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Ce qui déclenche le “fou rire” de la racaille va vous donner la gerbe

En Seine-Saint-Denis, dans la Californie d’Emmanuel Macron, il s’en passe de belles


C’est plus précisément à Noisy-le-Sec que se déroule ce nouvel épisode de la France orange mécanique. Les faits ont eu lieu ce dimanche. Sur une vidéo d’abord diffusée via la messagerie instantanée Telegram, on voit un automobiliste approcher ses victimes (deux personnes âgées, apparemment SDF) en leur demandant une cigarette pour ensuite les agripper et les retenir. La voiture accélère alors, ce qui force les victimes à courir sur plusieurs mètres. 

« Arrête, je vais tomber »

L’une des victimes a beau implorer le conducteur d’arrêter (« Arrête tes conneries », « Arrête, je vais tomber »), ceci ne freine en rien l’hilarité du conducteur ni celle de ses acolytes. Au bout de quelques mètres, on voit la victime chuter sur la route. En sous-titre de la vidéo : « Fou rire de la soirée », suivi de plusieurs emojis pleurant de rire.

L’une des deux victimes, âgée de 64 ans, à déposé plainte [1]. Elle souffre aujourd’hui d’une fracture à l’épaule et au pied. L’auteur principal, 24 ans, lui, a été placé en garde-à-vue, mais ses complices étaient toujours recherchés lundi soir. Sur les réseaux sociaux, l’indignation monte. Circulent la photographie de l’une des victimes, blessée au crâne, ainsi que le nom, le prénom et l’adresse de l’auteur présumé des faits. Au milieu des menaces de représailles, certains pensent déjà au coup d’après, et aux effets politiques : « Le problème avec ces abrutis, c’est que l’extrême droite va se faire un malin plaisir à dire « Toujours la même population » ».

Sentiment d’impunité

L’auteur présumé n’avait pas l’air spécialement inquiet des retombées judiciaires possibles d’une telle vidéo diffusée sur le net. Visage découvert, pas même un masque chirurgical sur le nez, il se filme, en toute décontraction, gonflé par un sentiment d’impunité. Voilà qui nous ramène au terrible été meurtrier 2020, avec notamment le meurtre à Lyon d’une jeune femme de 23 ans trainée par une voiture sur 800 mètres. Le ministre Gérald Darmanin avait alors parlé d’ « ensauvagement d’une partie de la société »


[1] France Info évoque une source syndicale, qui aurait indiqué qu’il s’agit du deuxième homme présent sur la vidéo, lequel affirme être sorti de chez lui vers 23h30 pour acheter des cigarettes, et s’être fait accoster par trois personnes à bord d’un véhicule, s’être approché, avoir été saisi par les bras et traîné sur plusieurs mètres avant de tomber. Il est blessé à l’épaule et au bras et souffre de plusieurs écorchures.

Dernière minute. Mardi 11 janvier à l’aube (vers 5h15), un homme déclarant être l’auteur de la vidéo s’est présenté à la police, selon France info.

Coupable, forcément coupable…

Edwy Plenel en a fait une affaire personnelle, quelques magistrats aussi. Leur objectif : faire mordre la poussière du désert libyen à Nicolas Sarkozy en démontrant que sa campagne de 2007 a été financée par Mouammar Kadhafi. Depuis dix ans, robes et moustachu cherchent les preuves. Sans succès. Mais quand on prétend moraliser la démocratie, tous les moyens sont bons.


Nicolas Sarkozy n’est pas un saint. C’est un politique. Comme l’a plaisamment raconté le regretté Philippe Cohen dans une bande dessinée[1], il a commencé sa carrière en tuant le père, et plutôt salement, en l’occurrence son mentor Charles Pasqua, à qui il a ravi la mairie de Neuilly en 1983. Et s’il a échoué à occire Jacques Chirac en soutenant la candidature d’Édouard Balladur en 1993, pas mal de gens, rivaux de sa propre famille plus encore que concurrents de l’autre rive, se souviennent des tours plus ou moins tordus que leur a joués l’ancien président de la République dans son ascension. On n’arrive pas au sommet avec des manières de gazelle.

Pour autant, peut-on imaginer qu’il soit un corrompu doublé d’un traître à son pays ? C’est pourtant ce que des journalistes et des magistrats s’efforcent de prouver depuis dix ans avec la fumeuse affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Selon la théorie défendue avec un acharnement confinant à l’idée fixe par Mediapart, reprise avec complaisance par d’autres médias, Le Monde en particulier, et considérée comme une vérité révélée par les magistrats qui se sont succédé dans ce dossier, notamment le juge Tournaire, Sarko aurait en effet touché 50 millions d’euros de feu Mouammar Khadafi, « Guide » de la révolution libyenne lynché par la foule en octobre 2011 dans la foulée de l’intervention initiée par la France en mars de la même année. Pour donner une idée de l’énormité de la somme et de l’accusation, on rappellera que, pour cette campagne qui a été décortiquée par les juges centime par centime, le plafond des dépenses était de 37 millions pour les deux tours.

Une « instruction-cathédrale »

Pour entrer dans les arcanes de cette « instruction-cathédrale », on se plongera dans la passionnante enquête d’Erwan Seznec (lire l’enquête d’Erwan Seznec p.58-61) qui a ingurgité des milliers de pages de procès-verbaux. Rappelons simplement que le premier texte de Mediapart (dont le dossier « argent libyen » comporte aujourd’hui près de 150 articles) paraît le 12  mars 2012, un mois avant le premier tour de la présidentielle, sous le titre : « Présidentielle 2007 : Kadhafi aurait financé Sarkozy » – on notera l’usage prudent du conditionnel. Il faut aussi souligner que les allégations de Mediapart reposent largement sur les déclarations erratiques d’un marchand d’armes et spécialiste en affaires troubles, proche de Claude Guéant et Brice Hortefeux, Ziad Takieddine. On peut estimer que de telles fréquentations ne sont guère convenables pour la garde rapprochée d’un homme briguant la fonction suprême. En attendant, il est curieux qu’on le prenne au sérieux quand il accuse Sarkozy et qu’on soupçonne toutes sortes de combines quand il se rétracte.

Pas de preuves mais un faisceau d’indices graves et concordants

Neuf ans après l’article initial, les magistrats n’ont toujours pas trouvé la moindre trace d’argent libyen, mais Nicolas Sarkozy est condamné par le tribunal correctionnel à trois ans de prison, dont un ferme, pour « corruption » et « trafic d’influence », l’« association de malfaiteurs » ayant été abandonnée en cours de route. Premier haut fait d’armes du Parquet national financier, créé en 2014 par François Hollande, cette condamnation se fonde sur les écoutes téléphoniques mises en place par les magistrats toujours en chasse de l’argent fantôme, écoutes sur la base desquelles le PNF a ouvert une nouvelle instruction en avril 2014. Il faut noter que la Justice a validé l’espionnage des conversations entre un politique et son avocat, pourtant protégées par le secret professionnel, puis a prononcé une peine pour le moins sévère (mais non définitive, en raison de l’appel en cours) tout en reconnaissant ne pas détenir de preuves, mais « un faisceau d’indices graves et concordants ». Or, si de tels indices justifient, selon la loi, une mise en examen, on est en droit d’attendre de nos tribunaux qu’ils ne condamnent que sur la foi de preuves solides. Du reste, la sanction n’a rien à voir avec l’argent de Khadafi. Ce qu’on reproche à Sarko, c’est d’avoir envisagé de pistonner un magistrat, Gilbert Azibert, en échange d’informations sur la procédure Bettencourt, procédure dans laquelle il a bénéficié d’un non-lieu après avoir été mis en examen pour « abus de faiblesse », rien que ça. Les juges reconnaissent qu’aucune tentative de favoritisme n’a eu lieu et, du reste, le magistrat n’a jamais obtenu le poste convoité à Monaco, mais peu importe, l’intention supposée suffit. Je crois bien avoir déjà déclaré, dans un taxi embourbé dans les embouteillages parisiens, que j’avais envie de casser la gueule d’Anne Hidalgo. Ça va chercher dans les combien, ce projet criminel ?

Un traitement grand luxe

Décidément, Sarko aura eu droit, de bout en bout, au traitement grand luxe, par les médias, comme par les juges travaillant sur ses nombreux dossiers- et en réalité, par l’alliance des uns et des autres. Qu’Edwy Plenel cherche obsessionnellement à accrocher le scalp de l’ancien président à son tableau de chasse, et qu’il se croie autorisé à dispenser des leçons de déontologie à toute la profession, c’est après tout son droit, même si ses manières de justicier font froid dans le dos. Le rôle du journaliste, écrit-il en se plaçant dans les pas d’Albert Camus, c’est d’« élever ce pays en élevant son langage ». Tant de modestie étonne de la part de ce phare du journalisme. Tu sais ce qu’il te dit, mon langage ?

Plenel est convaincu qu’il a pour mission de sauver la démocratie française. Le plus grave, en effet, c’est qu’il croit à ce qu’il dit et écrit

Plenel est convaincu qu’il a pour mission de sauver la démocratie française. Le plus grave, en effet, c’est qu’il croit à ce qu’il dit et écrit. Ainsi cite-t-il ce propos édifiant de l’historien Maurice Agulhon : « Qu’est-ce que la Gauche, sinon la volonté et l’ambition de moraliser la Politique ? » Quand on est le Bien, on a besoin d’un visage du Mal. Ce sera celui de Sarko, dépeint en Belzébuth ou en quasi Hitler au petit pied : « L’amoralisme est au principe de ce pouvoir », résumait sobrement le trotskyste moustachu en 2010[2]. Dans ce combat métaphysique, tous les moyens sont bons, toutes les sources, dignes de foi. Le patron de Mediapart prétend avoir, à lui tout seul, redonné ses lettres de noblesse à l’enquête journalistique. En réalité, en dehors des confidences de personnages tels que Takieddine ou de proches du Guide déchu (tous connus pour leur irréprochable moralité), les « investigations » de Mediapart, comme celle des autres, reposent largement sur l’exploitation malveillante de PV d’audition, c’est-à-dire sur l’investigation des autres, policiers et magistrats. Curieusement, un homme aussi intraitable sur la légalité républicaine que Plenel ne voit aucun inconvénient à bafouer ouvertement et de façon répétée le secret de l’instruction, pourtant corollaire indispensable de la présomption d’innocence. À la guerre comme à la guerre. N’empêche, un dossier d’instruction se balade à ciel ouvert sans que la moindre enquête ait jamais été ouverte à ce sujet.

On objectera avec raison que Causeur a également exploité ces mêmes PV (qui ne nous ont pas été fournis par des juges). De fait, dès lors qu’une partie de la presse y a eu accès et les a abondamment exploités pour charger l’ancien président, il nous a paru légitime de chercher à savoir s’ils racontaient l’histoire rocambolesque que l’on nous sert depuis des années. Ou alors, il faut décréter que l’investigation journalistique est au-dessus de tout soupçon.

Des magistrats en campagne

Mais, heureusement, Edwy Plenel ne détient pas le pouvoir d’embastiller ni de déchoir. Ce qui inquiète encore plus que le fanatisme mediapartiste, c’est que des magistrats semblent avoir fait leur sa croisade. Difficile de ne pas voir que, depuis le début, ils enquêtent à charge et à charge, convaincus a priori que les millions de Kadhafi existent. Qu’un magistrat se soit forgé, avant toute investigation, une intime conviction, voilà qui va à l’encontre de tous les principes d’une saine justice. À cette conviction, il faut ajouter le corporatisme : à la notable exception de Renaud Van Ruymbeke qui a refusé de participer à l’hallali, on a le sentiment que les magistrats instructeurs intervenant dans les différents dossiers Sarkozy ne voulaient sans doute pas se déjuger mutuellement, tandis que la Cour de cassation a validé les actes de procédure aussi extravagants que les écoutes qui font office de filets dérivants (on va à la pêche en se disant qu’on finira bien par ramener un poisson). Quant aux magistrats du siège, ceux qui ont condamné Sarko, on peut aussi supposer qu’ils ont rechigné à détruire des années d’instruction (et la réputation du Parquet) en prononçant un non-lieu.

Edwy Plenel © Martin Bureau / AFP

L’affaire du « mur des cons » l’a prouvé, tous les juges ne sont pas des êtres de pur principe, placés au-dessus de la mêlée politique. Certains sont animés par l’idéologie et pas par n’importe laquelle : dans la grande tradition extrême gauchiste, eux aussi se prennent pour des justiciers. Il est vrai que la lutte contre le Mal est une tâche autrement plus gratifiante que l’application de la loi. C’est ainsi que le PNF n’a pas hésité à intervenir à grand fracas dans la campagne présidentielle, faisant preuve avec François Fillon d’une célérité dont rêveraient bien des justiciables. Que Fillon n’ait pas été exempt de tout reproche est indéniable. Montesquieu affirmait (en substance) que, même en matière de vertu, il faut de la modération. En attendant, quelques mois plus tard, la Justice était moins raide concernant les indélicatesses reprochées à Richard Ferrand (un premier procureur ayant décrété qu’il n’y avait rien à voir) ou la grande sauterie de Los Angeles organisée sur deniers publics à la gloire d’Emmanuel Macron. Autrement dit, nos grandes consciences judiciaires, impitoyables avec les uns, savent se montrer indulgentes avec les autres.

Une complicité stratégique entre les médias et la Justice

Dans ces conditions, le pouvoir grandissant des juges a de quoi inquiéter. Non seulement, ils deviennent des acteurs de la bataille politique en réservant leurs coups à certains plutôt qu’à d’autres, mais ils se substituent fréquemment, et sans la moindre légitimité, à un pouvoir exécutif procédant du suffrage universel, en lui enjoignant de faire ceci ou cela. Or, tout comme les médias avec lesquels certains magistrats ont noué une complicité stratégique, la Justice est un pouvoir qui ne souffre aucun contre-pouvoir. Non seulement personne ne jugera les juges, mais nombre de politiques, conscients qu’ils peuvent se retrouver dans leur collimateur, hésitent à les critiquer.

Nicolas Sarkozy est encore prévenu dans plusieurs procédures, l’affaire libyenne et son sous-produit des écoutes, ainsi que dans le dossier Bygmalion, où il a été condamné en première instance, là encore en l’absence de preuves de son implication directe dans les surfacturations imputées à l’agence de communication. On ne sait pas si on verra un jour Edwy Plenel plastronner à la télévision pour avoir réussi à envoyer en prison un ancien président de la République. En attendant, j’ai peur de la Justice de mon pays.


[1] Riss, Philippe Cohen, Richard Malka, La Face karchée de Sarkozy, Vents d’Ouest/Fayard, 2006.
[2] N’oubliez pas ! Faits et gestes de la présidence Sarkozy, Don Quichotte, 2010.

Vous avez dit woke?

Le wokisme est une forme d’obscurantisme. Mais la France résiste. Vendredi et samedi dernier se tenait à la Sorbonne un vaste colloque proposant de lancer une contre-offensive, ouvert par Jean-Michel Blanquer.


Vendredi 7 et samedi 8 se tenait à la Sorbonne un colloque qui se donnait pour objet de déconstruire le wokisme. Jean-Michel Blanquer s’y est exprimé, ainsi que quelques bons esprits immédiatement classés à l’extrême-droite par les spécialistes de l’anathème bien-pensant, les islamo-gauchistes professionnels et autres collabos de la pensée unique, qui ont enfourché le cheval de « l’éveil » faute de pouvoir briller par leurs qualités propres. Mais de quels chaudrons de sorcière sort cette idéologie américaine dont les plus sots des universitaires français font désormais leurs choux gras ?

Il s’agissait en fait de « déconstruire la déconstruction » et de lancer la contre-offensive contre une poignée d’agitateurs qu’un régime un peu cohérent aurait exclus de l’université.  Pour ceux qui n’étaient pas là dans les années 1960-1970, ou qui se souciaient davantage de chocs pétroliers, d’inflation, de montée du chômage de masse et des premiers attentats islamistes, rappel des épisodes que vous avez pu rater.

Idées iconoclastes

Ces idées iconoclastes, qui aujourd’hui reviennent en boomerang des Etats-Unis où elles se sont implantées jadis, ont émergé des cervelles surchauffées par 1968 de quelques penseurs français. Nous vivions alors des temps iconoclastes, au sens pur du terme : on tentait de déboulonner les vieilles icônes, par exemple De Gaulle. Quelques philosophes, conformément à la pratique philosophique depuis vingt-cinq siècles, ont ébranlé les certitudes sur lesquelles reposait la civilisation occidentale : comme l’explique fort bien Denis Collin, Deleuze préfère alors les schizophrènes aux gens supposés « normaux », Foucault les taulards, et Badiou, le tout premier, remplace dans son maoïsme adapté au quartier Saint-Germain l’ouvrier français, contaminé par l’immobilisme du PCF, par l’immigré, nouveau damné de la terre. La Fondation Jean Jaurès reprendra l’idée trente ans plus tard, à l’usage du PS, avec le succès que l’on sait en 2002. 

Nous sommes beaucoup trop tendres, trop patients, trop enclins à écouter, trop tentés de donner raison aux gens déraisonnables…

« Tous ces courants, précise Denis Collin, qui ont fleuri dans les années post-soixante-huit, considèrent, comme Michel Foucault, que la question du pouvoir d’État comme question centrale est dépassée et qu’il est nécessaire de s’opposer d’abord aux « micro-pouvoirs « et aux « disciplines » qui domestiquent l’individu. C’est encore chez Foucault et son élève américaine Judith Butler qu’est revendiquée la nécessité des « identités flottantes » contre les « assignations sociales » à une seule identité sexuelle. Remarquons enfin que, comme Foucault admirateur de la « révolution islamique » de Khomeiny, l’idéologie « woke » sacralise l’islam, considéré comme l’allié du mouvement contre les mâles blancs hétérosexuels. 

Intersectionnalité des luttes

C’est de là que vient la sacro-sainte « intersectionnalité des luttes », dont j’ai déjà dit il y a plus de deux ans ce qu’il fallait penser. Les « chiennes de garde », version enragée des féministes du courant Beauvoir / Veil / Badinter, ont eu tôt fait de défendre le hijab, qui marque pourtant l’infériorité de la femme, puisqu’il était islamique. Et le courant LGBT s’allia ainsi à des fanatiques qui, ailleurs dans le monde, mettent à mort les homosexuels. Dans le monde de la pensée inversée, rien que de très normal.

Ce faisant, les « woke » reproduisent les pires préjugés racistes et sexistes. Avec la bonne conscience des néo-convertis.

A lire aussi: “Le voile, c’est l’islamisation par le bas”

Les universitaires américains, en panne d’idées originales, adoptèrent cette French Theory dans le courant des années 1970. Comme dit Pierre-André Taguieff, l’inventeur du concept d’islamo-gauchisme, une entreprise philosophique qui s’appuyait initialement sur Nietzsche et Heidegger est tombée entre les mains de quelques crétins qui en ont fait un étendard. Le « politiquement correct », qui sévit depuis bientôt quarante ans, est la section émergée de cet iceberg de nouvelles certitudes. Quelques incidents policiers, ici ou là-bas, convainquirent les militants de la justesse de leurs aberrations. Et, surtout, de leur appartenance à la grande communauté des victimes — une trans-classe qui transcende les anciennes distinctions sociales.

Parce qu’il n’y a rien de marxiste dans le wokisme. Comme il n’y a rien de libéral — sinon l’accent mis sur le désir d’exister de chacun, via les réseaux sociaux, les « communautés », les mouvements revendicatifs, le sentiment victimaire et la chasse aux sorcières, à Sciences-Po Grenoble ou ailleurs, comme l’expliquait récemment Nicolas Le Hors dans Valeurs actuelles.

OPA sur la recherche et les médias

Si l’on veut comprendre le wokisme, il faut remonter à la source américaine : il s’agit en fait, comme dit Jean-Loup Bonnamy, de l’une de ces innombrables sectes qui pullulent depuis quatre siècles dans un pays colonisé à l’origine par des quakers — secte dissidente de l’église anglicane — chassés d’Angleterre avec William Penn en 1681.

Une secte ne subsiste que dans la mesure où elle identifie ses ennemis — et plus nombreux ils sont, mieux elle prospère. Savonarole à la fin du XVe siècle persuada pendant trois mois les Florentins qu’ils devaient se repentir, et brûler les marques de l’impureté de leur foi : Botticelli jeta au feu ses toiles non religieuses — puis on tortura, pendit et brûla le nouveau messie, les Florentins étaient collectivement trop intelligents pour se laisser suborner longtemps par un illuminé. Le catholicisme, contrairement au protestantisme, n’a eu que fort rarement des bouffées délirantes de vertu. Il sait bien qu’il est avec le Ciel des accommodements, comme disait Tartuffe.

Nous autres contemporains sommes beaucoup trop tendres, trop patients, trop enclins à écouter, trop tentés de donner raison aux gens déraisonnables. Sous prétexte d’autonomie des universités, nous avons laissé recruter des centaines d’imbéciles qui se sont réfugiés dans le wokisme pour étayer des recherches stériles et empêcher des chercheurs sérieux d’entrer dans le Supérieur. Se cooptant entre eux – exactement comme les pédagogistes, ces pédagogues minables qui n’ont de force que celle qu’ils tirent de leur incompétence de groupe —, ils ont lancé une OPA sur la recherche universitaire et les médias. Voir par exemple cette aberration absolue qu’est l’écriture inclusive, ou les marques aberrantes du féminin imposées à des mots qui ne nous ont rien fait. Un « e » collé à « auteur » ou « professeur », comme si c’était un Marseillais qui articulait le mot, voilà qui sanctifie des profs nuls et des auteurs stériles. Blanquer n’a pas tort d’expliquer que le wokisme est une forme d’obscurantisme. Trois connards, ce n’est rien ; trente connards, c’est une secte ; et s’ils sont relayés par quelques journalistes qui eux non plus n’ont rien trouvé d’autre pour exister, cela devient un groupe de pression.

A relire, du même auteur: Génération connards

Que le wokisme se soit répandu aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, pays de sectes protestantes, soit. Mais en France ? Ni le catholicisme, ni l’islam des origines, celui qui partait sabre en main conquérir un empire, ne pratiquent la victimisation ou l’auto-apitoiement.

Mais c’est compter sans la perte d’influence de l’Église, et la dégénérescence de l’islam dans sa version banlieue. Faute d’exister en soi, faute de se battre, de travailler, de créer, un grand nombre de petits connards ont choisi le wokisme pour se construire une niche, ou un piédestal qui leur donne un semblant d’existence — et, si possible, de prépondérance. 

Ils ne se contentent pas d’un petit bout de territoire, comme les Amish. Ils prétendent tout régenter, à commencer par le champ pédagogique. Tout candidat sérieux à la présidentielle doit promettre d’en finir avec cette poignée de malfrats de l’intellect. En les révoquant, quitte à modifier les statuts de la Fonction publique, lorsqu’ils sont enseignants ; en leur coupant les vivres, s’ils sont journalistes ; en leur ôtant la parole, dans tous les cas.


Lévy sans interdit

Notre directrice de la rédaction a suivi les débats

Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 dans la matinale de Sud Radio.

6 janvier: ce que les médias américains ne vous diront jamais

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Un an après l’attaque honteuse du Capitole, le parti Démocrate fait feu de tout bois pour accabler Trump et le camp républicain. Pourtant, les dégâts générés par les antifas ou le mouvement Black Lives Matter – soutenu par certains démocrates – sont bien plus importants.


Il y a un an, le grand rassemblement de Donald Trump du 6 janvier 2021 se terminait par l’attaque et la profanation du Capitole, au cœur de la capitale américaine. Nous avons tous vu dans les médias les images effrayantes et scandaleuses de cet événement. Ce jour a choqué tout le pays, mais je peux dire en tant que Républicain que le choc était particulièrement brutal pour les Républicains. C’est la dernière chose que les partisans de Trump voulaient voir. Les auteurs de ces violences devraient en porter la pleine responsabilité et être punis avec toute la force de la loi. Je n’ai pas entendu un seul politicien républicain, un seul commentateur politique républicain ou un seul Républicain patriote soutenir la violation de la capitale. Ces actes de violence sont contraires aux principes de protestation pacifique adoptés par les Républicains et le mouvement MAGA. Par conséquent, les Républicains sont amenés à remettre en question le récit médiatique des événements et de leurs conséquences pour la politique aux États-Unis.

La gauche du Parti démocrate et les médias qui la soutiennent ne cessent de qualifier l’intrusion dans le Capitole d’« insurrection », de tentative de « coup d’État » par de violents terroristes domestiques, autrement dit des suprémacistes blancs supporteurs de Trump. Ils parlent de la plus grande attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession, pire que Pearl Harbor ou que le 11 septembre (une insulte aux 3000 personnes qui ont perdu la vie dans les deux tours). Et ils accusent Donald Trump lui-même de l’avoir incitée et soutenue.

Il ne s’agit pas de minimiser l’inacceptable effraction violente du Capitole mais de souligner l’hypocrisie flagrante de la gauche, ses mensonges odieux et ses exagérations à propos du 6 janvier

Mais si cette rhétorique hystérique et hyperbolique était vraie, pourquoi la gauche a-t-elle jugé nécessaire de mentir autant sur ce qui s’est passé ou ne s’est pas passé ? Oui, Trump a tenu un meeting à proximité du Capitole le 6 janvier avec des milliers de partisans, alors que la session conjointe du Congrès était prête à confirmer les résultats de l’élection. L’objectif de ce rassemblement était de convaincre les Républicains du Congrès de se joindre aux Républicains qui avaient prévu de contester la certification des résultats dans certains États qui étaient potentiellement basés sur des votes frauduleux. Cela permettrait de forcer au moins une discussion et un débat au sein du Congrès, ce qui est légal selon la Constitution. Ce que les médias ne vous diront pas, c’est que de nombreux Démocrates ont également contesté les résultats des élections présidentielles passées, y compris celle de 2016 où Trump a battu Hillary Clinton. L’opposition des Démocrates étaient basée sur les accusations – que l’on sait maintenant fausses –  selon lesquelles Trump aurait volé l’élection grâce à une prétendue connivence avec la Russie. Un mensonge que les Démocrates ont maintenu pendant toute la présidence de Trump et jusqu’à aujourd’hui. L’objectif de Trump était donc simplement de montrer aux Républicains du Congrès combien il était soutenu par le peuple américain. Toute violence visant à perturber le processus du 6 janvier ne servait pas du tout ses intérêts. Il est prouvé que Trump a appelé ses partisans à marcher « pacifiquement et patriotiquement » vers le Capitole. Pourtant, il y a eu des violences qui ont bien perturbé le processus. Après que Trump a demandé à tous les émeutiers de quitter le Capitole et que les sénateurs et les membres du Congrès sont revenus, ces derniers ont immédiatement demandé une certification des votes de tous les États, sans discussion. Biden a été confirmé.

À lire aussi, du même auteur: Pourquoi Kyle Rittenhouse est ressorti libre du tribunal

Comme la plupart des Républicains, je suis de l’avis que Trump n’est pas intervenu assez rapidement et avec assez de force, pour demander aux émeutiers de cesser. Mais ses détracteurs vont jusqu’à répandre un mensonge à ce sujet. Liz Cheney, représentante républicaine pour le Wyoming, opposée à Trump, est la vice-présidente de la commission d’enquête sur les événements du 6 janvier. Elle prétend que Trump est resté sans faire de déclaration pendant 187 minutes (plus de trois heures), tandis que les événements se déroulaient au Capitole. Les médias ne vous diront pas que c’est un mensonge et que les faits le prouvent. La chronologie des événements montre clairement que la première déclaration de Trump enjoignant à ses supporteurs de « rester pacifique et soutenir notre police », a été faite sur Twitter 23 minutes après l’effraction initiale. Il a envoyé un deuxième tweet 35 minutes plus tard. Après une heure, il a envoyé un message vidéo demandant à tout le monde de partir. Cela fait deux déclarations et un message vidéo en deux heures.

Pas un renversement de gouvernement, plutôt une protestation désorganisée

Les médias vous ont dit que des milliers de Républicains armés et organisés ont envahi le Capitole pour tuer des politiciens et renverser le gouvernement. Les médias ne vous diront pas qu’il s’agissait en fait de centaines de patriotes frustrés qui sont entrés bêtement dans le Capitole, en suivant un groupe d’instigateurs violents. Aucun des manifestants n’a été trouvé avec une arme à feu sur sa personne. De nombreux témoins disent même que certains policiers auraient ouvert les portes de l’intérieur pour laisser entrer les manifestants, comme on peut le voir dans de nombreuses vidéos où la police escortait en fait les manifestants dans les couloirs.

Ashli Babbitt a été abattue dans le Capitole. Image: Twitter.

Cinq personnes tuées, mais pas par des Républicains

Les médias vous ont ensuite dit que des émeutiers républicains avaient provoqué la mort de cinq personnes. Ils vous ont dit que l’une de ces cinq personnes était un agent de la police du Capitole qui a été attaqué par la foule et battu à l’aide d’un extincteur. La vérité est sortie bien plus tard : il n’y a jamais eu d’attaque avec un extincteur et le policier est décédé le lendemain de causes naturelles, ce qui a été confirmé par sa famille. Trois des quatre autres décès concernaient des partisans de Trump qui sont également morts de causes naturelles, comme des crises cardiaques. La cinquième et dernière personne était également une partisane de Trump, la seule victime abattue ce jour-là, et par un officier de police du Capitole. Une ancienne combattante de l’Armée de l’air, elle s’appelait Ashli Babbitt. Elle n’était pas armée et était vêtue d’un drapeau américain. Le policier n’a jamais été reconnu coupable d’un crime. 

À lire aussi, Nicolas Lévine: Où va le populisme?

Très malavisés, les supporteurs Républicains qui ont décidé de suivre les instigateurs du crime ont pris une mauvaise décision ; ils n’auraient pas dû se trouver à l’intérieur du Capitole, mais ils n’essayaient pas de renverser le gouvernement et Ashli Babbitt ne méritait pas d’être abattue de sang-froid.

Les Américains ont besoin d’une enquête et de réponses honnêtes

Au cours de l’année écoulée, de nombreuses enquêtes (principalement menées par des Républicains), accompagnées de vidéos et de déclarations de témoins ont maintenu que certains des principaux instigateurs (pas tous) étaient des imposteurs anti-Trump qui se faisaient passer pour des supporters MAGA. Les vidéos en question sont facilement accessibles sur des sites web de droite. Apparemment, les instigateurs filmés n’auraient jamais été arrêtés par le FBI. Je n’affirme pas qu’il s’agissait d’imposteurs anti-Trump, mais le peuple américain mérite des réponses aux questions suivantes : qui étaient vraiment les instigateurs de l’effraction ; pourquoi a-t-on dit aux policiers de se retirer et de ne pas l’empêcher ; et pourquoi la Garde Nationale n’était-elle pas en place pour soutenir la police ?  Toute personne qui soulève ces questions est immédiatement dénoncée comme un dangereux complotiste d’extrême droite.

725 arrestations, aucune pour sédition

Selon le site officiel du ministère de la Justice (DOJ), 725 personnes ont été arrêtées et inculpées dans le cadre de l’effraction du Capitole. Cela a nécessité une chasse à l’homme massive dans les 50 États par le FBI, car une attaque contre un bâtiment fédéral est considérée comme un crime fédéral. Alors que plus de 600 personnes ont été accusées de simple intrusion, selon le site Web du DOJ, « au moins 225 prévenus ont également été accusés d’agression, de résistance ou d’entrave à des officiers des forces de l’ordre, environ 10 personnes ont été arrêtées pour avoir agressé un membre des médias ou détruit leur équipement, et au moins 275 prévenus ont été accusés d’obstruction, ou de tentative d’obstruction, d’une procédure officielle dans une intention malicieuse. » 

Un petit détail : pas une seule personne n’a été accusée de sédition, d’avoir cherché à renverser le gouvernement ! À ce jour, seuls 70 prévenus ont été condamnés à des peines d’un maximum de cinq ans. Les accusations les plus graves d’obstruction sont passibles de peines maximales allant jusqu’à 20 ans de prison.

Aucune comparaison avec les dégâts et les décès provoqués par Black Lives Matter et les antifa en 2020

Suite à l’attaque du Capitole, il y aura des centaines de procès en 2022 et certainement jusqu’en 2024. Pourtant, les trois mois d’émeutes en 2020 provoquées par Black Lives Matter et les antifa ont vu commettre des crimes comparables et même pires, mais leurs auteurs ont souvent été libérés sous caution grâce à des fonds auxquels des politiciens démocrates ont contribué, y compris la vice-présidente, Kamala Harris. Pendant trois mois, BLM et les antifa sont à l’origine de près de 570 émeutes violentes, dans 220 lieux aux États-Unis, provoquant la mort de plus de 30 citoyens américains dont au moins un policier en retraite et blessant plus que 2000 autres agents. En termes de dommages matériels, le Capitole a vu 1,5 million de dollars de dégâts, tandis que les émeutes BLM/antifa sont responsables de dégâts valant 2 milliards de dollars (les émeutes les plus coûteuses de l’histoire des États-Unis, selon une étude de l’université de Princeton). Parmi ces émeutes BLM/antifa, une attaque soutenue de quatre mois contre un bâtiment fédéral à Portland, dans l’Oregon. Le palais de justice fédéral a été incendié et endommagé. Comme l’attaque du Capitole, ne s’agit-il pas d’un crime fédéral ? Lorsque le gouverneur démocrate a finalement autorisé Trump à envoyer la Garde nationale, les émeutiers ont tenté de mettre le feu au bâtiment alors que la Garde était encore à l’intérieur. Les politiciens démocrates ont critiqué la Garde nationale et l’ont comparée aux « Sturmtruppen » nazis.  Jamais, pendant les trois ou quatre mois d’émeutes contre des Américains ordinaires et un tribunal fédéral, les Démocrates n’ont dit que notre démocratie était attaquée. Avec les médias qui les soutiennent, ils ont répété le mensonge selon lequel il s’agissait principalement de « protestations pacifiques ». Il ne s’agit pas de minimiser l’inacceptable effraction violente du Capitole mais de souligner l’hypocrisie flagrante de la gauche, ses mensonges odieux et ses exagérations à propos du 6 janvier.

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Un comité politiquement biaisé s’apprête à dénoncer les Républicains comme des « insurgés »

Nous attendons donc maintenant le rapport de la commission spéciale de la Chambre des représentants sur l’« insurrection » du 6 janvier, dirigée par des démocrates. Comme la plupart des Américains, je serais heureux de voir une enquête vraiment bipartisane, transparente et approfondie sur les événements du 6 janvier. Malheureusement, dans le contexte actuel de polarisation politique du Congrès, ce n’est pas possible. La commission spéciale est orientée politiquement contre Trump et les Républicains. Son verdict est prédéterminé, son objectif étant de condamner Trump (une fois de plus) et d’essayer de le mettre en prison. Lorsque la commission a été constituée en juin 2021, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, devait choisir huit Démocrates et le leader de la minorité républicaine, Kevin McCarthy, cinq Républicains. Lorsque McCarthy a soumis ses cinq noms, Pelosi a pris la mesure sans précédent d’en refuser deux qui étaient des partisans déclarés de Trump. Elle les a refusés pour avoir diffusé de prétendues « fausses informations », car bien sûr, seule Nancy Pelosi est l’arbitre de la vérité. En fait, elle a refusé tout Républicain qui, selon elle, ne serait pas d’accord avec les conclusions des démocrates.

Washington, le 6 janvier 2020 © Julio Cortez/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22527680_000006

McCarthy a donc retiré les cinq républicains en signe de protestation en disant qu’il ne voulait pas faire partie d’une commission politique bidon. Pelosi a ensuite pris une autre mesure sans précédent en demandant à deux Républicains notoirement anti-Trump, Lynn Cheney et Adam Kinzinger de rejoindre la commission, afin de pouvoir la qualifier de « bipartisane ». Cheney et Kinzinger ont tous deux voté pour la destitution de Trump. Ils ont naturellement accepté et Cheney a même été nommé vice-présidente. Tous deux ont été mis à l’écart par le Parti républicain dans son ensemble et surtout dans leurs États respectifs. McCarthy a promis de mener sa propre enquête en parallèle. Malheureusement, il reste de nombreuses questions qui n’ont pas reçu de réponses honnêtes et transparentes. Les démocrates continueront à qualifier tous les partisans de Trump d’« insurrectionnels » pour tenter de détourner l’attention générale des échecs de l’administration Biden/Harris.

Mais aucune propagande politique, aucune commission bidon, aucun mensonge médiatique ne pourra jamais masquer les dysfonctionnements d’une telle administration.

Valérie Pécresse choisit le «front républicain» contre l’union des droites

Sur le plateau de «On est en direct», Valérie Pécresse s’est vantée de défendre une digue entre la droite et l’extrême-droite, sans même remettre en cause la définition sans cesse changeante de «l’extrême-droite»…


… Définition qui est imposée par la gauche et fluctue au gré des intérêts et des caprices de cette dernière. La candidate soutenue par LR s’enorgueillit de faire comme si « l’extrême-droite » d’aujourd’hui était encore l’extrême-droite à laquelle s’opposa le Général De Gaulle. C’est une faute lourde. Il n’est pas trop tard pour que la candidate LR la corrige, mais le temps presse. Puissent les plus clairvoyants de ses soutiens la convaincre rapidement…. ou suivre l’exemple de Guillaume Peltier.

Le ralliement à Eric Zemmour de l’ex-numéro 2 de LR et député de la deuxième circonscription du Loir-et-Cher est peut-être l’évènement qui permettra à la droite française de se sortir enfin du piège dans lequel l’a faite tomber jadis François Mitterrand. Piège de la confusion volontaire entre extrême-droite et ultra-droite, piège de la soumission au magistère moral autoproclamé d’une gauche qui n’a pourtant pas hésité à s’allier aux communistes, malgré le témoignage de Soljenitsyne, malgré les goulags, l’Holodomor et les gardes rouges…

Un choix crucial

Voici LR face à un choix crucial : faut-il perpétuer ce « front républicain » qui depuis 40 ans conduit notre pays à la catastrophe, ou permettre l’union des droites et une authentique alternance politique ? En réalité, le choix est plus fondamental encore, car ces termes ne recouvrent pas tout à fait ce que l’on imaginerait a priori :

D’un côté, donc, le fameux « front républicain ». En vérité, il n’a plus de républicain que le nom, un nom éhontément usurpé. Car il n’y a rien de républicain à faire alliance avec les islamo-compatibles, les racialistes, les décoloniaux, les multiculturalistes et tous les adeptes de la déconstruction qui n’ont de cesse de saper les fondamentaux culturels rendant possible la République. Il n’y a rien de républicain à se draper dans de beaux principes pour encourager une immigration débridée, puisque si bien évidemment chaque immigré doit être jugé en tant qu’individu et non réduit à sa culture d’origine, dans l’ensemble et statistiquement il s’agit tout de même d’importer massivement l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, le fanatisme religieux et les logiques tribales.

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Ce bien mal nommé « front républicain » n’est qu’un piège : la diabolisation et la « nazification » de quiconque ne se soumet pas à des « lignes rouges » fixées arbitrairement par la gauche, dans le seul but de refuser toute légitimité démocratique à une part importante de l’électorat de droite, afin de décaler artificiellement vers la gauche le centre de gravité de la politique française. De nos jours, ce sont les accusations délirantes portées contre Eric Zemmour et Marine Le Pen, et l’obsession du « faire barrage », qui aboutissent à exclure du débat démocratique et de l’exercice de la souveraineté près du tiers des citoyens de notre pays. La question récurrente des parrainages l’illustre bien, et Mathieu Bock-Côté a dernièrement posé une question essentielle : quelle légitimité resterait-il à une élection dont Zemmour, Le Pen et même Mélenchon seraient exclus, alors qu’Anne Hidalgo s’y présente sans difficulté ?

De l’autre côté, l’union des droites. Celle-ci ne saurait être une fin en soi : la gauche a certes l’habitude de se préoccuper d’avantage de sauver la gauche que de sauver la France, mais il serait dramatique que la droite se laisse aller à un nombrilisme similaire. L’union des droites n’a de sens que si elle est une alliance au service de la France, face à des menaces assez graves pour justifier de mettre de côté toutes les divergences secondaires. Or, de telles menaces existent aujourd’hui.

L’islamisme d’abord, qui est la volonté de faire de l’islam la norme, au double sens de « normal » et de « normatif », et dont le terrorisme n’est qu’un moyen d’action parmi beaucoup d’autres : entrisme associatif et politique, influence culturelle et financière, corruption, harcèlement judiciaire, etc. On connaît le triptyque: hard power, soft power, gold power. Les moyens utilisés par l’islamisme sont secondaires : on parle d’un projet consistant à mettre fin à la liberté de conscience, à l’égalité des droits civiques entre femmes et hommes, et ainsi de suite. Pour mémoire, la quasi-totalité des pays musulmans interdisent l’apostasie (certains la punissent même de mort), refusant donc la liberté de conscience qui est pourtant le plus fondamental des droits, et l’actuel Grand Imam d’Al-Azhar lui-même déclarait en 2016 que les quatre grandes écoles juridiques du sunnisme (les madhhabs) sont unanimes pour prévoir la mise à mort des apostats. Un tel projet de société n’est pas tolérable, quand bien même il ne tenterait de s’imposer que par des moyens légaux.

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Ensuite un certain « progressisme », sous de multiples formes : déconstruction, wokisme, « cancel culture », multiculturalisme, idéologie diversitaire, dictature des minorités, racisme mal déguisé de la discrimination « positive », de l’indigénisme et du « décolonialisme », et ainsi de suite. C’est l’exclusion de JK Rowling de la célébration de Harry Potter sous prétexte qu’elle serait « transphobe », ayant dit que « femme » se réfère à une réalité biologique objective. C’est cette commissaire européenne conseillant de ne plus parler de Noël au nom de « l’inclusion », ou cette campagne de l’UE proclamant que « la joie est dans le hijab » – les Iraniennes apprécieront. Remarquons au passage que l’islamisme et le « progressisme » font cause commune contre la civilisation occidentale, porteuse malgré tous ses défauts de la quête du Vrai, du Juste, du Beau, et qui est donc un obstacle radical à l’hégémonie du relativisme « progressiste » comme à l’arbitraire du droit divin islamiste.

La droite doit se dresser contre la société liquide qui advient

Enfin, la réification marchande du monde et des êtres, cette société liquide où plus rien n’a de valeur puisque tout n’a qu’un prix, start-up nation et pays réduits à des territoires à administrer, opportunités pour les premiers de cordée et les autres qui n’ont qu’à traverser la rue, disruption permanente, loi de la jungle mondiale propice à l’instauration du règne des seigneurs de la guerre économique. L’extrême-centre en est le héraut, Emmanuel Macron l’un des visages.

La gauche s’est massivement soumise à ces trois ennemis, le second étant d’ailleurs dans une large mesure sa création, et l’union des droites s’avère donc indispensable – on notera qu’elle ne peut se faire qu’autour de la « droite des valeurs », la « droite du fric » s’étant idéologiquement ralliée à la société liquide, et politiquement à LREM.

Mais il serait insensé de se contenter de l’union des droites, même si elle doit donner l’impulsion nécessaire. Il reste à gauche des esprits lucides qui ont toute leur place dans une telle alliance, notamment au sein de la gauche souverainiste qui préfère l’assimilation au multiculturalisme, et la République française à la République hors sol : Céline Pina, Fatiha Boudjahlat, Michel Onfray, Georges Kuzmanovic, peut-être même Fabien Roussel malgré son appartenance à un parti se référant à une idéologie totalitaire et meurtrière. On notera que la gauche du pseudo-« front républicain » l’a en partie compris, ne retenant pas ses attaques contre ceux qu’elle accuse de « dérive droitière » (comme si être de droite était en soi infâmant) : les propos méprisants et outranciers de Gilles Clavreul envers Céline Pina et Fatiha Boudjahlat sont à cet égard de véritables cas d’école, tout comme le « rappel à l’ordre » de Mila succédant à celui de Raphaël Enthoven.

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Y a-t-il, dans cette union des droites élargie à la gauche souverainiste, un risque de se laisser infiltrer et instrumentaliser par l’ultra-droite, et ce qui demeure de véritables extrémistes tentés par un totalitarisme de type néo-nazi, et/ou par le suprémacisme racial ? La crainte est légitime, et la vigilance nécessaire. Mais il faut souligner que les trois formations de droite y sont extrêmement attentives, même celles dites « d’extrême-droite » : le RN s’attache depuis des années à « faire le ménage », et Eric Zemmour a été particulièrement clair sur le sujet.

Il existe hélas dans notre pays des partis politiques ayant des projets racistes : ce sont les partis dits « progressistes », qui promeuvent le multiculturalisme et les assignations identitaires, le décolonialisme, la discimination « positive », le soi-disant « antiracisme » woke, dont on voit les ravages outre-Atlantique. LFI, EELV, mais pas seulement. C’est devant le suprémacisme racial Noir que voulait s’agenouiller un ministre de l’Intérieur de LREM, croyant que le gang Traoré initiait un « BLM à la française », et on notera que le « front républicain » n’en a pas pour autant exclu Christophe Castaner de la liste des personnes fréquentables. Pas plus que n’en est exclu Emmanuel Macron, qui pourtant n’a jamais désavoué sa ministre Elisabeth Moreno lorsqu’elle parle de « privilège blanc » et fait l’éloge de la discrimination « positive », c’est-à-dire de la sélection sur la base de la couleur de peau…

Valérie Pécresse, vous avez rétréci la droite!

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Au-delà de l’équation personnelle, le départ de Guillaume Peltier témoigne de l’impasse politique dans laquelle s’enfoncent Valérie Pécresse et les Républicains : tourner le dos aux électeurs d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen pour tenter de séduire ceux de Macron… 


LR, c’est fini !
Et dire que c’était le parti de mes premiers amours
LR, c’est fini
Je ne crois pas que j’y retournerai un jour !

LR, c’est fini… en tout cas pour Guillaume Peltier, qui a annoncé hier son soutien à Eric Zemmour et a été instantanément exclu du parti. Alors, même si les premiers amours de Guillaume Peltier se nouèrent au Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, le député du Loir-et-Cher était adhérent de l’UMP depuis 2009 et numéro 2 des Républicains depuis 2019. Son départ est ainsi un séisme politique. 

Pour expliquer son choix, Guillaume Peltier avançait ce dimanche qu’Eric Zemmour était « le seul candidat de la droite, le seul candidat fidèle aux valeurs du RPR, le seul candidat capable de battre Emmanuel Macron parce que capable de rassembler tous les électeurs de droite », avant de poursuivre : « Le vote pour Valérie Pécresse est un vote inutile ! »

Immédiatement, les porte-flingues des Républicains ont sorti l’artillerie lourde avec leur bonne foi légendaire. Le champion étant sans doute Guillaume Larrivé qui se permet d’attaquer Guillaume Peltier sur sa loyauté et sa constance, alors que le député de l’Yonne, après avoir fait campagne à droite toutes aux élections internes LR de 2019, a voté à l’été 2020 la confiance à Jean Castex pour tenter – sans succès – d’obtenir un maroquin ministériel chez Macron ! On notera que Christian Jacob a l’exclusion moins rapide quand il s’agit de députés LR Macron compatibles…

Mais au-delà du cas personnel de Guillaume Peltier, le départ du numéro 2 du parti témoigne de l’impasse politique dans laquelle s’enfoncent Valérie Pécresse et les cadres des Républicains.

Cette impasse, c’est de tourner le dos à l’électorat conservateur, identitaire et populaire qui constitue l’essentiel du peuple de droite. Cet électorat qui avait voté Fillon en 2017 et dont une bonne partie est partie chez Eric Zemmour ou Marine Le Pen. Le mépris des Républicains depuis des années, et de Valérie Pécresse aujourd’hui, pour les Français qui sont pourtant le cœur de l’électorat de la droite explique que la candidate LR peine à dépasser les 15% dans les sondages quand Eric Zemmour et Marine Le Pen dépassent à eux deux les 30%.  Ce mépris pour les électeurs de droite va également aux cadres qui les défendent, y compris aux Républicains. Eric Ciotti, pourtant arrivé en tête au 1er tour du Congrès LR, a dû ainsi donner de la voix quelques heures après le second tour pour éviter d’être mis au placard par une Valérie Pécresse alors peu soucieuse de rassemblement. 

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À l’inverse, Valérie Pécresse a les yeux de Chimène pour tous les élus Macron-compatibles, choisissant comme porte-parole nationale Christelle Morançais qui n’avait pas hésité à se faire prendre en photo en train de partager une bière avec Edouard Philippe à la veille du 1er tour des élections régionales.

La tentative d’aller convaincre les électeurs d’Emmanuel Macron de voter pour Valérie Pécresse est pourtant vouée à l’échec, malgré la surenchère démagogique sur la crise sanitaire de la présidente de la Région Île-de-France, qui demandait il y a peu de fermer les écoles à la rentrée scolaire de janvier. Alors que l’on attendrait d’une candidate de droite qu’elle démonte la propagande sanitaire d’Emmanuel Macron, Valérie Pécresse a servi la soupe du locataire de l’Élysée, uniquement guidée par la volonté de marquer des points auprès de l’électorat retraité qui est le dernier resté fidèle aux Républicains.

Plus profondément, le peu d’attention porté à Guillaume Peltier par Valérie Pécresse – qui déclarait, à peine désignée par le Congrès LR, « si vous n’êtes pas à l’aise avec ma candidature, partez ! » – témoigne qu’elle ne comprend ni le peuple de droite ni l’enjeu stratégique de cette campagne : l’union des droites. Cette méconnaissance de son électorat s’est illustré la semaine dernière encore. Se réclamer de Sarkozy en promettant de « passer le Kärcher », c’est réveiller la blessure du peuple de droite, lequel se souvient avoir vu le candidat de la rupture se transformer en candidat de l’ouverture – passant du Kärcher au Kouchner – à peine entré à l’Élysée. Quitte à promettre une ouverture, c’est une ouverture à droite que Valérie Pécresse aurait dû promettre. Une ouverture en direction d’Eric Zemmour, ou tout du moins de ses électeurs.

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Au contraire, Valérie Pécresse continue de mépriser les électeurs d’Eric Zemmour. En annonçant qu’elle refuserait de débattre avec les candidats n’ayant pas obtenu leurs signatures. En avalisant le chantage aux subventions ou les menaces d’exclusion de LR à l’attention des maires qui accorderaient leurs parrainages à Eric Zemmour. Cette attitude est, pour elle, une double faute politique. Si Eric Zemmour ne peut se présenter faute de signatures, Valérie Pécresse n’aura aucune chance d’accéder au second tour. Si Zemmour obtient ses signatures, l’attitude de Valérie Pécresse confortera dans leur choix les électeurs de l’ancien journaliste… et les poussera à l’abstention dans une hypothétique qualification de Valérie Pécresse au second tour.

Au lieu d’engager une union des droites que permettait la nouveauté d’une candidature d’Eric Zemmour, Valérie Pécresse a choisi de rétrécir la droite à sa portion congrue, la portion centriste déjà passée chez Emmanuel Macron. La portion chiraquienne qui n’a rien fait pour sortir des politiques de gauche mise en place par Mitterrand puis Jospin. La portion juppéiste qui a trahi Fillon en 2017. 

La droite rabougrie, c’est aujourd’hui celle de Valérie Pécresse, une droite qui n’est ni patriote, ni libérale, ni conservatrice, ni sécuritaire, ni identitaire… une droite qui aspire uniquement à transiger avec Emmanuel Macron au printemps prochain pour obtenir les ministères dont ses cadres se sentent « injustement » privés depuis trop longtemps. 

Guillaume Peltier, lui, a tiré les conclusions qui s’imposaient de la cécité politique et des arrière-pensées boutiquières des Républicains. Si Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont sur la même ligne, le vote Pécresse est un vote inutile, et il ne reste qu’Eric Zemmour pour tenter de réaliser l’union des droites sans laquelle il ne pourra y avoir de véritable alternance à Emmanuel Macron, et sans laquelle aucun redressement du pays ne sera possible. Qu’elles qu’en soient les motivations personnelles, le courage du co-fondateur de la Droite Forte doit être salué. Et ce d’autant que la météo sondagière d’Eric Zemmour n’est pas particulièrement favorable en ce début 2022.

Mais les sondages de janvier font rarement l’élection d’avril…

… à suivre !

La guerre fait rage entre deux collectifs féministes: combien de «féminicides» en perspective?

Alors qu’elle relayait depuis six ans son décompte des meurtres de femmes, l’association « Nous toutes » accuse désormais le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » de transphobie. En cause, des propos « oppressifs », et « illégaux » soi-disant tenus sur les réseaux sociaux. L’équipe de Caroline de Haas a ainsi dénoncé un « collectif qui affiche des positions contraires à [ses] valeurs » et entend mettre en place un décompte plus large. Au fou.lle.s !


Dans une vie antérieure, je fus un vieux mâle blanc. Je me moquais des femmes, je les battais, je les violais, je les tuais. Et quand elles en venaient aux mains, j’osais parler de crêpage de chignon.

Ayant fait un stage immersif chez Caroline de Haas j’en suis ressorti rééduqué et inclusif. Et si je m’autorise à évoquer ce honteux « crêpage de chignon » c’est juste pour vous ouvrir les yeux sur les abominations dont j’étais capable.

Les lignes qui vont suivre seront donc pures, innocentes, et réfléchies. Pour bien les comprendre il faut se plonger dans les pages du Gulliver de Jonathan Swift… Vous savez la guerre entre ceux qui voulaient ouvrir les œufs par le petit bout et ceux qui tenaient mordicus à les entamer par le gros bout…

La guerre dont nous allons vous narrer les péripéties oppose le collectif « Nous toutes » à l’association « Féminicides par compagnons ou ex ». Un combat fratricide ! Mais peut-être faudrait-il écrire « sororicide » ?

Le collectif de Caroline de Haas accuse « Féminicides par compagnons ou ex » de transphobie, au motif que cette association refuse de comptabiliser les assassinats de personnes transgenres. La riposte, fulgurante, ne s’est pas fait attendre : « nous n’avons recensé aucun décès violent de personnes transgenres jusqu’à maintenant ».

Nous ne souhaitons pas, mais pas du tout, nous engager dans cette guerre sororicide. Mais force est de constater que la logique et le bon sens ne sont pas chez Caroline de Haas. Car quand un (une ?) transgenre est tué(e ?), qui meurt ? Une femme en devenir ? Un homme en devenir ? Il, elle, Iel ? Là, il nous faut nous arrêter, car ça devient trop compliqué pour nous. Afin de nous reposer allons retrouver le vieux mâle blanc que nous avions lâchement abandonné.

Golden Globes: quand l’exigence de “diversité” tourne au psychodrame

L’industrie culturelle hollywoodienne est malmenée comme jamais par la révolution racialiste. Malgré les efforts de la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association, le diffuseur habituel NBC a refusé de retransmettre la remise des Golden Globes cette année, et les acteurs boycottent la cérémonie. Et si la 79e édition était la dernière?


Va-t-on assister dans la nuit de dimanche à lundi à la 79ème et dernière édition de cette noble institution américaine ? Accusée d’avoir failli dans ses missions de diversité raciale, ethnique et genrée avec de surcroît des accusations de malversations et de corruption, l’association-support de cette cérémonie est plus que jamais dans le viseur des professionnels du secteur. 

Lesquels apparaissent clairement manipulés et fanatisés par le délirant climat ambiant « wokiste » et plus que jamais interpellés et sommés de s’expliquer par des minorités de plus en plus visibles, ragaillardies par le récent décès de l’emblématique acteur « black » Sydney Poitier, première star noire du cinéma américain et premier acteur afro-américain à avoir reçu un Oscar, en 1964, pour son interprétation du personnage d’Homer Smith dans Le lys des champs

Auguste institution américaine 

Traditionnellement, les Golden Globes, antichambre officieuse des Oscars, ouvraient avec panache, strass et paillettes la saison officielle des remises de prix permettant d’alimenter le sacro-saint système auto-promotionnel et l’auto-satisfecit des « professionnels de la profession ». 

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Décernées chaque année depuis 1944 par la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association (HFPA, Association hollywoodienne de la presse étrangère), ces récompenses très prisées visent à célébrer les meilleures œuvres de fiction télévisuelles et les meilleurs professionnels de cinéma et de la télévision américaine. Cette étonnante structure fut fondée en 1943 par un correspondant du quotidien britannique The Daily Mail, dans le but d’instituer un lobbying de soft power partout sur la planète, avec bientôt comme bras armé une armée de correspondants militants revêtant les habits présentables de VRP des productions hollywoodiennes (cinéma et télévision), avec prise en charge du service après-vente et inoculation du virus de la dépendance à des programmes culturels à la qualité fort variable et à la fiabilité idéologique fort discutable.   

Malaise à Hollywood

Cette 79ème édition aura bien lieu ce dimanche soir au traditionnel Beverly Hilton Hotel de Los Angeles, mais sans public, sans présentateur vedette, ni retransmission télé. NBC, sous la pression, ayant décidé de jeter l’éponge, une première depuis l’entrée des cérémonies américaines dans l’âge médiatique. 

Quel est le problème ? La HFPA est en réalité accusée de nombreux maux et de dysfonctionnements depuis quelques années. Ils se sont cristallisés ces derniers mois sur l’épineuse question de la non-représentation « satisfaisante » des minorités visibles dans le jury officiel de l’association.

Petit retour en arrière. En février 2021, Le Los Angeles Times lance un pavé dans la mare en pointant du doigt le fait qu’aucun journaliste noir ne fasse partie du jury des 87 membres habilités à décerner les fameuses récompenses. Puis l’on apprend que des membres actifs de l’organisation auraient reçu des « cadeaux » comme un voyage à Paris en 2019 afin de visiter le plateau de la série “Emily in Paris” diffusée sur Netflix, série qui va justement obtenir deux nominations lors de l’édition 2020 des Golden Globes alors que d’autres réalisations apparemment tout aussi (voire plus) méritantes sont copieusement ignorées. 

Le mouvement Time’s Up, impulsé en 2018 par plusieurs célébrités d’Hollywood en réponse à l’onde de choc Weinstein et au fameux hashtag #MeToo, décide alors de lancer une grande campagne pour exiger des réformes au sein de la HFPA, afin d’être « plus en phase avec la diversité raciale, ethnique et de genre du pays ».

Des stars de premiers plans, telles que Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, mais aussi Tom Cruise (abandonnant publiquement ses trois prix précédemment glanés aux Golden Globes en signe de protestation) soutiennent ouvertement cette réforme. Bientôt rejoints par les plus grandes agences de relations publiques ou encore les mastodontes du secteur comme Netflix, Amazon ou Warner Media.  

Devant cette déflagration, l’Association de la presse étrangère de Hollywood promet de s’engager dans d’importantes réformes structurelles. Elle engage un responsable de la diversité, change de président et de statuts, et impose de nouvelles règles comme l’interdiction de recevoir des cadeaux des partenaires, tels que les studios ou agences de relations publiques.

La HFPA s’ouvre également à 21 nouveaux membres parmi lesquels des journalistes noirs (le tiers des nouveaux membres), ce qui porte à 104 membres actifs sa nouvelle composition du jury pour les Golden Globes. Pas assez audacieux pour le diffuseur officiel NBC qui, dès le mois de mai dernier, oppose une fin de non-recevoir avec ce communiqué : « Nous continuons de penser que la HFPA est engagée dans une réforme significative. Toutefois, un changement de cette envergure exige du temps et du travail, et nous sommes convaincus que la HFPA a besoin de temps pour faire cela correctement. De fait, NBC ne diffusera pas la cérémonie des Golden Globes en 2022. » Diantre ! 

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Que va-t-il dès lors se produire dans la nuit de dimanche à lundi ? Difficile à ce stade d’y répondre. Selon la presse américaine, une retransmission en direct et en streaming pourrait être mise en place. Mais pour le moment, aucune information officielle sur ce point n’a été dévoilée. Selon la présidente de la HFPA, Helen Hoehne, « cette cérémonie sera à des années lumières de ce que les Golden Globes ont été les années précédentes. »

L’association devrait en tout cas profiter de cette tribune, certes beaucoup plus modeste et très faible en audience, pour faire des effets d’annonce « coups de poing » (refonte radicale de son mode de fonctionnement ?) et tenter de rassurer tout le monde pour l’édition 2023, sous peine de voir exploser le système actuel et de disparaître en tant que force historique de lobbying pour les intérêts culturels américains dans le monde.

Vrais enjeux masqués

Au-delà de ce psychodrame, qui peut nous apparaître risible et grotesque de l’autre côté de l’Atlantique, se joue évidemment une guerre idéologique acharnée et décisive entre d’un côté les tenants d’une certaine conception historique de la production culturelle avec son système de rétribution/ récompenses (indiscutablement perfectible et réformable) et, de l’autre, la déferlante actuelle de ce néo-totalitarisme « politiquement correct » s’affublant des masques horrifiques du wokisme, cancel culture, indigénisme, intersectionnalité, décolonialisme ou encore white-washing/white-bashing.     

Deux exemples parmi tant d’autres. Après avoir brillamment interprété le rôle de l’amazone déchaînée Wonder Woman dans le film de la réalisatrice californienne Patty Jenkins (Wonder Woman 1984, sorti en salles et sur les plateformes en 2020), la sculpturale actrice hébreu Gal Gadot se prépare à incarner une nouvelle héroïne mythique sur grand écran : Cléopâtre. L’annonce du projet a donné lieu à un déchaînement de passions et de haines émanant aussi bien d’anonymes que de certains professionnels brandissant le mot magique « White-washing ». Extrêmement péjoratif, ce concept désigne le fait de faire incarner par des acteurs et actrices blancs des rôles de personnes qui ne sont pas blanches. 

Dans le cas présent, il s’agit de dénier à une actrice blanche, qui plus est israélienne, la légitimité d’incarner un personnage historique de l’aire africaine (ici la reine d’Égypte, devant nécessairement être interprétée par une actrice de couleur ou actrice métissée) ! Sans parler des attaques antisémites dont Gal Gadot continue d’être l’objet à côté de ces accusations « d’appropriation culturelle« . La Paramount, productrice du projet, a dû officiellement intervenir en expliquant que la vraie Cléopâtre avait des origines gréco-macédoniennes, donc méditerranéennes tout comme celles de l’actrice israélienne ! Autre témoignage qui en dit long sur le malaise actuel : en 2014, le légendaire réalisateur anglo-américain Ridley Scott (“Alien”, “Blade Runner”) tourne le péplum de sa vie, “Exodus : Gods and Kings”, se concentrant évidemment sur les interactions légendaires entre Moïse et Ramsès dans l’Égypte antique. Le voilà lui aussi embarqué dans une hallucinante polémique qui le conduit à devoir s’expliquer sur son choix de deux acteurs vedettes blancs qui ne sont ni d’origine arabo-musulmane ni africaine ! Comment sort-on de cette aporie délirante et de ce monde à la Ubu ? Débuts de réponse sans doute cette nuit ! Restez connectés !

Théorie du genre: quand toute la société est une «micro-agression»

Le seul fait de ne pas pouvoir choisir à 100% son identité profonde est perçu dans nos sociétés d’êtres hyper sensibles comme une « micro-agression »


Ce n’est pas un hasard si le triomphe de la théorie du genre survient à un moment où le désir d’affranchissement du monde biologique se fait plus que jamais ressentir. La pandémie nous a plongés dans une société où les murs de la ville font de plus en plus office de décor, une société abstraite, virtuelle, où les rapports sociaux sont relégués en grande partie sur les réseaux sociaux. Idéologie fondée sur une volonté de dépassement des barrières physiques, le transgenrisme apparaît comme le produit d’une époque qui cherche à abolir une portion de la nature humaine au nom du progrès. 

Un « techno-existentialisme »

Évidemment, le brouillage des sexes chez certains individus n’est pas nouveau et ne pose aucun problème dans une société libre – on en trouve diverses manifestations dans l’histoire et les cultures –, mais la théorie du genre pousse beaucoup plus loin que ses prédécesseurs cette volonté de dépassement. 

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Il faudrait pouvoir choisir notre identité sexuelle comme de futurs parents veulent sélectionner dans un catalogue les traits de leurs enfants à naître et leurs mères porteuses, allant jusqu’à choisir la couleur de leurs yeux, leur potentielle résistance au stress et leur quotient intellectuel approximatif. Il faudrait se construire un profil personnel à la carte, en faisant fi de tous les déterminismes qui bien sûr conditionnent nos vies. Nous voilà devant une sorte de « techno-existentialisme ».

Désormais, tout ce qui n’est pas voulu et consenti par l’individu fragile est vu comme une menace à son intégrité et à son développement. Qu’il soit justifié ou non sur le plan sanitaire, le port normalisé du masque symbolise bien ce repli sur soi, ce refus de l’Autre et du monde extérieur au profit d’un individu plus que jamais centré sur lui et qu’on s’imagine intérieurement libre comme l’air. Le port du masque nous enjoint d’ailleurs à nous replier sur nos écrans en laissant tomber nos semblables à nos côtés. Le corps même, les racines et l’environnement social deviennent des entraves à cet égo créateur et artiste de lui-même, mais perméable aux nouvelles modes progressistes. 

Société à la carte, identité à la carte

Si nous sommes entrés dans l’ère de ce que Marcel Gauchet appelle « la société choisie », nous sommes aussi entrés dans l’ère de l’être choisi, de l’identité choisie sans limites ni contraintes. Un phénomène qui d’ailleurs entre en contradiction directe avec le penchant essentialiste de la gauche décoloniale, qui au contraire enferme plutôt les individus dans leurs origines. Ce courant survivra-t-il à la virtualisation du monde ?

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Pour Marcel Gauchet, cette société choisie est le fruit de l’usage des réseaux sociaux que la pandémie a renforcé. Il s’agit du « modèle du like » qui consiste « à tenir la « grande société«  à distance autant que possible ». « On tend à se fabriquer une « petite société«  à l’intérieur de la grande, avec des gens qu’on se choisit individuellement, tandis que la vie sociale consiste normalement à vivre avec des gens qu’on ne choisit pas », analyse le philosophe avec Marianne, en novembre 2021.

Le transgenrisme est un transhumanisme

Le transgenrisme obéit à la même logique, mais à l’échelle individuelle. Le seul fait de ne pas pouvoir choisir à 100% son identité profonde est perçu dans cette société d’êtres hyper sensibles comme une « micro-agression ». Dans un élan de violence psychologique contre leur liberté, la société « assignerait » le sexe des individus à la naissance, elle ne le constaterait pas, comme on constate le lieu de naissance. 

Dans cette optique, la seule manière de s’affranchir totalement des normes sociales toutes vécues comme oppressantes (à l’exception des normes sanitaire et woke) serait de s’extraire enfin complètement du monde, pour créer son petit safe space. Un projet dont entend se charger les Mark Zuckerberg et compagnie en offrant un espace d’irréalité, la réalité virtuelle.

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En 2009, des films à grand succès comme “Avatar” anticipaient déjà l’avènement d’un monde marqué par cette scission entre le corps et l’esprit. Si le film de James Cameron se veut d’abord un plaidoyer écologiste, il fait aussi la promotion d’une vision « jeu vidéo » du monde. En 2154, des méchants Terriens (Occidentaux) débarquent sur la planète Pandora habitée par d’innocents extraterrestres (Indigènes). Le personnage principal, Jake Sully, laissera tomber sa culture productiviste pour trouver l’amour et embrasser l’animisme. Mais c’est grâce à l’intégration d’un autre corps (son avatar) et l’abandon définitif du sien, un corps malade qui ne correspond plus à ses aspirations, que Jake Sully parviendra à s’épanouir et à retrouver le bonheur.

Dr Véran et Mr Covid

Notre ministre de la Santé aime son job. Un peu fade sans être modeste, il est aujourd’hui en pleine lumière, auréolé par sa mission auprès du président Macron – notre guide. Des questions ?


— C’est un bon ministre de la Santé, non ?

— Oui, oui.

— Vous ne trouvez pas que c’est un bon ministre de la Santé ?

— Mais si, mais si. 

— Vous préfériez Bachelot ?

— Mmh !…

— Kouchner ?

— Au secours !

— Douste-Blazy ?

— Ha ! Ha !

— Alors quoi ? 

— La situation de l’hôpital public est désastreuse, vous ne trouvez pas ?

— Ce n’est pas pour me vanter mais il y a pire, on n’est pas en Slovénie !

— Ce gouvernement a toujours raison. Quand une erreur est commise, on nous enfume ou on s’excuse comme on crache un pépin. 

Spécialité française : jamais de mea culpa, sauf sur la poitrine de votre adversaire.

— Il fait ce qu’il faut faire, et il ne dit pas ce qu’il ne faut pas dire – la médecine est un art incertain, la politique aussi.

— Justement, il aime trop son job.

— Quoi, neurologue ?

— Non, ministre de la « Guerre » ! Rien de plus grisant que d’affronter les vagues. Et une, et deux, et trois, on en est déjà à la cinquième. Et maintenant l’Omicron, yahou !

— C’est quand même une lourde responsabilité. 

— Pour réussir, il ne faut pas être trop ouvert au dialogue, il suffit d’être sourd et content de soi – il n’a qu’à demander conseil à Macron.

Jusqu’à quand va-t-on prendre les infirmières et les aides-soignants pour des pommes ?

— Vous avez raison, c’est un scandale, mais les Français sont insupportables. On ne peut plus rien leur dire sans les entendre hurler – sous chaque revendication, une invective.

Aujourd’hui, il n’y a plus de différence entre le conformisme et la révolte, ça ne rime à rien. Regardez ce pauvre Mélenchon !

— De Profundis !

— Véran a l’air sincère, je trouve.

— On ne peut pas à la fois être sincère et en avoir l’air, vous savez bien. 

— C’est un bon garçon – ses amis l’appellent « Bob » !…

— Il aime trop la lumière. 

— À son âge, quand on a un tabouret dans la war room, on ne va pas se déguiser en soldat inconnu !  

— Vous vous souvenez pourquoi on a viré Jean-François Mattei, le ministre de la Santé de Chirac, en 2004 ? À cause de la canicule : 15 000 morts ! Je vous parie que le bon Dr Véran s’épargnera ce désagrément. Il va devenir un héros national, comme John Glenn ou Gagarine… 

— Il est beaucoup moins aimé que Joséphine Baker… À propos, vous avez déjà eu le Covid, vous ?

— Non, pas encore.

— Vous n’êtes pas vacciné ?

— Cela ne vous regarde pas ! Je fais ce que je veux. Zut alors, on est en république !

— Je ne vous le fais pas dire : dans ce pays, on a des droits mais aussi des devoirs. En Chine…

— Je me fous de la Chine !

— Ça vous ennuierait de remettre votre masque sur le nez ?… Mais vous avez raison, la dictature, ça ne marcherait pas chez nous, on est trop indisciplinés.

— Vous plaisantez ! On est les champions de la servitude volontaire. Les Français adorent le pouvoir absolu, à condition qu’il soit faible, c’est nul.

— Vous avez mal dormi, vous.

— J’ai eu ma troisième dose hier.

— À la bonne heure. Grâce à qui ?

— Je ne crois pas à la potion magique mais je me méfie, j’anticipe. Avec eux, ce qui est prévu est facultatif, mais ce qui est facultatif deviendra obligatoire. 

— Mais enfin, c’est le virus qui décide – pas lui ni nous ! 

Vous savez bien que par définition toute vérité scientifique est réfutable, donc provisoire. Il est plus difficile d’être ministre de la Santé que d’être archevêque de Paris, ce n’est pas Dieu qui vous soufflera les bonnes réponses.

— Les statistiques ont remplacé les hommes, les grands corps malades ont supplanté les âmes, le sanitaire prime sur le salutaire. Alléluia !

La bonne réponse, on la connaît : ON N’EST PAS SORTIS DE L’AUBERGE, ce qui n’est pas une raison pour nous bassiner à heures fixes sur BFM ! 

— Il agit plus qu’il ne promet, il communique, que voulez-vous de plus ? Les vieilles dames de Passy l’adorent…

— Il ne supporte aucun contradicteur !

On est sommés de recueillir chaque miette qui tombe de sa bouche comme un oracle. Quand il n’a rien à nous dire, vite un micro !, on en est aussitôt informé. Et quand la situation sanitaire s’aggrave, on se sent honteux comme si on avait vomi sur la nappe.

— Vous aimeriez mieux un fakir comme Raoult ?

— Ne soyez pas idiot !

Je reconnais qu’il est habile – ni bêtement franc, ni franchement bête. Comme Macron ! Pour un peu, on croirait qu’il nous aime.

— C’est le virus qui est sournois, pas lui. Que craignez-vous ?

— On n’est pas des cobayes !

— D’accord mais quand certains osent comparer le pass sanitaire à une étoile jaune, avouez qu’il y a de l’abus.

— Ce n’est pas le Dr Mengele, je vous l’accorde. 

L’esclandre, le dérapage, le pavé dans la mare, façon Dupont-Moretti ou Schiappa, c’est amusant mais ce n’est pas son genre. Eux, ils kiffent l’outrance. Lui ce serait plutôt le robinet d’eau tiède. 

— C’est plus cool. 

— Ah oui ?… « Faites ci ! Ne faites pas ça ! Lavez-vous les mains ! Votre masque ! Au lit ! Au trot !… » On nous traite comme des enfants. Vous trouvez ça cool, vous ?

— Selon une enquête récente, plus de 40 % des Français considèrent que les vaccins ne sont pas sûrs. Tragique, non ?

— Je vous confirme qu’ils sont inefficaces contre la connerie.

— Heureusement, il a de la chance, c’est une qualité, ça. Il a un peu menti sur la pénurie de masques au début mais moins que d’autres.

— C’est ça, le mensonge est une des formes de la liberté, tant que vous y êtes !

— Qui aurait fait mieux à sa place ?

— Aujourd’hui, hélas, on ne supporte plus les mauvaises nouvelles. Les gens ont besoin d’être rassurés et distraits en permanence. Il est là pour ça, c’est son rôle.

— Selon l’un de ses anciens camarades, Veran est « plutôt de gauche » mais il ajoute : « Tout est dans le plutôt » !

— Je vous répète qu’il imite le président en tout.

— Vous voulez dire qu’il est de droite ? 

— Non, qu’ils ont les mêmes costumes !

— À votre avis, a-t-il une faille, une blessure secrète ?

— Oui, une ! Le ministre de la Santé, le vrai, s’appelle Emmanuel Macron.

Ce qui déclenche le “fou rire” de la racaille va vous donner la gerbe

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D.R.

En Seine-Saint-Denis, dans la Californie d’Emmanuel Macron, il s’en passe de belles


C’est plus précisément à Noisy-le-Sec que se déroule ce nouvel épisode de la France orange mécanique. Les faits ont eu lieu ce dimanche. Sur une vidéo d’abord diffusée via la messagerie instantanée Telegram, on voit un automobiliste approcher ses victimes (deux personnes âgées, apparemment SDF) en leur demandant une cigarette pour ensuite les agripper et les retenir. La voiture accélère alors, ce qui force les victimes à courir sur plusieurs mètres. 

« Arrête, je vais tomber »

L’une des victimes a beau implorer le conducteur d’arrêter (« Arrête tes conneries », « Arrête, je vais tomber »), ceci ne freine en rien l’hilarité du conducteur ni celle de ses acolytes. Au bout de quelques mètres, on voit la victime chuter sur la route. En sous-titre de la vidéo : « Fou rire de la soirée », suivi de plusieurs emojis pleurant de rire.

L’une des deux victimes, âgée de 64 ans, à déposé plainte [1]. Elle souffre aujourd’hui d’une fracture à l’épaule et au pied. L’auteur principal, 24 ans, lui, a été placé en garde-à-vue, mais ses complices étaient toujours recherchés lundi soir. Sur les réseaux sociaux, l’indignation monte. Circulent la photographie de l’une des victimes, blessée au crâne, ainsi que le nom, le prénom et l’adresse de l’auteur présumé des faits. Au milieu des menaces de représailles, certains pensent déjà au coup d’après, et aux effets politiques : « Le problème avec ces abrutis, c’est que l’extrême droite va se faire un malin plaisir à dire « Toujours la même population » ».

Sentiment d’impunité

L’auteur présumé n’avait pas l’air spécialement inquiet des retombées judiciaires possibles d’une telle vidéo diffusée sur le net. Visage découvert, pas même un masque chirurgical sur le nez, il se filme, en toute décontraction, gonflé par un sentiment d’impunité. Voilà qui nous ramène au terrible été meurtrier 2020, avec notamment le meurtre à Lyon d’une jeune femme de 23 ans trainée par une voiture sur 800 mètres. Le ministre Gérald Darmanin avait alors parlé d’ « ensauvagement d’une partie de la société »


[1] France Info évoque une source syndicale, qui aurait indiqué qu’il s’agit du deuxième homme présent sur la vidéo, lequel affirme être sorti de chez lui vers 23h30 pour acheter des cigarettes, et s’être fait accoster par trois personnes à bord d’un véhicule, s’être approché, avoir été saisi par les bras et traîné sur plusieurs mètres avant de tomber. Il est blessé à l’épaule et au bras et souffre de plusieurs écorchures.

Dernière minute. Mardi 11 janvier à l’aube (vers 5h15), un homme déclarant être l’auteur de la vidéo s’est présenté à la police, selon France info.

Coupable, forcément coupable…

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Nicolas Sarkozy au verdict du procès des écoutes, Paris, 1er mars 2021 ©Denis ALLARD / Leextra / Leemage

Edwy Plenel en a fait une affaire personnelle, quelques magistrats aussi. Leur objectif : faire mordre la poussière du désert libyen à Nicolas Sarkozy en démontrant que sa campagne de 2007 a été financée par Mouammar Kadhafi. Depuis dix ans, robes et moustachu cherchent les preuves. Sans succès. Mais quand on prétend moraliser la démocratie, tous les moyens sont bons.


Nicolas Sarkozy n’est pas un saint. C’est un politique. Comme l’a plaisamment raconté le regretté Philippe Cohen dans une bande dessinée[1], il a commencé sa carrière en tuant le père, et plutôt salement, en l’occurrence son mentor Charles Pasqua, à qui il a ravi la mairie de Neuilly en 1983. Et s’il a échoué à occire Jacques Chirac en soutenant la candidature d’Édouard Balladur en 1993, pas mal de gens, rivaux de sa propre famille plus encore que concurrents de l’autre rive, se souviennent des tours plus ou moins tordus que leur a joués l’ancien président de la République dans son ascension. On n’arrive pas au sommet avec des manières de gazelle.

Pour autant, peut-on imaginer qu’il soit un corrompu doublé d’un traître à son pays ? C’est pourtant ce que des journalistes et des magistrats s’efforcent de prouver depuis dix ans avec la fumeuse affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Selon la théorie défendue avec un acharnement confinant à l’idée fixe par Mediapart, reprise avec complaisance par d’autres médias, Le Monde en particulier, et considérée comme une vérité révélée par les magistrats qui se sont succédé dans ce dossier, notamment le juge Tournaire, Sarko aurait en effet touché 50 millions d’euros de feu Mouammar Khadafi, « Guide » de la révolution libyenne lynché par la foule en octobre 2011 dans la foulée de l’intervention initiée par la France en mars de la même année. Pour donner une idée de l’énormité de la somme et de l’accusation, on rappellera que, pour cette campagne qui a été décortiquée par les juges centime par centime, le plafond des dépenses était de 37 millions pour les deux tours.

Une « instruction-cathédrale »

Pour entrer dans les arcanes de cette « instruction-cathédrale », on se plongera dans la passionnante enquête d’Erwan Seznec (lire l’enquête d’Erwan Seznec p.58-61) qui a ingurgité des milliers de pages de procès-verbaux. Rappelons simplement que le premier texte de Mediapart (dont le dossier « argent libyen » comporte aujourd’hui près de 150 articles) paraît le 12  mars 2012, un mois avant le premier tour de la présidentielle, sous le titre : « Présidentielle 2007 : Kadhafi aurait financé Sarkozy » – on notera l’usage prudent du conditionnel. Il faut aussi souligner que les allégations de Mediapart reposent largement sur les déclarations erratiques d’un marchand d’armes et spécialiste en affaires troubles, proche de Claude Guéant et Brice Hortefeux, Ziad Takieddine. On peut estimer que de telles fréquentations ne sont guère convenables pour la garde rapprochée d’un homme briguant la fonction suprême. En attendant, il est curieux qu’on le prenne au sérieux quand il accuse Sarkozy et qu’on soupçonne toutes sortes de combines quand il se rétracte.

Pas de preuves mais un faisceau d’indices graves et concordants

Neuf ans après l’article initial, les magistrats n’ont toujours pas trouvé la moindre trace d’argent libyen, mais Nicolas Sarkozy est condamné par le tribunal correctionnel à trois ans de prison, dont un ferme, pour « corruption » et « trafic d’influence », l’« association de malfaiteurs » ayant été abandonnée en cours de route. Premier haut fait d’armes du Parquet national financier, créé en 2014 par François Hollande, cette condamnation se fonde sur les écoutes téléphoniques mises en place par les magistrats toujours en chasse de l’argent fantôme, écoutes sur la base desquelles le PNF a ouvert une nouvelle instruction en avril 2014. Il faut noter que la Justice a validé l’espionnage des conversations entre un politique et son avocat, pourtant protégées par le secret professionnel, puis a prononcé une peine pour le moins sévère (mais non définitive, en raison de l’appel en cours) tout en reconnaissant ne pas détenir de preuves, mais « un faisceau d’indices graves et concordants ». Or, si de tels indices justifient, selon la loi, une mise en examen, on est en droit d’attendre de nos tribunaux qu’ils ne condamnent que sur la foi de preuves solides. Du reste, la sanction n’a rien à voir avec l’argent de Khadafi. Ce qu’on reproche à Sarko, c’est d’avoir envisagé de pistonner un magistrat, Gilbert Azibert, en échange d’informations sur la procédure Bettencourt, procédure dans laquelle il a bénéficié d’un non-lieu après avoir été mis en examen pour « abus de faiblesse », rien que ça. Les juges reconnaissent qu’aucune tentative de favoritisme n’a eu lieu et, du reste, le magistrat n’a jamais obtenu le poste convoité à Monaco, mais peu importe, l’intention supposée suffit. Je crois bien avoir déjà déclaré, dans un taxi embourbé dans les embouteillages parisiens, que j’avais envie de casser la gueule d’Anne Hidalgo. Ça va chercher dans les combien, ce projet criminel ?

Un traitement grand luxe

Décidément, Sarko aura eu droit, de bout en bout, au traitement grand luxe, par les médias, comme par les juges travaillant sur ses nombreux dossiers- et en réalité, par l’alliance des uns et des autres. Qu’Edwy Plenel cherche obsessionnellement à accrocher le scalp de l’ancien président à son tableau de chasse, et qu’il se croie autorisé à dispenser des leçons de déontologie à toute la profession, c’est après tout son droit, même si ses manières de justicier font froid dans le dos. Le rôle du journaliste, écrit-il en se plaçant dans les pas d’Albert Camus, c’est d’« élever ce pays en élevant son langage ». Tant de modestie étonne de la part de ce phare du journalisme. Tu sais ce qu’il te dit, mon langage ?

Plenel est convaincu qu’il a pour mission de sauver la démocratie française. Le plus grave, en effet, c’est qu’il croit à ce qu’il dit et écrit

Plenel est convaincu qu’il a pour mission de sauver la démocratie française. Le plus grave, en effet, c’est qu’il croit à ce qu’il dit et écrit. Ainsi cite-t-il ce propos édifiant de l’historien Maurice Agulhon : « Qu’est-ce que la Gauche, sinon la volonté et l’ambition de moraliser la Politique ? » Quand on est le Bien, on a besoin d’un visage du Mal. Ce sera celui de Sarko, dépeint en Belzébuth ou en quasi Hitler au petit pied : « L’amoralisme est au principe de ce pouvoir », résumait sobrement le trotskyste moustachu en 2010[2]. Dans ce combat métaphysique, tous les moyens sont bons, toutes les sources, dignes de foi. Le patron de Mediapart prétend avoir, à lui tout seul, redonné ses lettres de noblesse à l’enquête journalistique. En réalité, en dehors des confidences de personnages tels que Takieddine ou de proches du Guide déchu (tous connus pour leur irréprochable moralité), les « investigations » de Mediapart, comme celle des autres, reposent largement sur l’exploitation malveillante de PV d’audition, c’est-à-dire sur l’investigation des autres, policiers et magistrats. Curieusement, un homme aussi intraitable sur la légalité républicaine que Plenel ne voit aucun inconvénient à bafouer ouvertement et de façon répétée le secret de l’instruction, pourtant corollaire indispensable de la présomption d’innocence. À la guerre comme à la guerre. N’empêche, un dossier d’instruction se balade à ciel ouvert sans que la moindre enquête ait jamais été ouverte à ce sujet.

On objectera avec raison que Causeur a également exploité ces mêmes PV (qui ne nous ont pas été fournis par des juges). De fait, dès lors qu’une partie de la presse y a eu accès et les a abondamment exploités pour charger l’ancien président, il nous a paru légitime de chercher à savoir s’ils racontaient l’histoire rocambolesque que l’on nous sert depuis des années. Ou alors, il faut décréter que l’investigation journalistique est au-dessus de tout soupçon.

Des magistrats en campagne

Mais, heureusement, Edwy Plenel ne détient pas le pouvoir d’embastiller ni de déchoir. Ce qui inquiète encore plus que le fanatisme mediapartiste, c’est que des magistrats semblent avoir fait leur sa croisade. Difficile de ne pas voir que, depuis le début, ils enquêtent à charge et à charge, convaincus a priori que les millions de Kadhafi existent. Qu’un magistrat se soit forgé, avant toute investigation, une intime conviction, voilà qui va à l’encontre de tous les principes d’une saine justice. À cette conviction, il faut ajouter le corporatisme : à la notable exception de Renaud Van Ruymbeke qui a refusé de participer à l’hallali, on a le sentiment que les magistrats instructeurs intervenant dans les différents dossiers Sarkozy ne voulaient sans doute pas se déjuger mutuellement, tandis que la Cour de cassation a validé les actes de procédure aussi extravagants que les écoutes qui font office de filets dérivants (on va à la pêche en se disant qu’on finira bien par ramener un poisson). Quant aux magistrats du siège, ceux qui ont condamné Sarko, on peut aussi supposer qu’ils ont rechigné à détruire des années d’instruction (et la réputation du Parquet) en prononçant un non-lieu.

Edwy Plenel © Martin Bureau / AFP

L’affaire du « mur des cons » l’a prouvé, tous les juges ne sont pas des êtres de pur principe, placés au-dessus de la mêlée politique. Certains sont animés par l’idéologie et pas par n’importe laquelle : dans la grande tradition extrême gauchiste, eux aussi se prennent pour des justiciers. Il est vrai que la lutte contre le Mal est une tâche autrement plus gratifiante que l’application de la loi. C’est ainsi que le PNF n’a pas hésité à intervenir à grand fracas dans la campagne présidentielle, faisant preuve avec François Fillon d’une célérité dont rêveraient bien des justiciables. Que Fillon n’ait pas été exempt de tout reproche est indéniable. Montesquieu affirmait (en substance) que, même en matière de vertu, il faut de la modération. En attendant, quelques mois plus tard, la Justice était moins raide concernant les indélicatesses reprochées à Richard Ferrand (un premier procureur ayant décrété qu’il n’y avait rien à voir) ou la grande sauterie de Los Angeles organisée sur deniers publics à la gloire d’Emmanuel Macron. Autrement dit, nos grandes consciences judiciaires, impitoyables avec les uns, savent se montrer indulgentes avec les autres.

Une complicité stratégique entre les médias et la Justice

Dans ces conditions, le pouvoir grandissant des juges a de quoi inquiéter. Non seulement, ils deviennent des acteurs de la bataille politique en réservant leurs coups à certains plutôt qu’à d’autres, mais ils se substituent fréquemment, et sans la moindre légitimité, à un pouvoir exécutif procédant du suffrage universel, en lui enjoignant de faire ceci ou cela. Or, tout comme les médias avec lesquels certains magistrats ont noué une complicité stratégique, la Justice est un pouvoir qui ne souffre aucun contre-pouvoir. Non seulement personne ne jugera les juges, mais nombre de politiques, conscients qu’ils peuvent se retrouver dans leur collimateur, hésitent à les critiquer.

Nicolas Sarkozy est encore prévenu dans plusieurs procédures, l’affaire libyenne et son sous-produit des écoutes, ainsi que dans le dossier Bygmalion, où il a été condamné en première instance, là encore en l’absence de preuves de son implication directe dans les surfacturations imputées à l’agence de communication. On ne sait pas si on verra un jour Edwy Plenel plastronner à la télévision pour avoir réussi à envoyer en prison un ancien président de la République. En attendant, j’ai peur de la Justice de mon pays.


[1] Riss, Philippe Cohen, Richard Malka, La Face karchée de Sarkozy, Vents d’Ouest/Fayard, 2006.
[2] N’oubliez pas ! Faits et gestes de la présidence Sarkozy, Don Quichotte, 2010.

Vous avez dit woke?

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D.R.

Le wokisme est une forme d’obscurantisme. Mais la France résiste. Vendredi et samedi dernier se tenait à la Sorbonne un vaste colloque proposant de lancer une contre-offensive, ouvert par Jean-Michel Blanquer.


Vendredi 7 et samedi 8 se tenait à la Sorbonne un colloque qui se donnait pour objet de déconstruire le wokisme. Jean-Michel Blanquer s’y est exprimé, ainsi que quelques bons esprits immédiatement classés à l’extrême-droite par les spécialistes de l’anathème bien-pensant, les islamo-gauchistes professionnels et autres collabos de la pensée unique, qui ont enfourché le cheval de « l’éveil » faute de pouvoir briller par leurs qualités propres. Mais de quels chaudrons de sorcière sort cette idéologie américaine dont les plus sots des universitaires français font désormais leurs choux gras ?

Il s’agissait en fait de « déconstruire la déconstruction » et de lancer la contre-offensive contre une poignée d’agitateurs qu’un régime un peu cohérent aurait exclus de l’université.  Pour ceux qui n’étaient pas là dans les années 1960-1970, ou qui se souciaient davantage de chocs pétroliers, d’inflation, de montée du chômage de masse et des premiers attentats islamistes, rappel des épisodes que vous avez pu rater.

Idées iconoclastes

Ces idées iconoclastes, qui aujourd’hui reviennent en boomerang des Etats-Unis où elles se sont implantées jadis, ont émergé des cervelles surchauffées par 1968 de quelques penseurs français. Nous vivions alors des temps iconoclastes, au sens pur du terme : on tentait de déboulonner les vieilles icônes, par exemple De Gaulle. Quelques philosophes, conformément à la pratique philosophique depuis vingt-cinq siècles, ont ébranlé les certitudes sur lesquelles reposait la civilisation occidentale : comme l’explique fort bien Denis Collin, Deleuze préfère alors les schizophrènes aux gens supposés « normaux », Foucault les taulards, et Badiou, le tout premier, remplace dans son maoïsme adapté au quartier Saint-Germain l’ouvrier français, contaminé par l’immobilisme du PCF, par l’immigré, nouveau damné de la terre. La Fondation Jean Jaurès reprendra l’idée trente ans plus tard, à l’usage du PS, avec le succès que l’on sait en 2002. 

Nous sommes beaucoup trop tendres, trop patients, trop enclins à écouter, trop tentés de donner raison aux gens déraisonnables…

« Tous ces courants, précise Denis Collin, qui ont fleuri dans les années post-soixante-huit, considèrent, comme Michel Foucault, que la question du pouvoir d’État comme question centrale est dépassée et qu’il est nécessaire de s’opposer d’abord aux « micro-pouvoirs « et aux « disciplines » qui domestiquent l’individu. C’est encore chez Foucault et son élève américaine Judith Butler qu’est revendiquée la nécessité des « identités flottantes » contre les « assignations sociales » à une seule identité sexuelle. Remarquons enfin que, comme Foucault admirateur de la « révolution islamique » de Khomeiny, l’idéologie « woke » sacralise l’islam, considéré comme l’allié du mouvement contre les mâles blancs hétérosexuels. 

Intersectionnalité des luttes

C’est de là que vient la sacro-sainte « intersectionnalité des luttes », dont j’ai déjà dit il y a plus de deux ans ce qu’il fallait penser. Les « chiennes de garde », version enragée des féministes du courant Beauvoir / Veil / Badinter, ont eu tôt fait de défendre le hijab, qui marque pourtant l’infériorité de la femme, puisqu’il était islamique. Et le courant LGBT s’allia ainsi à des fanatiques qui, ailleurs dans le monde, mettent à mort les homosexuels. Dans le monde de la pensée inversée, rien que de très normal.

Ce faisant, les « woke » reproduisent les pires préjugés racistes et sexistes. Avec la bonne conscience des néo-convertis.

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Les universitaires américains, en panne d’idées originales, adoptèrent cette French Theory dans le courant des années 1970. Comme dit Pierre-André Taguieff, l’inventeur du concept d’islamo-gauchisme, une entreprise philosophique qui s’appuyait initialement sur Nietzsche et Heidegger est tombée entre les mains de quelques crétins qui en ont fait un étendard. Le « politiquement correct », qui sévit depuis bientôt quarante ans, est la section émergée de cet iceberg de nouvelles certitudes. Quelques incidents policiers, ici ou là-bas, convainquirent les militants de la justesse de leurs aberrations. Et, surtout, de leur appartenance à la grande communauté des victimes — une trans-classe qui transcende les anciennes distinctions sociales.

Parce qu’il n’y a rien de marxiste dans le wokisme. Comme il n’y a rien de libéral — sinon l’accent mis sur le désir d’exister de chacun, via les réseaux sociaux, les « communautés », les mouvements revendicatifs, le sentiment victimaire et la chasse aux sorcières, à Sciences-Po Grenoble ou ailleurs, comme l’expliquait récemment Nicolas Le Hors dans Valeurs actuelles.

OPA sur la recherche et les médias

Si l’on veut comprendre le wokisme, il faut remonter à la source américaine : il s’agit en fait, comme dit Jean-Loup Bonnamy, de l’une de ces innombrables sectes qui pullulent depuis quatre siècles dans un pays colonisé à l’origine par des quakers — secte dissidente de l’église anglicane — chassés d’Angleterre avec William Penn en 1681.

Une secte ne subsiste que dans la mesure où elle identifie ses ennemis — et plus nombreux ils sont, mieux elle prospère. Savonarole à la fin du XVe siècle persuada pendant trois mois les Florentins qu’ils devaient se repentir, et brûler les marques de l’impureté de leur foi : Botticelli jeta au feu ses toiles non religieuses — puis on tortura, pendit et brûla le nouveau messie, les Florentins étaient collectivement trop intelligents pour se laisser suborner longtemps par un illuminé. Le catholicisme, contrairement au protestantisme, n’a eu que fort rarement des bouffées délirantes de vertu. Il sait bien qu’il est avec le Ciel des accommodements, comme disait Tartuffe.

Nous autres contemporains sommes beaucoup trop tendres, trop patients, trop enclins à écouter, trop tentés de donner raison aux gens déraisonnables. Sous prétexte d’autonomie des universités, nous avons laissé recruter des centaines d’imbéciles qui se sont réfugiés dans le wokisme pour étayer des recherches stériles et empêcher des chercheurs sérieux d’entrer dans le Supérieur. Se cooptant entre eux – exactement comme les pédagogistes, ces pédagogues minables qui n’ont de force que celle qu’ils tirent de leur incompétence de groupe —, ils ont lancé une OPA sur la recherche universitaire et les médias. Voir par exemple cette aberration absolue qu’est l’écriture inclusive, ou les marques aberrantes du féminin imposées à des mots qui ne nous ont rien fait. Un « e » collé à « auteur » ou « professeur », comme si c’était un Marseillais qui articulait le mot, voilà qui sanctifie des profs nuls et des auteurs stériles. Blanquer n’a pas tort d’expliquer que le wokisme est une forme d’obscurantisme. Trois connards, ce n’est rien ; trente connards, c’est une secte ; et s’ils sont relayés par quelques journalistes qui eux non plus n’ont rien trouvé d’autre pour exister, cela devient un groupe de pression.

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Que le wokisme se soit répandu aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, pays de sectes protestantes, soit. Mais en France ? Ni le catholicisme, ni l’islam des origines, celui qui partait sabre en main conquérir un empire, ne pratiquent la victimisation ou l’auto-apitoiement.

Mais c’est compter sans la perte d’influence de l’Église, et la dégénérescence de l’islam dans sa version banlieue. Faute d’exister en soi, faute de se battre, de travailler, de créer, un grand nombre de petits connards ont choisi le wokisme pour se construire une niche, ou un piédestal qui leur donne un semblant d’existence — et, si possible, de prépondérance. 

Ils ne se contentent pas d’un petit bout de territoire, comme les Amish. Ils prétendent tout régenter, à commencer par le champ pédagogique. Tout candidat sérieux à la présidentielle doit promettre d’en finir avec cette poignée de malfrats de l’intellect. En les révoquant, quitte à modifier les statuts de la Fonction publique, lorsqu’ils sont enseignants ; en leur coupant les vivres, s’ils sont journalistes ; en leur ôtant la parole, dans tous les cas.


Lévy sans interdit

Notre directrice de la rédaction a suivi les débats

Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 dans la matinale de Sud Radio.

6 janvier: ce que les médias américains ne vous diront jamais

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Un an après l’attaque honteuse du Capitole, le parti Démocrate fait feu de tout bois pour accabler Trump et le camp républicain. Pourtant, les dégâts générés par les antifas ou le mouvement Black Lives Matter – soutenu par certains démocrates – sont bien plus importants.


Il y a un an, le grand rassemblement de Donald Trump du 6 janvier 2021 se terminait par l’attaque et la profanation du Capitole, au cœur de la capitale américaine. Nous avons tous vu dans les médias les images effrayantes et scandaleuses de cet événement. Ce jour a choqué tout le pays, mais je peux dire en tant que Républicain que le choc était particulièrement brutal pour les Républicains. C’est la dernière chose que les partisans de Trump voulaient voir. Les auteurs de ces violences devraient en porter la pleine responsabilité et être punis avec toute la force de la loi. Je n’ai pas entendu un seul politicien républicain, un seul commentateur politique républicain ou un seul Républicain patriote soutenir la violation de la capitale. Ces actes de violence sont contraires aux principes de protestation pacifique adoptés par les Républicains et le mouvement MAGA. Par conséquent, les Républicains sont amenés à remettre en question le récit médiatique des événements et de leurs conséquences pour la politique aux États-Unis.

La gauche du Parti démocrate et les médias qui la soutiennent ne cessent de qualifier l’intrusion dans le Capitole d’« insurrection », de tentative de « coup d’État » par de violents terroristes domestiques, autrement dit des suprémacistes blancs supporteurs de Trump. Ils parlent de la plus grande attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession, pire que Pearl Harbor ou que le 11 septembre (une insulte aux 3000 personnes qui ont perdu la vie dans les deux tours). Et ils accusent Donald Trump lui-même de l’avoir incitée et soutenue.

Il ne s’agit pas de minimiser l’inacceptable effraction violente du Capitole mais de souligner l’hypocrisie flagrante de la gauche, ses mensonges odieux et ses exagérations à propos du 6 janvier

Mais si cette rhétorique hystérique et hyperbolique était vraie, pourquoi la gauche a-t-elle jugé nécessaire de mentir autant sur ce qui s’est passé ou ne s’est pas passé ? Oui, Trump a tenu un meeting à proximité du Capitole le 6 janvier avec des milliers de partisans, alors que la session conjointe du Congrès était prête à confirmer les résultats de l’élection. L’objectif de ce rassemblement était de convaincre les Républicains du Congrès de se joindre aux Républicains qui avaient prévu de contester la certification des résultats dans certains États qui étaient potentiellement basés sur des votes frauduleux. Cela permettrait de forcer au moins une discussion et un débat au sein du Congrès, ce qui est légal selon la Constitution. Ce que les médias ne vous diront pas, c’est que de nombreux Démocrates ont également contesté les résultats des élections présidentielles passées, y compris celle de 2016 où Trump a battu Hillary Clinton. L’opposition des Démocrates étaient basée sur les accusations – que l’on sait maintenant fausses –  selon lesquelles Trump aurait volé l’élection grâce à une prétendue connivence avec la Russie. Un mensonge que les Démocrates ont maintenu pendant toute la présidence de Trump et jusqu’à aujourd’hui. L’objectif de Trump était donc simplement de montrer aux Républicains du Congrès combien il était soutenu par le peuple américain. Toute violence visant à perturber le processus du 6 janvier ne servait pas du tout ses intérêts. Il est prouvé que Trump a appelé ses partisans à marcher « pacifiquement et patriotiquement » vers le Capitole. Pourtant, il y a eu des violences qui ont bien perturbé le processus. Après que Trump a demandé à tous les émeutiers de quitter le Capitole et que les sénateurs et les membres du Congrès sont revenus, ces derniers ont immédiatement demandé une certification des votes de tous les États, sans discussion. Biden a été confirmé.

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Comme la plupart des Républicains, je suis de l’avis que Trump n’est pas intervenu assez rapidement et avec assez de force, pour demander aux émeutiers de cesser. Mais ses détracteurs vont jusqu’à répandre un mensonge à ce sujet. Liz Cheney, représentante républicaine pour le Wyoming, opposée à Trump, est la vice-présidente de la commission d’enquête sur les événements du 6 janvier. Elle prétend que Trump est resté sans faire de déclaration pendant 187 minutes (plus de trois heures), tandis que les événements se déroulaient au Capitole. Les médias ne vous diront pas que c’est un mensonge et que les faits le prouvent. La chronologie des événements montre clairement que la première déclaration de Trump enjoignant à ses supporteurs de « rester pacifique et soutenir notre police », a été faite sur Twitter 23 minutes après l’effraction initiale. Il a envoyé un deuxième tweet 35 minutes plus tard. Après une heure, il a envoyé un message vidéo demandant à tout le monde de partir. Cela fait deux déclarations et un message vidéo en deux heures.

Pas un renversement de gouvernement, plutôt une protestation désorganisée

Les médias vous ont dit que des milliers de Républicains armés et organisés ont envahi le Capitole pour tuer des politiciens et renverser le gouvernement. Les médias ne vous diront pas qu’il s’agissait en fait de centaines de patriotes frustrés qui sont entrés bêtement dans le Capitole, en suivant un groupe d’instigateurs violents. Aucun des manifestants n’a été trouvé avec une arme à feu sur sa personne. De nombreux témoins disent même que certains policiers auraient ouvert les portes de l’intérieur pour laisser entrer les manifestants, comme on peut le voir dans de nombreuses vidéos où la police escortait en fait les manifestants dans les couloirs.

Ashli Babbitt a été abattue dans le Capitole. Image: Twitter.

Cinq personnes tuées, mais pas par des Républicains

Les médias vous ont ensuite dit que des émeutiers républicains avaient provoqué la mort de cinq personnes. Ils vous ont dit que l’une de ces cinq personnes était un agent de la police du Capitole qui a été attaqué par la foule et battu à l’aide d’un extincteur. La vérité est sortie bien plus tard : il n’y a jamais eu d’attaque avec un extincteur et le policier est décédé le lendemain de causes naturelles, ce qui a été confirmé par sa famille. Trois des quatre autres décès concernaient des partisans de Trump qui sont également morts de causes naturelles, comme des crises cardiaques. La cinquième et dernière personne était également une partisane de Trump, la seule victime abattue ce jour-là, et par un officier de police du Capitole. Une ancienne combattante de l’Armée de l’air, elle s’appelait Ashli Babbitt. Elle n’était pas armée et était vêtue d’un drapeau américain. Le policier n’a jamais été reconnu coupable d’un crime. 

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Très malavisés, les supporteurs Républicains qui ont décidé de suivre les instigateurs du crime ont pris une mauvaise décision ; ils n’auraient pas dû se trouver à l’intérieur du Capitole, mais ils n’essayaient pas de renverser le gouvernement et Ashli Babbitt ne méritait pas d’être abattue de sang-froid.

Les Américains ont besoin d’une enquête et de réponses honnêtes

Au cours de l’année écoulée, de nombreuses enquêtes (principalement menées par des Républicains), accompagnées de vidéos et de déclarations de témoins ont maintenu que certains des principaux instigateurs (pas tous) étaient des imposteurs anti-Trump qui se faisaient passer pour des supporters MAGA. Les vidéos en question sont facilement accessibles sur des sites web de droite. Apparemment, les instigateurs filmés n’auraient jamais été arrêtés par le FBI. Je n’affirme pas qu’il s’agissait d’imposteurs anti-Trump, mais le peuple américain mérite des réponses aux questions suivantes : qui étaient vraiment les instigateurs de l’effraction ; pourquoi a-t-on dit aux policiers de se retirer et de ne pas l’empêcher ; et pourquoi la Garde Nationale n’était-elle pas en place pour soutenir la police ?  Toute personne qui soulève ces questions est immédiatement dénoncée comme un dangereux complotiste d’extrême droite.

725 arrestations, aucune pour sédition

Selon le site officiel du ministère de la Justice (DOJ), 725 personnes ont été arrêtées et inculpées dans le cadre de l’effraction du Capitole. Cela a nécessité une chasse à l’homme massive dans les 50 États par le FBI, car une attaque contre un bâtiment fédéral est considérée comme un crime fédéral. Alors que plus de 600 personnes ont été accusées de simple intrusion, selon le site Web du DOJ, « au moins 225 prévenus ont également été accusés d’agression, de résistance ou d’entrave à des officiers des forces de l’ordre, environ 10 personnes ont été arrêtées pour avoir agressé un membre des médias ou détruit leur équipement, et au moins 275 prévenus ont été accusés d’obstruction, ou de tentative d’obstruction, d’une procédure officielle dans une intention malicieuse. » 

Un petit détail : pas une seule personne n’a été accusée de sédition, d’avoir cherché à renverser le gouvernement ! À ce jour, seuls 70 prévenus ont été condamnés à des peines d’un maximum de cinq ans. Les accusations les plus graves d’obstruction sont passibles de peines maximales allant jusqu’à 20 ans de prison.

Aucune comparaison avec les dégâts et les décès provoqués par Black Lives Matter et les antifa en 2020

Suite à l’attaque du Capitole, il y aura des centaines de procès en 2022 et certainement jusqu’en 2024. Pourtant, les trois mois d’émeutes en 2020 provoquées par Black Lives Matter et les antifa ont vu commettre des crimes comparables et même pires, mais leurs auteurs ont souvent été libérés sous caution grâce à des fonds auxquels des politiciens démocrates ont contribué, y compris la vice-présidente, Kamala Harris. Pendant trois mois, BLM et les antifa sont à l’origine de près de 570 émeutes violentes, dans 220 lieux aux États-Unis, provoquant la mort de plus de 30 citoyens américains dont au moins un policier en retraite et blessant plus que 2000 autres agents. En termes de dommages matériels, le Capitole a vu 1,5 million de dollars de dégâts, tandis que les émeutes BLM/antifa sont responsables de dégâts valant 2 milliards de dollars (les émeutes les plus coûteuses de l’histoire des États-Unis, selon une étude de l’université de Princeton). Parmi ces émeutes BLM/antifa, une attaque soutenue de quatre mois contre un bâtiment fédéral à Portland, dans l’Oregon. Le palais de justice fédéral a été incendié et endommagé. Comme l’attaque du Capitole, ne s’agit-il pas d’un crime fédéral ? Lorsque le gouverneur démocrate a finalement autorisé Trump à envoyer la Garde nationale, les émeutiers ont tenté de mettre le feu au bâtiment alors que la Garde était encore à l’intérieur. Les politiciens démocrates ont critiqué la Garde nationale et l’ont comparée aux « Sturmtruppen » nazis.  Jamais, pendant les trois ou quatre mois d’émeutes contre des Américains ordinaires et un tribunal fédéral, les Démocrates n’ont dit que notre démocratie était attaquée. Avec les médias qui les soutiennent, ils ont répété le mensonge selon lequel il s’agissait principalement de « protestations pacifiques ». Il ne s’agit pas de minimiser l’inacceptable effraction violente du Capitole mais de souligner l’hypocrisie flagrante de la gauche, ses mensonges odieux et ses exagérations à propos du 6 janvier.

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Un comité politiquement biaisé s’apprête à dénoncer les Républicains comme des « insurgés »

Nous attendons donc maintenant le rapport de la commission spéciale de la Chambre des représentants sur l’« insurrection » du 6 janvier, dirigée par des démocrates. Comme la plupart des Américains, je serais heureux de voir une enquête vraiment bipartisane, transparente et approfondie sur les événements du 6 janvier. Malheureusement, dans le contexte actuel de polarisation politique du Congrès, ce n’est pas possible. La commission spéciale est orientée politiquement contre Trump et les Républicains. Son verdict est prédéterminé, son objectif étant de condamner Trump (une fois de plus) et d’essayer de le mettre en prison. Lorsque la commission a été constituée en juin 2021, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, devait choisir huit Démocrates et le leader de la minorité républicaine, Kevin McCarthy, cinq Républicains. Lorsque McCarthy a soumis ses cinq noms, Pelosi a pris la mesure sans précédent d’en refuser deux qui étaient des partisans déclarés de Trump. Elle les a refusés pour avoir diffusé de prétendues « fausses informations », car bien sûr, seule Nancy Pelosi est l’arbitre de la vérité. En fait, elle a refusé tout Républicain qui, selon elle, ne serait pas d’accord avec les conclusions des démocrates.

Washington, le 6 janvier 2020 © Julio Cortez/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22527680_000006

McCarthy a donc retiré les cinq républicains en signe de protestation en disant qu’il ne voulait pas faire partie d’une commission politique bidon. Pelosi a ensuite pris une autre mesure sans précédent en demandant à deux Républicains notoirement anti-Trump, Lynn Cheney et Adam Kinzinger de rejoindre la commission, afin de pouvoir la qualifier de « bipartisane ». Cheney et Kinzinger ont tous deux voté pour la destitution de Trump. Ils ont naturellement accepté et Cheney a même été nommé vice-présidente. Tous deux ont été mis à l’écart par le Parti républicain dans son ensemble et surtout dans leurs États respectifs. McCarthy a promis de mener sa propre enquête en parallèle. Malheureusement, il reste de nombreuses questions qui n’ont pas reçu de réponses honnêtes et transparentes. Les démocrates continueront à qualifier tous les partisans de Trump d’« insurrectionnels » pour tenter de détourner l’attention générale des échecs de l’administration Biden/Harris.

Mais aucune propagande politique, aucune commission bidon, aucun mensonge médiatique ne pourra jamais masquer les dysfonctionnements d’une telle administration.

Valérie Pécresse choisit le «front républicain» contre l’union des droites

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Valérie Pécresse sur France 2, 8 janvier 2022 Image: D.R.

Sur le plateau de «On est en direct», Valérie Pécresse s’est vantée de défendre une digue entre la droite et l’extrême-droite, sans même remettre en cause la définition sans cesse changeante de «l’extrême-droite»…


… Définition qui est imposée par la gauche et fluctue au gré des intérêts et des caprices de cette dernière. La candidate soutenue par LR s’enorgueillit de faire comme si « l’extrême-droite » d’aujourd’hui était encore l’extrême-droite à laquelle s’opposa le Général De Gaulle. C’est une faute lourde. Il n’est pas trop tard pour que la candidate LR la corrige, mais le temps presse. Puissent les plus clairvoyants de ses soutiens la convaincre rapidement…. ou suivre l’exemple de Guillaume Peltier.

Le ralliement à Eric Zemmour de l’ex-numéro 2 de LR et député de la deuxième circonscription du Loir-et-Cher est peut-être l’évènement qui permettra à la droite française de se sortir enfin du piège dans lequel l’a faite tomber jadis François Mitterrand. Piège de la confusion volontaire entre extrême-droite et ultra-droite, piège de la soumission au magistère moral autoproclamé d’une gauche qui n’a pourtant pas hésité à s’allier aux communistes, malgré le témoignage de Soljenitsyne, malgré les goulags, l’Holodomor et les gardes rouges…

Un choix crucial

Voici LR face à un choix crucial : faut-il perpétuer ce « front républicain » qui depuis 40 ans conduit notre pays à la catastrophe, ou permettre l’union des droites et une authentique alternance politique ? En réalité, le choix est plus fondamental encore, car ces termes ne recouvrent pas tout à fait ce que l’on imaginerait a priori :

D’un côté, donc, le fameux « front républicain ». En vérité, il n’a plus de républicain que le nom, un nom éhontément usurpé. Car il n’y a rien de républicain à faire alliance avec les islamo-compatibles, les racialistes, les décoloniaux, les multiculturalistes et tous les adeptes de la déconstruction qui n’ont de cesse de saper les fondamentaux culturels rendant possible la République. Il n’y a rien de républicain à se draper dans de beaux principes pour encourager une immigration débridée, puisque si bien évidemment chaque immigré doit être jugé en tant qu’individu et non réduit à sa culture d’origine, dans l’ensemble et statistiquement il s’agit tout de même d’importer massivement l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, le fanatisme religieux et les logiques tribales.

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Ce bien mal nommé « front républicain » n’est qu’un piège : la diabolisation et la « nazification » de quiconque ne se soumet pas à des « lignes rouges » fixées arbitrairement par la gauche, dans le seul but de refuser toute légitimité démocratique à une part importante de l’électorat de droite, afin de décaler artificiellement vers la gauche le centre de gravité de la politique française. De nos jours, ce sont les accusations délirantes portées contre Eric Zemmour et Marine Le Pen, et l’obsession du « faire barrage », qui aboutissent à exclure du débat démocratique et de l’exercice de la souveraineté près du tiers des citoyens de notre pays. La question récurrente des parrainages l’illustre bien, et Mathieu Bock-Côté a dernièrement posé une question essentielle : quelle légitimité resterait-il à une élection dont Zemmour, Le Pen et même Mélenchon seraient exclus, alors qu’Anne Hidalgo s’y présente sans difficulté ?

De l’autre côté, l’union des droites. Celle-ci ne saurait être une fin en soi : la gauche a certes l’habitude de se préoccuper d’avantage de sauver la gauche que de sauver la France, mais il serait dramatique que la droite se laisse aller à un nombrilisme similaire. L’union des droites n’a de sens que si elle est une alliance au service de la France, face à des menaces assez graves pour justifier de mettre de côté toutes les divergences secondaires. Or, de telles menaces existent aujourd’hui.

L’islamisme d’abord, qui est la volonté de faire de l’islam la norme, au double sens de « normal » et de « normatif », et dont le terrorisme n’est qu’un moyen d’action parmi beaucoup d’autres : entrisme associatif et politique, influence culturelle et financière, corruption, harcèlement judiciaire, etc. On connaît le triptyque: hard power, soft power, gold power. Les moyens utilisés par l’islamisme sont secondaires : on parle d’un projet consistant à mettre fin à la liberté de conscience, à l’égalité des droits civiques entre femmes et hommes, et ainsi de suite. Pour mémoire, la quasi-totalité des pays musulmans interdisent l’apostasie (certains la punissent même de mort), refusant donc la liberté de conscience qui est pourtant le plus fondamental des droits, et l’actuel Grand Imam d’Al-Azhar lui-même déclarait en 2016 que les quatre grandes écoles juridiques du sunnisme (les madhhabs) sont unanimes pour prévoir la mise à mort des apostats. Un tel projet de société n’est pas tolérable, quand bien même il ne tenterait de s’imposer que par des moyens légaux.

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Ensuite un certain « progressisme », sous de multiples formes : déconstruction, wokisme, « cancel culture », multiculturalisme, idéologie diversitaire, dictature des minorités, racisme mal déguisé de la discrimination « positive », de l’indigénisme et du « décolonialisme », et ainsi de suite. C’est l’exclusion de JK Rowling de la célébration de Harry Potter sous prétexte qu’elle serait « transphobe », ayant dit que « femme » se réfère à une réalité biologique objective. C’est cette commissaire européenne conseillant de ne plus parler de Noël au nom de « l’inclusion », ou cette campagne de l’UE proclamant que « la joie est dans le hijab » – les Iraniennes apprécieront. Remarquons au passage que l’islamisme et le « progressisme » font cause commune contre la civilisation occidentale, porteuse malgré tous ses défauts de la quête du Vrai, du Juste, du Beau, et qui est donc un obstacle radical à l’hégémonie du relativisme « progressiste » comme à l’arbitraire du droit divin islamiste.

La droite doit se dresser contre la société liquide qui advient

Enfin, la réification marchande du monde et des êtres, cette société liquide où plus rien n’a de valeur puisque tout n’a qu’un prix, start-up nation et pays réduits à des territoires à administrer, opportunités pour les premiers de cordée et les autres qui n’ont qu’à traverser la rue, disruption permanente, loi de la jungle mondiale propice à l’instauration du règne des seigneurs de la guerre économique. L’extrême-centre en est le héraut, Emmanuel Macron l’un des visages.

La gauche s’est massivement soumise à ces trois ennemis, le second étant d’ailleurs dans une large mesure sa création, et l’union des droites s’avère donc indispensable – on notera qu’elle ne peut se faire qu’autour de la « droite des valeurs », la « droite du fric » s’étant idéologiquement ralliée à la société liquide, et politiquement à LREM.

Mais il serait insensé de se contenter de l’union des droites, même si elle doit donner l’impulsion nécessaire. Il reste à gauche des esprits lucides qui ont toute leur place dans une telle alliance, notamment au sein de la gauche souverainiste qui préfère l’assimilation au multiculturalisme, et la République française à la République hors sol : Céline Pina, Fatiha Boudjahlat, Michel Onfray, Georges Kuzmanovic, peut-être même Fabien Roussel malgré son appartenance à un parti se référant à une idéologie totalitaire et meurtrière. On notera que la gauche du pseudo-« front républicain » l’a en partie compris, ne retenant pas ses attaques contre ceux qu’elle accuse de « dérive droitière » (comme si être de droite était en soi infâmant) : les propos méprisants et outranciers de Gilles Clavreul envers Céline Pina et Fatiha Boudjahlat sont à cet égard de véritables cas d’école, tout comme le « rappel à l’ordre » de Mila succédant à celui de Raphaël Enthoven.

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Y a-t-il, dans cette union des droites élargie à la gauche souverainiste, un risque de se laisser infiltrer et instrumentaliser par l’ultra-droite, et ce qui demeure de véritables extrémistes tentés par un totalitarisme de type néo-nazi, et/ou par le suprémacisme racial ? La crainte est légitime, et la vigilance nécessaire. Mais il faut souligner que les trois formations de droite y sont extrêmement attentives, même celles dites « d’extrême-droite » : le RN s’attache depuis des années à « faire le ménage », et Eric Zemmour a été particulièrement clair sur le sujet.

Il existe hélas dans notre pays des partis politiques ayant des projets racistes : ce sont les partis dits « progressistes », qui promeuvent le multiculturalisme et les assignations identitaires, le décolonialisme, la discimination « positive », le soi-disant « antiracisme » woke, dont on voit les ravages outre-Atlantique. LFI, EELV, mais pas seulement. C’est devant le suprémacisme racial Noir que voulait s’agenouiller un ministre de l’Intérieur de LREM, croyant que le gang Traoré initiait un « BLM à la française », et on notera que le « front républicain » n’en a pas pour autant exclu Christophe Castaner de la liste des personnes fréquentables. Pas plus que n’en est exclu Emmanuel Macron, qui pourtant n’a jamais désavoué sa ministre Elisabeth Moreno lorsqu’elle parle de « privilège blanc » et fait l’éloge de la discrimination « positive », c’est-à-dire de la sélection sur la base de la couleur de peau…

Valérie Pécresse, vous avez rétréci la droite!

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Guillaume Peltier et Christian Jacob, mars 2020 © Jacques Witt/SIPA

Au-delà de l’équation personnelle, le départ de Guillaume Peltier témoigne de l’impasse politique dans laquelle s’enfoncent Valérie Pécresse et les Républicains : tourner le dos aux électeurs d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen pour tenter de séduire ceux de Macron… 


LR, c’est fini !
Et dire que c’était le parti de mes premiers amours
LR, c’est fini
Je ne crois pas que j’y retournerai un jour !

LR, c’est fini… en tout cas pour Guillaume Peltier, qui a annoncé hier son soutien à Eric Zemmour et a été instantanément exclu du parti. Alors, même si les premiers amours de Guillaume Peltier se nouèrent au Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, le député du Loir-et-Cher était adhérent de l’UMP depuis 2009 et numéro 2 des Républicains depuis 2019. Son départ est ainsi un séisme politique. 

Pour expliquer son choix, Guillaume Peltier avançait ce dimanche qu’Eric Zemmour était « le seul candidat de la droite, le seul candidat fidèle aux valeurs du RPR, le seul candidat capable de battre Emmanuel Macron parce que capable de rassembler tous les électeurs de droite », avant de poursuivre : « Le vote pour Valérie Pécresse est un vote inutile ! »

Immédiatement, les porte-flingues des Républicains ont sorti l’artillerie lourde avec leur bonne foi légendaire. Le champion étant sans doute Guillaume Larrivé qui se permet d’attaquer Guillaume Peltier sur sa loyauté et sa constance, alors que le député de l’Yonne, après avoir fait campagne à droite toutes aux élections internes LR de 2019, a voté à l’été 2020 la confiance à Jean Castex pour tenter – sans succès – d’obtenir un maroquin ministériel chez Macron ! On notera que Christian Jacob a l’exclusion moins rapide quand il s’agit de députés LR Macron compatibles…

Mais au-delà du cas personnel de Guillaume Peltier, le départ du numéro 2 du parti témoigne de l’impasse politique dans laquelle s’enfoncent Valérie Pécresse et les cadres des Républicains.

Cette impasse, c’est de tourner le dos à l’électorat conservateur, identitaire et populaire qui constitue l’essentiel du peuple de droite. Cet électorat qui avait voté Fillon en 2017 et dont une bonne partie est partie chez Eric Zemmour ou Marine Le Pen. Le mépris des Républicains depuis des années, et de Valérie Pécresse aujourd’hui, pour les Français qui sont pourtant le cœur de l’électorat de la droite explique que la candidate LR peine à dépasser les 15% dans les sondages quand Eric Zemmour et Marine Le Pen dépassent à eux deux les 30%.  Ce mépris pour les électeurs de droite va également aux cadres qui les défendent, y compris aux Républicains. Eric Ciotti, pourtant arrivé en tête au 1er tour du Congrès LR, a dû ainsi donner de la voix quelques heures après le second tour pour éviter d’être mis au placard par une Valérie Pécresse alors peu soucieuse de rassemblement. 

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À l’inverse, Valérie Pécresse a les yeux de Chimène pour tous les élus Macron-compatibles, choisissant comme porte-parole nationale Christelle Morançais qui n’avait pas hésité à se faire prendre en photo en train de partager une bière avec Edouard Philippe à la veille du 1er tour des élections régionales.

La tentative d’aller convaincre les électeurs d’Emmanuel Macron de voter pour Valérie Pécresse est pourtant vouée à l’échec, malgré la surenchère démagogique sur la crise sanitaire de la présidente de la Région Île-de-France, qui demandait il y a peu de fermer les écoles à la rentrée scolaire de janvier. Alors que l’on attendrait d’une candidate de droite qu’elle démonte la propagande sanitaire d’Emmanuel Macron, Valérie Pécresse a servi la soupe du locataire de l’Élysée, uniquement guidée par la volonté de marquer des points auprès de l’électorat retraité qui est le dernier resté fidèle aux Républicains.

Plus profondément, le peu d’attention porté à Guillaume Peltier par Valérie Pécresse – qui déclarait, à peine désignée par le Congrès LR, « si vous n’êtes pas à l’aise avec ma candidature, partez ! » – témoigne qu’elle ne comprend ni le peuple de droite ni l’enjeu stratégique de cette campagne : l’union des droites. Cette méconnaissance de son électorat s’est illustré la semaine dernière encore. Se réclamer de Sarkozy en promettant de « passer le Kärcher », c’est réveiller la blessure du peuple de droite, lequel se souvient avoir vu le candidat de la rupture se transformer en candidat de l’ouverture – passant du Kärcher au Kouchner – à peine entré à l’Élysée. Quitte à promettre une ouverture, c’est une ouverture à droite que Valérie Pécresse aurait dû promettre. Une ouverture en direction d’Eric Zemmour, ou tout du moins de ses électeurs.

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Au contraire, Valérie Pécresse continue de mépriser les électeurs d’Eric Zemmour. En annonçant qu’elle refuserait de débattre avec les candidats n’ayant pas obtenu leurs signatures. En avalisant le chantage aux subventions ou les menaces d’exclusion de LR à l’attention des maires qui accorderaient leurs parrainages à Eric Zemmour. Cette attitude est, pour elle, une double faute politique. Si Eric Zemmour ne peut se présenter faute de signatures, Valérie Pécresse n’aura aucune chance d’accéder au second tour. Si Zemmour obtient ses signatures, l’attitude de Valérie Pécresse confortera dans leur choix les électeurs de l’ancien journaliste… et les poussera à l’abstention dans une hypothétique qualification de Valérie Pécresse au second tour.

Au lieu d’engager une union des droites que permettait la nouveauté d’une candidature d’Eric Zemmour, Valérie Pécresse a choisi de rétrécir la droite à sa portion congrue, la portion centriste déjà passée chez Emmanuel Macron. La portion chiraquienne qui n’a rien fait pour sortir des politiques de gauche mise en place par Mitterrand puis Jospin. La portion juppéiste qui a trahi Fillon en 2017. 

La droite rabougrie, c’est aujourd’hui celle de Valérie Pécresse, une droite qui n’est ni patriote, ni libérale, ni conservatrice, ni sécuritaire, ni identitaire… une droite qui aspire uniquement à transiger avec Emmanuel Macron au printemps prochain pour obtenir les ministères dont ses cadres se sentent « injustement » privés depuis trop longtemps. 

Guillaume Peltier, lui, a tiré les conclusions qui s’imposaient de la cécité politique et des arrière-pensées boutiquières des Républicains. Si Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont sur la même ligne, le vote Pécresse est un vote inutile, et il ne reste qu’Eric Zemmour pour tenter de réaliser l’union des droites sans laquelle il ne pourra y avoir de véritable alternance à Emmanuel Macron, et sans laquelle aucun redressement du pays ne sera possible. Qu’elles qu’en soient les motivations personnelles, le courage du co-fondateur de la Droite Forte doit être salué. Et ce d’autant que la météo sondagière d’Eric Zemmour n’est pas particulièrement favorable en ce début 2022.

Mais les sondages de janvier font rarement l’élection d’avril…

… à suivre !

La guerre fait rage entre deux collectifs féministes: combien de «féminicides» en perspective?

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Manifestation féministe Nous Toutes le 20 novembre 2021 à Paris -©CELINE BREGAND / SIPA

Alors qu’elle relayait depuis six ans son décompte des meurtres de femmes, l’association « Nous toutes » accuse désormais le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » de transphobie. En cause, des propos « oppressifs », et « illégaux » soi-disant tenus sur les réseaux sociaux. L’équipe de Caroline de Haas a ainsi dénoncé un « collectif qui affiche des positions contraires à [ses] valeurs » et entend mettre en place un décompte plus large. Au fou.lle.s !


Dans une vie antérieure, je fus un vieux mâle blanc. Je me moquais des femmes, je les battais, je les violais, je les tuais. Et quand elles en venaient aux mains, j’osais parler de crêpage de chignon.

Ayant fait un stage immersif chez Caroline de Haas j’en suis ressorti rééduqué et inclusif. Et si je m’autorise à évoquer ce honteux « crêpage de chignon » c’est juste pour vous ouvrir les yeux sur les abominations dont j’étais capable.

Les lignes qui vont suivre seront donc pures, innocentes, et réfléchies. Pour bien les comprendre il faut se plonger dans les pages du Gulliver de Jonathan Swift… Vous savez la guerre entre ceux qui voulaient ouvrir les œufs par le petit bout et ceux qui tenaient mordicus à les entamer par le gros bout…

La guerre dont nous allons vous narrer les péripéties oppose le collectif « Nous toutes » à l’association « Féminicides par compagnons ou ex ». Un combat fratricide ! Mais peut-être faudrait-il écrire « sororicide » ?

Le collectif de Caroline de Haas accuse « Féminicides par compagnons ou ex » de transphobie, au motif que cette association refuse de comptabiliser les assassinats de personnes transgenres. La riposte, fulgurante, ne s’est pas fait attendre : « nous n’avons recensé aucun décès violent de personnes transgenres jusqu’à maintenant ».

Nous ne souhaitons pas, mais pas du tout, nous engager dans cette guerre sororicide. Mais force est de constater que la logique et le bon sens ne sont pas chez Caroline de Haas. Car quand un (une ?) transgenre est tué(e ?), qui meurt ? Une femme en devenir ? Un homme en devenir ? Il, elle, Iel ? Là, il nous faut nous arrêter, car ça devient trop compliqué pour nous. Afin de nous reposer allons retrouver le vieux mâle blanc que nous avions lâchement abandonné.

Golden Globes: quand l’exigence de “diversité” tourne au psychodrame

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La présidente de la HFPA Helen Hoehne et le chanteur Snoop Dogg présentent les nominations des Golden Globes à Los Angeles, 13 décembre 2021 © ImageSpace/Sipa USA/SIPA

L’industrie culturelle hollywoodienne est malmenée comme jamais par la révolution racialiste. Malgré les efforts de la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association, le diffuseur habituel NBC a refusé de retransmettre la remise des Golden Globes cette année, et les acteurs boycottent la cérémonie. Et si la 79e édition était la dernière?


Va-t-on assister dans la nuit de dimanche à lundi à la 79ème et dernière édition de cette noble institution américaine ? Accusée d’avoir failli dans ses missions de diversité raciale, ethnique et genrée avec de surcroît des accusations de malversations et de corruption, l’association-support de cette cérémonie est plus que jamais dans le viseur des professionnels du secteur. 

Lesquels apparaissent clairement manipulés et fanatisés par le délirant climat ambiant « wokiste » et plus que jamais interpellés et sommés de s’expliquer par des minorités de plus en plus visibles, ragaillardies par le récent décès de l’emblématique acteur « black » Sydney Poitier, première star noire du cinéma américain et premier acteur afro-américain à avoir reçu un Oscar, en 1964, pour son interprétation du personnage d’Homer Smith dans Le lys des champs

Auguste institution américaine 

Traditionnellement, les Golden Globes, antichambre officieuse des Oscars, ouvraient avec panache, strass et paillettes la saison officielle des remises de prix permettant d’alimenter le sacro-saint système auto-promotionnel et l’auto-satisfecit des « professionnels de la profession ». 

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Décernées chaque année depuis 1944 par la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association (HFPA, Association hollywoodienne de la presse étrangère), ces récompenses très prisées visent à célébrer les meilleures œuvres de fiction télévisuelles et les meilleurs professionnels de cinéma et de la télévision américaine. Cette étonnante structure fut fondée en 1943 par un correspondant du quotidien britannique The Daily Mail, dans le but d’instituer un lobbying de soft power partout sur la planète, avec bientôt comme bras armé une armée de correspondants militants revêtant les habits présentables de VRP des productions hollywoodiennes (cinéma et télévision), avec prise en charge du service après-vente et inoculation du virus de la dépendance à des programmes culturels à la qualité fort variable et à la fiabilité idéologique fort discutable.   

Malaise à Hollywood

Cette 79ème édition aura bien lieu ce dimanche soir au traditionnel Beverly Hilton Hotel de Los Angeles, mais sans public, sans présentateur vedette, ni retransmission télé. NBC, sous la pression, ayant décidé de jeter l’éponge, une première depuis l’entrée des cérémonies américaines dans l’âge médiatique. 

Quel est le problème ? La HFPA est en réalité accusée de nombreux maux et de dysfonctionnements depuis quelques années. Ils se sont cristallisés ces derniers mois sur l’épineuse question de la non-représentation « satisfaisante » des minorités visibles dans le jury officiel de l’association.

Petit retour en arrière. En février 2021, Le Los Angeles Times lance un pavé dans la mare en pointant du doigt le fait qu’aucun journaliste noir ne fasse partie du jury des 87 membres habilités à décerner les fameuses récompenses. Puis l’on apprend que des membres actifs de l’organisation auraient reçu des « cadeaux » comme un voyage à Paris en 2019 afin de visiter le plateau de la série “Emily in Paris” diffusée sur Netflix, série qui va justement obtenir deux nominations lors de l’édition 2020 des Golden Globes alors que d’autres réalisations apparemment tout aussi (voire plus) méritantes sont copieusement ignorées. 

Le mouvement Time’s Up, impulsé en 2018 par plusieurs célébrités d’Hollywood en réponse à l’onde de choc Weinstein et au fameux hashtag #MeToo, décide alors de lancer une grande campagne pour exiger des réformes au sein de la HFPA, afin d’être « plus en phase avec la diversité raciale, ethnique et de genre du pays ».

Des stars de premiers plans, telles que Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, mais aussi Tom Cruise (abandonnant publiquement ses trois prix précédemment glanés aux Golden Globes en signe de protestation) soutiennent ouvertement cette réforme. Bientôt rejoints par les plus grandes agences de relations publiques ou encore les mastodontes du secteur comme Netflix, Amazon ou Warner Media.  

Devant cette déflagration, l’Association de la presse étrangère de Hollywood promet de s’engager dans d’importantes réformes structurelles. Elle engage un responsable de la diversité, change de président et de statuts, et impose de nouvelles règles comme l’interdiction de recevoir des cadeaux des partenaires, tels que les studios ou agences de relations publiques.

La HFPA s’ouvre également à 21 nouveaux membres parmi lesquels des journalistes noirs (le tiers des nouveaux membres), ce qui porte à 104 membres actifs sa nouvelle composition du jury pour les Golden Globes. Pas assez audacieux pour le diffuseur officiel NBC qui, dès le mois de mai dernier, oppose une fin de non-recevoir avec ce communiqué : « Nous continuons de penser que la HFPA est engagée dans une réforme significative. Toutefois, un changement de cette envergure exige du temps et du travail, et nous sommes convaincus que la HFPA a besoin de temps pour faire cela correctement. De fait, NBC ne diffusera pas la cérémonie des Golden Globes en 2022. » Diantre ! 

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Que va-t-il dès lors se produire dans la nuit de dimanche à lundi ? Difficile à ce stade d’y répondre. Selon la presse américaine, une retransmission en direct et en streaming pourrait être mise en place. Mais pour le moment, aucune information officielle sur ce point n’a été dévoilée. Selon la présidente de la HFPA, Helen Hoehne, « cette cérémonie sera à des années lumières de ce que les Golden Globes ont été les années précédentes. »

L’association devrait en tout cas profiter de cette tribune, certes beaucoup plus modeste et très faible en audience, pour faire des effets d’annonce « coups de poing » (refonte radicale de son mode de fonctionnement ?) et tenter de rassurer tout le monde pour l’édition 2023, sous peine de voir exploser le système actuel et de disparaître en tant que force historique de lobbying pour les intérêts culturels américains dans le monde.

Vrais enjeux masqués

Au-delà de ce psychodrame, qui peut nous apparaître risible et grotesque de l’autre côté de l’Atlantique, se joue évidemment une guerre idéologique acharnée et décisive entre d’un côté les tenants d’une certaine conception historique de la production culturelle avec son système de rétribution/ récompenses (indiscutablement perfectible et réformable) et, de l’autre, la déferlante actuelle de ce néo-totalitarisme « politiquement correct » s’affublant des masques horrifiques du wokisme, cancel culture, indigénisme, intersectionnalité, décolonialisme ou encore white-washing/white-bashing.     

Deux exemples parmi tant d’autres. Après avoir brillamment interprété le rôle de l’amazone déchaînée Wonder Woman dans le film de la réalisatrice californienne Patty Jenkins (Wonder Woman 1984, sorti en salles et sur les plateformes en 2020), la sculpturale actrice hébreu Gal Gadot se prépare à incarner une nouvelle héroïne mythique sur grand écran : Cléopâtre. L’annonce du projet a donné lieu à un déchaînement de passions et de haines émanant aussi bien d’anonymes que de certains professionnels brandissant le mot magique « White-washing ». Extrêmement péjoratif, ce concept désigne le fait de faire incarner par des acteurs et actrices blancs des rôles de personnes qui ne sont pas blanches. 

Dans le cas présent, il s’agit de dénier à une actrice blanche, qui plus est israélienne, la légitimité d’incarner un personnage historique de l’aire africaine (ici la reine d’Égypte, devant nécessairement être interprétée par une actrice de couleur ou actrice métissée) ! Sans parler des attaques antisémites dont Gal Gadot continue d’être l’objet à côté de ces accusations « d’appropriation culturelle« . La Paramount, productrice du projet, a dû officiellement intervenir en expliquant que la vraie Cléopâtre avait des origines gréco-macédoniennes, donc méditerranéennes tout comme celles de l’actrice israélienne ! Autre témoignage qui en dit long sur le malaise actuel : en 2014, le légendaire réalisateur anglo-américain Ridley Scott (“Alien”, “Blade Runner”) tourne le péplum de sa vie, “Exodus : Gods and Kings”, se concentrant évidemment sur les interactions légendaires entre Moïse et Ramsès dans l’Égypte antique. Le voilà lui aussi embarqué dans une hallucinante polémique qui le conduit à devoir s’expliquer sur son choix de deux acteurs vedettes blancs qui ne sont ni d’origine arabo-musulmane ni africaine ! Comment sort-on de cette aporie délirante et de ce monde à la Ubu ? Débuts de réponse sans doute cette nuit ! Restez connectés !

Théorie du genre: quand toute la société est une «micro-agression»

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Lana Wachowski, la réalisatrice des films "Matrix", San Francisco, décembre 2021 © Noah Berger/AP/SIPA

Le seul fait de ne pas pouvoir choisir à 100% son identité profonde est perçu dans nos sociétés d’êtres hyper sensibles comme une « micro-agression »


Ce n’est pas un hasard si le triomphe de la théorie du genre survient à un moment où le désir d’affranchissement du monde biologique se fait plus que jamais ressentir. La pandémie nous a plongés dans une société où les murs de la ville font de plus en plus office de décor, une société abstraite, virtuelle, où les rapports sociaux sont relégués en grande partie sur les réseaux sociaux. Idéologie fondée sur une volonté de dépassement des barrières physiques, le transgenrisme apparaît comme le produit d’une époque qui cherche à abolir une portion de la nature humaine au nom du progrès. 

Un « techno-existentialisme »

Évidemment, le brouillage des sexes chez certains individus n’est pas nouveau et ne pose aucun problème dans une société libre – on en trouve diverses manifestations dans l’histoire et les cultures –, mais la théorie du genre pousse beaucoup plus loin que ses prédécesseurs cette volonté de dépassement. 

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Il faudrait pouvoir choisir notre identité sexuelle comme de futurs parents veulent sélectionner dans un catalogue les traits de leurs enfants à naître et leurs mères porteuses, allant jusqu’à choisir la couleur de leurs yeux, leur potentielle résistance au stress et leur quotient intellectuel approximatif. Il faudrait se construire un profil personnel à la carte, en faisant fi de tous les déterminismes qui bien sûr conditionnent nos vies. Nous voilà devant une sorte de « techno-existentialisme ».

Désormais, tout ce qui n’est pas voulu et consenti par l’individu fragile est vu comme une menace à son intégrité et à son développement. Qu’il soit justifié ou non sur le plan sanitaire, le port normalisé du masque symbolise bien ce repli sur soi, ce refus de l’Autre et du monde extérieur au profit d’un individu plus que jamais centré sur lui et qu’on s’imagine intérieurement libre comme l’air. Le port du masque nous enjoint d’ailleurs à nous replier sur nos écrans en laissant tomber nos semblables à nos côtés. Le corps même, les racines et l’environnement social deviennent des entraves à cet égo créateur et artiste de lui-même, mais perméable aux nouvelles modes progressistes. 

Société à la carte, identité à la carte

Si nous sommes entrés dans l’ère de ce que Marcel Gauchet appelle « la société choisie », nous sommes aussi entrés dans l’ère de l’être choisi, de l’identité choisie sans limites ni contraintes. Un phénomène qui d’ailleurs entre en contradiction directe avec le penchant essentialiste de la gauche décoloniale, qui au contraire enferme plutôt les individus dans leurs origines. Ce courant survivra-t-il à la virtualisation du monde ?

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Pour Marcel Gauchet, cette société choisie est le fruit de l’usage des réseaux sociaux que la pandémie a renforcé. Il s’agit du « modèle du like » qui consiste « à tenir la « grande société«  à distance autant que possible ». « On tend à se fabriquer une « petite société«  à l’intérieur de la grande, avec des gens qu’on se choisit individuellement, tandis que la vie sociale consiste normalement à vivre avec des gens qu’on ne choisit pas », analyse le philosophe avec Marianne, en novembre 2021.

Le transgenrisme est un transhumanisme

Le transgenrisme obéit à la même logique, mais à l’échelle individuelle. Le seul fait de ne pas pouvoir choisir à 100% son identité profonde est perçu dans cette société d’êtres hyper sensibles comme une « micro-agression ». Dans un élan de violence psychologique contre leur liberté, la société « assignerait » le sexe des individus à la naissance, elle ne le constaterait pas, comme on constate le lieu de naissance. 

Dans cette optique, la seule manière de s’affranchir totalement des normes sociales toutes vécues comme oppressantes (à l’exception des normes sanitaire et woke) serait de s’extraire enfin complètement du monde, pour créer son petit safe space. Un projet dont entend se charger les Mark Zuckerberg et compagnie en offrant un espace d’irréalité, la réalité virtuelle.

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En 2009, des films à grand succès comme “Avatar” anticipaient déjà l’avènement d’un monde marqué par cette scission entre le corps et l’esprit. Si le film de James Cameron se veut d’abord un plaidoyer écologiste, il fait aussi la promotion d’une vision « jeu vidéo » du monde. En 2154, des méchants Terriens (Occidentaux) débarquent sur la planète Pandora habitée par d’innocents extraterrestres (Indigènes). Le personnage principal, Jake Sully, laissera tomber sa culture productiviste pour trouver l’amour et embrasser l’animisme. Mais c’est grâce à l’intégration d’un autre corps (son avatar) et l’abandon définitif du sien, un corps malade qui ne correspond plus à ses aspirations, que Jake Sully parviendra à s’épanouir et à retrouver le bonheur.

Dr Véran et Mr Covid

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Le ministre de la santé Olivier Véran © Denis ALLARD/Leextra/Leemage

Notre ministre de la Santé aime son job. Un peu fade sans être modeste, il est aujourd’hui en pleine lumière, auréolé par sa mission auprès du président Macron – notre guide. Des questions ?


— C’est un bon ministre de la Santé, non ?

— Oui, oui.

— Vous ne trouvez pas que c’est un bon ministre de la Santé ?

— Mais si, mais si. 

— Vous préfériez Bachelot ?

— Mmh !…

— Kouchner ?

— Au secours !

— Douste-Blazy ?

— Ha ! Ha !

— Alors quoi ? 

— La situation de l’hôpital public est désastreuse, vous ne trouvez pas ?

— Ce n’est pas pour me vanter mais il y a pire, on n’est pas en Slovénie !

— Ce gouvernement a toujours raison. Quand une erreur est commise, on nous enfume ou on s’excuse comme on crache un pépin. 

Spécialité française : jamais de mea culpa, sauf sur la poitrine de votre adversaire.

— Il fait ce qu’il faut faire, et il ne dit pas ce qu’il ne faut pas dire – la médecine est un art incertain, la politique aussi.

— Justement, il aime trop son job.

— Quoi, neurologue ?

— Non, ministre de la « Guerre » ! Rien de plus grisant que d’affronter les vagues. Et une, et deux, et trois, on en est déjà à la cinquième. Et maintenant l’Omicron, yahou !

— C’est quand même une lourde responsabilité. 

— Pour réussir, il ne faut pas être trop ouvert au dialogue, il suffit d’être sourd et content de soi – il n’a qu’à demander conseil à Macron.

Jusqu’à quand va-t-on prendre les infirmières et les aides-soignants pour des pommes ?

— Vous avez raison, c’est un scandale, mais les Français sont insupportables. On ne peut plus rien leur dire sans les entendre hurler – sous chaque revendication, une invective.

Aujourd’hui, il n’y a plus de différence entre le conformisme et la révolte, ça ne rime à rien. Regardez ce pauvre Mélenchon !

— De Profundis !

— Véran a l’air sincère, je trouve.

— On ne peut pas à la fois être sincère et en avoir l’air, vous savez bien. 

— C’est un bon garçon – ses amis l’appellent « Bob » !…

— Il aime trop la lumière. 

— À son âge, quand on a un tabouret dans la war room, on ne va pas se déguiser en soldat inconnu !  

— Vous vous souvenez pourquoi on a viré Jean-François Mattei, le ministre de la Santé de Chirac, en 2004 ? À cause de la canicule : 15 000 morts ! Je vous parie que le bon Dr Véran s’épargnera ce désagrément. Il va devenir un héros national, comme John Glenn ou Gagarine… 

— Il est beaucoup moins aimé que Joséphine Baker… À propos, vous avez déjà eu le Covid, vous ?

— Non, pas encore.

— Vous n’êtes pas vacciné ?

— Cela ne vous regarde pas ! Je fais ce que je veux. Zut alors, on est en république !

— Je ne vous le fais pas dire : dans ce pays, on a des droits mais aussi des devoirs. En Chine…

— Je me fous de la Chine !

— Ça vous ennuierait de remettre votre masque sur le nez ?… Mais vous avez raison, la dictature, ça ne marcherait pas chez nous, on est trop indisciplinés.

— Vous plaisantez ! On est les champions de la servitude volontaire. Les Français adorent le pouvoir absolu, à condition qu’il soit faible, c’est nul.

— Vous avez mal dormi, vous.

— J’ai eu ma troisième dose hier.

— À la bonne heure. Grâce à qui ?

— Je ne crois pas à la potion magique mais je me méfie, j’anticipe. Avec eux, ce qui est prévu est facultatif, mais ce qui est facultatif deviendra obligatoire. 

— Mais enfin, c’est le virus qui décide – pas lui ni nous ! 

Vous savez bien que par définition toute vérité scientifique est réfutable, donc provisoire. Il est plus difficile d’être ministre de la Santé que d’être archevêque de Paris, ce n’est pas Dieu qui vous soufflera les bonnes réponses.

— Les statistiques ont remplacé les hommes, les grands corps malades ont supplanté les âmes, le sanitaire prime sur le salutaire. Alléluia !

La bonne réponse, on la connaît : ON N’EST PAS SORTIS DE L’AUBERGE, ce qui n’est pas une raison pour nous bassiner à heures fixes sur BFM ! 

— Il agit plus qu’il ne promet, il communique, que voulez-vous de plus ? Les vieilles dames de Passy l’adorent…

— Il ne supporte aucun contradicteur !

On est sommés de recueillir chaque miette qui tombe de sa bouche comme un oracle. Quand il n’a rien à nous dire, vite un micro !, on en est aussitôt informé. Et quand la situation sanitaire s’aggrave, on se sent honteux comme si on avait vomi sur la nappe.

— Vous aimeriez mieux un fakir comme Raoult ?

— Ne soyez pas idiot !

Je reconnais qu’il est habile – ni bêtement franc, ni franchement bête. Comme Macron ! Pour un peu, on croirait qu’il nous aime.

— C’est le virus qui est sournois, pas lui. Que craignez-vous ?

— On n’est pas des cobayes !

— D’accord mais quand certains osent comparer le pass sanitaire à une étoile jaune, avouez qu’il y a de l’abus.

— Ce n’est pas le Dr Mengele, je vous l’accorde. 

L’esclandre, le dérapage, le pavé dans la mare, façon Dupont-Moretti ou Schiappa, c’est amusant mais ce n’est pas son genre. Eux, ils kiffent l’outrance. Lui ce serait plutôt le robinet d’eau tiède. 

— C’est plus cool. 

— Ah oui ?… « Faites ci ! Ne faites pas ça ! Lavez-vous les mains ! Votre masque ! Au lit ! Au trot !… » On nous traite comme des enfants. Vous trouvez ça cool, vous ?

— Selon une enquête récente, plus de 40 % des Français considèrent que les vaccins ne sont pas sûrs. Tragique, non ?

— Je vous confirme qu’ils sont inefficaces contre la connerie.

— Heureusement, il a de la chance, c’est une qualité, ça. Il a un peu menti sur la pénurie de masques au début mais moins que d’autres.

— C’est ça, le mensonge est une des formes de la liberté, tant que vous y êtes !

— Qui aurait fait mieux à sa place ?

— Aujourd’hui, hélas, on ne supporte plus les mauvaises nouvelles. Les gens ont besoin d’être rassurés et distraits en permanence. Il est là pour ça, c’est son rôle.

— Selon l’un de ses anciens camarades, Veran est « plutôt de gauche » mais il ajoute : « Tout est dans le plutôt » !

— Je vous répète qu’il imite le président en tout.

— Vous voulez dire qu’il est de droite ? 

— Non, qu’ils ont les mêmes costumes !

— À votre avis, a-t-il une faille, une blessure secrète ?

— Oui, une ! Le ministre de la Santé, le vrai, s’appelle Emmanuel Macron.