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Dénigrez-moi!

Le président d’Avocats sans frontières réagit aux plaintes qui viennent d’être déposées par les groupes France Télévisions et Radio France auprès du tribunal des affaires économiques contre CNews, Europe 1 et le JDD pour « dénigrement ».


Ainsi, l’odieux visuel public, qui a le cuir sensible, a décidé de saisir la justice d’un crime de lèse-majesté commis contre son auguste personne par CNews et consorts. On l’aurait exagérément critiqué depuis que les sieurs Cohen et Legrand ont été pris en flagrant délit de conciliabules avec des éminences rouges dans un bouge. CNews en aurait trop fait son miel et son fiel. Il se trouve qu’ayant supplié depuis des lustres cette maison, dans laquelle je chronique pour survivre modestement, de ne plus accepter d’être maudite sans mot dire, j’ai une parfaite remembrance des injures, insultes, diffamations et autres malédictions qu’elle a reçues de la part des chaînes d’État.

C’est ainsi, pêle-mêle, que je me remémore les émissions combien polluantes de Sonia Devillers contre CNews en général et certains de ses chroniqueurs en particulier.

Dès juillet 2019, dans son « Instant M », elle émet un billet fort critique, taxant la télévision maudite de « surenchère sécuritaire ».

Puis en octobre de la même année, elle reçoit deux journalistes de Libération et la conversation, une fois encore, est consacrée à la chaîne privée abhorrée, accusée de « droitisation ». Après force critiques, dame Devillers Sonia prie ses deux invités de jeter à la vindicte publique la liste des individus « très à droite, voire à l’extrême droite » qui interviennent sur CNews. Sans se faire prier, nos deux délateurs distingués désignent Ivan Rioufol, Charlotte d’Ornellas, Gabrielle Cluzel…. et Lévy et Goldnadel.

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J’ai beau avoir bon caractère, venant de mère Devillers, j’avoue l’avoir amère. La dame patronnesse antiraciste, dont l’esprit ne m’a jamais frappé violemment, a en effet trouvé le moyen, lors d’une émission où elle avait invité un militant de l’OLP, de considérer Jean Genet comme « un écrivain merveilleux ». Tellement merveilleux que le sulfureux admirait, et pas seulement sexuellement, les beaux SS d’Allemagne et les magnifiques terroristes de Palestine. Seulement, le soufre antisémite d’extrême gauche n’a jamais indisposé les narines de la radio de sévices publics. C’est à ce stade terminal que j’ai aperçu les limites de mon humour judaïque.

Mais cessons de fantasmer sur Sonia. Une pensée pour Fady Hossam Hanona, journaliste chez la petite sœur France 24, qui a écrit vouloir « brûler les juifs, comme Hitler », et qui est toujours appointé par elle.

Et une dernière pour Nora Hamadi, nouvelle préposée à la revue de presse d’Inter, qui apporta son soutien à Rima Hassan à peine quelques jours après le septième jour maudit du dixième méchant mois, en tweetant l’image d’un poing rageur.

Non vraiment, je ne puis plus accepter ce service public audiovisuel qui s’autorise à couvrir de fange ses adversaires et qui ne supporte pas le moindre postillon en retour.

En conséquence, c’est décidé, j’appelle mon avocat, il est très bien.

Et je le recommande à dame Élisabeth.

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La politique victimaire et la guerre civile à bas bruit

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Il faut regarder notre époque avec l’œil glacé de celui qui sait que tout s’effondre lentement, dans un silence trompeur, entre éclats d’indignation et rumeurs médiatiques. La France, ce pays chargé de mémoire et de gloire, n’est plus qu’un théâtre où s’affrontent, à mots couverts, deux visions du monde. Ce qui se présente comme un progrès de l’antiracisme, du féminisme ou encore de la conscience écologique, comme une avancée morale, n’est qu’un front parmi d’autres dans une guerre civile à bas bruit, une guerre dont le terrain est celui des consciences, des institutions et des mots mêmes.

L’ère de la victimisation

La figure de la victime a pris une puissance insoupçonnée. La douleur, réelle ou supposée, est devenue un instrument de pouvoir. Une militante propulsée égérie d’une marque de luxe, un professeur congédié pour avoir interrogé les dogmes du moment, des institutions paralysées par la peur de l’accusation : ce n’est pas une anecdote, c’est un signe. La plainte vaut reconnaissance, l’injure proclamée vaut ascension sociale, et la repentance des élites sert de marchepied à ceux qui savent transformer le ressentiment en avantage.

Charles Rojzman vient de publier « La société malade », FYP éditions, 224 pages.

Dans ce monde, la compétence et la pensée cèdent la place à la performance de la souffrance. L’université, les médias, les institutions ne sont plus des lieux de savoir ou de débat, mais des sanctuaires où règne l’indignation codifiée. La nuance est suspecte, la contradiction est criminelle. On n’évalue plus les idées ; on jauge la blessure supposée de celui qui les exprime. Et quiconque échappe à cette logique est disqualifié, isolé, parfois réduit au silence.

Derrière cette mécanique, des stratégies bien plus anciennes se dessinent. D’autres sociétés ont depuis longtemps compris que la douleur historique peut devenir un capital politique : des régimes qui transforment leurs traumatismes en instruments de contrôle ; des mouvements qui font de la victimisation un moyen de cohésion et de pouvoir. Ici, le processus est plus feutré, plus subtil, mais tout aussi efficace. La gauche radicale française, en particulier, a fait de l’occupation des souffrances minoritaires un mode de gouvernance culturelle et symbolique. Les institutions sont investies, les récits réécrits, les repères traditionnels contestés, le pays représenté comme un oppresseur permanent.

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C’est dans ce cadre que la France insoumise a trouvé son terrain d’élection : elle a élevé la « cause palestinienne » au rang de matrice victimaire universelle. Non pas par souci géopolitique, ni même par solidarité véritable, mais parce que la Palestine offre le modèle parfait — infiniment exportable — d’un peuple sacralisé par la souffrance, opposé à un oppresseur diabolisé, schéma binaire dont elle se sert pour relire toute la société française. La France insoumise ne parle pas de la Palestine : elle s’en sert. Elle en fait un drapeau intérieur, un levier pour refaçonner les loyautés au sein des quartiers, pour rallier les colères disponibles, pour installer l’idée que la République elle-même est l’oppresseur systémique, la transposition locale de l’« occupant ».

Une mécanique puissante

Ainsi, la question israélo-palestinienne cesse d’être un conflit lointain : elle devient l’armature imaginaire d’une guerre civile française fantasmée, où l’insoumission recycle les catégories géopolitiques dans le champ moral intérieur. La figure du Palestinien souffrant devient l’emblème absolu de toute lutte : une bannière qui permet d’excommunier, de menacer, de rejeter hors du champ démocratique quiconque ose nuancer, contextualiser, penser autrement. Ce transfert symbolique est l’un des mécanismes les plus puissants de la politique victimaire contemporaine.

Dans ce contexte, se joue une guerre civile à bas bruit : non avec des armes visibles, mais avec des accusations, des ostracismes, des stratégies de mise au pas morale. Les salles de classe, les médias, les tribunaux de l’indignation sont les champs de bataille. Les blessures symboliques remplacent les blessures physiques. Les discours victimaire et de réparation deviennent des instruments de pouvoir, des instruments de transformation de la société, des instruments de conquête des institutions.

La France insoumise le sait et y excelle : elle transforme les affects, les chagrins et les humiliations supposées en armes de coalition, en outils d’intimidation, en discipline interne. Elle impose, par la charge émotionnelle, un ordre moral qui n’a plus rien de démocratique : un ordre inquisitorial fondé sur la sacralisation de la souffrance et la culpabilité de l’autre.

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Cette guerre est lente, diffuse, mais déjà efficace. Elle redessine les hiérarchies, elle reconfigure les loyautés, elle fait plier des vies entières à la logique de l’offense permanente. Elle ne se mesure pas au fracas des armes mais à l’érosion du langage, à la confiscation du droit de nommer les choses, à la paralysie de ceux qui veulent encore penser par eux-mêmes.

La France se tient alors dans un état d’équilibre fragile, oscillant entre mémoire et renoncement, fidélité et oubli, continuité et dissolution. Les forces qui s’y opposent ne sont pas héroïques : elles persistent dans l’ombre, elles tiennent aux marges, elles gardent le silence et la pensée intacte, souvent invisibles mais déterminantes. Elles sont la trace d’un pays qui, même sous l’assaut des nouvelles orthodoxies, conserve encore quelque souffle, quelque capacité à demeurer lui-même.

Ainsi se déploie notre époque : entre la politique victimaire qui dicte les formes, la restructuration silencieuse des institutions, l’usage opportuniste des souffrances du monde — Palestine en tête — et la guerre diffuse qui s’y joue. Les armes sont invisibles, les fronts sont souterrains, mais le combat existe — un combat qui redéfinit la France, ses symboles, ses récits, et la place de chacun dans le monde.

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Quand la charia se fait une beauté

Le halal ne se cantonne plus aux étals des rayons alimentaires. Le marché des vêtements et des produits cosmétiques conformes aux prescriptions de l’islam est en plein essor et tout le monde veut sa part du gâteau, des sites made in China aux maisons de haute couture européennes.


À quoi ressemblera la femme française dans cinquante ans ? À une héritière de Brigitte Bardot, libre, audacieuse, cheveux au vent et rouge à lèvres éclatant ? Ou à une ombre silencieuse, austère, tête couverte et silhouette camouflée ? Si la question se pose aujourd’hui, c’est que le halal gagne chaque jour davantage de terrain dans notre pays et qu’il ne se cantonne plus aux étals des boucheries et des grandes surfaces alimentaires. Il se décline à présent dans les rayons mode et beauté. Et s’infiltre dans la garde-robe et la salle de bain de nombre de nos concitoyennes.

Mode « modeste »

Dans le jargon de la grande distribution, ce phénomène porte un nom : la « modest fashion ». Manière politiquement correcte de désigner les habits et les produits cosmétiques conformes aux prescriptions de l’islam. Toute une panoplie censée obéir au verset 26 (« la pudeur fait partie de la foi ») de la sourate du Coran dite « Al-Arâf » (« La Muraille »), dans laquelle il est annoncé que, lors du Jugement dernier, une barrière séparera les bons musulmans, qui seront sauvés, du reste de l’humanité, qui sera damnée.

Zalando, Uniqlo, H&M, Décathlon, Marks & Spencer : la plupart des grandes marques commercialisent désormais des gammes de modest fashion. Il faut dire que le marché mondial du vêtement islamique est colossal. En 2025, selon le cabinet de conseil en marketing new-yorkais DinarStandard, il représentera environ 350 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 15 % par an. Et en France, d’après un récent sondage IFOP, 31 % des femmes musulmanes déclarent porter le voile (45 % quand elles ont moins de 25 ans), contre 19 % en 2003.

Les grands sites de e-commerce ont eux aussi flairé le bon filon. Chez le Chinois Shein, les abayas commencent à la taille 2 ans, tandis que dans le catalogue de son concurrent Temu, il existe des modèles à moins de dix euros. Mais les meilleurs fournisseurs restent bien sûr les boutiques en ligne spécialisées, comme Dar Al Iman, basée à Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui propose par exemple l’ensemble « Mon cocon d’hiver », composé d’une étole à carreaux gris, dont l’esthétique évoque davantage la grille de prison que le tartan écossais. Détail intéressant : le visage du mannequin qui porte le modèle sur le site a été soigneusement gommé à la palette graphique. Une invisibilisation pour satisfaire le public intégriste, selon qui une femme convenable a certes le droit de sortir de chez elle, mais à condition d’exprimer une certaine honte dans sa mise et d’effacer tout ce que son apparence peut renvoyer non seulement de sexuel, mais aussi de sexué et même de naturel, et ce dès le plus jeune âge.

La haute couture ne néglige pas le bon filon

La haute couture n’est pas en reste. En 2016, les créateurs milanais Dolce & Gabbana ont lancé une collection de hijabs. En 2021, leur compatriote Valentino a présenté 15 références d’abayas. Aujourd’hui, c’est le Florentin Roberto Cavalli qui propose des caftans épurés. Sur Instagram, des influenceuses voilées connues sous les pseudonymes « OumMinimalist », « Rriihhaab » ou « NourAndNissa », et même l’homme d’affaires qui se fait appeler « Hattek.hb3 » encouragent à monter des « business » autour du foulard islamique, et diffusent des tutoriels où l’on apprend aux jeunes femmes comment choisir sa tenue au gré des circonstances, notamment quand elles sont en présence de « mahrams », ces messieurs avec qui, dans le mode de vie islamique, une certaine mixité est permise car ils appartiennent à l’entourage proche validé par le chef de famille.

Le mouvement de la mode halal est si puissant qu’il s’est même invité l’automne dernier en plein quartier du Marais, haut lieu bobo et gay-friendly de la capitale. À l’occasion du ramadan, la marque de modest fashion Merrachi, créée par une jeune Néerlandaise d’origine marocaine, a ouvert une boutique « pop up » rue de Turenne à Paris et annoncé l’événement dans un clip vidéo où la tour Eiffel s’est retrouvée enveloppée d’un hijab géant tandis qu’un slogan, ne laissant aucun doute quant à l’intention militante de l’opération, proclamait : « Le gouvernement français déteste voir Merrachi arriver. » Aussitôt, des queues immenses de femmes voilées se sont formées devant l’adresse éphémère. On se serait cru à Téhéran ou à Kaboul. Opération réussie. Obscurantisme : 1, République : 0.

Le marché mondial de la cosmétique halal est lui aussi en plein boom. Il dépasse aujourd’hui 78 milliards d’euros par an et pourrait atteindre 120 milliards d’ici 2027. En France, les marques Khadija, Alhalal Cosmetics et France BioHalal figurent parmi les plus célèbres sur ce segment, tandis que le magasin chic Hasna, sur les Champs-Élysées, importe des produits de beauté venus d’Asie et du Golfe. Autour de cette offre s’est organisé un solide écosystème, avec ses maquilleuses « compatibles », ses esthéticiennes certifiées « conformes » et ses médias dédiés comme Gazelle, revue féminine qui conjugue hijab et mascara.

Cocorico, dans ce secteur très lucratif, un industriel français s’est taillé une part du lion : la société IPRA Fragrance, basée près de Grasse, la Mecque, si l’on ose dire, de la parfumerie mondiale. Sans alcool ni graisses animales, ses huiles essentielles sont certifiées halal par la Grande Mosquée de Paris, qui prélève en échange 1 % du chiffre d’affaires. Ces extraits se retrouvent dans des flacons à bille de 5 ml – aux noms inspirants comme « Sultan », « Baraka » ou « Tahara » – qui sont vendus pour quelques euros sur MuslimShop ou CDiscount, et qui contiennent le plus souvent du musc, car selon la tradition, « la sueur de Mahomet sentait le musc ».

Et les féministes dans tout ça ? Si promptes à s’indigner face à aux publicités trop « stéréotypées » ou aux jouets trop « genrés », elles se montrent curieusement beaucoup plus discrètes quand il s’agit de condamner l’évidente domination masculine à l’œuvre dans la modest fashion. D’où vient le silence coupable des progressistes devant l’inquiétante prétention patriarcale des barbus à codifier le look des femmes ? Lâcheté, bêtise ou hypocrisie ? Il n’est hélas pas impossible que les trois explications se cumulent.

La France à 15 heures: chronique d’une paupérisation méthodiquement organisée

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On se demande sincèrement quel moustique a piqué Aymeric Caron pour qu’il en arrive à proposer la semaine de travail de 15 heures.


Un moustique exotique, sans doute. Un moustique nourri aux slogans, porteur d’une fièvre idéologique particulière : celle qui consiste à croire qu’un pays peut fonctionner en travaillant moins, en produisant moins, en gagnant moins… tout en dépensant beaucoup plus.

Il ne s’agit pourtant ni d’une boutade, ni d’un happening militant, ni d’un poème sur le temps libéré, mais bien d’une proposition politique sérieuse. Sérieuse au sens administratif du terme: elle mérite donc d’être prise au mot. Calmement. Méthodiquement. Jusqu’au bout de sa logique.

L’hôpital à 15 heures : soigner en théorie

Commençons par un secteur marginal : l’hôpital. Si infirmières, médecins, aides-soignantes, kinésithérapeutes et agents de surface hospitalière travaillent 15 heures par semaine, leur temps de présence est mécaniquement réduit de près de 60 %. Pour maintenir le même niveau de soins, il faudra donc multiplier les effectifs par deux ou trois. Ce n’est pas une opinion politique, c’est une règle de trois. Mais embaucher ne suffit pas. Il faut former. Or les formateurs, eux aussi, ne travailleront que 15 heures par semaine. Ils ne pourront donc former qu’une fraction des futurs soignants. Il faudra donc recruter davantage de formateurs, former ces formateurs, recruter des formateurs chargés de former les formateurs formant les soignants. La formation devient donc l’activité centrale de l’hôpital. Le soin devient une perspective.

Pour accueillir ces cohortes en formation, il faudra agrandir les instituts, créer de nouvelles salles, multiplier les structures pédagogiques, augmenter les capacités logistiques. Autrement dit : construire.

Le BTP à 15 heures : bâtir l’impossible

Ces bâtiments devront être construits par des ouvriers du BTP soumis, eux aussi, à la semaine de 15 heures. Leur productivité étant mécaniquement divisée, il faudra recruter massivement. Mais ces ouvriers devront être formés. Par des formateurs du BTP travaillant 15 heures par semaine.

Il faudra donc recruter davantage de formateurs du BTP, former ces formateurs, recruter des formateurs chargés de former les formateurs du BTP, puis former les formateurs de formateurs, eux aussi limités à 15 heures. Les bâtiments nécessaires à la formation des ouvriers ne pourront être construits qu’une fois les ouvriers formés, par des formateurs formés, dans des bâtiments à construire. Le BTP ne sera pas paralysé : il sera pédagogiquement saturé.

Les administrations à 15 heures : administrer l’absence

Généralisons maintenant la proposition d’Aymeric Caron à l’ensemble des administrations : impôts, CAF, justice, préfectures, collectivités territoriales.

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Avec des agents travaillant 15 heures, la capacité de traitement des dossiers s’effondre. Pour maintenir les délais — déjà largement théoriques — il faudra tripler les effectifs. Ces agents devront être formés par des cadres travaillant 15 heures, eux-mêmes formés par d’autres cadres travaillant 15 heures. Il faudra donc recruter des cadres, former ces cadres, recruter des cadres chargés de former les cadres chargés de former les agents chargés de traiter des dossiers qui ne seront jamais clos.

L’administration ne disparaît pas. Elle devient auto-référencée, circulaire, kafkaïenne : chacun forme quelqu’un qui n’est pas encore là, pour un service qui n’est plus rendu, dans un bâtiment qui n’existe pas encore.

Un pays qui ne travaille plus et ne paie plus d’impôts

Tout cela a un coût. Un coût public colossal. Plus de personnels, plus de formations, plus de bâtiments, plus de cadres, plus de structures. Mais le cœur du problème n’est pas seulement la dépense. Il est fiscal. Avec une semaine de 15 heures, il ne s’agit pas simplement que les Français paient moins d’impôts. Il s’agit du fait que la grande majorité d’entre eux n’en paiera plus du tout.

Des salaires amputés, des revenus divisés, des millions de Français mécaniquement sortis de l’impôt sur le revenu. La base fiscale ne se contracte pas : elle disparaît. Reste alors une minorité de hauts revenus, quelques grandes entreprises, quelques acteurs économiques encore solvables. Ils devront compenser le manque à gagner devenu abyssal. Ils seront donc surtaxés. Toujours plus. Et c’est ici que le dernier étage s’effondre. Les hauts revenus partiront. Les grandes entreprises délocaliseront. Les capitaux quitteront le pays. Non par idéologie, mais par simple logique économique.

On ne retient pas la richesse par décret. On ne taxe pas indéfiniment ce qui est mobile pour financer ce qui ne produit plus rien. On ne fait pas fonctionner un pays en punissant ceux qui travaillent encore. La semaine de 15 heures ne redistribue pas la richesse : elle organise sa fuite, puis son évaporation.

La spirale finale : la pauvreté comme horizon

Moins de travail. Moins de production. Moins de revenus. Moins d’impôts. Plus de dépenses publiques. Plus de taxes sur une base de plus en plus étroite. Plus de départs. Encore moins de recettes. Ce n’est pas une dérive. C’est une spirale parfaitement cohérente.

La proposition d’Aymeric Caron ne vise pas une société plus juste. Elle vise une société uniformément appauvrie, où la pauvreté devient une valeur morale, presque un projet politique. Un pays où l’on travaille peu, où l’on produit peu, où la majorité ne paie plus d’impôts, où ceux qui pourraient encore en payer partent et où l’État, privé de ressources, continue pourtant de grossir.

Conclusion : l’expérimentation raisonnable

Il existe pourtant une solution raisonnable, prudente, expérimentale.

Puisque la semaine de 15 heures semble tant séduire son auteur, commençons modestement. Par une expérimentation à petite échelle. Proposons à M. Aymeric Caron une formation élémentaire en économie, limitée à 15 heures par semaine, bien entendu. Observons les résultats, calmement, à son échelle, sur quelques années. Si cette formation permet de comprendre qu’on ne finance ni un hôpital, ni un État, ni des services publics avec du temps libre, des revenus inexistants et des contribuables en fuite, on pourra toujours en tirer des enseignements.

Et si ce n’est pas le cas, on aura au moins évité de transformer la France entière en terrain d’expérimentation idéologique. La prudence, en matière sociale et économique, consiste parfois à ne tester la pauvreté que sur un seul cobaye, plutôt que de la généraliser à tout un pays.

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Antifa, la stratégie de la violence

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L’Amérique de Donald Trump et la Hongrie de Viktor Orbán ont récemment classé les antifa comme une organisation terroriste. En France, le député LFI et fondateur du groupuscule la Jeune Garde (dissous en juin 2025) Raphaël Arnault a été définitivement condamné pour violences volontaires par le tribunal correctionnel à Lyon.


La revue « Frontières » d’Erik Tegner consacre un numéro spécial à la mouvance.

De la simple intimidation à l’assassinat politique, en passant par les appels aux employeurs pour les inciter au licenciement, les menaces physiques ou l’enlaidissement de l’espace public par les tags et les collages, la stratégie des Antifa est bien huilée : il faut déshumaniser, mettre au ban de la société, réduire au silence celui qui est désigné comme ennemi politique. Et peu semble leur importer que l’extrême droite a aujourd’hui pratiquement disparu, en dehors de quelques néo-nazis réduits à la marginalité, la cible revêt d’autres visages : celui du militant de droite qui défend son identité contre ce qui la menace, de la féministe qui rappelle que l’immigration n’est pas une avancée pour le droit des femmes, du citoyen qui affiche son drapeau national, du journaliste de CNews ou de l’essayiste qui soutient, science à l’appui, qu’il existe deux sexes. 

Ne succombons pas à la tentation de nous-mêmes déshumaniser les Antifa en insistant trop sur leur apparence de hères un peu crado, leur inculture proverbiale ou leur regard que l’excès de marijeanne a rendu vitreux. N’ergotons pas trop longtemps non plus sur le fait que la morale de vaincus qu’ils défendent provient du fait qu’ils sont sans doute incapables de faire leurs les vertus qui leur permettaient d’être à la hauteur des enjeux de leur époque, de trouver un travail rémunérateur avec leur seul diplôme de sociologie ou de se lever dès potron-minet pour soulever de la fonte ou courir dans les sous-bois. Et, au passage, cessons de répéter en boucle l’aphorisme de Winston Churchill sur les fascistes de demain.

A lire aussi: Andy Ngo: un inflitré chez les antifas

Si tout cela est vrai en grande partie, prenons les Antifa pour ce qu’ils sont : des militants d’extrême gauche qui n’hésitent pas à faire usage de la violence. Et c’est précisément là que se trouve la frontière entre ce qui relève ou non de la liberté d’expression. En la matière, la liste de leurs actions que l’on qualifiera de brutales est longue comme leur bras se terminant par un poing serré. On gardera bien sûr éternellement en mémoire l’assassinat de Charlie Kirk à la fin de l’été par un militant qui avait pris le soin d’aposer les trois flèches dirigées vers le bas sur les balles. Dans les semaines qui ont suivi, l’essayiste français Raphaël Enthoven, sans doute trop juif à leurs yeux, fut interdit de conférence à Bruxelles ; un pavillon de chasse princier a été incendié près de Ratisbonne en Allemagne ; un hommage à Lola fut violemment perturbé. Et on en passe : agressions fréquentes des colleurs d’affiches de droite, coups portés aux militantes de Nemesis en dépit de la plus élémentaire morale en vertu de laquelle on ne frappe jamais une femme, menaces à peine voilées émises par des députés LFI, pressions pour faire annuler les banquets du Canon français, usage intempestif d’œufs et de farine…

Depuis que la gauche a délaissé les classes populaires, l’antifascisme fait office de liant idéologique alors qu’elle semble perdue dans l’intersectionnalité de ses luttes. Dans la Belgique francophone de moins en moins démocratique, les militants de l’antifascisme sont même le bras armé du pouvoir socialiste. Afin de justifier l’interdiction de réunions publiques du parti Chez Nous, les bourgmestres de gauche prétextaient de possibles troubles à l’ordre public, provoqués non pas par les militants de la formation patriote, mais par les extrémistes de gauche menaçant de tout venir casser. Tout le monde connaît le poème de Martin Niemöller ponctué de façon déchirante : « quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». C’est désormais les membres du MR, parti de centre-droit jamais en reste pour ostraciser une prétendue extrême droite, qui sont pris pour cible en Wallonie.

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Agissant par petites meutes capables de se mobiliser rapidement grâce aux messageries cryptées et actifs aussi bien dans la rue qu’ils pensent maîtriser que dans certains stades de football (Marseille, Sankt-Pauli, Liège…),  les Antifa, connaissant d’autant mieux les failles du système qu’ils en sont les garde-chiourmes, appliquent une guérilla du riche, celle où tout le monde retourne dans ses pénates à la fin de la journée avec à peine quelques égratignures soignées au mercurochrome. Évidemment, il sera difficile de dissoudre ce qui relève davantage de la mouvance que d’un mouvement structuré. Mais le rôle et la noblesse du politique sont justement de rendre l’action possible ; l’Amérique de Donald Trump ou la Hongrie de Viktor Orbán ont d’ailleurs franchi le pas en classant les Antifa comme organisation terroriste. 

🎙️ Podcast: L’union des droites est possible, l’analyse de Philippe Bilger

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Avec Philippe Bilger et Jeremy Stubbs.


Dans son nouveau livre, Nicolas Sarkozy appelle à un rassemblement le plus large possible pour la droite. L’idée d’une union des droites fait son chemin. Pour Philippe Bilger, il était temps. Jusqu’à présent, la droite française n’était pas autorisée à réfléchir pour elle-même, c’était la gauche qui décidait de ce qui était convenable ou non en termes d’alliance politique à droite. Chez les Républicains, soit on jetait l’opprobre sur l’idée d’un pacte électoral avec le RN, soit on y adhérait aveuglément. Désormais, une discussion plus apaisée et rationnelle est possible.

La dernière grande victoire de la droite est celle, admirable, de Nicolas Sarkozy en 2007. En attirant à lui un grand nombre d’électeurs favorables aux politiques du Front National sur le plan de l’ordre public et de la maîtrise de l’immigration, il a donné l’exemple d’une droite forte et ouverte.

Si aujourd’hui un rapprochement LR-RN devient concevable, ce n’est pas seulement parce que Marine Le Pen a dédiabolisé le parti fondé par son père, c’est aussi parce que la gauche radicale semble représenter une plus grande menace pour la stabilité du pays que la droite radicale. Selon un sondage pour BFM TV, presque deux Français sur trois seraient favorables à un barrage contre LFI aux municipales de 2026. Autre facteur qui joue en faveur d’une union des droites : l’échec global d’Emmanuel Macron qui discrédite le centre.

Toutes des championnes

Après le prix Goncourt attribué à Laurent Mauvignier, découvrez les lauréates du prix Gouincourt


L’inflation fait rage dans tous les domaines. Particulièrement au sein des prix littéraires français, dont le nombre ne cesse de croître chaque automne.

Énième avatar de cette fâcheuse tendance à couronner tout ce qui s’imprime : le 7 novembre, à Paris, le premier prix Gouincourt a été décerné. « Il existe des centaines de prix littéraires, et même un prix du roman gay, mais rien pour la littérature lesbienne », tempête sa fondatrice, Lauriane Nicol, dans les colonnes de Télérama. Pour combler ce vide abyssal, 14 ouvrages francophones ont été dûment sélectionnés par le média culturel Lesbien raisonnable, avant d’être soumis à un jury d’expertes en la matière.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Attention, tu risques de te faire violer très fort!

Cet éminent aréopage composé d’écrivaines, de comédiennes et de slameuses – dont Anna Mouglalis ou Virginie Despentes – a décidé de subvertir l’adage selon lequel « choisir, c’est renoncer » en désignant… quatre lauréates, ex aequo. « Les lesbiennes et les queers bousculent toujours les idées et le jury n’a pas eu envie de reproduire les modes opératoires traditionnels, basés sur l’élimination et la compétition. Deux lauréats, cela fait binaire, trois cela fait podium. Alors l’idée d’un carré s’est imposée », plastronne Lauriane Nicol, qui semble aussi savante en chiffres qu’en lettres.

Au-delà de cette hilarante démonstration, ce (non)-choix qu’on peut juger plus bouffon qu’audacieux relève d’un symptôme très contemporain : celui de la segmentation identitaire (sexuelle, raciale, politique) sans fin de la littérature. Le roman n’est plus l’expression d’une subjectivité, mais un lieu d’allégeance à un groupe d’appartenance. Se dessine ainsi un modèle de création, puis de récompense en circuit fermé, un safe space autarcique bien à l’abri des ambiguïtés du réel. Cependant, notre République des Lettres aura beau multiplier les médailles en chocolat, elle paraîtra toujours pingre face à l’insensée prodigalité du monde anglophone – où l’on compte plus de 80 prix littéraires estampillés LGBT.

Magnificat anima mea… Un hymne singulier à la gloire du corps

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Agnostique, la chorégraphe Marie Chouinard s’est saisie du Magnificat de Jean-Sébastien Bach avec le mysticisme des gens qui doutent, mais subodorent qu’il existe une puissance spirituelle qui nimbe tout l’univers…

Sur la scène vide et sombre sont lâchés de brefs cercles lumineux, des poursuites en terme technique, comme si les éclairagistes du spectacle qui s’annonce effectuaient d’ultimes essais. Et des coulisses parviennent les accords dissonants d’un orchestre dont les musiciens accordent leurs instruments en prévision du concert qui va débuter. Puis apparaissent une à une les silhouettes noires des danseurs qui s’étirent et s’échauffent sur le plateau avant que de se lancer. Voilà un prologue qui pourrait être vu comme une préparation spirituelle au rituel qui va se dérouler sur les accents de ce Magnificat dont la création a eu lieu il y a quelques mois au festival Madrid en Danza.

Profonde originalité

Marie Chouinard est Canadienne. Plus exactement Québécoise, ce qui est fort différent. Et cela se sent dans son travail. Il y a dans ses chorégraphies quelque chose d’organique, d’instinctif, de très physique. Aussi élaboré soit-il, son travail conserve quelque chose de simple, de spontané. De primitif dans le sens d’originel.

Quasiment nus, la tête sommée d’une coiffe circulaire, les treize danseurs de la compagnie sont lancés dans un rituel orgiaque, encore que très contrôlé. On y sent une liberté, une légèreté jubilatoire aussi, des cadences qui font lointainement penser aux danses d’Isadora Duncan où le corps s’abandonne à la volupté de parcourir l’espace sans entraves. Et on y admire une gestuelle toujours renouvelée.

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Qu’on adhère ou non à l’esthétique de la chorégraphe québécoise, son travail inspire le respect et une admiration due à la sincérité, à l’authenticité de sa démarche et à une profonde originalité. Sa danse ne ressemble à aucune autre. Elle s’épanouit loin, très loin des stéréotypes de la scène actuelle, de ce nouvel académisme benêt et de ces références obligées qui ruinent tout particulièrement la danse contemporaine française en l’uniformisant terriblement.  

Pourquoi faut-il alors que ce Magnificat ne soit programmé au Théâtre de la Ville que durant quatre jours devant des salles combles, alors que la demande aurait permis de donner davantage de représentations ? C’est aussi absurde que regrettable pour le public que pour la compagnie québécoise.

Carol Prieur, Rose Gagnol, Jerome Zerges, Ana Van Tendeloo et Sophie Qin. Photo: Sylvie-Ann Paré

Des dessins d’Henri Michaux

Après ce singulier Magnificat, une reprise d’une pièce plus ancienne, créée en 2011 lors d’un festival dans la Vienne des Habsbourg, achève la soirée.

Mouvements s’inspire d’un recueil de 64 dessins qui accompagnent un poème, tous ouvrages d’Henri Michaux. Du poème clamé d’une façon peu intelligible, on ne retient pas grand-chose. Mais les dessins qui semblent tracés à l’encre de Chine, vaguement anthropomorphes pour beaucoup, et projetés sur un vaste écran, sont comme redessinés, reproduits par les corps des danseurs. C’est très habile et leur incarnation par les artistes de la compagnie est étonnante. Mais le fond sonore assourdissant qui accompagne cette débauche d’attitudes est bientôt pénible. Et surtout, tout le recueil de dessins y passe. Aussi respectable que soit la démarche, elle s’allonge indéfiniment, et l’on ne détesterait pas que les dernières pages en aient été arrachées.

 Gérard Reyes, Mariusz Ostrowski, James Viveiros, Lucy M. May, Lucie Mongrain, Leon Kupferschmid, Carol Prieur. Photo: Sylvie-Ann Paré

Théâtre de la Ville, Le 12 décembre 2025 à 20h, le 13 décembre à 15h et 20h.

De 8 € à 40 €. 1h30

Derniers épisodes en date de la guerre culturelle contre Israël

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Cancel culture, antisionisme suspect, instrumentalisations de la mémoire, déni islamiste, inversion morale: les ennemis de l’État juif sont en très grande forme.


Pour s’informer objectivement de la situation à Gaza, plusieurs loges maçonniques invitent ces jours-ci Mme Chemillier-Gendreau, professeur de droit, une adversaire forcenée du sionisme, et M. Stamboul, de l’Union Juive pour la Paix, un des pires ennemis d’Israël. Au Grand Orient de France lui-même, naguère refuge contre l’antisémitisme, un débat monolithique anti-israélien !

Mme Francesca Albanese (notre photo) reçoit le Prix International René Cassin des Droits de l’Homme pour son travail exemplaire de rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Elle est tellement exemplaire que Mme Albanese a été publiquement traitée d’antisémite non seulement par Israël, mais par les chancelleries des Etats-Unis, de France et d’Allemagne, ce qui n’est pas fréquent…

René Cassin kidnappé !

« Prix international René Cassin », cela sonne prestigieux, mais mérite quelques vérifications. Le prix a été attribué au nom de la région basque d’Espagne, sur proposition d’associations basques. À lire leurs manifestes, il est clair que ce sont des organisations anticolonialistes locales qui ont pesé de tout leur poids dans la décision. Ce prix n’a donc d’international que le nom.

Que vient faire René Cassin avec le Pays basque? La famille de son père provenait du Comtat Venaissin, celle de sa mère d’Alsace, mais il est vrai qu’ils ont eu des liens avec Bayonne, où lui-même est né en 1887. Et c’est là un kidnapping culturel: René Cassin est devenu Basque d’honneur, lui qui ne s’est jamais exprimé à ce sujet. On cache en revanche dans sa biographie toute mention de sa judéité, alors qu’il fut Président de l’Alliance israélite Universelle pendant des dizaines d’années, que ses parents, entre Alsace, Nice et Bayonne n’ont jamais quitté les environnements de synagogues, qu’il a toujours soutenu l’État d’Israël, que son action ne se comprend pas sans la Shoah et qu’il aurait sans doute été horrifié par le choix actuel de la récipiendaire…

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Autre distorsion des faits, celle de l’historien médiéviste Julien Théry qui poste une liste de vingt personnes qu’il qualifie de «génocidaires» et qui bizarrement sont presque toutes juives.

Mme Albanese et ses amis traitent Israël d’Etat génocidaire de façon si répétitive que l’habitude en a été prise et qu’il devient presque saugrenu de souligner que c’est un mensonge, que le terme n’a jamais été validé par la Cour Internationale de Justice, l’organisation compétente à ce sujet, et que la Cour Pénale Internationale reconnait qu’il n’est pas adapté à la situation de Gaza. 

Un historien, c’est quelqu’un qui doit vérifier les faits et leur appliquer les mots adéquats. M. Théry n’est qu’un propagateur de haine. C’est aussi un faussaire qui, quelques mois après avoir publié un article où il lavait l’extrême gauche à laquelle il appartient de tout soupçon d’antisémitisme, envoie sur les réseaux une photo où un homme au nez démesuré, kippa caricaturale sur la tête et étoile jaune à la poitrine, fait les poches d’une jeune femme portant un drapeau palestinien. Tout cela n’a pas ému grand monde dans l’écosystème très orienté de son université Lyon II et n’a pas gêné non plus ceux qui ont lancé une pétition en sa défense au nom de sa liberté d’opinion.

La Ligue des droits de l’homme empêche l’IFOP de travailler

Une enquête de l’IFOP et du Cevipof sur le rapport à l’islam des musulmans de France publiée le 18 novembre a montré par comparaison avec une enquête de 1998, qu’il y a eu une forte progression des courants islamistes notamment chez les jeunes de 15 à 24 ans dont 57% considèrent désormais que le respect des règles de l’islam est plus important que celui des lois françaises. Ces résultats ont provoqué une levée de boucliers. Certains, tels Nonna Mayer et  Nicolas Tiberj, ont émis des critiques méthodologiques, mais leurs propres critiques ont été balayées par une autre étude, celle d’Olivier Galland et Gérard Grunberg qui pointent les biais idéologiques de ceux qu’ils appellent les « sociologues du déni ».

La controverse a cependant suffi pour qu’une nouvelle enquête de l’IFOP et du Cevipof sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur soit brutalement stoppée après plainte devant le Conseil d’Etat de la Fédération syndicale de l’enseignement et de la Ligue des Droits de l’Homme, cette organisation qui fut prestigieuse et qui se spécialise depuis plusieurs années à ignorer les chemins islamiques de l’antisémitisme contemporain.

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Il s’agit là d’une forme de cancel culture. Nous sommes tellement habitués à ce phénomène que nous n’y prêtons même plus attention, les mêmes pétitionnaires ou leurs amis qui revendiquent la liberté d’expression pour Julien Théry, la mettent au rebut quand elle ne leur convient pas, en agitant le spectre de l’islamophobie. Jean-Luc Mélenchon n’a pas signé la pétition en faveur du professeur d’histoire médiévale, mais ne lui a pas ménagé son soutien dans les réseaux sociaux où il utilise larga manu le terme de génocide contre Israël. 

Avec son habileté rhétorique et son aplomb inimitable, il étouffe dès son introduction les questions de la Commission qui va l’interroger pour déterminer les connivences de LFI avec les mouvements islamistes, confirmées par de récentes publications. D’emblée il explique aux parlementaires que tout est réglé, que tous les documents ont absolument innocenté LFI, que ce parti n’accepte évidemment pas l’entrisme religieux et que cet entrisme n’est d’ailleurs pas à craindre car – je cite – « l’islam d’Afrique du Nord, qui est malékite et de tradition arabo-andalouse, distingue parfaitement le domaine du privé et celui du politique ». C’est ce qu’on n’avait pas expliqué aux dizaines et peut-être centaines de milliers de victimes de la décennie noire en Algérie, assassinées par des djihadistes de culture malékite.

Mélenchon adore faire la leçon et impressionner ses interlocuteurs. «Heureusement que vous êtes là, lui écrit sur Facebook un de ses admirateurs, mais il faudrait préciser que Gaza n’est pas seulement un génocide, mais que c’est un des pires génocides de l’histoire…». Pour certains de ceux qui vomissent sur Israël il n’y en aura jamais assez. Moi qui ai beaucoup lu sur Treblinka la semaine dernière, j’ai eu un moment de nausée.

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N’oubliez pas le guide!

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Le château de Versailles a annoncé qu’à compter du 14 janvier 2026, le tarif d’entrée pour les visiteurs provenant de pays hors Europe augmentera de 3 euros. Le musée du Louvre, récemment au cœur de l’actualité après le vol des joyaux de la Couronne de France, a décidé d’appliquer une hausse similaire, mais plus forte. Cette différenciation tarifaire a été instaurée à l’initiative du ministère de la Culture. « Les Français n’ont pas vocation à tout financer eux-mêmes », avait déclaré Rachida Dati dans Le Figaro. Pour Élisabeth Lévy, le tourisme de masse constitue l’un des fléaux majeurs de notre temps. Nous vous proposons de l’écouter.


Une nouvelle tendance émerge dans les musées : l’augmentation du prix d’entrée pour les non-Européens. À partir de la mi-janvier, les non-Européens vont devoir payer 35 euros au lieu de 32 euros pour l’entrée au château de Versailles (+10%). Au Louvre, c’est 32 contre 22 pour les Français et les Européens (+ 45%, mais on sait que le Louvre a besoin d’argent !).

Pas la préférence nationale non plus…

Je m’étonne que la gauche ne dénonce pas bruyamment cette politique raciste. Certes, cette préférence est européenne, j’aurais préféré une préférence nationale car c’est le patrimoine construit et financé par les Français. Mais on aurait certainement trouvé une règle européenne l’interdisant.

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En tout cas, c’est une discrimination envers ce qu’on appelait autrefois le Tiers-Monde et aujourd’hui, parce que c’est plus chic le Sud global. Des Algériens, des Vénézuéliens ou des Chinois paieront plus cher. Cela va continuer. Et c’est normal. On me dira que l’Ermitage à Saint-Pétersbourg c’est seulement 6 euros et le Prado à Madrid 15. Oui, mais on ne peut pas à la fois réclamer la baisse des dépenses publiques, l’amélioration de la sécurité dans les musées et une entrée à bas prix.

L’horreur touristique

Mais la culture ne devrait-elle pas être accessible à tous ? Elle l’est. Je ne connais personne qui n’ait pas lu un livre ou vu un tableau à cause du prix. C’est une question de priorité. On peut renoncer à l’IPhone 92 ou aux dernières Nike et aller visiter des musées. Ensuite, c’est comme la santé : la culture cela n’a pas de prix mais un coût. L’entretien du patrimoine coûte une fortune. Enfin, notre devoir c’est de préserver ce qui nous a été légué par des siècles de travail et de création. La mission d’un ministre du Tourisme n’est pas de célébrer chaque million de touristes supplémentaires chaque année mais de limiter drastiquement les flux. Pauvre Notre-Dame : à peine rebâtie on lui impose 10 millions de visiteurs par an ! 

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Internet nous fait croire que le monde entier est à portée de clics. Mais si 10 milliards d’êtres humains pensent que c’est un droit de l’homme de visiter le Louvre, Versailles, le Taj Mahal et toutes les merveilles du monde, elles disparaitront. La Place d’armes de Versailles n’a pas été faite pour accueillir des bus de touristes. Notre respect et notre amour pour ces productions du génie humain commande de les préserver contre les méfaits du tourisme de masse, donc d’accepter que nous ne verrons pas tous toutes les merveilles du monde. C’est peut-être choquant pour notre esprit démocratique, mais ce qui nous est cher doit être rare.


Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud Radio

Dénigrez-moi!

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Sonia Devillers © ANTONIN UTZ/SIPA

Le président d’Avocats sans frontières réagit aux plaintes qui viennent d’être déposées par les groupes France Télévisions et Radio France auprès du tribunal des affaires économiques contre CNews, Europe 1 et le JDD pour « dénigrement ».


Ainsi, l’odieux visuel public, qui a le cuir sensible, a décidé de saisir la justice d’un crime de lèse-majesté commis contre son auguste personne par CNews et consorts. On l’aurait exagérément critiqué depuis que les sieurs Cohen et Legrand ont été pris en flagrant délit de conciliabules avec des éminences rouges dans un bouge. CNews en aurait trop fait son miel et son fiel. Il se trouve qu’ayant supplié depuis des lustres cette maison, dans laquelle je chronique pour survivre modestement, de ne plus accepter d’être maudite sans mot dire, j’ai une parfaite remembrance des injures, insultes, diffamations et autres malédictions qu’elle a reçues de la part des chaînes d’État.

C’est ainsi, pêle-mêle, que je me remémore les émissions combien polluantes de Sonia Devillers contre CNews en général et certains de ses chroniqueurs en particulier.

Dès juillet 2019, dans son « Instant M », elle émet un billet fort critique, taxant la télévision maudite de « surenchère sécuritaire ».

Puis en octobre de la même année, elle reçoit deux journalistes de Libération et la conversation, une fois encore, est consacrée à la chaîne privée abhorrée, accusée de « droitisation ». Après force critiques, dame Devillers Sonia prie ses deux invités de jeter à la vindicte publique la liste des individus « très à droite, voire à l’extrême droite » qui interviennent sur CNews. Sans se faire prier, nos deux délateurs distingués désignent Ivan Rioufol, Charlotte d’Ornellas, Gabrielle Cluzel…. et Lévy et Goldnadel.

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J’ai beau avoir bon caractère, venant de mère Devillers, j’avoue l’avoir amère. La dame patronnesse antiraciste, dont l’esprit ne m’a jamais frappé violemment, a en effet trouvé le moyen, lors d’une émission où elle avait invité un militant de l’OLP, de considérer Jean Genet comme « un écrivain merveilleux ». Tellement merveilleux que le sulfureux admirait, et pas seulement sexuellement, les beaux SS d’Allemagne et les magnifiques terroristes de Palestine. Seulement, le soufre antisémite d’extrême gauche n’a jamais indisposé les narines de la radio de sévices publics. C’est à ce stade terminal que j’ai aperçu les limites de mon humour judaïque.

Mais cessons de fantasmer sur Sonia. Une pensée pour Fady Hossam Hanona, journaliste chez la petite sœur France 24, qui a écrit vouloir « brûler les juifs, comme Hitler », et qui est toujours appointé par elle.

Et une dernière pour Nora Hamadi, nouvelle préposée à la revue de presse d’Inter, qui apporta son soutien à Rima Hassan à peine quelques jours après le septième jour maudit du dixième méchant mois, en tweetant l’image d’un poing rageur.

Non vraiment, je ne puis plus accepter ce service public audiovisuel qui s’autorise à couvrir de fange ses adversaires et qui ne supporte pas le moindre postillon en retour.

En conséquence, c’est décidé, j’appelle mon avocat, il est très bien.

Et je le recommande à dame Élisabeth.

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La politique victimaire et la guerre civile à bas bruit

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L'ancien ministre Jean-Luc Mélenchon convoqué par la commission d'enquête sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste, Assemblée nationale, 6 décembre 2025 © Stephane Lemouton/SIPA

Il faut regarder notre époque avec l’œil glacé de celui qui sait que tout s’effondre lentement, dans un silence trompeur, entre éclats d’indignation et rumeurs médiatiques. La France, ce pays chargé de mémoire et de gloire, n’est plus qu’un théâtre où s’affrontent, à mots couverts, deux visions du monde. Ce qui se présente comme un progrès de l’antiracisme, du féminisme ou encore de la conscience écologique, comme une avancée morale, n’est qu’un front parmi d’autres dans une guerre civile à bas bruit, une guerre dont le terrain est celui des consciences, des institutions et des mots mêmes.

L’ère de la victimisation

La figure de la victime a pris une puissance insoupçonnée. La douleur, réelle ou supposée, est devenue un instrument de pouvoir. Une militante propulsée égérie d’une marque de luxe, un professeur congédié pour avoir interrogé les dogmes du moment, des institutions paralysées par la peur de l’accusation : ce n’est pas une anecdote, c’est un signe. La plainte vaut reconnaissance, l’injure proclamée vaut ascension sociale, et la repentance des élites sert de marchepied à ceux qui savent transformer le ressentiment en avantage.

Charles Rojzman vient de publier « La société malade », FYP éditions, 224 pages.

Dans ce monde, la compétence et la pensée cèdent la place à la performance de la souffrance. L’université, les médias, les institutions ne sont plus des lieux de savoir ou de débat, mais des sanctuaires où règne l’indignation codifiée. La nuance est suspecte, la contradiction est criminelle. On n’évalue plus les idées ; on jauge la blessure supposée de celui qui les exprime. Et quiconque échappe à cette logique est disqualifié, isolé, parfois réduit au silence.

Derrière cette mécanique, des stratégies bien plus anciennes se dessinent. D’autres sociétés ont depuis longtemps compris que la douleur historique peut devenir un capital politique : des régimes qui transforment leurs traumatismes en instruments de contrôle ; des mouvements qui font de la victimisation un moyen de cohésion et de pouvoir. Ici, le processus est plus feutré, plus subtil, mais tout aussi efficace. La gauche radicale française, en particulier, a fait de l’occupation des souffrances minoritaires un mode de gouvernance culturelle et symbolique. Les institutions sont investies, les récits réécrits, les repères traditionnels contestés, le pays représenté comme un oppresseur permanent.

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C’est dans ce cadre que la France insoumise a trouvé son terrain d’élection : elle a élevé la « cause palestinienne » au rang de matrice victimaire universelle. Non pas par souci géopolitique, ni même par solidarité véritable, mais parce que la Palestine offre le modèle parfait — infiniment exportable — d’un peuple sacralisé par la souffrance, opposé à un oppresseur diabolisé, schéma binaire dont elle se sert pour relire toute la société française. La France insoumise ne parle pas de la Palestine : elle s’en sert. Elle en fait un drapeau intérieur, un levier pour refaçonner les loyautés au sein des quartiers, pour rallier les colères disponibles, pour installer l’idée que la République elle-même est l’oppresseur systémique, la transposition locale de l’« occupant ».

Une mécanique puissante

Ainsi, la question israélo-palestinienne cesse d’être un conflit lointain : elle devient l’armature imaginaire d’une guerre civile française fantasmée, où l’insoumission recycle les catégories géopolitiques dans le champ moral intérieur. La figure du Palestinien souffrant devient l’emblème absolu de toute lutte : une bannière qui permet d’excommunier, de menacer, de rejeter hors du champ démocratique quiconque ose nuancer, contextualiser, penser autrement. Ce transfert symbolique est l’un des mécanismes les plus puissants de la politique victimaire contemporaine.

Dans ce contexte, se joue une guerre civile à bas bruit : non avec des armes visibles, mais avec des accusations, des ostracismes, des stratégies de mise au pas morale. Les salles de classe, les médias, les tribunaux de l’indignation sont les champs de bataille. Les blessures symboliques remplacent les blessures physiques. Les discours victimaire et de réparation deviennent des instruments de pouvoir, des instruments de transformation de la société, des instruments de conquête des institutions.

La France insoumise le sait et y excelle : elle transforme les affects, les chagrins et les humiliations supposées en armes de coalition, en outils d’intimidation, en discipline interne. Elle impose, par la charge émotionnelle, un ordre moral qui n’a plus rien de démocratique : un ordre inquisitorial fondé sur la sacralisation de la souffrance et la culpabilité de l’autre.

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Cette guerre est lente, diffuse, mais déjà efficace. Elle redessine les hiérarchies, elle reconfigure les loyautés, elle fait plier des vies entières à la logique de l’offense permanente. Elle ne se mesure pas au fracas des armes mais à l’érosion du langage, à la confiscation du droit de nommer les choses, à la paralysie de ceux qui veulent encore penser par eux-mêmes.

La France se tient alors dans un état d’équilibre fragile, oscillant entre mémoire et renoncement, fidélité et oubli, continuité et dissolution. Les forces qui s’y opposent ne sont pas héroïques : elles persistent dans l’ombre, elles tiennent aux marges, elles gardent le silence et la pensée intacte, souvent invisibles mais déterminantes. Elles sont la trace d’un pays qui, même sous l’assaut des nouvelles orthodoxies, conserve encore quelque souffle, quelque capacité à demeurer lui-même.

Ainsi se déploie notre époque : entre la politique victimaire qui dicte les formes, la restructuration silencieuse des institutions, l’usage opportuniste des souffrances du monde — Palestine en tête — et la guerre diffuse qui s’y joue. Les armes sont invisibles, les fronts sont souterrains, mais le combat existe — un combat qui redéfinit la France, ses symboles, ses récits, et la place de chacun dans le monde.

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Quand la charia se fait une beauté

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À Jakarta, le Muslim Fashion Festival 2024 met à l’honneur la « mode pudique » : une création de Kursien Karzai au défilé de clôture © Andri Munazir/ZUMA/SIPA

Le halal ne se cantonne plus aux étals des rayons alimentaires. Le marché des vêtements et des produits cosmétiques conformes aux prescriptions de l’islam est en plein essor et tout le monde veut sa part du gâteau, des sites made in China aux maisons de haute couture européennes.


À quoi ressemblera la femme française dans cinquante ans ? À une héritière de Brigitte Bardot, libre, audacieuse, cheveux au vent et rouge à lèvres éclatant ? Ou à une ombre silencieuse, austère, tête couverte et silhouette camouflée ? Si la question se pose aujourd’hui, c’est que le halal gagne chaque jour davantage de terrain dans notre pays et qu’il ne se cantonne plus aux étals des boucheries et des grandes surfaces alimentaires. Il se décline à présent dans les rayons mode et beauté. Et s’infiltre dans la garde-robe et la salle de bain de nombre de nos concitoyennes.

Mode « modeste »

Dans le jargon de la grande distribution, ce phénomène porte un nom : la « modest fashion ». Manière politiquement correcte de désigner les habits et les produits cosmétiques conformes aux prescriptions de l’islam. Toute une panoplie censée obéir au verset 26 (« la pudeur fait partie de la foi ») de la sourate du Coran dite « Al-Arâf » (« La Muraille »), dans laquelle il est annoncé que, lors du Jugement dernier, une barrière séparera les bons musulmans, qui seront sauvés, du reste de l’humanité, qui sera damnée.

Zalando, Uniqlo, H&M, Décathlon, Marks & Spencer : la plupart des grandes marques commercialisent désormais des gammes de modest fashion. Il faut dire que le marché mondial du vêtement islamique est colossal. En 2025, selon le cabinet de conseil en marketing new-yorkais DinarStandard, il représentera environ 350 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 15 % par an. Et en France, d’après un récent sondage IFOP, 31 % des femmes musulmanes déclarent porter le voile (45 % quand elles ont moins de 25 ans), contre 19 % en 2003.

Les grands sites de e-commerce ont eux aussi flairé le bon filon. Chez le Chinois Shein, les abayas commencent à la taille 2 ans, tandis que dans le catalogue de son concurrent Temu, il existe des modèles à moins de dix euros. Mais les meilleurs fournisseurs restent bien sûr les boutiques en ligne spécialisées, comme Dar Al Iman, basée à Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui propose par exemple l’ensemble « Mon cocon d’hiver », composé d’une étole à carreaux gris, dont l’esthétique évoque davantage la grille de prison que le tartan écossais. Détail intéressant : le visage du mannequin qui porte le modèle sur le site a été soigneusement gommé à la palette graphique. Une invisibilisation pour satisfaire le public intégriste, selon qui une femme convenable a certes le droit de sortir de chez elle, mais à condition d’exprimer une certaine honte dans sa mise et d’effacer tout ce que son apparence peut renvoyer non seulement de sexuel, mais aussi de sexué et même de naturel, et ce dès le plus jeune âge.

La haute couture ne néglige pas le bon filon

La haute couture n’est pas en reste. En 2016, les créateurs milanais Dolce & Gabbana ont lancé une collection de hijabs. En 2021, leur compatriote Valentino a présenté 15 références d’abayas. Aujourd’hui, c’est le Florentin Roberto Cavalli qui propose des caftans épurés. Sur Instagram, des influenceuses voilées connues sous les pseudonymes « OumMinimalist », « Rriihhaab » ou « NourAndNissa », et même l’homme d’affaires qui se fait appeler « Hattek.hb3 » encouragent à monter des « business » autour du foulard islamique, et diffusent des tutoriels où l’on apprend aux jeunes femmes comment choisir sa tenue au gré des circonstances, notamment quand elles sont en présence de « mahrams », ces messieurs avec qui, dans le mode de vie islamique, une certaine mixité est permise car ils appartiennent à l’entourage proche validé par le chef de famille.

Le mouvement de la mode halal est si puissant qu’il s’est même invité l’automne dernier en plein quartier du Marais, haut lieu bobo et gay-friendly de la capitale. À l’occasion du ramadan, la marque de modest fashion Merrachi, créée par une jeune Néerlandaise d’origine marocaine, a ouvert une boutique « pop up » rue de Turenne à Paris et annoncé l’événement dans un clip vidéo où la tour Eiffel s’est retrouvée enveloppée d’un hijab géant tandis qu’un slogan, ne laissant aucun doute quant à l’intention militante de l’opération, proclamait : « Le gouvernement français déteste voir Merrachi arriver. » Aussitôt, des queues immenses de femmes voilées se sont formées devant l’adresse éphémère. On se serait cru à Téhéran ou à Kaboul. Opération réussie. Obscurantisme : 1, République : 0.

Le marché mondial de la cosmétique halal est lui aussi en plein boom. Il dépasse aujourd’hui 78 milliards d’euros par an et pourrait atteindre 120 milliards d’ici 2027. En France, les marques Khadija, Alhalal Cosmetics et France BioHalal figurent parmi les plus célèbres sur ce segment, tandis que le magasin chic Hasna, sur les Champs-Élysées, importe des produits de beauté venus d’Asie et du Golfe. Autour de cette offre s’est organisé un solide écosystème, avec ses maquilleuses « compatibles », ses esthéticiennes certifiées « conformes » et ses médias dédiés comme Gazelle, revue féminine qui conjugue hijab et mascara.

Cocorico, dans ce secteur très lucratif, un industriel français s’est taillé une part du lion : la société IPRA Fragrance, basée près de Grasse, la Mecque, si l’on ose dire, de la parfumerie mondiale. Sans alcool ni graisses animales, ses huiles essentielles sont certifiées halal par la Grande Mosquée de Paris, qui prélève en échange 1 % du chiffre d’affaires. Ces extraits se retrouvent dans des flacons à bille de 5 ml – aux noms inspirants comme « Sultan », « Baraka » ou « Tahara » – qui sont vendus pour quelques euros sur MuslimShop ou CDiscount, et qui contiennent le plus souvent du musc, car selon la tradition, « la sueur de Mahomet sentait le musc ».

Et les féministes dans tout ça ? Si promptes à s’indigner face à aux publicités trop « stéréotypées » ou aux jouets trop « genrés », elles se montrent curieusement beaucoup plus discrètes quand il s’agit de condamner l’évidente domination masculine à l’œuvre dans la modest fashion. D’où vient le silence coupable des progressistes devant l’inquiétante prétention patriarcale des barbus à codifier le look des femmes ? Lâcheté, bêtise ou hypocrisie ? Il n’est hélas pas impossible que les trois explications se cumulent.

La France à 15 heures: chronique d’une paupérisation méthodiquement organisée

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Aymeric Caron, questions au gouvernement, 08 avril 2025 © Lionel Urman/SIPA

On se demande sincèrement quel moustique a piqué Aymeric Caron pour qu’il en arrive à proposer la semaine de travail de 15 heures.


Un moustique exotique, sans doute. Un moustique nourri aux slogans, porteur d’une fièvre idéologique particulière : celle qui consiste à croire qu’un pays peut fonctionner en travaillant moins, en produisant moins, en gagnant moins… tout en dépensant beaucoup plus.

Il ne s’agit pourtant ni d’une boutade, ni d’un happening militant, ni d’un poème sur le temps libéré, mais bien d’une proposition politique sérieuse. Sérieuse au sens administratif du terme: elle mérite donc d’être prise au mot. Calmement. Méthodiquement. Jusqu’au bout de sa logique.

L’hôpital à 15 heures : soigner en théorie

Commençons par un secteur marginal : l’hôpital. Si infirmières, médecins, aides-soignantes, kinésithérapeutes et agents de surface hospitalière travaillent 15 heures par semaine, leur temps de présence est mécaniquement réduit de près de 60 %. Pour maintenir le même niveau de soins, il faudra donc multiplier les effectifs par deux ou trois. Ce n’est pas une opinion politique, c’est une règle de trois. Mais embaucher ne suffit pas. Il faut former. Or les formateurs, eux aussi, ne travailleront que 15 heures par semaine. Ils ne pourront donc former qu’une fraction des futurs soignants. Il faudra donc recruter davantage de formateurs, former ces formateurs, recruter des formateurs chargés de former les formateurs formant les soignants. La formation devient donc l’activité centrale de l’hôpital. Le soin devient une perspective.

Pour accueillir ces cohortes en formation, il faudra agrandir les instituts, créer de nouvelles salles, multiplier les structures pédagogiques, augmenter les capacités logistiques. Autrement dit : construire.

Le BTP à 15 heures : bâtir l’impossible

Ces bâtiments devront être construits par des ouvriers du BTP soumis, eux aussi, à la semaine de 15 heures. Leur productivité étant mécaniquement divisée, il faudra recruter massivement. Mais ces ouvriers devront être formés. Par des formateurs du BTP travaillant 15 heures par semaine.

Il faudra donc recruter davantage de formateurs du BTP, former ces formateurs, recruter des formateurs chargés de former les formateurs du BTP, puis former les formateurs de formateurs, eux aussi limités à 15 heures. Les bâtiments nécessaires à la formation des ouvriers ne pourront être construits qu’une fois les ouvriers formés, par des formateurs formés, dans des bâtiments à construire. Le BTP ne sera pas paralysé : il sera pédagogiquement saturé.

Les administrations à 15 heures : administrer l’absence

Généralisons maintenant la proposition d’Aymeric Caron à l’ensemble des administrations : impôts, CAF, justice, préfectures, collectivités territoriales.

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Avec des agents travaillant 15 heures, la capacité de traitement des dossiers s’effondre. Pour maintenir les délais — déjà largement théoriques — il faudra tripler les effectifs. Ces agents devront être formés par des cadres travaillant 15 heures, eux-mêmes formés par d’autres cadres travaillant 15 heures. Il faudra donc recruter des cadres, former ces cadres, recruter des cadres chargés de former les cadres chargés de former les agents chargés de traiter des dossiers qui ne seront jamais clos.

L’administration ne disparaît pas. Elle devient auto-référencée, circulaire, kafkaïenne : chacun forme quelqu’un qui n’est pas encore là, pour un service qui n’est plus rendu, dans un bâtiment qui n’existe pas encore.

Un pays qui ne travaille plus et ne paie plus d’impôts

Tout cela a un coût. Un coût public colossal. Plus de personnels, plus de formations, plus de bâtiments, plus de cadres, plus de structures. Mais le cœur du problème n’est pas seulement la dépense. Il est fiscal. Avec une semaine de 15 heures, il ne s’agit pas simplement que les Français paient moins d’impôts. Il s’agit du fait que la grande majorité d’entre eux n’en paiera plus du tout.

Des salaires amputés, des revenus divisés, des millions de Français mécaniquement sortis de l’impôt sur le revenu. La base fiscale ne se contracte pas : elle disparaît. Reste alors une minorité de hauts revenus, quelques grandes entreprises, quelques acteurs économiques encore solvables. Ils devront compenser le manque à gagner devenu abyssal. Ils seront donc surtaxés. Toujours plus. Et c’est ici que le dernier étage s’effondre. Les hauts revenus partiront. Les grandes entreprises délocaliseront. Les capitaux quitteront le pays. Non par idéologie, mais par simple logique économique.

On ne retient pas la richesse par décret. On ne taxe pas indéfiniment ce qui est mobile pour financer ce qui ne produit plus rien. On ne fait pas fonctionner un pays en punissant ceux qui travaillent encore. La semaine de 15 heures ne redistribue pas la richesse : elle organise sa fuite, puis son évaporation.

La spirale finale : la pauvreté comme horizon

Moins de travail. Moins de production. Moins de revenus. Moins d’impôts. Plus de dépenses publiques. Plus de taxes sur une base de plus en plus étroite. Plus de départs. Encore moins de recettes. Ce n’est pas une dérive. C’est une spirale parfaitement cohérente.

La proposition d’Aymeric Caron ne vise pas une société plus juste. Elle vise une société uniformément appauvrie, où la pauvreté devient une valeur morale, presque un projet politique. Un pays où l’on travaille peu, où l’on produit peu, où la majorité ne paie plus d’impôts, où ceux qui pourraient encore en payer partent et où l’État, privé de ressources, continue pourtant de grossir.

Conclusion : l’expérimentation raisonnable

Il existe pourtant une solution raisonnable, prudente, expérimentale.

Puisque la semaine de 15 heures semble tant séduire son auteur, commençons modestement. Par une expérimentation à petite échelle. Proposons à M. Aymeric Caron une formation élémentaire en économie, limitée à 15 heures par semaine, bien entendu. Observons les résultats, calmement, à son échelle, sur quelques années. Si cette formation permet de comprendre qu’on ne finance ni un hôpital, ni un État, ni des services publics avec du temps libre, des revenus inexistants et des contribuables en fuite, on pourra toujours en tirer des enseignements.

Et si ce n’est pas le cas, on aura au moins évité de transformer la France entière en terrain d’expérimentation idéologique. La prudence, en matière sociale et économique, consiste parfois à ne tester la pauvreté que sur un seul cobaye, plutôt que de la généraliser à tout un pays.

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Antifa, la stratégie de la violence

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Manifestants d'extrème gauche à Lyon, 1er mai 2025 © ANTOINE MERLET/ZEPPELIN/SIPA

L’Amérique de Donald Trump et la Hongrie de Viktor Orbán ont récemment classé les antifa comme une organisation terroriste. En France, le député LFI et fondateur du groupuscule la Jeune Garde (dissous en juin 2025) Raphaël Arnault a été définitivement condamné pour violences volontaires par le tribunal correctionnel à Lyon.


La revue « Frontières » d’Erik Tegner consacre un numéro spécial à la mouvance.

De la simple intimidation à l’assassinat politique, en passant par les appels aux employeurs pour les inciter au licenciement, les menaces physiques ou l’enlaidissement de l’espace public par les tags et les collages, la stratégie des Antifa est bien huilée : il faut déshumaniser, mettre au ban de la société, réduire au silence celui qui est désigné comme ennemi politique. Et peu semble leur importer que l’extrême droite a aujourd’hui pratiquement disparu, en dehors de quelques néo-nazis réduits à la marginalité, la cible revêt d’autres visages : celui du militant de droite qui défend son identité contre ce qui la menace, de la féministe qui rappelle que l’immigration n’est pas une avancée pour le droit des femmes, du citoyen qui affiche son drapeau national, du journaliste de CNews ou de l’essayiste qui soutient, science à l’appui, qu’il existe deux sexes. 

Ne succombons pas à la tentation de nous-mêmes déshumaniser les Antifa en insistant trop sur leur apparence de hères un peu crado, leur inculture proverbiale ou leur regard que l’excès de marijeanne a rendu vitreux. N’ergotons pas trop longtemps non plus sur le fait que la morale de vaincus qu’ils défendent provient du fait qu’ils sont sans doute incapables de faire leurs les vertus qui leur permettaient d’être à la hauteur des enjeux de leur époque, de trouver un travail rémunérateur avec leur seul diplôme de sociologie ou de se lever dès potron-minet pour soulever de la fonte ou courir dans les sous-bois. Et, au passage, cessons de répéter en boucle l’aphorisme de Winston Churchill sur les fascistes de demain.

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Si tout cela est vrai en grande partie, prenons les Antifa pour ce qu’ils sont : des militants d’extrême gauche qui n’hésitent pas à faire usage de la violence. Et c’est précisément là que se trouve la frontière entre ce qui relève ou non de la liberté d’expression. En la matière, la liste de leurs actions que l’on qualifiera de brutales est longue comme leur bras se terminant par un poing serré. On gardera bien sûr éternellement en mémoire l’assassinat de Charlie Kirk à la fin de l’été par un militant qui avait pris le soin d’aposer les trois flèches dirigées vers le bas sur les balles. Dans les semaines qui ont suivi, l’essayiste français Raphaël Enthoven, sans doute trop juif à leurs yeux, fut interdit de conférence à Bruxelles ; un pavillon de chasse princier a été incendié près de Ratisbonne en Allemagne ; un hommage à Lola fut violemment perturbé. Et on en passe : agressions fréquentes des colleurs d’affiches de droite, coups portés aux militantes de Nemesis en dépit de la plus élémentaire morale en vertu de laquelle on ne frappe jamais une femme, menaces à peine voilées émises par des députés LFI, pressions pour faire annuler les banquets du Canon français, usage intempestif d’œufs et de farine…

Depuis que la gauche a délaissé les classes populaires, l’antifascisme fait office de liant idéologique alors qu’elle semble perdue dans l’intersectionnalité de ses luttes. Dans la Belgique francophone de moins en moins démocratique, les militants de l’antifascisme sont même le bras armé du pouvoir socialiste. Afin de justifier l’interdiction de réunions publiques du parti Chez Nous, les bourgmestres de gauche prétextaient de possibles troubles à l’ordre public, provoqués non pas par les militants de la formation patriote, mais par les extrémistes de gauche menaçant de tout venir casser. Tout le monde connaît le poème de Martin Niemöller ponctué de façon déchirante : « quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». C’est désormais les membres du MR, parti de centre-droit jamais en reste pour ostraciser une prétendue extrême droite, qui sont pris pour cible en Wallonie.

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Agissant par petites meutes capables de se mobiliser rapidement grâce aux messageries cryptées et actifs aussi bien dans la rue qu’ils pensent maîtriser que dans certains stades de football (Marseille, Sankt-Pauli, Liège…),  les Antifa, connaissant d’autant mieux les failles du système qu’ils en sont les garde-chiourmes, appliquent une guérilla du riche, celle où tout le monde retourne dans ses pénates à la fin de la journée avec à peine quelques égratignures soignées au mercurochrome. Évidemment, il sera difficile de dissoudre ce qui relève davantage de la mouvance que d’un mouvement structuré. Mais le rôle et la noblesse du politique sont justement de rendre l’action possible ; l’Amérique de Donald Trump ou la Hongrie de Viktor Orbán ont d’ailleurs franchi le pas en classant les Antifa comme organisation terroriste. 

🎙️ Podcast: L’union des droites est possible, l’analyse de Philippe Bilger

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Sortie du livre de l’ex-chef de l’Etat Nicolas SARKOZY, le Journal d’un prisonnier, BOURGOIN JALLIEU, 10/12/2025, Mourad Allili/SIPA

Avec Philippe Bilger et Jeremy Stubbs.


Dans son nouveau livre, Nicolas Sarkozy appelle à un rassemblement le plus large possible pour la droite. L’idée d’une union des droites fait son chemin. Pour Philippe Bilger, il était temps. Jusqu’à présent, la droite française n’était pas autorisée à réfléchir pour elle-même, c’était la gauche qui décidait de ce qui était convenable ou non en termes d’alliance politique à droite. Chez les Républicains, soit on jetait l’opprobre sur l’idée d’un pacte électoral avec le RN, soit on y adhérait aveuglément. Désormais, une discussion plus apaisée et rationnelle est possible.

La dernière grande victoire de la droite est celle, admirable, de Nicolas Sarkozy en 2007. En attirant à lui un grand nombre d’électeurs favorables aux politiques du Front National sur le plan de l’ordre public et de la maîtrise de l’immigration, il a donné l’exemple d’une droite forte et ouverte.

Si aujourd’hui un rapprochement LR-RN devient concevable, ce n’est pas seulement parce que Marine Le Pen a dédiabolisé le parti fondé par son père, c’est aussi parce que la gauche radicale semble représenter une plus grande menace pour la stabilité du pays que la droite radicale. Selon un sondage pour BFM TV, presque deux Français sur trois seraient favorables à un barrage contre LFI aux municipales de 2026. Autre facteur qui joue en faveur d’une union des droites : l’échec global d’Emmanuel Macron qui discrédite le centre.

Toutes des championnes

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DR.

Après le prix Goncourt attribué à Laurent Mauvignier, découvrez les lauréates du prix Gouincourt


L’inflation fait rage dans tous les domaines. Particulièrement au sein des prix littéraires français, dont le nombre ne cesse de croître chaque automne.

Énième avatar de cette fâcheuse tendance à couronner tout ce qui s’imprime : le 7 novembre, à Paris, le premier prix Gouincourt a été décerné. « Il existe des centaines de prix littéraires, et même un prix du roman gay, mais rien pour la littérature lesbienne », tempête sa fondatrice, Lauriane Nicol, dans les colonnes de Télérama. Pour combler ce vide abyssal, 14 ouvrages francophones ont été dûment sélectionnés par le média culturel Lesbien raisonnable, avant d’être soumis à un jury d’expertes en la matière.

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Cet éminent aréopage composé d’écrivaines, de comédiennes et de slameuses – dont Anna Mouglalis ou Virginie Despentes – a décidé de subvertir l’adage selon lequel « choisir, c’est renoncer » en désignant… quatre lauréates, ex aequo. « Les lesbiennes et les queers bousculent toujours les idées et le jury n’a pas eu envie de reproduire les modes opératoires traditionnels, basés sur l’élimination et la compétition. Deux lauréats, cela fait binaire, trois cela fait podium. Alors l’idée d’un carré s’est imposée », plastronne Lauriane Nicol, qui semble aussi savante en chiffres qu’en lettres.

Au-delà de cette hilarante démonstration, ce (non)-choix qu’on peut juger plus bouffon qu’audacieux relève d’un symptôme très contemporain : celui de la segmentation identitaire (sexuelle, raciale, politique) sans fin de la littérature. Le roman n’est plus l’expression d’une subjectivité, mais un lieu d’allégeance à un groupe d’appartenance. Se dessine ainsi un modèle de création, puis de récompense en circuit fermé, un safe space autarcique bien à l’abri des ambiguïtés du réel. Cependant, notre République des Lettres aura beau multiplier les médailles en chocolat, elle paraîtra toujours pingre face à l’insensée prodigalité du monde anglophone – où l’on compte plus de 80 prix littéraires estampillés LGBT.

Magnificat anima mea… Un hymne singulier à la gloire du corps

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La danseuse québecoise Clémentine Schindler © Photo : Sylvie-Ann Paré

Agnostique, la chorégraphe Marie Chouinard s’est saisie du Magnificat de Jean-Sébastien Bach avec le mysticisme des gens qui doutent, mais subodorent qu’il existe une puissance spirituelle qui nimbe tout l’univers…

Sur la scène vide et sombre sont lâchés de brefs cercles lumineux, des poursuites en terme technique, comme si les éclairagistes du spectacle qui s’annonce effectuaient d’ultimes essais. Et des coulisses parviennent les accords dissonants d’un orchestre dont les musiciens accordent leurs instruments en prévision du concert qui va débuter. Puis apparaissent une à une les silhouettes noires des danseurs qui s’étirent et s’échauffent sur le plateau avant que de se lancer. Voilà un prologue qui pourrait être vu comme une préparation spirituelle au rituel qui va se dérouler sur les accents de ce Magnificat dont la création a eu lieu il y a quelques mois au festival Madrid en Danza.

Profonde originalité

Marie Chouinard est Canadienne. Plus exactement Québécoise, ce qui est fort différent. Et cela se sent dans son travail. Il y a dans ses chorégraphies quelque chose d’organique, d’instinctif, de très physique. Aussi élaboré soit-il, son travail conserve quelque chose de simple, de spontané. De primitif dans le sens d’originel.

Quasiment nus, la tête sommée d’une coiffe circulaire, les treize danseurs de la compagnie sont lancés dans un rituel orgiaque, encore que très contrôlé. On y sent une liberté, une légèreté jubilatoire aussi, des cadences qui font lointainement penser aux danses d’Isadora Duncan où le corps s’abandonne à la volupté de parcourir l’espace sans entraves. Et on y admire une gestuelle toujours renouvelée.

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Qu’on adhère ou non à l’esthétique de la chorégraphe québécoise, son travail inspire le respect et une admiration due à la sincérité, à l’authenticité de sa démarche et à une profonde originalité. Sa danse ne ressemble à aucune autre. Elle s’épanouit loin, très loin des stéréotypes de la scène actuelle, de ce nouvel académisme benêt et de ces références obligées qui ruinent tout particulièrement la danse contemporaine française en l’uniformisant terriblement.  

Pourquoi faut-il alors que ce Magnificat ne soit programmé au Théâtre de la Ville que durant quatre jours devant des salles combles, alors que la demande aurait permis de donner davantage de représentations ? C’est aussi absurde que regrettable pour le public que pour la compagnie québécoise.

Carol Prieur, Rose Gagnol, Jerome Zerges, Ana Van Tendeloo et Sophie Qin. Photo: Sylvie-Ann Paré

Des dessins d’Henri Michaux

Après ce singulier Magnificat, une reprise d’une pièce plus ancienne, créée en 2011 lors d’un festival dans la Vienne des Habsbourg, achève la soirée.

Mouvements s’inspire d’un recueil de 64 dessins qui accompagnent un poème, tous ouvrages d’Henri Michaux. Du poème clamé d’une façon peu intelligible, on ne retient pas grand-chose. Mais les dessins qui semblent tracés à l’encre de Chine, vaguement anthropomorphes pour beaucoup, et projetés sur un vaste écran, sont comme redessinés, reproduits par les corps des danseurs. C’est très habile et leur incarnation par les artistes de la compagnie est étonnante. Mais le fond sonore assourdissant qui accompagne cette débauche d’attitudes est bientôt pénible. Et surtout, tout le recueil de dessins y passe. Aussi respectable que soit la démarche, elle s’allonge indéfiniment, et l’on ne détesterait pas que les dernières pages en aient été arrachées.

 Gérard Reyes, Mariusz Ostrowski, James Viveiros, Lucy M. May, Lucie Mongrain, Leon Kupferschmid, Carol Prieur. Photo: Sylvie-Ann Paré

Théâtre de la Ville, Le 12 décembre 2025 à 20h, le 13 décembre à 15h et 20h.

De 8 € à 40 €. 1h30

Derniers épisodes en date de la guerre culturelle contre Israël

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La juriste Francesca Albanese interrogée par Blast. Capture YouTube.

Cancel culture, antisionisme suspect, instrumentalisations de la mémoire, déni islamiste, inversion morale: les ennemis de l’État juif sont en très grande forme.


Pour s’informer objectivement de la situation à Gaza, plusieurs loges maçonniques invitent ces jours-ci Mme Chemillier-Gendreau, professeur de droit, une adversaire forcenée du sionisme, et M. Stamboul, de l’Union Juive pour la Paix, un des pires ennemis d’Israël. Au Grand Orient de France lui-même, naguère refuge contre l’antisémitisme, un débat monolithique anti-israélien !

Mme Francesca Albanese (notre photo) reçoit le Prix International René Cassin des Droits de l’Homme pour son travail exemplaire de rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Elle est tellement exemplaire que Mme Albanese a été publiquement traitée d’antisémite non seulement par Israël, mais par les chancelleries des Etats-Unis, de France et d’Allemagne, ce qui n’est pas fréquent…

René Cassin kidnappé !

« Prix international René Cassin », cela sonne prestigieux, mais mérite quelques vérifications. Le prix a été attribué au nom de la région basque d’Espagne, sur proposition d’associations basques. À lire leurs manifestes, il est clair que ce sont des organisations anticolonialistes locales qui ont pesé de tout leur poids dans la décision. Ce prix n’a donc d’international que le nom.

Que vient faire René Cassin avec le Pays basque? La famille de son père provenait du Comtat Venaissin, celle de sa mère d’Alsace, mais il est vrai qu’ils ont eu des liens avec Bayonne, où lui-même est né en 1887. Et c’est là un kidnapping culturel: René Cassin est devenu Basque d’honneur, lui qui ne s’est jamais exprimé à ce sujet. On cache en revanche dans sa biographie toute mention de sa judéité, alors qu’il fut Président de l’Alliance israélite Universelle pendant des dizaines d’années, que ses parents, entre Alsace, Nice et Bayonne n’ont jamais quitté les environnements de synagogues, qu’il a toujours soutenu l’État d’Israël, que son action ne se comprend pas sans la Shoah et qu’il aurait sans doute été horrifié par le choix actuel de la récipiendaire…

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Autre distorsion des faits, celle de l’historien médiéviste Julien Théry qui poste une liste de vingt personnes qu’il qualifie de «génocidaires» et qui bizarrement sont presque toutes juives.

Mme Albanese et ses amis traitent Israël d’Etat génocidaire de façon si répétitive que l’habitude en a été prise et qu’il devient presque saugrenu de souligner que c’est un mensonge, que le terme n’a jamais été validé par la Cour Internationale de Justice, l’organisation compétente à ce sujet, et que la Cour Pénale Internationale reconnait qu’il n’est pas adapté à la situation de Gaza. 

Un historien, c’est quelqu’un qui doit vérifier les faits et leur appliquer les mots adéquats. M. Théry n’est qu’un propagateur de haine. C’est aussi un faussaire qui, quelques mois après avoir publié un article où il lavait l’extrême gauche à laquelle il appartient de tout soupçon d’antisémitisme, envoie sur les réseaux une photo où un homme au nez démesuré, kippa caricaturale sur la tête et étoile jaune à la poitrine, fait les poches d’une jeune femme portant un drapeau palestinien. Tout cela n’a pas ému grand monde dans l’écosystème très orienté de son université Lyon II et n’a pas gêné non plus ceux qui ont lancé une pétition en sa défense au nom de sa liberté d’opinion.

La Ligue des droits de l’homme empêche l’IFOP de travailler

Une enquête de l’IFOP et du Cevipof sur le rapport à l’islam des musulmans de France publiée le 18 novembre a montré par comparaison avec une enquête de 1998, qu’il y a eu une forte progression des courants islamistes notamment chez les jeunes de 15 à 24 ans dont 57% considèrent désormais que le respect des règles de l’islam est plus important que celui des lois françaises. Ces résultats ont provoqué une levée de boucliers. Certains, tels Nonna Mayer et  Nicolas Tiberj, ont émis des critiques méthodologiques, mais leurs propres critiques ont été balayées par une autre étude, celle d’Olivier Galland et Gérard Grunberg qui pointent les biais idéologiques de ceux qu’ils appellent les « sociologues du déni ».

La controverse a cependant suffi pour qu’une nouvelle enquête de l’IFOP et du Cevipof sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur soit brutalement stoppée après plainte devant le Conseil d’Etat de la Fédération syndicale de l’enseignement et de la Ligue des Droits de l’Homme, cette organisation qui fut prestigieuse et qui se spécialise depuis plusieurs années à ignorer les chemins islamiques de l’antisémitisme contemporain.

A lire aussi: Une liste de juifs? Tout à fait Théry!

Il s’agit là d’une forme de cancel culture. Nous sommes tellement habitués à ce phénomène que nous n’y prêtons même plus attention, les mêmes pétitionnaires ou leurs amis qui revendiquent la liberté d’expression pour Julien Théry, la mettent au rebut quand elle ne leur convient pas, en agitant le spectre de l’islamophobie. Jean-Luc Mélenchon n’a pas signé la pétition en faveur du professeur d’histoire médiévale, mais ne lui a pas ménagé son soutien dans les réseaux sociaux où il utilise larga manu le terme de génocide contre Israël. 

Avec son habileté rhétorique et son aplomb inimitable, il étouffe dès son introduction les questions de la Commission qui va l’interroger pour déterminer les connivences de LFI avec les mouvements islamistes, confirmées par de récentes publications. D’emblée il explique aux parlementaires que tout est réglé, que tous les documents ont absolument innocenté LFI, que ce parti n’accepte évidemment pas l’entrisme religieux et que cet entrisme n’est d’ailleurs pas à craindre car – je cite – « l’islam d’Afrique du Nord, qui est malékite et de tradition arabo-andalouse, distingue parfaitement le domaine du privé et celui du politique ». C’est ce qu’on n’avait pas expliqué aux dizaines et peut-être centaines de milliers de victimes de la décennie noire en Algérie, assassinées par des djihadistes de culture malékite.

Mélenchon adore faire la leçon et impressionner ses interlocuteurs. «Heureusement que vous êtes là, lui écrit sur Facebook un de ses admirateurs, mais il faudrait préciser que Gaza n’est pas seulement un génocide, mais que c’est un des pires génocides de l’histoire…». Pour certains de ceux qui vomissent sur Israël il n’y en aura jamais assez. Moi qui ai beaucoup lu sur Treblinka la semaine dernière, j’ai eu un moment de nausée.

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N’oubliez pas le guide!

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© S. Edelson

Le château de Versailles a annoncé qu’à compter du 14 janvier 2026, le tarif d’entrée pour les visiteurs provenant de pays hors Europe augmentera de 3 euros. Le musée du Louvre, récemment au cœur de l’actualité après le vol des joyaux de la Couronne de France, a décidé d’appliquer une hausse similaire, mais plus forte. Cette différenciation tarifaire a été instaurée à l’initiative du ministère de la Culture. « Les Français n’ont pas vocation à tout financer eux-mêmes », avait déclaré Rachida Dati dans Le Figaro. Pour Élisabeth Lévy, le tourisme de masse constitue l’un des fléaux majeurs de notre temps. Nous vous proposons de l’écouter.


Une nouvelle tendance émerge dans les musées : l’augmentation du prix d’entrée pour les non-Européens. À partir de la mi-janvier, les non-Européens vont devoir payer 35 euros au lieu de 32 euros pour l’entrée au château de Versailles (+10%). Au Louvre, c’est 32 contre 22 pour les Français et les Européens (+ 45%, mais on sait que le Louvre a besoin d’argent !).

Pas la préférence nationale non plus…

Je m’étonne que la gauche ne dénonce pas bruyamment cette politique raciste. Certes, cette préférence est européenne, j’aurais préféré une préférence nationale car c’est le patrimoine construit et financé par les Français. Mais on aurait certainement trouvé une règle européenne l’interdisant.

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En tout cas, c’est une discrimination envers ce qu’on appelait autrefois le Tiers-Monde et aujourd’hui, parce que c’est plus chic le Sud global. Des Algériens, des Vénézuéliens ou des Chinois paieront plus cher. Cela va continuer. Et c’est normal. On me dira que l’Ermitage à Saint-Pétersbourg c’est seulement 6 euros et le Prado à Madrid 15. Oui, mais on ne peut pas à la fois réclamer la baisse des dépenses publiques, l’amélioration de la sécurité dans les musées et une entrée à bas prix.

L’horreur touristique

Mais la culture ne devrait-elle pas être accessible à tous ? Elle l’est. Je ne connais personne qui n’ait pas lu un livre ou vu un tableau à cause du prix. C’est une question de priorité. On peut renoncer à l’IPhone 92 ou aux dernières Nike et aller visiter des musées. Ensuite, c’est comme la santé : la culture cela n’a pas de prix mais un coût. L’entretien du patrimoine coûte une fortune. Enfin, notre devoir c’est de préserver ce qui nous a été légué par des siècles de travail et de création. La mission d’un ministre du Tourisme n’est pas de célébrer chaque million de touristes supplémentaires chaque année mais de limiter drastiquement les flux. Pauvre Notre-Dame : à peine rebâtie on lui impose 10 millions de visiteurs par an ! 

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Internet nous fait croire que le monde entier est à portée de clics. Mais si 10 milliards d’êtres humains pensent que c’est un droit de l’homme de visiter le Louvre, Versailles, le Taj Mahal et toutes les merveilles du monde, elles disparaitront. La Place d’armes de Versailles n’a pas été faite pour accueillir des bus de touristes. Notre respect et notre amour pour ces productions du génie humain commande de les préserver contre les méfaits du tourisme de masse, donc d’accepter que nous ne verrons pas tous toutes les merveilles du monde. C’est peut-être choquant pour notre esprit démocratique, mais ce qui nous est cher doit être rare.


Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud Radio