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Le serial tracteur qui rêve de gagner la mairie du 14eme arrondissement

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Rencontre avec Franck Layré-Cassou, candidat divers droite à la Mairie du 14e arrondissement de Paris


“Je tracte tous les jours depuis deux ans. Notre collectif Le PariS du 14 s’est donné pour objectif de rencontrer chaque habitant du 14e avant l’élection!” C’est avec un large sourire que Franck Layré-Cassou m’accueille dans son arrondissement. Implanté localement depuis six ans, le candidat divers droite entend bien y faire parler de lui. Parti très en avance Layré-Cassou est parvenu à un très large rassemblement à droite. Il compte plus de 1000 soutiens venus de LR, de Debout la France, de l’UDI, du Parti Chrétien Démocrate et du Rassemblement national.

Gêné aux entournures par l’irrésistible attrait exercé par la macronie sur une bonne partie de sa famille politique, Franck Layré-Cassou trouve le soutien de Serge Federbusch, candidat soutenu par le RN à la mairie de Paris début 2019. C’est Charles Millon qui fait les présentations: les deux hommes s’apprécient depuis la campagne Fillon.

La droite tentée par le magma macroniste

Franck Layré-Cassou, 35 ans, se moque d’être taxé de “candidat du RN” : “Les électeurs ne me font plus cette remarque. Ma candidature va bien au-delà, je viens de LR mais j’ai voulu créer une rassemblement plus large pour avoir une chance. Ceux qui me taxent d’être RN aujourd’hui, de toute façon, ce sont des gens qui n’auraient pas voté pour nous et qui préfèrent se fondre dans le magma macroniste.”

Avec son accent du sud-ouest,  il égrène les 14 points de son programme pour l’arrondissement et nous présente fièrement le commerce de bouche qu’il vient d’ouvrir avec sa compagne. L’arrondissement compte près de 90 000 inscrits, il a été abandonné par Nathalie Kosciusko-Morizet pour laquelle Franck Layré-Cassou a milité. La folie des grandeurs ? La presse, en général, il regrette de la voir bien peu dans les arrondissements parisiens, les éditorialistes étant exclusivement affairés à couvrir la mairie centrale.

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Il adresse un reproche assez similaire aux candidates investies localement par LR (NKM puis Marie-Claire Carrère-Gée). Élu président de conseil du quartier Montsouris, il regrette leur manque d’investissement local. “Quand j’ai lancé ma plateforme il y a deux ans, on m’a dit à LR, c’est super, on te soutient.” 

Un candidat dissident face à Marie-Claire Carrère-Gée

Manque de pot, il ne sera pas remercié pour ses efforts. Alors qu’elle était partie en dissidence contre NKM la dernière fois, revoilà l’éternelle candidate LR Marie-Claire Carrère-Gée investie! “Quand je lui ai proposé lors d’un apéro de me rejoindre, elle m’a répondu “Les gens m’attendent!” ironise-t-il. Persifleur, il est d’un tout autre avis: “Cela se saurait. Elle s’est déjà présentée plusieurs fois et a perdu à chaque fois.”

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S’il n’est pas tendre avec la droite officielle qui voudrait se rapprocher des macronistes, Franck Layré-Cassou concentre à présent ses attaques sur la gauche aux manettes municipales. Autour de la maire hamoniste du 14e Carine Petit (qui se représente) comme autour d’Anne Hidalgo, toute la gauche est rassemblée (écolos, socialistes, communistes…) et se réjouit d’une REM divisée permettant espérer la poursuite d’une politique d’une rare démagogie.

Selon Franck Layré-Cassou, le 14e est “dégueulasse.” Il veut récupérer la compétence de la propreté dans l’arrondissement, alors que le tout a été centralisé au niveau de l’hôtel de ville depuis Delanoë.  Résultat : les maires d’arrondissement n’ont pratiquement plus aucune compétence. “Cette mutualisation est inefficace, on ne nettoie pas le 14e comme on nettoie le 1er. On a le même type de problème avec les travaux erratiques de voirie. Si on ne récupère pas cette compétence, rien ne nous empêchera de faire des contrats privés pour pallier l’inefficacité des services de la mairie!” Pour le logement, Franck Layré-Cassou fustige le logement très social et des attributions qui pénalisent systématiquement ceux qui travaillent et sont contraints de quitter Paris. “Dans le 14e arrondissement, on était à 17% de logement sociaux et on arrivera à près de 30% en fin de mandat si tout est livré. Et on ne m’enlèvera pas de la tête que cette multiplication des baux de logements très sociaux a pour effet de renchérir les loyers des familles des classes moyennes.”

Un programme bien à droite

Promenade verte prétentieuse, “forêt urbaine” (de 50 arbres!) sur le parvis de la gare Montparnasse, passe-droits permanents pour les vélos, aménagements délirants pour ces derniers, Conservatoire municipal déplacé porte de Vanves (il est également question d’interdire les cours particuliers jugés “élitistes”)… Le candidat me dresse un inventaire à la Prévert de tous les délires de la mandature actuelle.

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L’arrondissement, réputé tranquille, le serait en réalité nettement moins dès que l’on s’aventure au-delà de la rue d’Alésia, vers le sud.  “Des personnes se foutent totalement des règles communes en permanence!” Alors plutôt que de récupérer le conservatoire, la Porte de Vanves aurait plutôt besoin qu’on y rétablisse une antenne de police… En plus de cette création d’un commissariat au niveau des Maréchaux, le candidat entend mettre en place une police municipale armée et développer la vidéo protection dans l’arrondissement. De Montparnasse à la porte de Vanves, voilà qui remettrait la lumière sur le 14e.

Victor Hugo à côté de la plaque


Les Misérables, le film de Ladj Ly? Emmanuel Macron s’est dit « bouleversé par sa justesse. » Notre critique y a surtout vu à l’œuvre une logique victimaire tout du long.


On a le Victor Hugo qu’on mérite… Littéralement encensé et promptement récompensé au dernier Festival de Cannes, le film réalisé par Ladj Ly joue de la corde sensible en se plaçant dès son titre sous le parapluie de l’écrivain national : ce sera donc Les Misérables, version 2019. Et du début jusqu’au générique de fin, s’il vous plaît, puisque c’est là, symboliquement, que le cinéaste place une citation du roman : « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, il n’y a que de mauvais cultivateurs. » Le film relate ainsi la première journée d’un membre de la BAC débarquant dans une cité de la banlieue parisienne.

 Pour Ladj Ly, aucun doute, comme il l’a déclaré à Cannes, après les gilets jaunes, viendra le temps des cités

L’archétype du film de banlieue

Le réalisateur, né à Montfermeil et y vivant encore, bénéficie d’entrée du jeu du label « J’y vis, donc je sais », parfait alibi pour faire taire toute critique venue d’ailleurs. Mais d’abord et surtout pour montrer des « flics » forcément beaufs, à l’exception du petit nouveau dont le film raconte finalement le « bizutage » et l’intégration presque parfaite dans son milieu.
Face à eux, la palette habituelle du film-de-banlieue-de-colère-et-de-haine, c’est-à-dire une cohorte plus ou moins définie de mères navrées, de « grands frères » roublards, de frères musulmans curieusement présents-absents, de Gitans (quota oblige) et d’autres encore. Sans oublier les « sauvageons ». Contrairement à la doxa en cours, Hugo n’aurait pas sursauté au mot employé par Chevènement : le sauvageon en effet n’est pas de la « mauvaise herbe », mais un arbre non greffé qui a poussé spontanément. Cependant, n’allez pas dire à Ladj Ly que le gentil père Hugo aurait été d’accord avec l’ex-premier flic d’une France républicaine désormais révolue, il le croit de son côté.

Il existe comme une malédiction du film dit « de banlieue » en France. Tout ou presque a commencé en 1995, également à Cannes, avec le triomphe absolu du film de Matthieu Kassovitz, La Haine. Le même discours y était déjà à l’œuvre, comme une revanche ricanante du slogan le plus ignoble de Mai 68 : « CRS=SS ». En noir et blanc qui plus est, pour faire chic assurément, mais sans mesurer combien cela faisait surtout binaire et caricatural. Puis ce fut au tour notamment de Jacques Audiard avec son plus mauvais film à ce jour, Dheepan, qui prenait cette fois toutes les couleurs du communautarisme le plus béat en faisant de l’exil londonien final de ses héros banlieusards une sorte d’Eldorado. Ladj Ly reste en France, lui. Mais il situe son film en été, pendant les vacances scolaires, évacuant du coup et les parents et les enseignants du paysage. Ses héros adolescents sont ainsi livrés à eux-mêmes plus encore que le reste du temps. Les esprits chagrins auront noté que pour Hugo, les « cultivateurs » étaient précisément et d’abord les parents et les professeurs. Et assurément pas Javert et sa bande !

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Et voilà comment, on récupère un discours « politique » sur l’éducation en se privant de ceux qui en ont la charge quotidienne. Chapeau l’artiste ! Mais, que voulez-vous, un flic qui commet une sale bavure, comme dans le film, c’est toujours plus vendeur qu’un prof qui rame. On bascule ainsi aisément dans le film d’action pour ados avec moment de bravoure final et points de suspension cinématographiques à l’appui. Car notre penseur-cinéaste rêve évidemment d’une insurrection de la banlieue qui vient… Pour lui, aucun doute, comme il l’a déclaré à Cannes, après les gilets jaunes, viendra le temps des cités. On aimerait lui rappeler ce que disait Bernard Maris, le jour même de son assassinat par qui l’on sait, sur tout ce que l’État faisait chaque jour pour ces cités, en vain. Appeler de ses vœux leur révolte dans ces conditions, c’est donc faire preuve d’un aveuglement désolant, ce qui pour un cinéaste est fâcheux…

Les sauvageons et même les mauvaises herbes auraient besoin d’autres avocats que ces jeteurs d’huile sur le feu et sur grand écran. Mais la logique victimaire est partout à l’œuvre. Alors, on cite Hugo à côté de la plaque, on assigne au maintien de l’ordre des missions de « cultivateur » et on déroule un logiciel où la responsabilité individuelle est niée au profit d’une mise en cause systématique de valeurs collectives fondées sur des droits et des devoirs. Et c’est ainsi que le cinéma français se donne bonne conscience.

miserables

Sortie le 20 novembre.

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Une Cruella d’Enfer à la direction du Centre Pompidou-Metz

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Chiara Parisi va être nommée à la tête du centre Pompidou-Metz. 


Attention! Chiara Parisi, la nouvelle promue cheffe du Centre Pompidou-Metz, est une guerrière cyborg génétiquement modifiée et programmée à l’art contemporain le plus radical et cruel, comme la décrit le panégyrique que Mademoiselle Lequeux lui a confectionné avec amour dans le Monde du 16 novembre.

Art contemporain d’Etat

Chiara fait partie de la petite trentaine de hauts fonctionnaires de l’art contemporain d’Etat, parfaitement interchangeables dans un jeu de chaises musicales des plus cocasses, entre la Villa Arson, le CAC de Frontignan, l’ENSBA de Paris ou de Bourges, le Machin de Grenoble,  le Palais de Tokyo, la Villa Médicis, le Consortium de Dijon, le CRAC de Pougues-les-Eaux, le MOCO de Montpellier, etc., etc. Ils tiennent cependant fermement les manettes d’un appareil ectoplasmique, sans direction bien localisable et échappant totalement à la tutelle du Ministre qui passe. Ils y promeuvent depuis des années la même centaine d’artistes agréés par les circuits institutionnels et les réseaux spéculo-financiers: les incontournables Lavier, Buren, Hybert, Calle, Abramovic, Mosset, Lévêque, McCarthy, etc.

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Les populations du Grand-Est se disent qu’elles n’ont décidément pas de chance avec les préposé(e)s qu’on leur envoie pour irradier l’art dit contemporain dans leur région. Ils avaient en effet déjà eu affaire à une autre cruelle indomptable de l’Art Contemporain nommée Béatrice Josse, qui avait, entre autres friandises infernales, invité la plasticienne internationale Teresa Margolles a bénir les bigots de son FRAC avec de l’eau de morgue de lavage des cadavres.

La pétaradante Chiara, elle, s’était signalée dans la duchamposhère institutionnelle en invitant l’exquis Claude Lévêque à « mettre en scène les ruminants venus du Plateau de Millevaches voisin et envahir de foin la nef du Centre d’art de Vassivière, qu’elle dirigeait alors. » Elle a travaillé pour la Fondation de Monsieur Carmignac, (condamné récemment pour fraude fiscale). Elle a transformé ensuite avec « Papy Chocolat McCarthy » les salons de la Monnaie de Paris en chocolaterie, d’où sortaient à la chaîne des Pères Noël à plugs anaux… (Est-ce grâce à Chiarra que La Monnaie de Paris aujourd’hui ne veut plus entendre parler d’art contemporain?) Groupie des stars du financial art comme McCarthy ou Lévêque, elle peut déclarer sans aucune vergogne: « il faut à tout prix rappeler que toute création a une valeur supérieure et magique, loin de toute question de marché… » Ben voyons Ginette !

Une lourde tache: intéresser les Lorrains à l’art contemporain

Une question: va-t-on pouvoir, avec Chiarra Parisi, redresser la fréquentation catastrophique de l’appendice pompidolien lorrain ?

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Les politiques locaux de tous bords gratifient l’établissement de la coquette allocation de  15 millions d’euros par an, répartis entre ville de Metz, agglomération et région, en annonçant effrontément le chiffre de 330 000 visiteurs par an… Un mensonge probable, mais possible en ce pays du déni et de l’opacité en tous genres qu’est le dispositif institutionnel dédié à l’art dit « contemporain ».

Un ami informateur local me dit « J’y suis allé deux fois cette année avec des amis, un dimanche d’avril et un dimanche de juillet… j’ai pu alors estimer le public entre 100 et 200 personnes. Le lundi de la Pentecôte, il y a eu 2 entrées payantes d’après une personne employée du Centre que je connais… Si tu retires 52 jours de fermeture mini et des périodes d’installation d’expo, mon calcul donne: 200 x 300 = 60000 … et encore et je suis généreux en prenant une moyenne haute de 200 visiteurs par jour. » Ce qui nous fait tout de même 250 euros le coût unitaire du visiteur… qui, à 80% n’est même pas du coin. Autrement dit, ce sont les citoyens lorrains qui paient pour les cultureux parisiens.

Phil Donny appelle à la révolte

On s’attend donc à un puissant mouvement de révolte des artistes locaux menés par Phil Donny et son collectif de résistance à cet art contemporain produit ahurissant de la collusion entre la haute bureaucratie culturelle d’ Etat et la haute finance internationale destructrice de la biodiversité. Souhaitons que les écolos s’y joignent car il sont là en plein dans leur sujet. Il faudrait aussi que les insoumis comprennent que cet art est une émanation du grand capital afin de soumettre les classes laborieuses par la terreur intellectuelle.

Je vous joins une image éloquente de l’exposition actuelle au Pompidou-Metz, de Rebecca Horn: une star parmi d’autres du financial art international et de la fraquerie française…

 

Ils demandent de la viande? Qu’ils mangent du quinoa!

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Depuis la fin des vacances de la Toussaint, les menus sans viande ni poisson sont obligatoires dans les cantines scolaires. Pour sauver la planète, nos enfants deviennent végétariens!


L’humanité franchit un pas historique en novembre 2019: une loi française impose désormais, pour le bien de la planète, le régime végétarien.

Aux environs de 1600, Henri IV veut restaurer la prospérité de ses sujets dans un pays dévasté par les guerres de religion; le symbole en sera la poule au pot : « si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu’il n’y a pas de laboureur en mon royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. » En 1954, dans un pays encore marqué par les privations d’après-guerre, Mendès France, chef du gouvernement, instaure le verre de lait dans les écoles. Il faut lutter contre la dénutrition, « pour que nos enfants soient studieux, solides, forts et vigoureux ». En 2008 Michel Barnier, alors ministre de l’agriculture, ajoute une distribution gratuite de fruits frais dans les écoles.

Au moins une fois par semaine !

En 2019, les choses s’inversent: on n’ajoute plus aux menus; on retranche ! La mouvance écologiste a obtenu une loi (loi EGalim, octobre 2018) qui prohibe la viande, le poisson, les crustacés et les fruits de mer des menus uniques des cantines scolaires : tous végétariens, de la maternelle au lycée, au moins une fois par semaine! Les écologistes redécouvrent ainsi la tradition catholique (oubliée) qui exclut la viande des menus du vendredi et la pratique musulmane qui proscrit le porc (et l’alcool). Le religieux gagne irrésistiblement l’idéologie écologiste.

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Cette obligation d’un menu végétarien hebdomadaire figure dans les dix commandements écologistes recueillis par notre Moïse national, Nicolas Hulot, et proclamés récemment à une heure de grande audience par la chaine publique France 2. Les téléspectateurs étaient invités à entendre le Décalogue écologiste pieusement commenté par le prophète pour sauver notre monde en perdition; dix commandements qui seront demain nos devoirs et obligations nouveaux.

Les dix commandements de Hulot

L’Ecodécalogue commence justement par deux prescriptions alimentaires: consommer des produits de saison; se priver de viande et de poisson une fois par semaine. Suivent quatre commandements bigarrés mais aisés à respecter (plus de 90 % d’adhésion des téléspectateurs): s’équiper d’une gourde à la place de bouteilles en plastique; planter des fleurs sur son balcon ou dans son jardin pour sauver les abeilles; supprimer les e-mails inutiles; diminuer le nombre de vêtements en coton et les porter longtemps. Viennent ensuite les commandements de l’espérance climatique: abandonner sa voiture pour les trajets de moins de trois km; se contenter de dix-neuf degrés maximum dans son habitation; s’interdire tout voyage en avion pendant un an. La Parole écologiste s’achève sur la possibilité de se racheter en donnant de son temps pour les associations de défense de la nature, version contemporaine des indulgences de l’Eglise romaine.

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Le Décalogue de Moïse-Hulot surprend. Moins terrible que celui de la Bible (tu ne tueras pas, tu ne commettras pas l’adultère, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc.), il omet pourtant un point considéré comme crucial par le haut clergé écologiste: l’acte d’éviter un enfant. C’est inexplicable quand on sait que deux universitaires canadiens ont démontré que renoncer à un enfant économise soixante tonnes de CO2 en moyenne (jusqu’à cent-vingt tonnes, s’il s’agit d’un Américain, mais seulement vingt s’il s’agit d’un Japonais). Les actes les plus éco vertueux qui viennent après l’abstinence procréative sont très loin de ces performances: abandonner sa voiture n’apporte qu’un gain de CO2 de 2,4 tonnes et renoncer à un vol transatlantique, 1,6 tonnes.

Peut-être notre Décalogue de Moïse–Hulot intéresse surtout les milieux sociaux modestes. Ceux-ci se découvrent en effet des vertus qu’ils ne soupçonnaient pas. Avec les petits moyens qui sont les leurs, ils ne s’achètent guère de chemises inutiles, ni ne se chauffent beaucoup. Ils ne prennent pas l’avion, évitent de conduire leur voiture car l’essence est chère et l’assurance aussi. Ils achètent le moins de viande possible pour leurs enfants, et comptent d’ailleurs sur la cantine de l’école, aux tarifs subventionnés, pour leur fournir des protéines animales. Vertueux mais amers, car on leur interdit ce à quoi ils n’ont jamais eu droit. Ils pensaient, ils espéraient bien qu’un jour, en sauvant la planète, ils auraient une vie meilleure.

Ils auraient tant aimé ne pas être végétariens et, un jour, avoir la liberté de l’être.

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Si elle n’est plus contente en France, Maboula Soumahoro est la bienvenue au Vénézuela

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Partir à la conquête de l’Amérique latine, voilà la solution à la crise migratoire!


Ils arrivent et ils seront toujours plus nombreux, c’est inéluctable. Soyez prêts chers amis, car les cinquante prochaines années, des millions d’Africains se rueront vers l’Europe. L’Europe, ce vieux continent, ce vieux monde raciste et misogyne qui mérite tant d’expier ses péchés. La purge a déjà commencé : « votre monde se termine », s’est réjoui la brillante Maboula Soumahoro a la télé. On n’arrête pas le progrès.

Risquer la soif pour venir en France

C’est marrant, mais notre vieille France raciste, misogyne et tout ce qu’on veut reste le centre des attentions de la jeunesse d’Afrique. Dans les banlieues de Kinshasa ou de Khartoum, des jeunes hommes reliés au monde grâce à la 4G rêvent de liberté et de centres commerciaux. Sont-ils masochistes au point de braver le Sahara afin de venir dans notre pays peuplé de beaufs négrophobes ?

Madame Maboula Soumahoro affirme n’avoir « aucune gratitude à exprimer » au pays où elle mange visiblement bien. Si elle y est si malheureuse, je lui suggérerais d’en partir pour laisser sa place à un autre. Fût-il un Noir du Darfour, cet « autre », je suis convaincu que les Français n’y verraient aucun problème, pour une raison simple: les Français aiment les étrangers qui aiment la France.

Pourquoi pas l’Amérique latine?

J’ai moi même quitté la France. J’ai vécu ailleurs plusieurs années et j’y suis revenu. Je sais tout ce que je dois à mon pays et je suis redevable à Dieu, s’il existe, d’y être né et d’y avoir été instruit. Malgré tout le mal que la France leur aurait fait, les disciples de Maboula Soumahoro n’en partiront jamais. Et pour cause: où iraient-ils ?

J’aurais bien une idée de destination: l’Amérique latine. Cinq siècles après Amerigo Vespucci, des dizaines de milliers de conquérants africains naviguant à bord de bateaux gracieusement affrétés par des associations humanistes, avouons que ça en jetterait. Peut-être que Maboula Soumahoro pourrait se tailler une place dans un des navires parmi les «siens». Mais sans doute a-t-elle trop peur de perdre le confort matériel et les honneurs des médias que lui offre le pays qui la malmène tant.

Une revanche sur le commerce triangulaire

Le Parti Communiste Français plaide pour un «accueil digne des réfugiés». Pourquoi ne pas faire, tel Christophe Colomb, escale à Cuba? Imaginez la terre de Fidel accueillir tous ces damnés d’Afrique et d’Orient. La grande utopie internationaliste concrétisée face à l’hydre capitaliste. Trop petit pensez-vous ? Le vaste Venezuela, autre gloire du socialisme regorge de richesses qui ne demandent qu’à être valorisées. Son président devrait être ravi d’accueillir ce flot d’opprimés.

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Cette nouvelle conquête de l’Amérique sonnerait l’heure de la revanche sur le commerce triangulaire. Le Brésil ayant été le dernier pays d’Amérique à abolir l’esclavage, ne devrait-il pas lui aussi expier ses pêchés ? Ainsi, des dizaines de milliers d’ «Autres» gambaderaient dans les contrées de Jair Bolsonaro. Lors d’une visite en Arabie Saoudite à la fin du mois d’octobre, ce dernier a déclaré: « je pense que tout le monde aimerait passer un après-midi avec un prince, principalement vous les femmes ». N y a-t-il pas là une formidable occasion pour le petit capitaine d’initier son pays aux délices de l’islam? Imaginez les Brésiliennes troquant bikinis pour djilbabs et niqabs, sous les yeux doux de jeunes barbus en djellaba sur la plage de Copacabana.

Curieusement, je doute que malgré leur beaux discours humanistes, les Raul Castro, Maduro ou autres belles âmes latinos soient disposées à accueillir les damnés d’Afrique. Moi qui pensais que le communisme avait vocation à protéger tous les opprimés de ce bas monde, je me suis fait avoir en beauté.

La France reste la terre sainte

Reste le catholicisme. Les migrants seraient «l’image du Christ qui frappe à notre porte», a déclaré le Pape François en mars dernier. L’Amérique latine est la terre catholique par excellence. L’Argentine du Pape François pourrait montrer la voie. Ce pays immense aurait largement la place d’accueillir des milliers de Christ. Ces dernières décennies pourtant, il ne semble guère que l’Argentine soit la terre de prédilection des migrants. De même pour le Mexique ou le Brésil. Très sincèrement, je doute que les habitants de ces pays soient aussi ouverts que nous à l’accueil des migrants d’Afrique. Je doute qu’ils estiment que les accueillir leur garantira une place au Paradis. Je doute que ça en fasse pour autant de mauvais catholiques.

Il faut donc s’y résoudre: la terre sainte des migrants d’Afrique, c’est chez nous. La France, terre islamophobe qui accueille des dizaines de milliers de musulmans chaque année. La terre raciste qui accueille des dizaines de milliers d’Africains. Et en plus, la terre qui laisse Maboula Soumahoro exprimer ses diatribes à la télévision. La terre dont les autochtones sont de bonne composition finalement. N’en déplaise aux adeptes des jérémiades, notre pays reste fidèle à sa réputation de patrie des Droits de l’homme, et son peuple reste sans doute l’un des moins xénophobes au monde. Pourvu que ça dure…

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Les Frères musulmans sont en passe de gagner la bataille sémantique

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Jean-Paul Brighelli évoque avec Henri Peña-Ruiz la marche contre l’islamophobie du 10 novembre à laquelle Jean-Luc Mélenchon a participé. Il revient sur l’affrontement autour du terme « islamophobie » à la France insoumise.


Cela a commencé à l’université d’été de la France insoumise. Henri Peña-Ruiz, qui n’a plus rien à apprendre sur la laïcité, dont il a tout dit dans un Dictionnaire amoureux de la laïcité (chez Plon) sorti il y a trois ans, explique aux militants dont il se sent proche, homme de gauche qu’il est depuis toujours, qu’on a le droit d’être islamophobe, comme celui d’être cathophobe ou athéophobe — et que c’est cela, la laïcité. Parce qu’on a le droit de critiquer une religion — pas les personnes. L’islam, pas les Musulmans. La Torah, mais pas les Juifs.

Que n’avait-il pas dit là… Le jour même, Twitter s’enflamme (Twitter passe son temps à s’enflammer, il vit d’incendies successifs), et voici l’un des plus ardents défenseurs de la laïcité républicaine, un homme par ailleurs d’une modestie et d’une douceur exemplaire, vilipendé par les réseaux sociaux. Puis cela a rebondi il y a quelques jours, quand Mélenchon, qui avait décidé d’aller parader avec ses troupes à la manif des Frères musulmans, s’est fendu d’une critique acerbe contre Peña-Ruiz (qui est compagnon de route du Front de gauche et de la France Insoumise depuis toujours, comme il a été celui du PC dans des ères géologiques antérieures), s’est fendu d’un tweet extrêmement agressif parce que le philosophe était allé apporter la contradiction à Eric Zemmour : «À Peña-Ruiz qui bavarde amicalement avec Zemmour et me laisse traiter d’islamo-gauchiste. Ses amis Chassaigne et Brossat qu’il a soutenu [sic !] aux européennes seront à la marche le 10 novembre. Le sectarisme ne mène pas plus loin que ce plateau indigne.»

Passons sur le fait que Mélenchon, dans sa rage, ne maîtrise plus l’accord du participe avec le COD antéposé, et examinons le fond du problème. Faut-il refuser d’aller sur Cnews? Faut-il laisser Zemmour éructer tranquillement sans tenter de nuancer un propos sans nuances ? J’ai posé la question à Peña-Ruiz. D’une longue interview qui sautait du coq à l’âne, comme il arrive toujours entre amis, j’ai retenu quelques phrases décisives.

Jean-Paul Brighelli. Alors, quelles sont aujourd’hui tes relations avec Jean-Luc Mélenchon ?

Henri Pena Ruiz. Elles sont désormais inexistantes, sinon par ce tweet que tu cites, et qui me dit « sectaire » et « indigne » en décrivant comme un « bavardage amical » ce qui fut au contraire une confrontation sans concession avec Eric Zemmour. Je ne comprends pas pour ma part que l’on puisse traiter ainsi un camarade. Mon ami François Coq, entre autres, en fut aussi victime. Le moins que l’on puisse dire est que cela ne donne pas l’exemple de ce que pourrait être l’avenir en commun pour lequel nous militons. Cette façon de faire, dont je ne suis pas hélas la seule victime, dégoûte beaucoup de personnes de la France Insoumise. Elle est peu conforme avec le vœu annoncé de refonder la politique dans le sens d’une démocratie authentique dont le peuple serait l’acteur majeur. C’est une telle contradiction que souligne avec force mon ami Thomas Guénolé, qui a tout récemment rompu avec la France insoumise.

Islamophobie: « Les Frères musulmans sont en passe de gagner la bataille sémantique »

Jean-Paul Brighelli. Oui, Guénolé, en faisant la promotion de son livrela Chute de la maison Mélenchon, n’a guère de mots tendres pour le lider maximo de LFI…

Henri Pena Ruiz. Il n’est pas tendre, car ce qu’il a vécu est terrible, et il a voulu en analyser les causes, sans transiger avec l’exigence de vérité.

Jean-Paul Brighelli. Revenons à cette conférence de septembre. Les attaques t’ont fait du mal ?

Henri Pena Ruiz. Oui, et c’était d’autant plus inattendu que l’ambiance, lors de ma conférence, était très bonne. J’ai fait applaudir « la Rose et le Réséda » d’Aragon…

 «Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats»… Quelles que soient les qualités poétiques de cette ode à la Résistance, l’idée d’associer le communiste Gabriel Péri et le gaulliste chrétien Honoré d’Estienne d’Orves partait d’un bon sentiment: unir dans la Résistance au-delà des clivages…

Aujourd’hui une clarification est absolument nécessaire concernant l’orientation laïque de la France Insoumise. Je regrette qu’elle ne soit pas faite clairement par la direction de la FI, qui a pris la décision regrettable de participer à la marche contre l’islamophobie lancée par le CCIF, en contradiction avec les positions qu’elle défendait en janvier 2015, après les attentats islamistes. Une grande manifestation contre tous les racismes me semblait nécessaire, en lieu et place d’une telle marche. Celle-ci est une grande victoire des Frères musulmans, qui sont en passe de gagner la bataille sémantique qu’ils ont engagée il y a des années: dorénavant, une partie de l’opinion, soigneusement manipulée, se range derrière l’idée qu’« islamophobie », qui selon l’étymologie recouvre la peur irraisonnée de l’islam, assortie de son rejet, veut dire aussi haine des personnes musulmanes, ce qui est absolument faux. C’est cette dérive du sens qu’il faut inlassablement dénoncer et combattre. Une dérive qui est malheureusement appuyée par les pays du Nord de l’Europe, ou par l’Angleterre et les Etats-Unis, qui n’ont jamais voulu comprendre ce que nous appelons « laïcité » en France.

Oui, « secularism » peine à recouvrir le concept français de laïcité…

Alors bien sûr, Julien Odoul, cet élu du Rassemblement National qui a cru intelligent de dénoncer publiquement une femme porteuse d’un voile en Bourgogne, ou Blanquer confondant sorties scolaires et société française en général, ont donné du grain à moudre aux extrémistes religieux. Ils ont permis une assimilation entre «islamophobe» et «républicain».

Tu parles d’une erreur de Blanquer… Quelle est-elle ?

Ne pas avoir spécifié que la déontologie laïque excluait le recours à tout symbole religieux dans des sorties scolaires, et non pas au seul voile islamique. Tout vient en fait d’un manque de rigueur du Conseil d’Etat, qui n’a pas compris ce qu’était réellement une sortie scolaire — et qu’un « encadrant » n’est pas une « maman », comme s’est plu à le clamer toute la presse, mais un collaborateur occasionnel du service public — et soumis aux mêmes règles que le service public.

Quant à interdire le voile sur l’ensemble du territoire, c’est hors de question, pour moi : c’est par l’éducation que l’on convaincra les femmes de ne pas s’enfermer dans des pratiques religieuses aliénantes. J’explique cela dans un article de Marianne, à paraître bientôt.

C’est tout de même un signe flagrant d’infériorisation de la femme…

Certes, mais il ne faut pas confondre ce que l’on doit combattre par la loi,— notamment tout ce qui bafoue la déontologie laïque —, et ce qu’il faut faire reculer par la dénonciation des préjugés sexistes. Celle-ci relève de l’éducation populaire. Interdire le voile de façon générale, en dehors des contextes qui requièrent la neutralité, serait le glorifier — et donner raison aux manipulateurs qui en font le signe d’une discrimination anti-musulmans. Blanquer aurait dû dissocier, dans son propos, ce qui revenait au ministre — qui doit dire la loi — et ce qui revient à l’homme, qui a les opinions qu’il veut. Il a fait une confusion entre ces deux instances. C’était donner raison au CFCM, qui est pourtant manipulé par un courant wahhabiste et patriarcal, l’islam le plus rétrograde — et qui prétend s’ériger en victime. Comme a très bien dit Gilles Keppel, on a là affaire à une « islamisation par le bas ». Ces personnes pratiquent le littéralisme — alors même qu’Averroès, au XIIe siècle, était déjà favorable à une interprétation du Coran.

Oui — mais il a lui-même été en butte au retour du fanatisme littéraliste, à la fin de sa vie. C’est une tentation qui parcourt régulièrement le monde musulman.

En attendant, les Frères musulmans se servent des lois républicaines pour s’infiltrer dans la société française — alors même qu’ils rêvent de s’affranchir justement des lois de la République. Ils avancent masqués. La Femen qui s’est invitée, les seins nus, lors de la manifestation du 10 novembre, a été immédiatement bousculée et cachée — « couvrez ce sein que je ne saurais voir », dit Tartuffe !

Oui — et le voile participe de cette même obsession érotique qui ne dit pas son nom. Et comment analyses-tu la situation présente ?

Je plaide pour une intégration plutôt qu’une assimilation. Il faut que les particularismes — et c’est essentiel — n’entrent pas en conflit avec la loi républicaine. Sinon, on risque une conversion du communautarisme en stratégie d’affrontement. On a le droit de rejeter une religion — y compris la sienne — ou une politique. Pas un peuple. Critiquer l’islam, ce n’est pas du racisme anti-musulman. C’est le point de vue universaliste qui doit partout triompher : se demander sans cesse si la maxime de mon action est ou non universalisable donc compatible avec les droits de l’homme. Par exemple être contre l’excision, ce n’est pas rejeter tel ou tel segment de population : c’est défendre le principe universel du droit à l’intégrité physique. Je défends les principes universels, qui sont émancipateurs. Et ce à distance de toute polémique.

>>> Retrouvez tous les articles de Jean-Paul Brighelli sur son blog <<<

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Migrants, le Vatican refait de la figuration


Le pape François a fait installer un monument aux migrants place Saint-Pierre à Rome. Quoique contestable, ce grand bronze rompt avec l’art abstrait qu’avait promu l’Eglise catholique ces dernières décennies.


Le pape François a fait installer place Saint-Pierre, à Rome, un grand bronze représentant des migrants, thème qui lui est cher. Il se fait photographier devant. Il les montre, les touche, les caresse, les cajole. Le souverain pontife est visiblement très heureux de son acquisition. Cette implantation a principalement un sens religieux et politique. Cependant, elle constitue aussi, sur le plan artistique, un curieux événement contrastant avec le contexte de l’art contemporain.

Œuvre du Canadien Timothy Schmalz, le groupe représente une centaine de migrants, toutes origines et époques confondues, la nôtre n’étant, bien sûr, pas oubliée. Ils sont presque grandeur nature, serrés les uns contre les autres, debout sur une barque sommaire. Des ailes d’anges dépassent du groupe, en référence à l’Épître aux Hébreux (13-2) selon laquelle celui que l’on prend pour un simple étranger pourrait être un ange.

A lire aussi, Jérôme Leroy: Le pape François est-il pire que Kim Jong-un?

Ces personnages suggèrent efficacement une communauté de destin entre les divers migrants, mais aussi entre ces derniers et le reste de l’humanité. L’œuvre a une force expressive certaine qui n’est pas sans rappeler Le Pèlerinage de San Isidro de Goya. Cependant, la facture un peu simple peut décevoir. Les drapés, en particulier, paraissent mous en ce haut lieu baroque. On pourrait trouver à cette œuvre des analogies avec certaines traditions de figurations trop démultipliées comme le style saint-sulpicien ou le réalisme socialiste.

Pour ou contre le deuxième commandement ?

L’apparition de cette sculpture très figurative fait cependant réfléchir. L’Église semble, en effet, avoir tout au long du xxe siècle abandonné son lien multiséculaire avec la représentation en art. Certains théologiens catholiques convertis à l’abstraction et au conceptuel semblent même plus proches de l’iconoclasme byzantin que de Rubens ou de Bernini. À Paris, des lieux comme le couvent des Bernardins se sont illustrés par des conceptions apophatiques de l’art, c’est-à-dire radicalement éloignées de tout ce qui rappelle la vie terrestre.

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Rappelons que l’Église catholique a eu un rôle décisif dans le développement de l’art figuratif en Europe. S’appuyant sur des arguments christologiques, elle s’est, en pratique, tout bonnement affranchie du deuxième commandement (« Tu ne te feras point d’image taillée ni de représentation quelconque des choses… »). Il en résulte une extraordinaire efflorescence artistique au Moyen Âge, à la Renaissance et encore davantage au temps de la Contre-Réforme. Cependant, à la fin du xxe siècle, rien ne reste, je le répète, de cet engagement de l’Église en faveur de la figuration ou si peu.

L’universelle force des images

Pourquoi le Saint-Siège recourt-il de nouveau à la figuration ? Probablement pour une raison extraordinairement simple : s’il avait placé là une œuvre abstraite ou conceptuelle, cela aurait peut-être plu à quelques intellectuels du Vatican, mais les foules n’auraient pas saisi. En voyant l’œuvre de Timothy Schmalz, on comprend tout de suite de quoi il s’agit et on ressent une émotion. Pas besoin d’explications. L’œuvre parle d’elle-même. C’est pour cette même raison (pardon pour le rapprochement) que les idéologies totalitaires, ayant davantage besoin que les autres régimes de communiquer avec les masses, confient finalement leur propagande à la figuration, souvent après avoir été tentées par les avant-gardes. C’est aussi à cause de cette nécessité que les publicitaires mettent toujours une image mûrement travaillée dans leurs affiches. On pourrait multiplier de tels exemples. Aussi éloignés que soient l’Église, les totalitarismes et la publicité commerciale, il faut observer qu’en les situations les plus diverses, les humains restent très sensibles aux images figuratives. Les mêmes causes produisent les mêmes effets…

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Le militaire et la militante

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Inacceptable dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, le « ferme ta gueule » du Général Georgelin pourrait être de bon aloi à la télévision. 


 

A la place de Caroline de Haas, notre muse nationale du féminisme, je n’aurais pas apprécié que David Pujadas se sente obligé de me préciser que la sainte colère d’Alain Finkielkraut était à prendre au « second degré ». C’était – on n’ose à peine le dire – se faire traiter peu ou prou de petite sotte. Mais, tout à son racolage médiatique, la muse n’a pas senti la flèche.

Le lendemain se déployait l’arsenal habituel du pilori : pétition en ligne contre le philosophe, tweets, demande d’exclusion de France-Culture, plainte auprès du CSA, saisie du procureur de la République par quatre députés de La France Insoumise, etc. Curieusement certaines plumes, favorables à l’écrivain, écrivirent dans la presse : « C’est l’ironie du sort: l’émission avait pour thème « Toutes les opinions sont-elles bonnes à dire? »».

Dans les œillères

Pourquoi « l’ironie du sort » ? « Violez, violez, violez ! Voilà, je dis aux hommes : violez les femmes ! D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs ! Et elle en a marre. » En quoi, se fâchant avec la fureur d’un briseur d’idoles, Alain Finkielkraut exprimait-il une opinion sur le viol qui ne serait pas « bonne à dire ». L’opinion qu’exprimait sa rageuse antiphrase ne visait-elle pas les seules œillères de la fondatrice du mouvement « Osez le féminisme » ? Lui reprochant d’ailleurs dans la même séquence d’être « absurde », ne s’est-il pas retenu – cela s’est senti – d’utiliser des qualificatifs moins galants?

A lire aussi : Finkielkraut fait les frais de la nouvelle campagne de pub de Caroline de Haas

En entendant, avec une stupéfaction sans cesse renouvelée, certains intervenants, dans pareilles émissions, prendre à la lettre (faute d’avoir l’ouïe fine) ce qu’on leur explique, on finit par se demander si l’école n’a pas péché depuis trop années par son insuffisance, et si l’enseignement du « second degré » n’usurpe pas son appellation.

Lorsque le général Georgelin, missionné par le Président Macron, s’est permis de dire, devant la Commission Culture de l’Assemblée nationale, qu’il avait invité l’architecte en chef des monuments historiques chargé de la restauration de Notre-Dame de Paris « à fermer sa gueule », il ne s’exprimait certainement pas au « second degré ».

Alors que l’égérie du féminisme viril aurait dû entendre autre chose que ce qu’elle voulait à tout prix entendre, les membres de la Commission Culture, eux, ont entendu ce qu’ils ont entendu. La vulgarité ne prête pas à confusion. Il n’en va pas de même de la subtilité toujours difficile à appréhender pour les esprits qui en manquent.

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Bêtise à front de taureau

Aussi est-on tenté de se demander si notre pays, avec ses étonnantes nominations à des postes-clés, ses émissions bavardes qui attisent les incompréhensions, son politiquement correct toujours prompt à s’indigner au-delà de toute mesure, n’est pas victime d’erreurs de casting.

Alain Finkielkraut n’aurait-il pas dû laisser sa place au général Georgelin ? Le franc-parler du soldat, aussi détestable qu’inacceptable devant la représentation nationale, ne serait-il pas de temps en temps le bienvenu face à la « bêtise au front de taureau » qui hante les plateaux de télévision ? Un militaire face à une militante… Inimaginable ! Le petit écran en est effectivement bien incapable.

Misère du petit écran

Ce serait nécessairement changer de registre pour passer au grand écran, notamment à celui de Fellini. On songe à Ginger et Fred sorti en 1986 et qui demeure pour l’éternité la satire la plus géniale d’une télévision définitivement sans génie.

De Fellini, il fut magnifiquement question dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut, samedi dernier sur France Culture. C’était deux jours après l’émission de David Pujadas.

Pour cette émission consacrée à Woody Allen, le philosophe avait invité Laurent Dandrieu, rédacteur en chef des pages culture de Valeurs actuelles, auteur de Woody Allen, portrait d’un antimoderne, et Antoine Guillot, journaliste, critique de cinéma et de bandes dessinées, producteur de l’émission « Plan large » sur France Culture.

Quel luxe ! Quel calme ! Quelle volupté !

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Canada: de la méritocratie à la «racialocratie»


Le Canada repousse les limites du racisme antiraciste, à tel point qu’on peut se demander s’il est encore une société libérale et méritocratique…


Le 5 novembre dernier, la presse a révélé que la «toute première élue autochtone de la Ville de Montréal» n’était finalement pas vraiment amérindienne….

De son nom Marie-Josée Parent, elle s’était vue confier en août 2018 le dossier de la réconciliation avec les Premières Nations par la mairesse progressiste Valérie Plante. Un dossier aussi prestigieux que symbolique mené dans une optique de «décolonisation». Le Canada aurait désormais son Elisabeth Warren, cette démocrate américaine qui a surfé toute sa carrière sur une lignée amérindienne qui s’est avérée fausse.

La radicalisation du multiculturalisme

Marie-Josée Parent a rapidement démenti le fait qu’il coulait uniquement dans ses veines du sang de méchants colonisateurs. Des accusations de «corruption raciale» dans un pays où l’origine ethnique est de plus en plus importante. Ce sont les recherches de deux historiens qui ont forcé la principale intéressée à se retirer du dossier autochtone. Les chercheurs ont dû remonter jusqu’au XVIIe siècle pour en venir à ces conclusions que Mme Parent considère comme de la «violence généalogique». «Nos identités à moi et ma sœur vont au-delà d’un arbre généalogique», a-t-elle déclaré à Radio Canada.

A lire aussi: Montréal a son Hidalgo (et le regrette déjà…)

Comment ne pas y voir la marque d’un multiculturalisme poussé à l’extrême dans un pays qui a récemment vu la réélection de Justin Trudeau? Comme les anciens bourgeois marxistes qui aimaient se faire passer pour de modestes prolétaires, certaines personnalités de gauche en viennent maintenant à se faire passer pour des personnes «racisées». Elles ne se contentent plus de valoriser l’Autre, mais veulent devenir l’Autre, d’embrasser sa cause comme les Occidentaux de bonnes familles arborant leurs foulards palestiniens. Nous baignons à nouveau dans l’orientalisme: il ne faudrait pas seulement exalter la diversité, mais se convertir à elle dans un élan romantique.

Des privilèges blancs aux privilèges de couleur 

Il faudrait toutefois être naïf pour en rester strictement à cette analyse. Les Canadiens (et plus largement les Nord-Américains) vivent maintenant dans un régime qui accorde des privilèges à certains membres des communautés culturelles. Rares sont aujourd’hui les Canadiens à qui l’on n’a jamais demandé s’ils faisaient partie d’une minorité ethnique ou culturelle lors d’un processus d’embauche. De répondre positivement augmente évidemment vos chances d’obtenir le poste.

C’est le règne de la discrimination positive, un programme qui se satisfait bêtement d’inverser la dynamique du racisme au lieu d’y mettre réellement fin. Non seulement le multiculturalisme valorise à outrance l’altérité en la détachant du réel, mais il instaure un régime où les gens sont triés sans nuances en fonction de leur race – les Haïtiens se retrouvant avec les Sénégalais et les Italiens avec les Ukrainiens.

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Ces dernières années, les faux Amérindiens se sont multipliés dans les prisons canadiennes, les prisonniers autochtones ayant droit à de meilleurs repas issus du terroir. Les faux Amérindiens ont aussi parfois le droit de passer du temps dans un centre spirituel, une sorte de chapelle animiste où ils peuvent échanger. Le statut d’Amérindien leur permet enfin de recevoir des visites privées, avec la possibilité de rapports sexuels et de faire instruire leur dossier plus rapidement. Cette mascarade est fortement décriée par les représentants des «vrais Autochtones», lesquels hésiteraient toutefois aussi à révéler leur arbre généalogique, le métissage étant un autre legs de la colonisation. Les races pures n’existent pas.

La racialocratie canadienne

Au Canada, il ne faut donc pas s’étonner que des gens soient tentés de mentir sur leurs origines ou de les «embellir». Surtout quand le poste qu’ils convoitent ne peut être octroyé qu’à une personne aux origines précises. Il existait une époque où les gens étaient tentés de mentir sur leurs compétences, nous voici maintenant à l’époque où ils sont tentés de mentir sur leurs origines. Adieu le curriculum vitae, emblème par excellence de la méritocratie. Place à la racialocratie, le summum de l’évolution pour la gauche régressive.

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Cette surenchère raciale se bute toutefois au mur de l’idéologie déconstructiviste promue paradoxalement par le même courant politique. D’un côté, une certaine gauche nous dit que les gens sont libres d’être qui ils sont. Chaque individu pourrait donc choisir son sexe (ou son absence), sa culture et ses origines ethniques. C’est le principe de l’auto-déclaration dont fait la promotion l’État canadien, notamment dans les prisons fédérales. Mais de l’autre, la même gauche prétend que c’est impossible. Prisonniers d’une essence indépassable, les «Blancs» ne pourraient pas devenir qui ils veulent, surtout pas des membres des communautés culturelles à protéger de l’impureté européenne.

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Blob l’éponge


Ce n’est pas un végétal, ni un champignon et ne lui dites surtout pas que c’est un animal, le blob est inclassable !


Au zoo de Vincennes il y a un nouveau pensionnaire qui me fait un peu peur.
Une chose à propos de laquelle je lis tout ce que je trouve depuis que j’en ai appris l’existence, il y a quelques années. Un « truc » ni animal ni végétal qui peut appartenir à l’un des 221 sexes de son espèce et qui est immortel !
On l’a à peu près tous déjà croisé, sans le savoir. Une masse jaune spongieuse accrochée aux bûches en décomposition dans les sous-bois. Longtemps, on a cru que c’était juste des moisissures visqueuses. On est en train de comprendre que ces dégoûtants macaronis au fromage, dont on ne sait pas très bien s’ils ont été renversés ou vomis, sont beaucoup plus intelligents qu’ils en ont l’air…

Tout commence au Texas quand une dame remarque dans son jardin amoureusement entretenu une sorte de cookie gluant, jaune pâle.

Elle pense à un champignon à « désherber », le massacre avec son râteau et disperse les morceaux sur le tas de fumier tout au fond du terrain. Mais deux jours plus tard, la « chose » s’est régénérée. Les morceaux se sont regroupés et de deux cookies on est passé à la surface d’une bonne dizaine ! Décidée à en finir, la dame les noie d’herbicide. Mais le jour d’après, la chose gluante est toujours là, en pleine forme. Effrayée, elle appelle les pompiers qui bombardent le truc au karcher. Toujours vivant ! Ils y mettent le feu. Rien à faire ! Toujours vivant !

Évidemment, les voisins pensent qu’un Alien est tombé dans le jardin de ces malheureux. On appelle la police qui canarde les macaronis à la Winchester – je rappelle qu’on est au Texas. Mais toujours vivante, la chose semble indestructible et continue de grossir. Et puis un jour, plus rien. La gélatine a disparu. « E.T. retourné maison. »

La presse locale lui a trouvé un nom : le « blob » en référence au film de 1958 The Blob avec Steeve McQueen, dans lequel un organisme ressemblant à une gelée anglaise arrive d’une autre planète et dévore tout sur son passage.

En réalité, le blob est bien connu des scientifiques qui l’appellent myxomycète. Ce qui veut dire, en grec, « champignon gluant ». Sauf que le blob n’est pas un champignon, le blob n’est pas une plante, et le blob n’est pas non plus un animal. Il a les caractéristiques des trois à la fois. Du coup, il a été classé dans la famille fourre-tout de la biologie : les protistes. Quand on ne sait pas ce que c’est, c’est un protiste.

Un blob peut faire jusqu’à dix mètres carrés… Vous imaginez le nombre de cellules ?!
Moi je fais environ deux mètres carrés et mon corps contient approximativement 100 milliards de cellules. Alors un blob, vous savez combien de cellules ? Une ! Une seule cellule de dix mètres carrés. Ça fout la trouille, non ? Et ce qui est encore plus effrayant chez le blob, c’est qu’il bouge, s’il en a besoin pour se nourrir. Un blob avance à peu près à un centimètre à l’heure. Quatre s’il est très affamé.

A lire aussi : « Blob », faut-il avoir peur des gelées jaunes?

C’est notre salut ! On court plus vite que le blob…

Heureusement, parce qu’il lui faut à peine une heure pour engouffrer un champignon dans un sous-bois, en le couvrant.

Les scientifiques l’observent en laboratoire depuis quelques décennies pour tenter de percer les mystères de ses propriétés extraordinaires. Comme il est compliqué et coûteux de faire pousser des champignons pour le nourrir, un scientifique japonais a découvert un peu par hasard dans les années 1960 que le Blob raffolait des flocons d’avoine. C’est donc aux Kellogg’s qu’il est scientifiquement élevé depuis. (Un petit blob de labo en mange quand même un kilo par semaine !)

De la bave qui apprend

Cette créature est fascinante et ouvre énormément de pistes de recherche. C’est par exemple un être intelligent, mais sans cerveau. On sait depuis Twitter qu’il n’y a pas besoin d’un cerveau pour accomplir certaines tâches. Mais des expériences ont montré que le blob peut trouver son chemin dans un labyrinthe vers de la nourriture placée à sa fin. En laissant dans son sillage une traînée de mucus qui lui évite de repasser dans des zones qu’il a déjà visitées sans succès – une sorte de « mémoire spatiale externalisée » disent les scientifiques. Bon nombre de processus, que nous pourrions considérer comme des caractéristiques fondamentales du cerveau (l’intégration sensorielle, la prise de décision et même l’apprentissage), ont été mis en évidence dans cet organisme sans être pourtant neurologiques.

On pense que le blob existe depuis environ un milliard d’années, bien qu’il n’ait été étudié de façon intensive que depuis quelques décennies. Chacune de ses étonnantes capacités ouvre une fenêtre sur notre propre espèce. La régénération cellulaire, par exemple. Le blob détient un record : vous coupez un blob en deux, il lui faut exactement deux minutes pour cicatriser et devenir deux blobs en pleine forme. Adieux agrafes et sparadraps…

Ou encore le mystère de nos origines : puisque le blob est capable de « penser » sans cerveau, certains scientifiques se demandent si nous n’aurions pas appris à penser par la force de notre biochimie avant même d’être doté d’un système nerveux. Suivant le précepte « la fonction crée l’organe », nous n’aurions créé notre système nerveux que dans un deuxième temps afin d’exploiter nos qualités naturelles. Novatrice hypothèse sur l’évolution.

Les implications sont beaucoup trop nombreuses pour être développées dans cette chronique. Mais si comme moi vous êtes hypnotisé par l’inexplicable « intelligence » de cette forme de vie, vous pouvez utilement lire Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander, d’Audrey Dussutour, éthologiste au CNRS à Toulouse et grande spécialiste de la chose.

Vous y trouverez peut-être un début de réponse à la question fondamentale posée par le Blob : n’existerait-il pas une forme d’intelligence indépendante du cerveau que l’on aurait négligée ? Une intelligence sensorielle qui permet à cet organisme de prendre des décisions, d’apprendre, et même de transmettre ce qu’il sait – il est capable de transmettre son apprentissage à l’un de ses congénères, tout simplement en fusionnant avec lui ?

N’y aurait-il pas la possibilité d’autres formes de cerveaux à la manière des microbiotes de l’intestin (qui contient 200 millions de neurones), désormais appelé « deuxième cerveau » ? On pense aussi aux 40 000 neurones de notre cœur, soupçonnés d’être responsables de changements de personnalité qui « auraient été observés sur le receveur » après greffe du cœur. Voir à ce sujet l’histoire de Claire Sylvia racontée dans Mon cœur est un autre : elle hérite du cœur d’un jeune motard de 18 ans et se met soudain à aimer la bière, les beignets de poulet… et les femmes !

C’est complètement blob ça, non ?

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Le serial tracteur qui rêve de gagner la mairie du 14eme arrondissement

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Franck Layré-Cassou se présente à la Mairie du 14e arrondissement de Paris.

Rencontre avec Franck Layré-Cassou, candidat divers droite à la Mairie du 14e arrondissement de Paris


“Je tracte tous les jours depuis deux ans. Notre collectif Le PariS du 14 s’est donné pour objectif de rencontrer chaque habitant du 14e avant l’élection!” C’est avec un large sourire que Franck Layré-Cassou m’accueille dans son arrondissement. Implanté localement depuis six ans, le candidat divers droite entend bien y faire parler de lui. Parti très en avance Layré-Cassou est parvenu à un très large rassemblement à droite. Il compte plus de 1000 soutiens venus de LR, de Debout la France, de l’UDI, du Parti Chrétien Démocrate et du Rassemblement national.

Gêné aux entournures par l’irrésistible attrait exercé par la macronie sur une bonne partie de sa famille politique, Franck Layré-Cassou trouve le soutien de Serge Federbusch, candidat soutenu par le RN à la mairie de Paris début 2019. C’est Charles Millon qui fait les présentations: les deux hommes s’apprécient depuis la campagne Fillon.

La droite tentée par le magma macroniste

Franck Layré-Cassou, 35 ans, se moque d’être taxé de “candidat du RN” : “Les électeurs ne me font plus cette remarque. Ma candidature va bien au-delà, je viens de LR mais j’ai voulu créer une rassemblement plus large pour avoir une chance. Ceux qui me taxent d’être RN aujourd’hui, de toute façon, ce sont des gens qui n’auraient pas voté pour nous et qui préfèrent se fondre dans le magma macroniste.”

Avec son accent du sud-ouest,  il égrène les 14 points de son programme pour l’arrondissement et nous présente fièrement le commerce de bouche qu’il vient d’ouvrir avec sa compagne. L’arrondissement compte près de 90 000 inscrits, il a été abandonné par Nathalie Kosciusko-Morizet pour laquelle Franck Layré-Cassou a milité. La folie des grandeurs ? La presse, en général, il regrette de la voir bien peu dans les arrondissements parisiens, les éditorialistes étant exclusivement affairés à couvrir la mairie centrale.

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Il adresse un reproche assez similaire aux candidates investies localement par LR (NKM puis Marie-Claire Carrère-Gée). Élu président de conseil du quartier Montsouris, il regrette leur manque d’investissement local. “Quand j’ai lancé ma plateforme il y a deux ans, on m’a dit à LR, c’est super, on te soutient.” 

Un candidat dissident face à Marie-Claire Carrère-Gée

Manque de pot, il ne sera pas remercié pour ses efforts. Alors qu’elle était partie en dissidence contre NKM la dernière fois, revoilà l’éternelle candidate LR Marie-Claire Carrère-Gée investie! “Quand je lui ai proposé lors d’un apéro de me rejoindre, elle m’a répondu “Les gens m’attendent!” ironise-t-il. Persifleur, il est d’un tout autre avis: “Cela se saurait. Elle s’est déjà présentée plusieurs fois et a perdu à chaque fois.”

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S’il n’est pas tendre avec la droite officielle qui voudrait se rapprocher des macronistes, Franck Layré-Cassou concentre à présent ses attaques sur la gauche aux manettes municipales. Autour de la maire hamoniste du 14e Carine Petit (qui se représente) comme autour d’Anne Hidalgo, toute la gauche est rassemblée (écolos, socialistes, communistes…) et se réjouit d’une REM divisée permettant espérer la poursuite d’une politique d’une rare démagogie.

Selon Franck Layré-Cassou, le 14e est “dégueulasse.” Il veut récupérer la compétence de la propreté dans l’arrondissement, alors que le tout a été centralisé au niveau de l’hôtel de ville depuis Delanoë.  Résultat : les maires d’arrondissement n’ont pratiquement plus aucune compétence. “Cette mutualisation est inefficace, on ne nettoie pas le 14e comme on nettoie le 1er. On a le même type de problème avec les travaux erratiques de voirie. Si on ne récupère pas cette compétence, rien ne nous empêchera de faire des contrats privés pour pallier l’inefficacité des services de la mairie!” Pour le logement, Franck Layré-Cassou fustige le logement très social et des attributions qui pénalisent systématiquement ceux qui travaillent et sont contraints de quitter Paris. “Dans le 14e arrondissement, on était à 17% de logement sociaux et on arrivera à près de 30% en fin de mandat si tout est livré. Et on ne m’enlèvera pas de la tête que cette multiplication des baux de logements très sociaux a pour effet de renchérir les loyers des familles des classes moyennes.”

Un programme bien à droite

Promenade verte prétentieuse, “forêt urbaine” (de 50 arbres!) sur le parvis de la gare Montparnasse, passe-droits permanents pour les vélos, aménagements délirants pour ces derniers, Conservatoire municipal déplacé porte de Vanves (il est également question d’interdire les cours particuliers jugés “élitistes”)… Le candidat me dresse un inventaire à la Prévert de tous les délires de la mandature actuelle.

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L’arrondissement, réputé tranquille, le serait en réalité nettement moins dès que l’on s’aventure au-delà de la rue d’Alésia, vers le sud.  “Des personnes se foutent totalement des règles communes en permanence!” Alors plutôt que de récupérer le conservatoire, la Porte de Vanves aurait plutôt besoin qu’on y rétablisse une antenne de police… En plus de cette création d’un commissariat au niveau des Maréchaux, le candidat entend mettre en place une police municipale armée et développer la vidéo protection dans l’arrondissement. De Montparnasse à la porte de Vanves, voilà qui remettrait la lumière sur le 14e.

Victor Hugo à côté de la plaque

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(c) Wild Bunch Germany

Les Misérables, le film de Ladj Ly? Emmanuel Macron s’est dit « bouleversé par sa justesse. » Notre critique y a surtout vu à l’œuvre une logique victimaire tout du long.


On a le Victor Hugo qu’on mérite… Littéralement encensé et promptement récompensé au dernier Festival de Cannes, le film réalisé par Ladj Ly joue de la corde sensible en se plaçant dès son titre sous le parapluie de l’écrivain national : ce sera donc Les Misérables, version 2019. Et du début jusqu’au générique de fin, s’il vous plaît, puisque c’est là, symboliquement, que le cinéaste place une citation du roman : « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, il n’y a que de mauvais cultivateurs. » Le film relate ainsi la première journée d’un membre de la BAC débarquant dans une cité de la banlieue parisienne.

 Pour Ladj Ly, aucun doute, comme il l’a déclaré à Cannes, après les gilets jaunes, viendra le temps des cités

L’archétype du film de banlieue

Le réalisateur, né à Montfermeil et y vivant encore, bénéficie d’entrée du jeu du label « J’y vis, donc je sais », parfait alibi pour faire taire toute critique venue d’ailleurs. Mais d’abord et surtout pour montrer des « flics » forcément beaufs, à l’exception du petit nouveau dont le film raconte finalement le « bizutage » et l’intégration presque parfaite dans son milieu.
Face à eux, la palette habituelle du film-de-banlieue-de-colère-et-de-haine, c’est-à-dire une cohorte plus ou moins définie de mères navrées, de « grands frères » roublards, de frères musulmans curieusement présents-absents, de Gitans (quota oblige) et d’autres encore. Sans oublier les « sauvageons ». Contrairement à la doxa en cours, Hugo n’aurait pas sursauté au mot employé par Chevènement : le sauvageon en effet n’est pas de la « mauvaise herbe », mais un arbre non greffé qui a poussé spontanément. Cependant, n’allez pas dire à Ladj Ly que le gentil père Hugo aurait été d’accord avec l’ex-premier flic d’une France républicaine désormais révolue, il le croit de son côté.

Il existe comme une malédiction du film dit « de banlieue » en France. Tout ou presque a commencé en 1995, également à Cannes, avec le triomphe absolu du film de Matthieu Kassovitz, La Haine. Le même discours y était déjà à l’œuvre, comme une revanche ricanante du slogan le plus ignoble de Mai 68 : « CRS=SS ». En noir et blanc qui plus est, pour faire chic assurément, mais sans mesurer combien cela faisait surtout binaire et caricatural. Puis ce fut au tour notamment de Jacques Audiard avec son plus mauvais film à ce jour, Dheepan, qui prenait cette fois toutes les couleurs du communautarisme le plus béat en faisant de l’exil londonien final de ses héros banlieusards une sorte d’Eldorado. Ladj Ly reste en France, lui. Mais il situe son film en été, pendant les vacances scolaires, évacuant du coup et les parents et les enseignants du paysage. Ses héros adolescents sont ainsi livrés à eux-mêmes plus encore que le reste du temps. Les esprits chagrins auront noté que pour Hugo, les « cultivateurs » étaient précisément et d’abord les parents et les professeurs. Et assurément pas Javert et sa bande !

A lire aussi : On aurait aimé se contenter de dire du mal du dernier Polanski…

Et voilà comment, on récupère un discours « politique » sur l’éducation en se privant de ceux qui en ont la charge quotidienne. Chapeau l’artiste ! Mais, que voulez-vous, un flic qui commet une sale bavure, comme dans le film, c’est toujours plus vendeur qu’un prof qui rame. On bascule ainsi aisément dans le film d’action pour ados avec moment de bravoure final et points de suspension cinématographiques à l’appui. Car notre penseur-cinéaste rêve évidemment d’une insurrection de la banlieue qui vient… Pour lui, aucun doute, comme il l’a déclaré à Cannes, après les gilets jaunes, viendra le temps des cités. On aimerait lui rappeler ce que disait Bernard Maris, le jour même de son assassinat par qui l’on sait, sur tout ce que l’État faisait chaque jour pour ces cités, en vain. Appeler de ses vœux leur révolte dans ces conditions, c’est donc faire preuve d’un aveuglement désolant, ce qui pour un cinéaste est fâcheux…

Les sauvageons et même les mauvaises herbes auraient besoin d’autres avocats que ces jeteurs d’huile sur le feu et sur grand écran. Mais la logique victimaire est partout à l’œuvre. Alors, on cite Hugo à côté de la plaque, on assigne au maintien de l’ordre des missions de « cultivateur » et on déroule un logiciel où la responsabilité individuelle est niée au profit d’une mise en cause systématique de valeurs collectives fondées sur des droits et des devoirs. Et c’est ainsi que le cinéma français se donne bonne conscience.

miserables

Sortie le 20 novembre.

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Une Cruella d’Enfer à la direction du Centre Pompidou-Metz

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Des plugs en chocolat à l'exposition "Chocolate Factory", Hotel de la Monnaie en 2004 à Paris © PATRICK KOVARIK / AFP

 


Chiara Parisi va être nommée à la tête du centre Pompidou-Metz. 


Attention! Chiara Parisi, la nouvelle promue cheffe du Centre Pompidou-Metz, est une guerrière cyborg génétiquement modifiée et programmée à l’art contemporain le plus radical et cruel, comme la décrit le panégyrique que Mademoiselle Lequeux lui a confectionné avec amour dans le Monde du 16 novembre.

Art contemporain d’Etat

Chiara fait partie de la petite trentaine de hauts fonctionnaires de l’art contemporain d’Etat, parfaitement interchangeables dans un jeu de chaises musicales des plus cocasses, entre la Villa Arson, le CAC de Frontignan, l’ENSBA de Paris ou de Bourges, le Machin de Grenoble,  le Palais de Tokyo, la Villa Médicis, le Consortium de Dijon, le CRAC de Pougues-les-Eaux, le MOCO de Montpellier, etc., etc. Ils tiennent cependant fermement les manettes d’un appareil ectoplasmique, sans direction bien localisable et échappant totalement à la tutelle du Ministre qui passe. Ils y promeuvent depuis des années la même centaine d’artistes agréés par les circuits institutionnels et les réseaux spéculo-financiers: les incontournables Lavier, Buren, Hybert, Calle, Abramovic, Mosset, Lévêque, McCarthy, etc.

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Les populations du Grand-Est se disent qu’elles n’ont décidément pas de chance avec les préposé(e)s qu’on leur envoie pour irradier l’art dit contemporain dans leur région. Ils avaient en effet déjà eu affaire à une autre cruelle indomptable de l’Art Contemporain nommée Béatrice Josse, qui avait, entre autres friandises infernales, invité la plasticienne internationale Teresa Margolles a bénir les bigots de son FRAC avec de l’eau de morgue de lavage des cadavres.

La pétaradante Chiara, elle, s’était signalée dans la duchamposhère institutionnelle en invitant l’exquis Claude Lévêque à « mettre en scène les ruminants venus du Plateau de Millevaches voisin et envahir de foin la nef du Centre d’art de Vassivière, qu’elle dirigeait alors. » Elle a travaillé pour la Fondation de Monsieur Carmignac, (condamné récemment pour fraude fiscale). Elle a transformé ensuite avec « Papy Chocolat McCarthy » les salons de la Monnaie de Paris en chocolaterie, d’où sortaient à la chaîne des Pères Noël à plugs anaux… (Est-ce grâce à Chiarra que La Monnaie de Paris aujourd’hui ne veut plus entendre parler d’art contemporain?) Groupie des stars du financial art comme McCarthy ou Lévêque, elle peut déclarer sans aucune vergogne: « il faut à tout prix rappeler que toute création a une valeur supérieure et magique, loin de toute question de marché… » Ben voyons Ginette !

Une lourde tache: intéresser les Lorrains à l’art contemporain

Une question: va-t-on pouvoir, avec Chiarra Parisi, redresser la fréquentation catastrophique de l’appendice pompidolien lorrain ?

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Les politiques locaux de tous bords gratifient l’établissement de la coquette allocation de  15 millions d’euros par an, répartis entre ville de Metz, agglomération et région, en annonçant effrontément le chiffre de 330 000 visiteurs par an… Un mensonge probable, mais possible en ce pays du déni et de l’opacité en tous genres qu’est le dispositif institutionnel dédié à l’art dit « contemporain ».

Un ami informateur local me dit « J’y suis allé deux fois cette année avec des amis, un dimanche d’avril et un dimanche de juillet… j’ai pu alors estimer le public entre 100 et 200 personnes. Le lundi de la Pentecôte, il y a eu 2 entrées payantes d’après une personne employée du Centre que je connais… Si tu retires 52 jours de fermeture mini et des périodes d’installation d’expo, mon calcul donne: 200 x 300 = 60000 … et encore et je suis généreux en prenant une moyenne haute de 200 visiteurs par jour. » Ce qui nous fait tout de même 250 euros le coût unitaire du visiteur… qui, à 80% n’est même pas du coin. Autrement dit, ce sont les citoyens lorrains qui paient pour les cultureux parisiens.

Phil Donny appelle à la révolte

On s’attend donc à un puissant mouvement de révolte des artistes locaux menés par Phil Donny et son collectif de résistance à cet art contemporain produit ahurissant de la collusion entre la haute bureaucratie culturelle d’ Etat et la haute finance internationale destructrice de la biodiversité. Souhaitons que les écolos s’y joignent car il sont là en plein dans leur sujet. Il faudrait aussi que les insoumis comprennent que cet art est une émanation du grand capital afin de soumettre les classes laborieuses par la terreur intellectuelle.

Je vous joins une image éloquente de l’exposition actuelle au Pompidou-Metz, de Rebecca Horn: une star parmi d’autres du financial art international et de la fraquerie française…

 

Ils demandent de la viande? Qu’ils mangent du quinoa!

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Image d'illustation (Pixabey)

Depuis la fin des vacances de la Toussaint, les menus sans viande ni poisson sont obligatoires dans les cantines scolaires. Pour sauver la planète, nos enfants deviennent végétariens!


L’humanité franchit un pas historique en novembre 2019: une loi française impose désormais, pour le bien de la planète, le régime végétarien.

Aux environs de 1600, Henri IV veut restaurer la prospérité de ses sujets dans un pays dévasté par les guerres de religion; le symbole en sera la poule au pot : « si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu’il n’y a pas de laboureur en mon royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. » En 1954, dans un pays encore marqué par les privations d’après-guerre, Mendès France, chef du gouvernement, instaure le verre de lait dans les écoles. Il faut lutter contre la dénutrition, « pour que nos enfants soient studieux, solides, forts et vigoureux ». En 2008 Michel Barnier, alors ministre de l’agriculture, ajoute une distribution gratuite de fruits frais dans les écoles.

Au moins une fois par semaine !

En 2019, les choses s’inversent: on n’ajoute plus aux menus; on retranche ! La mouvance écologiste a obtenu une loi (loi EGalim, octobre 2018) qui prohibe la viande, le poisson, les crustacés et les fruits de mer des menus uniques des cantines scolaires : tous végétariens, de la maternelle au lycée, au moins une fois par semaine! Les écologistes redécouvrent ainsi la tradition catholique (oubliée) qui exclut la viande des menus du vendredi et la pratique musulmane qui proscrit le porc (et l’alcool). Le religieux gagne irrésistiblement l’idéologie écologiste.

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Cette obligation d’un menu végétarien hebdomadaire figure dans les dix commandements écologistes recueillis par notre Moïse national, Nicolas Hulot, et proclamés récemment à une heure de grande audience par la chaine publique France 2. Les téléspectateurs étaient invités à entendre le Décalogue écologiste pieusement commenté par le prophète pour sauver notre monde en perdition; dix commandements qui seront demain nos devoirs et obligations nouveaux.

Les dix commandements de Hulot

L’Ecodécalogue commence justement par deux prescriptions alimentaires: consommer des produits de saison; se priver de viande et de poisson une fois par semaine. Suivent quatre commandements bigarrés mais aisés à respecter (plus de 90 % d’adhésion des téléspectateurs): s’équiper d’une gourde à la place de bouteilles en plastique; planter des fleurs sur son balcon ou dans son jardin pour sauver les abeilles; supprimer les e-mails inutiles; diminuer le nombre de vêtements en coton et les porter longtemps. Viennent ensuite les commandements de l’espérance climatique: abandonner sa voiture pour les trajets de moins de trois km; se contenter de dix-neuf degrés maximum dans son habitation; s’interdire tout voyage en avion pendant un an. La Parole écologiste s’achève sur la possibilité de se racheter en donnant de son temps pour les associations de défense de la nature, version contemporaine des indulgences de l’Eglise romaine.

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Le Décalogue de Moïse-Hulot surprend. Moins terrible que celui de la Bible (tu ne tueras pas, tu ne commettras pas l’adultère, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc.), il omet pourtant un point considéré comme crucial par le haut clergé écologiste: l’acte d’éviter un enfant. C’est inexplicable quand on sait que deux universitaires canadiens ont démontré que renoncer à un enfant économise soixante tonnes de CO2 en moyenne (jusqu’à cent-vingt tonnes, s’il s’agit d’un Américain, mais seulement vingt s’il s’agit d’un Japonais). Les actes les plus éco vertueux qui viennent après l’abstinence procréative sont très loin de ces performances: abandonner sa voiture n’apporte qu’un gain de CO2 de 2,4 tonnes et renoncer à un vol transatlantique, 1,6 tonnes.

Peut-être notre Décalogue de Moïse–Hulot intéresse surtout les milieux sociaux modestes. Ceux-ci se découvrent en effet des vertus qu’ils ne soupçonnaient pas. Avec les petits moyens qui sont les leurs, ils ne s’achètent guère de chemises inutiles, ni ne se chauffent beaucoup. Ils ne prennent pas l’avion, évitent de conduire leur voiture car l’essence est chère et l’assurance aussi. Ils achètent le moins de viande possible pour leurs enfants, et comptent d’ailleurs sur la cantine de l’école, aux tarifs subventionnés, pour leur fournir des protéines animales. Vertueux mais amers, car on leur interdit ce à quoi ils n’ont jamais eu droit. Ils pensaient, ils espéraient bien qu’un jour, en sauvant la planète, ils auraient une vie meilleure.

Ils auraient tant aimé ne pas être végétariens et, un jour, avoir la liberté de l’être.

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Si elle n’est plus contente en France, Maboula Soumahoro est la bienvenue au Vénézuela

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La militante radicale Maboula Soumahoro en 2012 © BALTEL/SIPA

Partir à la conquête de l’Amérique latine, voilà la solution à la crise migratoire!


Ils arrivent et ils seront toujours plus nombreux, c’est inéluctable. Soyez prêts chers amis, car les cinquante prochaines années, des millions d’Africains se rueront vers l’Europe. L’Europe, ce vieux continent, ce vieux monde raciste et misogyne qui mérite tant d’expier ses péchés. La purge a déjà commencé : « votre monde se termine », s’est réjoui la brillante Maboula Soumahoro a la télé. On n’arrête pas le progrès.

Risquer la soif pour venir en France

C’est marrant, mais notre vieille France raciste, misogyne et tout ce qu’on veut reste le centre des attentions de la jeunesse d’Afrique. Dans les banlieues de Kinshasa ou de Khartoum, des jeunes hommes reliés au monde grâce à la 4G rêvent de liberté et de centres commerciaux. Sont-ils masochistes au point de braver le Sahara afin de venir dans notre pays peuplé de beaufs négrophobes ?

Madame Maboula Soumahoro affirme n’avoir « aucune gratitude à exprimer » au pays où elle mange visiblement bien. Si elle y est si malheureuse, je lui suggérerais d’en partir pour laisser sa place à un autre. Fût-il un Noir du Darfour, cet « autre », je suis convaincu que les Français n’y verraient aucun problème, pour une raison simple: les Français aiment les étrangers qui aiment la France.

Pourquoi pas l’Amérique latine?

J’ai moi même quitté la France. J’ai vécu ailleurs plusieurs années et j’y suis revenu. Je sais tout ce que je dois à mon pays et je suis redevable à Dieu, s’il existe, d’y être né et d’y avoir été instruit. Malgré tout le mal que la France leur aurait fait, les disciples de Maboula Soumahoro n’en partiront jamais. Et pour cause: où iraient-ils ?

J’aurais bien une idée de destination: l’Amérique latine. Cinq siècles après Amerigo Vespucci, des dizaines de milliers de conquérants africains naviguant à bord de bateaux gracieusement affrétés par des associations humanistes, avouons que ça en jetterait. Peut-être que Maboula Soumahoro pourrait se tailler une place dans un des navires parmi les «siens». Mais sans doute a-t-elle trop peur de perdre le confort matériel et les honneurs des médias que lui offre le pays qui la malmène tant.

Une revanche sur le commerce triangulaire

Le Parti Communiste Français plaide pour un «accueil digne des réfugiés». Pourquoi ne pas faire, tel Christophe Colomb, escale à Cuba? Imaginez la terre de Fidel accueillir tous ces damnés d’Afrique et d’Orient. La grande utopie internationaliste concrétisée face à l’hydre capitaliste. Trop petit pensez-vous ? Le vaste Venezuela, autre gloire du socialisme regorge de richesses qui ne demandent qu’à être valorisées. Son président devrait être ravi d’accueillir ce flot d’opprimés.

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Cette nouvelle conquête de l’Amérique sonnerait l’heure de la revanche sur le commerce triangulaire. Le Brésil ayant été le dernier pays d’Amérique à abolir l’esclavage, ne devrait-il pas lui aussi expier ses pêchés ? Ainsi, des dizaines de milliers d’ «Autres» gambaderaient dans les contrées de Jair Bolsonaro. Lors d’une visite en Arabie Saoudite à la fin du mois d’octobre, ce dernier a déclaré: « je pense que tout le monde aimerait passer un après-midi avec un prince, principalement vous les femmes ». N y a-t-il pas là une formidable occasion pour le petit capitaine d’initier son pays aux délices de l’islam? Imaginez les Brésiliennes troquant bikinis pour djilbabs et niqabs, sous les yeux doux de jeunes barbus en djellaba sur la plage de Copacabana.

Curieusement, je doute que malgré leur beaux discours humanistes, les Raul Castro, Maduro ou autres belles âmes latinos soient disposées à accueillir les damnés d’Afrique. Moi qui pensais que le communisme avait vocation à protéger tous les opprimés de ce bas monde, je me suis fait avoir en beauté.

La France reste la terre sainte

Reste le catholicisme. Les migrants seraient «l’image du Christ qui frappe à notre porte», a déclaré le Pape François en mars dernier. L’Amérique latine est la terre catholique par excellence. L’Argentine du Pape François pourrait montrer la voie. Ce pays immense aurait largement la place d’accueillir des milliers de Christ. Ces dernières décennies pourtant, il ne semble guère que l’Argentine soit la terre de prédilection des migrants. De même pour le Mexique ou le Brésil. Très sincèrement, je doute que les habitants de ces pays soient aussi ouverts que nous à l’accueil des migrants d’Afrique. Je doute qu’ils estiment que les accueillir leur garantira une place au Paradis. Je doute que ça en fasse pour autant de mauvais catholiques.

Il faut donc s’y résoudre: la terre sainte des migrants d’Afrique, c’est chez nous. La France, terre islamophobe qui accueille des dizaines de milliers de musulmans chaque année. La terre raciste qui accueille des dizaines de milliers d’Africains. Et en plus, la terre qui laisse Maboula Soumahoro exprimer ses diatribes à la télévision. La terre dont les autochtones sont de bonne composition finalement. N’en déplaise aux adeptes des jérémiades, notre pays reste fidèle à sa réputation de patrie des Droits de l’homme, et son peuple reste sans doute l’un des moins xénophobes au monde. Pourvu que ça dure…

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Les Frères musulmans sont en passe de gagner la bataille sémantique

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Henri Pena-Ruiz © IBO/SIPA Numéro de reportage: 00487142_000002

Jean-Paul Brighelli évoque avec Henri Peña-Ruiz la marche contre l’islamophobie du 10 novembre à laquelle Jean-Luc Mélenchon a participé. Il revient sur l’affrontement autour du terme « islamophobie » à la France insoumise.


Cela a commencé à l’université d’été de la France insoumise. Henri Peña-Ruiz, qui n’a plus rien à apprendre sur la laïcité, dont il a tout dit dans un Dictionnaire amoureux de la laïcité (chez Plon) sorti il y a trois ans, explique aux militants dont il se sent proche, homme de gauche qu’il est depuis toujours, qu’on a le droit d’être islamophobe, comme celui d’être cathophobe ou athéophobe — et que c’est cela, la laïcité. Parce qu’on a le droit de critiquer une religion — pas les personnes. L’islam, pas les Musulmans. La Torah, mais pas les Juifs.

Que n’avait-il pas dit là… Le jour même, Twitter s’enflamme (Twitter passe son temps à s’enflammer, il vit d’incendies successifs), et voici l’un des plus ardents défenseurs de la laïcité républicaine, un homme par ailleurs d’une modestie et d’une douceur exemplaire, vilipendé par les réseaux sociaux. Puis cela a rebondi il y a quelques jours, quand Mélenchon, qui avait décidé d’aller parader avec ses troupes à la manif des Frères musulmans, s’est fendu d’une critique acerbe contre Peña-Ruiz (qui est compagnon de route du Front de gauche et de la France Insoumise depuis toujours, comme il a été celui du PC dans des ères géologiques antérieures), s’est fendu d’un tweet extrêmement agressif parce que le philosophe était allé apporter la contradiction à Eric Zemmour : «À Peña-Ruiz qui bavarde amicalement avec Zemmour et me laisse traiter d’islamo-gauchiste. Ses amis Chassaigne et Brossat qu’il a soutenu [sic !] aux européennes seront à la marche le 10 novembre. Le sectarisme ne mène pas plus loin que ce plateau indigne.»

Passons sur le fait que Mélenchon, dans sa rage, ne maîtrise plus l’accord du participe avec le COD antéposé, et examinons le fond du problème. Faut-il refuser d’aller sur Cnews? Faut-il laisser Zemmour éructer tranquillement sans tenter de nuancer un propos sans nuances ? J’ai posé la question à Peña-Ruiz. D’une longue interview qui sautait du coq à l’âne, comme il arrive toujours entre amis, j’ai retenu quelques phrases décisives.

Jean-Paul Brighelli. Alors, quelles sont aujourd’hui tes relations avec Jean-Luc Mélenchon ?

Henri Pena Ruiz. Elles sont désormais inexistantes, sinon par ce tweet que tu cites, et qui me dit « sectaire » et « indigne » en décrivant comme un « bavardage amical » ce qui fut au contraire une confrontation sans concession avec Eric Zemmour. Je ne comprends pas pour ma part que l’on puisse traiter ainsi un camarade. Mon ami François Coq, entre autres, en fut aussi victime. Le moins que l’on puisse dire est que cela ne donne pas l’exemple de ce que pourrait être l’avenir en commun pour lequel nous militons. Cette façon de faire, dont je ne suis pas hélas la seule victime, dégoûte beaucoup de personnes de la France Insoumise. Elle est peu conforme avec le vœu annoncé de refonder la politique dans le sens d’une démocratie authentique dont le peuple serait l’acteur majeur. C’est une telle contradiction que souligne avec force mon ami Thomas Guénolé, qui a tout récemment rompu avec la France insoumise.

Islamophobie: « Les Frères musulmans sont en passe de gagner la bataille sémantique »

Jean-Paul Brighelli. Oui, Guénolé, en faisant la promotion de son livrela Chute de la maison Mélenchon, n’a guère de mots tendres pour le lider maximo de LFI…

Henri Pena Ruiz. Il n’est pas tendre, car ce qu’il a vécu est terrible, et il a voulu en analyser les causes, sans transiger avec l’exigence de vérité.

Jean-Paul Brighelli. Revenons à cette conférence de septembre. Les attaques t’ont fait du mal ?

Henri Pena Ruiz. Oui, et c’était d’autant plus inattendu que l’ambiance, lors de ma conférence, était très bonne. J’ai fait applaudir « la Rose et le Réséda » d’Aragon…

 «Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats»… Quelles que soient les qualités poétiques de cette ode à la Résistance, l’idée d’associer le communiste Gabriel Péri et le gaulliste chrétien Honoré d’Estienne d’Orves partait d’un bon sentiment: unir dans la Résistance au-delà des clivages…

Aujourd’hui une clarification est absolument nécessaire concernant l’orientation laïque de la France Insoumise. Je regrette qu’elle ne soit pas faite clairement par la direction de la FI, qui a pris la décision regrettable de participer à la marche contre l’islamophobie lancée par le CCIF, en contradiction avec les positions qu’elle défendait en janvier 2015, après les attentats islamistes. Une grande manifestation contre tous les racismes me semblait nécessaire, en lieu et place d’une telle marche. Celle-ci est une grande victoire des Frères musulmans, qui sont en passe de gagner la bataille sémantique qu’ils ont engagée il y a des années: dorénavant, une partie de l’opinion, soigneusement manipulée, se range derrière l’idée qu’« islamophobie », qui selon l’étymologie recouvre la peur irraisonnée de l’islam, assortie de son rejet, veut dire aussi haine des personnes musulmanes, ce qui est absolument faux. C’est cette dérive du sens qu’il faut inlassablement dénoncer et combattre. Une dérive qui est malheureusement appuyée par les pays du Nord de l’Europe, ou par l’Angleterre et les Etats-Unis, qui n’ont jamais voulu comprendre ce que nous appelons « laïcité » en France.

Oui, « secularism » peine à recouvrir le concept français de laïcité…

Alors bien sûr, Julien Odoul, cet élu du Rassemblement National qui a cru intelligent de dénoncer publiquement une femme porteuse d’un voile en Bourgogne, ou Blanquer confondant sorties scolaires et société française en général, ont donné du grain à moudre aux extrémistes religieux. Ils ont permis une assimilation entre «islamophobe» et «républicain».

Tu parles d’une erreur de Blanquer… Quelle est-elle ?

Ne pas avoir spécifié que la déontologie laïque excluait le recours à tout symbole religieux dans des sorties scolaires, et non pas au seul voile islamique. Tout vient en fait d’un manque de rigueur du Conseil d’Etat, qui n’a pas compris ce qu’était réellement une sortie scolaire — et qu’un « encadrant » n’est pas une « maman », comme s’est plu à le clamer toute la presse, mais un collaborateur occasionnel du service public — et soumis aux mêmes règles que le service public.

Quant à interdire le voile sur l’ensemble du territoire, c’est hors de question, pour moi : c’est par l’éducation que l’on convaincra les femmes de ne pas s’enfermer dans des pratiques religieuses aliénantes. J’explique cela dans un article de Marianne, à paraître bientôt.

C’est tout de même un signe flagrant d’infériorisation de la femme…

Certes, mais il ne faut pas confondre ce que l’on doit combattre par la loi,— notamment tout ce qui bafoue la déontologie laïque —, et ce qu’il faut faire reculer par la dénonciation des préjugés sexistes. Celle-ci relève de l’éducation populaire. Interdire le voile de façon générale, en dehors des contextes qui requièrent la neutralité, serait le glorifier — et donner raison aux manipulateurs qui en font le signe d’une discrimination anti-musulmans. Blanquer aurait dû dissocier, dans son propos, ce qui revenait au ministre — qui doit dire la loi — et ce qui revient à l’homme, qui a les opinions qu’il veut. Il a fait une confusion entre ces deux instances. C’était donner raison au CFCM, qui est pourtant manipulé par un courant wahhabiste et patriarcal, l’islam le plus rétrograde — et qui prétend s’ériger en victime. Comme a très bien dit Gilles Keppel, on a là affaire à une « islamisation par le bas ». Ces personnes pratiquent le littéralisme — alors même qu’Averroès, au XIIe siècle, était déjà favorable à une interprétation du Coran.

Oui — mais il a lui-même été en butte au retour du fanatisme littéraliste, à la fin de sa vie. C’est une tentation qui parcourt régulièrement le monde musulman.

En attendant, les Frères musulmans se servent des lois républicaines pour s’infiltrer dans la société française — alors même qu’ils rêvent de s’affranchir justement des lois de la République. Ils avancent masqués. La Femen qui s’est invitée, les seins nus, lors de la manifestation du 10 novembre, a été immédiatement bousculée et cachée — « couvrez ce sein que je ne saurais voir », dit Tartuffe !

Oui — et le voile participe de cette même obsession érotique qui ne dit pas son nom. Et comment analyses-tu la situation présente ?

Je plaide pour une intégration plutôt qu’une assimilation. Il faut que les particularismes — et c’est essentiel — n’entrent pas en conflit avec la loi républicaine. Sinon, on risque une conversion du communautarisme en stratégie d’affrontement. On a le droit de rejeter une religion — y compris la sienne — ou une politique. Pas un peuple. Critiquer l’islam, ce n’est pas du racisme anti-musulman. C’est le point de vue universaliste qui doit partout triompher : se demander sans cesse si la maxime de mon action est ou non universalisable donc compatible avec les droits de l’homme. Par exemple être contre l’excision, ce n’est pas rejeter tel ou tel segment de population : c’est défendre le principe universel du droit à l’intégrité physique. Je défends les principes universels, qui sont émancipateurs. Et ce à distance de toute polémique.

>>> Retrouvez tous les articles de Jean-Paul Brighelli sur son blog <<<

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Migrants, le Vatican refait de la figuration

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Inauguration des Anges inconscients, oeuvre de Timothy Schmalz, place Saint-Pierre à Rome, 29 septembre 2019. (c) PINTO / POOL / AFP

Le pape François a fait installer un monument aux migrants place Saint-Pierre à Rome. Quoique contestable, ce grand bronze rompt avec l’art abstrait qu’avait promu l’Eglise catholique ces dernières décennies.


Le pape François a fait installer place Saint-Pierre, à Rome, un grand bronze représentant des migrants, thème qui lui est cher. Il se fait photographier devant. Il les montre, les touche, les caresse, les cajole. Le souverain pontife est visiblement très heureux de son acquisition. Cette implantation a principalement un sens religieux et politique. Cependant, elle constitue aussi, sur le plan artistique, un curieux événement contrastant avec le contexte de l’art contemporain.

Œuvre du Canadien Timothy Schmalz, le groupe représente une centaine de migrants, toutes origines et époques confondues, la nôtre n’étant, bien sûr, pas oubliée. Ils sont presque grandeur nature, serrés les uns contre les autres, debout sur une barque sommaire. Des ailes d’anges dépassent du groupe, en référence à l’Épître aux Hébreux (13-2) selon laquelle celui que l’on prend pour un simple étranger pourrait être un ange.

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Ces personnages suggèrent efficacement une communauté de destin entre les divers migrants, mais aussi entre ces derniers et le reste de l’humanité. L’œuvre a une force expressive certaine qui n’est pas sans rappeler Le Pèlerinage de San Isidro de Goya. Cependant, la facture un peu simple peut décevoir. Les drapés, en particulier, paraissent mous en ce haut lieu baroque. On pourrait trouver à cette œuvre des analogies avec certaines traditions de figurations trop démultipliées comme le style saint-sulpicien ou le réalisme socialiste.

Pour ou contre le deuxième commandement ?

L’apparition de cette sculpture très figurative fait cependant réfléchir. L’Église semble, en effet, avoir tout au long du xxe siècle abandonné son lien multiséculaire avec la représentation en art. Certains théologiens catholiques convertis à l’abstraction et au conceptuel semblent même plus proches de l’iconoclasme byzantin que de Rubens ou de Bernini. À Paris, des lieux comme le couvent des Bernardins se sont illustrés par des conceptions apophatiques de l’art, c’est-à-dire radicalement éloignées de tout ce qui rappelle la vie terrestre.

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Rappelons que l’Église catholique a eu un rôle décisif dans le développement de l’art figuratif en Europe. S’appuyant sur des arguments christologiques, elle s’est, en pratique, tout bonnement affranchie du deuxième commandement (« Tu ne te feras point d’image taillée ni de représentation quelconque des choses… »). Il en résulte une extraordinaire efflorescence artistique au Moyen Âge, à la Renaissance et encore davantage au temps de la Contre-Réforme. Cependant, à la fin du xxe siècle, rien ne reste, je le répète, de cet engagement de l’Église en faveur de la figuration ou si peu.

L’universelle force des images

Pourquoi le Saint-Siège recourt-il de nouveau à la figuration ? Probablement pour une raison extraordinairement simple : s’il avait placé là une œuvre abstraite ou conceptuelle, cela aurait peut-être plu à quelques intellectuels du Vatican, mais les foules n’auraient pas saisi. En voyant l’œuvre de Timothy Schmalz, on comprend tout de suite de quoi il s’agit et on ressent une émotion. Pas besoin d’explications. L’œuvre parle d’elle-même. C’est pour cette même raison (pardon pour le rapprochement) que les idéologies totalitaires, ayant davantage besoin que les autres régimes de communiquer avec les masses, confient finalement leur propagande à la figuration, souvent après avoir été tentées par les avant-gardes. C’est aussi à cause de cette nécessité que les publicitaires mettent toujours une image mûrement travaillée dans leurs affiches. On pourrait multiplier de tels exemples. Aussi éloignés que soient l’Église, les totalitarismes et la publicité commerciale, il faut observer qu’en les situations les plus diverses, les humains restent très sensibles aux images figuratives. Les mêmes causes produisent les mêmes effets…

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Le militaire et la militante

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Caroline de Haas, entrepreneur et militante féministe. © BALTEL/SIPA n° de reportage 00611999_000029

Inacceptable dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, le « ferme ta gueule » du Général Georgelin pourrait être de bon aloi à la télévision. 


 

A la place de Caroline de Haas, notre muse nationale du féminisme, je n’aurais pas apprécié que David Pujadas se sente obligé de me préciser que la sainte colère d’Alain Finkielkraut était à prendre au « second degré ». C’était – on n’ose à peine le dire – se faire traiter peu ou prou de petite sotte. Mais, tout à son racolage médiatique, la muse n’a pas senti la flèche.

Le lendemain se déployait l’arsenal habituel du pilori : pétition en ligne contre le philosophe, tweets, demande d’exclusion de France-Culture, plainte auprès du CSA, saisie du procureur de la République par quatre députés de La France Insoumise, etc. Curieusement certaines plumes, favorables à l’écrivain, écrivirent dans la presse : « C’est l’ironie du sort: l’émission avait pour thème « Toutes les opinions sont-elles bonnes à dire? »».

Dans les œillères

Pourquoi « l’ironie du sort » ? « Violez, violez, violez ! Voilà, je dis aux hommes : violez les femmes ! D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs ! Et elle en a marre. » En quoi, se fâchant avec la fureur d’un briseur d’idoles, Alain Finkielkraut exprimait-il une opinion sur le viol qui ne serait pas « bonne à dire ». L’opinion qu’exprimait sa rageuse antiphrase ne visait-elle pas les seules œillères de la fondatrice du mouvement « Osez le féminisme » ? Lui reprochant d’ailleurs dans la même séquence d’être « absurde », ne s’est-il pas retenu – cela s’est senti – d’utiliser des qualificatifs moins galants?

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En entendant, avec une stupéfaction sans cesse renouvelée, certains intervenants, dans pareilles émissions, prendre à la lettre (faute d’avoir l’ouïe fine) ce qu’on leur explique, on finit par se demander si l’école n’a pas péché depuis trop années par son insuffisance, et si l’enseignement du « second degré » n’usurpe pas son appellation.

Lorsque le général Georgelin, missionné par le Président Macron, s’est permis de dire, devant la Commission Culture de l’Assemblée nationale, qu’il avait invité l’architecte en chef des monuments historiques chargé de la restauration de Notre-Dame de Paris « à fermer sa gueule », il ne s’exprimait certainement pas au « second degré ».

Alors que l’égérie du féminisme viril aurait dû entendre autre chose que ce qu’elle voulait à tout prix entendre, les membres de la Commission Culture, eux, ont entendu ce qu’ils ont entendu. La vulgarité ne prête pas à confusion. Il n’en va pas de même de la subtilité toujours difficile à appréhender pour les esprits qui en manquent.

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Bêtise à front de taureau

Aussi est-on tenté de se demander si notre pays, avec ses étonnantes nominations à des postes-clés, ses émissions bavardes qui attisent les incompréhensions, son politiquement correct toujours prompt à s’indigner au-delà de toute mesure, n’est pas victime d’erreurs de casting.

Alain Finkielkraut n’aurait-il pas dû laisser sa place au général Georgelin ? Le franc-parler du soldat, aussi détestable qu’inacceptable devant la représentation nationale, ne serait-il pas de temps en temps le bienvenu face à la « bêtise au front de taureau » qui hante les plateaux de télévision ? Un militaire face à une militante… Inimaginable ! Le petit écran en est effectivement bien incapable.

Misère du petit écran

Ce serait nécessairement changer de registre pour passer au grand écran, notamment à celui de Fellini. On songe à Ginger et Fred sorti en 1986 et qui demeure pour l’éternité la satire la plus géniale d’une télévision définitivement sans génie.

De Fellini, il fut magnifiquement question dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut, samedi dernier sur France Culture. C’était deux jours après l’émission de David Pujadas.

Pour cette émission consacrée à Woody Allen, le philosophe avait invité Laurent Dandrieu, rédacteur en chef des pages culture de Valeurs actuelles, auteur de Woody Allen, portrait d’un antimoderne, et Antoine Guillot, journaliste, critique de cinéma et de bandes dessinées, producteur de l’émission « Plan large » sur France Culture.

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Canada: de la méritocratie à la «racialocratie»

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Valerie Plante, le Maire de Montréal © William Volcov/REX/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40718602_000059

Le Canada repousse les limites du racisme antiraciste, à tel point qu’on peut se demander s’il est encore une société libérale et méritocratique…


Le 5 novembre dernier, la presse a révélé que la «toute première élue autochtone de la Ville de Montréal» n’était finalement pas vraiment amérindienne….

De son nom Marie-Josée Parent, elle s’était vue confier en août 2018 le dossier de la réconciliation avec les Premières Nations par la mairesse progressiste Valérie Plante. Un dossier aussi prestigieux que symbolique mené dans une optique de «décolonisation». Le Canada aurait désormais son Elisabeth Warren, cette démocrate américaine qui a surfé toute sa carrière sur une lignée amérindienne qui s’est avérée fausse.

La radicalisation du multiculturalisme

Marie-Josée Parent a rapidement démenti le fait qu’il coulait uniquement dans ses veines du sang de méchants colonisateurs. Des accusations de «corruption raciale» dans un pays où l’origine ethnique est de plus en plus importante. Ce sont les recherches de deux historiens qui ont forcé la principale intéressée à se retirer du dossier autochtone. Les chercheurs ont dû remonter jusqu’au XVIIe siècle pour en venir à ces conclusions que Mme Parent considère comme de la «violence généalogique». «Nos identités à moi et ma sœur vont au-delà d’un arbre généalogique», a-t-elle déclaré à Radio Canada.

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Comment ne pas y voir la marque d’un multiculturalisme poussé à l’extrême dans un pays qui a récemment vu la réélection de Justin Trudeau? Comme les anciens bourgeois marxistes qui aimaient se faire passer pour de modestes prolétaires, certaines personnalités de gauche en viennent maintenant à se faire passer pour des personnes «racisées». Elles ne se contentent plus de valoriser l’Autre, mais veulent devenir l’Autre, d’embrasser sa cause comme les Occidentaux de bonnes familles arborant leurs foulards palestiniens. Nous baignons à nouveau dans l’orientalisme: il ne faudrait pas seulement exalter la diversité, mais se convertir à elle dans un élan romantique.

Des privilèges blancs aux privilèges de couleur 

Il faudrait toutefois être naïf pour en rester strictement à cette analyse. Les Canadiens (et plus largement les Nord-Américains) vivent maintenant dans un régime qui accorde des privilèges à certains membres des communautés culturelles. Rares sont aujourd’hui les Canadiens à qui l’on n’a jamais demandé s’ils faisaient partie d’une minorité ethnique ou culturelle lors d’un processus d’embauche. De répondre positivement augmente évidemment vos chances d’obtenir le poste.

C’est le règne de la discrimination positive, un programme qui se satisfait bêtement d’inverser la dynamique du racisme au lieu d’y mettre réellement fin. Non seulement le multiculturalisme valorise à outrance l’altérité en la détachant du réel, mais il instaure un régime où les gens sont triés sans nuances en fonction de leur race – les Haïtiens se retrouvant avec les Sénégalais et les Italiens avec les Ukrainiens.

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Ces dernières années, les faux Amérindiens se sont multipliés dans les prisons canadiennes, les prisonniers autochtones ayant droit à de meilleurs repas issus du terroir. Les faux Amérindiens ont aussi parfois le droit de passer du temps dans un centre spirituel, une sorte de chapelle animiste où ils peuvent échanger. Le statut d’Amérindien leur permet enfin de recevoir des visites privées, avec la possibilité de rapports sexuels et de faire instruire leur dossier plus rapidement. Cette mascarade est fortement décriée par les représentants des «vrais Autochtones», lesquels hésiteraient toutefois aussi à révéler leur arbre généalogique, le métissage étant un autre legs de la colonisation. Les races pures n’existent pas.

La racialocratie canadienne

Au Canada, il ne faut donc pas s’étonner que des gens soient tentés de mentir sur leurs origines ou de les «embellir». Surtout quand le poste qu’ils convoitent ne peut être octroyé qu’à une personne aux origines précises. Il existait une époque où les gens étaient tentés de mentir sur leurs compétences, nous voici maintenant à l’époque où ils sont tentés de mentir sur leurs origines. Adieu le curriculum vitae, emblème par excellence de la méritocratie. Place à la racialocratie, le summum de l’évolution pour la gauche régressive.

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Cette surenchère raciale se bute toutefois au mur de l’idéologie déconstructiviste promue paradoxalement par le même courant politique. D’un côté, une certaine gauche nous dit que les gens sont libres d’être qui ils sont. Chaque individu pourrait donc choisir son sexe (ou son absence), sa culture et ses origines ethniques. C’est le principe de l’auto-déclaration dont fait la promotion l’État canadien, notamment dans les prisons fédérales. Mais de l’autre, la même gauche prétend que c’est impossible. Prisonniers d’une essence indépassable, les «Blancs» ne pourraient pas devenir qui ils veulent, surtout pas des membres des communautés culturelles à protéger de l’impureté européenne.

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Blob l’éponge

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(c) Soleil

Ce n’est pas un végétal, ni un champignon et ne lui dites surtout pas que c’est un animal, le blob est inclassable !


Au zoo de Vincennes il y a un nouveau pensionnaire qui me fait un peu peur.
Une chose à propos de laquelle je lis tout ce que je trouve depuis que j’en ai appris l’existence, il y a quelques années. Un « truc » ni animal ni végétal qui peut appartenir à l’un des 221 sexes de son espèce et qui est immortel !
On l’a à peu près tous déjà croisé, sans le savoir. Une masse jaune spongieuse accrochée aux bûches en décomposition dans les sous-bois. Longtemps, on a cru que c’était juste des moisissures visqueuses. On est en train de comprendre que ces dégoûtants macaronis au fromage, dont on ne sait pas très bien s’ils ont été renversés ou vomis, sont beaucoup plus intelligents qu’ils en ont l’air…

Tout commence au Texas quand une dame remarque dans son jardin amoureusement entretenu une sorte de cookie gluant, jaune pâle.

Elle pense à un champignon à « désherber », le massacre avec son râteau et disperse les morceaux sur le tas de fumier tout au fond du terrain. Mais deux jours plus tard, la « chose » s’est régénérée. Les morceaux se sont regroupés et de deux cookies on est passé à la surface d’une bonne dizaine ! Décidée à en finir, la dame les noie d’herbicide. Mais le jour d’après, la chose gluante est toujours là, en pleine forme. Effrayée, elle appelle les pompiers qui bombardent le truc au karcher. Toujours vivant ! Ils y mettent le feu. Rien à faire ! Toujours vivant !

Évidemment, les voisins pensent qu’un Alien est tombé dans le jardin de ces malheureux. On appelle la police qui canarde les macaronis à la Winchester – je rappelle qu’on est au Texas. Mais toujours vivante, la chose semble indestructible et continue de grossir. Et puis un jour, plus rien. La gélatine a disparu. « E.T. retourné maison. »

La presse locale lui a trouvé un nom : le « blob » en référence au film de 1958 The Blob avec Steeve McQueen, dans lequel un organisme ressemblant à une gelée anglaise arrive d’une autre planète et dévore tout sur son passage.

En réalité, le blob est bien connu des scientifiques qui l’appellent myxomycète. Ce qui veut dire, en grec, « champignon gluant ». Sauf que le blob n’est pas un champignon, le blob n’est pas une plante, et le blob n’est pas non plus un animal. Il a les caractéristiques des trois à la fois. Du coup, il a été classé dans la famille fourre-tout de la biologie : les protistes. Quand on ne sait pas ce que c’est, c’est un protiste.

Un blob peut faire jusqu’à dix mètres carrés… Vous imaginez le nombre de cellules ?!
Moi je fais environ deux mètres carrés et mon corps contient approximativement 100 milliards de cellules. Alors un blob, vous savez combien de cellules ? Une ! Une seule cellule de dix mètres carrés. Ça fout la trouille, non ? Et ce qui est encore plus effrayant chez le blob, c’est qu’il bouge, s’il en a besoin pour se nourrir. Un blob avance à peu près à un centimètre à l’heure. Quatre s’il est très affamé.

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C’est notre salut ! On court plus vite que le blob…

Heureusement, parce qu’il lui faut à peine une heure pour engouffrer un champignon dans un sous-bois, en le couvrant.

Les scientifiques l’observent en laboratoire depuis quelques décennies pour tenter de percer les mystères de ses propriétés extraordinaires. Comme il est compliqué et coûteux de faire pousser des champignons pour le nourrir, un scientifique japonais a découvert un peu par hasard dans les années 1960 que le Blob raffolait des flocons d’avoine. C’est donc aux Kellogg’s qu’il est scientifiquement élevé depuis. (Un petit blob de labo en mange quand même un kilo par semaine !)

De la bave qui apprend

Cette créature est fascinante et ouvre énormément de pistes de recherche. C’est par exemple un être intelligent, mais sans cerveau. On sait depuis Twitter qu’il n’y a pas besoin d’un cerveau pour accomplir certaines tâches. Mais des expériences ont montré que le blob peut trouver son chemin dans un labyrinthe vers de la nourriture placée à sa fin. En laissant dans son sillage une traînée de mucus qui lui évite de repasser dans des zones qu’il a déjà visitées sans succès – une sorte de « mémoire spatiale externalisée » disent les scientifiques. Bon nombre de processus, que nous pourrions considérer comme des caractéristiques fondamentales du cerveau (l’intégration sensorielle, la prise de décision et même l’apprentissage), ont été mis en évidence dans cet organisme sans être pourtant neurologiques.

On pense que le blob existe depuis environ un milliard d’années, bien qu’il n’ait été étudié de façon intensive que depuis quelques décennies. Chacune de ses étonnantes capacités ouvre une fenêtre sur notre propre espèce. La régénération cellulaire, par exemple. Le blob détient un record : vous coupez un blob en deux, il lui faut exactement deux minutes pour cicatriser et devenir deux blobs en pleine forme. Adieux agrafes et sparadraps…

Ou encore le mystère de nos origines : puisque le blob est capable de « penser » sans cerveau, certains scientifiques se demandent si nous n’aurions pas appris à penser par la force de notre biochimie avant même d’être doté d’un système nerveux. Suivant le précepte « la fonction crée l’organe », nous n’aurions créé notre système nerveux que dans un deuxième temps afin d’exploiter nos qualités naturelles. Novatrice hypothèse sur l’évolution.

Les implications sont beaucoup trop nombreuses pour être développées dans cette chronique. Mais si comme moi vous êtes hypnotisé par l’inexplicable « intelligence » de cette forme de vie, vous pouvez utilement lire Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander, d’Audrey Dussutour, éthologiste au CNRS à Toulouse et grande spécialiste de la chose.

Vous y trouverez peut-être un début de réponse à la question fondamentale posée par le Blob : n’existerait-il pas une forme d’intelligence indépendante du cerveau que l’on aurait négligée ? Une intelligence sensorielle qui permet à cet organisme de prendre des décisions, d’apprendre, et même de transmettre ce qu’il sait – il est capable de transmettre son apprentissage à l’un de ses congénères, tout simplement en fusionnant avec lui ?

N’y aurait-il pas la possibilité d’autres formes de cerveaux à la manière des microbiotes de l’intestin (qui contient 200 millions de neurones), désormais appelé « deuxième cerveau » ? On pense aussi aux 40 000 neurones de notre cœur, soupçonnés d’être responsables de changements de personnalité qui « auraient été observés sur le receveur » après greffe du cœur. Voir à ce sujet l’histoire de Claire Sylvia racontée dans Mon cœur est un autre : elle hérite du cœur d’un jeune motard de 18 ans et se met soudain à aimer la bière, les beignets de poulet… et les femmes !

C’est complètement blob ça, non ?

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