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Faire des « sorcières » les icônes du féminisme est absurde

"Maléfique" de Disney, le film préféré de Marlène Schiappa?


Faire des « sorcières » les icônes du féminisme est absurde
Angélina Jolie dans le rôle de Maléfique, 2014. Numéro de reportage : 00673084_000017 Auteurs : LILO/SIPA

A l’heure où Marlène Schiappa signe une tribune visant à réhabiliter les sorcières, Barbara Lefebvre dénonce sur REACnROLL cette glorification de la figure du mal féminin, la réécriture de l’histoire et le brouillage des repères dans les fictions destinées aux enfants, et les conséquences que cela implique.


Causeur vous propose de lire un extrait d’une intervention récente de Barbara Lefebvre sur REACnROLL. La chroniqueuse constate que désormais, dans les films Disney, les méchants ne sont plus vraiment des méchants, mais de pauvres personnages victimes de discrimination…

Verbatim

Faire aujourd’hui des sorcières des icônes de la libération de la femme ou d’un féminisme avant l’heure est complètement absurde, anachronique et faux. Cela me terrifie. On vit à une époque où parce qu’on est ministre ou président de la République, on peut dire n’importe quoi sur des périodes de l’Histoire, et d’ailleurs plus on les prend loin dans le temps mieux ça vaut, pour essayer de construire des récits sur aujourd’hui, pour justifier un discours politique de la bien-pensance, du néo-féminisme, du néo-antiracisme etc…

Ce phénomène-là, je le vois aussi dans la propagande culturelle qui nous vient des Etats-Unis depuis un certain nombre d’années, qui consiste à une inversion complète des valeurs à travers l’inversion des personnages…

Cela porte également préjudice aux études historiques.

Nous avons des jeunes historiens aujourd’hui qui sont aussi dans cette logique du buzz, c’est-à-dire de chercher des sujets de niche qui peuvent les mettre sur le devant de la scène. Aujourd’hui par exemple, quand on est historien et qu’on veut écrire une thèse, on doit trouver un sujet porteur pour se faire remarquer du monde académique où hélas, se développe cette mode des sujets de micro-histoire ou de sujets soit-disant « sulfureux ». En réalité, cela porte préjudice à l’étude historique.

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Ce phénomène-là, je le vois aussi dans la propagande culturelle qui nous vient des Etats-Unis depuis un certain nombre d’années, qui consiste à une inversion complète des valeurs à travers l’inversion des personnages. Ayant une enfant en âge de regarder ces niaiseries que sont les séries Disney notamment, je me rends compte que vous avez toute une réécriture des histoires de Disney, notamment La belle au bois dormant avec le personnage de Maléfique.

Maléfique a fait l’objet d’un film, avec Angelina Jolie, tome 1 et tome 2, puisqu’il y a eu la version numéro 2 qui est assez édifiante aussi et où finalement Maléfique n’est pas la méchante sorcière qu’on imaginait naïvement… En fait, Maléfique se révèle être la mère adoptive d’Aurore, la belle au bois dormant, puisqu’elle va finalement l’accueillir étant donné qu’Aurore décide que c’est sa mère son parent d’intention car son père, le roi, s’avère être un très méchant roi et au final c’est Maléfique qui se trouve être le personnage positif.

A lire aussi: Comment le mot « féminicide » nous est imposé

Dans Maléfique 2, la suite, c’est carrément le monde de Maléfique qui est un monde de monstres, de trolls etc, qui s’avère être discriminé, dans un état de quasi-apartheid, par le monde des humains, à savoir le royaume du descendant du père d’Aurore ! Aurore fait le go-between entre ces deux mondes, et c’est Michelle Pfeifer qui s’avère être le personnage qui persécute Maléfique… [La sorcière] n’est donc plus une méchante mais une gentille et vous avez toute une série de productions Disney sur ce thème. Vous avez une autre série qui s’appelle Descendants, ils en sont au troisième volet. Dans ces films, tous les enfants des méchants ne sont pas des méchants mais des gentils qui vont réussir à se mêler au monde bien-pensant.

Je vois à travers tout ce récit une façon d’insuffler dans les esprits des nouvelles générations que le méchant n’est jamais méchant et que lorsque le discours général vous dit que c’est un méchant, en réalité c’est sans doute que c’est un gentil.

Je trouve cette incapacité récente à donner aux enfants des repères clairs, qui sont les repères simplistes des contes, problématique. [Autrefois] il y avait le méchant et il y avait le gentil. Et ensuite, quand on commençait à avoir un esprit critique un peu affûté, quand on devenait adulte, on n’était effectivement plus dupe de ce côté binaire des récits des contes et légendes. Mais ces contes et légendes, dans leur récit binaire, nous aident aussi à nous construire dans notre capacité à être dans un discernement moral.

Aujourd’hui, je ne vois pas comment les enfants peuvent avoir ne serait-ce qu’un début de discernement moral puisqu’on leurs explique systématiquement que le méchant n’est pas méchant, que le grand méchant loup, il n’était pas si méchant que ça, et puis après tout « peut-être que la grand-mère elle avait envie de se faire manger par le grand méchant loup. » Je trouve que c’est absolument sidérant et cela nous prépare une génération qui va être incapable d’avoir le moindre discernement moral et ça m’inquiète, c’est pourquoi cette histoire de sorcières [Marlène Schiappa NDLR] n’est pas aussi anecdotique qu’on croit, elle s’insère vraiment dans un discours général qu’on tient… aux enfants.

>>> Retrouvez l’intégralité de cette intervention et les réactions de Régis de Castelnau en vous rendant sur RNR.TV <<<



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