Des rites auxquels le peuple de France pouvait être attaché, il en reste au moins un. Peut-être bien le dernier. Le Tour de France, la Grande Boucle. Les Trois Glorieuses, trois semaines d’une épopée au cours de laquelle la France a rendez-vous avec la France, ses paysages, ses villes, ses monuments, ses populations, ses fortes chaleurs, ses pluies diluviennes, ses vents contraires. Et, chemin faisant, son histoire, épicée en la circonstance de symboles à foisons. Le calvaire des sans grade à l’Alpe d’Huez ou au Mont Ventoux, les mornes plaines des étapes dites de transition, Waterloo d’ennui pour les escalateurs forcenés, les poids ultra-légers de la grimpette, mais aussi le triomphe à la romaine des sprinters sur les larges avenues des villes littéralement en pavoison pour la circonstance. Avec cela, le plus grand salon au monde – à ciel ouvert – du camping-car et du penta-court réunis. Porté sur bedaine prospère de préférence, le penta-court. L’apéro aux senteurs anisées à ras le bitume fumant, une espèce de rite dans le rite. On n’a plus Yvette Horner et son accordéon, les anquetiliens en querelle quasi byzantine avec les poulidoristes. En effet, nous n’avons plus droit à ces joyeusetés-là. Nous le déplorons. L’ambiance bistrot s’en ressent. La France, ces dernières décennies, serait plutôt aux vainqueurs absents. Cependant, il faut y croire encore. Cette fois-ci, la der des der se jouera peut-être au sommet. En bleu blanc rouge ? Faisons un rêve. Le sommet, la Butte Montmartre, bien sûr. Après Vercingétorix du côté du Puy de Dôme, le Gavroche façon Poulbot au Sacré Cœur. Oui, sacré périple au cœur de France, que cette boucle-là. Une victoire française en apothéose de la campagne de France le 27 juillet, voilà qui sonnerait pour beaucoup comme une nouvelle prise de la Bastille. Un 14-juillet de Fête nationale décalé d’une quinzaine. Marianne fermerait sûrement les yeux sur cette innocente entorse. La Bastille prise cette fois sans effusion de sang. Seulement de sueur. Et de larmes de plaisir.
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Trois semaines de roman Nntional, voilà le fond du fond de l’affaire. Grâce à cette internationale du braquet, grâce à la force du mollet de ces héros à casaques chamarrées, surgissant parfois de ce diable vauvert, si cher au dinosaure Zitrone, et recevant au bout de l’effort le bouquet, la bise et les bravos de la victoire. Héros trop blancs que ces forçats du guidon, nous dit-on, pour plaire à tout le monde, vraiment tout le monde, y compris Monsieur Mélenchon et ses porte-bidons créolisés. Dommage. Et tant pis pour ceux-là.
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