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Le dîner du Crif, il y a quarante ans et aujourd’hui

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Le 4 juillet a eu lieu le 39e diner du Crif. Depuis 1985, chaque année sauf en 2020, l’année du Covid, le Président du Crif expose au chef de gouvernement ou parfois au chef d’Etat lui-même, les inquiétudes d’une minuscule portion de l’électorat national, 0,8%, et il reçoit en retour des paroles d’amitié et souvent un certain nombre d’engagements.


Dans un salon du Sénat une cinquantaine de personnes ont entendu au cours du premier diner le président Theo Klein s’adresser au Premier ministre Laurent Fabius et lui rappeler l’ancrage républicain indéfectible de la communauté juive de France. Il n’est pas sans intérêt de réfléchir à ce qu’était alors l’environnement de ceux qu’on n’appelait pas encore les Français juifs.

A cette époque, le soutien aux refuzniks soviétiques rassemblait les défenseurs des Droits de l’Homme au-delà des Juifs et mobilisait surtout la gauche de l’échiquier politique. La préparation du procès Barbie, l’affaire du Carmel d’Auschwitz éveillaient les consciences sur ce qu’on commençait d’appeler la Shoah : 1985 fut l’année où est sorti le film de Claude Lanzmann. En même temps, le négationnisme était apparu depuis plusieurs années, et Jean-Marie Le Pen, qui avait obtenu en 1984 11% des votes aux élections européennes, allait fin 1985 lancer la première de ses fameuses petites phrases en dédiant sondiscours à Jean-François Kahn, Jean Daniel, Ivan Levaï et Jean-Pierre Elkabbach, tous qualifiés de menteurs de la presse et dont le nom à consonance juive ne laissait pas de doute sur ce qu’il sous-entendait. 

L’extrême droite était en France l’ennemi unique pour les Juifs et les républicains. Le Moyen Orient était loin, Arafat était unanimement considéré comme un terroriste, même si la France lui avait sauvé la mise en l’exfiltrant en 1982 du Liban vers la Tunisie. Il n’était pas question d’envisager un antisémitisme musulman, d’autant plus que SOS Racisme venait d’être créé et que des Juifs n’y étaient pas pour rien. 

Bayrou solidaire d’Israël

Rétrospectivement, en 1985, la situation pour les Juifs de France faisait donc consensus au sein de la collectivité nationale. Qui pourrait en dire de même aujourd’hui ?

Les discours du 39e diner furent d’une qualité vraiment remarquable, aussi bien celui de Yonathan Arfi que celui de François Bayrou. Un troisième discours fut marquant, celui de Sophia Aram, qui a reçu le Prix Pierrot Kaufmann du Crif et qui a rappelé avec un humour grinçant, percutant et profond, que quoi qu’on pense des Juifs, il faut au moins leur reconnaitre un mérite, leur capacité à créer du lien, par exemple un lien – bien improbable pourtant – entre gauchistes LGBT et islamistes homophobes…

Le Premier ministre a évoqué avec une émotion manifestement sincère sa proximité spirituelle avec le judaïsme, son admiration de chrétien personnaliste pour Charles Péguy, le défenseur de Dreyfus, ses liens avec le Grand Rabbin de France et la passion familiale pour l’hébreu avec une fille qui a étudié à l’Université de Jérusalem. Il a déclaré sa solidarité envers Israël, et je crois me rappeler qu’il a fait partie dans sa jeunesse du petit groupe de parlementaires qui avaient accompagné Jean Kahn, alors président du Crif, dans son voyage de solidarité en Israël à l’époque de la première Guerre du Golfe en 1991.

Cela dit, on sait que le domaine international est aujourd’hui plus que jamais celui du président de la République. Quant aux promesses de renforcer les moyens contre la haine en ligne, d’inciter les parquets à la fermeté et de soutenir la transmission des valeurs républicaines à l’école, je crois malheureusement avoir déjà entendu de pareils engagements dans le passé…

Yonathan Arfi n’élude rien

Chacun devrait lire le discours du président du Crif. Il commence par une phrase d’une déprimante simplicité : «Faut-il demander à nos enfants de baisser la voix quand ils parlent des Juifs ou d’Israël dans le métro?»… mais se termine par une constatation qui sonne comme un espoir et qui est qualifiée de conviction: «Ceux qui aspirent à une République forte, laïque et universaliste constituent le collectif le plus puissant du pays».

Entre temps, Yonathan Arfi n’a rien éludé: citons en vrac, l’insupportable violence du terme dévoyé de génocide pour qualifier l’action d’Israël à Gaza avec comme corollaire la justification des violences contre les Juifs désormais traités de génocidaires, l’affirmation que la cause d’Israël est juste et la constatation que les démocraties n’ont pas le droit de ne pas être fortes, la critique de  la complaisance manifestée envers les Frères Musulmans et envers Al-Jazeera et la proposition d’une amende forfaitaire contre la haine en ligne. 

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Arfi a rappelé les mémoires de Jonathan Sandler, Samuel Paty et Dominique Bernard, tous professeurs et tous assassinés par des islamistes. Il a cité les phrases de Levinas sur le judaïsme comme altérité et celle du rabbin Elie Benamozegh, suivant laquelle le judaisme est « l’universalisme comme fin et le particularisme comme moyen ». Il a fustigé ceux qu’il appelle les «entrepreneurs identitaires» responsables des meurtres racistes de Aboubakar Sissé, et de Hichem Miraou. Il a affirmé que, loin d’être indifférent, le Crif est sensible à la détresse des populations civiles de Gaza, mais que celles-ci ont été jetées dans la guerre par le Hamas.

Il a attaqué Dominique de Villepin, qu’il a traité de populiste mondain, servile avec les dictatures et intransigeant avec les démocraties, devenu un Mélenchon des beaux quartiers. Quant à ce dernier, Arfi a déclaré qu’il est devenu, par son hystérisation systématique du débat, le plus puissant carburant de l’extrême droite et que la priorité politique du Crif était d’aider à rendre résiduelle l’influence de La France insoumise, de façon à démélenchoniser la gauche comme la gauche britannique a su se décorbyniser. Et le président du Crif n’a pas ménagé ses critiques envers Olivier Faure qui refuse d’exclure toute alliance avec LFI.

Le président du Crif a remercié les pouvoirs publics et les élus pour leur engagement contre l’antisémitisme, la mise à jour de l’arsenal législatif et l’organisation des Assises contre l’antisémitisme.

Macron critiqué

Mais il a signalé que, alors que le président de la République pousse à la reconnaissance d’un Etat palestinien, un récent sondage montre que 78% des Français n’y sont pas favorables avant la libération des otages et la reddition du Hamas.

Plus encore, Yonathan Arfi a fustigé, à propos de la récente guerre des douze jours, les positions erratiques de la France, qui soutient les frappes contre la menace nucléaire iranienne et refuse spectaculairement 48 heures plus tard que soient exposés au Bourget les moyens qui ont permis de mener ces opérations. 

Où sont ceux qui critiquent le Crif pour sa prétendue complaisance envers les pouvoirs publics?

Entre le diner de 1985 et celui de 2025 bien des choses ont évidemment changé, même si dès 1989, l’invitation de Arafat à Paris remettra les liens du Crif avec Israël au-devant de la scène.

Le Crif a trois missions statutaires: maintenir la mémoire de l’extermination, lutter contre l’antisémitisme, défendre l’Etat d’Israël.

Le travail des historiens et celui des militants de la mémoire ont révélé la centralité de l’extermination des Juifs au cours de la guerre mondiale. Mais l’enseignement est difficile, le négationnisme a évolué vers l’amalgame et l’aberrante substitution victimaire caractéristique de notre époque fait des Israéliens (des Juifs…) les nouveaux nazis.

L’antisémitisme sous son habillage actuel n’est plus la passion résiduelle de certains nostalgiques de l’Inquisition ou du troisième Reich. Il est devenu un sentiment mobilisateur pour une partie de la jeunesse des démocraties occidentales et un levier pour l’islamisme, ce terme que presque personne n’utilisait en 1985 et dont le danger plane aujourd’hui sur notre propre pays comme sur d’autres. Les menaces qui pèsent sur Israël se sont exacerbées le 7 octobre d’une façon dramatique et imprévisible en 1985. Ce pays n’a pas d’autre choix que de lutter, et la guerre génère des drames. Des menaces planent aussi sur nos propres pays, mais beaucoup préfèrent s’en détourner. Le Crif pense que défendre Israël fait partie de son devoir citoyen français, car les Juifs ne sont souvent que les premiers sur les listes…

Une campagne anti-harcèlement qui fait plouf

Début juillet en Allemagne, Büren (Rhénanie-du-Nord–Westphalie) a lancé une campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel dans sa piscine municipale, nommée « Été-soleil-sécurité ». Visant à protéger les jeunes baigneurs, elle a suscité une polémique en raison d’une affiche controversée : une femme blanche, rousse et en surpoids, posant la main sur les fesses d’un jeune garçon noir amputé d’une jambe. Ce visuel, jugé « absurde » et éloigné des réalités statistiques, a provoqué un tollé.


L’été commence fort à Büren. Pour sensibiliser les baigneurs aux gestes déplacés, la mairie a lancé une campagne intitulée « Été-soleil-sécurité » dans sa piscine municipale. Le message, en soi, semblait limpide : « Stop ! Les attouchements sont interdits ! », « Personne n’a le droit de te toucher sans ton consentement ». Pour faire passer la pilule, une mascotte toute mignonne — la tortue Tiki — invitait les enfants à signaler tout comportement douteux. Jusque-là, rien à redire.

Sauf que. L’une des affiches a fait grincer des dents. Et pas qu’un peu. On y voit une femme blanche, rousse et en surpoids toucher les fesses d’un garçon noir, handicapé, porteur d’une prothèse de jambe. Une scène censée illustrer une situation de harcèlement… mais qui, pour beaucoup, tient davantage du fantasme que de la prévention efficace. Car les chiffres, eux, racontent une autre histoire. En 2024, le Bundeskriminalamt, la police criminelle fédérale, a recensé 423 agressions sexuelles dans les piscines allemandes. Parmi les 367 auteurs identifiés, environ 65 % étaient non-Allemands. Autrement dit, dans la vraie vie, les profils d’agresseurs ne ressemblent pas franchement à ceux des campagnes d’affichage.

Et comme si ça ne suffisait pas, le timing n’a rien arrangé. Quelques jours avant le lancement de la campagne, le 22 juin, une affaire a choqué tout le pays : neuf jeunes filles, âgées de 11 à 17 ans, ont été victimes d’attouchements dans une piscine de Gelnhausen, en Hesse. Les suspects ? Quatre réfugiés syriens. Dans ce climat tendu, la campagne de Büren a été perçue par certains comme un geste de communication politiquement correct, visant à détourner l’attention des profils réels des agresseurs pour promouvoir une image « inclusive ».

Agressions sexuelles dans les piscines allemandes : la vague qui inquiète       

En Allemagne, les piscines publiques, autrefois synonymes de rires d’enfants et de bronzage, sont devenues le thermomètre d’un pays en surchauffe migratoire. Loin de l’insouciance des plongeons estivaux, ces lieux de détente familiale tournent au cauchemar, saison après saison. Dès 2016, des villes comme Bornheim et Zwickau avaient tiré la sonnette d’alarme, interdisant l’accès aux piscines à certains demandeurs d’asile après une série de plaintes pour harcèlement, attouchements, masturbation dans les jacuzzis ou intrusions dans les vestiaires féminins. Dix ans plus tard, la marée n’est toujours pas redescendue.

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Rien que cette année, dans la piscine de Hof, en Bavière, deux Syriens ont été accusés d’avoir agressé une fillette de 12 ans, la maintenant sous l’eau pendant qu’ils la touchaient. Dans la piscine de Babenhausen, en Hesse, un Roumain de 31 ans, visiblement plus proche du coma éthylique que du plongeon, a été arrêté après avoir molesté trois fillettes de 10 ans. Son taux d’alcoolémie ? 4,21. Les cas s’enchaînent, et l’accumulation finit par dessiner une tendance. En 2023, dans une piscine de Stuttgart, un Syrien de 23 ans a agressé sept adolescentes. En 2021, à Kaufbeuren, six adolescents « à la peau foncée » – toujours non identifiés – auraient agressé trois filles de 12 ans dans les bassins.

Alors qu’une partie des médias évite soigneusement le sujet, les chiffres, eux, parlent d’eux-mêmes. En 2024, la police criminelle de Hesse a enregistré 74 cas de violences sexuelles dans les piscines, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente. Dans 60 % de ces cas, les suspects n’étaient pas nés en Allemagne. Par ailleurs, cette année, dix plaintes pour harcèlement sexuel ont été signalées dans la seule piscine de Cologne.

Réactions médiatiques : entre indignation et satire

Dans la presse, Die Welt et Bild ont relayé une opinion publique indignée, dénonçant une « réécriture idéologique » du réel. Junge Freiheit — le pendant germanique de Causeur — ne manque pas d’ironie : « Le migrant du dessin est censé boiter jusqu’au maître-nageur sensibilisé à la tortue Tiki, après avoir réussi à échapper à la grosse Allemande. » Le journal en profite pour rappeler que, dans des piscines extérieures à Berlin, Munich ou Hambourg, des panneaux en arabe avaient déjà été installés pour tenter de dissuader les agressions sexuelles[1] — sans le moindre succès.

DR.

La CDU, de son côté, affiche ses divisions. Manfred Pentz (CDU), ministre des Affaires européennes de la Hesse, dénonce une campagne « qui ne peut être qu’une mauvaise blague », allant jusqu’à parler d’« insulte pour les victimes ». Même son de cloche chez le policier Manuel Ostermann (CDU), déjà cité ici pour son essai sans concession : « Les agresseurs sont des hommes, majoritairement issus des principaux pays d’origine des demandeurs d’asile. Ne pas les nommer, c’est trahir les victimes. » À l’opposé, le maire de Büren, Burkhard Schwuchow (CDU), a d’abord soutenu fermement la campagne : « Nous avons la responsabilité de protéger les enfants », clamait-il. Mais face au tollé, il a vite changé de ton, affirmant que les visuels visaient à « représenter la diversité et éviter délibérément les stéréotypes ». Avant de conclure, penaud : « Si nous avons pu donner une autre impression, nous vous prions de nous en excuser. » À ce jour, il continue de refuser de révéler les chiffres et les origines des véritables auteurs des agressions survenues dans la piscine de Büren.

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Le SPD s’est retranché derrière une posture prudente, concédant une « maladresse » dans le choix des visuels, sans s’aventurer plus loin. Il faut dire qu’à Gelnhausen, le maire Christian Litzinger (SPD) avait déjà suscité la polémique en attribuant les agressions commises par les quatre Syriens à la « canicule » — une explication jugée aussi légère que déplacée. Tentant de rattraper le tir, Susanne Turlach, présidente du SPD local, avait recentré le débat sur le genre des agresseurs plutôt que leur origine : « Il s’agit de violences sexuelles perpétrées par des hommes contre des femmes », avait-t-elle affirmé. Une déclaration qui n’a pas échappé aux critiques non plus.

Alice Weidel, cheffe de l’AfD, s’est gardée de commenter directement la campagne de prévention contre les attouchements sexuels à Büren. Mais elle n’en a pas moins dénoncé, à plusieurs reprises, la « dégradation de l’ordre public » dans les espaces publics, piscines municipales en tête. Pour elle, ces incidents ne sont rien d’autre que le symptôme d’un « échec de l’État » imputable à une politique migratoire laxiste. Sur X, des cadres locaux de l’AfD, comme Jan Grusdas (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), ont fustigé une affiche « ridicule et irréaliste », dénonçant un « gaspillage manifeste de l’argent des contribuables ».

Au fond, la campagne de Büren trahit une impuissance sidérante : comment protéger nos enfants si l’on refuse obstinément de nommer les faits et les responsabilités ? L’Allemagne, prisonnière d’un système vicié par le wokisme et une xénophilie béate, s’enlise dans une autocensure tragique. Cette langue de bois, gorgée de bien-pensance, asphyxie le débat public et abandonne la sécurité des citoyens à une idéologie hors sol. Jusqu’à quand cette hypocrisie dominera-t-elle la parole publique outre-Rhin ? Et combien de femmes et d’enfants devront encore être victimes de ce déni woke, qui érige l’aveuglement en rempart pour les coupables ?


[1]  https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2025/haben-sie-tiki-gesehen/

Naissances: rien ne va plus…

La ministre Catherine Vautrin vient de détailler une série de mesures gouvernementales pour relancer les naissances. Mais y croit-elle ? Un peu partout autour du globe, et sous les régimes politiques les plus divers, l’humanité demeure récalcitrante à faire plus d’enfants. Il y a forcément une explication…


Voilà au moins trente ou quarante ans, dans l’hebdomadaire L’Express le – génial – dessinateur – Sempé publiait un dessin remarquable. On y voyait une manifestation pléthorique, une foule défilant dans une large avenue. Sempé savait merveilleusement bien dessiner le nombre, le grand nombre de gens. Au milieu de cette foule, en petit forcément, puisque à peu près noyé dans la marée humaine, un quidam brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire le slogan « Soyons moins ».

Or, c’est dans ce même hebdomadaire, L’Express, que à une si grande distance de temps, il nous est révélé que ce manifestant anonyme aurait finalement été entendu. Ainsi qu’il le souhaitait, nous allons êtes moins. Cela à l’horizon 2100, voire 2050, prédisent les études les moins optimistes.

Deux enfants par femme, du passé

La dénatalité serait donc en marche. Le monde entier serait touché par le phénomène. Y compris les pays musulmans, nous apprend le reportage du magazine. Des pays comme la Tunisie, la Turquie, l’Iran seraient situés au même niveau que la France, où le nombre d’enfants par femme est tombé à 1,6, alors qu’il a été longtemps de 2,02, ce qui faisait de nous de bons élèves comparativement à nos voisins.

Les pouvoirs publics des pays concernés tentent de se saisir du problème, de trouver des moyens afin de doper la natalité. Car un pays qui voit baisser le nombre des naissances, qui échoue à renouveler sa population, et qui donc vieillit, est un pays en voie de déclin. Sans aucune possibilité de revenir en arrière une fois atteint un certain seuil.

Or, remédier à ce fléau est, semble-t-il, tout sauf simple.

Chérie, je veux plus faire des gosses !

L’enquête journalistique de Laureline Dupont et Thomas Mahler nous apprend, par exemple, que la politique volontariste de la Hongrie, mise en place par Victor Orban, instituant une exonération fiscale à vie pour les mères de quatre enfants, puis de deux seulement, n’avait nullement donné les résultats escomptés. Désillusion.

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« On ne nait pas d’une incitation fiscale », écrit Maxime Sbaihi, l’auteur de l’essai, Balançoires vides, paru aux éditions de l’Observatoire en début d’année. Une bonne nouvelle cependant, précise-t-il, « le désir d’enfant est toujours là, malgré les discours médiatiques sur les « Chilfree ».

Du désir à la réalité, les obstacles sont connus, dira-t-on : insertion plus tardive sur le marché du travail, difficultés pour trouver à se loger, casse-tête pour faire garder les petits, incertitudes de diverses natures, sociales, environnementales financières, une réelle absence de visibilité quant à l’avenir, le sien propre mais pas seulement, instabilité chronique du monde, etc, etc.

La ministre française du travail, de la santé, des solidarités Catherine Vautrin vient de dévoiler sa stratégie pour que nous nous remettions à avoir des enfants. Elle en fait un impératif de la politique gouvernementale. « Notre fameux modèle social, né il y a quatre-vingts ans du programme du Conseil national de la Résistance, repose sur la solidarité intergénérationnelle, rappelle-t-elle. Moins d’actifs signifie moins de financements. » Financements des retraites, mais également de la quasi intégralité de la vie sociale.

Soyons moins ?

Aussi, prépare-t-elle un arsenal de mesures destinées à redynamiser la natalité chez nous. Parmi elles, celles qu’on pourrait qualifier de classiques, augmentation du nombre de crèches, incitations financières permettant de choisir plus librement le mode de garde…, mais aussi de plus novatrices : renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance, l’instauration d’un congé de naissance, « plus court que le congé parental, mais mieux rémunéré (…) Un congé qui succèderait au congé maternité et qui pourrait être pris par la mère et le père, à la suite l’un de l’autre, avec un accompagnement financier plus conséquent. » Quant aux familles monoparentales, elles pourront bénéficier de l’aide afférent au mode de garde choisi, non plus jusqu’aux six ans de l’enfant, mais jusqu’à ses douze ans. Une question, est-ce que cela ne reviendrait pas à « encourager » la monoparentalité, dont on ne peut pas dire que, à l’échelle d’un pays, elle soit le modèle de politique de la famille le plus abouti ?

En fait, le problème semble bien être à peu près le même et aussi préoccupant partout dans le monde : comment donner envie d’avoir envie de faire des enfants.

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Or, justement, le constat que le péril est planétaire, touchant donc des pays, des populations aux mœurs, aux rites, aux codes, aux systèmes sociaux différents, voire opposés, pourrait bien nous amener à considérer que le problème se situe, au moins en partie, bien au-delà des questions et des solutions évoquées ici.

J’en reviens donc à mon « Soyons moins » du dessin de Sempé.

Tous les ans, nous sommes amenés à prendre connaissance avec précision du moment où la population mondiale dépasse en consommation ce que la planète est à même de lui fournir. Et ce moment ne cesse de se produire plus tôt dans l’année. Donc, effectivement, on pourrait aisément en déduire que nous sommes trop.

Donc, si j’osais, je me permettrais une hypothèse qui ne vaut que ce qu’elle vaut et qui peut fort bien prêter à ricaner. Est-ce que l’humanité, puisant très mystérieusement son inspiration dans le tréfonds de l’inconscient collectif, voire de l’inconscient archaïque, dont parle Jung, ne freinerait-elle pas de son propre mouvement, sans en avoir une claire conscience, ce déséquilibre croissant entre elle et sa planète ? Voilà qui permettrait d’expliquer que, d’un continent à l’autre, malgré des modes de vie, des cultures, des références philosophique, spirituelles et autres, ainsi que des intérêts très différents, nous nous trouvions devant la même réticence à peupler nos berceaux… Qui contribuerait à expliquer aussi que les initiatives diverses et variées déployées par les pouvoirs publics ne rencontrent finalement que des résultats mitigés. Je le répète. C’est là juste une hypothèse d’école. Absurde peut-être bien. Ou peut-être pas…

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Quand l’INSEE reproche aux Français d’habiter des logements trop grands

Des logements sous-occupés, en quoi est-ce problématique ? En 2022, un quart des ménages français (soit environ 7,6 millions de résidences principales) disposaient d’au moins trois pièces de plus que nécessaire, principalement des maisons individuelles et souvent occupées par des propriétaires de plus de 60 ans, dont les enfants ont quitté le foyer, s’alarmait récemment l’INSEE…


Nous entrons dans une époque où le totalitarisme ne dit plus son nom. Il ne défile plus en uniforme ni ne vocifère du haut des tribunes. Il avance masqué, habillé des habits du pragmatisme, du bon sens gestionnaire ou du pluralisme culturel. Et c’est précisément là son efficacité: il s’introduit dans nos institutions, nos modes de vie, nos esprits, avec la légitimité tranquille de la norme.

Justice sociale chiffrée

Prenons la dynamique technocratique à l’œuvre dans nos administrations. Elle n’est plus seulement l’expression d’une rationalité bureaucratique nécessaire, mais tend à devenir un système clos sur lui-même, indifférent aux réalités humaines qu’il prétend organiser. L’exemple récent du rapport officiel sur les logements « trop grands », désignant sans le dire une future dépossession ou taxation au nom de l’optimisation des mètres carrés, illustre cette froide déshumanisation. De même, les zones à faibles émissions (ZFE), au nom d’objectifs environnementaux certes légitimes, traduisent une incapacité chronique à penser la justice sociale autrement que sous l’angle du chiffre. Le gouvernement des algorithmes et des schémas produit une dépossession civique silencieuse, où la décision se prétend neutre et nécessaire, là où elle est en réalité profondément politique. C’est là une forme douce de totalitarisme, sans visage ni discours, mais d’autant plus redoutable qu’il ne rencontre guère de résistance conceptuelle ou populaire.

En miroir, un autre totalitarisme, cette fois exogène dans sa matrice mais désormais endogène dans sa stratégie, s’infiltre dans nos structures : celui de l’islamisme politique. Le récent rapport parlementaire sur l’entrisme des Frères musulmans dans les associations, les établissements scolaires, les municipalités, en témoigne avec une inquiétante clarté. L’islamisme ne procède plus principalement par confrontation mais par subversion méthodique, exploitant les failles juridiques et les faiblesses culturelles d’une société désarmée symboliquement. Il avance au nom de la tolérance pour mieux imposer l’intolérable ; il se cache derrière le droit pour miner la démocratie de l’intérieur.

Ces deux périls – le technocratisme déshumanisé et l’islamisme conquérant – semblent opposés, mais procèdent d’une même vacuité collective : celle d’une société qui ne sait plus ce qu’elle veut, ni ce qu’elle est. Ils se nourrissent de notre vide spirituel, de notre effacement volontaire devant l’autorité masquée, de notre peur d’assumer une conflictualité nécessaire. C’est ce contexte qu’il nous faut penser avec lucidité. Car la santé d’une démocratie se mesure à sa capacité de résistance aux folies rationnelles comme aux délires fanatiques.

C’est à partir de ce double diagnostic que nous devons interroger la crise plus vaste – psychique, sociale, politique – que nous traversons. Et c’est là que commence le véritable enjeu.

Angoisses sourdes

Il est devenu impératif de poser la question que toute une époque esquive : que signifie l’état de nos sociétés dites avancées ? L’angoisse qui sourd dans nos existences individuelles, la violence diffuse qui parcourt nos relations sociales, l’instabilité affective, politique, économique, tout cela renvoie moins à des crises conjoncturelles qu’à un dérèglement profond de nos structures anthropologiques et culturelles.

La folie, que l’on croyait confinée dans les marges médicalisées de la psychiatrie, infiltre désormais les comportements ordinaires. Narcissisme exacerbé, ressentiment chronique, perte de la maîtrise de soi : ce sont les nouvelles formes de subjectivité produites par une modernité en crise de sens. Ce n’est pas que l’homme moderne soit devenu fou au sens clinique, c’est que la société elle-même, désorientée par la perte de ses principes fondateurs, génère des comportements déraisonnables devenus la norme.

Nous avons tous été blessés – par l’effondrement des liens traditionnels, par la dérive individualiste d’un monde sans mémoire, par les échecs du travail, de l’éducation ou de la transmission. Une partie de nous a trouvé les moyens de résister, parfois au prix d’un compromis douloureux. Mais d’autres s’enfoncent dans la haine ou la résignation, transmettant à leur tour leur désarroi à des enfants fragilisés, voués à osciller entre violence, soumission ou mégalomanie.

Le drame est que cette détérioration subjective ne constitue pas un obstacle à la réussite sociale – elle en devient parfois le moteur. Les formes pathologiques de la personnalité s’avèrent redoutablement fonctionnelles dans un monde gouverné par la performance et l’image. C’est ainsi que les postes de pouvoir, dans la politique comme dans l’entreprise, sont souvent occupés par des figures cyniques, sans intériorité ni scrupule. Ils captivent les foules par leur force apparente, et leur offrent un miroir dans lequel projeter leur désir de puissance ou leur besoin d’autorité.

De là naît l’irrationalité grandissante du champ politique. On adhère non à des idées mais à des affects. La peur et la colère deviennent moteurs de décision. Le citoyen, privé d’un cadre d’intelligibilité collectif, devient vulnérable aux séductions les plus dangereuses, aux discours les plus simplificateurs. Or, une démocratie ne peut survivre sans un minimum de santé mentale partagée. Sans elle, elle cède à ce que Tocqueville appelait la tentation douce du despotisme, ou à celle, plus brutale, des aventures autoritaires.

Liberté menacée

Cette crise n’est pas uniquement interne. Elle nous expose aux formes nouvelles du totalitarisme, à la fois internes et externes. Le totalitarisme technocratique, celui de la gouvernance algorithmique, du management mondialisé, du contrôle sans visage, s’installe dans nos institutions avec le masque de l’objectivité et de l’efficacité. Il dépolitise le citoyen sous couvert de rationalité. En parallèle, le totalitarisme islamiste, porté par une vision archaïque et fanatique du monde, exploite les failles de notre cohésion, de notre mémoire, de notre volonté collective. L’un endort, l’autre terrorise. Les deux, à leur manière, sapent les fondements mêmes de notre régime de liberté.

Le véritable adversaire, toutefois, demeure cette faiblesse intérieure qui les rend possibles : la perte de conscience de notre responsabilité collective, le refus d’affronter nos ombres, notre inclination à déléguer notre souveraineté à des figures autoritaires ou des systèmes automatisés. Ce n’est pas seulement l’école, la famille, ou l’État qui sont en crise : c’est l’idée même de sujet autonome, moralement constitué, politiquement engagé.

Nous n’échapperons pas à cette spirale sans une refondation intellectuelle et morale. Il ne s’agit pas de revenir à un passé idéalisé, mais de retrouver ce que la démocratie exige : des citoyens capables de discernement, de courage, de fidélité à des principes. La restauration de notre capacité de jugement, la reconstruction des liens symboliques, la réhabilitation du langage commun : voilà le chantier. Il suppose aussi de choisir d’autres figures pour nous représenter – non celles qui nous confortent dans nos faiblesses, mais celles qui nous exigent. La résistance au totalitarisme – qu’il soit technocratique ou islamiste – commence par la reconquête de notre force intérieure. Car aucune puissance extérieure ne triomphe durablement d’un peuple habité par une claire conscience de lui-même, de son histoire, de ce qu’il veut préserver et transmettre. Ce n’est pas la fin du politique que nous vivons. C’est sa mutation radicale. À nous de la conduire, ou de la subir.

Le roman national à la force du mollet


Des rites auxquels le peuple de France pouvait être attaché, il en reste au moins un. Peut-être bien le dernier. Le Tour de France, la Grande Boucle. Les Trois Glorieuses, trois semaines d’une épopée au cours de laquelle la France a rendez-vous avec la France, ses paysages, ses villes, ses monuments, ses populations, ses fortes chaleurs, ses pluies diluviennes, ses vents contraires. Et, chemin faisant, son histoire, épicée en la circonstance de symboles à foisons. Le calvaire des sans grade à l’Alpe d’Huez ou au Mont Ventoux, les mornes plaines des étapes dites de transition, Waterloo d’ennui pour les escalateurs forcenés, les poids ultra-légers de la grimpette, mais aussi le triomphe à la romaine des sprinters sur les larges avenues des villes littéralement en pavoison pour la circonstance. Avec cela, le plus grand salon au monde – à ciel ouvert – du camping-car et du penta-court réunis. Porté sur bedaine prospère de préférence, le penta-court. L’apéro aux senteurs anisées à ras le bitume fumant, une espèce de rite dans le rite. On n’a plus Yvette Horner et son accordéon, les anquetiliens en querelle quasi byzantine avec les poulidoristes. En effet, nous n’avons plus droit à ces joyeusetés-là. Nous le déplorons. L’ambiance bistrot s’en ressent. La France, ces dernières décennies, serait plutôt aux vainqueurs absents. Cependant, il faut y croire encore. Cette fois-ci, la der des der se jouera peut-être au sommet. En bleu blanc rouge ? Faisons un rêve. Le sommet, la Butte Montmartre, bien sûr. Après Vercingétorix du côté du Puy de Dôme, le Gavroche façon Poulbot au Sacré Cœur. Oui, sacré périple au cœur de France, que cette boucle-là. Une victoire française en apothéose de la campagne de France le 27 juillet, voilà qui sonnerait pour beaucoup comme une nouvelle prise de la Bastille. Un 14-juillet de Fête nationale décalé d’une quinzaine. Marianne fermerait sûrement les yeux sur cette innocente entorse. La Bastille prise cette fois sans effusion de sang. Seulement de sueur. Et de larmes de plaisir.

A lire aussi: Podcast: Bertrand Deckers et la princesse Kate; Aurore Bergé et la haine en ligne; Macron et Starmer dansent le tango

Trois semaines de roman Nntional, voilà le fond du fond de l’affaire. Grâce à cette internationale du braquet, grâce à la force du mollet de ces héros à casaques chamarrées, surgissant parfois de ce diable vauvert, si cher au dinosaure Zitrone, et recevant au bout de l’effort le bouquet, la bise et les bravos de la victoire. Héros trop blancs que ces forçats du guidon, nous dit-on, pour plaire à tout le monde, vraiment tout le monde, y compris Monsieur Mélenchon et ses porte-bidons créolisés. Dommage. Et tant pis pour ceux-là.

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Perquisitions au RN: hasard, vous avez dit hasard?

Mercredi, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur des prêts accordés au mouvement par des particuliers. Dénonçant un acharnement, M. Bardella a déclaré : « Rien à voir avec la justice, tout à voir avec la politique ».


« Le siège du RN, des entreprises et les domiciles de leurs dirigeants ont été perquisitionnés dans le cadre d’une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal des campagnes présidentielles et législatives en 2022 et européennes en 2024 » nous fait savoir ce mercredi 9 juillet le parquet de Paris.

Et de préciser : « Il s’agit de permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne. » « À ce jour, aucune personne physique ou morale n’est mise en examen dans cette procédure », est-il ajouté.

Ces perquisitions, menées par deux juges d’instruction et une vingtaine de policiers, s’inscrivent donc dans le cadre de cette information judiciaire ouverte depuis juillet 2024, pour, je cite : « escroquerie commise au préjudice d’une personne publique, prêt à titre habituel d’une personne physique à un parti politique, blanchiment d’escroquerie aggravée, faux et usage de faux. »

Il serait question de prêts de vingt-trois particuliers accordés au RN pour un montant évalué à plus de 2,3 millions d’euros, sommes qui doivent impérativement être remboursées, sauf à prendre le risque de les voir requalifiées en dons déguisés. Fin 2023, le montant total de tels prêts à rembourser par le parti s’élevait à environ vingt millions d’euros. Notons que le recours au financement de partis politiques par des prêts de particuliers, selon des modalités précises et en respectant un plafond, est parfaitement licite.

Surtout, convient-il de souligner que le RN ne voit guère se dérouler devant lui le tapis rouge lors de ses démarches auprès des banques françaises. Une unanimité, un consensus de la profession dont on veut bien croire qu’ils ne sont dus eux aussi qu’au plus grand des hasards, font que ce parti se voit systématiquement opposé portes et bourses closes. Il lui faut donc chercher ailleurs. Le très sensé M. de La Palice en conviendrait sans peine. Hélas, ce cher homme ne préside pas les instances financières du pays.  

Voyez ce que c’est que les coïncidences ! On apprend justement que le mardi 8 juillet, la veille même de ces perquisitions – qui visent aussi les bureaux des principaux dirigeants du parti, dont le président lui-même – le parquet européen a ouvert une enquête sur l’ancien groupe politique auquel appartenait le RN avant 2024, Identité et Démocratie, suspecté quant à lui d’avoir « indûment dépensé » plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024.

A ne pas manquer, notre nouveau numéro : Merci qui ?

On se plaint souvent du calme politique qui règne au cœur des étés, surtout lorsqu’ils sont caniculaires. Tout porte à croire que la présente saison fera exception. Au moins du côté du RN.

Mais cette effervescence est-elle seulement le fait du hasard ?

Voilà quelque temps déjà, le sabre si bien affûté de la justice avait plus ou moins décapité les espérances de Marine Le Pen – sauf miracle en session de rattrapage – d’être candidate lors des prochaines élections présidentielles. Et voilà bien que l’actualité judiciaire s’aventure à fournir à un esprit qui serait ombrageux, un rien machiavélique – tout le contraire du nôtre, ici à Causeur, surtout par temps de si fortes chaleurs – quelques motifs de suspicion. 

En effet, selon un tel esprit, ces perquisitions abondamment médiatisées – que Jordan Bardella, qualifie d’ « opération spectaculaire et inédite », d’« atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique » -, ne tomberaient pas à ce moment du calendrier politique totalement par hasard. 

« Opération inédite », s’insurge M. Bardella. Il n’a pas tort. Il n’est effectivement pas d’usage, du moins dans un pays qui se flatte d’être « démocratique », que les placards, les tiroirs, les dossiers des chefs d’un parti d’opposition soient ainsi livrés aux investigations policières. Qu’on se permette d’aller jusque-là en dit assez long, me semble-t-il, sur le sens que donnent aujourd’hui nos gens de pouvoir au beau mot de « démocratie ». 

Mais revenons à la question de la place du hasard dans cette affaire.

Il se trouve, c’est un fait, que l’année de moratoire durant laquelle M. le président de la République ne pouvait se délecter de nouveau de son péché mignon, la dissolution, se termine à présent. À tout moment, donc, entre deux longueurs de piscine à Brégançon, ou un soir d’ennui entre les murs du palais de l’Élysée toujours plus ou moins dépeuplé à cette période de l’année, M. Macron peut-il décider d’agrémenter les semaines qui viennent, voire la rentrée, des plaisirs toujours si fertiles en surprises d’un nouveau jeu de quilles parlementaire, avec, cela va de soi, retour aux urnes. 

Dans cette optique, tout ce qui pourrait embarrasser, disqualifier le RN et ses candidats ne pourrait être que bienvenu. On s’en doute.

Mais, comme il est dit plus haut, loin de nous semblables considérations. Nous les laissons aux esprits malfaisants et bassement complotistes. Bien sûr…

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Le mot le plus con – Votre compte est bon

Bienvenue sur le plateau de « Des chiffons et des bêtes », le nouveau jeu de société nationale présenté par Jean-Luc Mélenchon et Aurélien Taché, duo de clowns tristes sponsorisés par l’Institut du Déni Républicain. Au programme de cette émission: relativisme ricanant, chapeaux de carnaval islamique, et auto-flagellation d’apparat pour un festival de francophobie !


Règle du jeu :
Il faut comparer ce qui ne l’a jamais été, confondre ce qui ne l’est pas, et applaudir très fort quand quelqu’un prononce une énormité avec l’aplomb d’un évêque progressiste sous LSD.

Premier round : Le Mot le Plus Con.
Et le gagnant est… « serretête », évidemment.
Oui, vous avez bien entendu : le voile islamique serait l’équivalent du serretête de Bernadette.
Taché jubile : « Si on n’a pas interdit les petites filles catholiques de mettre un nœud dans les cheveux, pourquoi interdire à Aïcha de se voiler à 6 ans ? »
Mélenchon opine, l’œil humide, le verbe chaloupé : « C’est la même pudeur, la même beauté du geste… créolisons, créolisons ! »

Ici, la bêtise atteint une forme d’élévation mystique. On touche au sublime de l’absurde, là où le ridicule devient dogme.
Dans leur vision du monde, les serretêtes oppriment autant que les voiles libèrent, la liberté est une soumission stylisée, et la République est une mosquée laïque avec option wokisme.

Deuxième round : Votre compte est bon.
Additionnons :
• Un voile = un accessoire parmi d’autres.
• Une conviction religieuse totalitaire = une expression personnelle de la diversité.
• Une contradiction flagrante avec les principes républicains = un enrichissement culturel.
Résultat : le multiculturalisme indigénisé gagne 1000 points.

Mais attention ! Si vous osez émettre une réserve, vous perdez tout.
On vous classe aussitôt parmi les « crispés », les « identitaires », les « néo-laïcards rigides » ou, pire, les racistes structuraux.
Vous pensiez défendre l’école publique ? Mauvais point.
Vous citez Condorcet ? Fasciste.
Vous avez encore une photo de Jules Ferry ? Prison.

A lire aussi: Le créole pour tous!

Bonus round : La phrase historique qui n’a jamais eu lieu.
Mélenchon annonce, sans trembler du menton, que Saladin aurait appris aux Français à construire des cathédrales.
Et pourquoi pas Charlemagne disciple d’Ibn Khaldoun pendant qu’on y est ?
La cathédrale devient ainsi un coup de génie de l’ingénierie arabo-musulmane, construite dans un éclair d’intersectionnalité mystique.
Le gothique flamboyant est désormais halal-compatible.

Et pendant ce temps-là, la langue française, cette vieille emmerdeuse républicaine, est priée de se taire.
Elle a trop dit, trop affirmé, trop imposé ses conjugaisons rigides et son lexique vertical.
Place au français-patchwork, mâtiné de darija, d’anglais managérial et de slogans militants.

Mais que personne ne s’inquiète : ce n’est pas une disparition, nous dit-on, c’est une créolisation !
La République n’est pas déconstruite : elle est décentrée, fluidifiée, intersectionnalisée.
Elle ne s’effondre pas, elle s’incline poliment.

Conclusion :
Dans « Des chiffons et des bêtes », il ne s’agit pas de faire réfléchir, mais de faire taire le réel.
D’habiller la régression en progrès, et le prosélytisme religieux en liberté culturelle.
Le voile devient un serre-tête, la bêtise une vertu, et la République un salon de thé multiculti.
Le mot le plus con ? C’est celui qu’on n’a plus le droit de dire.

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Cofidis: le casse des vélos résolu en 36 heures


La célérité avec laquelle ont été retrouvés les onze vélos volés à l’équipe Cofidis laisse pantois… Une enquête menée au rythme d’un sprint. Dérobés dans la nuit de samedi à dimanche, à l’issue de la première étape du Tour, à Bondues, banlieue nord de Lille, sur le parking de l’hôtel où l’équipe séjournait, les vélos ont tous été récupérés le lundi matin, 36 heures seulement après le méfait, et en parfait état. Le sentiment était pourtant qu’on ne les reverrait plus jamais…

L’an dernier, en effet, au soir de la 11e étape du Tour, l’équipe Total-Energie avait connu le même déboire. Des cambrioleurs l’avaient également dépouillée de onze montures. Et depuis, elles demeurent introuvables.

Le préjudice financier pour Cofidis était estimé à près de 150 000 euros, chaque unité valant 13 000 euros. Ces vélos (de la marque française Look, installée à Nevers) sont à la bicyclette ce qu’est un bolide de F1 à la bagnole de tout le monde. Le cadre en carbone, au profil aérodynamique facilitant en particulier le phénomène d’aspiration que provoque le coureur qui précède, est taillé sur mesure, selle et guidon fixés au millimètre, dérailleur électronique, pédalier digne d’un mouvement d’horlogerie, freins à disque, roue aussi légère que robuste, etc. : des bijoux mécaniques.

« Ces modèles de compétition, a expliqué le directeur de Look, Raphaël Jeune, au Parisien, ne sont pas destinés aux cyclistes du dimanche. Il y a un trafic avec des filières à l’Est de l’Europe. » Ils sont revendus en pièces détachées, car celles-ci sont impossibles à tracer, à la différence des vélos montés. Numérotés, portant sur le cadre le nom du coureur, et souvent en plus un signe distinctif propre à ce dernier, ils sont très difficiles à refourguer. Et on imagine mal un respectable vendeur de cycles français s’aventurer à jouer le recéleur, et encore moins à en prendre un en dépôt-vente.

S’ils n’avaient pas été retrouvés aussi promptement, le dommage pécuniaire, certes pas négligeable, serait passé au second rang. Sans eux, Cofidis risquait fort d’être contrainte d’abandonner le Tour, comme le craignait son manager Cédric Vasseur. Car il est impossible de les remplacer en quelques jours.

Or, la Grande Boucle est vitale pour les sponsors des équipes en raison de l’exposition télé qu’elle offre. Un spot publicitaire de 30 secondes sur les chaînes majeures revient, se dit-il, entre 30 000 et 100 000 euros. Pas besoin de faire un dessin pour comprendre le gain que représente d’avoir un coureur qui se glisse dans une échappée. D’ailleurs, les échappées dites matinales, qui n’ont quasi aucune chance d’aller au bout, sont nommées « publicitaires ». Leur but est d’exhiber le maillot. Quant à une victoire d’étape ou un maillot distinctif… c’est évidemment le jackpot.

En réalité, le Tour est un gigantesque support publicitaire. Ce qui explique pourquoi les Émirats arabes unis et Bahreïn, dans une stratégie de « soft power », ont investi dans le cyclisme. Cela n’a pas mal réussi aux Émirats puisqu’ils ont dans l’effectif de leur équipe (UAE, le plus gros budget du peloton, estimé à plus de 60 millions d’euros) Tadej Pogacar.

Le patron de Skoda France, une filiale de Volkswagen, qui fournit à l’organisateur du Tour (Amaury Sport Organisation – ASO) 250 voitures et sponsorise le maillot du meilleur sprinteur, Julien Bessière, a reconnu dans un entretien accordé au JDD que « c’est un partenariat très rentable parce que c’est un événement planétaire. » Le Tour est diffusé dans 190 pays. En France, ses audiences télé atteignent des records. Dimanche dernier, la seconde étape a été suivie par 3,8 millions de téléspectateurs, soit 34,92 % de part de marché, auxquels il faut ajouter la foule qui se masse le long de son parcours dans une ambiance festive et bon enfant. Les grincheux diraient « populiste ».

Ainsi, Cofidis a échappé au pire… Mais ce n’est pas le flair d’un fin limier à la Maigret, lui aussi amateur de courses de vélo et lecteur assidu du mensuel disparu Miroir du cyclisme, la bible à l’époque de la Petite Reine et satellite du Parti communiste, qui a conduit aux vélos usurpés, mais bien un tout petit boîtier de la taille d’une boîte d’allumettes qu’on appelle un transpondeur.

C’est à la fois un GPS et une sorte de mouchard informatique. Tous les vélos en sont désormais dotés dans les courses World Tour (1ʳᵉ division). C’est ainsi grâce à lui qu’on peut connaître en temps réel l’écart entre une échappée et le peloton, la vitesse des coureurs, et connaître le classement exact à l’arrivée de chacun d’eux.

De toute évidence, les voleurs n’étaient pas très au fait de la chose vélocipédique. Par chance, et peut-être par inadvertance d’un mécanicien, un des vélos était resté équipé de ce petit boîtier qu’on installe sur le hauban horizontal de la fourche arrière, à l’opposé du dérailleur. « Des Pieds Nickelés », ainsi que les a qualifiés un enquêteur. Le transpondeur, qui a continué à émettre, a permis de géolocaliser six vélos à Halluin, commune du Grand Lille, à une encablure de la frontière belge. Ils étaient planqués dans le box d’un garage d’une maison d’un quartier dit ouvrier. Les enquêteurs ont aussi trouvé le pied-de-biche qui avait servi à forcer la porte latérale du camion-atelier où étaient gardés les vélos. Ils ont relevé de l’ADN et des empreintes… Et le box a un propriétaire qui sera entendu.

Auparavant, la veille, dimanche, cinq des vélos avaient déjà été retrouvés, abandonnés dans un sous-bois, à 200 mètres seulement du lieu de l’effraction. Pas vraiment des Arsène Lupin, ces rats de parking : ils n’avaient pas prévu un véhicule assez grand pour embarquer la totalité de leur butin… onze vélos, ça fait du volume.

Il est donc probable que leur échappée prenne vite fin… à moins qu’ils n’aient déjà rejoint le pays de destination de ces vélos. On devine lequel…


Vingegaard : la gueulante de Madame, cause ou prémonition ?
L’événement de la 5ᵉ étape, un contre-la-montre de 33 km autour de Caen, n’a pas été la victoire — attendue — du double champion du monde et olympique de la spécialité, Remco Evenepoel, qui en profite pour endosser la tunique blanche de meilleur jeune (moins de 25 ans), ni même la belle performance de Tadej Pogacar, deuxième à seulement 16 secondes, qui récupère trois maillots distinctifs. Le Blanc lui échappe en raison de son âge : il a, cette année, 26 ans.
Le véritable fait marquant, c’est le gros plantage de Jonas Vingegaard. Il termine 13ᵉ à 1’21 » d’Evenepoel, et surtout à 1’05 » de Pogacar. Au général, il concède 1’13 » à ce dernier et se retrouve même derrière le surprenant Français Kévin Vauquelin, troisième à 59″ du maillot jaune grâce à une belle 4ᵉ place dans ce contre-la-montre, à seulement 49″ du vainqueur. Une performance qui pourrait bien sauver son équipe Arkéa, toujours en quête d’un sponsor pour la saison prochaine.
La question que se posent désormais tous les commentateurs est la suivante : à quoi tient cette déroute de Vingegaard, certes pas encore éliminatoire mais de très mauvais augure ? La gueulante, jugée par beaucoup comme intempestive, qu’avait poussée dimanche son épouse en est-elle la cause, lui ayant miné le moral ? Ou était-elle plutôt le signe avant-coureur d’un burn-out annoncé ?
« L’équipe le pousse trop loin », confiait-elle au quotidien danois Politiken. « J’ai peur qu’il brûle la chandelle par les deux bouts. »
Rien ne laissait présager cette contre-performance. Vingegaard avait entamé cette 112ᵉ édition de manière très incisive. Dès la 1ʳᵉ étape, il était à l’origine d’une bordure qui avait piégé Evenepoel ; lors de la 4ᵉ, après avoir été décroché par Pogacar dans un raidillon, il était revenu sur lui en trois coups de pédale impressionnants.
Il répétait à l’envi qu’il n’avait jamais été dans une telle forme. Au Critérium du Dauphiné, dans le contre-la-montre de 17 km, il avait pris 20 secondes à Pogacar. Mais il marquait déjà le pas dans les arrivées en côte, où son rival se montrait impérial.
On oublie parfois que Vingegaard a été victime l’an dernier d’une très grave chute au Tour du Pays basque (pneumothorax, côtes cassées), qui aurait logiquement dû l’écarter du Tour. Il avait pourtant terminé deuxième, après avoir opposé une farouche résistance à Pogacar. À l’époque, il avait confié s’être vu mourir. Cette année encore, alors qu’il portait le maillot jaune lors du Paris-Nice, il avait abandonné après une commotion cérébrale — passée sous silence — causée par une nouvelle chute.
Depuis cet accident, son équipe l’a-t-elle trop poussé ? L’a-t-elle véritablement « brûlé par les deux bouts » ? Ou a-t-il simplement connu ce fameux « jour sans » que tous les coureurs redoutent ? Si les Pyrénées venaient à confirmer qu’il est déjà à bout de souffle, malgré ses 28 ans et deux Tours de France victorieux, la question des conditions de travail — voire d’exploitation — des cyclistes professionnels devra être posée. Certainement les plus dures et exigeantes de tous les sports, avec la boxe • RU

Incompréhension

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Le suicide du LR Olivier Marleix a mis en sourdine quelques heures les fureurs et les oppositions bruyantes du monde politique. Et si on comprenait aussi les vivants, rêve notre chroniqueur ?


En dehors de deux ou trois exceptions complotistes, le suicide d’Olivier Marleix a été abordé par toute la classe politique avec infiniment de dignité et de délicatesse. Avec une exemplaire compréhension de la fragilité d’une vie susceptible de basculer de la lumière vers l’ombre, de l’existence la plus palpable, la plus immédiate jusqu’à son effacement en un trait de temps vertigineux. Il est vrai qu' »on sous-estime toujours la solitude des êtres » comme l’a dit Laurent Wauquiez dans un hommage émouvant et très applaudi à l’Assemblée nationale. François Bayrou a exprimé la même idée : « On ne connaît jamais la fragilité des êtres humains ».

Mystère insurmontable

Bruno Retailleau, quant à lui, s’est interrogé douloureusement : « Quels cris Olivier étouffait-il ? Quelle nuit traversait-il ? Pourquoi ? Qu’aurions-nous dû voir ? Quels combats intérieurs livrait-il pour qu’il se résolve à un tel geste ? »

J’ai croisé Olivier Marleix, je l’ai un peu connu, j’ai aimé son caractère perçu par certains comme roide, intransigeant dans ses convictions, dénué de toute démagogie. Ce qui est sûr est que pour tous, cet homme a été un inconnu qui a laissé ceux qu’il a quittés et qui l’aimaient dans un définitif et insurmontable mystère.

I have a dream

Je fais un rêve. Cette décence unanime à l’égard d’Olivier Marleix et de son geste apparemment imprévisible, serait-il donc impossible qu’elle se manifestât, certes sur un autre mode, à l’égard des vivants ? En considérant déjà cette élémentaire fraternité qui devrait réunir tous les mortels dans leur conscience d’être périssables, et qui pourrait dominer tous les antagonismes conjoncturels ?

A relire: Olivier Marleix (LR): « Aucune réforme des retraites n’a jamais été populaire »

Pourquoi la politique, ses fureurs, ses humeurs, ses oppositions, cette manière qu’elle a de défigurer le dialogue démocratique en haine et en guerre, pèsent-elles tellement, face à notre dure condition humaine humaine en partage ? Ce sentiment ne couvrirait pas d’un baume absolu les oppositions partisanes ni les affrontements idéologiques mais les atténuerait par ce relativisme pacificateur…

Bilger, l’humain d’abord ?

Ce ne serait pas tomber dans le classique « chacun a ses raisons » mais user de la précaution de se rappeler que Jean-Luc Mélenchon, par exemple, est d’abord une histoire qui souvent l’explique, parfois le justifie, quelquefois le condamne, une sensibilité et un humus qui mettent naturellement à mal toutes ses constructions révolutionnaires théoriques. Emmanuel Macron n’est-il pas, plus que tout autre, l’incarnation d’une structure intime, d’un paysage subtil qui dessinent ce qui semble être une rationalité mais relève bien davantage d’une étrangeté ? Cette vision priorisant le souffle, les corps et les battements du cœur est susceptible de s’appliquer à tous ceux qui ont une parcelle d’autorité entre les mains, des présidents aux petits chefs, des dictateurs aux démocrates.

Il ne s’agit pas en permanence de faire passer l’humain qui rassemble et qui fait qu’on se ressemble, avant les joutes intellectuelles et les débats vigoureux et antagonistes mais de savoir les arrêter, dans leur intensité et leur tonalité, quand ils oublient les hommes ou les femmes qui y participent. Il ne serait pas grotesque de ne jamais oublier, où qu’on soit, la solidarité que créent inéluctablement nos faiblesses, nos fragilités et les sources subjectives nées de nos êtres, par rapport au dissensus constant qu’engendre une politique de postures et d’éclats.

Je ne vois pas au nom de quoi les vivants globalement entendus ne mériteraient pas, d’emblée et pour échapper à toute dérive, le respect que devraient inspirer une fortune et une infortune communes : hommes et femmes, on vit puis on meurt !

Bayeux, Buckingham, tapisserie et nouvelle alliance

À Londres, entre les calèches, les tapis rouges et la tapisserie de Bayeux, la France et le Royaume-Uni ont transformé l’Entente Cordiale en Entente Amicale – avec un soupçon de géopolitique et un panier gourmand en bonus. Résumé d’une visite historique.


Info. Notre directeur adjoint Jeremy Stubbs proposera demain une analyse politique de la visite d’Etat de M. Macron en Grande Bretagne dans le prochain épisode de notre podcast.


Dans un discours solennel devant les deux chambres du Parlement britannique, mardi, le président Macron a célébré le retour de relations plus étroites entre Paris et Londres, tout en appelant à une plus grande autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. Le président français Emmanuel Macron a lancé un appel appuyé au Royaume-Uni pour reconnaître l’État de Palestine et renforcer le soutien à l’Ukraine, à l’occasion de sa visite d’État outre-Manche — la première d’un chef d’État européen depuis le Brexit.

Invité par le roi Charles III pour une visite officielle de trois jours (du 8 au 10 juillet), le président français a été accueilli en grande pompe par la famille royale. Après avoir été reçu par le prince William et la princesse Catherine, il a rejoint le château de Windsor en calèche, dans un décor emprunté aux fastes de la monarchie.

Le 8 juillet 2025, sous un ciel londonien tantôt gris, tantôt percé d’un soleil timide, Emmanuel Macron foulait le tapis rouge déroulé au pied du château de Windsor. Accompagné de Brigitte Macron, il était accueilli en grande pompe par le roi Charles III, dans une cérémonie où faste monarchique et modernité se mêlaient avec élégance. Le cliquetis des sabots sur les pavés résonnait comme un écho venu du passé, rappelant que l’histoire continue de s’écrire — de Bayeux à Buckingham.

Un discours d’unité

Au Parlement, Macron a plaidé pour un renouveau de la coopération franco-britannique, en particulier sur les dossiers cruciaux de la défense, du climat, de l’immigration et du commerce.

« Le Royaume-Uni et la France doivent, une fois de plus, montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence », a-t-il déclaré en anglais. « La seule manière de surmonter les défis de notre époque est d’avancer ensemble, main dans la main, épaule contre épaule. »

Le chef de l’État a réaffirmé que l’Europe ne « tournerait jamais le dos à l’Ukraine » face à l’agression russe, tout en exigeant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza.

Ce discours a marqué un tournant symbolique, à l’heure où le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer œuvre à restaurer des liens apaisés avec les alliés européens, après des années de tensions post-Brexit.

Une « entente amicale »

Mardi soir, le roi Charles a offert un banquet d’État au château de Windsor en l’honneur du couple Macron. Quelque 160 invités — diplomates, figures politiques et personnalités comme Mick Jagger ou Elton John — étaient présents.

Dans son discours, le souverain britannique a salué le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-britanniques. Il a proposé de faire évoluer la traditionnelle « Entente cordiale » de 1904 en une « entente amicale », scellant une coopération renouvelée et apaisée entre les deux nations.

Un geste hautement symbolique a été annoncé : la France prêtera au Royaume-Uni la célèbre tapisserie de Bayeux — chef-d’œuvre du XIe siècle — pour un retour exceptionnel sur le sol britannique, plus de 900 ans après sa création. En échange, Londres mettra à disposition de Paris une sélection de trésors anglo-saxons et vikings.

Diplomatie, défense et migration

Mercredi, les affaires politiques ont pris le dessus. Emmanuel Macron a été reçu au 10 Downing Street par Keir Starmer et son épouse Victoria, aux côtés de Brigitte Macron. Les discussions ont porté sur les grandes priorités bilatérales : migrations, défense, investissements.

Malgré les différends persistants liés aux conséquences du Brexit — notamment sur la gestion des migrants traversant la Manche à bord de petites embarcations —, Londres et Paris s’efforcent de bâtir une réponse commune, avec l’hypothèse d’une force militaire conjointe pour soutenir l’Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Sommet franco-britannique : enjeux cruciaux

Ce jeudi, Emmanuel Macron et Keir Starmer ouvriront le 37e sommet franco-britannique à Londres. Une série de discussions est prévue, avec un objectif clair : sceller un accord pour limiter les traversées illégales de la Manche.

Il s’agirait d’élaborer un nouveau mécanisme de dissuasion, selon Downing Street, qui a confirmé en début de semaine un consensus sur la nécessité d’un changement d’approche. Le sommet devrait également aboutir à des engagements renforcés en matière de défense, en particulier vis-à-vis du conflit ukrainien.

Les deux dirigeants participeront à une réunion de la « coalition des volontaires », aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, du chancelier allemand Friedrich Merz et de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Ils y discuteront de l’augmentation de l’aide militaire et de la pression diplomatique à exercer sur la Russie.

Vers un accord migratoire inédit ?

Starmer espère qu’un soutien britannique accru à l’Ukraine incitera la France à envisager un nouveau type d’accord migratoire, basé sur un principe d’échange : chaque demandeur d’asile renvoyé vers la France serait compensé par l’accueil d’un réfugié ayant un dossier légitime.

Une proposition ambitieuse, dans un contexte tendu : le Royaume-Uni a enregistré un nombre record de traversées illégales au cours du premier semestre 2025, et le Parti travailliste est concurrencé dans les sondages par la droite dure de Nigel Farage.

Mais Paris reste prudent. La France a jusque-là refusé un tel accord bilatéral, arguant que le Royaume-Uni devrait négocier avec l’ensemble des membres de l’Union européenne.

Une visite au carrefour des intérêts franco-britanniques

Au-delà du faste protocolaire et des discours enflammés, la visite d’État d’Emmanuel Macron à Londres s’inscrit dans un contexte chargé de défis partagés, mais aussi d’opportunités renouvelées.

Il s’agit d’abord d’un moment crucial pour tourner la page d’un Brexit qui a laissé des traces, en affirmant que la souveraineté britannique et française, loin d’être antagonistes, sont en réalité profondément imbriquées et interdépendantes. Le président français a rappelé que, dans un monde incertain, la France et le Royaume-Uni doivent unir leurs forces pour éviter de retomber dans les dépendances « excessives » aux grandes puissances comme la Chine ou la Russie.

Parmi les dossiers épineux, la question migratoire illustre bien la complexité des relations bilatérales. La traversée clandestine de la Manche cristallise les tensions, mais aussi l’urgence d’une coopération renforcée. Macron n’a pas éludé cette réalité, appelant à un partage de responsabilités, qui dépasse les frontières et réclame des solutions concertées.

Dans le même temps, le soutien commun à l’Ukraine offre un terrain fertile à un rapprochement stratégique. En formant une coalition de volontaires pour défendre Kiev, Paris et Londres signent une alliance militaire inédite depuis longtemps. Cette union s’appuie aussi sur une complicité plus intime, liée au statut partagé de puissances nucléaires et de membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Deux « États jumeaux » qui, malgré les différends, savent conjuguer leurs forces face aux défis contemporains.

Enfin, la visite a mis en lumière la puissance discrète mais réelle du soft power britannique. La monarchie, véritable aimant diplomatique, offre à Macron un cadre de prestige exceptionnel, rappelant à tous la profondeur et la richesse des liens qui unissent la France à son voisin.

Diplomatie en habits de courtoisie : les présents de Macron à Charles III

À travers un opéra de Debussy, une trompette de la Garde Républicaine, un coffret d’aquarelles Sennelier et un panier gourmand mêlant miel et douceurs françaises, Macron a offert plus que des présents : une véritable conversation silencieuse avec Charles III. Ces offrandes, entre musique, art et nature, incarnent la diplomatie en habits de courtoisie. De la musique aux abeilles, ces cadeaux disent plus qu’un discours : ils parlent d’attention, de connivence et de respect mutuel…

Le dîner du Crif, il y a quarante ans et aujourd’hui

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Yonathan Arfi et François Bayrou au dîner du Crif, au Carrousel du Louvre à Paris, 3 juillet 2025 © J.E.E/SIPA

Le 4 juillet a eu lieu le 39e diner du Crif. Depuis 1985, chaque année sauf en 2020, l’année du Covid, le Président du Crif expose au chef de gouvernement ou parfois au chef d’Etat lui-même, les inquiétudes d’une minuscule portion de l’électorat national, 0,8%, et il reçoit en retour des paroles d’amitié et souvent un certain nombre d’engagements.


Dans un salon du Sénat une cinquantaine de personnes ont entendu au cours du premier diner le président Theo Klein s’adresser au Premier ministre Laurent Fabius et lui rappeler l’ancrage républicain indéfectible de la communauté juive de France. Il n’est pas sans intérêt de réfléchir à ce qu’était alors l’environnement de ceux qu’on n’appelait pas encore les Français juifs.

A cette époque, le soutien aux refuzniks soviétiques rassemblait les défenseurs des Droits de l’Homme au-delà des Juifs et mobilisait surtout la gauche de l’échiquier politique. La préparation du procès Barbie, l’affaire du Carmel d’Auschwitz éveillaient les consciences sur ce qu’on commençait d’appeler la Shoah : 1985 fut l’année où est sorti le film de Claude Lanzmann. En même temps, le négationnisme était apparu depuis plusieurs années, et Jean-Marie Le Pen, qui avait obtenu en 1984 11% des votes aux élections européennes, allait fin 1985 lancer la première de ses fameuses petites phrases en dédiant sondiscours à Jean-François Kahn, Jean Daniel, Ivan Levaï et Jean-Pierre Elkabbach, tous qualifiés de menteurs de la presse et dont le nom à consonance juive ne laissait pas de doute sur ce qu’il sous-entendait. 

L’extrême droite était en France l’ennemi unique pour les Juifs et les républicains. Le Moyen Orient était loin, Arafat était unanimement considéré comme un terroriste, même si la France lui avait sauvé la mise en l’exfiltrant en 1982 du Liban vers la Tunisie. Il n’était pas question d’envisager un antisémitisme musulman, d’autant plus que SOS Racisme venait d’être créé et que des Juifs n’y étaient pas pour rien. 

Bayrou solidaire d’Israël

Rétrospectivement, en 1985, la situation pour les Juifs de France faisait donc consensus au sein de la collectivité nationale. Qui pourrait en dire de même aujourd’hui ?

Les discours du 39e diner furent d’une qualité vraiment remarquable, aussi bien celui de Yonathan Arfi que celui de François Bayrou. Un troisième discours fut marquant, celui de Sophia Aram, qui a reçu le Prix Pierrot Kaufmann du Crif et qui a rappelé avec un humour grinçant, percutant et profond, que quoi qu’on pense des Juifs, il faut au moins leur reconnaitre un mérite, leur capacité à créer du lien, par exemple un lien – bien improbable pourtant – entre gauchistes LGBT et islamistes homophobes…

Le Premier ministre a évoqué avec une émotion manifestement sincère sa proximité spirituelle avec le judaïsme, son admiration de chrétien personnaliste pour Charles Péguy, le défenseur de Dreyfus, ses liens avec le Grand Rabbin de France et la passion familiale pour l’hébreu avec une fille qui a étudié à l’Université de Jérusalem. Il a déclaré sa solidarité envers Israël, et je crois me rappeler qu’il a fait partie dans sa jeunesse du petit groupe de parlementaires qui avaient accompagné Jean Kahn, alors président du Crif, dans son voyage de solidarité en Israël à l’époque de la première Guerre du Golfe en 1991.

Cela dit, on sait que le domaine international est aujourd’hui plus que jamais celui du président de la République. Quant aux promesses de renforcer les moyens contre la haine en ligne, d’inciter les parquets à la fermeté et de soutenir la transmission des valeurs républicaines à l’école, je crois malheureusement avoir déjà entendu de pareils engagements dans le passé…

Yonathan Arfi n’élude rien

Chacun devrait lire le discours du président du Crif. Il commence par une phrase d’une déprimante simplicité : «Faut-il demander à nos enfants de baisser la voix quand ils parlent des Juifs ou d’Israël dans le métro?»… mais se termine par une constatation qui sonne comme un espoir et qui est qualifiée de conviction: «Ceux qui aspirent à une République forte, laïque et universaliste constituent le collectif le plus puissant du pays».

Entre temps, Yonathan Arfi n’a rien éludé: citons en vrac, l’insupportable violence du terme dévoyé de génocide pour qualifier l’action d’Israël à Gaza avec comme corollaire la justification des violences contre les Juifs désormais traités de génocidaires, l’affirmation que la cause d’Israël est juste et la constatation que les démocraties n’ont pas le droit de ne pas être fortes, la critique de  la complaisance manifestée envers les Frères Musulmans et envers Al-Jazeera et la proposition d’une amende forfaitaire contre la haine en ligne. 

A lire aussi:Berlin: 1500 islamistes rêvent d’un califat en plein cœur de l’Europe!

Arfi a rappelé les mémoires de Jonathan Sandler, Samuel Paty et Dominique Bernard, tous professeurs et tous assassinés par des islamistes. Il a cité les phrases de Levinas sur le judaïsme comme altérité et celle du rabbin Elie Benamozegh, suivant laquelle le judaisme est « l’universalisme comme fin et le particularisme comme moyen ». Il a fustigé ceux qu’il appelle les «entrepreneurs identitaires» responsables des meurtres racistes de Aboubakar Sissé, et de Hichem Miraou. Il a affirmé que, loin d’être indifférent, le Crif est sensible à la détresse des populations civiles de Gaza, mais que celles-ci ont été jetées dans la guerre par le Hamas.

Il a attaqué Dominique de Villepin, qu’il a traité de populiste mondain, servile avec les dictatures et intransigeant avec les démocraties, devenu un Mélenchon des beaux quartiers. Quant à ce dernier, Arfi a déclaré qu’il est devenu, par son hystérisation systématique du débat, le plus puissant carburant de l’extrême droite et que la priorité politique du Crif était d’aider à rendre résiduelle l’influence de La France insoumise, de façon à démélenchoniser la gauche comme la gauche britannique a su se décorbyniser. Et le président du Crif n’a pas ménagé ses critiques envers Olivier Faure qui refuse d’exclure toute alliance avec LFI.

Le président du Crif a remercié les pouvoirs publics et les élus pour leur engagement contre l’antisémitisme, la mise à jour de l’arsenal législatif et l’organisation des Assises contre l’antisémitisme.

Macron critiqué

Mais il a signalé que, alors que le président de la République pousse à la reconnaissance d’un Etat palestinien, un récent sondage montre que 78% des Français n’y sont pas favorables avant la libération des otages et la reddition du Hamas.

Plus encore, Yonathan Arfi a fustigé, à propos de la récente guerre des douze jours, les positions erratiques de la France, qui soutient les frappes contre la menace nucléaire iranienne et refuse spectaculairement 48 heures plus tard que soient exposés au Bourget les moyens qui ont permis de mener ces opérations. 

Où sont ceux qui critiquent le Crif pour sa prétendue complaisance envers les pouvoirs publics?

Entre le diner de 1985 et celui de 2025 bien des choses ont évidemment changé, même si dès 1989, l’invitation de Arafat à Paris remettra les liens du Crif avec Israël au-devant de la scène.

Le Crif a trois missions statutaires: maintenir la mémoire de l’extermination, lutter contre l’antisémitisme, défendre l’Etat d’Israël.

Le travail des historiens et celui des militants de la mémoire ont révélé la centralité de l’extermination des Juifs au cours de la guerre mondiale. Mais l’enseignement est difficile, le négationnisme a évolué vers l’amalgame et l’aberrante substitution victimaire caractéristique de notre époque fait des Israéliens (des Juifs…) les nouveaux nazis.

L’antisémitisme sous son habillage actuel n’est plus la passion résiduelle de certains nostalgiques de l’Inquisition ou du troisième Reich. Il est devenu un sentiment mobilisateur pour une partie de la jeunesse des démocraties occidentales et un levier pour l’islamisme, ce terme que presque personne n’utilisait en 1985 et dont le danger plane aujourd’hui sur notre propre pays comme sur d’autres. Les menaces qui pèsent sur Israël se sont exacerbées le 7 octobre d’une façon dramatique et imprévisible en 1985. Ce pays n’a pas d’autre choix que de lutter, et la guerre génère des drames. Des menaces planent aussi sur nos propres pays, mais beaucoup préfèrent s’en détourner. Le Crif pense que défendre Israël fait partie de son devoir citoyen français, car les Juifs ne sont souvent que les premiers sur les listes…

Une campagne anti-harcèlement qui fait plouf

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DR.

Début juillet en Allemagne, Büren (Rhénanie-du-Nord–Westphalie) a lancé une campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel dans sa piscine municipale, nommée « Été-soleil-sécurité ». Visant à protéger les jeunes baigneurs, elle a suscité une polémique en raison d’une affiche controversée : une femme blanche, rousse et en surpoids, posant la main sur les fesses d’un jeune garçon noir amputé d’une jambe. Ce visuel, jugé « absurde » et éloigné des réalités statistiques, a provoqué un tollé.


L’été commence fort à Büren. Pour sensibiliser les baigneurs aux gestes déplacés, la mairie a lancé une campagne intitulée « Été-soleil-sécurité » dans sa piscine municipale. Le message, en soi, semblait limpide : « Stop ! Les attouchements sont interdits ! », « Personne n’a le droit de te toucher sans ton consentement ». Pour faire passer la pilule, une mascotte toute mignonne — la tortue Tiki — invitait les enfants à signaler tout comportement douteux. Jusque-là, rien à redire.

Sauf que. L’une des affiches a fait grincer des dents. Et pas qu’un peu. On y voit une femme blanche, rousse et en surpoids toucher les fesses d’un garçon noir, handicapé, porteur d’une prothèse de jambe. Une scène censée illustrer une situation de harcèlement… mais qui, pour beaucoup, tient davantage du fantasme que de la prévention efficace. Car les chiffres, eux, racontent une autre histoire. En 2024, le Bundeskriminalamt, la police criminelle fédérale, a recensé 423 agressions sexuelles dans les piscines allemandes. Parmi les 367 auteurs identifiés, environ 65 % étaient non-Allemands. Autrement dit, dans la vraie vie, les profils d’agresseurs ne ressemblent pas franchement à ceux des campagnes d’affichage.

Et comme si ça ne suffisait pas, le timing n’a rien arrangé. Quelques jours avant le lancement de la campagne, le 22 juin, une affaire a choqué tout le pays : neuf jeunes filles, âgées de 11 à 17 ans, ont été victimes d’attouchements dans une piscine de Gelnhausen, en Hesse. Les suspects ? Quatre réfugiés syriens. Dans ce climat tendu, la campagne de Büren a été perçue par certains comme un geste de communication politiquement correct, visant à détourner l’attention des profils réels des agresseurs pour promouvoir une image « inclusive ».

Agressions sexuelles dans les piscines allemandes : la vague qui inquiète       

En Allemagne, les piscines publiques, autrefois synonymes de rires d’enfants et de bronzage, sont devenues le thermomètre d’un pays en surchauffe migratoire. Loin de l’insouciance des plongeons estivaux, ces lieux de détente familiale tournent au cauchemar, saison après saison. Dès 2016, des villes comme Bornheim et Zwickau avaient tiré la sonnette d’alarme, interdisant l’accès aux piscines à certains demandeurs d’asile après une série de plaintes pour harcèlement, attouchements, masturbation dans les jacuzzis ou intrusions dans les vestiaires féminins. Dix ans plus tard, la marée n’est toujours pas redescendue.

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Rien que cette année, dans la piscine de Hof, en Bavière, deux Syriens ont été accusés d’avoir agressé une fillette de 12 ans, la maintenant sous l’eau pendant qu’ils la touchaient. Dans la piscine de Babenhausen, en Hesse, un Roumain de 31 ans, visiblement plus proche du coma éthylique que du plongeon, a été arrêté après avoir molesté trois fillettes de 10 ans. Son taux d’alcoolémie ? 4,21. Les cas s’enchaînent, et l’accumulation finit par dessiner une tendance. En 2023, dans une piscine de Stuttgart, un Syrien de 23 ans a agressé sept adolescentes. En 2021, à Kaufbeuren, six adolescents « à la peau foncée » – toujours non identifiés – auraient agressé trois filles de 12 ans dans les bassins.

Alors qu’une partie des médias évite soigneusement le sujet, les chiffres, eux, parlent d’eux-mêmes. En 2024, la police criminelle de Hesse a enregistré 74 cas de violences sexuelles dans les piscines, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente. Dans 60 % de ces cas, les suspects n’étaient pas nés en Allemagne. Par ailleurs, cette année, dix plaintes pour harcèlement sexuel ont été signalées dans la seule piscine de Cologne.

Réactions médiatiques : entre indignation et satire

Dans la presse, Die Welt et Bild ont relayé une opinion publique indignée, dénonçant une « réécriture idéologique » du réel. Junge Freiheit — le pendant germanique de Causeur — ne manque pas d’ironie : « Le migrant du dessin est censé boiter jusqu’au maître-nageur sensibilisé à la tortue Tiki, après avoir réussi à échapper à la grosse Allemande. » Le journal en profite pour rappeler que, dans des piscines extérieures à Berlin, Munich ou Hambourg, des panneaux en arabe avaient déjà été installés pour tenter de dissuader les agressions sexuelles[1] — sans le moindre succès.

DR.

La CDU, de son côté, affiche ses divisions. Manfred Pentz (CDU), ministre des Affaires européennes de la Hesse, dénonce une campagne « qui ne peut être qu’une mauvaise blague », allant jusqu’à parler d’« insulte pour les victimes ». Même son de cloche chez le policier Manuel Ostermann (CDU), déjà cité ici pour son essai sans concession : « Les agresseurs sont des hommes, majoritairement issus des principaux pays d’origine des demandeurs d’asile. Ne pas les nommer, c’est trahir les victimes. » À l’opposé, le maire de Büren, Burkhard Schwuchow (CDU), a d’abord soutenu fermement la campagne : « Nous avons la responsabilité de protéger les enfants », clamait-il. Mais face au tollé, il a vite changé de ton, affirmant que les visuels visaient à « représenter la diversité et éviter délibérément les stéréotypes ». Avant de conclure, penaud : « Si nous avons pu donner une autre impression, nous vous prions de nous en excuser. » À ce jour, il continue de refuser de révéler les chiffres et les origines des véritables auteurs des agressions survenues dans la piscine de Büren.

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Le SPD s’est retranché derrière une posture prudente, concédant une « maladresse » dans le choix des visuels, sans s’aventurer plus loin. Il faut dire qu’à Gelnhausen, le maire Christian Litzinger (SPD) avait déjà suscité la polémique en attribuant les agressions commises par les quatre Syriens à la « canicule » — une explication jugée aussi légère que déplacée. Tentant de rattraper le tir, Susanne Turlach, présidente du SPD local, avait recentré le débat sur le genre des agresseurs plutôt que leur origine : « Il s’agit de violences sexuelles perpétrées par des hommes contre des femmes », avait-t-elle affirmé. Une déclaration qui n’a pas échappé aux critiques non plus.

Alice Weidel, cheffe de l’AfD, s’est gardée de commenter directement la campagne de prévention contre les attouchements sexuels à Büren. Mais elle n’en a pas moins dénoncé, à plusieurs reprises, la « dégradation de l’ordre public » dans les espaces publics, piscines municipales en tête. Pour elle, ces incidents ne sont rien d’autre que le symptôme d’un « échec de l’État » imputable à une politique migratoire laxiste. Sur X, des cadres locaux de l’AfD, comme Jan Grusdas (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), ont fustigé une affiche « ridicule et irréaliste », dénonçant un « gaspillage manifeste de l’argent des contribuables ».

Au fond, la campagne de Büren trahit une impuissance sidérante : comment protéger nos enfants si l’on refuse obstinément de nommer les faits et les responsabilités ? L’Allemagne, prisonnière d’un système vicié par le wokisme et une xénophilie béate, s’enlise dans une autocensure tragique. Cette langue de bois, gorgée de bien-pensance, asphyxie le débat public et abandonne la sécurité des citoyens à une idéologie hors sol. Jusqu’à quand cette hypocrisie dominera-t-elle la parole publique outre-Rhin ? Et combien de femmes et d’enfants devront encore être victimes de ce déni woke, qui érige l’aveuglement en rempart pour les coupables ?


[1]  https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2025/haben-sie-tiki-gesehen/

Naissances: rien ne va plus…

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La ministre des Familles Catherine Vautrin (ici photographiée en février dernier) prévient : le modèle social français reposant sur la solidarité intergénérationnelle est menacé © S LEMOUTON/SIPA

La ministre Catherine Vautrin vient de détailler une série de mesures gouvernementales pour relancer les naissances. Mais y croit-elle ? Un peu partout autour du globe, et sous les régimes politiques les plus divers, l’humanité demeure récalcitrante à faire plus d’enfants. Il y a forcément une explication…


Voilà au moins trente ou quarante ans, dans l’hebdomadaire L’Express le – génial – dessinateur – Sempé publiait un dessin remarquable. On y voyait une manifestation pléthorique, une foule défilant dans une large avenue. Sempé savait merveilleusement bien dessiner le nombre, le grand nombre de gens. Au milieu de cette foule, en petit forcément, puisque à peu près noyé dans la marée humaine, un quidam brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire le slogan « Soyons moins ».

Or, c’est dans ce même hebdomadaire, L’Express, que à une si grande distance de temps, il nous est révélé que ce manifestant anonyme aurait finalement été entendu. Ainsi qu’il le souhaitait, nous allons êtes moins. Cela à l’horizon 2100, voire 2050, prédisent les études les moins optimistes.

Deux enfants par femme, du passé

La dénatalité serait donc en marche. Le monde entier serait touché par le phénomène. Y compris les pays musulmans, nous apprend le reportage du magazine. Des pays comme la Tunisie, la Turquie, l’Iran seraient situés au même niveau que la France, où le nombre d’enfants par femme est tombé à 1,6, alors qu’il a été longtemps de 2,02, ce qui faisait de nous de bons élèves comparativement à nos voisins.

Les pouvoirs publics des pays concernés tentent de se saisir du problème, de trouver des moyens afin de doper la natalité. Car un pays qui voit baisser le nombre des naissances, qui échoue à renouveler sa population, et qui donc vieillit, est un pays en voie de déclin. Sans aucune possibilité de revenir en arrière une fois atteint un certain seuil.

Or, remédier à ce fléau est, semble-t-il, tout sauf simple.

Chérie, je veux plus faire des gosses !

L’enquête journalistique de Laureline Dupont et Thomas Mahler nous apprend, par exemple, que la politique volontariste de la Hongrie, mise en place par Victor Orban, instituant une exonération fiscale à vie pour les mères de quatre enfants, puis de deux seulement, n’avait nullement donné les résultats escomptés. Désillusion.

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« On ne nait pas d’une incitation fiscale », écrit Maxime Sbaihi, l’auteur de l’essai, Balançoires vides, paru aux éditions de l’Observatoire en début d’année. Une bonne nouvelle cependant, précise-t-il, « le désir d’enfant est toujours là, malgré les discours médiatiques sur les « Chilfree ».

Du désir à la réalité, les obstacles sont connus, dira-t-on : insertion plus tardive sur le marché du travail, difficultés pour trouver à se loger, casse-tête pour faire garder les petits, incertitudes de diverses natures, sociales, environnementales financières, une réelle absence de visibilité quant à l’avenir, le sien propre mais pas seulement, instabilité chronique du monde, etc, etc.

La ministre française du travail, de la santé, des solidarités Catherine Vautrin vient de dévoiler sa stratégie pour que nous nous remettions à avoir des enfants. Elle en fait un impératif de la politique gouvernementale. « Notre fameux modèle social, né il y a quatre-vingts ans du programme du Conseil national de la Résistance, repose sur la solidarité intergénérationnelle, rappelle-t-elle. Moins d’actifs signifie moins de financements. » Financements des retraites, mais également de la quasi intégralité de la vie sociale.

Soyons moins ?

Aussi, prépare-t-elle un arsenal de mesures destinées à redynamiser la natalité chez nous. Parmi elles, celles qu’on pourrait qualifier de classiques, augmentation du nombre de crèches, incitations financières permettant de choisir plus librement le mode de garde…, mais aussi de plus novatrices : renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance, l’instauration d’un congé de naissance, « plus court que le congé parental, mais mieux rémunéré (…) Un congé qui succèderait au congé maternité et qui pourrait être pris par la mère et le père, à la suite l’un de l’autre, avec un accompagnement financier plus conséquent. » Quant aux familles monoparentales, elles pourront bénéficier de l’aide afférent au mode de garde choisi, non plus jusqu’aux six ans de l’enfant, mais jusqu’à ses douze ans. Une question, est-ce que cela ne reviendrait pas à « encourager » la monoparentalité, dont on ne peut pas dire que, à l’échelle d’un pays, elle soit le modèle de politique de la famille le plus abouti ?

En fait, le problème semble bien être à peu près le même et aussi préoccupant partout dans le monde : comment donner envie d’avoir envie de faire des enfants.

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Or, justement, le constat que le péril est planétaire, touchant donc des pays, des populations aux mœurs, aux rites, aux codes, aux systèmes sociaux différents, voire opposés, pourrait bien nous amener à considérer que le problème se situe, au moins en partie, bien au-delà des questions et des solutions évoquées ici.

J’en reviens donc à mon « Soyons moins » du dessin de Sempé.

Tous les ans, nous sommes amenés à prendre connaissance avec précision du moment où la population mondiale dépasse en consommation ce que la planète est à même de lui fournir. Et ce moment ne cesse de se produire plus tôt dans l’année. Donc, effectivement, on pourrait aisément en déduire que nous sommes trop.

Donc, si j’osais, je me permettrais une hypothèse qui ne vaut que ce qu’elle vaut et qui peut fort bien prêter à ricaner. Est-ce que l’humanité, puisant très mystérieusement son inspiration dans le tréfonds de l’inconscient collectif, voire de l’inconscient archaïque, dont parle Jung, ne freinerait-elle pas de son propre mouvement, sans en avoir une claire conscience, ce déséquilibre croissant entre elle et sa planète ? Voilà qui permettrait d’expliquer que, d’un continent à l’autre, malgré des modes de vie, des cultures, des références philosophique, spirituelles et autres, ainsi que des intérêts très différents, nous nous trouvions devant la même réticence à peupler nos berceaux… Qui contribuerait à expliquer aussi que les initiatives diverses et variées déployées par les pouvoirs publics ne rencontrent finalement que des résultats mitigés. Je le répète. C’est là juste une hypothèse d’école. Absurde peut-être bien. Ou peut-être pas…

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Quand l’INSEE reproche aux Français d’habiter des logements trop grands

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Des logements sous-occupés, en quoi est-ce problématique ? En 2022, un quart des ménages français (soit environ 7,6 millions de résidences principales) disposaient d’au moins trois pièces de plus que nécessaire, principalement des maisons individuelles et souvent occupées par des propriétaires de plus de 60 ans, dont les enfants ont quitté le foyer, s’alarmait récemment l’INSEE…


Nous entrons dans une époque où le totalitarisme ne dit plus son nom. Il ne défile plus en uniforme ni ne vocifère du haut des tribunes. Il avance masqué, habillé des habits du pragmatisme, du bon sens gestionnaire ou du pluralisme culturel. Et c’est précisément là son efficacité: il s’introduit dans nos institutions, nos modes de vie, nos esprits, avec la légitimité tranquille de la norme.

Justice sociale chiffrée

Prenons la dynamique technocratique à l’œuvre dans nos administrations. Elle n’est plus seulement l’expression d’une rationalité bureaucratique nécessaire, mais tend à devenir un système clos sur lui-même, indifférent aux réalités humaines qu’il prétend organiser. L’exemple récent du rapport officiel sur les logements « trop grands », désignant sans le dire une future dépossession ou taxation au nom de l’optimisation des mètres carrés, illustre cette froide déshumanisation. De même, les zones à faibles émissions (ZFE), au nom d’objectifs environnementaux certes légitimes, traduisent une incapacité chronique à penser la justice sociale autrement que sous l’angle du chiffre. Le gouvernement des algorithmes et des schémas produit une dépossession civique silencieuse, où la décision se prétend neutre et nécessaire, là où elle est en réalité profondément politique. C’est là une forme douce de totalitarisme, sans visage ni discours, mais d’autant plus redoutable qu’il ne rencontre guère de résistance conceptuelle ou populaire.

En miroir, un autre totalitarisme, cette fois exogène dans sa matrice mais désormais endogène dans sa stratégie, s’infiltre dans nos structures : celui de l’islamisme politique. Le récent rapport parlementaire sur l’entrisme des Frères musulmans dans les associations, les établissements scolaires, les municipalités, en témoigne avec une inquiétante clarté. L’islamisme ne procède plus principalement par confrontation mais par subversion méthodique, exploitant les failles juridiques et les faiblesses culturelles d’une société désarmée symboliquement. Il avance au nom de la tolérance pour mieux imposer l’intolérable ; il se cache derrière le droit pour miner la démocratie de l’intérieur.

Ces deux périls – le technocratisme déshumanisé et l’islamisme conquérant – semblent opposés, mais procèdent d’une même vacuité collective : celle d’une société qui ne sait plus ce qu’elle veut, ni ce qu’elle est. Ils se nourrissent de notre vide spirituel, de notre effacement volontaire devant l’autorité masquée, de notre peur d’assumer une conflictualité nécessaire. C’est ce contexte qu’il nous faut penser avec lucidité. Car la santé d’une démocratie se mesure à sa capacité de résistance aux folies rationnelles comme aux délires fanatiques.

C’est à partir de ce double diagnostic que nous devons interroger la crise plus vaste – psychique, sociale, politique – que nous traversons. Et c’est là que commence le véritable enjeu.

Angoisses sourdes

Il est devenu impératif de poser la question que toute une époque esquive : que signifie l’état de nos sociétés dites avancées ? L’angoisse qui sourd dans nos existences individuelles, la violence diffuse qui parcourt nos relations sociales, l’instabilité affective, politique, économique, tout cela renvoie moins à des crises conjoncturelles qu’à un dérèglement profond de nos structures anthropologiques et culturelles.

La folie, que l’on croyait confinée dans les marges médicalisées de la psychiatrie, infiltre désormais les comportements ordinaires. Narcissisme exacerbé, ressentiment chronique, perte de la maîtrise de soi : ce sont les nouvelles formes de subjectivité produites par une modernité en crise de sens. Ce n’est pas que l’homme moderne soit devenu fou au sens clinique, c’est que la société elle-même, désorientée par la perte de ses principes fondateurs, génère des comportements déraisonnables devenus la norme.

Nous avons tous été blessés – par l’effondrement des liens traditionnels, par la dérive individualiste d’un monde sans mémoire, par les échecs du travail, de l’éducation ou de la transmission. Une partie de nous a trouvé les moyens de résister, parfois au prix d’un compromis douloureux. Mais d’autres s’enfoncent dans la haine ou la résignation, transmettant à leur tour leur désarroi à des enfants fragilisés, voués à osciller entre violence, soumission ou mégalomanie.

Le drame est que cette détérioration subjective ne constitue pas un obstacle à la réussite sociale – elle en devient parfois le moteur. Les formes pathologiques de la personnalité s’avèrent redoutablement fonctionnelles dans un monde gouverné par la performance et l’image. C’est ainsi que les postes de pouvoir, dans la politique comme dans l’entreprise, sont souvent occupés par des figures cyniques, sans intériorité ni scrupule. Ils captivent les foules par leur force apparente, et leur offrent un miroir dans lequel projeter leur désir de puissance ou leur besoin d’autorité.

De là naît l’irrationalité grandissante du champ politique. On adhère non à des idées mais à des affects. La peur et la colère deviennent moteurs de décision. Le citoyen, privé d’un cadre d’intelligibilité collectif, devient vulnérable aux séductions les plus dangereuses, aux discours les plus simplificateurs. Or, une démocratie ne peut survivre sans un minimum de santé mentale partagée. Sans elle, elle cède à ce que Tocqueville appelait la tentation douce du despotisme, ou à celle, plus brutale, des aventures autoritaires.

Liberté menacée

Cette crise n’est pas uniquement interne. Elle nous expose aux formes nouvelles du totalitarisme, à la fois internes et externes. Le totalitarisme technocratique, celui de la gouvernance algorithmique, du management mondialisé, du contrôle sans visage, s’installe dans nos institutions avec le masque de l’objectivité et de l’efficacité. Il dépolitise le citoyen sous couvert de rationalité. En parallèle, le totalitarisme islamiste, porté par une vision archaïque et fanatique du monde, exploite les failles de notre cohésion, de notre mémoire, de notre volonté collective. L’un endort, l’autre terrorise. Les deux, à leur manière, sapent les fondements mêmes de notre régime de liberté.

Le véritable adversaire, toutefois, demeure cette faiblesse intérieure qui les rend possibles : la perte de conscience de notre responsabilité collective, le refus d’affronter nos ombres, notre inclination à déléguer notre souveraineté à des figures autoritaires ou des systèmes automatisés. Ce n’est pas seulement l’école, la famille, ou l’État qui sont en crise : c’est l’idée même de sujet autonome, moralement constitué, politiquement engagé.

Nous n’échapperons pas à cette spirale sans une refondation intellectuelle et morale. Il ne s’agit pas de revenir à un passé idéalisé, mais de retrouver ce que la démocratie exige : des citoyens capables de discernement, de courage, de fidélité à des principes. La restauration de notre capacité de jugement, la reconstruction des liens symboliques, la réhabilitation du langage commun : voilà le chantier. Il suppose aussi de choisir d’autres figures pour nous représenter – non celles qui nous confortent dans nos faiblesses, mais celles qui nous exigent. La résistance au totalitarisme – qu’il soit technocratique ou islamiste – commence par la reconquête de notre force intérieure. Car aucune puissance extérieure ne triomphe durablement d’un peuple habité par une claire conscience de lui-même, de son histoire, de ce qu’il veut préserver et transmettre. Ce n’est pas la fin du politique que nous vivons. C’est sa mutation radicale. À nous de la conduire, ou de la subir.

Le roman national à la force du mollet

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Le Français Kevin Vauquelin de l'équipe Arkéa-B&B Hotels et le Slovène Tadej Pogačar de l'équipe UAE Team Emirates photographiés lors de la sixième étape du Tour de France 2025, entre Bayeux et Vire Normandie, le jeudi 10 juillet 2025 © Shutterstock/SIPA

Des rites auxquels le peuple de France pouvait être attaché, il en reste au moins un. Peut-être bien le dernier. Le Tour de France, la Grande Boucle. Les Trois Glorieuses, trois semaines d’une épopée au cours de laquelle la France a rendez-vous avec la France, ses paysages, ses villes, ses monuments, ses populations, ses fortes chaleurs, ses pluies diluviennes, ses vents contraires. Et, chemin faisant, son histoire, épicée en la circonstance de symboles à foisons. Le calvaire des sans grade à l’Alpe d’Huez ou au Mont Ventoux, les mornes plaines des étapes dites de transition, Waterloo d’ennui pour les escalateurs forcenés, les poids ultra-légers de la grimpette, mais aussi le triomphe à la romaine des sprinters sur les larges avenues des villes littéralement en pavoison pour la circonstance. Avec cela, le plus grand salon au monde – à ciel ouvert – du camping-car et du penta-court réunis. Porté sur bedaine prospère de préférence, le penta-court. L’apéro aux senteurs anisées à ras le bitume fumant, une espèce de rite dans le rite. On n’a plus Yvette Horner et son accordéon, les anquetiliens en querelle quasi byzantine avec les poulidoristes. En effet, nous n’avons plus droit à ces joyeusetés-là. Nous le déplorons. L’ambiance bistrot s’en ressent. La France, ces dernières décennies, serait plutôt aux vainqueurs absents. Cependant, il faut y croire encore. Cette fois-ci, la der des der se jouera peut-être au sommet. En bleu blanc rouge ? Faisons un rêve. Le sommet, la Butte Montmartre, bien sûr. Après Vercingétorix du côté du Puy de Dôme, le Gavroche façon Poulbot au Sacré Cœur. Oui, sacré périple au cœur de France, que cette boucle-là. Une victoire française en apothéose de la campagne de France le 27 juillet, voilà qui sonnerait pour beaucoup comme une nouvelle prise de la Bastille. Un 14-juillet de Fête nationale décalé d’une quinzaine. Marianne fermerait sûrement les yeux sur cette innocente entorse. La Bastille prise cette fois sans effusion de sang. Seulement de sueur. Et de larmes de plaisir.

A lire aussi: Podcast: Bertrand Deckers et la princesse Kate; Aurore Bergé et la haine en ligne; Macron et Starmer dansent le tango

Trois semaines de roman Nntional, voilà le fond du fond de l’affaire. Grâce à cette internationale du braquet, grâce à la force du mollet de ces héros à casaques chamarrées, surgissant parfois de ce diable vauvert, si cher au dinosaure Zitrone, et recevant au bout de l’effort le bouquet, la bise et les bravos de la victoire. Héros trop blancs que ces forçats du guidon, nous dit-on, pour plaire à tout le monde, vraiment tout le monde, y compris Monsieur Mélenchon et ses porte-bidons créolisés. Dommage. Et tant pis pour ceux-là.

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Perquisitions au RN: hasard, vous avez dit hasard?

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Jordan Bardella à Nice, le 6 octobre 2024 © SYSPEO/SIPA

Mercredi, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur des prêts accordés au mouvement par des particuliers. Dénonçant un acharnement, M. Bardella a déclaré : « Rien à voir avec la justice, tout à voir avec la politique ».


« Le siège du RN, des entreprises et les domiciles de leurs dirigeants ont été perquisitionnés dans le cadre d’une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal des campagnes présidentielles et législatives en 2022 et européennes en 2024 » nous fait savoir ce mercredi 9 juillet le parquet de Paris.

Et de préciser : « Il s’agit de permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne. » « À ce jour, aucune personne physique ou morale n’est mise en examen dans cette procédure », est-il ajouté.

Ces perquisitions, menées par deux juges d’instruction et une vingtaine de policiers, s’inscrivent donc dans le cadre de cette information judiciaire ouverte depuis juillet 2024, pour, je cite : « escroquerie commise au préjudice d’une personne publique, prêt à titre habituel d’une personne physique à un parti politique, blanchiment d’escroquerie aggravée, faux et usage de faux. »

Il serait question de prêts de vingt-trois particuliers accordés au RN pour un montant évalué à plus de 2,3 millions d’euros, sommes qui doivent impérativement être remboursées, sauf à prendre le risque de les voir requalifiées en dons déguisés. Fin 2023, le montant total de tels prêts à rembourser par le parti s’élevait à environ vingt millions d’euros. Notons que le recours au financement de partis politiques par des prêts de particuliers, selon des modalités précises et en respectant un plafond, est parfaitement licite.

Surtout, convient-il de souligner que le RN ne voit guère se dérouler devant lui le tapis rouge lors de ses démarches auprès des banques françaises. Une unanimité, un consensus de la profession dont on veut bien croire qu’ils ne sont dus eux aussi qu’au plus grand des hasards, font que ce parti se voit systématiquement opposé portes et bourses closes. Il lui faut donc chercher ailleurs. Le très sensé M. de La Palice en conviendrait sans peine. Hélas, ce cher homme ne préside pas les instances financières du pays.  

Voyez ce que c’est que les coïncidences ! On apprend justement que le mardi 8 juillet, la veille même de ces perquisitions – qui visent aussi les bureaux des principaux dirigeants du parti, dont le président lui-même – le parquet européen a ouvert une enquête sur l’ancien groupe politique auquel appartenait le RN avant 2024, Identité et Démocratie, suspecté quant à lui d’avoir « indûment dépensé » plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024.

A ne pas manquer, notre nouveau numéro : Merci qui ?

On se plaint souvent du calme politique qui règne au cœur des étés, surtout lorsqu’ils sont caniculaires. Tout porte à croire que la présente saison fera exception. Au moins du côté du RN.

Mais cette effervescence est-elle seulement le fait du hasard ?

Voilà quelque temps déjà, le sabre si bien affûté de la justice avait plus ou moins décapité les espérances de Marine Le Pen – sauf miracle en session de rattrapage – d’être candidate lors des prochaines élections présidentielles. Et voilà bien que l’actualité judiciaire s’aventure à fournir à un esprit qui serait ombrageux, un rien machiavélique – tout le contraire du nôtre, ici à Causeur, surtout par temps de si fortes chaleurs – quelques motifs de suspicion. 

En effet, selon un tel esprit, ces perquisitions abondamment médiatisées – que Jordan Bardella, qualifie d’ « opération spectaculaire et inédite », d’« atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique » -, ne tomberaient pas à ce moment du calendrier politique totalement par hasard. 

« Opération inédite », s’insurge M. Bardella. Il n’a pas tort. Il n’est effectivement pas d’usage, du moins dans un pays qui se flatte d’être « démocratique », que les placards, les tiroirs, les dossiers des chefs d’un parti d’opposition soient ainsi livrés aux investigations policières. Qu’on se permette d’aller jusque-là en dit assez long, me semble-t-il, sur le sens que donnent aujourd’hui nos gens de pouvoir au beau mot de « démocratie ». 

Mais revenons à la question de la place du hasard dans cette affaire.

Il se trouve, c’est un fait, que l’année de moratoire durant laquelle M. le président de la République ne pouvait se délecter de nouveau de son péché mignon, la dissolution, se termine à présent. À tout moment, donc, entre deux longueurs de piscine à Brégançon, ou un soir d’ennui entre les murs du palais de l’Élysée toujours plus ou moins dépeuplé à cette période de l’année, M. Macron peut-il décider d’agrémenter les semaines qui viennent, voire la rentrée, des plaisirs toujours si fertiles en surprises d’un nouveau jeu de quilles parlementaire, avec, cela va de soi, retour aux urnes. 

Dans cette optique, tout ce qui pourrait embarrasser, disqualifier le RN et ses candidats ne pourrait être que bienvenu. On s’en doute.

Mais, comme il est dit plus haut, loin de nous semblables considérations. Nous les laissons aux esprits malfaisants et bassement complotistes. Bien sûr…

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Le mot le plus con – Votre compte est bon

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DR.

Bienvenue sur le plateau de « Des chiffons et des bêtes », le nouveau jeu de société nationale présenté par Jean-Luc Mélenchon et Aurélien Taché, duo de clowns tristes sponsorisés par l’Institut du Déni Républicain. Au programme de cette émission: relativisme ricanant, chapeaux de carnaval islamique, et auto-flagellation d’apparat pour un festival de francophobie !


Règle du jeu :
Il faut comparer ce qui ne l’a jamais été, confondre ce qui ne l’est pas, et applaudir très fort quand quelqu’un prononce une énormité avec l’aplomb d’un évêque progressiste sous LSD.

Premier round : Le Mot le Plus Con.
Et le gagnant est… « serretête », évidemment.
Oui, vous avez bien entendu : le voile islamique serait l’équivalent du serretête de Bernadette.
Taché jubile : « Si on n’a pas interdit les petites filles catholiques de mettre un nœud dans les cheveux, pourquoi interdire à Aïcha de se voiler à 6 ans ? »
Mélenchon opine, l’œil humide, le verbe chaloupé : « C’est la même pudeur, la même beauté du geste… créolisons, créolisons ! »

Ici, la bêtise atteint une forme d’élévation mystique. On touche au sublime de l’absurde, là où le ridicule devient dogme.
Dans leur vision du monde, les serretêtes oppriment autant que les voiles libèrent, la liberté est une soumission stylisée, et la République est une mosquée laïque avec option wokisme.

Deuxième round : Votre compte est bon.
Additionnons :
• Un voile = un accessoire parmi d’autres.
• Une conviction religieuse totalitaire = une expression personnelle de la diversité.
• Une contradiction flagrante avec les principes républicains = un enrichissement culturel.
Résultat : le multiculturalisme indigénisé gagne 1000 points.

Mais attention ! Si vous osez émettre une réserve, vous perdez tout.
On vous classe aussitôt parmi les « crispés », les « identitaires », les « néo-laïcards rigides » ou, pire, les racistes structuraux.
Vous pensiez défendre l’école publique ? Mauvais point.
Vous citez Condorcet ? Fasciste.
Vous avez encore une photo de Jules Ferry ? Prison.

A lire aussi: Le créole pour tous!

Bonus round : La phrase historique qui n’a jamais eu lieu.
Mélenchon annonce, sans trembler du menton, que Saladin aurait appris aux Français à construire des cathédrales.
Et pourquoi pas Charlemagne disciple d’Ibn Khaldoun pendant qu’on y est ?
La cathédrale devient ainsi un coup de génie de l’ingénierie arabo-musulmane, construite dans un éclair d’intersectionnalité mystique.
Le gothique flamboyant est désormais halal-compatible.

Et pendant ce temps-là, la langue française, cette vieille emmerdeuse républicaine, est priée de se taire.
Elle a trop dit, trop affirmé, trop imposé ses conjugaisons rigides et son lexique vertical.
Place au français-patchwork, mâtiné de darija, d’anglais managérial et de slogans militants.

Mais que personne ne s’inquiète : ce n’est pas une disparition, nous dit-on, c’est une créolisation !
La République n’est pas déconstruite : elle est décentrée, fluidifiée, intersectionnalisée.
Elle ne s’effondre pas, elle s’incline poliment.

Conclusion :
Dans « Des chiffons et des bêtes », il ne s’agit pas de faire réfléchir, mais de faire taire le réel.
D’habiller la régression en progrès, et le prosélytisme religieux en liberté culturelle.
Le voile devient un serre-tête, la bêtise une vertu, et la République un salon de thé multiculti.
Le mot le plus con ? C’est celui qu’on n’a plus le droit de dire.

Votre compte est bon.

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Cofidis: le casse des vélos résolu en 36 heures

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Le cycliste belge Dylan Teuns sur le Tour de France, Caen, 9 juillet 2025 © Shutterstock/SIPA

La célérité avec laquelle ont été retrouvés les onze vélos volés à l’équipe Cofidis laisse pantois… Une enquête menée au rythme d’un sprint. Dérobés dans la nuit de samedi à dimanche, à l’issue de la première étape du Tour, à Bondues, banlieue nord de Lille, sur le parking de l’hôtel où l’équipe séjournait, les vélos ont tous été récupérés le lundi matin, 36 heures seulement après le méfait, et en parfait état. Le sentiment était pourtant qu’on ne les reverrait plus jamais…

L’an dernier, en effet, au soir de la 11e étape du Tour, l’équipe Total-Energie avait connu le même déboire. Des cambrioleurs l’avaient également dépouillée de onze montures. Et depuis, elles demeurent introuvables.

Le préjudice financier pour Cofidis était estimé à près de 150 000 euros, chaque unité valant 13 000 euros. Ces vélos (de la marque française Look, installée à Nevers) sont à la bicyclette ce qu’est un bolide de F1 à la bagnole de tout le monde. Le cadre en carbone, au profil aérodynamique facilitant en particulier le phénomène d’aspiration que provoque le coureur qui précède, est taillé sur mesure, selle et guidon fixés au millimètre, dérailleur électronique, pédalier digne d’un mouvement d’horlogerie, freins à disque, roue aussi légère que robuste, etc. : des bijoux mécaniques.

« Ces modèles de compétition, a expliqué le directeur de Look, Raphaël Jeune, au Parisien, ne sont pas destinés aux cyclistes du dimanche. Il y a un trafic avec des filières à l’Est de l’Europe. » Ils sont revendus en pièces détachées, car celles-ci sont impossibles à tracer, à la différence des vélos montés. Numérotés, portant sur le cadre le nom du coureur, et souvent en plus un signe distinctif propre à ce dernier, ils sont très difficiles à refourguer. Et on imagine mal un respectable vendeur de cycles français s’aventurer à jouer le recéleur, et encore moins à en prendre un en dépôt-vente.

S’ils n’avaient pas été retrouvés aussi promptement, le dommage pécuniaire, certes pas négligeable, serait passé au second rang. Sans eux, Cofidis risquait fort d’être contrainte d’abandonner le Tour, comme le craignait son manager Cédric Vasseur. Car il est impossible de les remplacer en quelques jours.

Or, la Grande Boucle est vitale pour les sponsors des équipes en raison de l’exposition télé qu’elle offre. Un spot publicitaire de 30 secondes sur les chaînes majeures revient, se dit-il, entre 30 000 et 100 000 euros. Pas besoin de faire un dessin pour comprendre le gain que représente d’avoir un coureur qui se glisse dans une échappée. D’ailleurs, les échappées dites matinales, qui n’ont quasi aucune chance d’aller au bout, sont nommées « publicitaires ». Leur but est d’exhiber le maillot. Quant à une victoire d’étape ou un maillot distinctif… c’est évidemment le jackpot.

En réalité, le Tour est un gigantesque support publicitaire. Ce qui explique pourquoi les Émirats arabes unis et Bahreïn, dans une stratégie de « soft power », ont investi dans le cyclisme. Cela n’a pas mal réussi aux Émirats puisqu’ils ont dans l’effectif de leur équipe (UAE, le plus gros budget du peloton, estimé à plus de 60 millions d’euros) Tadej Pogacar.

Le patron de Skoda France, une filiale de Volkswagen, qui fournit à l’organisateur du Tour (Amaury Sport Organisation – ASO) 250 voitures et sponsorise le maillot du meilleur sprinteur, Julien Bessière, a reconnu dans un entretien accordé au JDD que « c’est un partenariat très rentable parce que c’est un événement planétaire. » Le Tour est diffusé dans 190 pays. En France, ses audiences télé atteignent des records. Dimanche dernier, la seconde étape a été suivie par 3,8 millions de téléspectateurs, soit 34,92 % de part de marché, auxquels il faut ajouter la foule qui se masse le long de son parcours dans une ambiance festive et bon enfant. Les grincheux diraient « populiste ».

Ainsi, Cofidis a échappé au pire… Mais ce n’est pas le flair d’un fin limier à la Maigret, lui aussi amateur de courses de vélo et lecteur assidu du mensuel disparu Miroir du cyclisme, la bible à l’époque de la Petite Reine et satellite du Parti communiste, qui a conduit aux vélos usurpés, mais bien un tout petit boîtier de la taille d’une boîte d’allumettes qu’on appelle un transpondeur.

C’est à la fois un GPS et une sorte de mouchard informatique. Tous les vélos en sont désormais dotés dans les courses World Tour (1ʳᵉ division). C’est ainsi grâce à lui qu’on peut connaître en temps réel l’écart entre une échappée et le peloton, la vitesse des coureurs, et connaître le classement exact à l’arrivée de chacun d’eux.

De toute évidence, les voleurs n’étaient pas très au fait de la chose vélocipédique. Par chance, et peut-être par inadvertance d’un mécanicien, un des vélos était resté équipé de ce petit boîtier qu’on installe sur le hauban horizontal de la fourche arrière, à l’opposé du dérailleur. « Des Pieds Nickelés », ainsi que les a qualifiés un enquêteur. Le transpondeur, qui a continué à émettre, a permis de géolocaliser six vélos à Halluin, commune du Grand Lille, à une encablure de la frontière belge. Ils étaient planqués dans le box d’un garage d’une maison d’un quartier dit ouvrier. Les enquêteurs ont aussi trouvé le pied-de-biche qui avait servi à forcer la porte latérale du camion-atelier où étaient gardés les vélos. Ils ont relevé de l’ADN et des empreintes… Et le box a un propriétaire qui sera entendu.

Auparavant, la veille, dimanche, cinq des vélos avaient déjà été retrouvés, abandonnés dans un sous-bois, à 200 mètres seulement du lieu de l’effraction. Pas vraiment des Arsène Lupin, ces rats de parking : ils n’avaient pas prévu un véhicule assez grand pour embarquer la totalité de leur butin… onze vélos, ça fait du volume.

Il est donc probable que leur échappée prenne vite fin… à moins qu’ils n’aient déjà rejoint le pays de destination de ces vélos. On devine lequel…


Vingegaard : la gueulante de Madame, cause ou prémonition ?
L’événement de la 5ᵉ étape, un contre-la-montre de 33 km autour de Caen, n’a pas été la victoire — attendue — du double champion du monde et olympique de la spécialité, Remco Evenepoel, qui en profite pour endosser la tunique blanche de meilleur jeune (moins de 25 ans), ni même la belle performance de Tadej Pogacar, deuxième à seulement 16 secondes, qui récupère trois maillots distinctifs. Le Blanc lui échappe en raison de son âge : il a, cette année, 26 ans.
Le véritable fait marquant, c’est le gros plantage de Jonas Vingegaard. Il termine 13ᵉ à 1’21 » d’Evenepoel, et surtout à 1’05 » de Pogacar. Au général, il concède 1’13 » à ce dernier et se retrouve même derrière le surprenant Français Kévin Vauquelin, troisième à 59″ du maillot jaune grâce à une belle 4ᵉ place dans ce contre-la-montre, à seulement 49″ du vainqueur. Une performance qui pourrait bien sauver son équipe Arkéa, toujours en quête d’un sponsor pour la saison prochaine.
La question que se posent désormais tous les commentateurs est la suivante : à quoi tient cette déroute de Vingegaard, certes pas encore éliminatoire mais de très mauvais augure ? La gueulante, jugée par beaucoup comme intempestive, qu’avait poussée dimanche son épouse en est-elle la cause, lui ayant miné le moral ? Ou était-elle plutôt le signe avant-coureur d’un burn-out annoncé ?
« L’équipe le pousse trop loin », confiait-elle au quotidien danois Politiken. « J’ai peur qu’il brûle la chandelle par les deux bouts. »
Rien ne laissait présager cette contre-performance. Vingegaard avait entamé cette 112ᵉ édition de manière très incisive. Dès la 1ʳᵉ étape, il était à l’origine d’une bordure qui avait piégé Evenepoel ; lors de la 4ᵉ, après avoir été décroché par Pogacar dans un raidillon, il était revenu sur lui en trois coups de pédale impressionnants.
Il répétait à l’envi qu’il n’avait jamais été dans une telle forme. Au Critérium du Dauphiné, dans le contre-la-montre de 17 km, il avait pris 20 secondes à Pogacar. Mais il marquait déjà le pas dans les arrivées en côte, où son rival se montrait impérial.
On oublie parfois que Vingegaard a été victime l’an dernier d’une très grave chute au Tour du Pays basque (pneumothorax, côtes cassées), qui aurait logiquement dû l’écarter du Tour. Il avait pourtant terminé deuxième, après avoir opposé une farouche résistance à Pogacar. À l’époque, il avait confié s’être vu mourir. Cette année encore, alors qu’il portait le maillot jaune lors du Paris-Nice, il avait abandonné après une commotion cérébrale — passée sous silence — causée par une nouvelle chute.
Depuis cet accident, son équipe l’a-t-elle trop poussé ? L’a-t-elle véritablement « brûlé par les deux bouts » ? Ou a-t-il simplement connu ce fameux « jour sans » que tous les coureurs redoutent ? Si les Pyrénées venaient à confirmer qu’il est déjà à bout de souffle, malgré ses 28 ans et deux Tours de France victorieux, la question des conditions de travail — voire d’exploitation — des cyclistes professionnels devra être posée. Certainement les plus dures et exigeantes de tous les sports, avec la boxe • RU

Incompréhension

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Olivier Marleix photographié en 2023 © Chang Martin/SIPA

Le suicide du LR Olivier Marleix a mis en sourdine quelques heures les fureurs et les oppositions bruyantes du monde politique. Et si on comprenait aussi les vivants, rêve notre chroniqueur ?


En dehors de deux ou trois exceptions complotistes, le suicide d’Olivier Marleix a été abordé par toute la classe politique avec infiniment de dignité et de délicatesse. Avec une exemplaire compréhension de la fragilité d’une vie susceptible de basculer de la lumière vers l’ombre, de l’existence la plus palpable, la plus immédiate jusqu’à son effacement en un trait de temps vertigineux. Il est vrai qu' »on sous-estime toujours la solitude des êtres » comme l’a dit Laurent Wauquiez dans un hommage émouvant et très applaudi à l’Assemblée nationale. François Bayrou a exprimé la même idée : « On ne connaît jamais la fragilité des êtres humains ».

Mystère insurmontable

Bruno Retailleau, quant à lui, s’est interrogé douloureusement : « Quels cris Olivier étouffait-il ? Quelle nuit traversait-il ? Pourquoi ? Qu’aurions-nous dû voir ? Quels combats intérieurs livrait-il pour qu’il se résolve à un tel geste ? »

J’ai croisé Olivier Marleix, je l’ai un peu connu, j’ai aimé son caractère perçu par certains comme roide, intransigeant dans ses convictions, dénué de toute démagogie. Ce qui est sûr est que pour tous, cet homme a été un inconnu qui a laissé ceux qu’il a quittés et qui l’aimaient dans un définitif et insurmontable mystère.

I have a dream

Je fais un rêve. Cette décence unanime à l’égard d’Olivier Marleix et de son geste apparemment imprévisible, serait-il donc impossible qu’elle se manifestât, certes sur un autre mode, à l’égard des vivants ? En considérant déjà cette élémentaire fraternité qui devrait réunir tous les mortels dans leur conscience d’être périssables, et qui pourrait dominer tous les antagonismes conjoncturels ?

A relire: Olivier Marleix (LR): « Aucune réforme des retraites n’a jamais été populaire »

Pourquoi la politique, ses fureurs, ses humeurs, ses oppositions, cette manière qu’elle a de défigurer le dialogue démocratique en haine et en guerre, pèsent-elles tellement, face à notre dure condition humaine humaine en partage ? Ce sentiment ne couvrirait pas d’un baume absolu les oppositions partisanes ni les affrontements idéologiques mais les atténuerait par ce relativisme pacificateur…

Bilger, l’humain d’abord ?

Ce ne serait pas tomber dans le classique « chacun a ses raisons » mais user de la précaution de se rappeler que Jean-Luc Mélenchon, par exemple, est d’abord une histoire qui souvent l’explique, parfois le justifie, quelquefois le condamne, une sensibilité et un humus qui mettent naturellement à mal toutes ses constructions révolutionnaires théoriques. Emmanuel Macron n’est-il pas, plus que tout autre, l’incarnation d’une structure intime, d’un paysage subtil qui dessinent ce qui semble être une rationalité mais relève bien davantage d’une étrangeté ? Cette vision priorisant le souffle, les corps et les battements du cœur est susceptible de s’appliquer à tous ceux qui ont une parcelle d’autorité entre les mains, des présidents aux petits chefs, des dictateurs aux démocrates.

Il ne s’agit pas en permanence de faire passer l’humain qui rassemble et qui fait qu’on se ressemble, avant les joutes intellectuelles et les débats vigoureux et antagonistes mais de savoir les arrêter, dans leur intensité et leur tonalité, quand ils oublient les hommes ou les femmes qui y participent. Il ne serait pas grotesque de ne jamais oublier, où qu’on soit, la solidarité que créent inéluctablement nos faiblesses, nos fragilités et les sources subjectives nées de nos êtres, par rapport au dissensus constant qu’engendre une politique de postures et d’éclats.

Je ne vois pas au nom de quoi les vivants globalement entendus ne mériteraient pas, d’emblée et pour échapper à toute dérive, le respect que devraient inspirer une fortune et une infortune communes : hommes et femmes, on vit puis on meurt !

Bayeux, Buckingham, tapisserie et nouvelle alliance

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10, Downing Street, Londres, aujourd'hui © GONZALO FUENTES-POOL/SIPA

À Londres, entre les calèches, les tapis rouges et la tapisserie de Bayeux, la France et le Royaume-Uni ont transformé l’Entente Cordiale en Entente Amicale – avec un soupçon de géopolitique et un panier gourmand en bonus. Résumé d’une visite historique.


Info. Notre directeur adjoint Jeremy Stubbs proposera demain une analyse politique de la visite d’Etat de M. Macron en Grande Bretagne dans le prochain épisode de notre podcast.


Dans un discours solennel devant les deux chambres du Parlement britannique, mardi, le président Macron a célébré le retour de relations plus étroites entre Paris et Londres, tout en appelant à une plus grande autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. Le président français Emmanuel Macron a lancé un appel appuyé au Royaume-Uni pour reconnaître l’État de Palestine et renforcer le soutien à l’Ukraine, à l’occasion de sa visite d’État outre-Manche — la première d’un chef d’État européen depuis le Brexit.

Invité par le roi Charles III pour une visite officielle de trois jours (du 8 au 10 juillet), le président français a été accueilli en grande pompe par la famille royale. Après avoir été reçu par le prince William et la princesse Catherine, il a rejoint le château de Windsor en calèche, dans un décor emprunté aux fastes de la monarchie.

Le 8 juillet 2025, sous un ciel londonien tantôt gris, tantôt percé d’un soleil timide, Emmanuel Macron foulait le tapis rouge déroulé au pied du château de Windsor. Accompagné de Brigitte Macron, il était accueilli en grande pompe par le roi Charles III, dans une cérémonie où faste monarchique et modernité se mêlaient avec élégance. Le cliquetis des sabots sur les pavés résonnait comme un écho venu du passé, rappelant que l’histoire continue de s’écrire — de Bayeux à Buckingham.

Un discours d’unité

Au Parlement, Macron a plaidé pour un renouveau de la coopération franco-britannique, en particulier sur les dossiers cruciaux de la défense, du climat, de l’immigration et du commerce.

« Le Royaume-Uni et la France doivent, une fois de plus, montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence », a-t-il déclaré en anglais. « La seule manière de surmonter les défis de notre époque est d’avancer ensemble, main dans la main, épaule contre épaule. »

Le chef de l’État a réaffirmé que l’Europe ne « tournerait jamais le dos à l’Ukraine » face à l’agression russe, tout en exigeant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza.

Ce discours a marqué un tournant symbolique, à l’heure où le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer œuvre à restaurer des liens apaisés avec les alliés européens, après des années de tensions post-Brexit.

Une « entente amicale »

Mardi soir, le roi Charles a offert un banquet d’État au château de Windsor en l’honneur du couple Macron. Quelque 160 invités — diplomates, figures politiques et personnalités comme Mick Jagger ou Elton John — étaient présents.

Dans son discours, le souverain britannique a salué le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-britanniques. Il a proposé de faire évoluer la traditionnelle « Entente cordiale » de 1904 en une « entente amicale », scellant une coopération renouvelée et apaisée entre les deux nations.

Un geste hautement symbolique a été annoncé : la France prêtera au Royaume-Uni la célèbre tapisserie de Bayeux — chef-d’œuvre du XIe siècle — pour un retour exceptionnel sur le sol britannique, plus de 900 ans après sa création. En échange, Londres mettra à disposition de Paris une sélection de trésors anglo-saxons et vikings.

Diplomatie, défense et migration

Mercredi, les affaires politiques ont pris le dessus. Emmanuel Macron a été reçu au 10 Downing Street par Keir Starmer et son épouse Victoria, aux côtés de Brigitte Macron. Les discussions ont porté sur les grandes priorités bilatérales : migrations, défense, investissements.

Malgré les différends persistants liés aux conséquences du Brexit — notamment sur la gestion des migrants traversant la Manche à bord de petites embarcations —, Londres et Paris s’efforcent de bâtir une réponse commune, avec l’hypothèse d’une force militaire conjointe pour soutenir l’Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Sommet franco-britannique : enjeux cruciaux

Ce jeudi, Emmanuel Macron et Keir Starmer ouvriront le 37e sommet franco-britannique à Londres. Une série de discussions est prévue, avec un objectif clair : sceller un accord pour limiter les traversées illégales de la Manche.

Il s’agirait d’élaborer un nouveau mécanisme de dissuasion, selon Downing Street, qui a confirmé en début de semaine un consensus sur la nécessité d’un changement d’approche. Le sommet devrait également aboutir à des engagements renforcés en matière de défense, en particulier vis-à-vis du conflit ukrainien.

Les deux dirigeants participeront à une réunion de la « coalition des volontaires », aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, du chancelier allemand Friedrich Merz et de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Ils y discuteront de l’augmentation de l’aide militaire et de la pression diplomatique à exercer sur la Russie.

Vers un accord migratoire inédit ?

Starmer espère qu’un soutien britannique accru à l’Ukraine incitera la France à envisager un nouveau type d’accord migratoire, basé sur un principe d’échange : chaque demandeur d’asile renvoyé vers la France serait compensé par l’accueil d’un réfugié ayant un dossier légitime.

Une proposition ambitieuse, dans un contexte tendu : le Royaume-Uni a enregistré un nombre record de traversées illégales au cours du premier semestre 2025, et le Parti travailliste est concurrencé dans les sondages par la droite dure de Nigel Farage.

Mais Paris reste prudent. La France a jusque-là refusé un tel accord bilatéral, arguant que le Royaume-Uni devrait négocier avec l’ensemble des membres de l’Union européenne.

Une visite au carrefour des intérêts franco-britanniques

Au-delà du faste protocolaire et des discours enflammés, la visite d’État d’Emmanuel Macron à Londres s’inscrit dans un contexte chargé de défis partagés, mais aussi d’opportunités renouvelées.

Il s’agit d’abord d’un moment crucial pour tourner la page d’un Brexit qui a laissé des traces, en affirmant que la souveraineté britannique et française, loin d’être antagonistes, sont en réalité profondément imbriquées et interdépendantes. Le président français a rappelé que, dans un monde incertain, la France et le Royaume-Uni doivent unir leurs forces pour éviter de retomber dans les dépendances « excessives » aux grandes puissances comme la Chine ou la Russie.

Parmi les dossiers épineux, la question migratoire illustre bien la complexité des relations bilatérales. La traversée clandestine de la Manche cristallise les tensions, mais aussi l’urgence d’une coopération renforcée. Macron n’a pas éludé cette réalité, appelant à un partage de responsabilités, qui dépasse les frontières et réclame des solutions concertées.

Dans le même temps, le soutien commun à l’Ukraine offre un terrain fertile à un rapprochement stratégique. En formant une coalition de volontaires pour défendre Kiev, Paris et Londres signent une alliance militaire inédite depuis longtemps. Cette union s’appuie aussi sur une complicité plus intime, liée au statut partagé de puissances nucléaires et de membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Deux « États jumeaux » qui, malgré les différends, savent conjuguer leurs forces face aux défis contemporains.

Enfin, la visite a mis en lumière la puissance discrète mais réelle du soft power britannique. La monarchie, véritable aimant diplomatique, offre à Macron un cadre de prestige exceptionnel, rappelant à tous la profondeur et la richesse des liens qui unissent la France à son voisin.

Diplomatie en habits de courtoisie : les présents de Macron à Charles III

À travers un opéra de Debussy, une trompette de la Garde Républicaine, un coffret d’aquarelles Sennelier et un panier gourmand mêlant miel et douceurs françaises, Macron a offert plus que des présents : une véritable conversation silencieuse avec Charles III. Ces offrandes, entre musique, art et nature, incarnent la diplomatie en habits de courtoisie. De la musique aux abeilles, ces cadeaux disent plus qu’un discours : ils parlent d’attention, de connivence et de respect mutuel…