités, étant un homme de convictions, et je suis parti. Il a été acté après la présidentielle de 2017 qu’officiellement le FN abandonnait la sortie de l’union européenne et la sortie de l’euro. Les dernières élections européennes sont venues le confirmer. Il n’est plus question d’un référendum sur le Frexit mais d’une éventuelle réforme de la BCE… Il est question de « faire bouger » l’Union européenne… en restant dedans.
Mon initiative sur ADP peut être le prélude à un vaste dialogue entre tous les souverainistes
J’en suis navré car j’aurais aimé pour le bien de notre pays conserver une force politique telle que le FN pour faire le Frexit. Ne souhaitant pas mentir aux électeurs et leur vendre des salades sur une éventuelle réduction de l’immigration ou une augmentation du pouvoir d’achat tout en restant dans l’Union européenne, j’ai réfléchi en conscience, et j’ai créé Les Patriotes.
Ceci dit, je ne suis pas dans une logique boutiquière. Par exemple, j’ai proposé une stratégie collective sur le possible référendum concernant la privatisation d’ADP, j’ai écrit pour cela aux différents chefs de partis ou de courants qui se battent contre la privatisation (comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont Aignan ou même Julien Aubert), pour leur proposer une initiative et un meeting communs, pour marquer les esprits, faire signer la pétition aux Français et obliger les médias à s’intéresser au sujet. Dupont Aignan et Kuzmanovic m’ont répondu. Je les en remercie. Le sujet n’étant pas trop clivant idéologiquement à la différence de l’immigration ou l’Europe, j’ai pensé que tous ceux qui étaient opposés à la privatisation pourraient s’entendre sur le sujet. Mais je dois constater que les autres responsables pour le moment sont bien silencieux. Je le regrette et espère que cela va bouger rapidement. Cette initiative sur ADP peut être le prélude à un vaste dialogue entre tous les souverainistes, sans renoncer à nos sensibilités propres.
Vous semblez bien optimiste ! Ne croyez-vous pas Emmanuel Macron déjà réélu en 2022?
Je ne suis pas du tout optimiste. Je pense qu’aujourd’hui effectivement Macron est totalement réélu! Il écrit le scénario, choisit les personnages et figurants et dessine la pièce de théâtre. C’est le metteur en scène. On peut le laisser dérouler son plan jusqu’en 2022 sans accrocs ou bien au contraire décider ensemble de réagir!
En matière de communautarisme comme d’immigration, il faut défendre la laïcité, mais fondamentalement rien n’est possible sans souveraineté nationale!
Face à Macron, candidat en 2022, parvenu à fédérer autour de lui tous les libéraux de gauche et de droite, il faut que les patriotes au sens le plus large soient capables de se parler, et sûrement de proposer des initiatives communes.
Aujourd’hui, Marine Le Pen a récupéré la colère des gilets jaunes tandis que le congrès de la droite auquel participait Marion Maréchal a été un échec, ou du moins un événement sans lendemain. Dans ce contexte, ne regrettez-vous pas votre départ du RN?
Je crois que personne n’a capté la colère des gilets jaunes ! J’ai été très honnête. Le RIC figure au point 2 de la charte des Patriotes publiée un an avant les gilets jaunes, je ne peux pas être suspecté de « récupération ». J’ai dit aux gilets jaunes : « vous défendez le pouvoir d’achat et la démocratie directe, mais tout ce que vous demandez est impossible sans souveraineté nationale ». Les gilets jaunes c’est une crise de souveraineté. C’est un peuple qui crie dans le désert. Cela dure depuis des années certes, mais en allant dans des manifestations et sur les ronds-points, ils ont crié un peu plus fort que d’habitude. Les gens ont raison d’être énervés. La question est de savoir comment leur répondre concrètement? Un État qui n’a pas de souveraineté ne peut pas le faire, c’est tout le problème!
La bonne performance du RN aux dernières européennes (23%) est néanmoins inférieure à 2014 où le FN avait fait 25%. Cela reste un bon score mais il n’y a pas de dynamique particulière. Pour ma part, je suis déçu du score des Patriotes. Mais nous étions montés à 3% dans les sondages, une performance pour un tout jeune mouvement, c’était avant que Macron n’organise via ses prises de parole dans les médias une sorte de « référendum » sur sa personne face au RN. Résultat, le sujet européen n’a pas été abordé en fin de campagne et nous avons logiquement décliné.
Le RN disait que s’il arrivait en tête, Macron serait contraint de renoncer à sa politique et que l’on pourrait réformer l’Europe de l’intérieur. Faisons le bilan six mois plus tard. Est-ce que Macron a renoncé à sa politique? Il n’a jamais été aussi rapide sur ses réformes: les retraites, l’assurance chômage… Tout avance comme il l’avait prévu! Est-ce que l’Europe est réformée de l’intérieur? Non plus. Et il y a moins d’alliés au pouvoir pour le RN en Europe, Salvini et le FPÖ en Autriche ne sont plus au gouvernement. Ils n’ont rien obtenu au parlement européen. Notez que je ne les blâme même pas, ils ne peuvent rien obtenir. Je dis juste qu’ils le savaient au moment de la campagne électorale et qu’ils ne l’ont pas dit aux électeurs… L’Europe ne se modifie pas comme cela, elle se modifie à l’unanimité des 27 ou 28 Etats ! Donc on en sort ou on y reste. Et si on y reste, on applique tout. C’est aussi simple que cela.
Les Anglais ne s’en sortent pas avec le Brexit, alors qu’ils n’ont une frontière terrestre qu’avec l’Irlande et qu’ils ont gardé leur monnaie. Quelle est votre analyse, alors qu’on apprend que le Brexit n’aura finalement pas lieu le 31 octobre, et alors que le référendum remonte à il y a 3 ans ? Le Frexit est-il vraiment souhaitable, alors que nous avons nous l’euro et de nombreuses frontières?
Le Brexit n’est pas une pagaille en soi. En réalité il est en train de se faire concrètement. Moscovici par exemple annonçait avant-hier qu’il n’y aurait finalement aucune file d’attente à Calais pour les transporteurs routiers, il a suffi de trouver un accord technique pour cela, alors que pendant trois ans, on nous a parlé de kilomètres de bouchons… Le Brexit n’est pas un problème technique, même s’il y a du boulot, mais on sait faire. Et on saurait faire le Frexit. Mais c’est une pagaille politicienne organisée par ceux qui ont refusé depuis le départ le verdict des urnes. D’abord avec Theresa May, qui était Premier Ministre sans être « brexiter » – c’est réglé désormais avec Boris Johnson qui l’est – ensuite avec la majorité parlementaire qui n’est pas favorable au Brexit depuis le début. Il y a à la Chambre des communes une majorité anti-Brexit. On parle d’élections législatives anticipées début décembre, cela réglerait sûrement le problème, enfin, avec un Premier ministre brexiter et une majorité qui le serait également.
L’Union européenne a la trouille. Quand le Brexit aura eu lieu, on fera le bilan économique et social assez vite et il sera positif !
En tout cas, je constate déjà que depuis trois ans on nous annonce l’apocalypse et qu’elle n’a pas eu lieu. Quand dans deux ou trois ans, on verra que les Anglais ont restauré une démocratie, nous constaterons que quand les gens votent, cela sert de nouveau à quelque chose, et cela donnera des idées à d’autres peuples. Je suis optimiste, Johnson est malin et très déterminé, le Brexit va avoir lieu rapidement désormais, même si cela reste compliqué car il a toute l’oligarchie contre lui. En France, lorsque l’on tirera les enseignements du Brexit, les positions floues du type France insoumise ou RN nouvelle version ne seront plus possibles. Rester de l’UE ou en sortir, il faudra choisir et se positionner clairement.
Si ce débat redevient central, et si le Front national revient sur ses positions, est-ce que vous seriez tenté d’y retourner?
Si le RN redevient souverainiste et traite à nouveau sérieusement la question sociale tout en affirmant clairement son caractère républicain, j’en serai ravi. Mais déjà parlons-nous malgré nos différences! Parlons avec Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, et des intellectuels comme Emmanuel Todd ou Michel Houellebecq ! Vu la situation de la France, les souverainistes ont une obligation devant l’Histoire de se parler. Chacun fait ses choix, chacun assume, mais chacun doit être responsable face à Macron.
La mairie de Forbach est votre objectif du moment. Comment allez-vous vous y prendre pour l’emporter?
Forbach doit avoir une bonne image aux yeux des Français afin de redevenir attractive. Il y a tellement d’atouts à mettre en valeur! Je suis candidat tête de liste pour la mairie. Et je suis infiniment plus disponible qu’en 2014, période à laquelle j’étais vice-président du Front national. A l’époque je devais faire la campagne de tout le monde en même temps que la mienne, aux quatre coins de la France, c’était très compliqué.
Je n’ai jamais abandonné la ville, les Forbachois le savent, j’y habite et je peux maintenant y faire toutes les réunions de quartier que je n’ai pas pu faire en 2014. J’ai un projet solide, une équipe très dynamique, ma candidature incarne le rassemblement des patriotes et de tous ceux qui veulent que ça change là-bas, et le contexte est différent car le maire sortant ne se représente pas.
Depuis l’euro, les Allemands ne viennent plus faire leurs courses chez nous et les Français vont dans les supermarchés allemands, ce qui nuit à notre commerce. Même si ce n’est pas l’enjeu d’une municipale que de gérer la monnaie, je dis aux Forbachois : « demain, si nous rétablissions la monnaie nationale, les commerces de Forbach rouvriraient. »
L’industrie de la région a été absorbée et asséchée par l’Allemagne depuis trente ans. Certains vont travailler en Allemagne. Il n’est pas anormal que des Français aillent travailler de l’autre côté de la frontière bien sûr. Mais ce qui n’est pas normal, c’est qu’il n’y ait plus du tout de boulot en France. Je veux changer ça. Je veux être volontariste pour Forbach.
Concernant le voile que portent certaines femmes, il y a la polémique sur les mères accompagnatrices scolaires. Pensez-vous comme Marine Le Pen qu’il faille interdire le voile dans l’espace public?
Il faut a minima commencer par interdire le voile dans les transports publics, l’université et évidemment pour les mères accompagnatrices. Pour moi, les sorties scolaires sont une prolongation de l’école, il n’y a pas de débat.
L’espace public, c’est une autre paire de manches. Il faudrait en effet expliquer dans ce cas qu’il faut interdire la kippa, les croix ostensibles… Cela serait sûrement perçu comme violent, brutal, liberticide. Doit-on en arriver là ? Faisons déjà les interdictions que j’évoque et aidons les chefs d’entreprise confrontés au problème du voile en leur proposant un cadre clair avant d’aller plus loin.
Je dis juste: attention, on risque de cacher la poussière sous le tapis sans agir véritablement. Le problème fondamental reste les vannes grandes ouvertes de l’immigration. Parmi cette immigration, il y a une part d’islam militant qui arrive et qui se développe ensuite sur le territoire national, notamment par le biais des conversions et du prosélytisme. Mais à la base, cela vient toujours de l’immigration massive! On peut interdire tous les voiles du monde, il faut d’abord régler ce problème migratoire! En restant dans Schengen et l’UE, si l’Allemagne accueille de nouveau demain 1 million de migrants comme il y a quelques années, on risque de nouveau d’en récupérer 300 000 sur le territoire français.
A travers le débat sur le foulard, on fait croire qu’on s’est attaqué au problème, alors qu’on n’aura rien réglé puisque les flux migratoires, qui charrient avec eux l’islam politique, continueront de plus belle.
En matière de communautarisme comme d’immigration, il faut défendre la laïcité, mais fondamentalement rien n’est possible sans souveraineté nationale car elle seule permet d’agir efficacement!
REACnROLL, la webtélé des mécontemporains, a rencontré le dessinateur Marsault pour un entretien sans langue de bois.
Causeur vous propose de lire un extrait de leur échange, que vous pouvez visionner en intégralité sur RNR.TV
REACnROLL. D’où te vient cette colère ?
Marsault. Moi comme tout le monde, sur les coups de 18-20 ans j’étais un petit peu de gauche. Pas de gauche au niveau politique spécialement, mais de gauche mentale, parce qu’on est élevés dans un système de gauche, il y a des valeurs de gauche, humanistes etc. D’ailleurs quand j’ai fait mes premiers dessins dans le Zélium, quand j’avais 21-22 ans, c’était un journal d’extrême gauche, je faisais des machins bêtement anti-patriotiques, pas de manière excessive non plus mais un petit peu, des trucs un peu anti-flics, un peu anti-FN parce que j’étais encore très très vert. J’avais pas encore ouvert les yeux, j’avais pas pris le temps de me dire “tiens, quand bidule qui est journaliste me dit un truc, est-ce que ce serait pas une grosse connerie ? Est-ce qu’elle se foutrait pas de ma gueule ?” Elle est à la télé, donc si elle dit un truc c’est forcément vrai.
Comme j’ai un peu plus de 70 de QI, à un moment je me suis mis à réfléchir, et j’ai compris, sans vouloir parler d’un complot quelconque, qu’on nous racontait quand même pas mal de saloperies, beaucoup de conneries et que ce qu’on entendait à la télé ne correspondait pas forcément à la réalité.
REACnROLL. Donc, tu fais de l’humour de droite ?
Marsault. L’humour de gauche, pour vraiment synthétiser c’est Coluche. Coluche c’est quoi ? Coluche c’est “les flics c’est de la merde, l’argent c’est de la merde, les militaires c’est de la merde, l’église c’est de la merde, l’immigration c’est génial et les patrons sont des connards”. Voilà, ça c’est l’idée générale. Ensuite, t’as l’humour de gauche-caviar, c’est à dire Desproges, que j’admire cela étant, mais t’as en plus le côté “je me fous des prolos parce qu’ils savent pas lire”. Bref, ça c’est l’humour de gauche.
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L’humour de droite c’est tout simplement ce qui va contre ça, mais humour de droite ça veut pas forcément dire humour UMP – enfin Les Républicains – ou humour Dupont-Aignan, c’est pas un humour qui est affilié à un parti. Tous les partis politiques me dégoûtent, de Mélenchon au FN. Je fais de l’humour droitard, de l’humour réac’ parce que je refuse la société dans laquelle je vis.
Je n’aime pas sous-peser chacun de mes mots avant de les prononcer, j’aime pas quand je dessine un truc me dire “merde, est-ce que je vais offenser bidule, la grosse avec les cheveux violets, l’immigré ou n’importe quoi?”
J’ai pas envie de ça, ça m’énerve cette espèce d’hygiénisation générale, d’aseptisation complète (…) Moi j’arrête pas de déraper partout, je fais des burn, je dérape dans les fossés parce que ça va deux secondes, c’est pour ça que les Français sont dépressifs et qu’ils gobent des Xanax en permanence, c’est un truc terrible, on peut quasiment plus rien dire. Et puis, quand moi je dis qu’on peut plus rien dire, on me sort toujours l’argument « Ah oui mais tu veux dire qu’en gros on ne peut plus dire du mal des juifs, des arabes ou n’importe quoi ? » Non c’est pas ça, parce qu’aujourd’hui, pour être qualifié de facho il en faut quand même très très peu.
Souviens-toi du pauvre Jean-Pierre Pernaut qui avait fait un reportage, il avait dit “Voilà on trouve des lits pour les migrants mais il y a encore des SDF dehors” ou un truc comme ça, je ne sais plus exactement. C’est vraiment la petite phrase qui passe à peu près, et c’est vrai en plus. Il s’est fait traiter de néo-nazi, la victoire d’Hitler en 33 c’était à cause de lui quasiment, et ça c’est incroyable.
Il y a une hystérie collective aujourd’hui, autour de cette aseptisation, qui est très chiante, moi ça me gonfle et je le dis. Les tenants de cette espèce d’aseptisation générale devraient commencer à faire un petit peu gaffe, au lieu de faire de la répression à tout va, parce que si les Zemmour vendent autant, si des mecs comme moi sont aussi suivis, c’est bien parce qu’il y a un souci, c’est bien parce que les gens en ont marre, et c’est pas en les traitant encore plus de fachos, en leur fermant encore plus leurs comptes Facebook et en leur mettant encore plus d’amendes que ça va s’arranger. Bien au contraire. Donc je lance un appel à ces gens-là car on est quand même deux-trois à commencer à en avoir un peu marre et il ne faudrait pas que ça dégénère.
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Bruno Durieux publie Contre l’Écologisme aux Editions de Fallois.
Il y a l’écologie d’un côté et l’écologisme de l’autre. Bruno Durieux respecte la discipline scientifique, mais dénonce la « doctrine politique qui s’approprie l’écologie », ce « gauchisme réactionnaire » qui prospère aujourd’hui sur les cendres des calamiteuses idéologies du XXème siècle. L’auteur n’est pas un spécialiste de l’écologie ; il est économiste, maire de Grignan dans la Drôme, sculpteur émérite et fut député et ancien ministre. Il a pourtant décidé de se hasarder « sur le terrain miné de l’écologie » animé par sa « passion pour la nature » et sa conviction que le succès de cette idéologie est délétère pour notre économie.
Prédicateurs de fin du monde
Pour ne pas prêter le flanc à la critique, l’homme a travaillé son sujet et c’est avec de multiples références qu’il décrit la naissance de l’écologisme et sa montée en puissance que rien ne semble pouvoir arrêter. Malgré ses délicatesses, on sent sous sa plume poindre son énervement. On a alors envie de lui dire : « respire ». Et il finit par vous écouter: il reprend son souffle pour mieux déployer son argumentation.
Durieux nous rappelle que l’écologisme s’est trompé avec la régularité d’un métronome. Le Club de Rome annonçait la fin des ressources fossiles pour l’an 2000: raté. D’autres voyaient se répandre les famines liées à l’explosion démographique: raté. Une crise mondiale de l’eau : encore raté ! Il fait bien de nous rafraichir la mémoire. Ces prédictions ont déjà 30 ou 40 ans… Le temps passe vite. L’heure n’est-elle pas venue de demander des comptes ? Désormais en tout cas, une puce nous chatouille l’oreille : que penser du « catastrophisme climatique » ?
Des technologies écartées
Non seulement les mauvaises prédictions de l’écologisme n’ont pas entamé sa crédibilité, mais il a progressivement tissé une toile immense dans laquelle l’économie de la France et de l’Europe est prise au piège. Ainsi, avec le principe de précaution « l’État est tenu d’agir sur l’incertain », « dans l’incertain pour éviter l’incertain »… « Dans une telle situation, il ne lui reste plus qu’à interdire ». L’écologisme monte si bien le risque en épingle qu’il parvient à jeter l’opprobre sur des technologies matures dont les impacts sur l’environnement sont maîtrisés et qui, pour certaines, pourraient répondre à certains enjeux écologiques : OGM, gaz de schiste, nucléaire…
Ainsi, l’Europe qui est la zone la plus influencée par l’idéologie écologiste est aussi celle dont l’économie est la moins dynamique : en réalité, elle a déjà commencé à « gouverner la décroissance ». Les graines semées par l’écologisme commencent à germer et les chefs de gouvernements, dociles métayers, ont commencé à récolter les désordres sociaux. La moisson s’annonce excellente, prévient l’auteur.
Un essai à lire
A moins que les responsables politiques, dit-il à la fin, réalisent enfin que seules les économies prospères, confiantes dans les technologies et l’innovation sont à même de réduire les nuisances environnementales. A vrai dire, Bruno Durieux chante là une comptine bien connue qui n’a jamais fait le poids face aux chants guerriers des soldats de l’apocalypse. Mais, las des campagnes militaires de l’écologisme, on a jamais été aussi disposé à l’écouter. Un essai salutaire qui tente de remettre l’église au milieu du village… à lire !
Souvent perçues comme apathiques, les forces de l’ordre sont avant tout victimes de leur hiérarchie. La France n’est pas rentrée dans la « culture de sécurité » nécessaire, le dernier attentat l’a prouvé.
Après l’attaque du terroriste islamique à la Préfecture de Police de Paris, je pose cette question, volontairement provocatrice : nos policiers seraient-ils des gnous ?
Les gnous, en Afrique, sont des animaux dotés de défenses impressionnantes et font partie de troupeaux aux dimensions elles-mêmes impressionnantes. Et pourtant souvent, pour ne pas dire à chaque fois, lorsque des prédateurs les attaquent leur seule stratégie est la fuite et évidemment celui ou ceux d’entre eux qui ont été pris par surprise isolés, sont décimés. Une fois l’alerte immédiate passée, le reste du troupeau retourne à son activité quotidienne.
Ne surtout pas sortir du rang !
Je suis donc volontairement provocateur dans ce parallèle entre les gnous dont je me moque et les forces de l’ordre que j’apprécie et respecte. Loin de moi l’idée de stigmatiser dans leur ensemble police, gendarmerie, pénitentiaire, douanes, services de renseignement de ces corps et même les pompiers, mais cette question mérite d’être posée. Ceux qui me connaissent, politiquement ou personnellement, savent que de base et sans états d’âme je soutiens les forces de l’ordre et que j’ai toujours affirmé ce soutien publiquement.
Bien sûr qu’après de telles épreuves, ces fonctionnaires ne retournent pas à leur travail quotidien sans émotion, tristesse, rancœur, rage, écœurement. Bien sûr que tous maudissent leurs chefs… tous les chefs…
Et c’est là tout le problème ! Les gnous, les vrais, n’ont pas de chefs, de hiérarchie, les hommes oui ! Et ces chefs ne sont pas seulement faits pour distribuer les rares promotions, médailles et avancements ou les sanctions, mais aussi et surtout ils sont faits pour prendre, à chaud, les bonnes décisions opérationnelles – ce qu’ils font – et pour prendre, à froid, leur cou…rage à deux mains en faisant remonter les infos de la base, du terrain – ce qu’ils ne font pas – ainsi qu’en atteste le vide sidérant du dossier professionnel du terroriste islamiste !
Pourquoi cette absence de remontée d’informations ? Pourquoi ce comportement de retour à la normale des collègues proches de l’islamiste après qu’ils ont noté des changements de comportement et des déclarations attestant de sa radicalisation ? Pourquoi une telle passivité ?
Parce que individuellement chaque agent, chaque chef ou sous-chef de base sait que chacun de ses rapports sera perçu comme une charge additionnelle de travail par le chef du dessus. Chaque auteur de rapport hésite et souvent renonce, abdique car il a la certitude d’être mal noté et de voir sa carrière et ses rémunérations bloquées si son rapport gêne, déplaît.
Veuillez baisser votre arme
Posons-nous aussi la question de savoir pourquoi les policiers de Viry-Châtillon n’ont pas fait usage de leurs armes à travers les vitres ou les portières du véhicule incendié dans lequel ils étaient volontairement bloqués par les racailles qui «voulaient griller les poulets»? Demandons-nous pourquoi des policiers que je connais d’une BAC m’ont déclaré plus craindre de coucher le soir en prison que d’être tués en opérations ?
Parce que, pour les mêmes raisons, chacun sait qu’il ne sera pas soutenu par “la hiérarchie” et qu’il sera lâché sinon lynché par “le système” ; termes génériques qui couvrent en réalité la passivité coupable des plus hauts responsables, à commencer par le premier d’entre eux, le ministre de l’Intérieur suivi immédiatement du secrétaire d’Etat, du préfet et des directeurs centraux.
Ce qui a été mis en évidence pour le ministère de l’Intérieur ne se limite pas à lui. Souvenons-nous du récent mouvement #PasDeVagues concernant l’Education nationale. C’est le même type de fonctionnement, fait de lâchetés et de lassitude, à tous les étages ! On ne fait pas remonter ce qui est déjà du domaine du délit aggravé et on masque ce que l’on ne peut taire en le qualifiant “d’incivilités” commises par des “jeunes”… Perversion des mots, lâcheté d’un langage creux !
Il en était de même autrefois dans l’organisation des compagnies aériennes. On s’autocensurait, on niait la réalité. C’est propre à toute organisation humaine qui croit ainsi se protéger. Mais la pression du nombre de morts inexpliquées dans des accidents aériens inexplicables a eu deux effets. La mise en place d’équipements automatisés de surveillance et d’enregistrement de paramètres, les fameuses boîtes noires (en réalité orange fluo) et l’instauration d’un système de remontée d’informations performant, assorti de la non-punition de tout signalement spontané et volontaire d’une erreur commise lors de l’exécution de la mission. Ne nous y trompons pas ; il ne s’agit pas là de délation mais de la communication de faits commis par soi-même ou son équipe qui seraient autrement restés cachés et porteurs de menaces pour le futur.
Toutes les organisations performantes intègrent cette « culture de la sécurité ». Il est anormal et inadmissible que des ministères aussi importants que ceux de l’Intérieur et de l’Education nationale ne soient pas dotés de structures dédiées à cette culture de sécurité.
En fait, loin de se limiter à deux ministères, un tel système doit impérativement être mis en place dans toutes les administrations sensibles pour ne plus laisser invisibles les signaux faibles.
Ensuite, concernant les rapports de l’autorité judiciaire avec les forces de l’ordre dans leur ensemble, il faudra une prise de conscience douloureuse et un changement de comportement radical des juges qui ne devront plus se considérer comme les uniques et ultimes garants du “système” mais comme des membres à parts égales d’une équipe globale au service de la sécurité de tous. Cette sécurité étant la toute première des libertés à garantir au citoyen !
Et si l’on prenait des mesures adaptées ?
C’est aussi pourquoi il faudra revoir la politique d’usage des armes létales mises à disposition des agents de l’Etat. Il est urgent que le législateur instaure une “présomption de légitime usage” qui renverse la charge de la preuve.
A ce sujet, existe aux Etats-Unis la règle dite des « 21 pieds », “the 21 feet rule”, communément admise par la population américaine et transmise lors des formations des policiers comme une règle à mise en œuvre impérative. Cette règle instaure une bulle de sécurité de 21 pieds (environ 6,4 mètres) autour du policier en action sur le terrain destinée à le protéger en autorisant le tir à vue afin de parer à toute potentialité d’attaque de proximité avec une arme autre qu’une arme à feu.
Il ne s’agira évidemment pas de couvrir ou de légaliser par avance ce que l’on appelle les “bavures policières” lesquelles continueront comme actuellement de faire l’objet d’investigations et le cas échéant de sanctions, mais bien de faire comprendre à tous, citoyens respectueux de la vie humaine et de la Loi comme criminels et délinquants, qu’un dépositaire de l’autorité publique doit être respecté et obéi.
Un agent assermenté de l’Etat, disposant d’une arme létale, n’est pas un citoyen ordinaire. La loi concernant ses moyens d’action et d’emploi de la force, y compris létale, ne peut être la loi ordinaire commune. Elle doit être amendée pour que le fonctionnaire puisse mener à bien sa mission à moindre risque pour lui-même et les tiers tout en étant plus efficace.
La fracture sécuritaire de notre société est là! La négation de la menace, le déni quasi permanent du caractère terroriste et communautariste des attaques n’est plus une option.
Au chef de l’Etat actuel et à ses successeurs de le comprendre et de prendre, face à la radicalisation de certains, les mesures radicales qui s’imposent.
Il a déclaré sur RFI: « Si j’étais Jean-Michel Blanquer, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93 ».
Yassine Belattar a suscité mardi une polémique certes microscopique mais néanmoins révélatrice. Interrogé sur RFI, l’humoriste, animateur et militant en a profité pour prodiguer une leçon de maintien à Jean-Michel Blanquer, coupable de penser que, si le voile islamique est légal, il n’est pas souhaitable dans la société. « On a un ministre de l’Education qui n’est pas éduqué… J’aimerais savoir de quel droit, maintenant, il rentre sur des notions de vivre-ensemble?» a-t-il demandé. Avant de lâcher : « Si j’étais lui, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93». Phrase qui, non seulement, ressemble fortement à une menace, mais laisse penser que la Seine Saint-Denis échapperait à l’ordre républicain. Il faut préciser que, quelques minutes plus tard, quand le journaliste lui demande si Blanquer serait en danger en Seine Saint-Denis, Belattar temporise: « Je ne dirais pas ça, j’ai déjà assez de problèmes comme ça».
Belattar ta gueule à la recré
Les gens qui profèrent des âneries ou des insultes, y compris à l’adresse du président ou des ministres, sont légion. Les roulages de mécanique de Belattar n’auraient aucun intérêt s’il ne s’était pas vanté longtemps de sa proximité avec Emmanuel Macron qu’il appelait « mon frère » – quand il parlait de lui. Le comique a rencontré le futur chef de l’Etat en 2010 à l’Institut Montaigne et lui a vendu sa supposée influence en banlieue, où il rêve de devenir le nouveau Jamel Debbouze – sans en avoir le talent. « Notre pouvoir d’immersion dans les banlieues est avéré. Je ne suis pas un institutionnel, je peux me rendre dans n’importe quelle cité » disait-il alors. Tout en prétendant que les territoires perdus étaient un fantasme raciste.
En mars 2018, Macron nomme Belattar au Conseil présidentiel des villes, instance composée d’associatifs, supposée l’assister dans la politique de la Ville, qui concerne les « quartiers sensibles ». Il en a démissionné jeudi dernier en pleine polémique sur le voile pendant les sorties scolaires. Dans une lettre ouverte à Macron, publiée par Libération, il parle d’un contexte qui rappelle « le pire passé » – revoilà les heures les plus sombres – et conclut tout en finesse qu’il faudrait « légaliser les musulmans avant de légaliser la marijuana ».
Un non-évènement?
Commentant sa démission, Valeurs actuelles résume : un non-événement pour un non-bilan. En effet. Mais la vogue passée de Belattar témoigne au minimum d’un manque de discernement du président et plus probablement de ses errements idéologiques sur les questions ayant trait à l’intégration et à l’islam politique. Dans la catégorie jeune espoir « issu de la diversité » comme on dit pudiquement, Alexandre Benalla est plus sympathique, plus talentueux. Et plus poli. Quand il pète un câble, ce n’est pas contre un ministre qui dit des choses ne lui revenant pas, mais contre des manifestants qui s’en prennent à la police. C’est plus excusable.
Yassine Belattar (qui est mis en examen pour menaces de mort) contribue à importer en politique les manières des racailles. Il ne faut « pas confondre la haine des femmes voilées et la critique du voile », écrivait récemment dans Le Monde le sociologue Manuel Boucher. Insensible à cette distinction entre la critique et l’insulte, le voyou réagit à tout désaccord, toute remarque, par des injures et des menaces. Belattar pense que les propos de Blanquer sont une insulte « pour toute une frange de professeurs ». Il réplique comme il le ferait s’il tenait les murs dans une cité.
Les djihadistes, ces « gamins qui foutent le bordel »
Dans un registre proche, on pense à Danièle Obono qui, dans un tweet récent épinglé par Laurent Bouvet, écrivait, à propos du Premier ministre (et de la SNCF, me semble-t-il) : « Il a le seum, le keum » (ce qui signifie « le mec est en colère »). Peut-être faudrait-il annoncer à l’honorable représentante que les habitants de nos banlieues parlent français.
Non content de se comporter à l’occasion comme un caïd, Belattar, parti de l’antiracisme gentillet, est aujourd’hui idéologiquement, proche des indigénistes, c’est-à-dire crypto-islamiste. En 2015, il animait le gala du CCIF et posait complaisamment avec Tariq Ramadan. Il y a peu, il appelait à «aller récupérer les «djihadistes français», qu’il comparait à «des gamins qui foutent le bordel à un anniversaire». Il prétend défendre « les musulmans », mais il ne parle en réalité qu’au nom de la frange perméable à l’islam politique. Du reste, c’est sans doute autant son analyse du marché que ses convictions qui l’ont conduit à ce positionnement: Belattar est ce que les chercheurs appellent un entrepreneur identitaire.
Oublions Belattar et aidons la majorité silencieuse
Pourquoi choisir un tel personnage comme émissaire dans les banlieues ? C’est insulter les habitants de ces quartiers que de penser qu’il faut flatter « les Frères » pour obtenir leur confiance. Si nos gouvernants ont besoin d’interlocuteurs, voire d’intercesseurs au sein des quartiers, qu’ils répondent aux 101 musulmans qui affirment dans Marianne que « le port du voile est le signe ostentatoire d’une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran ». Ils nous appellent à l’aide : « Soutenez les Françaises et les Français de confession ou de culture musulmane qui se battent contre cette terrible vague néoconservatrice ». On déplore souvent que la majorité silencieuse le reste bien trop. Quand elle prend la parole, il serait criminel de ne pas l’entendre.
On espère que le président saisira cette main tendue. Et que Jean-Michel Blanquer se rendra rapidement dans un établissement de Seine Saint-Denis pour rappeler à Belattar et à ceux qui pensent comme lui que la République est chez elle partout en France.
Les manifestants de Youth for Climate reprennent du service en Belgique…
C’est sous un soleil radieux que la saison des marches climatiques a redémarré en Belgique. À Bruxelles, ils étaient 15 000 à délaisser les terrasses de café ou les parcs pour déambuler en annonçant l’apocalypse climatique. Et comme les Belges ne font jamais les choses à moitié, les participants ont eu droit à la stéréo pour la bande-son : Adélaïde, porte-parole de l’association Youth for Climate au mégaphone francophone, et Anuna, son homologue flamande pour les néerlandophones.
Tant mieux s’ils sont deux pour se renvoyer l’écho ! Et c’est assumé par Youth for Climate qui affirme : « Nous devons continuer à parler du climat et à nous mobiliser si nous voulons placer l’urgence climatique au centre du débat. » Une façon d’admettre, peut-être inconsciemment, que le climat n’est pas par essence une thématique de nature à tarauder la société civile ? Que sans actions répétées et une peur bien entretenue, mais aussi et surtout encadrée dans le divertissement de masse, tout le monde resterait chez soi ?
Voici que le camp d’en face – celui des opprimés climatiques qui ont besoin d’émettre du carbone pour travailler, entretenir leur famille et faire marcher l’économie – songe aussi à se mettre en marche. Des gilets jaunes outre-Quiévrain ? La figure emblématique de la droite flamande, Jean-Marie Dedecker, menace d’enfiler une chasuble fluo pour marcher sur Bruxelles si le gouvernement fédéral adopte une taxe kilométrique. Comme si cela ne suffisait pas, le paysage associatif vient de s’enrichir d’un nouveau venu, Freesponsible, lobby qui entend relayer les attentes des 6 millions d’automobilistes belges. Ces quelques hères essaient de récupérer le modus operandi des gilets jaunes, mais ils sont loin de disposer de leur force de frappe populaire. L’avenue Louise peut dormir tranquille.
Alors que le «Russiagate» a fait pschitt, les démocrates utilisent désormais une conversation de Trump avec le Président ukrainien pour lui nuire
Ce n’est pas nouveau. Depuis son élection et même avant son investiture, une partie de la presse américaine et des élus Démocrates songeaient déjà à destituer Donald Trump. Le « Russiagate » et l’enquête du procureur Mueller ayant fait pschitt, comme aurait dit Chirac, il fallait bien trouver autre chose. L’appel téléphonique au président ukrainien aura fait l’affaire, malgré la transparence affichée par Trump – totalement inédite de la part d’un président américain – qui en a rendu le texte public.
La procédure initiée pose cependant de graves problèmes dans un régime démocratique.
D’abord, l’absence d’un vote formel de la Chambre des représentants. Cette procédure a été déclenchée par une simple déclaration à la presse de Nancy Pelosi. On ne sait donc pas quelle serait l’issue d’un vote. Certains Démocrates élus en 2018 dans des circonscriptions qui ont voté pour Donald Trump en 2016 pourraient hésiter à s’aliéner une partie de leur électorat. A cet égard, à plusieurs reprises, la Chambre des représentants a rejeté des propositions de résolutions déposées par des Démocrates demandant d’entamer une procédure de destitution. Pourquoi refuser un vote formel cette fois pour un acte aussi grave que la destitution d’un président ?
Les démocrates pensent nuire à la campagne de réélection de Trump…
Ensuite, au sein des commissions concernées, les démocrates ont choisi une procédure secrète, théoriquement à huis clos, mais en distillent les éléments qui leur conviennent à la presse, ce qui ne constitue certainement pas un procès équitable pour le président. Ses avocats devraient, par exemple, avoir la possibilité d’interroger les témoins comme ce fut le cas lors de la procédure de destitution à l’encontre de Bill Clinton.
Enfin, l’élection présidentielle aura lieu dans un an. Entamer une procédure de destitution aussi tardivement au cours du mandat présidentiel montre clairement la volonté des Démocrates de priver le peuple américain du droit de choisir librement, en jugeant le président à sa place. D’autres éléments comme l’animosité, pour ne pas dire la haine, de certains hauts fonctionnaires que le président n’a cessé de vouloir contourner, ne peuvent que renforcer le sentiment d’une cassure entre une partie du peuple – les « deplorables » d’Hillary Clinton – et le « Deep State », les élites politiques, administratives et médiatiques.
Ajoutons que le prétexte ukrainien semble bien mince. Les considérations personnelles et partisanes ont toujours influencé la politique américaine. Les grâces présidentielles sont souvent accordées pour des raisons politiques. Bill Clinton n’a pas été le moins critiqué à cet égard. La politique d’Obama à la fin de son mandat vis-à-vis d’Israël s’explique par son animosité à l’égard de Benjamin Netanyahu. A l’exception de Mitt Romney (qui, battu par Trump, a quelques raisons de lui en vouloir), aucun sénateur ne soutient à ce stade l’impeachment, ce qui montre bien son caractère partisan. C’était d’ailleurs aussi le cas pour Bill Clinton et, à l’époque, le sénateur Biden n’hésitait pas à évoquer un lynchage public.
… ils ne font que détourner l’attention…
Comme Joe Biden pourrait être l’an prochain le challenger du président, les Démocrates ont un intérêt évident à braquer les projecteurs sur Trump et non sur les turpitudes de leur propre favori à ce stade. En effet Hunter, le fils de Joe n’avait aucune expérience dans le domaine de l’énergie lorsqu’il a été nommé au conseil d’administration de Burisma en Ukraine avec un confortable revenu de 50 000 dollars par mois pour deux ou trois réunions annuelles. Il est évident que c’est sa seule qualité de fils du vice-président en fonction qui lui a valu cette faveur et ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg puisqu’il a aussi des liens avec une grande firme chinoise alors que son père était en charge des relations avec la Chine. On s’étonne que la presse américaine, si prompte à mettre sa puissance d’investigation en action, soit à ce point silencieuse sur le cas Biden. Joe n’avait-il pas publiquement déclaré que si le procureur ukrainien n’était pas relevé de ses fonctions, l’aide américaine ne serait pas déboursée ? Et certains reprochent à Trump ses « interférences» !
À quelques exceptions près, les médias américains ont perdu tout sens de l’objectivité et sont vent debout contre Donald Trump. Leur puissance de feu croisé est considérable et il n’est pas étonnant qu’une majorité du peuple américain soit désormais, selon les sondages, en faveur d’une procédure de destitution. Mais un sondage n’est pas une élection et ce n’est pas non plus une preuve du caractère régulier de la procédure. En fonction du « privilège de l’exécutif », le président peut rejeter les assignations à comparaître devant les commissions du Congrès visant des membres de son administration, ainsi que la transmission de documents confidentiels liés à l’exercice du pouvoir. En cas de conflit entre l’exécutif et le parlement, il appartiendra à la Cour suprême de trancher le différend.
… et nuisent à leur pays
La procédure de destitution a comme conséquence d’obliger la Maison-Blanche à lui consacrer un temps considérable au détriment de l’action politique. Les Démocrates n’affaiblissent pas seulement le détesté Donald Trump, mais l’institution même de la présidence et la puissance des Etats-Unis à travers le monde. On voit le profit que la Corée du Nord, la Russie ou la Chine peuvent tirer de l’affaiblissement du président américain. En n’acceptant pas le verdict populaire de 2016 et en tentant d’influencer l’élection de 2020, les Démocrates ne rendent pas service à la démocratie, à leurs institutions et à leur pays.
D’après la doxa néoféministe, les hommes gagneraient 25% de plus que les femmes. Complaisamment relayé par L’État, ce chiffre gonflé ne tient pas compte des écarts de temps de travail, de pénibilité et de productivité.
Le 6 novembre dernier à 15 h 35 très précisément, les femmes françaises ont – aux dires de notre Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les sexes – commencé à travailler « bénévolement » jusqu’à la fin de l’année 2018, puisqu’à compétences égales elles auraient été en moyenne payées « 9 à 27% de moins » que leurs collègues masculins. Dès la décennie 1990, le progressisme anglo-saxon a adopté comme coutume de marquer symboliquement chaque année la durée de travail incrémentale que les femmes auraient à consentir pour que leurs salaires équivaillent à ceux dont les hommes jouissent. Cette revendication égalitariste, parée de tous les atours de l’humanisme le mieux intentionné, s’est diffusée dans tout le monde occidental au point de devenir un programme politique et une bannière de ralliement pour un féminisme bon teint que d’aucuns se plaisent à afficher.
La première des conditions de l’hygiène étant une bonne conscience, selon les termes bien connus de Nodier, peu de voix se sont fait entendre pour questionner la doxa désormais bien établie en vertu de laquelle l’inégalité salariale serait nécessairement la résultante discriminatoire du système de domination patriarcale. Pour le gouvernement, il s’agirait même d’une « violence économique » faite aux femmes, à ajouter à la longue litanie des violences sexuelles, symboliques, routières, culturelles et sociales.
Le dessous des chiffres
La plupart des statistiques publiques sont communiquées dans leur forme réduite, c’est-à-dire au moyen d’un chiffre unique et explicite. En matière de traitement salarial, il semble en aller bien autrement, les autorités ne communiquant que des intervalles aux bornes fluctuantes selon les circonstances et les locuteurs. Pourtant, maints travaux académiques existent et tous convergent quant à leurs conclusions : si l’écart de salaires en France se situe bien autour des 25 %, c’est en analysant les données de la manière la plus « brute » qui soit, en comparant des agrégats en fait non commensurables. Il ne viendrait, normalement, à l’idée de personne de se plaindre d’un traitement discriminatoire pour avoir été payé, pour travailler à mi-temps, la moitié du salaire d’un collègue occupant un poste similaire à temps plein ; c’est pourtant ainsi que la valeur de 25% est établie, sans tenir compte des différences effectives de temps de travail. Une fois cet ajustement pris en compte, l’écart s’établit sous les 20%. Mais c’est là encore sans considérer la qualification des salariés, ainsi que les différences de secteurs professionnels et des catégories d’emplois en jeu. Après correction de ces effets, l’Insee lui-même reconnaît un écart résiduel de 9 % (dit « à compétences et postes égaux »). Voilà trivialement d’où provient la borne basse de la communication gouvernementale en matière de discrimination professionnelle.
Cependant, notre Institut national de la statistique, comme tous les autres organes de recherche sérieux ayant traité du sujet, reconnaît que ce chiffre néglige encore d’autres facteurs à même d’en relativiser la portée, au rang desquels : la pénibilité ou la dangerosité des emplois occupés (le taux de mortalité par accident du travail étant sensiblement plus élevé chez les hommes), la durée et la fréquence des interruptions de carrière (les femmes ayant en moyenne des parcours moins continus), le consentement aux mobilités externe et géographique (les hommes acceptant plus souvent cet inconfort vis-vis de leur situation familiale), voire la productivité réelle (certaines études, dont celles du Crest soulignant qu’elle puisse varier selon les genres et les secteurs d’activités). La prise en compte plus juste de telles considérations permet, sans surprise, de réduire encore un peu plus l’écart, de 9 % à moins de 4% (déjà, en 2002, un rapport d’information du Sénat indiquait cet ordre de grandeur). Autrement dit, l’inégalité salariale,telle qu’elle est revendiquée, relève autant de l‘incertitude statistique que de phénomènes problématiques de discrimination. La discrimination peut exister – nul ne le contestera – mais elle n’a rien à voir avec le système fantasmé par le progressisme sexualiste.
De si commodes inégalités
Les données relatives aux salaires d’embauche des jeunes diplômés confirment en outre qu’il n’y a en moyenne pas de traitement différencié sensible entre les hommes et les femmes pour un même métier lorsque les qualifications sont identiques. En revanche, les parcours de vie divergent ensuite et la survenue de la maternité, l’appétence au risque ou les choix subséquents d’orientation de carrière sont de nature à induire des décalages de progression en termes de salaires. Mais à y regarder de plus près, il apparaît par exemple que l’arrivée d’un premier enfant n’infléchit que peu à la baisse le taux d’activité des femmes « sans ascendance migratoire » (selon les chiffres et termes de l’Insee), alors que cela tend à éloigner durablement les immigrées et descendantes d’immigrés du marché de l’emploi, induisant de facto une baisse de rémunération chez ces dernières. Le patriarcat de l’« homme blanc » discrimine moins qu’il n’y paraît ; pourtant, c’est celui que l’on voue volontiers aux gémonies. A contrario les véritables traditionalismes machistes restent largement impensés par le féminisme accusateur contemporain.
Clamer à la moitié de sa jeunesse qu’elle est condamnée à moins bien réussir en raison de son sexe, c’est alimenter une opposition catégorielle aussi insupportable que fallacieuse. La question des inégalités réelles est une chose bien trop sérieuse pour être laissée à la main de militants politiques aux raisonnements simplistes, fussent-ils en situation de responsabilité politique. Churchill admettait ne croire aux statistiques que lorsqu’il les avait lui-même manipulées ; notre gouvernement, lui, ne se prive pas d’établir des politiques publiques sur ces fondements instables, instaurant des indicateurs d’égalité, promettant de multiplier contrôles et sanctions, menaçant de pratiquer le « name and shame » à l’encontre des entreprises les moins disciplinées. La mesure et la raison attendront une fois de plus, tant que les périls inégalitaires guetteront.
Comme ce n’est pas tous les jours que vous tombe entre les mains un excellent livre, ne boudons pas notre plaisir : Filmer la légende est un très bon livre, que tout amateur d’Histoire / de cinéma / des Etats-Unis, ou des trois à la fois, se doit d’avoir lu et de conserver dans sa bibliothèque, au gré des bobines que vous verrez ou reverrez.
Le titre, bien sûr, est une fine allusion à ce que j’ai appelé déjà le Principe de Liberty Valance, tel qu’il est formulé par John Ford en 1962 : « This is the West, Sir. When the legend becomes fact, print the legend » ou plutôt, expliquent Florence Arié et Alain Korkos, faisons un film.
Il était une fois le cinéma…
C’est que les Etats-Unis sont un pays jeune, qui ne s’appuie sur les épaules d’aucun géant incontournable — les Pères fondateurs ont tout au plus 250 ans, des jeunots à l’échelle historique européenne, où nous comptons en millénaires. Exit donc la littérature : quand on n’a rien de plus vieux que la Constitution (1776) à se mettre sous la dent, on n’est pas pris au sérieux chez les archivistes. Exit aussi la peinture, dont l’Europe (et la France particulièrement) a fait un support magnifique pour entériner ses légendes et construire quelque « roman national » qui faisait se pâmer d’aise Mallet & Isaac, et fulminer Laurence de Cock et autres révisionnistes multi-culturalistes. Voir, parmi mille autres, les Dernières cartouches — ou la guerre de 1870 revue et corrigée par Alphonse de Neuville.
Quand on pense que ce fut, un temps, le tableau le plus cher jamais vendu en France…
Côté tableaux, quand on n’a à se mettre sous la dent que Robert J. Onderdonk pour la Chute d’Alamo ou Frederic Remington pour la marche de Coronado vers le Nord on est un peu démuni. Un grand peintre américain comme Thomas Cole a préféré, pour décorer la Société d’Histoire de New York (à l’angle de la 77e Rue et de Central Park West), représenter le même paysage de convention, très nettement romanisé, pour symboliser « le Destin des empires ».
C’est que l’Amérique, comme l’explique très bien le livre, c’est l’espace.
Reste donc le cinéma, pour s’approprier justement l’espace, et pour bâtir la légende d’un pays peuplé de gens qui, initialement, ne devaient pas savoir lire autre chose que leur Bible. Lorsque sort le premier western, The Great train Robbery, en 1903, la conquête de l’Ouest se termine à peine, la « frontière » (excellentes remarques dans le bouquin sur la façon dont certains présidents US très contemporains ont su jouer avec ce mythe si ingénieusement composé par des nanars jadis spectaculaires et aujourd’hui invisibles comme la Conquête de l’Ouest) est à peine atteinte, et la Horde sauvage, qui va mourir en 1913 dans les soubresauts du Mexique de Pancho Villa, n’en est qu’à ses premiers exploits — et tout le monde sait ici l’amour immodéré que je porte au film de Peckinpah.
Une véritable rétrospective
Le livre est bâti sur la chronologie historique, et à chaque chapitre les films qui ont utilisé ce segment d’Histoire, et l’ont recomposé d’un bout à l’autre en mentant effrontément, sont analysés en détail. Les auteurs ont pensé aux dîners en ville où les bobos aiment briller, et ils parsèment leur étude d’inserts sur tel ou tel détail peu connu qui permettra effectivement d’en mettre plein la vue à ceux qui croient que Little Big Man est l’alpha et l’oméga du western révisionniste.
Parce que — et c’est là que ça devient passionnant — le contre-discours qui se tient à partir des années 1950 (disons avec la Flèche brisée, ce si beau film de Delmer Daves avec une Indienne aux yeux bleus nommé Debra Paget — coupable de « redface », selon les critères contemporains) est lui aussi une fabrique de l’Histoire, tout aussi tendancielle que la précédente, qu’elle prétend …
Avec leurs blagues potaches, les jeunes journalistes membres de la Ligue du LOL ont plus péché par mauvais goût que par sexisme. Si le tribunal numérique les a condamnés à la mort sociale, la vérité se dévoile peu à peu.
C’est La lettre écarlate à l’ère numérique, La Plaisanterie dans la twittosphère, Le Procès à la sauce MeToo. On voudrait avoir une once du talent de Hawthorne, Kundera ou Kafka (ou de Philip Roth, bien sûr) pour raconter la chasse aux sorcières modernes, connue comme l’affaire de la « Ligue du LOL », qui a passionné notre république des médias durant quelques semaines à partir de février 2019 – jusqu’à ce que la machine à dénoncer se trouve d’autres cibles. Faute de quoi, il faut au moins essayer de comprendre comment nous avons tous ou presque avalé un gigantesque bobard, une légende hollywoodienne de gentils et de méchants, ou plutôt de gentilles et de méchants, pour la bonne raison qu’elle s’intégrait parfaitement au grand récit néoféministe qui, depuis la vague MeToo, a acquis le statut de vérité officielle. Et aussi un peu pour la mauvaise que les têtes qui tombaient appartenaient au camp des redresseurs des torts. De plus, comme dans les procès staliniens, la plupart des accusés avaient, sous la pression, reconnu leur crime et demandé pardon. « J’en étais arrivé à penser que je m’étais vraiment comporté comme le pire des salauds », confie l’un d’eux. Tous ont connu des périodes de marasme épouvantable traversées d’envies suicidaires. La plupart remontent la pente, délestés de quelques illusions et de pas mal d’espoirs.
Une rumeur d’Orléans
L’histoire de la Ligue du LOL est celle d’un lynchage médiatique parfaitement réussi, d’un emballement collectif qui, conformément au scénario décrit par René Girard, aboutit au bannissement de quelques boucs émissaires autour desquels la communauté des journalistes se réconcilie. Le Parti se renforce en s’épurant. Le 5 septembre, l’historien Nicolas Lebourg, qui tient tribune sur Mediapart, écrit sur Twitter à propos de cette histoire : « La Ligue du LOL est une rumeur d’Orléans. Rien ne tient, hormis le signe d’avoir envie de carboniser des journalistes plutôt connotés à gauche, c’est cela le fait sociologique, non l’histoire de bric et de broc qui a été vendue. » L’une des spécificités de cette affaire est en effet qu’elle se déroule à l’intérieur du monde médiatique où elle alimente la fièvre épuratrice drapée dans le combat féministe. Toutefois, contrairement à ce que laisse entendre Lebourg, il ne s’agit pas d’une odieuse manœuvre de droite, mais d’une crise interne aux médias de gauche et même dans un premier temps, au petit monde des journalistes qui voulaient être les explorateurs et les défricheurs du nouveau monde numérique. Il est vrai que, du Figaro à Causeur, on a d’abord trouvé amusant de voir des journalistes des Inrocks et de Libération essuyer un peu de la boue dont leurs journaux respectifs arrosent volontiers leurs adversaires, déclarés nauséabonds à longueur de pages. L’amusement a vite cédé la place à l’effroi. Même des hommes de gauche ont droit à la justice.
Pour monter cette magnifique omelette, il a bien fallu casser quelques œufs, en l’occurrence les 14 personnes, journalistes, blogueurs et communicants qui y ont perdu, en plus de leur santé, de leur honneur et de leur joie de vivre, leur boulot et peut-être tout espoir d’en retrouver dans leur domaine. Les arrêts du Tribunal numérique sont insusceptibles de recours et s’appliquent sans limites de temps ni d’espace. Ce tissu de mensonges a en effet rencontré un écho planétaire, de sorte que, si vous tapez le nom des principaux protagonistes sur un moteur de recherche, vous trouverez des centaines d’articles et de vidéos affirmant qu’il a fait partie d’une bande de harceleurs dont la principale activité était d’humilier et de persécuter d’innocentes et pures demoiselles. Les accusés-condamnés ne peuvent même pas espérer une réhabilitation de la Justice puisque, malgré l’ampleur du scandale, à notre connaissance, aucune instruction n’a été ouverte, aucune procédure engagée – sinon par eux devant les prud’hommes. Pour eux, ce sera médias partout et justice nulle part.
Libération ouvre le feu
Le battement d’aile de papillon qui a déclenché ce jeu de massacre est peut-être un propos de Vincent Glad, l’homme qui, dans les médias du monde entier, sera ensuite désigné comme le marionnettiste secret, le chef d’orchestre maléfique de tous les dérapages, agressions et blagues de potache qui étaient le quotidien de Twitter entre 2009 et 2014, période durant laquelle se sont produits la majorité des faits incriminés. Le 5 février, Glad donne un entretien au Vent se lève, un site proche de la France insoumise, à propos de son traitement des gilets jaunes dans Libé, tenu pour une référence par une partie de la profession. En réaction, le journaliste indépendant Thomas Messias ironise sur Twitter en raillant « le journaliste modèle qui joue les exemples après s’être bien amusé au sein de meutes de harceleurs de féministes ». On ne boudera pas le plaisir de citer l’un des rares tweets, daté du 22 février 2013, qui ait survécu au grand ménage que Messias a très vite mené sur son propre compte : « Baiser Audrey Lamy. Faire un trou dans un mur et y fourrer sa quine. #César2013. » On ne comprend pas tout, mais à l’évidence, ce n’est pas très raffiné. Les tweets outranciers émanant de victimes autoproclamées ne manquent pas, mais ils n’intéressent pas les médias pourtant passionnés par l’affaire. En tout cas, certaines de ces victimes ont la mémoire courte. À moins qu’avec un sens consommé de l’opportunité elles n’aient simplement sauté dans le train en marche.
Trois jours plus tard, le vendredi 8 février, ce sont les « fact-checkers » de Libération qui ouvrent véritablement le feu – que cette déroute du journalisme ait été initiée par les prétendus gardiens de la vérité ne laisse pas d’être savoureux. L’article est titré : « La Ligue du LOL a-t-elle vraiment existé et harcelé des féministes sur les réseaux sociaux ? » Que ce groupe ait existé, personne ne le nie. Cela ne suffit pas à démontrer qu’il est à l’origine de toutes les infamies qu’on lui impute. « Toutes les victimes le reconnaissent : dix ans après, les preuves manquent », peut-on lire dans l’article. On ne va pas s’arrêter à ce détail.
« Notre affaire Wenstein », selon le Monde
La mécanique est lancée. C’est un déferlement. « La ligue du LOL sera notre affaire Weinstein », pronostique Michel Guerrin dans Le Monde. On a des victimes qui se racontent dans tous les médias, il faut des coupables. En quelques jours, le storytelling est établi : une bande de cyberharceleurs se cachait dans la presse de gauche. Et c’est grâce à leurs méfaits qu’ils ont obtenu des postes dans des journaux prestigieux notamment à Libération et aux Inrocks (amusant, comme ces jeunes-turcs du digital sont sensibles au prestige de la vieille presse). « La Ligue du LOL est devenue la boîte noire, l’endroit où étaient pensés et conçus tous les mauvais coups commis sur Twitter », affirme l’un des journalistes congédiés. Marie-Claire évoque la « mécanique pernicieuse et persistante de l’esprit “boys club” », Numerama parle d’une « machine à broyer les femmes ». En attendant, ce sont les membres du cénacle maudit qui vont être broyés.
En quelques jours, la Ligue du LOL est chargée de tous les péchés d’internet. L’ennui, c’est que la Ligue du LOL n’existe pas – en tout cas pas comme personne morale ou physique qui pourrait se défendre dans les médias ou intenter des procès en diffamation. Elle n’a jamais rien fait, pensé ou dit puisqu’il s’agit d’un groupe privé Facebook, créé en octobre 2010 par Glad « pour rassembler la crème de l’humour en ligne » ; un lieu d’échanges, qui par définition n’a pas la capacité d’insulter ni d’ailleurs d’émettre le moindre message. Pour l’auteur anonyme d’un texte intitulé « La fabrique des trente salauds [tooltips content= »1 « Ligue du LOL : la fabrique des trente salauds », Medium, 20 juin 2019″](1)[/tooltips] » et publié sous forme de tribune sur internet, c’était « une bande de petits cons qui se moquaient de tout le monde ou presque sur le Twitter de l’époque ». Alexandre Hervaud, membre du groupe alors journaliste à Libération, renchérit auprès de ses collègues vérificateurs : « On y faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu, il n’y a jamais eu, à l’intérieur de ce groupe, d’obsession antiféministe. On se moquait de tout, et de tout le monde. » Oui, mais se moquer c’est mal.
Twitter, une planète étrange
La twittosphère des débuts, entre 2009 et 2014 environ, tient à la fois de la cour d’école maternelle et du Far West. Beaucoup s’insultent, tout le monde se bagarre (on dit « se clasher ») et cela ne semble choquer personne. « J’en prenais plein la gueule aussi, déclare Glad aux fact-checkers. C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considérerait ça comme du harcèlement. » Et comme dans toute cour de récré, il y a des reines du bal, qui sont plutôt des rois, et des souffre-douleur. Tous les coups sont permis, de la blague de potache à l’agression en bande organisée. Ce n’est pas une excuse, dira-t-on. Un peu tout de même, dès lors que certaines des harcelées étaient aussi des harceleuses. Les échanges entre Capucine Piot, alors blogueuse mode, et la militante Daria Marx sont assez éclairants. La première, qui a effectivement reçu des tombereaux d’injures et de remarques désobligeantes sur son physique, au point qu’elle a préféré quitter le journalisme, traitait volontiers la seconde de grosse vache et autres amabilités. Quant à Marx, qui dit avoir payé son juste combat contre la grossophobie de mille tourments infligés par les loleurs, elle a effacé 2 000 messages, mais des archéologues opiniâtres en ont exhumé quelques-uns comme ce bijou de distinction adressé aux « putes à blacks » (sic) : « Connasses, pouffiasses, unissez-vous parce qu’on est plein à vous détester, à avoir envie de vous tabasser, à vous envoyer en camp de rééducation en Slovénie, vous voir gratter des montagnes de patates crues avec vos ongles niqués, vous filmer en train de chier dans la neige le cul dans les orties, ça ferait une putain de télé-réalité, je serai la kapo de cette belle assemblée, je te ferai tellement trimer que tu chialeras. » On admettra que ses airs outragés sonnent légèrement faux.
Cette planète étrange, dont les habitants peuvent penser que leur vie est foutue parce qu’on se paie leur tête sur Twitter, est aussi un monde très compétitif où chacun espère alors sortir du lot et mettre un pied dans une grande rédaction. Il arrive d’ailleurs que victimes et bourreaux supposés se coalisent contre les vieux du web 2.0. Reste que, derrière la chasse à l’homme, il y a aussi la revanche des médiocres ou des malchanceux sur quelques jeunes gens ingénieux, amusants et rouleurs de mécaniques dont la réussite insolente et la capacité de séduction, sans doute conjuguées à un comportement imbuvable, ont peut-être fait des envieux, comme le reconnaît Vincent Glad, toujours dans le premier article de Libération : « Nous étions influents, et c’est vrai que si on critiquait quelqu’un, ça pouvait prendre beaucoup d’ampleur. Il y avait beaucoup de fascination autour de nous, on était un peu les caïds de Twitter. » Avoir été une tête à claques, ça mérite perpète ?
Les têtes tombent alors que l’existence de la Ligue du LOL n’est pas avérée
Les loleurs ne forment même pas une bande de copains : malgré leurs efforts, les limiers lancés à leurs trousses ont déniché une seule photo, prise au cours d’une fête organisée par Le Mouv, où on en voit certains poser ensemble. Il est avéré que certains des membres du groupe ont déjà proféré des injures, soit sur leurs propres comptes, soit sur des comptes anonymes comme @foutlamerde, qui était géré en partie par Vincent Glad. Du coup, on a collé sur le dos de ce dernier tous les tweets haineux exhumés par les uns ou les autres, par exemple ceux du compte @Languedeuxpute qui a pourtant fait savoir qu’il n’avait rien à voir avec Ligue du LOL. L’auteur de « La fabrique des trente salauds » résume : « Prenez 30 personnes, désignez-les comme des salauds, enquêtez sur toutes leurs publications sur internet pendant dix ans et faites rejaillir chacun des tweets condamnables des uns sur les autres, et vous obtiendrez la démonstration de votre hypothèse : oui, ce sont bien des salauds. […] On a fabriqué un coupable idéal […]. La Ligue du LOL est devenue une clé explicative de toutes les vagues de haine sur Twitter. »
Parmi les dizaines de journalistes qui ont traité l’affaire et émis des opinions péremptoires, aucun n’a pu produire un seul des messages échangés à l’intérieur de la Ligue du LOL. On ne sait pas avec précision qui en a fait partie. Dès le 9 février, alors que Twitter, en ébullition, réclame des têtes, une liste partielle – expurgée notamment de plusieurs noms de femmes qui juraient avec le récit du boy’s club – est publiée anonymement sur le site Pastebin, puis reprise sur son compte Twitter durant deux heures par le blogueur Matthias Jambon-Puillet qui raconte, sur le site collaboratif Medium, avoir subi « des insultes anonymes, des “enregistrements sarcastiques”, des photomontages dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs ». Il dit peut-être vrai. Encore faudrait-il savoir qui sont les auteurs de ces méfaits, puisque cela ne peut pas être la Ligue du LOL en tant que telle. Quitte à dénoncer, il serait encore préférable d’affecter chaque faute à une personne plutôt que de prononcer une condamnation collective.
Or, c’est, semble-t-il, sur la base de cette liste que seront décidés certains des licenciements. Les têtes tombent très vite. Dès le lundi 11 février, Libération annonce la mise à pied de Hervaud et de Glad, tandis qu’aux Inrocks, le rédacteur en chef David Doucet et son adjoint connaissent le même sort. Dans la foulée, Stephen des Aulnois, rédacteur en chef du « site de culture pornographique » Le Tag parfait présente des excuses publiques et annonce sa démission.
La ruse totalitaire est de convaincre l’accusé de sa propre culpabilité. Pendant le week-end, Vincent Glad et David Doucet ont également fait acte de contrition. « J’ai créé un monstre », écrit Glad dans un texte assez piteux où il se repent d’un tweet de 2012 où il ironisait sur la culture du viol – qui est, semble-t-il, l’un des éléments les plus lourds de son dossier. Fini de rigoler. Glad récite sa profession de foi féministe. On peut trouver ça ridicule ou désolant, mais il faut essayer de se figurer ce qu’on éprouve quand on devient du jour au lendemain un ennemi public et un paria, que ceux qui la veillent vous flattaient vous crachent au visage. Twitter se régale : tant mieux, qu’ils sachent ce que ça fait ! En vérité, aucune victime de harcèlement numérique n’a subi un pilonnage d’une telle intensité.
Il faut s’arrêter un instant sur le cas de David Doucet, qui a fréquenté la Ligue du LOL pendant deux ans alors qu’il débutait dans le métier. Lorsque l’affaire éclate, il est serein. Dans son souvenir, il n’a jamais rien commis de répréhensible. D’ailleurs, par la suite, personne ne lui reprochera le moindre tweet désagréable. Son truc à lui, c’était les blagues innocentes et pas toujours très subtiles. Il créait aussi de faux comptes se moquant gentiment de people. Depuis, il a fait son chemin, jusqu’à obtenir cette place convoitée de rédacteur en chef aux Inrocks. Et voilà que, dans l’effervescence numérique suscitée par l’article de Check News, un épisode oublié remonte à la surface, un canular téléphonique dans lequel, en mai 2013, il se faisait passer pour le producteur Laurent Bon (fondateur du « Petit Journal ») auprès d’une jeune journaliste qui rêvait elle aussi de se faire sa place dans ce nouveau monde. La blague, dépourvue de toute allusion graveleuse ou sexuelle, était donc plutôt de mauvais goût. Elle n’en a pas moins été relayée à l’époque par le rédacteur en chef de la jeune femme et par le compte Twitter de l’émission « Le Vinvinteur », « un programme de vulgarisation des contre-cultures issues d’internet » diffusé sur France 5, dont elle était la responsable digitale. Six ans plus tard, elle se répand pourtant sur le tort que lui a causé ce canular. Comme Glad, Doucet, en état de sidération, finit par se voir tel qu’on le décrit. Le 10 décembre, à 2 heures du matin, il publie son autocritique, dénonçant la « dégueulasserie » de son geste et affirmant se compter « parmi les bourreaux ». Et, bien sûr, il demande pardon à sa victime. Laquelle réplique en substance : c’est très bien, maintenant, j’attends que tu démissionnes et que tu laisses ta place à une candidature féministe. Deux jours plus tard, il est dehors. Il sera effectivement remplacé par une candidate féministe. Mais la révolution n’arrête jamais de dévorer ses enfants. Fin août, Élisabeth Laborde, la patronne des Inrocks qui l’a viré, est à son tour débarquée. Elle crie au machisme, mais il se murmure que sa disgrâce aurait quelque chose à voir avec sa gestion désastreuse de l’affaire.
À l’exception d’Alexandre Hervaud, qui plaide sa cause pied à pied – il a obtenu que son nom soit retiré d’un article de Slate après que le témoignage d’une de ses accusatrices s’est révélé mensonger – et continue à s’agiter sur Twitter, les mis en cause, comme on dit dans les commissariats, ont choisi de se taire, comme s’ils savaient que toute défense serait inaudible. Pourtant, le vent commence à tourner. Comme souvent après les phases d’emballement collectif, dans les rédactions on a la gueule de bois et on se demande si, dans l’ivresse du moment, on n’en a pas un peu trop fait. On réalise vaguement que des jeunes gens ont été condamnés à la mort sociale pour la seule raison qu’ils avaient appartenu à un groupe virtuel de déconneurs. Il est trop tôt pour affirmer que la condamnation pour diffamation de la fondatrice de BalanceTonPorc, le 25 septembre, mettra un coup d’arrêt à la justice expéditive des réseaux sociaux. Un mois plus tôt, le 26 août, on pouvait lire cet aveu stupéfiant sur le compte Twitter de Check News, la rubrique où tout a commencé: « Il y a eu un emballement hallucinant sur ce sujet, et probablement des articles derrière critiquables. » On attend encore que nos vaillants vérificateurs daignent porter cette information à la connaissance de leurs lecteurs.
Florian Philippot appelle tous les souverainistes à se parler. Entretien avec le président des Patriotes, candidat à la mairie de Forbach.
Causeur. Votre rentrée politique me semble plutôt discrète. Pendant des années, des observateurs malveillants regrettaient de vous voir arriver en première place parmi les personnalités politiques les plus présentes dans les matinales. Est-ce difficile de présenter vos idées à une large audience désormais?
Florian Philippot. Pendant des années, j’ai bénéficié du temps de parole d’un parti politique dont j’étais le principal représentant, sans toutefois en être le président. De fait, c’est aujourd’hui très différent! Pour x raisons, j’étais le plus invité parmi les responsables du parti. Mais je restais dans une position de porte-parole, même si j’ai réussi à y faire connaître ma sensibilité et que je ne me suis certes pas contenté de diffuser des éléments de langage. Je suis arrivé au Front national par souverainisme, par conviction gaulliste, en affirmant en plus une touche sociale affirmée. Mais aujourd’hui, je construis moi-même ma propre parole. J’ai ma propre vision des choses et en tant que président des Patriotes, le temps médiatique qui m’est imparti pour le faire est forcément plus faible. Toutefois, qualitativement, ce n’est pas du tout la même chose. Je suis dans la construction de mon propre projet, celui du mouvement que je préside, alors qu’auparavant j’étais surtout une courroie de transmission, celle d’un projet qui me dépassait… et je ne gagnais pas tous les arbitrages.
Il y a dix ans, vous aviez rejoint Marine Le Pen afin d’imprimer votre ligne au Front national, excédé par l’inefficacité des petites chapelles souverainistes. En créant votre parti Les Patriotes et suite à votre échec aux Européennes, n’êtes-vous pas retombé dans les travers que vous fustigiez jadis?
Pour moi, le contrat était très simple. J’ai obtenu dès 2013 au conseil national du FN qu’on mette dans le programme officiel du parti un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne. La sortie de l’euro était déjà actée. Cela conditionnait toute la cohérence et la véracité de ce que le Front national pouvait proposer à côté, sur les sujets migratoires, sociaux, écologiques ou démocratiques. A partir du moment où ce contrat a été rompu, j’ai pris mes responsabilités, étant un homme de convictions, et je suis parti. Il a été acté après la présidentielle de 2017 qu’officiellement le FN abandonnait la sortie de l’union européenne et la sortie de l’euro. Les dernières élections européennes sont venues le confirmer. Il n’est plus question d’un référendum sur le Frexit mais d’une éventuelle réforme de la BCE… Il est question de « faire bouger » l’Union européenne… en restant dedans.
Mon initiative sur ADP peut être le prélude à un vaste dialogue entre tous les souverainistes
J’en suis navré car j’aurais aimé pour le bien de notre pays conserver une force politique telle que le FN pour faire le Frexit. Ne souhaitant pas mentir aux électeurs et leur vendre des salades sur une éventuelle réduction de l’immigration ou une augmentation du pouvoir d’achat tout en restant dans l’Union européenne, j’ai réfléchi en conscience, et j’ai créé Les Patriotes.
Ceci dit, je ne suis pas dans une logique boutiquière. Par exemple, j’ai proposé une stratégie collective sur le possible référendum concernant la privatisation d’ADP, j’ai écrit pour cela aux différents chefs de partis ou de courants qui se battent contre la privatisation (comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont Aignan ou même Julien Aubert), pour leur proposer une initiative et un meeting communs, pour marquer les esprits, faire signer la pétition aux Français et obliger les médias à s’intéresser au sujet. Dupont Aignan et Kuzmanovic m’ont répondu. Je les en remercie. Le sujet n’étant pas trop clivant idéologiquement à la différence de l’immigration ou l’Europe, j’ai pensé que tous ceux qui étaient opposés à la privatisation pourraient s’entendre sur le sujet. Mais je dois constater que les autres responsables pour le moment sont bien silencieux. Je le regrette et espère que cela va bouger rapidement. Cette initiative sur ADP peut être le prélude à un vaste dialogue entre tous les souverainistes, sans renoncer à nos sensibilités propres.
Vous semblez bien optimiste ! Ne croyez-vous pas Emmanuel Macron déjà réélu en 2022?
Je ne suis pas du tout optimiste. Je pense qu’aujourd’hui effectivement Macron est totalement réélu! Il écrit le scénario, choisit les personnages et figurants et dessine la pièce de théâtre. C’est le metteur en scène. On peut le laisser dérouler son plan jusqu’en 2022 sans accrocs ou bien au contraire décider ensemble de réagir!
En matière de communautarisme comme d’immigration, il faut défendre la laïcité, mais fondamentalement rien n’est possible sans souveraineté nationale!
Face à Macron, candidat en 2022, parvenu à fédérer autour de lui tous les libéraux de gauche et de droite, il faut que les patriotes au sens le plus large soient capables de se parler, et sûrement de proposer des initiatives communes.
Aujourd’hui, Marine Le Pen a récupéré la colère des gilets jaunes tandis que le congrès de la droite auquel participait Marion Maréchal a été un échec, ou du moins un événement sans lendemain. Dans ce contexte, ne regrettez-vous pas votre départ du RN?
Je crois que personne n’a capté la colère des gilets jaunes ! J’ai été très honnête. Le RIC figure au point 2 de la charte des Patriotes publiée un an avant les gilets jaunes, je ne peux pas être suspecté de « récupération ». J’ai dit aux gilets jaunes : « vous défendez le pouvoir d’achat et la démocratie directe, mais tout ce que vous demandez est impossible sans souveraineté nationale ». Les gilets jaunes c’est une crise de souveraineté. C’est un peuple qui crie dans le désert. Cela dure depuis des années certes, mais en allant dans des manifestations et sur les ronds-points, ils ont crié un peu plus fort que d’habitude. Les gens ont raison d’être énervés. La question est de savoir comment leur répondre concrètement? Un État qui n’a pas de souveraineté ne peut pas le faire, c’est tout le problème!
La bonne performance du RN aux dernières européennes (23%) est néanmoins inférieure à 2014 où le FN avait fait 25%. Cela reste un bon score mais il n’y a pas de dynamique particulière. Pour ma part, je suis déçu du score des Patriotes. Mais nous étions montés à 3% dans les sondages, une performance pour un tout jeune mouvement, c’était avant que Macron n’organise via ses prises de parole dans les médias une sorte de « référendum » sur sa personne face au RN. Résultat, le sujet européen n’a pas été abordé en fin de campagne et nous avons logiquement décliné.
Le RN disait que s’il arrivait en tête, Macron serait contraint de renoncer à sa politique et que l’on pourrait réformer l’Europe de l’intérieur. Faisons le bilan six mois plus tard. Est-ce que Macron a renoncé à sa politique? Il n’a jamais été aussi rapide sur ses réformes: les retraites, l’assurance chômage… Tout avance comme il l’avait prévu! Est-ce que l’Europe est réformée de l’intérieur? Non plus. Et il y a moins d’alliés au pouvoir pour le RN en Europe, Salvini et le FPÖ en Autriche ne sont plus au gouvernement. Ils n’ont rien obtenu au parlement européen. Notez que je ne les blâme même pas, ils ne peuvent rien obtenir. Je dis juste qu’ils le savaient au moment de la campagne électorale et qu’ils ne l’ont pas dit aux électeurs… L’Europe ne se modifie pas comme cela, elle se modifie à l’unanimité des 27 ou 28 Etats ! Donc on en sort ou on y reste. Et si on y reste, on applique tout. C’est aussi simple que cela.
Les Anglais ne s’en sortent pas avec le Brexit, alors qu’ils n’ont une frontière terrestre qu’avec l’Irlande et qu’ils ont gardé leur monnaie. Quelle est votre analyse, alors qu’on apprend que le Brexit n’aura finalement pas lieu le 31 octobre, et alors que le référendum remonte à il y a 3 ans ? Le Frexit est-il vraiment souhaitable, alors que nous avons nous l’euro et de nombreuses frontières?
Le Brexit n’est pas une pagaille en soi. En réalité il est en train de se faire concrètement. Moscovici par exemple annonçait avant-hier qu’il n’y aurait finalement aucune file d’attente à Calais pour les transporteurs routiers, il a suffi de trouver un accord technique pour cela, alors que pendant trois ans, on nous a parlé de kilomètres de bouchons… Le Brexit n’est pas un problème technique, même s’il y a du boulot, mais on sait faire. Et on saurait faire le Frexit. Mais c’est une pagaille politicienne organisée par ceux qui ont refusé depuis le départ le verdict des urnes. D’abord avec Theresa May, qui était Premier Ministre sans être « brexiter » – c’est réglé désormais avec Boris Johnson qui l’est – ensuite avec la majorité parlementaire qui n’est pas favorable au Brexit depuis le début. Il y a à la Chambre des communes une majorité anti-Brexit. On parle d’élections législatives anticipées début décembre, cela réglerait sûrement le problème, enfin, avec un Premier ministre brexiter et une majorité qui le serait également.
L’Union européenne a la trouille. Quand le Brexit aura eu lieu, on fera le bilan économique et social assez vite et il sera positif !
En tout cas, je constate déjà que depuis trois ans on nous annonce l’apocalypse et qu’elle n’a pas eu lieu. Quand dans deux ou trois ans, on verra que les Anglais ont restauré une démocratie, nous constaterons que quand les gens votent, cela sert de nouveau à quelque chose, et cela donnera des idées à d’autres peuples. Je suis optimiste, Johnson est malin et très déterminé, le Brexit va avoir lieu rapidement désormais, même si cela reste compliqué car il a toute l’oligarchie contre lui. En France, lorsque l’on tirera les enseignements du Brexit, les positions floues du type France insoumise ou RN nouvelle version ne seront plus possibles. Rester de l’UE ou en sortir, il faudra choisir et se positionner clairement.
Si ce débat redevient central, et si le Front national revient sur ses positions, est-ce que vous seriez tenté d’y retourner?
Si le RN redevient souverainiste et traite à nouveau sérieusement la question sociale tout en affirmant clairement son caractère républicain, j’en serai ravi. Mais déjà parlons-nous malgré nos différences! Parlons avec Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, et des intellectuels comme Emmanuel Todd ou Michel Houellebecq ! Vu la situation de la France, les souverainistes ont une obligation devant l’Histoire de se parler. Chacun fait ses choix, chacun assume, mais chacun doit être responsable face à Macron.
La mairie de Forbach est votre objectif du moment. Comment allez-vous vous y prendre pour l’emporter?
Forbach doit avoir une bonne image aux yeux des Français afin de redevenir attractive. Il y a tellement d’atouts à mettre en valeur! Je suis candidat tête de liste pour la mairie. Et je suis infiniment plus disponible qu’en 2014, période à laquelle j’étais vice-président du Front national. A l’époque je devais faire la campagne de tout le monde en même temps que la mienne, aux quatre coins de la France, c’était très compliqué.
Je n’ai jamais abandonné la ville, les Forbachois le savent, j’y habite et je peux maintenant y faire toutes les réunions de quartier que je n’ai pas pu faire en 2014. J’ai un projet solide, une équipe très dynamique, ma candidature incarne le rassemblement des patriotes et de tous ceux qui veulent que ça change là-bas, et le contexte est différent car le maire sortant ne se représente pas.
Depuis l’euro, les Allemands ne viennent plus faire leurs courses chez nous et les Français vont dans les supermarchés allemands, ce qui nuit à notre commerce. Même si ce n’est pas l’enjeu d’une municipale que de gérer la monnaie, je dis aux Forbachois : « demain, si nous rétablissions la monnaie nationale, les commerces de Forbach rouvriraient. »
L’industrie de la région a été absorbée et asséchée par l’Allemagne depuis trente ans. Certains vont travailler en Allemagne. Il n’est pas anormal que des Français aillent travailler de l’autre côté de la frontière bien sûr. Mais ce qui n’est pas normal, c’est qu’il n’y ait plus du tout de boulot en France. Je veux changer ça. Je veux être volontariste pour Forbach.
Concernant le voile que portent certaines femmes, il y a la polémique sur les mères accompagnatrices scolaires. Pensez-vous comme Marine Le Pen qu’il faille interdire le voile dans l’espace public?
Il faut a minima commencer par interdire le voile dans les transports publics, l’université et évidemment pour les mères accompagnatrices. Pour moi, les sorties scolaires sont une prolongation de l’école, il n’y a pas de débat.
L’espace public, c’est une autre paire de manches. Il faudrait en effet expliquer dans ce cas qu’il faut interdire la kippa, les croix ostensibles… Cela serait sûrement perçu comme violent, brutal, liberticide. Doit-on en arriver là ? Faisons déjà les interdictions que j’évoque et aidons les chefs d’entreprise confrontés au problème du voile en leur proposant un cadre clair avant d’aller plus loin.
Je dis juste: attention, on risque de cacher la poussière sous le tapis sans agir véritablement. Le problème fondamental reste les vannes grandes ouvertes de l’immigration. Parmi cette immigration, il y a une part d’islam militant qui arrive et qui se développe ensuite sur le territoire national, notamment par le biais des conversions et du prosélytisme. Mais à la base, cela vient toujours de l’immigration massive! On peut interdire tous les voiles du monde, il faut d’abord régler ce problème migratoire! En restant dans Schengen et l’UE, si l’Allemagne accueille de nouveau demain 1 million de migrants comme il y a quelques années, on risque de nouveau d’en récupérer 300 000 sur le territoire français.
A travers le débat sur le foulard, on fait croire qu’on s’est attaqué au problème, alors qu’on n’aura rien réglé puisque les flux migratoires, qui charrient avec eux l’islam politique, continueront de plus belle.
En matière de communautarisme comme d’immigration, il faut défendre la laïcité, mais fondamentalement rien n’est possible sans souveraineté nationale car elle seule permet d’agir efficacement!
Le dessinateur Marsault, le 23 octobre 2019 sur REACnROLL.
REACnROLL, la webtélé des mécontemporains, a rencontré le dessinateur Marsault pour un entretien sans langue de bois.
Causeur vous propose de lire un extrait de leur échange, que vous pouvez visionner en intégralité sur RNR.TV
REACnROLL. D’où te vient cette colère ?
Marsault. Moi comme tout le monde, sur les coups de 18-20 ans j’étais un petit peu de gauche. Pas de gauche au niveau politique spécialement, mais de gauche mentale, parce qu’on est élevés dans un système de gauche, il y a des valeurs de gauche, humanistes etc. D’ailleurs quand j’ai fait mes premiers dessins dans le Zélium, quand j’avais 21-22 ans, c’était un journal d’extrême gauche, je faisais des machins bêtement anti-patriotiques, pas de manière excessive non plus mais un petit peu, des trucs un peu anti-flics, un peu anti-FN parce que j’étais encore très très vert. J’avais pas encore ouvert les yeux, j’avais pas pris le temps de me dire “tiens, quand bidule qui est journaliste me dit un truc, est-ce que ce serait pas une grosse connerie ? Est-ce qu’elle se foutrait pas de ma gueule ?” Elle est à la télé, donc si elle dit un truc c’est forcément vrai.
Comme j’ai un peu plus de 70 de QI, à un moment je me suis mis à réfléchir, et j’ai compris, sans vouloir parler d’un complot quelconque, qu’on nous racontait quand même pas mal de saloperies, beaucoup de conneries et que ce qu’on entendait à la télé ne correspondait pas forcément à la réalité.
REACnROLL. Donc, tu fais de l’humour de droite ?
Marsault. L’humour de gauche, pour vraiment synthétiser c’est Coluche. Coluche c’est quoi ? Coluche c’est “les flics c’est de la merde, l’argent c’est de la merde, les militaires c’est de la merde, l’église c’est de la merde, l’immigration c’est génial et les patrons sont des connards”. Voilà, ça c’est l’idée générale. Ensuite, t’as l’humour de gauche-caviar, c’est à dire Desproges, que j’admire cela étant, mais t’as en plus le côté “je me fous des prolos parce qu’ils savent pas lire”. Bref, ça c’est l’humour de gauche.
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L’humour de droite c’est tout simplement ce qui va contre ça, mais humour de droite ça veut pas forcément dire humour UMP – enfin Les Républicains – ou humour Dupont-Aignan, c’est pas un humour qui est affilié à un parti. Tous les partis politiques me dégoûtent, de Mélenchon au FN. Je fais de l’humour droitard, de l’humour réac’ parce que je refuse la société dans laquelle je vis.
Je n’aime pas sous-peser chacun de mes mots avant de les prononcer, j’aime pas quand je dessine un truc me dire “merde, est-ce que je vais offenser bidule, la grosse avec les cheveux violets, l’immigré ou n’importe quoi?”
J’ai pas envie de ça, ça m’énerve cette espèce d’hygiénisation générale, d’aseptisation complète (…) Moi j’arrête pas de déraper partout, je fais des burn, je dérape dans les fossés parce que ça va deux secondes, c’est pour ça que les Français sont dépressifs et qu’ils gobent des Xanax en permanence, c’est un truc terrible, on peut quasiment plus rien dire. Et puis, quand moi je dis qu’on peut plus rien dire, on me sort toujours l’argument « Ah oui mais tu veux dire qu’en gros on ne peut plus dire du mal des juifs, des arabes ou n’importe quoi ? » Non c’est pas ça, parce qu’aujourd’hui, pour être qualifié de facho il en faut quand même très très peu.
Souviens-toi du pauvre Jean-Pierre Pernaut qui avait fait un reportage, il avait dit “Voilà on trouve des lits pour les migrants mais il y a encore des SDF dehors” ou un truc comme ça, je ne sais plus exactement. C’est vraiment la petite phrase qui passe à peu près, et c’est vrai en plus. Il s’est fait traiter de néo-nazi, la victoire d’Hitler en 33 c’était à cause de lui quasiment, et ça c’est incroyable.
Il y a une hystérie collective aujourd’hui, autour de cette aseptisation, qui est très chiante, moi ça me gonfle et je le dis. Les tenants de cette espèce d’aseptisation générale devraient commencer à faire un petit peu gaffe, au lieu de faire de la répression à tout va, parce que si les Zemmour vendent autant, si des mecs comme moi sont aussi suivis, c’est bien parce qu’il y a un souci, c’est bien parce que les gens en ont marre, et c’est pas en les traitant encore plus de fachos, en leur fermant encore plus leurs comptes Facebook et en leur mettant encore plus d’amendes que ça va s’arranger. Bien au contraire. Donc je lance un appel à ces gens-là car on est quand même deux-trois à commencer à en avoir un peu marre et il ne faudrait pas que ça dégénère.
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Bruno Durieux publie Contre l’Écologisme aux Editions de Fallois.
Il y a l’écologie d’un côté et l’écologisme de l’autre. Bruno Durieux respecte la discipline scientifique, mais dénonce la « doctrine politique qui s’approprie l’écologie », ce « gauchisme réactionnaire » qui prospère aujourd’hui sur les cendres des calamiteuses idéologies du XXème siècle. L’auteur n’est pas un spécialiste de l’écologie ; il est économiste, maire de Grignan dans la Drôme, sculpteur émérite et fut député et ancien ministre. Il a pourtant décidé de se hasarder « sur le terrain miné de l’écologie » animé par sa « passion pour la nature » et sa conviction que le succès de cette idéologie est délétère pour notre économie.
Prédicateurs de fin du monde
Pour ne pas prêter le flanc à la critique, l’homme a travaillé son sujet et c’est avec de multiples références qu’il décrit la naissance de l’écologisme et sa montée en puissance que rien ne semble pouvoir arrêter. Malgré ses délicatesses, on sent sous sa plume poindre son énervement. On a alors envie de lui dire : « respire ». Et il finit par vous écouter: il reprend son souffle pour mieux déployer son argumentation.
Durieux nous rappelle que l’écologisme s’est trompé avec la régularité d’un métronome. Le Club de Rome annonçait la fin des ressources fossiles pour l’an 2000: raté. D’autres voyaient se répandre les famines liées à l’explosion démographique: raté. Une crise mondiale de l’eau : encore raté ! Il fait bien de nous rafraichir la mémoire. Ces prédictions ont déjà 30 ou 40 ans… Le temps passe vite. L’heure n’est-elle pas venue de demander des comptes ? Désormais en tout cas, une puce nous chatouille l’oreille : que penser du « catastrophisme climatique » ?
Des technologies écartées
Non seulement les mauvaises prédictions de l’écologisme n’ont pas entamé sa crédibilité, mais il a progressivement tissé une toile immense dans laquelle l’économie de la France et de l’Europe est prise au piège. Ainsi, avec le principe de précaution « l’État est tenu d’agir sur l’incertain », « dans l’incertain pour éviter l’incertain »… « Dans une telle situation, il ne lui reste plus qu’à interdire ». L’écologisme monte si bien le risque en épingle qu’il parvient à jeter l’opprobre sur des technologies matures dont les impacts sur l’environnement sont maîtrisés et qui, pour certaines, pourraient répondre à certains enjeux écologiques : OGM, gaz de schiste, nucléaire…
Ainsi, l’Europe qui est la zone la plus influencée par l’idéologie écologiste est aussi celle dont l’économie est la moins dynamique : en réalité, elle a déjà commencé à « gouverner la décroissance ». Les graines semées par l’écologisme commencent à germer et les chefs de gouvernements, dociles métayers, ont commencé à récolter les désordres sociaux. La moisson s’annonce excellente, prévient l’auteur.
Un essai à lire
A moins que les responsables politiques, dit-il à la fin, réalisent enfin que seules les économies prospères, confiantes dans les technologies et l’innovation sont à même de réduire les nuisances environnementales. A vrai dire, Bruno Durieux chante là une comptine bien connue qui n’a jamais fait le poids face aux chants guerriers des soldats de l’apocalypse. Mais, las des campagnes militaires de l’écologisme, on a jamais été aussi disposé à l’écouter. Un essai salutaire qui tente de remettre l’église au milieu du village… à lire !
Christophe Castaner durant l'hommage aux quatre policiers tués lors de l'attentat de la préfecture de police, 8 octobre 2019.
Auteurs : Jacques Witt/SIPA
Numéro de reportage : 00927090_000025
Souvent perçues comme apathiques, les forces de l’ordre sont avant tout victimes de leur hiérarchie. La France n’est pas rentrée dans la « culture de sécurité » nécessaire, le dernier attentat l’a prouvé.
Après l’attaque du terroriste islamique à la Préfecture de Police de Paris, je pose cette question, volontairement provocatrice : nos policiers seraient-ils des gnous ?
Les gnous, en Afrique, sont des animaux dotés de défenses impressionnantes et font partie de troupeaux aux dimensions elles-mêmes impressionnantes. Et pourtant souvent, pour ne pas dire à chaque fois, lorsque des prédateurs les attaquent leur seule stratégie est la fuite et évidemment celui ou ceux d’entre eux qui ont été pris par surprise isolés, sont décimés. Une fois l’alerte immédiate passée, le reste du troupeau retourne à son activité quotidienne.
Ne surtout pas sortir du rang !
Je suis donc volontairement provocateur dans ce parallèle entre les gnous dont je me moque et les forces de l’ordre que j’apprécie et respecte. Loin de moi l’idée de stigmatiser dans leur ensemble police, gendarmerie, pénitentiaire, douanes, services de renseignement de ces corps et même les pompiers, mais cette question mérite d’être posée. Ceux qui me connaissent, politiquement ou personnellement, savent que de base et sans états d’âme je soutiens les forces de l’ordre et que j’ai toujours affirmé ce soutien publiquement.
Bien sûr qu’après de telles épreuves, ces fonctionnaires ne retournent pas à leur travail quotidien sans émotion, tristesse, rancœur, rage, écœurement. Bien sûr que tous maudissent leurs chefs… tous les chefs…
Et c’est là tout le problème ! Les gnous, les vrais, n’ont pas de chefs, de hiérarchie, les hommes oui ! Et ces chefs ne sont pas seulement faits pour distribuer les rares promotions, médailles et avancements ou les sanctions, mais aussi et surtout ils sont faits pour prendre, à chaud, les bonnes décisions opérationnelles – ce qu’ils font – et pour prendre, à froid, leur cou…rage à deux mains en faisant remonter les infos de la base, du terrain – ce qu’ils ne font pas – ainsi qu’en atteste le vide sidérant du dossier professionnel du terroriste islamiste !
Pourquoi cette absence de remontée d’informations ? Pourquoi ce comportement de retour à la normale des collègues proches de l’islamiste après qu’ils ont noté des changements de comportement et des déclarations attestant de sa radicalisation ? Pourquoi une telle passivité ?
Parce que individuellement chaque agent, chaque chef ou sous-chef de base sait que chacun de ses rapports sera perçu comme une charge additionnelle de travail par le chef du dessus. Chaque auteur de rapport hésite et souvent renonce, abdique car il a la certitude d’être mal noté et de voir sa carrière et ses rémunérations bloquées si son rapport gêne, déplaît.
Veuillez baisser votre arme
Posons-nous aussi la question de savoir pourquoi les policiers de Viry-Châtillon n’ont pas fait usage de leurs armes à travers les vitres ou les portières du véhicule incendié dans lequel ils étaient volontairement bloqués par les racailles qui «voulaient griller les poulets»? Demandons-nous pourquoi des policiers que je connais d’une BAC m’ont déclaré plus craindre de coucher le soir en prison que d’être tués en opérations ?
Parce que, pour les mêmes raisons, chacun sait qu’il ne sera pas soutenu par “la hiérarchie” et qu’il sera lâché sinon lynché par “le système” ; termes génériques qui couvrent en réalité la passivité coupable des plus hauts responsables, à commencer par le premier d’entre eux, le ministre de l’Intérieur suivi immédiatement du secrétaire d’Etat, du préfet et des directeurs centraux.
Ce qui a été mis en évidence pour le ministère de l’Intérieur ne se limite pas à lui. Souvenons-nous du récent mouvement #PasDeVagues concernant l’Education nationale. C’est le même type de fonctionnement, fait de lâchetés et de lassitude, à tous les étages ! On ne fait pas remonter ce qui est déjà du domaine du délit aggravé et on masque ce que l’on ne peut taire en le qualifiant “d’incivilités” commises par des “jeunes”… Perversion des mots, lâcheté d’un langage creux !
Il en était de même autrefois dans l’organisation des compagnies aériennes. On s’autocensurait, on niait la réalité. C’est propre à toute organisation humaine qui croit ainsi se protéger. Mais la pression du nombre de morts inexpliquées dans des accidents aériens inexplicables a eu deux effets. La mise en place d’équipements automatisés de surveillance et d’enregistrement de paramètres, les fameuses boîtes noires (en réalité orange fluo) et l’instauration d’un système de remontée d’informations performant, assorti de la non-punition de tout signalement spontané et volontaire d’une erreur commise lors de l’exécution de la mission. Ne nous y trompons pas ; il ne s’agit pas là de délation mais de la communication de faits commis par soi-même ou son équipe qui seraient autrement restés cachés et porteurs de menaces pour le futur.
Toutes les organisations performantes intègrent cette « culture de la sécurité ». Il est anormal et inadmissible que des ministères aussi importants que ceux de l’Intérieur et de l’Education nationale ne soient pas dotés de structures dédiées à cette culture de sécurité.
En fait, loin de se limiter à deux ministères, un tel système doit impérativement être mis en place dans toutes les administrations sensibles pour ne plus laisser invisibles les signaux faibles.
Ensuite, concernant les rapports de l’autorité judiciaire avec les forces de l’ordre dans leur ensemble, il faudra une prise de conscience douloureuse et un changement de comportement radical des juges qui ne devront plus se considérer comme les uniques et ultimes garants du “système” mais comme des membres à parts égales d’une équipe globale au service de la sécurité de tous. Cette sécurité étant la toute première des libertés à garantir au citoyen !
Et si l’on prenait des mesures adaptées ?
C’est aussi pourquoi il faudra revoir la politique d’usage des armes létales mises à disposition des agents de l’Etat. Il est urgent que le législateur instaure une “présomption de légitime usage” qui renverse la charge de la preuve.
A ce sujet, existe aux Etats-Unis la règle dite des « 21 pieds », “the 21 feet rule”, communément admise par la population américaine et transmise lors des formations des policiers comme une règle à mise en œuvre impérative. Cette règle instaure une bulle de sécurité de 21 pieds (environ 6,4 mètres) autour du policier en action sur le terrain destinée à le protéger en autorisant le tir à vue afin de parer à toute potentialité d’attaque de proximité avec une arme autre qu’une arme à feu.
Il ne s’agira évidemment pas de couvrir ou de légaliser par avance ce que l’on appelle les “bavures policières” lesquelles continueront comme actuellement de faire l’objet d’investigations et le cas échéant de sanctions, mais bien de faire comprendre à tous, citoyens respectueux de la vie humaine et de la Loi comme criminels et délinquants, qu’un dépositaire de l’autorité publique doit être respecté et obéi.
Un agent assermenté de l’Etat, disposant d’une arme létale, n’est pas un citoyen ordinaire. La loi concernant ses moyens d’action et d’emploi de la force, y compris létale, ne peut être la loi ordinaire commune. Elle doit être amendée pour que le fonctionnaire puisse mener à bien sa mission à moindre risque pour lui-même et les tiers tout en étant plus efficace.
La fracture sécuritaire de notre société est là! La négation de la menace, le déni quasi permanent du caractère terroriste et communautariste des attaques n’est plus une option.
Au chef de l’Etat actuel et à ses successeurs de le comprendre et de prendre, face à la radicalisation de certains, les mesures radicales qui s’imposent.
Il a déclaré sur RFI: « Si j’étais Jean-Michel Blanquer, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93 ».
Yassine Belattar a suscité mardi une polémique certes microscopique mais néanmoins révélatrice. Interrogé sur RFI, l’humoriste, animateur et militant en a profité pour prodiguer une leçon de maintien à Jean-Michel Blanquer, coupable de penser que, si le voile islamique est légal, il n’est pas souhaitable dans la société. « On a un ministre de l’Education qui n’est pas éduqué… J’aimerais savoir de quel droit, maintenant, il rentre sur des notions de vivre-ensemble?» a-t-il demandé. Avant de lâcher : « Si j’étais lui, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93». Phrase qui, non seulement, ressemble fortement à une menace, mais laisse penser que la Seine Saint-Denis échapperait à l’ordre républicain. Il faut préciser que, quelques minutes plus tard, quand le journaliste lui demande si Blanquer serait en danger en Seine Saint-Denis, Belattar temporise: « Je ne dirais pas ça, j’ai déjà assez de problèmes comme ça».
Belattar ta gueule à la recré
Les gens qui profèrent des âneries ou des insultes, y compris à l’adresse du président ou des ministres, sont légion. Les roulages de mécanique de Belattar n’auraient aucun intérêt s’il ne s’était pas vanté longtemps de sa proximité avec Emmanuel Macron qu’il appelait « mon frère » – quand il parlait de lui. Le comique a rencontré le futur chef de l’Etat en 2010 à l’Institut Montaigne et lui a vendu sa supposée influence en banlieue, où il rêve de devenir le nouveau Jamel Debbouze – sans en avoir le talent. « Notre pouvoir d’immersion dans les banlieues est avéré. Je ne suis pas un institutionnel, je peux me rendre dans n’importe quelle cité » disait-il alors. Tout en prétendant que les territoires perdus étaient un fantasme raciste.
En mars 2018, Macron nomme Belattar au Conseil présidentiel des villes, instance composée d’associatifs, supposée l’assister dans la politique de la Ville, qui concerne les « quartiers sensibles ». Il en a démissionné jeudi dernier en pleine polémique sur le voile pendant les sorties scolaires. Dans une lettre ouverte à Macron, publiée par Libération, il parle d’un contexte qui rappelle « le pire passé » – revoilà les heures les plus sombres – et conclut tout en finesse qu’il faudrait « légaliser les musulmans avant de légaliser la marijuana ».
Un non-évènement?
Commentant sa démission, Valeurs actuelles résume : un non-événement pour un non-bilan. En effet. Mais la vogue passée de Belattar témoigne au minimum d’un manque de discernement du président et plus probablement de ses errements idéologiques sur les questions ayant trait à l’intégration et à l’islam politique. Dans la catégorie jeune espoir « issu de la diversité » comme on dit pudiquement, Alexandre Benalla est plus sympathique, plus talentueux. Et plus poli. Quand il pète un câble, ce n’est pas contre un ministre qui dit des choses ne lui revenant pas, mais contre des manifestants qui s’en prennent à la police. C’est plus excusable.
Yassine Belattar (qui est mis en examen pour menaces de mort) contribue à importer en politique les manières des racailles. Il ne faut « pas confondre la haine des femmes voilées et la critique du voile », écrivait récemment dans Le Monde le sociologue Manuel Boucher. Insensible à cette distinction entre la critique et l’insulte, le voyou réagit à tout désaccord, toute remarque, par des injures et des menaces. Belattar pense que les propos de Blanquer sont une insulte « pour toute une frange de professeurs ». Il réplique comme il le ferait s’il tenait les murs dans une cité.
Les djihadistes, ces « gamins qui foutent le bordel »
Dans un registre proche, on pense à Danièle Obono qui, dans un tweet récent épinglé par Laurent Bouvet, écrivait, à propos du Premier ministre (et de la SNCF, me semble-t-il) : « Il a le seum, le keum » (ce qui signifie « le mec est en colère »). Peut-être faudrait-il annoncer à l’honorable représentante que les habitants de nos banlieues parlent français.
Non content de se comporter à l’occasion comme un caïd, Belattar, parti de l’antiracisme gentillet, est aujourd’hui idéologiquement, proche des indigénistes, c’est-à-dire crypto-islamiste. En 2015, il animait le gala du CCIF et posait complaisamment avec Tariq Ramadan. Il y a peu, il appelait à «aller récupérer les «djihadistes français», qu’il comparait à «des gamins qui foutent le bordel à un anniversaire». Il prétend défendre « les musulmans », mais il ne parle en réalité qu’au nom de la frange perméable à l’islam politique. Du reste, c’est sans doute autant son analyse du marché que ses convictions qui l’ont conduit à ce positionnement: Belattar est ce que les chercheurs appellent un entrepreneur identitaire.
Oublions Belattar et aidons la majorité silencieuse
Pourquoi choisir un tel personnage comme émissaire dans les banlieues ? C’est insulter les habitants de ces quartiers que de penser qu’il faut flatter « les Frères » pour obtenir leur confiance. Si nos gouvernants ont besoin d’interlocuteurs, voire d’intercesseurs au sein des quartiers, qu’ils répondent aux 101 musulmans qui affirment dans Marianne que « le port du voile est le signe ostentatoire d’une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran ». Ils nous appellent à l’aide : « Soutenez les Françaises et les Français de confession ou de culture musulmane qui se battent contre cette terrible vague néoconservatrice ». On déplore souvent que la majorité silencieuse le reste bien trop. Quand elle prend la parole, il serait criminel de ne pas l’entendre.
On espère que le président saisira cette main tendue. Et que Jean-Michel Blanquer se rendra rapidement dans un établissement de Seine Saint-Denis pour rappeler à Belattar et à ceux qui pensent comme lui que la République est chez elle partout en France.
Les manifestants de Youth for Climate reprennent du service en Belgique…
C’est sous un soleil radieux que la saison des marches climatiques a redémarré en Belgique. À Bruxelles, ils étaient 15 000 à délaisser les terrasses de café ou les parcs pour déambuler en annonçant l’apocalypse climatique. Et comme les Belges ne font jamais les choses à moitié, les participants ont eu droit à la stéréo pour la bande-son : Adélaïde, porte-parole de l’association Youth for Climate au mégaphone francophone, et Anuna, son homologue flamande pour les néerlandophones.
Tant mieux s’ils sont deux pour se renvoyer l’écho ! Et c’est assumé par Youth for Climate qui affirme : « Nous devons continuer à parler du climat et à nous mobiliser si nous voulons placer l’urgence climatique au centre du débat. » Une façon d’admettre, peut-être inconsciemment, que le climat n’est pas par essence une thématique de nature à tarauder la société civile ? Que sans actions répétées et une peur bien entretenue, mais aussi et surtout encadrée dans le divertissement de masse, tout le monde resterait chez soi ?
Voici que le camp d’en face – celui des opprimés climatiques qui ont besoin d’émettre du carbone pour travailler, entretenir leur famille et faire marcher l’économie – songe aussi à se mettre en marche. Des gilets jaunes outre-Quiévrain ? La figure emblématique de la droite flamande, Jean-Marie Dedecker, menace d’enfiler une chasuble fluo pour marcher sur Bruxelles si le gouvernement fédéral adopte une taxe kilométrique. Comme si cela ne suffisait pas, le paysage associatif vient de s’enrichir d’un nouveau venu, Freesponsible, lobby qui entend relayer les attentes des 6 millions d’automobilistes belges. Ces quelques hères essaient de récupérer le modus operandi des gilets jaunes, mais ils sont loin de disposer de leur force de frappe populaire. L’avenue Louise peut dormir tranquille.