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Gilets jaunes, l’échec du Tea party français?

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Le mouvement des Gilets jaunes souffle sa première bougie. Sera-t-elle la seule ? Le mouvement serait-il usé ? D’aucuns veulent croire que non et préfèrent parler de veille plutôt que d’essoufflement. Une certitude, cette année écoulée n’a pas vu le triomphe d’un Tea Party à la française. Alors que le mouvement français tousse, le modèle américain a su conquérir la présidence et s’implanter au Congrès en sept ans. Des stratégies différentes et un contexte différent pour des idées parfois ressemblantes.


Il y a un an, le mouvement des Gilets jaunes a fait son entrée sur la scène médiatique ; 287 710 personnes ont alors défilé selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre brillamment précis et dénoncé comme largement sous-évalué, comme ceux des samedis suivants, et qui est tombé à quelques milliers depuis. Sur Facebook, l’inconnu Éric Drouet avait appelé à une manifestation nationale le 17 novembre. Au printemps, Priscillia Ludosky, tout aussi inconnue, avait publié une pétition en ligne pour demander la baisse du prix des carburants, le thème initial des manifestations. Depuis, le mouvement a manifesté chaque samedi et a obtenu des concessions – dont l’abandon de la hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – qui, finalement, l’ont divisé, le pouvoir n’ayant pas répondu à toutes les attentes. À ses débuts, il a émis des revendications parfois similaires à celles du Tea Party, mais n’a pas connu la même trajectoire ni quant à son articulation ni concernant sa stratégie et ses succès.

Le meilleure réponse au mépris

Le 15 mars 2009, le Tea Party entrait officiellement dans l’espace public à l’occasion du Tax Day, la date limite pour rendre les feuilles d’impôts au gouvernement fédéral. Des manifestations eurent lieu dans tout le pays en forme de mise en garde à l’administration Obama. Alors assez confidentiel, le mouvement fut traité avec mépris par les médias ; un présentateur de CNN, Andy Cooper, qualifia les militants de « Tea Baggers », une injure désignant le fait d’avoir ou de mettre un sexe dans une bouche. De nombreuses personnalités reprirent le mot de Cooper, à commencer par le président Obama ou Bill Clinton. Cette opposition des élites renforça les militants, libertariens, républicains ou démocrates, dans leur sentiment d’être méprisés et contribua à la désignation des médias comme des ennemis. En France, face aux Gilets jaunes, le journaliste Jean Quatremer a parlé de « mouvement de beaufs, poujadiste, factieux et rouge brun », ou Christophe Castaner de « séditieux d’ultradroite », nourrissant la rancune d’une population qui manifestait sa colère face au mépris.

Du Tea Party à Trump

Rapidement, le Tea Party se structura. Le premier congrès eut lieu en février 2010 à Nashville. On y définit un programme commun à tous les Tea Parties (moins d’État, moins de taxes, une fiscalité plus juste, plus de droits pour les Etats fédérés et une sécurité nationale forte). La stratégie de conquête passait par la décision de peser sur le Parti républicain lors des primaires de 2011 pour les élections de mi-mandat. Le résultat fut heureux : sur les 80 élus républicains à la Chambre des représentants, 60 avaient été investis par le Tea Party et nombre d’entre eux étaient relativement inconnus. Cinq ans plus tard, Donald Trump remportait les primaires républicaines contre toute attente et la présidence alors qu’il était donné largement battu. En 2017, les trois premiers personnages de l’État, le Président, le Vice-président Mike Pence et le Speaker Paul Ryan étaient proches du Tea Party.

45% de soutien

Après les élections de 2011, 65 % des Américains avaient un regard neutre ou favorable sur le Tea Party tandis que 24 % le jugeaient toujours négativement. Ce chiffre est à comparer à la forte sympathie ressentie par les Français pour les Gilets jaunes qui frôlait un taux de 75 % après l’Acte I du 17 novembre. Cependant, le mouvement des Gilets jaunes a vu sa cote de popularité péricliter et bénéficie actuellement de 45 % d’opinions favorables. Les violences émaillant ses manifestations, une couverture médiatique devenue rapidement négative, les divisions ou des revendications économiques irréalistes ont empêché le mouvement de consolider la sympathie qu’il attirait. De plus, alors que Jean-Luc Mélenchon traitait les Gilets jaunes de « fachos et fâchés » au début, les sympathisants du Rassemblement national (RN) ont fini par se lasser des manifestations qui ne correspondaient plus à leurs attentes, tandis que ceux de la France insoumise, habitués aux luttes sociales, les ont remplacés.

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Fiasco aux européennes

Si les Tea Parties, protéiformes, décentralisés, ont su s’organiser, se font fixés des caps électoraux en investissant le Parti républicain, les Gilets jaunes ont pu se retrouver dans des assemblées à trois reprises entre janvier et juin 2019, mais y ont redit leur opposition à la jonction avec des partis politiques. Aux élections européennes, les deux listes de Gilets jaunes, Évolution citoyenne et Alliance Jaune, font respectivement 0,01% et 0,54%, et aucun parti ayant investi un Gilet jaune ne passe la barre des 5% nécessaire pour avoir au moins un élu, tandis que le RN bénéficie de 44% des voix des Gilets jaunes. S’ils ont obtenu des gains en réponse à leurs demandes, leurs divisions empêchent de parler de succès électoral, quand bien même la liste massivement choisie par eux est arrivé en tête, car ils n’ont pesé sur aucun choix et ne peuvent forcer un parti à se réorienter.

Convoquer l’histoire

Outre la lutte contre la fiscalité, là où les Tea Partiers et les Gilets jaunes se ressemblent, c’est sur une volonté de liberté d’expression que les médias, dans le cas français, ont préféré éluder pour ne mettre en avant que les revendications économiques. En janvier, les Gilets jaunes avaient lancé leur plateforme intitulée « Le Vrai débat » où ils revendiquaient la libre expression, notamment les sujets de société dont l’immigration. Le Tea Party se mobilise, lui, pour le Premier Amendement qui garantit la libre expression. Les deux mouvements convoquent l’Histoire : le drapeau du Tea Party, le Gadsden Flag, est un emblème datant de la Guerre d’Indépendance, tandis que les Gilets jaunes font référence aux jacqueries paysannes contre la fiscalité ou à la Révolution française avec leur « nouveau serment du Jeu de paume » de décembre 2018, comme un besoin d’identité.

La droite a quitté la rue

Si dans leurs structures les deux mouvements diffèrent, leurs natures divergent aussi, surtout depuis que les sympathisants de droite ont quitté la rue : alors que le Tea Party luttait contre l’interventionnisme étatique, les Gilets jaunes réclament davantage d’aides sociales au risque d’alimenter le cercle vicieux intégrant la pression fiscale qu’ils dénoncent. Et, fait notable, la culture juridique importe davantage aux Etats-Unis qu’en France concernant la Constitution dont la Heritage Foundation et divers éditeurs publient des versions explicatives détaillées, ce qui explique la focalisation du Tea Party sur ce texte.

Malgré ces divergences, l’un des grands gagnants de la crise française est américain, celui qui a su cristalliser la colère des Tea Partiers, Donald Trump. Le rejet des taxes officiellement motivées par l’écologie est perçu par le Président américain comme une confirmation de son choix de ne pas suivre les accords de Paris sur le climat.

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Gilets jaunes: un bien triste anniversaire

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Le mouvement des gilets jaunes démarrait il y a tout juste un an. Et dès le premier jour, Chantal Mazet, une retraitée de 63 ans originaire de Pont-de-Beauvoisin mourait, renversée par une voiture.


Dès le premier jour de blocage des ronds-points par les gilets jaunes, deux victimes: Chantal Mazet, retraitée de 63 ans, et la conductrice qui l’a renversée, une maman qui emmenait son enfant chez le médecin. La première est décédée, la seconde a sans doute sa vie bouleversée, voire brisée par ce drame.

La liberté de circuler en cause

Que dire d’un évènement aussi absurde qu’il est tragique? Que dire sinon qu’il est, malgré tout, la conséquence prévisible d’une inconscience, voire d’une irresponsabilité. Sous couvert d’un droit de manifester – qui ne se trouve, contrairement à ce qui est souvent dit, nulle part dans la Constitution-, chacun aujourd’hui se croit autorisé à appeler à la manifestation. Mais ce qui est pire, sans autorisation, sans organisation et par tous les moyens possibles, ce qui peut donc avoir des conséquences tragiques.

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Appeler à bloquer un rond-point c’est une folie. Qui peut imaginer sérieusement qu’agresser violemment les gens dans leur quotidien, en faisant obstacle à ce qui est au cœur de leur liberté, soit sans risque et sans conséquence ? La liberté de circuler, de se rendre où l’on veut, quand on veut, est vitale pour tout citoyen. Y faire obstacle peut entraîner ce genre de drame, ne pas imaginer que cela soit possible, considérer que la constitution de bandes qui arrêtent et menacent l’automobiliste soit un acte « normal », c’est être inconscient ou irresponsable.

Spirale dangereuse

Et participer à ce genre de blocage, c’est aussi prendre une responsabilité et un risque. Bien sûr, on peut comprendre l’entraînement du moment, la spirale envoûtante des réseaux sociaux qui appellent à l’action et qui stimulent le courage, les copains que l’on retrouve ou que l’on se fait, l’impression de faire « quelque chose » pour changer sa vie, pour que tout aille mieux… Et tout d’un coup l’on devient l’agresseur, le bloqueur d’autres braves gens comme soi. Et tout d’un coup on est mort.

La mère de famille, stressée peut-être par l’état de son enfant, se dépêche pour aller chez le médecin. Comment peut-elle ressentir ce barrage (dont certains bloqueurs étaient semble-t-il agressifs) ? Qui sont ces gens sur son chemin de vie, qui lui font obstacle sans rien vouloir savoir de son destin personnel ? C’est sans doute un sentiment d’agression, de danger, et quand on transporte un enfant, la panique arrive vite. Que se passe-t-il vraiment ? En tout cas le drame est bien survenu.

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Génération « j’ai le droit »

Voilà comment une tragédie absurde se produit, sans autre résultat  que du sang et des larmes, sans que la « cause » avance d’un iota pour autant. Juste parce qu’aujourd’hui il semble que chacun puisse faire n’importe quoi pourvu qu’il s’abrite derrière la bannière de ses « droits ».

Bloquer des ronds-points, après tout pourquoi se gêner ? les pouvoirs publics ont laissé faire, l’opinion publique, paraît-il, soutenait le mouvement. Et puis après les ronds-points investissons les grandes villes, on a le bien le « droit de manifester ». Bilan actuel: 11 morts, 4400 blessés (dont 2000 dans les forces de l’ordre), 4,5 milliards d’euros de pertes pour l’économie. Un tel mouvement navigue comme un bateau sans voile ni moteur, au gré des courants d’opinion, des mots d’ordre venus de nulle part pour aller on ne sait où, ballotté par les houles médiatiques. Qu’on le soutienne ou qu’on le condamne, que chacun se positionne comme il veut, pourvu que ce soit en conscience et en responsabilité.

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Le pion, la cigale et la fourmi


Ce n’est pas toujours celui auquel on pense qui a le plus besoin d’être encadré.


Dans une école primaire parisienne, un animateur de vie scolaire chargé d’encadrer les enfants qui font leurs devoirs l’après-midi s’arrête devant un pupitre d’écolier. Un garçon de CM2, plongé sur son cahier, recopie la première fable de La Fontaine. Avec application, ce petit chose écrit les fameux vers : « La cigale, ayant chanté / Tout l’été. / Se trouva fort dépourvue / Quand la bise fut venue… » « Non, lui dit l’animateur, tu as mal copié. Ce n’est pas d’une bise qu’il s’agit, mais de la brise, un vent léger… » Quelle sollicitude ! Sauf que le gentil animateur induit en erreur l’élève qu’il est censé aider.

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Le soir venu, la mère du petit garçon se rend compte de la bévue et lui demande de corriger son devoir. « Mais maman, lui répond-il, c’est l’animateur qui me l’a dit. » Il a fallu toute la force de persuasion et l’onction d’internet pour convaincre l’enfant d’enlever le « r » de trop. Certes, l’erreur est humaine, d’autant que notre grand fabuliste national en a commis un certain nombre dans ses œuvres : pour se nourrir, la cigale n’a que faire des mouches et des vermisseaux qu’elle ne peut d’ailleurs ingérer, son alimentation étant essentiellement composée de la sève des arbres.

La Fontaine n’est pas Buffon, raison pour laquelle on ne l’enseigne pas en cours de SVT. Pour le français en revanche, on peut lui faire confiance. Or, dans cette histoire, à l’ignorance s’ajoute l’assurance du cuistre. Et voilà pourquoi votre prof est muet.

Drôme: une battue aux sangliers exclusivement féminine


#Balancetonporc continue. Lorsque les femmes se mettent à la chasse aux porcs, les hommes sont priés de rester dehors.


Depuis l’affaire Weinstein, la vague #metoo a donné le signal de la chasse aux porcs.

Au sens propre, il arrive même aux femmes de se rassembler dans d’authentiques parties de chasse, avec de vrais fusils, des chiens et des trompes.

C’est ce qui s’est passé courant octobre à Salles-sous-Bois (Drôme) : la fédération de chasse départementale, avec l’association « Arte Miss », a organisé une battue aux sangliers exclusivement féminine. Des dizaines de Diane chasseresses ont traqué sans pitié, et avec une joie non dissimulée, les malheureuses bêtes noires.

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Placées à des postes de tir, ou en charge de lâcher les chiens, ces dames n’ont laissé aucune chance aux cochons sauvages, maîtres de la forêt. Il a été précisé que les conjoints ou compagnons accompagnés de leurs chiens étaient tolérés, mais devaient participer à une battue séparée.

Non-mixité, j’écris ton nom !

Les enfants étaient conviés à assister à l’épopée féminine sanglante. La journée s’est terminée en bacchanale par un grand repas de sangliers cuits à la broche. Dans cette nouvelle version d’Astérix, c’est Falbala qui a les crocs.

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Si j’étais l’ennemi des musulmans

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La sulfureuse « marche contre l’islamophobie » a vu une partie non négligeable de la classe politique française marcher avec des islamistes, des femmes voilées et des militants douteux. Une semaine après l’évènement, Driss Ghali apporte son analyse sur ce dévoiement. 


Si j’étais l’ennemi des musulmans, je ferais tout un tintamarre au sujet de l’islamophobie et je descendrais dans la rue au cri de « faut pas toucher à mon pote musulman ».

Parler d’islamophobie en France est un non-sens complet doublé d’une énorme dose de mauvaise foi. La France est le seul pays du monde où l’être humain de confession musulmane est respecté, le seul où sa dignité est garantie. La preuve en est que des millions de musulmans ont choisi de venir ici. Rares sont les musulmans qui rêvent d’immigrer en Arabie Saoudite ou en Qatar, pays ultra-riches pourtant.

La France, paradis des musulmans

De Dakar à Bagdad en passant par Marrakech et Khartoum, les musulmans fréquentent des hôpitaux pourris, des écoles en lambeaux et des tribunaux gangrénés par la corruption. En France, ils ont accès à une extraordinaire administration publique qui est le fruit de siècles de sacrifices à mettre au crédit des bâtisseurs de l’Etat français que ce soit sous la Monarchie ou la République.

Jamais la femme musulmane n’a été autant respectée et mise en valeur qu’en France. Au sud de la Méditerranée, elle ne reçoit qu’une demi-part à l’héritage, elle est cloîtrée chez elle, quand elle n’est pas harcelée dans la rue par une bande de minables attablés au café du matin jusqu’au soir.

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Jamais les différentes formes de l’islam n’ont pu coexister avec toutes leurs nuances que depuis qu’il s’est implanté en France: soufis, chiites dans leur grande diversité, mozabites, mourides du Sénégal, sunnites de toutes les tendances et obédiences.

La France est une opportunité unique pour les musulmans de se réconcilier avec le plein usage de la Raison et du libre arbitre. Lorsqu’ils sont soumis à la loi islamique, ils doivent en revanche abdiquer du droit de critiquer, de relativiser et de nuancer. Ils sont obligés de se cacher pour rêver et imaginer. Autrement, ils sont « purgés » c’est-à-dire neutralisés, tués ou exilés.

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je les inciterais à donner des prénoms musulmans à leur enfants: ça facilitera la tâche de tous ceux qui pratiquent la discrimination à l’embauche…

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur dirais que le port du voile est une pratique purement personnelle et que l’État n’a rien à y redire: ça n’en rendra que plus aisée la discrimination sur le faciès. Plus besoin d’intelligence artificielle et de logiciels coûteux pour tenir les musulmanes éloignées des meilleures carrières!

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je laisserais des rappeurs incultes et mal-élevés parler en leur nom, je tournerais les projecteurs vers une petite clique d’humoristes et de joueurs de foot, tous aussi irrespectueux les uns que les autres. J’accorderais la notoriété à des artistes qui chantent l’inceste (nique ta mère) et qui font l’éloge de la vie de voyou. J’en ferais leurs ambassadeurs permanents dans les plateaux des chaînes de télévision comme s’il fallait faire rimer musulman et marginal, musulman et délinquant, musulman et ignorant. Or, il n’y a rien de plus étranger à l’Islam que l’inceste, l’irrévérence et le manque de pudeur.

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Si j’étais l’ennemi des musulmans, je laisserais prospérer la racaille en désarmant moralement la police et les juges par le biais du détestable laxisme pénal. Ainsi, les voyous deviennent une sorte d’amalgames ambulants qui montrent au reste du peuple français que Rachid, Mourad ou Moussa sont les précurseurs d’un danger mortel alors qu’ils auraient pu être synonymes d’un renouveau français.

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur apprendrais à détester la police française alors qu’il s’agit probablement d’une des polices les plus professionnelles du monde. Aucun pays arabe et musulman ne dispose de policiers aussi patients devant l’invective, courtois devant l’hostilité et respectueux de la fragilité.

Une richesse et une chance pour la France

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur dirais qu’ils sont beaux et magnifiques, qu’ils sont une richesse pour la France. Que leur religion est symbole de paix et d’amour au moment même où des bombes sont posées par des gens qui se réclament de l’Islam. Belle manière de faire diversion pour occulter le vrai débat !

Comment se fait-il que la civilisation islamique végète depuis 800 ans ? Comment se fait-il qu’elle ne produise rien ou pas grand-chose au niveau littéraire, scientifique ou architectural ? Comment se fait-il qu’elle affiche des niveaux affligeants de corruption et d’incompétence ? Comment expliquer la débâcle morale des pays musulmans alors que les principes moraux de l’Islam sont clairs et sans équivoque ?

Enfin, si j’étais l’ennemi des musulmans, je n’aurais pas besoin de conspirer ou de mettre en œuvre un plan diabolique pour leur nuire. Ils se piègent eux-mêmes et rendent service à ceux qui veulent les asservir par le clientélisme et la haine de la France. Ils sont eux-mêmes co-auteurs de leur tragédie.

Prison mentale

Toutefois, nous sommes des milliers de musulmans à ouvrir les yeux, dans le malaise et la souffrance, comme tous les nouveau-nés qui respirent et voient le monde pour la première fois. Notre mission historique est de faire exploser la prison mentale qui habite en creux nos attitudes et notre inconscient collectif. Le temps est venu de faire table rase et d’éradiquer l’ennemi intime qui réside en nous-mêmes.

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Cet ennemi intime est protégé par le pacte germano-soviétique scellé ente la racaille et les islamistes. Les uns veulent nous assimiler à des barbares, les autres nous isoler des Français derrière le voile, le halal et l’endogamie. Les deux nous empêchent de donner le meilleur de nous-mêmes.

Le pouvoir actuel s’y retrouve en réalité, le pouvoir n’a peur ni des racailles ni des islamistes, il a peur des gilets jaunes car ces derniers ont un casier judiciaire vierge.

Dans cette bataille contre le parti des racailles et des islamistes, nous pouvons nous appuyer sur la France et ses institutions. Ils sont nombreux à vouloir nous porter secours le moment venu, au sein même de l’État et des élites. Et si nous nous en sortons, nous donnerons appui au peuple français pour qu’il reprenne son destin en main après une longue nuit progressiste, synonyme de déclin et de haine de soi.

Il faut reconstruire la France. Dans ce projet titanesque, débarrassés des racailles et des islamistes, les musulmans pourraient apporter l’énergie de l’humilié qui veut se refaire et saisir sa dernière chance de faire mouche. Et les Français de souche amèneront un héritage précieux fondé sur un État fort et des règles du jeu honnêtes. L’alliage entre la force et l’éthique est probablement la seule alternative acceptable à la décomposition de la France.

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Dans le Paris de sa jeunesse perdue

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Paris de ma jeunesse, le livre de souvenirs de Pierre Le Tan, cartographie d’une jeunesse à part, ne force pas le trait. Il dessine en pointillé le Paris enfoui des beaux quartiers, dans les lointaines années 1950/1960.


Du XVIème arrondissement au cœur de la rive gauche, une Atlantide perdue ressurgit, sorte de société secrète qui vivait dans des immeubles de standing à l’abri du tumulte et des regards trop indiscrets. Á l’intérieur, d’énigmatiques personnages dont l’aisance était trompeuse, la chute presque inscrite dans leur atavisme, se déplaçaient comme des ombres chinoises. Le chaos et l’opulence jouaient, en ce temps-là, à cache-cache dans d’immenses appartements, tantôt richement décorés, tantôt glacials comme des halls de gare. Le malaise et le mystère entouraient ces vies parallèles. Pierre Le-Tan disparu en septembre dernier promène tel Monsieur Jadis, sa solitude dans une atmosphère incertaine et délicate, celle de la diaspora vietnamienne.

Paris n’avait pas encore soldé son passé

Les rencontres improbables étaient alors son quotidien. On y croise l’empereur Bao-Daï, la silhouette de Jacques Fath, Martine Carol, le roi Farouk, Yul Brynner ou la milliardaire Barbara Hutton. Paris n’avait pas encore soldé son passé. Les cicatrices de la guerre allaient bientôt se refermer.

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Pierre Le Tan retient cet instant fragile avant la liquidation totale dans Paris de ma jeunesse aux éditions Stock. Il éclaire à la bougie, dans une semi-pénombre, des figures, des restaurants, des objets, des impasses, des musiques que la modernité aura fini par balayer. Elle déteste le relief, elle met tout à plat. L’illustrateur du New Yorker et dénicheur en curiosités embaume cette capitale fantomatique où les artères bourgeoises sont propices à l’imagination, où le son d’un violon russe déclenche la mélodie de la mémoire. De ce recueil réhaussé de quelques dessins aux vues poétiques (angles de rues, métro aérien et scènes de nuit) se dégage une tension presque dramatique. Son ami, Patrick Modiano en signe la préface. Les deux complices partagent le goût pour l’interlope et la brume, les hôtels à double entrée et les longues américaines garées sur le trottoir. Leur collaboration remonte à longtemps déjà. On leur doit Memory Lane (Hachette POL, 1981) et Poupée blonde (POL, 1983).

Une mélancolie souvent amère dans un style plein de larmes

Chez eux, les contours des existences sont flous. Les accords internationaux se négocient à l’arrière des bars à entraîneuses, les stars de cinéma évoluent toujours au bord du précipice. L’aisance financière n’est qu’un leurre, le funambulisme, un art de vivre en société forcément dangereux. Les secrets sédimentent les apparences. Toutes les mondanités ne tiennent qu’à un fil. Il n’y a que les imbéciles ou les truqueurs pour vanter les vertus de la transparence. Ce livre important ne brille pas par sa flamboyance, il distille une mélancolie souvent amère dans un style plein de larmes. Il instruit le lecteur par sa fausse légèreté, il renseigne sur la misère humaine sans les trémolos de plume.

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D’abord, on le feuillette comme un Ciné Revue patiné par les années et puis, on le repose comme un bréviaire. Son écho résonne en nous. Il est difficile de s’en détacher. Pierre Le-Tan explore les couloirs du temps en empruntant les contre-allées.

Toutes les informations « futiles » qui y sont contenues, cartes de restaurant, détails vestimentaires, mobilier d’apparat, prennent de l’épaisseur. Les anecdotes ravivent des mondes engloutis. La gare de Boulainvilliers devient le décor d’un film de Sautet. Le Square Alboni nous transporte en Amérique du Sud. Les errances de l’auteur marquent le tempo d’une géographie intime. Ce livre semble comme tamisé par un disciple de Simenon. Quand la grisaille vient voiler l’éclat trop parfait des intérieurs luxueux. La gravité des situations se niche dans l’ébréchure d’un vase. « Que reste-t-il du Paris de ma jeunesse ? Certains dimanches ou jours de fête, quand la ville semble être désertée, il m’arrive de retrouver une carcasse vide, mon Paris d’autrefois » se demande l’auteur. « Un Paris que l’on revisite en rêve. Vous aurez beau chercher à tâtons l’interrupteur, la lumière restera voilée » lui répond Modiano.

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A la Gare de Milan, c’est la jungle


Entre ses migrants, les dealers et de potentiels terroristes, la gare de Milan ne fait pas vraiment la fierté des Italiens.


Peu de guides touristiques parisiens mentionnent la colline du crack de La Chapelle. Sa population de drogués, dealers et migrants n’enchante guère les amoureux du Paris d’Amélie Poulain aux couleurs pastel rehaussées à la palette graphique. De même, pour nous autres français, l’Italie évoque davantage Anita Ekberg et Marcello Mastroianni que les bidonvilles qui enlaidissent certains faubourgs de Rome. Au nord de la péninsule, Milan concentre « trafiquants de drogue, islamistes et délinquants » autour de sa gare centrale, nous apprend le quotidien libéral-conservateur Il Giornale.

Un militaire poignardé aux cris d’« Allahou Akbar »

Le 17 septembre, un militaire en faction y a été poignardé à la gorge par un clandestin yéménite aux cris d’« Allahou Akbar ». Qu’il s’agisse d’un attentat ou de l’acte d’un « déséquilibré », selon la formule consacrée, l’épisode n’a pas étonné outre mesure les habitués de la place du Duc d’Aoste, sur le parvis de la gare.

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Depuis des années, comme autour de nombreuses gares italiennes, des migrants tuent le temps assis sur les pelouses sans que la maréchaussée s’en inquiète. « Je dénonce depuis longtemps la dégradation, l’insécurité et la criminalité de la place du Duc d’Aoste, mais la municipalité fait mine de ne rien entendre. Voilà le résultat. […] Il faut attendre que quelqu’un soit tué pour qu’ils se réveillent ? » tonne la conseillère municipale Silvia Sardone (Lega) contre la mairie sociale-démocrate de Milan. Une employée de la gare, une des plus grandes d’Italie qui regorge de commerces, dresse le même constat : « Nous ne sommes pas tranquilles. Ce qui est arrivé au militaire pourrait nous arriver. On a la peur au ventre. Chaque jour, il se produit quelque chose : une rixe ou une agression au couteau. »

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Plus largement, Milan se targue d’un triste record, étant devenue la ville italienne qui compte le plus de crimes et délits : 7,4 pour cent habitants soit 150 000 délits et deux tonnes de drogue saisies en 2018. Ce n’est pas gare du Nord que l’on verrait pareil chaos…

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Dernier tango pour Brando

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Samuel Blumenfeld signe un roman sur Marlon Brando, la célébrité la plus atypique d’Hollywood qui ne jurait que par Shakespeare.


Disons-le sans détour, Samuel Blumenfeld signe un roman passionnant sur Marlon Brando.

12900 Mulholland Drive

Le narrateur rencontre le monstre sacré d’Hollywood, devenu obèse, plus de 160 kilos, dans son immense propriété bunker de Mulholland Drive, au 12900, peu avant sa mort. Ce narrateur, transformé en voyeur, est-il le double de l’auteur ? Ou est-ce un faux jeu de miroirs trompeurs ? La question est importante, car avec Brando, l’essentiel est de savoir mentir pour vivre. Lui, l’acteur génial du Parrain, la désespérée bête sexuelle d’Un tramway nommé désir, le biker qui se déhanche trop, traité de « grosse fiotte » par la grande gueule de Lee Marvin, dans La chevauchée sauvage, ce mec-là savait tout jouer, tant il était un menteur professionnel, maître de ses émotions.

Le narrateur nous montre un vieil homme paranoïaque qui ne sort de chez lui que pour rendre visite à son ami Michael Jackson. Brando engloutit des litres de crème glacée à la vanille, s’empiffre de hamburgers, transpire comme un dieu qui aurait vu le diable au fond du couloir. Il pose sur son ventre difforme un téléviseur qui diffuse ses anciens films. Il raconte à son interlocuteur, introduit dans son antre aux parfums de mort lente par sa fille Rebecca, d’incroyables anecdotes sur les tournages.

Daniel Day-Lewis intronisé

On se laisse happer par le récit, la déchéance poignante du plus grand acteur du monde. Brando parle cru, sans langue de bois. Il avoue que son seul héritier est l’acteur Daniel Day-Lewis, certainement pas son fils, Christian Brando, « simple progéniture ». L’acteur ajoute : « Le fruit de mes errances. L’homme qui aura vidé mon compte en banque après son homicide. Personne ne choisit ses enfants. Mais un roi a le privilège de choisir son successeur. » Le roi Lear a parlé. Brando ne jurait que par Shakespeare.

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Son enfance fut un Vietnam. Son père était une ordure qui cognait sa mère. Un jour, Blumenfeld ne manque pas de le rappeler, Brando le menaça : « Si tu touches encore ma mère, je te tue. » Brando aimait Dodie, alcoolique au dernier degré. Elle couchait avec des marins en bordée, des soulards, des livreurs, des garagistes. Elle était belle comme une pute dans le port d’Anvers. Il aimait d’un amour incestuel sa Dodie,  poupée de porcelaine fêlée. Brando aima également à la folie l’acteur français Christian Marquand. Il l’aima tellement qu’il prénomma son fils Christian.

Il y a tant de zones d’ombre chez Brando. Il vola les cendres de son ami d’enfance, l’acteur Wally Cox, à sa femme dont il était jaloux. Le jeune Marlon frappait Wally qui se laissait rosser. Il l’attachait à un arbre, se moquant de savoir si quelqu’un viendrait le détacher. C’était un jeu pour lui. Ça me fait penser à un roman sur l’enfance martyre d’un écrivain qui aurait mérité un prix littéraire. Mais passons.

Marlon déguisé en grand-mère

Le narrateur raconte encore que Marlon se déguisait en grand-mère fardée, avec un horrible chignon, pour dispenser des cours aux jeunes acteurs. Parmi eux, Leonardo DiCaprio, l’éphèbe bouffi. Il lui demande d’improviser une conversation téléphonique. DiCaprio, casquette en arrière, est minable. Brando lâche: « Pour expliquer des choses pareilles, mon petit bonhomme, il faudrait déjà que tu ne ressembles pas à une fille. Or non, avec ta gueule, ni avec ton jean, encore moins avec ta casquette. Tais-toi. »

Humilié DiCaprio ne bouge pas. Il en redemande, au contraire. La puissance magnétique de Brando.

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« Je voulais la niquer »

Autre anecdote, et après courez acheter ce roman.

Brando reçoit l’Oscar du meilleur acteur pour Le Parrain, en 1973. Il le refuse, laissant une jeune Apache aller chercher la statuette sous les tonnerres d’applaudissements. Un geste fort pour sensibiliser l’opinion sur le sort des Amérindiens. Brando explique au narrateur/confesseur pourquoi il a laissé cette fille, qui n’était pas apache en réalité, prendre la statuette à sa place:

« Parce que j’espérais obtenir un rendez-vous avec la fille. Je voulais la niquer. C’est tout. Je l’ai niquée d’ailleurs. »

L’âme de Brando à Death Valley

Celui qu’on surnommait « Fuck machine » brouillait les pistes en permanence, jubilant de piétiner sa légende.

Dans Death Valley, il y a un endroit où l’air est encore plus chaud et le silence plus profond.

Aucun être vivant ne peut tenir plus de quelques minutes sans risquer de finir grillé comme une côte de bœuf. Les cendres de Brando y ont été dispersées par Tarita, sa dernière épouse. L’âme de Brando s’y trouve toujours. Elle vous guette sous le soleil, noire comme son perfecto de faux biker.

Samuel Blumenfeld, Les derniers jours de Marlon Brando. Stock.


Vampires nouvelle génération

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Le film Vampire…Vous avez dit vampire ? avait renouvelé le mythe au mitan des années 80. Cette petite merveille signée Tom Holland ressort en DVD.


Début 1986, le jeune collégien que je suis achète son premier magazine de cinéma consacré au fantastique. Il s’agit du titre éphémère Travelling entièrement dédié au festival d’Avoriaz. Parmi les sélectionnés, je rêve de découvrir Link (R. Franklin), House (S. Miner) ou encore Ré-animator (S. Gordon) et La Revanche de Freddy (J. Sholder).

Mais il y a également ce Vampire…Vous avez dit vampire ? qui me tente beaucoup et que je découvrirai quelques années plus tard en VHS.

L’épouvante classique

Dans mon souvenir, ce premier film de Tom Holland (qui frappera par la suite les cinéphiles en donnant naissance à la fameuse poupée tueuse Chucky avec Jeu d’enfant) était assez parodique et relevait autant de la comédie que du fantastique. A le revoir, c’est moins évident et c’est d’ailleurs plutôt une bonne chose: le film joue davantage sur le registre classique de l’épouvante que du clin d’œil ironique.

Bien sûr, Tom Holland sait qu’il s’inscrit dans une longue histoire et ne manque pas de faire de son héros Charley un amateur de films d’horreur qui regarde Les Cicatrices de Dracula à la télévision. Par ailleurs, pour l’aider dans la traque de son voisin vampire, il fera appel à l’animateur d’une émission d’épouvante dont le patronyme, Peter Vincent, renvoie aussi bien à Peter Cushing (l’acteur Roddy McDowall possède d’ailleurs un physique anguleux qui rappelle un peu celui du grand comédien britannique) qu’à Vincent Price. Mais si on excepte ces références, le film joue plutôt sur les codes du genre avec des vampires qui ne se reflètent pas dans les miroirs et qui craignent toujours les crucifix, la lumière du jour et les pieux dans le cœur.

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© Carlotta Films
© Carlotta Films

Le vampire va en boîte 

Ce que recherche ici le metteur en scène, c’est à dépoussiérer un peu ce mythe. Le vampire n’est désormais plus un vieux noble isolé dans son château noyé dans la brume mais un bellâtre ténébreux portant un blouson de cuir (Chris Sarandon, qu’on reverra ensuite dans Princess Bride) et il fréquente volontiers les boîtes de nuit.

Vampire…vous avez dit vampire ? reste un film très marqué par l’esthétique des années 80 (lumières bleuâtres, ruelles sordides noyées dans les fumigènes…) et qui mêle une violence graphique plus prononcée à une petite touche d’érotisme suranné. Les effets-spéciaux tiennent plutôt bien le coup et restent assez impressionnants (notamment lorsqu’un adolescent victime du vampire, transformé en loup-garou, redevient lui-même). A sa façon, Tom Holland peut être considéré comme le précurseur de cette nouvelle vague de vampires qui fleurira en cette deuxième partie des années 80, que l’on songe à ceux de Joël Schumacher (Génération perdue) ou de Kathryn Bigelow (Aux frontières de l’aube), et qui offrira une vision romantique plus « adolescente » du mythe.

Trois heures de bonus

Si le film séduit encore, c’est qu’il y a une vraie croyance chez le cinéaste. Si Peter Vincent échoue dans un premier temps à neutraliser ses ennemis d’outre-tombe, c’est parce qu’il demeure un cabot qui ne croit pas à l’existence des vampires. Pour que le crucifix ait de l’effet, il faut que celui qui le porte ait une foi imparable en son geste. Il peut s’agir de la foi religieuse dans le cadre du récit mais, d’une manière plus générale, c’est surtout à la croyance dans l’imaginaire que se fie Tom Holland. Et si Vampire…vous avez dit vampire ? fonctionne, c’est parce que son auteur y croit, sans second degré roublard ou clins d’œil sarcastiques.

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Certains aspects ont sans doute pris quelques rides (la musique, par exemple), mais le film possède un charme qui va au-delà de la simple nostalgie…

Les fans de l’œuvre seront aux anges car Carlotta a mis les petits plats dans les grands en nous proposant pas moins de… 3 heures de bonus autour de ce film !

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A la télévision, il est désormais conseillé de parler cash


Sur LCI, le philosophe Alain Finkielkraut a eu le tort d’utiliser l’humour pour contredire son interlocutrice Caroline de Haas. Réplique de la polémique…


« Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons. L’aîné n’avait que dix ans, et le plus jeune n’en avait que sept. On s’étonnera que le bûcheron ait eu tant d’enfants en si peu de temps ; mais c’est que sa femme allait vite en besogne, et n’en faisait pas moins que deux à la fois… » 

Les contes de Marlène Schiappa

Le lecteur aura reconnu le début du conte Le Petit Poucet. Peut-être aussi Madame Schiappa qui manifeste, en ce moment, un goût particulier pour le merveilleux des contes revisité. 

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Décryptage de cet incipit. Sept garçons: sexisme, inégalitarisme, chiffre symbolique sinon sacré. « Besogne »: asservissement de la femme. Titre du conte: maltraitance des enfants dans une famille traditionnelle. Le dernier, en trop, souffre-douleur de tous. Un point, évidemment, à mettre au crédit du conteur: la féminisation du mot « bûcheronne » qui entre dans le dictionnaire (académique, il est vrai). Mais le problème de ce conte est que l’auteur ne dénonce pas, dans ce bûcheron, un violeur en puissance! En témoigne le rythme allègre du récit et l’humour du registre. Si on lit ce conte aux enfants, la lecture devra être orientée.

Lors d’une émission de David Pujadas sur LCI le 13 novembre, Alain Finkielkraut, qui en avait assez que l’on parle de « la culture du viol », eut le malheur, dans le débat avec la militante féministe Caroline de Haas d’employer une phrase au second degré: « Je dis aux hommes : Violez! Violez! D’ailleurs, je viole ma femme tous les soirs, et elle en a marre. » Encore heureux qu’il n’ait pas dit : «…et ma femme adore ça. » ! Indignation de Caroline de Haas. Aussitôt un tollé parcourt la toile. Une pétition est lancée pour que l’émission Répliques soit supprimée. Madame Schiappa se fend d’un tweet a braccio c’est-à-dire ajusté : « Merci à Caroline de Haas d’avoir rappelé la loi en direct à la TV hier. » Rendons-lui la politesse: Reconnaissance à Madame Schiappa d’avoir rappelé l’existence, dans notre pays, d’une police de la pensée.

Elisabeth Lévy à la rescousse

Le lendemain, Elisabeth Lévy vole au secours de l’académicien sur les ondes. Faisant taire une indignation légitime, elle exprime le désir de convaincre le journaliste des vertus de la double pensée. Las! Le second degré, pour les auditeurs, passerait mal au petit déjeuner. Ou plutôt pas du tout. Et certains de dire: qui s’y frotte s’y pique ! Quand on est face aux Carolines, on doit s’attendre au redressement de la pensée. Désormais, l’atteinte à la dignité des femmes ne souffre aucun écart de pensée ni de langage. Qui ne voit que ce féminisme violent, provocateur, est surjoué? Qu’il entre dans une stratégie idéologique venue à point (affaire Polanski) dans ce semestre de « tous les dangers » pour le gouvernement?

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On dit qu’il ne faudrait pas relever les propos de cette féministe. Sauf que c’est la Secrétaire d’État elle-même (et ce n’est pas rien) qui les approuve, non pas de manière privée, mais par un tweet, lu par des milliers de personnes. Cette police de la pensée qui règne partout, surtout dans les facultés, est inquiétante. On a tous en mémoire le monologue de Figaro dans le Mariage de Figaro« Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité ni du culte ni de la politique ni de la morale…, je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs. » De nos jours, on peut tout dire, à condition que ce soit dans le bon sens. Or, l’ironie est un sens interdit. Que dire du discours indirect libre? Au pays de Rabelais, de Montesquieu, de Voltaire! Elisabeth Lévy a fait remarquer à son confrère de Sud Radio le monde terrifiant dans lequel nous allions vivre, en nous privant de l’ironie et du détour par la littérature.

Suite du tweet de la Secrétaire d’Etat à l’égalité : « Oui à l’humour et au second degré. Non à la banalisation des violences sexistes et sexuelles ». Ce qui laisse entendre: les propos d’Alain Finkielkraut ne sont pas du second degré ni de l’humour. Certes, l’écrivain n’a pas fait une apologie du viol. Mais enfin, mieux vaut prévenir l’interprétation douteuse de propos qui banalisent les violences sexuelles, et parler cash, sans humour ni ironie.

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Gilets jaunes, l’échec du Tea party français?

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gilets jaunes tea party trump
Gilets jaunes à Pont de Beauvoisin, Savoie, novembre 2019. Sipa/ ALLILI mourad. Numéro de reportage : 00932802_000004

Le mouvement des Gilets jaunes souffle sa première bougie. Sera-t-elle la seule ? Le mouvement serait-il usé ? D’aucuns veulent croire que non et préfèrent parler de veille plutôt que d’essoufflement. Une certitude, cette année écoulée n’a pas vu le triomphe d’un Tea Party à la française. Alors que le mouvement français tousse, le modèle américain a su conquérir la présidence et s’implanter au Congrès en sept ans. Des stratégies différentes et un contexte différent pour des idées parfois ressemblantes.


Il y a un an, le mouvement des Gilets jaunes a fait son entrée sur la scène médiatique ; 287 710 personnes ont alors défilé selon le ministère de l’Intérieur, un chiffre brillamment précis et dénoncé comme largement sous-évalué, comme ceux des samedis suivants, et qui est tombé à quelques milliers depuis. Sur Facebook, l’inconnu Éric Drouet avait appelé à une manifestation nationale le 17 novembre. Au printemps, Priscillia Ludosky, tout aussi inconnue, avait publié une pétition en ligne pour demander la baisse du prix des carburants, le thème initial des manifestations. Depuis, le mouvement a manifesté chaque samedi et a obtenu des concessions – dont l’abandon de la hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – qui, finalement, l’ont divisé, le pouvoir n’ayant pas répondu à toutes les attentes. À ses débuts, il a émis des revendications parfois similaires à celles du Tea Party, mais n’a pas connu la même trajectoire ni quant à son articulation ni concernant sa stratégie et ses succès.

Le meilleure réponse au mépris

Le 15 mars 2009, le Tea Party entrait officiellement dans l’espace public à l’occasion du Tax Day, la date limite pour rendre les feuilles d’impôts au gouvernement fédéral. Des manifestations eurent lieu dans tout le pays en forme de mise en garde à l’administration Obama. Alors assez confidentiel, le mouvement fut traité avec mépris par les médias ; un présentateur de CNN, Andy Cooper, qualifia les militants de « Tea Baggers », une injure désignant le fait d’avoir ou de mettre un sexe dans une bouche. De nombreuses personnalités reprirent le mot de Cooper, à commencer par le président Obama ou Bill Clinton. Cette opposition des élites renforça les militants, libertariens, républicains ou démocrates, dans leur sentiment d’être méprisés et contribua à la désignation des médias comme des ennemis. En France, face aux Gilets jaunes, le journaliste Jean Quatremer a parlé de « mouvement de beaufs, poujadiste, factieux et rouge brun », ou Christophe Castaner de « séditieux d’ultradroite », nourrissant la rancune d’une population qui manifestait sa colère face au mépris.

Du Tea Party à Trump

Rapidement, le Tea Party se structura. Le premier congrès eut lieu en février 2010 à Nashville. On y définit un programme commun à tous les Tea Parties (moins d’État, moins de taxes, une fiscalité plus juste, plus de droits pour les Etats fédérés et une sécurité nationale forte). La stratégie de conquête passait par la décision de peser sur le Parti républicain lors des primaires de 2011 pour les élections de mi-mandat. Le résultat fut heureux : sur les 80 élus républicains à la Chambre des représentants, 60 avaient été investis par le Tea Party et nombre d’entre eux étaient relativement inconnus. Cinq ans plus tard, Donald Trump remportait les primaires républicaines contre toute attente et la présidence alors qu’il était donné largement battu. En 2017, les trois premiers personnages de l’État, le Président, le Vice-président Mike Pence et le Speaker Paul Ryan étaient proches du Tea Party.

45% de soutien

Après les élections de 2011, 65 % des Américains avaient un regard neutre ou favorable sur le Tea Party tandis que 24 % le jugeaient toujours négativement. Ce chiffre est à comparer à la forte sympathie ressentie par les Français pour les Gilets jaunes qui frôlait un taux de 75 % après l’Acte I du 17 novembre. Cependant, le mouvement des Gilets jaunes a vu sa cote de popularité péricliter et bénéficie actuellement de 45 % d’opinions favorables. Les violences émaillant ses manifestations, une couverture médiatique devenue rapidement négative, les divisions ou des revendications économiques irréalistes ont empêché le mouvement de consolider la sympathie qu’il attirait. De plus, alors que Jean-Luc Mélenchon traitait les Gilets jaunes de « fachos et fâchés » au début, les sympathisants du Rassemblement national (RN) ont fini par se lasser des manifestations qui ne correspondaient plus à leurs attentes, tandis que ceux de la France insoumise, habitués aux luttes sociales, les ont remplacés.

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Fiasco aux européennes

Si les Tea Parties, protéiformes, décentralisés, ont su s’organiser, se font fixés des caps électoraux en investissant le Parti républicain, les Gilets jaunes ont pu se retrouver dans des assemblées à trois reprises entre janvier et juin 2019, mais y ont redit leur opposition à la jonction avec des partis politiques. Aux élections européennes, les deux listes de Gilets jaunes, Évolution citoyenne et Alliance Jaune, font respectivement 0,01% et 0,54%, et aucun parti ayant investi un Gilet jaune ne passe la barre des 5% nécessaire pour avoir au moins un élu, tandis que le RN bénéficie de 44% des voix des Gilets jaunes. S’ils ont obtenu des gains en réponse à leurs demandes, leurs divisions empêchent de parler de succès électoral, quand bien même la liste massivement choisie par eux est arrivé en tête, car ils n’ont pesé sur aucun choix et ne peuvent forcer un parti à se réorienter.

Convoquer l’histoire

Outre la lutte contre la fiscalité, là où les Tea Partiers et les Gilets jaunes se ressemblent, c’est sur une volonté de liberté d’expression que les médias, dans le cas français, ont préféré éluder pour ne mettre en avant que les revendications économiques. En janvier, les Gilets jaunes avaient lancé leur plateforme intitulée « Le Vrai débat » où ils revendiquaient la libre expression, notamment les sujets de société dont l’immigration. Le Tea Party se mobilise, lui, pour le Premier Amendement qui garantit la libre expression. Les deux mouvements convoquent l’Histoire : le drapeau du Tea Party, le Gadsden Flag, est un emblème datant de la Guerre d’Indépendance, tandis que les Gilets jaunes font référence aux jacqueries paysannes contre la fiscalité ou à la Révolution française avec leur « nouveau serment du Jeu de paume » de décembre 2018, comme un besoin d’identité.

La droite a quitté la rue

Si dans leurs structures les deux mouvements diffèrent, leurs natures divergent aussi, surtout depuis que les sympathisants de droite ont quitté la rue : alors que le Tea Party luttait contre l’interventionnisme étatique, les Gilets jaunes réclament davantage d’aides sociales au risque d’alimenter le cercle vicieux intégrant la pression fiscale qu’ils dénoncent. Et, fait notable, la culture juridique importe davantage aux Etats-Unis qu’en France concernant la Constitution dont la Heritage Foundation et divers éditeurs publient des versions explicatives détaillées, ce qui explique la focalisation du Tea Party sur ce texte.

Malgré ces divergences, l’un des grands gagnants de la crise française est américain, celui qui a su cristalliser la colère des Tea Partiers, Donald Trump. Le rejet des taxes officiellement motivées par l’écologie est perçu par le Président américain comme une confirmation de son choix de ne pas suivre les accords de Paris sur le climat.

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Gilets jaunes: un bien triste anniversaire

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Pont de Beauvoisin, le 17 novembre 2019 © ALLILI MOURAD/SIPA Numéro de reportage: 00932792_000003

Le mouvement des gilets jaunes démarrait il y a tout juste un an. Et dès le premier jour, Chantal Mazet, une retraitée de 63 ans originaire de Pont-de-Beauvoisin mourait, renversée par une voiture.


Dès le premier jour de blocage des ronds-points par les gilets jaunes, deux victimes: Chantal Mazet, retraitée de 63 ans, et la conductrice qui l’a renversée, une maman qui emmenait son enfant chez le médecin. La première est décédée, la seconde a sans doute sa vie bouleversée, voire brisée par ce drame.

La liberté de circuler en cause

Que dire d’un évènement aussi absurde qu’il est tragique? Que dire sinon qu’il est, malgré tout, la conséquence prévisible d’une inconscience, voire d’une irresponsabilité. Sous couvert d’un droit de manifester – qui ne se trouve, contrairement à ce qui est souvent dit, nulle part dans la Constitution-, chacun aujourd’hui se croit autorisé à appeler à la manifestation. Mais ce qui est pire, sans autorisation, sans organisation et par tous les moyens possibles, ce qui peut donc avoir des conséquences tragiques.

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Appeler à bloquer un rond-point c’est une folie. Qui peut imaginer sérieusement qu’agresser violemment les gens dans leur quotidien, en faisant obstacle à ce qui est au cœur de leur liberté, soit sans risque et sans conséquence ? La liberté de circuler, de se rendre où l’on veut, quand on veut, est vitale pour tout citoyen. Y faire obstacle peut entraîner ce genre de drame, ne pas imaginer que cela soit possible, considérer que la constitution de bandes qui arrêtent et menacent l’automobiliste soit un acte « normal », c’est être inconscient ou irresponsable.

Spirale dangereuse

Et participer à ce genre de blocage, c’est aussi prendre une responsabilité et un risque. Bien sûr, on peut comprendre l’entraînement du moment, la spirale envoûtante des réseaux sociaux qui appellent à l’action et qui stimulent le courage, les copains que l’on retrouve ou que l’on se fait, l’impression de faire « quelque chose » pour changer sa vie, pour que tout aille mieux… Et tout d’un coup l’on devient l’agresseur, le bloqueur d’autres braves gens comme soi. Et tout d’un coup on est mort.

La mère de famille, stressée peut-être par l’état de son enfant, se dépêche pour aller chez le médecin. Comment peut-elle ressentir ce barrage (dont certains bloqueurs étaient semble-t-il agressifs) ? Qui sont ces gens sur son chemin de vie, qui lui font obstacle sans rien vouloir savoir de son destin personnel ? C’est sans doute un sentiment d’agression, de danger, et quand on transporte un enfant, la panique arrive vite. Que se passe-t-il vraiment ? En tout cas le drame est bien survenu.

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Génération « j’ai le droit »

Voilà comment une tragédie absurde se produit, sans autre résultat  que du sang et des larmes, sans que la « cause » avance d’un iota pour autant. Juste parce qu’aujourd’hui il semble que chacun puisse faire n’importe quoi pourvu qu’il s’abrite derrière la bannière de ses « droits ».

Bloquer des ronds-points, après tout pourquoi se gêner ? les pouvoirs publics ont laissé faire, l’opinion publique, paraît-il, soutenait le mouvement. Et puis après les ronds-points investissons les grandes villes, on a le bien le « droit de manifester ». Bilan actuel: 11 morts, 4400 blessés (dont 2000 dans les forces de l’ordre), 4,5 milliards d’euros de pertes pour l’économie. Un tel mouvement navigue comme un bateau sans voile ni moteur, au gré des courants d’opinion, des mots d’ordre venus de nulle part pour aller on ne sait où, ballotté par les houles médiatiques. Qu’on le soutienne ou qu’on le condamne, que chacun se positionne comme il veut, pourvu que ce soit en conscience et en responsabilité.

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Le pion, la cigale et la fourmi

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Illustration, salle de classe (Créteil, le 2 septembre 2019). Numéro de reportage : 00921802_000015 Auteurs : NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Ce n’est pas toujours celui auquel on pense qui a le plus besoin d’être encadré.


Dans une école primaire parisienne, un animateur de vie scolaire chargé d’encadrer les enfants qui font leurs devoirs l’après-midi s’arrête devant un pupitre d’écolier. Un garçon de CM2, plongé sur son cahier, recopie la première fable de La Fontaine. Avec application, ce petit chose écrit les fameux vers : « La cigale, ayant chanté / Tout l’été. / Se trouva fort dépourvue / Quand la bise fut venue… » « Non, lui dit l’animateur, tu as mal copié. Ce n’est pas d’une bise qu’il s’agit, mais de la brise, un vent léger… » Quelle sollicitude ! Sauf que le gentil animateur induit en erreur l’élève qu’il est censé aider.

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Le soir venu, la mère du petit garçon se rend compte de la bévue et lui demande de corriger son devoir. « Mais maman, lui répond-il, c’est l’animateur qui me l’a dit. » Il a fallu toute la force de persuasion et l’onction d’internet pour convaincre l’enfant d’enlever le « r » de trop. Certes, l’erreur est humaine, d’autant que notre grand fabuliste national en a commis un certain nombre dans ses œuvres : pour se nourrir, la cigale n’a que faire des mouches et des vermisseaux qu’elle ne peut d’ailleurs ingérer, son alimentation étant essentiellement composée de la sève des arbres.

La Fontaine n’est pas Buffon, raison pour laquelle on ne l’enseigne pas en cours de SVT. Pour le français en revanche, on peut lui faire confiance. Or, dans cette histoire, à l’ignorance s’ajoute l’assurance du cuistre. Et voilà pourquoi votre prof est muet.

Drôme: une battue aux sangliers exclusivement féminine

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Image d'illustration (Pixabay) D.R.

#Balancetonporc continue. Lorsque les femmes se mettent à la chasse aux porcs, les hommes sont priés de rester dehors.


Depuis l’affaire Weinstein, la vague #metoo a donné le signal de la chasse aux porcs.

Au sens propre, il arrive même aux femmes de se rassembler dans d’authentiques parties de chasse, avec de vrais fusils, des chiens et des trompes.

C’est ce qui s’est passé courant octobre à Salles-sous-Bois (Drôme) : la fédération de chasse départementale, avec l’association « Arte Miss », a organisé une battue aux sangliers exclusivement féminine. Des dizaines de Diane chasseresses ont traqué sans pitié, et avec une joie non dissimulée, les malheureuses bêtes noires.

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Placées à des postes de tir, ou en charge de lâcher les chiens, ces dames n’ont laissé aucune chance aux cochons sauvages, maîtres de la forêt. Il a été précisé que les conjoints ou compagnons accompagnés de leurs chiens étaient tolérés, mais devaient participer à une battue séparée.

Non-mixité, j’écris ton nom !

Les enfants étaient conviés à assister à l’épopée féminine sanglante. La journée s’est terminée en bacchanale par un grand repas de sangliers cuits à la broche. Dans cette nouvelle version d’Astérix, c’est Falbala qui a les crocs.

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Si j’étais l’ennemi des musulmans

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Trois femmes avec un voile islamique, lors de la manifestation controversée du 10 novembre 2019 à Paris © SEVGI/SIPA Numéro de reportage: 00931703_000014

La sulfureuse « marche contre l’islamophobie » a vu une partie non négligeable de la classe politique française marcher avec des islamistes, des femmes voilées et des militants douteux. Une semaine après l’évènement, Driss Ghali apporte son analyse sur ce dévoiement. 


Si j’étais l’ennemi des musulmans, je ferais tout un tintamarre au sujet de l’islamophobie et je descendrais dans la rue au cri de « faut pas toucher à mon pote musulman ».

Parler d’islamophobie en France est un non-sens complet doublé d’une énorme dose de mauvaise foi. La France est le seul pays du monde où l’être humain de confession musulmane est respecté, le seul où sa dignité est garantie. La preuve en est que des millions de musulmans ont choisi de venir ici. Rares sont les musulmans qui rêvent d’immigrer en Arabie Saoudite ou en Qatar, pays ultra-riches pourtant.

La France, paradis des musulmans

De Dakar à Bagdad en passant par Marrakech et Khartoum, les musulmans fréquentent des hôpitaux pourris, des écoles en lambeaux et des tribunaux gangrénés par la corruption. En France, ils ont accès à une extraordinaire administration publique qui est le fruit de siècles de sacrifices à mettre au crédit des bâtisseurs de l’Etat français que ce soit sous la Monarchie ou la République.

Jamais la femme musulmane n’a été autant respectée et mise en valeur qu’en France. Au sud de la Méditerranée, elle ne reçoit qu’une demi-part à l’héritage, elle est cloîtrée chez elle, quand elle n’est pas harcelée dans la rue par une bande de minables attablés au café du matin jusqu’au soir.

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Jamais les différentes formes de l’islam n’ont pu coexister avec toutes leurs nuances que depuis qu’il s’est implanté en France: soufis, chiites dans leur grande diversité, mozabites, mourides du Sénégal, sunnites de toutes les tendances et obédiences.

La France est une opportunité unique pour les musulmans de se réconcilier avec le plein usage de la Raison et du libre arbitre. Lorsqu’ils sont soumis à la loi islamique, ils doivent en revanche abdiquer du droit de critiquer, de relativiser et de nuancer. Ils sont obligés de se cacher pour rêver et imaginer. Autrement, ils sont « purgés » c’est-à-dire neutralisés, tués ou exilés.

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je les inciterais à donner des prénoms musulmans à leur enfants: ça facilitera la tâche de tous ceux qui pratiquent la discrimination à l’embauche…

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur dirais que le port du voile est une pratique purement personnelle et que l’État n’a rien à y redire: ça n’en rendra que plus aisée la discrimination sur le faciès. Plus besoin d’intelligence artificielle et de logiciels coûteux pour tenir les musulmanes éloignées des meilleures carrières!

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je laisserais des rappeurs incultes et mal-élevés parler en leur nom, je tournerais les projecteurs vers une petite clique d’humoristes et de joueurs de foot, tous aussi irrespectueux les uns que les autres. J’accorderais la notoriété à des artistes qui chantent l’inceste (nique ta mère) et qui font l’éloge de la vie de voyou. J’en ferais leurs ambassadeurs permanents dans les plateaux des chaînes de télévision comme s’il fallait faire rimer musulman et marginal, musulman et délinquant, musulman et ignorant. Or, il n’y a rien de plus étranger à l’Islam que l’inceste, l’irrévérence et le manque de pudeur.

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Si j’étais l’ennemi des musulmans, je laisserais prospérer la racaille en désarmant moralement la police et les juges par le biais du détestable laxisme pénal. Ainsi, les voyous deviennent une sorte d’amalgames ambulants qui montrent au reste du peuple français que Rachid, Mourad ou Moussa sont les précurseurs d’un danger mortel alors qu’ils auraient pu être synonymes d’un renouveau français.

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur apprendrais à détester la police française alors qu’il s’agit probablement d’une des polices les plus professionnelles du monde. Aucun pays arabe et musulman ne dispose de policiers aussi patients devant l’invective, courtois devant l’hostilité et respectueux de la fragilité.

Une richesse et une chance pour la France

Si j’étais l’ennemi des musulmans, je leur dirais qu’ils sont beaux et magnifiques, qu’ils sont une richesse pour la France. Que leur religion est symbole de paix et d’amour au moment même où des bombes sont posées par des gens qui se réclament de l’Islam. Belle manière de faire diversion pour occulter le vrai débat !

Comment se fait-il que la civilisation islamique végète depuis 800 ans ? Comment se fait-il qu’elle ne produise rien ou pas grand-chose au niveau littéraire, scientifique ou architectural ? Comment se fait-il qu’elle affiche des niveaux affligeants de corruption et d’incompétence ? Comment expliquer la débâcle morale des pays musulmans alors que les principes moraux de l’Islam sont clairs et sans équivoque ?

Enfin, si j’étais l’ennemi des musulmans, je n’aurais pas besoin de conspirer ou de mettre en œuvre un plan diabolique pour leur nuire. Ils se piègent eux-mêmes et rendent service à ceux qui veulent les asservir par le clientélisme et la haine de la France. Ils sont eux-mêmes co-auteurs de leur tragédie.

Prison mentale

Toutefois, nous sommes des milliers de musulmans à ouvrir les yeux, dans le malaise et la souffrance, comme tous les nouveau-nés qui respirent et voient le monde pour la première fois. Notre mission historique est de faire exploser la prison mentale qui habite en creux nos attitudes et notre inconscient collectif. Le temps est venu de faire table rase et d’éradiquer l’ennemi intime qui réside en nous-mêmes.

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Cet ennemi intime est protégé par le pacte germano-soviétique scellé ente la racaille et les islamistes. Les uns veulent nous assimiler à des barbares, les autres nous isoler des Français derrière le voile, le halal et l’endogamie. Les deux nous empêchent de donner le meilleur de nous-mêmes.

Le pouvoir actuel s’y retrouve en réalité, le pouvoir n’a peur ni des racailles ni des islamistes, il a peur des gilets jaunes car ces derniers ont un casier judiciaire vierge.

Dans cette bataille contre le parti des racailles et des islamistes, nous pouvons nous appuyer sur la France et ses institutions. Ils sont nombreux à vouloir nous porter secours le moment venu, au sein même de l’État et des élites. Et si nous nous en sortons, nous donnerons appui au peuple français pour qu’il reprenne son destin en main après une longue nuit progressiste, synonyme de déclin et de haine de soi.

Il faut reconstruire la France. Dans ce projet titanesque, débarrassés des racailles et des islamistes, les musulmans pourraient apporter l’énergie de l’humilié qui veut se refaire et saisir sa dernière chance de faire mouche. Et les Français de souche amèneront un héritage précieux fondé sur un État fort et des règles du jeu honnêtes. L’alliage entre la force et l’éthique est probablement la seule alternative acceptable à la décomposition de la France.

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Mon père, le Maroc et moi: Une chronique contemporaine

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Dans le Paris de sa jeunesse perdue

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pierre letan paris jeunesse
"Dernier domicile connu", un film de José Giovanni.

Paris de ma jeunesse, le livre de souvenirs de Pierre Le Tan, cartographie d’une jeunesse à part, ne force pas le trait. Il dessine en pointillé le Paris enfoui des beaux quartiers, dans les lointaines années 1950/1960.


Du XVIème arrondissement au cœur de la rive gauche, une Atlantide perdue ressurgit, sorte de société secrète qui vivait dans des immeubles de standing à l’abri du tumulte et des regards trop indiscrets. Á l’intérieur, d’énigmatiques personnages dont l’aisance était trompeuse, la chute presque inscrite dans leur atavisme, se déplaçaient comme des ombres chinoises. Le chaos et l’opulence jouaient, en ce temps-là, à cache-cache dans d’immenses appartements, tantôt richement décorés, tantôt glacials comme des halls de gare. Le malaise et le mystère entouraient ces vies parallèles. Pierre Le-Tan disparu en septembre dernier promène tel Monsieur Jadis, sa solitude dans une atmosphère incertaine et délicate, celle de la diaspora vietnamienne.

Paris n’avait pas encore soldé son passé

Les rencontres improbables étaient alors son quotidien. On y croise l’empereur Bao-Daï, la silhouette de Jacques Fath, Martine Carol, le roi Farouk, Yul Brynner ou la milliardaire Barbara Hutton. Paris n’avait pas encore soldé son passé. Les cicatrices de la guerre allaient bientôt se refermer.

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Pierre Le Tan retient cet instant fragile avant la liquidation totale dans Paris de ma jeunesse aux éditions Stock. Il éclaire à la bougie, dans une semi-pénombre, des figures, des restaurants, des objets, des impasses, des musiques que la modernité aura fini par balayer. Elle déteste le relief, elle met tout à plat. L’illustrateur du New Yorker et dénicheur en curiosités embaume cette capitale fantomatique où les artères bourgeoises sont propices à l’imagination, où le son d’un violon russe déclenche la mélodie de la mémoire. De ce recueil réhaussé de quelques dessins aux vues poétiques (angles de rues, métro aérien et scènes de nuit) se dégage une tension presque dramatique. Son ami, Patrick Modiano en signe la préface. Les deux complices partagent le goût pour l’interlope et la brume, les hôtels à double entrée et les longues américaines garées sur le trottoir. Leur collaboration remonte à longtemps déjà. On leur doit Memory Lane (Hachette POL, 1981) et Poupée blonde (POL, 1983).

Une mélancolie souvent amère dans un style plein de larmes

Chez eux, les contours des existences sont flous. Les accords internationaux se négocient à l’arrière des bars à entraîneuses, les stars de cinéma évoluent toujours au bord du précipice. L’aisance financière n’est qu’un leurre, le funambulisme, un art de vivre en société forcément dangereux. Les secrets sédimentent les apparences. Toutes les mondanités ne tiennent qu’à un fil. Il n’y a que les imbéciles ou les truqueurs pour vanter les vertus de la transparence. Ce livre important ne brille pas par sa flamboyance, il distille une mélancolie souvent amère dans un style plein de larmes. Il instruit le lecteur par sa fausse légèreté, il renseigne sur la misère humaine sans les trémolos de plume.

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D’abord, on le feuillette comme un Ciné Revue patiné par les années et puis, on le repose comme un bréviaire. Son écho résonne en nous. Il est difficile de s’en détacher. Pierre Le-Tan explore les couloirs du temps en empruntant les contre-allées.

Toutes les informations « futiles » qui y sont contenues, cartes de restaurant, détails vestimentaires, mobilier d’apparat, prennent de l’épaisseur. Les anecdotes ravivent des mondes engloutis. La gare de Boulainvilliers devient le décor d’un film de Sautet. Le Square Alboni nous transporte en Amérique du Sud. Les errances de l’auteur marquent le tempo d’une géographie intime. Ce livre semble comme tamisé par un disciple de Simenon. Quand la grisaille vient voiler l’éclat trop parfait des intérieurs luxueux. La gravité des situations se niche dans l’ébréchure d’un vase. « Que reste-t-il du Paris de ma jeunesse ? Certains dimanches ou jours de fête, quand la ville semble être désertée, il m’arrive de retrouver une carcasse vide, mon Paris d’autrefois » se demande l’auteur. « Un Paris que l’on revisite en rêve. Vous aurez beau chercher à tâtons l’interrupteur, la lumière restera voilée » lui répond Modiano.

Paris de ma jeunesse, Pierre Le Tan, Stock.

Paris de ma jeunesse

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A la Gare de Milan, c’est la jungle

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(c) OLIVIER MORIN / AFP

Entre ses migrants, les dealers et de potentiels terroristes, la gare de Milan ne fait pas vraiment la fierté des Italiens.


Peu de guides touristiques parisiens mentionnent la colline du crack de La Chapelle. Sa population de drogués, dealers et migrants n’enchante guère les amoureux du Paris d’Amélie Poulain aux couleurs pastel rehaussées à la palette graphique. De même, pour nous autres français, l’Italie évoque davantage Anita Ekberg et Marcello Mastroianni que les bidonvilles qui enlaidissent certains faubourgs de Rome. Au nord de la péninsule, Milan concentre « trafiquants de drogue, islamistes et délinquants » autour de sa gare centrale, nous apprend le quotidien libéral-conservateur Il Giornale.

Un militaire poignardé aux cris d’« Allahou Akbar »

Le 17 septembre, un militaire en faction y a été poignardé à la gorge par un clandestin yéménite aux cris d’« Allahou Akbar ». Qu’il s’agisse d’un attentat ou de l’acte d’un « déséquilibré », selon la formule consacrée, l’épisode n’a pas étonné outre mesure les habitués de la place du Duc d’Aoste, sur le parvis de la gare.

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Depuis des années, comme autour de nombreuses gares italiennes, des migrants tuent le temps assis sur les pelouses sans que la maréchaussée s’en inquiète. « Je dénonce depuis longtemps la dégradation, l’insécurité et la criminalité de la place du Duc d’Aoste, mais la municipalité fait mine de ne rien entendre. Voilà le résultat. […] Il faut attendre que quelqu’un soit tué pour qu’ils se réveillent ? » tonne la conseillère municipale Silvia Sardone (Lega) contre la mairie sociale-démocrate de Milan. Une employée de la gare, une des plus grandes d’Italie qui regorge de commerces, dresse le même constat : « Nous ne sommes pas tranquilles. Ce qui est arrivé au militaire pourrait nous arriver. On a la peur au ventre. Chaque jour, il se produit quelque chose : une rixe ou une agression au couteau. »

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Plus largement, Milan se targue d’un triste record, étant devenue la ville italienne qui compte le plus de crimes et délits : 7,4 pour cent habitants soit 150 000 délits et deux tonnes de drogue saisies en 2018. Ce n’est pas gare du Nord que l’on verrait pareil chaos…

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Dernier tango pour Brando

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marlon brando samuel blumenfeld
Marlon Brando au procès de son fils Christian, 1990. SIPA/ SAM MARKOVCH. Numéro de reportage : 00191426_000002

Samuel Blumenfeld signe un roman sur Marlon Brando, la célébrité la plus atypique d’Hollywood qui ne jurait que par Shakespeare.


Disons-le sans détour, Samuel Blumenfeld signe un roman passionnant sur Marlon Brando.

12900 Mulholland Drive

Le narrateur rencontre le monstre sacré d’Hollywood, devenu obèse, plus de 160 kilos, dans son immense propriété bunker de Mulholland Drive, au 12900, peu avant sa mort. Ce narrateur, transformé en voyeur, est-il le double de l’auteur ? Ou est-ce un faux jeu de miroirs trompeurs ? La question est importante, car avec Brando, l’essentiel est de savoir mentir pour vivre. Lui, l’acteur génial du Parrain, la désespérée bête sexuelle d’Un tramway nommé désir, le biker qui se déhanche trop, traité de « grosse fiotte » par la grande gueule de Lee Marvin, dans La chevauchée sauvage, ce mec-là savait tout jouer, tant il était un menteur professionnel, maître de ses émotions.

Le narrateur nous montre un vieil homme paranoïaque qui ne sort de chez lui que pour rendre visite à son ami Michael Jackson. Brando engloutit des litres de crème glacée à la vanille, s’empiffre de hamburgers, transpire comme un dieu qui aurait vu le diable au fond du couloir. Il pose sur son ventre difforme un téléviseur qui diffuse ses anciens films. Il raconte à son interlocuteur, introduit dans son antre aux parfums de mort lente par sa fille Rebecca, d’incroyables anecdotes sur les tournages.

Daniel Day-Lewis intronisé

On se laisse happer par le récit, la déchéance poignante du plus grand acteur du monde. Brando parle cru, sans langue de bois. Il avoue que son seul héritier est l’acteur Daniel Day-Lewis, certainement pas son fils, Christian Brando, « simple progéniture ». L’acteur ajoute : « Le fruit de mes errances. L’homme qui aura vidé mon compte en banque après son homicide. Personne ne choisit ses enfants. Mais un roi a le privilège de choisir son successeur. » Le roi Lear a parlé. Brando ne jurait que par Shakespeare.

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Son enfance fut un Vietnam. Son père était une ordure qui cognait sa mère. Un jour, Blumenfeld ne manque pas de le rappeler, Brando le menaça : « Si tu touches encore ma mère, je te tue. » Brando aimait Dodie, alcoolique au dernier degré. Elle couchait avec des marins en bordée, des soulards, des livreurs, des garagistes. Elle était belle comme une pute dans le port d’Anvers. Il aimait d’un amour incestuel sa Dodie,  poupée de porcelaine fêlée. Brando aima également à la folie l’acteur français Christian Marquand. Il l’aima tellement qu’il prénomma son fils Christian.

Il y a tant de zones d’ombre chez Brando. Il vola les cendres de son ami d’enfance, l’acteur Wally Cox, à sa femme dont il était jaloux. Le jeune Marlon frappait Wally qui se laissait rosser. Il l’attachait à un arbre, se moquant de savoir si quelqu’un viendrait le détacher. C’était un jeu pour lui. Ça me fait penser à un roman sur l’enfance martyre d’un écrivain qui aurait mérité un prix littéraire. Mais passons.

Marlon déguisé en grand-mère

Le narrateur raconte encore que Marlon se déguisait en grand-mère fardée, avec un horrible chignon, pour dispenser des cours aux jeunes acteurs. Parmi eux, Leonardo DiCaprio, l’éphèbe bouffi. Il lui demande d’improviser une conversation téléphonique. DiCaprio, casquette en arrière, est minable. Brando lâche: « Pour expliquer des choses pareilles, mon petit bonhomme, il faudrait déjà que tu ne ressembles pas à une fille. Or non, avec ta gueule, ni avec ton jean, encore moins avec ta casquette. Tais-toi. »

Humilié DiCaprio ne bouge pas. Il en redemande, au contraire. La puissance magnétique de Brando.

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« Je voulais la niquer »

Autre anecdote, et après courez acheter ce roman.

Brando reçoit l’Oscar du meilleur acteur pour Le Parrain, en 1973. Il le refuse, laissant une jeune Apache aller chercher la statuette sous les tonnerres d’applaudissements. Un geste fort pour sensibiliser l’opinion sur le sort des Amérindiens. Brando explique au narrateur/confesseur pourquoi il a laissé cette fille, qui n’était pas apache en réalité, prendre la statuette à sa place:

« Parce que j’espérais obtenir un rendez-vous avec la fille. Je voulais la niquer. C’est tout. Je l’ai niquée d’ailleurs. »

L’âme de Brando à Death Valley

Celui qu’on surnommait « Fuck machine » brouillait les pistes en permanence, jubilant de piétiner sa légende.

Dans Death Valley, il y a un endroit où l’air est encore plus chaud et le silence plus profond.

Aucun être vivant ne peut tenir plus de quelques minutes sans risquer de finir grillé comme une côte de bœuf. Les cendres de Brando y ont été dispersées par Tarita, sa dernière épouse. L’âme de Brando s’y trouve toujours. Elle vous guette sous le soleil, noire comme son perfecto de faux biker.

Samuel Blumenfeld, Les derniers jours de Marlon Brando. Stock.


Vampires nouvelle génération

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© Carlotta Films

Le film Vampire…Vous avez dit vampire ? avait renouvelé le mythe au mitan des années 80. Cette petite merveille signée Tom Holland ressort en DVD.


Début 1986, le jeune collégien que je suis achète son premier magazine de cinéma consacré au fantastique. Il s’agit du titre éphémère Travelling entièrement dédié au festival d’Avoriaz. Parmi les sélectionnés, je rêve de découvrir Link (R. Franklin), House (S. Miner) ou encore Ré-animator (S. Gordon) et La Revanche de Freddy (J. Sholder).

Mais il y a également ce Vampire…Vous avez dit vampire ? qui me tente beaucoup et que je découvrirai quelques années plus tard en VHS.

L’épouvante classique

Dans mon souvenir, ce premier film de Tom Holland (qui frappera par la suite les cinéphiles en donnant naissance à la fameuse poupée tueuse Chucky avec Jeu d’enfant) était assez parodique et relevait autant de la comédie que du fantastique. A le revoir, c’est moins évident et c’est d’ailleurs plutôt une bonne chose: le film joue davantage sur le registre classique de l’épouvante que du clin d’œil ironique.

Bien sûr, Tom Holland sait qu’il s’inscrit dans une longue histoire et ne manque pas de faire de son héros Charley un amateur de films d’horreur qui regarde Les Cicatrices de Dracula à la télévision. Par ailleurs, pour l’aider dans la traque de son voisin vampire, il fera appel à l’animateur d’une émission d’épouvante dont le patronyme, Peter Vincent, renvoie aussi bien à Peter Cushing (l’acteur Roddy McDowall possède d’ailleurs un physique anguleux qui rappelle un peu celui du grand comédien britannique) qu’à Vincent Price. Mais si on excepte ces références, le film joue plutôt sur les codes du genre avec des vampires qui ne se reflètent pas dans les miroirs et qui craignent toujours les crucifix, la lumière du jour et les pieux dans le cœur.

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© Carlotta Films
© Carlotta Films

Le vampire va en boîte 

Ce que recherche ici le metteur en scène, c’est à dépoussiérer un peu ce mythe. Le vampire n’est désormais plus un vieux noble isolé dans son château noyé dans la brume mais un bellâtre ténébreux portant un blouson de cuir (Chris Sarandon, qu’on reverra ensuite dans Princess Bride) et il fréquente volontiers les boîtes de nuit.

Vampire…vous avez dit vampire ? reste un film très marqué par l’esthétique des années 80 (lumières bleuâtres, ruelles sordides noyées dans les fumigènes…) et qui mêle une violence graphique plus prononcée à une petite touche d’érotisme suranné. Les effets-spéciaux tiennent plutôt bien le coup et restent assez impressionnants (notamment lorsqu’un adolescent victime du vampire, transformé en loup-garou, redevient lui-même). A sa façon, Tom Holland peut être considéré comme le précurseur de cette nouvelle vague de vampires qui fleurira en cette deuxième partie des années 80, que l’on songe à ceux de Joël Schumacher (Génération perdue) ou de Kathryn Bigelow (Aux frontières de l’aube), et qui offrira une vision romantique plus « adolescente » du mythe.

Trois heures de bonus

Si le film séduit encore, c’est qu’il y a une vraie croyance chez le cinéaste. Si Peter Vincent échoue dans un premier temps à neutraliser ses ennemis d’outre-tombe, c’est parce qu’il demeure un cabot qui ne croit pas à l’existence des vampires. Pour que le crucifix ait de l’effet, il faut que celui qui le porte ait une foi imparable en son geste. Il peut s’agir de la foi religieuse dans le cadre du récit mais, d’une manière plus générale, c’est surtout à la croyance dans l’imaginaire que se fie Tom Holland. Et si Vampire…vous avez dit vampire ? fonctionne, c’est parce que son auteur y croit, sans second degré roublard ou clins d’œil sarcastiques.

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Certains aspects ont sans doute pris quelques rides (la musique, par exemple), mais le film possède un charme qui va au-delà de la simple nostalgie…

Les fans de l’œuvre seront aux anges car Carlotta a mis les petits plats dans les grands en nous proposant pas moins de… 3 heures de bonus autour de ce film !

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A la télévision, il est désormais conseillé de parler cash

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Image : capture d'écran MyTF1

Sur LCI, le philosophe Alain Finkielkraut a eu le tort d’utiliser l’humour pour contredire son interlocutrice Caroline de Haas. Réplique de la polémique…


« Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons. L’aîné n’avait que dix ans, et le plus jeune n’en avait que sept. On s’étonnera que le bûcheron ait eu tant d’enfants en si peu de temps ; mais c’est que sa femme allait vite en besogne, et n’en faisait pas moins que deux à la fois… » 

Les contes de Marlène Schiappa

Le lecteur aura reconnu le début du conte Le Petit Poucet. Peut-être aussi Madame Schiappa qui manifeste, en ce moment, un goût particulier pour le merveilleux des contes revisité. 

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Décryptage de cet incipit. Sept garçons: sexisme, inégalitarisme, chiffre symbolique sinon sacré. « Besogne »: asservissement de la femme. Titre du conte: maltraitance des enfants dans une famille traditionnelle. Le dernier, en trop, souffre-douleur de tous. Un point, évidemment, à mettre au crédit du conteur: la féminisation du mot « bûcheronne » qui entre dans le dictionnaire (académique, il est vrai). Mais le problème de ce conte est que l’auteur ne dénonce pas, dans ce bûcheron, un violeur en puissance! En témoigne le rythme allègre du récit et l’humour du registre. Si on lit ce conte aux enfants, la lecture devra être orientée.

Lors d’une émission de David Pujadas sur LCI le 13 novembre, Alain Finkielkraut, qui en avait assez que l’on parle de « la culture du viol », eut le malheur, dans le débat avec la militante féministe Caroline de Haas d’employer une phrase au second degré: « Je dis aux hommes : Violez! Violez! D’ailleurs, je viole ma femme tous les soirs, et elle en a marre. » Encore heureux qu’il n’ait pas dit : «…et ma femme adore ça. » ! Indignation de Caroline de Haas. Aussitôt un tollé parcourt la toile. Une pétition est lancée pour que l’émission Répliques soit supprimée. Madame Schiappa se fend d’un tweet a braccio c’est-à-dire ajusté : « Merci à Caroline de Haas d’avoir rappelé la loi en direct à la TV hier. » Rendons-lui la politesse: Reconnaissance à Madame Schiappa d’avoir rappelé l’existence, dans notre pays, d’une police de la pensée.

Elisabeth Lévy à la rescousse

Le lendemain, Elisabeth Lévy vole au secours de l’académicien sur les ondes. Faisant taire une indignation légitime, elle exprime le désir de convaincre le journaliste des vertus de la double pensée. Las! Le second degré, pour les auditeurs, passerait mal au petit déjeuner. Ou plutôt pas du tout. Et certains de dire: qui s’y frotte s’y pique ! Quand on est face aux Carolines, on doit s’attendre au redressement de la pensée. Désormais, l’atteinte à la dignité des femmes ne souffre aucun écart de pensée ni de langage. Qui ne voit que ce féminisme violent, provocateur, est surjoué? Qu’il entre dans une stratégie idéologique venue à point (affaire Polanski) dans ce semestre de « tous les dangers » pour le gouvernement?

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On dit qu’il ne faudrait pas relever les propos de cette féministe. Sauf que c’est la Secrétaire d’État elle-même (et ce n’est pas rien) qui les approuve, non pas de manière privée, mais par un tweet, lu par des milliers de personnes. Cette police de la pensée qui règne partout, surtout dans les facultés, est inquiétante. On a tous en mémoire le monologue de Figaro dans le Mariage de Figaro« Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité ni du culte ni de la politique ni de la morale…, je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs. » De nos jours, on peut tout dire, à condition que ce soit dans le bon sens. Or, l’ironie est un sens interdit. Que dire du discours indirect libre? Au pays de Rabelais, de Montesquieu, de Voltaire! Elisabeth Lévy a fait remarquer à son confrère de Sud Radio le monde terrifiant dans lequel nous allions vivre, en nous privant de l’ironie et du détour par la littérature.

Suite du tweet de la Secrétaire d’Etat à l’égalité : « Oui à l’humour et au second degré. Non à la banalisation des violences sexistes et sexuelles ». Ce qui laisse entendre: les propos d’Alain Finkielkraut ne sont pas du second degré ni de l’humour. Certes, l’écrivain n’a pas fait une apologie du viol. Mais enfin, mieux vaut prévenir l’interprétation douteuse de propos qui banalisent les violences sexuelles, et parler cash, sans humour ni ironie.

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