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Pap Ndiaye, wokiste à temps partiel

Pap Ndiaye est-il woke ? Une question à nuancer car le ministre de l’Éducation nationale est un virtuose du «en même temps», capable de défendre un jour l’universalisme républicain et le lendemain le racialisme américain.


Pap Ndiaye a au moins un point commun avec Jean-Michel Blanquer, son prédécesseur Rue de Grenelle : il n’a pas peur de prononcer le mot « woke », pourtant considéré par Libération comme le « nouveau point Godwin de la conversation publique » et par France Info comme une « arme de disqualification massive utilisée contre le discours de gauche ». Mais voilà, le nouveau ministre de l’Éducation nationale est un intellectuel honnête qui ne craint pas d’appeler un woke un woke.

Un terme qui est un marqueur réac

C’est même sous sa plume que ce vocable – pris dans son acception politique – a fait l’une de ses premières apparitions en France. Dans une tribune publiée par Le Monde en juin 2020 pour être précis. À l’époque, peu de monde avait entendu parler de Pap Ndiaye et du wokisme. Mais le quotidien vespéral cherchait un « spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis » pour décrypter les émeutes qui venaient de se produire outre-Atlantique sous l’effet du mouvement Black Lives Matter. L’auteur de Noirs américains : en marche pour l’égalité (Gallimard, 2009) était tout indiqué pour pontifier sur le sujet. « Woke vient du verbe to wake, “se réveiller”, et signifie être conscient des injustices qui pèsent sur les minorités », expliqua-t-il alors sans ambages, tordant le cou à ceux qui feignent de voir dans l’emploi de ce terme un infâme marqueur réac.

Mais alors, le ministre serait donc un woke assumé ? Pas si vite ! Ndiaye connaît trop bien la bêtise du nouvel antiracisme américain pour revendiquer une adhésion pleine et entière au mouvement. « Le woke prend parfois la forme d’un discours moralisateur, sentencieux et poseur », reconnaît-il toujours dans Le Monde. « Le woke refuse d’envisager que son point de vue puisse être transformé par autrui », déplore-t-il, lucide. Résultat, l’ex-directeur de la Cité de l’immigration se déclare « plus cool que woke ». Comprenez : simple compagnon de route.

Une route qu’il emprunte hélas plus souvent qu’à son tour. En juin 2020, par exemple, interrogé sur France Inter au sujet des « violences policières » supposées pourrir la vie des jeunes Français « racialisés » (concept que Ndiaye préfère à « racisés »), le frère de Marie Ndiaye condamne le « déni des autorités », qui « se raidissent » selon lui dans leur refus de comparer les affaires George Floyd et Adama Traoré. Et d’ajouter : « On attend de la part du gouvernement que la question du maintien de l’ordre soit un enjeu démocratique au lieu d’être simplement réservée au ministère de l’Intérieur et à des postures un peu martiales depuis toujours. » On ignore si, désormais ministre de l’Éducation, il tient toujours ce genre de propos quand il s’assied chaque mercredi matin non loin de Gérald Darmanin dans le salon Murat de l’Élysée.

Il rêve d’importer les « blacks studies » en France

Autre sujet sur lequel Ndiaye est souvent tenté de plaquer la consternante grille d’analyse woke : la culture. On a pu le voir notamment dans le « Rapport sur la diversité à l’Opéra national de Paris », qu’il a cosigné il y a environ deux ans avec Constance Rivière, secrétaire générale du Défenseur des droits. Un texte où tout n’est pas à jeter bien sûr. Les auteurs, qui récusent sans ambiguïté la « cancel culture » et reconnaissent le besoin de préserver notre patrimoine culturel, y sont convaincants quand ils plaident pour que le corps de ballet s’ouvre davantage aux danseurs « non blancs », qui ont sans doute été longtemps ostracisés par l’institution à cause d’inavouables critères physiques. Mais pourquoi prôner la même politique de discrimination positive pour les musiciens ? À l’Opéra de Paris, les auditions se font à l’aveugle ! Comme dans tous les grands orchestres du monde, les candidats jouent derrière des paravents. Qui peut croire que la forte présence d’instrumentistes blancs dans les formations classiques françaises serait une conséquence du « racisme systémique » censé sévir dans notre pays d’après Ndiaye ?

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Même biais woke quand il parle de son métier d’historien. Depuis son retour des États-Unis, il y a vingt-cinq ans, Ndiaye ne cache pas son désir de « poser les fondations d’un nouveau champ d’études en France, les black studies ». Un projet affiché dès 2006 dans une contribution à l’ouvrage collectif De la question sociale à la question raciale ?, dirigé par Éric et Didier Fassin  (La Découverte) : « Nous voulons être visibles du point de vue de nos identités culturelles noires, de nos rapports précieux et uniques à la société et à la culture française. » Drôle d’ambition quand on sait que celui qui la proclame écrit dans le même article, quelques lignes plus tôt : « Être noir n’est ni une essence ni une culture, mais le produit d’un rapport social : il y a des Noirs parce qu’on les considère comme tels. » Ainsi donc la culture noire n’existe pas, mais… la visibilité du point de vue de l’identité culturelle noire, elle, doit être affirmée. Zéro pointé pour la rigueur scientifique, élève Ndiaye ! Mais vous ferez un excellent homme politique.

Lors d’un voyage officiel à Washington il y a six mois, le ministre de l’Éducation a prononcé un discours remarqué à l’université Howard, la « Harvard noire », dont la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, est notamment diplômée. Lui-même ancien étudiant d’un prestigieux établissement américain (l’université de Virginie, où enseigna William Faulkner), Ndiaye sait ce jour-là que se trouveront dans la salle de belles âmes progressistes à même de le comprendre : « Le concept de race reste très sensible en France, se désole-t-il devant son auditoire dans un anglais parfait. […] Je peux attester du prix à payer quand on ose en parler. » Pas sûr que le public ait été convaincu par ce numéro de victimisation. Difficile en effet de passer pour un dissident quand on est ministre en son propre pays. À moins que Ndiaye ait essayé de nous envoyer un message subliminal. De nous dire que travailler avec Emmanuel Macron s’apparente à une pénitence, à un « prix à payer ». Il n’est peut-être pas évident tous les jours de jouer le rôle de « woke de service ».

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« John Wick 4 »: chorégraphie de la violence

Notre chroniqueur, qui a gardé une âme d’enfant, est allé voir pour nous le dernier film de Keanu Reeves, John Wick Chapitre 4. Verdict: c’est le cinéma rendu à son essence première, le mouvement perpétuel.


Attention, divulgâchage: au dernier plan, John Wick est enterré à côté de son épouse (morte juste avant le début du John Wick initial), la caméra enfin s’arrête sur un plan fixe sur une pierre tombale, « John Wick Loving husband » — et le film est terminé. Jusque-là ça n’a pas cessé de virevolter, dans une chorégraphie sanglante qui nous rappelle que le mot cinéma vient du grec κίνημα, qui signifie mouvement. Et que tous ces films soi-disant introspectifs, plans fixes qui n’en finissent pas et introspections à deux balles, sont la négation de ce qu’est vraiment le cinéma : le train entre dans la gare (de la Ciotat, celle de Black Rock chez John Sturges ou dans l’Ouest de Sergio Leone), et l’action est tout entière dans cette menace : un homme descend du train, et enfourche un cheval — par exemple au début de Et pour quelques dollars de plus.

© Metropolitan Filmexport

Le cinéma, ça bouge — et Chad Stahelski a fait très fort. John Wick bouge tout le temps, ce qui fait qu’on ne voit pas passer les 2 heures ½ du film. Un régal, après tant de films français immobiles.

Vers la fin du premier tiers du film, le grand acteur japonais Hiroyuki Sanada demande à John Wick d’en tuer « le plus possible ». Croyez-moi, le héros fait de son mieux. Rien que dans la scène sublimement chorégraphiée tournée autour de l’Arc de triomphe de l’Etoile, « Baba Yaga » — son surnom chez les Russes qui l’ont jadis vu tuer « three men with a fucking pencil » — envoie dans l’autre monde une bonne cinquantaine de malfaisants.

À lire aussi, du même auteur: “Babylon”: mort et résurrection de Brad Pitt

C’est un film de mondialisation de la violence. New York, Berlin, Osaka, Paris: la série se clôt sur le cadavre du héros alangui sur les marches du Sacré-Cœur. Et là aussi, dans la rue Maurice Utrillo, tout en escaliers — j’y ai des souvenirs essoufflés de joggings matinaux, dix ans durant —, ça flingue sévère. Comme on peut s’y attendre, ces pétarades n’éveillent aucun flic parisien : c’est du cinéma, voyons !


Comme il est conseillé de subir tout le générique final — une surprise vous attend à la fin —, vous constatez que la liste des cascadeurs est très fournie. Chad Stahelski le fut lui-même dans une vie précédente, il fournit de quoi s’occuper à ses confrères. À pied, en moto ou en voiture, il fracasse le matériel métallique ou humain. Et plus ça meurt, plus on en redemande. Le cinéma rendu à son essence, et le drame à sa fonction première, la catharsis : on sort meilleur d’un film aussi sanglant, où tant de gens sont morts à notre place, et où le héros en tue autant que nous aimerions le faire.

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Dans la même journée, je suis allé voir The Fabelmans, sorti il y a déjà quelque temps, mais j’avais longtemps hésité, Spielberg m’a souvent déçu. Eh bien, c’est un film formidable, formidablement joué, une autobiographie rêvée qui donne envie d’écrire la sienne — non, pas une autofiction à la française ! Rien que pour la séquence où John Ford (oui, le John Ford de La Prisonnière du désert, joué par David Lynch soi-même avec gourmandise et conforme à ce que vécut Spielberg il y a soixante ans) explique au jeune héros où doit se situer, dans le plan, la ligne d’horizon, il ne faut sous aucun prétexte rater ce petit chef d’œuvre qui permet à Michelle Williams un numéro anthologique.

© Metropolitan Filmexport

Les Américains n’ont pas fait un accueil enthousiaste au film de Spielberg — comme ils ont renâclé devant ce chef-d’œuvre phénoménal qu’est Babylon. C’est un peuple à QI insuffisant pour saisir tous les aspects méta-cinématographiques, ce lot de références subtiles qui épanouissent le cœur du vrai cinéphile et provoquent l’incompréhension du connard moyen. Mais il ne peut être tout à fait mauvais, il fait un triomphe à John Wick Chapter 4.

En quête du salut

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À l’affiche ce mercredi, Le capitaine Volkonogov s’est échappé, un film de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov. Le récit national de la Sainte Russie en prend un coup…


En prologue, un escadron d’Adonis slaves, cheveux sabot de 1, torses athlétiques, gymnastes harnachés de cuir, revolver au ceinturon et uniformément accoutrés de jogging rouge vif façon houligans, batifolent comme des marmots : l’un, à quatre pattes, mime un clébard qui jappe sous la domination de son maître ; on se fait la courte échelle pour récupérer un ballon coincé dans les pampilles du gros lustre en cristal, vestige d’un autre temps – entre jeunes mâles, il faut bien s’amuser. En toile de fond, le salon lambrissé d’un palais aristocratique de la défunte Saint–Pétersbourg, transformé en une salle de garde qu’encombrent dossiers, paperasses, machines à écrire… Une carte géante de la ville remplace le trumeau.   

Le Capitaine Volkonogov s’est échappé

Nous sommes donc à Leningrad en 1938, au pic de la Terreur stalinienne. Chargés des basses œuvres du régime, ces petits durs s’en donnent à cœur joie. Arrestations, tortures, exécutions sommaires, programmées à la chaîne. Le capitaine Fedia Volkonogov est l’une de ces recrues du NKVD en charge d’épurer la société soviétique.  Elles-mêmes se voient soumises à des « réévaluations » qui ne sont pas sans risques : la Révolution dévore ses propres enfants. Leurs ballets virils, leurs chœurs patriotiques émeuvent l’âme. Sinon qu’ils n’étouffent pas les cris des victimes que ces brutes torturent avec inventivité : sous ces murs festonnés, la marqueterie du parquet a d’ailleurs été recouverte d’un manteau de paille – plus absorbant que le chêne ciré. 

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Fedia est un bon exécutant. Jusqu’au jour où son meilleur camarade disparaît à son tour dans le maelstrom de cette purge sans fond – une balle dans la nuque. Alors, le capitaine Volkonogov se carapate. S’ensuit une chasse à l’homme frénétique dont le commandant de ces « brigades rouges », phtisique et crachotant, est le fer de lance. Mais dans une hallucination, Fedia voit l’ami défunt (qu’il a dû lui-même jeter dans la fosse commune des condamnés) lui prédire qu’il trouvera son salut dans l’au-delà, pourvu qu’il fasse repentance et qu’une victime, une seule, lui accorde le pardon pour ses crimes. Comment sauver, et sa peau, et son âme ? Entre deux réminiscences où ses forfaits lui apparaissent dans leur monstruosité, l’archange maudit, pourchassé par les sbires, se met mystiquement en quête de son rachat devant le Très Haut auprès des femmes, des pères, des enfants, de ceux qu’il a froidement assassinés. Mais qui saura pardonner l’impardonnable ?    


Tourné en 2021, en pleine pandémie, dans le théâtre rougeoyant et ambré de la photogénique cité, Volkonogov s’est échappé esquive de façon délibérée toute littéralité « archéologique », à bonne distance de la fresque historique et de la reconstitution en costumes. Et c’est même ce qui fait de cette « rétro-dystopie »un objet contemporain, structuré de main de maître, captivant de part en part. De l’ancienne capitale opulente et décatie où se croisent tramways, charrettes, chevaux et rutilantes limousines noires, dans une misère peuplée de prolétaires en haillons, la toile de fond n’est jamais ici, dans sa beauté navrée, presque irréelle, que la cimaise d’une parabole sur le Mal et la Rédemption. 

Il n’est pas indifférent que le rôle du capitaine Volkonogov soit tenu par l’immense comédien Yuriy Borisov, 30 ans – découvert en 2011 dans Elena, chef-d’œuvre absolu d’Andreï Zviaguintsev, et qu’on aura revu dans des incarnations chaque fois plus mémorables : dans La fièvre de Petrov, de Kirill Serebrennikov, dans le film extraordinaire Compartiment n°6, de Juho Kuosmanen, sans compter Gerda, de Natalia Koudriachova et Maman, je suis à la maison ! de Vladimir Bitokov, deux films dont on attend avec impatience la sortie en salles. Doué d’une présence inouïe qui ajoute à sa plastique de bad boy aux traits de mannequin, charpenté qui plus est comme une vivante académie, il ne fait aucun doute que Borisov est au Septième art russe ce que Brad Pitt fut, en son jeune temps, au cinéma américain : une apparition. Borisov a l’aura d’une star.  

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Si Le capitaine Volkonogov… est une réussite, c’est aussi parce que, unis au civil par le mariage, le tandem Natalia Merkoulova & Alexeï Tchoupov (lesquels démarrent à présent, pour Netflix, la réalisation d’Anna K., nouvelle adaptation du roman de Tolstoï Anna Karénine) savent s’entourer des meilleurs : tel le fabuleux chef opérateur estonien Mart Taniel  (c’est leur troisième collaboration), ou encore, pour le montage, réalisé en France, une pointure comme François Gédigier (qui a travaillé pour Brian de Palma, Patrice Chéreau, Lars von Trier, Arnaud Desplechin – excusez du peu…).  

Né sous tant de bons auspices, il arrive que le film se teinte d’un étrange onirisme, par exemple lorsque surgit à l’image, silencieux, occupant tout le volume du ciel, l’énorme dirigeable rosâtre estampillé « 1938 », astre de mauvais augure. Il est des scènes authentiquement sublimes, telle celle où Fedia se croit (enfin !) rédimé par la caresse, sur son visage glabre et lisse, de la main décharnée d’une vieillarde à l’agonie qu’il vient de laver délicatement, dans un geste baptismal. Il est encore des séquences qui font comprendre pourquoi le film n’est décidément pas bienvenu dans la Russie de Poutine, et ses auteurs désormais en exil : « – Tu ne comprends rien à la dialectique :  ce ne sont [les condamnés] ni des espions, ni des traîtres, ni des terroristes », explique le commandant à son capitaine. « Pourtant, ils n’arrivent pas là par hasard. C’est parce que ce sont des éléments pas fiables. (…) T’imagines pas le nombre de ces éléments pas fiables. C’est le danger. Pour l’instant, ils sont innocents. Mais demain, ils seront coupables. On ne peut pas attendre (…). On prend de l’avance. On ne peut pas les exécuter sans raison. C’est illégal. On est dans un état de droit. À chaque châtiment doit correspondre un crime ». Logique imparable, non ? Quoiqu’on y fasse, l’Histoire est toujours une affaire actuelle.   

Le capitaine Volkonogov s’est échappé. Film de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov. Avec Yuriy Borisov. Russie, France, Estonie, 2022.  Durée : 2h05.  En salles le 29 mars 2023.

France révoltée: Macron a-t-il déjà perdu?

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Elisabeth Borne n’assume plus trop le 49-3… Le Premier ministre a annoncé qu’elle ne l’emploierait plus que pour les textes « financiers »


Emmanuel Macron a perdu. Persister dans sa réforme des retraites s’annonce explosif. La colère ne se calmera plus de sitôt. Dans le rapport de force engagé par l’Elysée, le déséquilibre joue en sa défaveur. Le gouvernement ne pourra tenir par la seule répression policière.

En effet, l’exaspération populaire n’est plus seulement sociale et syndicale. Elle est devenue démocratique, en protestation contre la relégation des citoyens ordinaires. Jeudi dernier, les manifestations massives ont été rejointes par des gens qui récusent l’autoritarisme d’État et la pente despotique d’un pouvoir personnel et solitaire. La présence remarquée de la jeunesse apporte également une nouvelle dimension à la contestation d’un système oligarchique. La somme de maladresses accumulées par le chef de l’Etat et son gouvernement a porté le pays à ébullition. Macron a d’ailleurs eu raison d’annuler in extrémis la venue du roi Charles III, en l’honneur de qui un dîner officiel était prévu ce lundi au château de Versailles. La promesse d’Elisabeth Borne, hier, de ne plus avoir recours au 49-3 en dehors des textes financiers laisse voir une légitime inquiétude du pouvoir.

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Reste que, comme le constate ce lundi Henri Guaino dans Le Figaro, « une limite a été franchie » : la révolte, qui traverse toute la société, oblige Macron à oublier son orgueil et sa posture de chef prétendument éclairé. En 1984, face à l’ampleur des manifestations en défense de l’Ecole libre, François Mitterrand avait renoncé à son projet d’harmonisation éducatif. Macron serait bien inspiré d’en faire autant.

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Le choix présidentiel du pourrissement et du parti de l’ordre a peu de chance de fonctionner à nouveau. Cette stratégie a été gagnante lors de l’épisode des gilets jaunes. Mais c’est précisément parce qu’aucune leçon n’a été tirée de cette première alerte démocratique que cette même issue semble improbable. Certes, les scènes spectaculaires de guérillas rurales qui ont eu lieu, samedi, autour de la retenue d’eau de Sainte-Soline (Deux Sèvres), ont permis à l’Etat de s’affirmer en rempart d’une extrême-gauche écologiste, fanatisée et hyper-violente. Mais la macronie est elle-même comptable de ces factieux qu’elle a protégés. Selon le discours officiel, seule « l’extrême droite » était censée être le danger pour la République. Le récent procès des Barjols, groupe soi-disant terroriste, a pu montrer la réalité du profil de ces Pieds-Nickelés bas du front. Dans son entretien télévisé de mercredi dernier, Macron a mis en alerte contre de possibles épisodes semblables à ceux de la prise du Capitole américain par des partisans de Trump, ou des institutions brésiliennes par des pro-Bolsonaro. Mais ce spectre de l’extrême droite, toujours agité par Macron, aveugle sur la réalité du totalitarisme de l’extrême gauche, coupée du peuple et du monde rural. C’est cette France des Oubliés qui proteste à nouveau. Je la décris et la soutiens ici depuis longtemps. C’est elle qui n’a pas dit son dernier mot.

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Les écrivains sous les drapeaux

À l’occasion des 400 ans des Troupes de marine, 17 auteurs sont envoyés aux côtés de ceux qui défendent nos libertés. Un recueil de témoignages poignants, aux Éditions Fayard, pour un nouveau volume de la collection « Promenades singulières ».


Au 14ème siècle, celui que l’on surnomme le père de la sociologie, Ibn Khaldoun, a montré que lorsqu’un peuple ne comprend plus ceux qui se battent pour le défendre ni les raisons qui les poussent à accepter ce combat, alors c’est la survie même de la nation qui devient incertaine. Plus profondément encore, « si un jour on ne doit plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation » a écrit Hélie de Saint Marc. C’est donc non seulement un choix littéraire bienvenu, mais aussi une démarche citoyenne précieuse, nécessaire, que celle des éditions Fayard qui publient Les écrivains sous les drapeaux, 17 textes écrits par leurs auteurs après cinq jours passés aux côtés des Troupes de marine. Cinq jours… et nuits ! « Il était un peu plus d’une heure du matin, en cette nuit noire et glaciale du début du mois de mars… » Et alors que l’actualité nous décrit chaque jour un pays qui se désagrège, il est bon de prendre un instant pour se plonger dans ces témoignages qui rendent compte d’une France qui tient bon. « Le soldat se lève car il sait qui il est. Son héritage l’oblige. »

« Pourquoi tuez-vous des gens ? »

Disons-le tout net : le livre est excellent, en plus d’être intéressant. Le regard, ou plutôt les multiples regards de ces écrivains, sont évidemment extérieurs à la « chose militaire ». Mais parce qu’ils sont extérieurs, ils ont deux avantages. D’abord, aucune obligation de réserve ne les contraint. Ensuite, ils peuvent dire sans craindre de paraître prétentieux leur respect, et même leur admiration, pour les hommes et les femmes qui servent sous les drapeaux, là où les militaires eux-mêmes hésiteraient sans doute. C’est un recueil dont chaque voix est singulière, mais qui forme une chorale dont le tout est harmonieux et dessine, par petites touches successives, un portrait fidèle de l’humanité des soldats.


On y lit, bien sûr, le constat d’Ibn Khaldoun, lorsqu’un des auteurs écrit, à propos des militaires engagés dans l’opération Sentinelle : « Ces missions en France leur donnent l’occasion de rencontrer des gens qui ignorent tout du monde militaire et qui s’en font une idée parfois étrange. « Pourquoi tuez-vous des gens ? » demande cette dame croisée dans une rue. Et eux qui ont l’impression d’être là pour protéger le citoyen et garantir l’intégrité de la nation, qui obéissent aux lois de la République et combattent pour ses valeurs, sont un peu désarçonnés. »

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On y entend la conscience d’un besoin, à la fois idéaliste et viscéral. « Il y a quelque chose de profondément émouvant, et de profondément admirable, dans cette époque du risque zéro, de l’hypocondrie généralisée, de la consommation périssable, de la complainte victimaire et de l’individualisme roi, à penser qu’il existe encore des hommes et des femmes rompus au danger et voués à l’effort. Des hommes et des femmes capables, pour le bien d’autrui, du sacrifice de leur vie. » Et capables, aussi, parce que c’est parfois nécessaire, de tuer, et donc du sacrifice de leur confort moral et intellectuel. « Personne ne comptera les points. La question est seulement de savoir si votre adversaire sera hors de combat. Ou vous…. »

La réalité douce-amère de notre nature humaine

On y côtoie, toujours pudique, mais toujours présente, la question de la mort et du sacrifice. « Ils avaient neutralisé les djihadistes, mais deux des camarades du major avaient été blessés ce jour-là. L’un, le fémur broyé, s’était retrouvé à ramper dans les dunes tandis que le major traînait le second, touché au mollet et à l’épaule, sous les tirs de kalachnikov. « À cet instant, le temps s’est arrêté », commente-t-il sobrement. » « Assurément, ils sont gorgés de pathos, c’est-à-dire de souffrance et d’émotion, autant que d’ethos, c’est-à-dire de caractère et d’intégrité. (….) Ils ont traversé l’ombre et la poussière, ils ont perdu et pleuré des frères. Bien sûr, ils rêvent d’intensité, de voyages et d’amitiés surhumaines, mais ils savent qu’entre la guerre – bellum – et la beauté ; entre le champ de bataille et le chant de l’honneur ; entre la férocité du premier et la noblesse du second, il n’y a qu’un souffle. Je crois qu’ils ont conscience de leur force, et qu’ils savent qu’aucune puissance collective ne va sans une certaine bonté individuelle. »

On y retrouve la grandeur, mais aussi la réalité douce-amère de notre nature humaine. « On ne le dit pas assez : un soldat meurt presque toujours par amour – amour d’autrui, du drapeau, du pays. Ôtez à un marsouin ou à un bigor cette fierté de pouvoir mourir en soldat, et vous lui enlevez l’une de ses raisons de vivre. » Ce qui n’empêche pas « …. les quartiers libres, avec leurs fins de nuits émaillées d’histoires d’alcool, de filles et de bagarres » ni « les retours espérés, idéalisés aussi, qui peuvent se révéler autant de rendez-vous manqués. Ce n’est facile ni pour ceux qui rentrent, parfois très éprouvés, dans ce cocon douillet qui doit aussi leur sembler dérisoire, ni pour celles qui rêvaient de moments tendres et d’un relais, enfin, dans leur quotidien et qui retrouvent un mari aussi explosif que tourmenté » car c’est aussi ce que vivent « ces hommes et ces femmes qui ont le « cran » de s’engager pour une société dont ils finissent par être décalés. » On entend ces combattants qui se disent que « il faut refuser de se battre en pensant à l’argent. Laissons ça aux mercenaires » mais on ne peut qu’acquiescer au commentaire de l’auteur: « Tout de même, ingrate patrie, parfois…. »

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On y devine l’écho d’une histoire bien plus profonde et plus vaste que les modes du moment, d’autant que pour beaucoup de ces écrivains, il est question, au détour d’une page, d’une ligne, d’ancêtres militaires, proches ou lointains, que cette découverte fait revivre. Et quand dans la décoration d’un bureau on croise le portrait officiel et obligatoire du chef de l’État, il faut « rappeler que les militaires ne servent pas une marionnette (sic) élue pour quelques années, mais notre nation qui vient de plus loin. » 

Il y a là une histoire faite de décisions avisées, « si moderne soit-elle, cette unité est en réalité conforme à l’idée fondatrice de Richelieu, il y a quatre siècles. Le souvenir du Cardinal est peut-être un peu lointain, son intuition reste toujours d’actualité » mais aussi de choix politiques plus discutables. « Je m’enquiers d’une absence qui m’a frappé : où sont les sergents-chefs, les adjudants et les adjudants-chefs qui, à mon époque, détenaient l’expérience, en avaient beaucoup vu et, même blasés ou désinvoltes, tenaient la barre du régiment, vers qui l’on se tournait en cas de pépin ? (….) Le régiment manque de sous-officiers supérieurs, en raison des aléas des campagnes de recrutement et des restrictions budgétaires datant d’il y a une douzaine d’années. » Les célèbres dividendes de la paix… « Nous n’aimions plus la guerre et nous laissions à d’autres le soin de la mener, quitte à les critiquer sans relâche quand ils s’égaraient dans la carrière des armes. (….) La gauche et surtout les écologistes militaient pour un désarmement unilatéral, conjointement avec le démantèlement des centrales nucléaires. » Oui, « les aléas politiques sont hors de portée des militaires. Ils font d’eux les serviteurs souvent sacrifiés de la patrie. » Et se souvenir du père Charles de Foucauld s’écriant « Et au nom de Dieu, vive la coloniale » « à la vue de la colonne de marsouins accourue à son secours, dans les montagnes du Hoggar » n’interdit pas les réflexions mélancoliques et lucides sur la colonisation.

« Ce n’est pas l’ascenseur social, mais l’escalier social ! »

Ce qui demeure néanmoins, plus que tout, ce sont des exemples à suivre, une solidité forgée génération après génération, transmise et reçue. « Elles s’inclinent, ces nuques qui ont rarement plié. Ces hommes debout saluent ceux qui sont morts, frères en baroud ou héros inconnus. (…) Ces hommes et ces femmes écoutent, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, rassemblés dans la même communion. Elles disent tant d’histoires, ces nuques qui rendent hommage au don ultime des Anciens… » Beaucoup parlent des salles d’honneur des régiments, et comprennent intuitivement que « on n’y cultive pas la nostalgie, mais on y puise l’inspiration. »

On y voit le sens du contact, pour accueillir ces hommes et femmes de plume aux parcours divers, mais aussi vis-à-vis des populations civiles des pays où ils interviennent. « C’est ce qui les différencie de l’armée américaine, par exemple. Pas question de refuser de boire le thé parce que l’on craint la dysentrie et, ce faisant, de vexer à mort son interlocuteur. »

Accueil aussi de ceux qui s’engagent, dans un cadre où le troisième terme de la devise nationale prend enfin son véritable sens. « Le Régiment du Service Militaire Adapté n’engage pas un combat contre les autres, mais un combat de chacun contre soi, contre cette part de soi qui cède à la facilité, au laisser-aller. Ce n’est pas une question de classe sociale, de couleur de peau ou de croyance, mais de comportement. » On y vit l’importance humaine, charnelle, du terroir et des provinces – qu’elles soient de métropole ou d’outre-mer. Dans cette « grande famille bigarrée » la fraternité ne se décrète pas à coup de concurrence victimaire et de « vivrensemble » mais dans l’effort partagé, « suant, soufflant, ils sont heureux de ce qu’ils ont accompli », l’idéal commun, le sens du devoir, le respect mutuel mérité. Car ici, « ce n’est pas l’ascenseur social, mais l’escalier social – il faut faire des efforts. » Et les chefs se doivent de montrer l’exemple, comme ce colonel qui n’a « aucune familiarité, aucune condescendance dans ses manières mais une proximité qui est celle d’un chef qui connaît sa troupe. » Culture de l’exigence, « des hommes qui se donnent entièrement au service de quelque chose de plus grand qu’eux – et refusent de vivre au rabais » où, aussi, on redécouvre que « la noblesse française n’est pas là que pour nourrir une nostalgie emperruquée, et l’éthique aristocratique peut encore s’incarner dans l’armée, aux quatre coins du globe. »

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Tous sont unanimes, et ne partent qu’à regrets. « C’était déjà le dernier jour. (….) Je songeais en moi-même : mon Dieu, comme j’ai aimé la vie de soldat ! » « J’étais aussi triste de partir que si j’avais passé ma vie dans ce régiment, avec ces fous de guerre, tous si beaux, drôles, lucides sur leur rôle, sensibles à leur responsabilité, et bien sûr, muettement, aussi révoltés que nous tous que l’humanité soit toujours contrainte de s’armer. Des êtres solidaires et généreux, dont la vie a un sens. » « On tient d’abord pour les copains. (…) J’ai rarement eu l’occasion de voir un groupe aussi soudé. (….) En partant, j’ai la gorge serrée. »

On envie ces écrivains d’avoir ainsi côtoyé, avec authenticité et franchise, « … toute cette jeunesse pour qui le mot « servir » a encore un noble sens. » Et on les remercie de nous faire partager, le temps d’une lecture, l’opportunité de nous ressourcer auprès de ceux qui ont choisi de « donner du sens à leur vie en se donnant au pays. Que ceux qui ne croient plus à la France viennent faire un tour ici (…) dans ce monde à part qui cultive l’exigence, la bienveillance et l’impertinence. »

Qui veut gagner des millions?

À San Francisco, en Californie, un plan de réparations financières du « racisme systémique » très ambitieux enflamme la population. Les critères définitifs d’éligibilité, ainsi que les montants alloués, seront communiqués en juin.


Le 14 mars, le Conseil municipal de San Francisco annonçait vouloir verser 5 millions de dollars à chaque descendant d’esclaves afro-américains.

Un « plan de réparation » qui comprend en plus de ce joli pactole, un salaire annuel de 100 000 dollars pendant deux cent cinquante ans, ainsi que la suppression des dettes personnelles, pour « dédommager le racisme systémique hérité de l’esclavage ». Et d’après les calculs de l’Institution Hoover de l’Université de Stanford, l’opération coûterait au minimum 600 000 dollars par famille non noire. La population afro-américaine de San Francisco représentant environ 46 000 personnes, l’opération s’élèverait à plus de 230 milliards de dollars. Le chef du Parti républicain à San Francisco, John Dennis, dénonce ce projet ridicule, le budget annuel de la ville n’étant que de 14 milliards. Tant pis pour les millions d’Américains vivant dans leur voiture.

Les critères d’éligibilité seront communiqués avant le mois de juin, ce qui laisse encore le temps de gagner quelques teintes au centre de bronzage le plus proche. Faut-il être 100% noir ? Faut-il être précaire ? Faut-il présenter son arbre généalogique pour justifier une indemnisation ?

Ce projet, aussi absurde soit-il, démontre en tout cas que l’extrême gauche américaine est moins anticapitaliste qu’opportuniste. Rappelons ici que la cofondatrice de Black Lives Matter, Patrisse Cullors, s’était acheté quatre belles villas depuis la création du mouvement, et que Shalomyah Bowers, un des dirigeants du mouvement, est accusé d’avoir détourné 10 millions de dollars de dons…

Sans nier les inégalités raciales au pays de l’oncle Sam, il est certain que le business de la victimisation s’avère très lucratif.

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France-Pays-Bas: quand la police hollandaise part « en safari » à Saint-Denis

À l’occasion du match de football opposant la France aux Pays-Bas, des policiers hollandais découvrent avec effroi le multiculturalisme tricolore.


Six policiers néerlandais hors service, visitant Saint-Denis avant le match de football France-Pays-Bas, risquent gros pour leurs appréciations sur les Dionysiens. Dès l’apparition de leur vidéo sur des réseaux sociaux, dimanche 26 mars, ils ont été suspendus de leurs fonctions en attendant une décision sur leur sort.

Dans leurs observations, la consternation sur ce qu’ils voient autour du Stade de France les mène à une franche rigolade. L’un des flics s’émeut quand il « voit enfin une personne blanche ». Qui se trouve être une femme d’un certain âge, marchant à l’aide d’une canne dans une rue jonchée de détritus – à moins que cela ne soit plutôt des marchandises vendues à la sauvette et que palpent des femmes d’origine africaine. Quand, dans leur minivan, les sbires hollandais passent devant ce qui semble être un autre marché à la sauvette, l’un d’eux fait mine de voir un marchand « de ceintures d’explosifs ». On s’esclaffe. Horrifié, le chauffeur constate peu de temps après que l’hôtel où ils ont réservé leurs chambres pour le soir du match se situe tout près. S’ensuivent des cris d’épouvante, et la troupe feint alors de vouloir rebrousser chemin. Puis, nos explorateurs pestent contre leur hôtel, qui a vanté sa proximité avec le Stade, sans signaler qu’il était également situé « en plein milieu d’un marché marocain », toujours selon l’un des policiers. 

À lire aussi : Le déni de Saint-Denis

Leur revient alors en mémoire la mal famée question rhétorique du dirigeant politique de droite Geert Wilders, lors d’un meeting électoral : « Vous voulez plus de Marocains, ou moins ? » « – Moins, moins ! » s’époumonent ses supporteurs.

Roulant au pas dans une rue où, en effet, rien n’évoque la France, l’un des six policiers observe qu’ils se comportent « comme des visiteurs dans un zoo ». Un autre confirme: « Mais c’est exactement cela ! » Il faut dire que les flics sont finalement agréablement surpris par l’attitude de celles et ceux qu’ils filment comme s’ils participaient à un safari… « Ils nous laissent faire, ne font preuve d’aucune hostilité », les complimente un des fans de football.

Leurs remarques, pas du meilleur goût, justifient-elles des sanctions ? Les réseaux sociaux néerlandais de droite fulminent contre cette entrave à la liberté d’expression. Dans un passé récent, des tweets de flics à Rotterdam et La Haye, visant des « Africains et Marocains de m… », et bien pire encore, avaient donné lieu à des réprimandes et des transferts forcés, mais pas aux licenciements exigés par des représentants des populations « issues de l’immigration ». Leur visite à Saint-Denis aura de toute façon laissé des souvenirs amers aux policiers bataves, dont les identités n’ont pas été publiées. Le soir, au Stade, les Bleus ne firent qu’une bouchée des Néerlandais, battus 4-0. 

Montre de Macron: encore une «fake news» de la gauche!

Mercredi dernier, lors de son entretien à la télévision, le président a retiré sa montre. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’embrasent… Cet esprit « sans culotte » et ces déplorables passions tristes sont savamment entretenus par l’extrême gauche.


C’est un petit incident, qui était passé presque inaperçu pour tout le monde, lors de l’interview présidentielle du mercredi 22 mars à la télévision, au cours de laquelle Emmanuel Macron tentait d’apaiser les colères concernant la réforme des retraites. Au moment de parler des smicards, « qui n’ont jamais autant gagné de pouvoir d’achat », le président Macron aurait retiré sa montre de luxe, discrètement, sous la table. Le symbole était trop beau pour que médias d’extrême-gauche et députés de la Nupes n’embrayent pas. Sur Twitter, JLMTV-INFOS, « compte politique anti extrême droite et extrême finance », est de ceux à qui on ne la fait pas : « Oui, rien ne m’échappe face à ce menteur ! ». Très heureux d’avoir repéré ce moment de l’interview, le commissaire-priseur du net a même pu donner une estimation en direct: 80 000 euros.

L’ « information » fut ensuite relayée par Clémence Guetté, députée LFI élue dans le Val-de-Marne, mais aussi, ce qui est plus surprenant, par Gilbert Collard.

En France, il est risqué de montrer des objets de luxe, ils peuvent très vite prendre une valeur politique. Nicolas Sarkozy, lors du débat d’entre-deux-tours de 2007, avait laissé sa Rolex Daytona se balader ostensiblement le long de son poignet. Nicolas Domenach, dans Marianne, lança alors le concept de « droite bling bling ». La petite phrase de Jacques Séguéla n’arrangea pas les choses…

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On pourrait remonter plus loin encore avec l’affaire du collier de la reine, sombre histoire d’escroquerie autour d’un collier qui éclata en 1785, et qui éclaboussa Marie-Antoinette, bien malgré elle. Les libelles qui circulèrent à la suite de cette affaire préparèrent le terrain aux calomnies de la période révolutionnaire et du procès de 1793. On ne sait pas encore si Emmanuel et Brigitte Macron finiront dans quelques semaines à la Prison du Temple, attrapés alors que leur hélicoptère décollait à peine pour Baden-Baden. On voit en tout cas que l’extrême-gauche n’a aucun scrupule à exciter la jalousie et les passions tristes. Ce weekend, une image très marrante a circulé sur les réseaux sociaux, et participait de cet esprit. On y voyait un Macron affirmant avec suffisance : « Le changement d’heure, c’est pour permettre aux pauvres de connaitre le décalage horaire… »

Et les faits dans tout ça ? Premièrement, Emmanuel Macron retire sa montre non pas quand il évoque les smicards mais quand il évoque les blocages. Et surtout, il la retire quelques instants après s’être rendu compte qu’elle faisait du bruit en tapant sur la table. Quant à sa valeur… on apprend qu’il s’agit non pas d’une F.P. Journe mais d’une Bell&Ross, le modèle BRV 1-92, avec le cadran bleu et le bracelet noir, d’une valeur de 2 400 euros. N’est pas Julien Dray qui veut !

Trois jours après la naissance de la polémique, le tweet de Clémence Guetté, lui, n’a toujours pas été retiré. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.


Elisabeth Lévy: « Nos élites ne valent pas mieux que nous, c’est tout le problème »

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale de Sud Radio, à 8h10

La Belgique, l’autre pays des islamo-gauchistes

Les conventions migratoires signées avec le Maroc et la Turquie, et l’extrême bienveillance à l’égard des populations musulmanes les plus radicales, alimentent le clientélisme politique de la gauche belge. Couve ainsi une bombe démographique qui pourrait faire de la Belgique le premier État musulman d’Europe.


« On n’est pas là pour évaluer les mérites du gouvernement belge en matière de lutte contre le terrorisme. » Ce rappel, formulé par le président de la Cour d’assises spéciale, au cours du procès des attentats du 13-Novembre à Paris, visait à alléger la tension alors que l’audition de l’enquêteur de la police fédérale belge tournait au procès des autorités belges. Les propos du policier avaient mis en lumière la naïveté sidérante, voire l’aveuglement de son gouvernement face à l’islamisme, y compris dans ses expressions les plus violentes.

C’est désormais bien connu, la Belgique a été la base arrière des attentats de Paris et ceux qui les ont commis sont en majorité belgo-marocains. Mais pire encore, si le commanditaire des attentats, Oussama Atar, a pu mener à bien ses projets meurtriers, c’est en partie grâce à l’incroyable mansuétude des autorités belges. Arrêté en Irak par l’armée américaine pour son appartenance à Al-Qaïda en 2005, condamné à perpétuité en 2007 et emprisonné entre autres à Abu Ghraib, l’homme a bénéficié d’une intervention directe du gouvernement belge demandant sa libération pour motif humanitaire. Renvoyé en Belgique en 2012 sous la promesse d’un contrôle des autorités, le terroriste, dont la dangerosité était pourtant avérée, a été laissé en liberté, sans la moindre surveillance. Le gouvernement belge lui a même fourni un passeport. Il a donc pu très facilement retourner à ses premières amours terroristes et rejoindre Daech en 2013. C’est ainsi que cet émir de l’État islamique a pu tranquillement planifier, en Syrie, les attentats de Paris de 2015 et ceux de Bruxelles de 2016.

Complaisance

Une telle complaisance de la part d’un gouvernement choque, mais n’est pas si étonnante. En Belgique, les islamistes disposent de relais importants dans la classe politique locale, mais aussi à l’intérieur de la Commission et du Parlement européens. Leur influence est telle que, dans le cas d’Oussama Atar, ils n’ont même pas eu à monter au créneau : la campagne de victimisation larmoyante baptisée « Sauvons Oussama » qui a abouti à sa libération a été orchestrée par des députés appartenant au parti Écolo, au PS et à la CDH (parti centriste). Sans surprise, les mêmes partis soutiennent ouvertement des candidats islamistes à des postes de pouvoir.

En mai 2021, Sarah Schlitz, secrétaire d’État belge à l’Égalité des genres et membre des verts, a nommé une femme voilée, Ihsane Haouach, au poste de commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Que la gauche prétende défendre en même temps l’émancipation des femmes et leur aliénation par le voile, on est habitués. Que cette confusion accède à la dignité gouvernementale, c’est autre chose.

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Peut-être enivrée par sa réussite, Ihsane Haouach dévoile un peu vite son jeu. Dans un entretien au Soir, elle déclare que la conception de la laïcité dépend de la démographie. En langage islamiste, canal Frère musulman, cela signifie que quand les musulmans seront majoritaires, ils seront les arbitres de la laïcité. Dans une autre interview, donnée à l’European Forum of Muslim Women, la section féminine des Frères musulmans, elle revendique l’organisation des musulmans en force politique autonome. Cependant, sa carrière fait rapidement pschitt ! quand une note de la Sûreté de l’État belge révèle ses « contacts étroits avec les Frères musulmans ». Même pour la Belgique, c’est trop. Madame Haouach démissionne le 9 juillet, six semaines après sa nomination.

On aurait pu penser que ces diverses mésaventures avaient instruit les autorités belges. Erreur ! Leur dernier exploit en la matière a consisté à donner à la ville de Bruxelles le visage d’une femme voilée, également proche des milieux fréristes. Fatima Zibouh a en effet été choisie pour porter la candidature de Bruxelles au titre de capitale européenne de la culture. Or cette femme, militante Écolo et très soutenue par ce parti, a fondé en 2013 l’association Empowering Belgian Muslims (EMBEM), une structure proche du CCIF dissous en France par Gérald Darmanin et ranimé en Belgique sous le nom de Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE). Une des personnalités les plus connues d’EMBEM est une députée belgo-turque, bien sûr voilée, Mahinur Özdemir, proche de la branche turque des Frères musulmans. Recep Tayyip Erdogan lui a même fait l’honneur d’assister à son mariage. Depuis, l’EMBEM a été dissoute – après avoir invité nombre de conférenciers appartenant à la mouvance frériste ou proches d’elle, comme Marwan Muhammad, François Burgat et Hajib El Hajjaji, et mis à l’honneur les conférences de Tariq Ramadan.

La ceinture musulmane de Bruxelles

Reste à comprendre les raisons d’une telle complaisance de la part des autorités belges. C’est simple : la démocratie, c’est la démographie. La population d’origine arabo-musulmane pèse très lourd en Belgique, particulièrement dans la région de Bruxelles. D’autant plus lourd que cette population est étonnamment homogène en termes d’origine. L’écrasante majorité de la population musulmane belge (80 à 90 %) est en effet issue de la convention bilatérale signée en 1964 avec le Maroc et la Turquie. Les Marocains sont aujourd’hui la minorité ethnoculturelle la plus importante du pays. Cette immigration marocaine, essentiellement venue du Rif, est fortement sous influence islamiste, ne serait-ce qu’en raison de l’hostilité historique des Rifains au régime chérifien. Cela les rend sensibles à tout ce qui pourrait déstabiliser le pouvoir marocain. Or, depuis que la Belgique a adopté une politique d’intégration facilitant grandement l’obtention de la nationalité, cette population est un enjeu électoral. Les islamistes jouent habilement le jeu du clientélisme politique. Ils capitalisent leur entrisme dans les partis et institutions belges à travers leur stratégie d’influence auprès de l’Union européenne, comme l’explique Florence Bergeaud-Blackler dans son nouveau livre, le Frérisme et ses réseaux.

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En 2020, selon Statbel, l’office belge de statistique, 67,7 % de la population belge était composée de Belges d’origine belge. Il y a dix ans, la part de la population d’origine belge était de 74,3 %. La baisse est donc notable en quelques années et devrait s’accélérer. Quant à la proportion de musulmans dans la population, elle devrait au contraire s’accroître fortement. Selon le Pew Forum of Religion and Public Life, la Belgique compterait ainsi 1,149 million de musulmans en 2030, soit une augmentation de 80 % par rapport à 2010 (population évaluée à 638 000). La dynamique démographique joue en faveur de cette population. À noter également que les musulmans, très inégalement répartis sur le territoire, se concentrent essentiellement dans la région de Bruxelles. Selon une étude datant de 2016, certains quartiers seraient particulièrement investis par la population arabo-musulmane (49,3 % à Saint-Josse, 41,2 % à Molenbeek-Saint-Jean, 38,5 % à Schaerbeek…). C’est ce que l’on appelle la ceinture musulmane de Bruxelles.

Une autre étude, publiée en 2020 par la Fondation Jean-Jaurès et intitulée « En immersion chez la jeunesse belge », montre que si la jeunesse bruxelloise dans son ensemble est ouverte et tolérante, les élèves arabo-musulmans se situent à l’inverse de cette tendance. Bien qu’ils votent majoritairement à gauche, clientélisme oblige, ils sont 81 % à se déclarer pratiquants, 38 % considèrent que la religion prime sur la loi civile et leurs valeurs sont bien plus conservatrices que celles de la population belge. Leur image de la femme notamment est conditionnée par la tradition religieuse et son infériorité, revendiquée. Autre donnée, leur absence de connaissances historiques, mais en cela ils rejoignent le reste de la jeunesse belge – et même européenne. L’étude montre aussi que la vision de l’islam de ces jeunes est celle des mouvements les plus radicaux, notamment les Frères musulmans. Cette forte influence de l’islam politique expliquerait aussi le fort sentiment de victimisation ressenti par 65 % des jeunes musulmans alors que la population bruxelloise montre à leur endroit une volonté d’accueil et un fort sentiment compassionnel. Ainsi, malgré la tolérance des Belges, une partie notable de la population d’origine arabo-musulmane, en particulier la jeunesse, est sous l’influence de l’islam politique. On peut en conclure que si la Belgique est devenue la base arrière du djihadisme, c’est qu’elle est à l’avant-garde de l’islamisme. Or, la démographie ne peut qu’accentuer ce positionnement. Dans ces conditions, il devient difficile d’affirmer que le grand remplacement est un fantasme. En réalité, il est le cauchemar de la droite et de l’extrême droite et le rêve des islamistes qui espèrent bien faire de la Belgique le premier État musulman d’Europe. Ce qui explique largement la séduction qu’ils exercent sur la jeunesse.

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Marianne et le Roi

Le Conseil constitutionnel a entre ses mains le sort de la réforme des retraites, adoptée au Parlement grâce au 49-3. Les Sages ont donc jusqu’au 21 avril pour se prononcer. Mais, alors que la rue gronde, le 21 avril, cela semble très loin…


C’était le soir de la prise de la Bastille. À la suite du renvoi de Necker, de violentes émeutes avaient ébranlé le royaume. « C’est une émeute? Non, Sire, c’est une révolution » avait répondu le duc de La Rochefoucauld-Liancourt à Louis XVI, appelant le Roi à la lucidité…

Le 49-3, vous dis-je !

Ainsi commençait la révolution française dans un climat de tension extrême. Causes multiples et ressemblances avec une France embrasée, aujourd’hui, sur fond de Covid passé et d’inflation. Un détonateur, le 49-3, et le feu est mis aux poudres. Le 49-3, vous dis-je ! La mère des réformes, décidément, ne passe pas. Le gouvernement, sauvé de justesse après une motion de censure, a salué sa victoire. Le prince, droit dans ses bottes, a tenu un discours malin et politique, en pointant du doigt les oies du Capitole et les factieux de Bolsonaro. Le sens était clair adressé aux boomers : « Des factieux de gauche veulent mettre le désordre mais je suis là ! Le Chaos, fils de l’Erèbe, ne passera pas. Suivez mon panache blanc ! » Et s’envole pour Bruxelles. On brique les ors de Versailles pour Charles III. Le lendemain, la France entière s’embrase.

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Le téléphone pleure

Au Château, le téléphone sonne. Marianne décroche. « La rue ? Oui, Sire. Avec le peuple dedans ? Avec le peuple, dedans, Sire. Tout partout ! Même à Bordeaux ! Des factieux, des mutins, des émeutiers, des flambeurs ? Les révoltés du Bounty ? Vous y allez fort, Sire ! La légitimité ? Dame, Sire, quand on ne l’écoute pas, le peuple est dans la rue, c’est une coutume ! Avec les casseurs ? Oui, tout compris, dans le service ! Des Black bloc, mais pas que ! Le bordel ? Oui, Sire !  La chienlit ! Mélenchon le dit : « La foule, c’est le peuple qui dit non ! » Vous êtes sidéré ? Vous n’y croyiez pas ? Vous attendez l’avis du Conseil constitutionnel, le 21 avril.  Et le cavalier budgétaire, vous y avez pensé ? Que je cesse de dire Sire ? Oui, Votre Majesté ! »

Au feu, les pompiers !

Le lendemain, les mêmes. Marianne décroche: « Votre intervention en Belgique ? Très mal perçue, Sire. Vue comme une fin de non-recevoir ! Votre image ? Écornée ! Nos amis allemands n’en reviennent pas. Les mutins ? Ils suscitent étonnement et admiration. Bien sûr que la semaine risque d’être chaude ! On risque d’être débordé, Sire ! Vous entendez les sirènes de pompier ? 

          — Je sens la fumée. Que faire, Marianne ? 

         — Changez de braquet ! Retirez cette loi. Vous vous rappelez le grand Charles ? La réforme, non ! La chienlit, oui ! Enfin le contraire ! Cessez de finasser avec le législatif et la Constitution ! La rue est éruptive. L’heure est grave ! Un député souhaite un « bouillonnement démocratique ! »  Ne jetez pas de l’huile sur le feu ! Après le pompier pyromane, l’arroseur arrosé ? Oui, j’ai prévenu Buckingham. Eux qui avaient réservé à la France leur première visite ! Après le stade de France, ils n’ont pas de chance !

       — Cause toujours, Marianne ! Je suis droit dans mes bottes. Wait and see ! Le pays doit avancer !

        —  Le 21 avril, c’est loin ! Décidément, vous ne mesurez pas la chance d’avoir un tel peuple, Sire !

Pap Ndiaye, wokiste à temps partiel

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© GAILLARD/POOL/SIPA

Pap Ndiaye est-il woke ? Une question à nuancer car le ministre de l’Éducation nationale est un virtuose du «en même temps», capable de défendre un jour l’universalisme républicain et le lendemain le racialisme américain.


Pap Ndiaye a au moins un point commun avec Jean-Michel Blanquer, son prédécesseur Rue de Grenelle : il n’a pas peur de prononcer le mot « woke », pourtant considéré par Libération comme le « nouveau point Godwin de la conversation publique » et par France Info comme une « arme de disqualification massive utilisée contre le discours de gauche ». Mais voilà, le nouveau ministre de l’Éducation nationale est un intellectuel honnête qui ne craint pas d’appeler un woke un woke.

Un terme qui est un marqueur réac

C’est même sous sa plume que ce vocable – pris dans son acception politique – a fait l’une de ses premières apparitions en France. Dans une tribune publiée par Le Monde en juin 2020 pour être précis. À l’époque, peu de monde avait entendu parler de Pap Ndiaye et du wokisme. Mais le quotidien vespéral cherchait un « spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis » pour décrypter les émeutes qui venaient de se produire outre-Atlantique sous l’effet du mouvement Black Lives Matter. L’auteur de Noirs américains : en marche pour l’égalité (Gallimard, 2009) était tout indiqué pour pontifier sur le sujet. « Woke vient du verbe to wake, “se réveiller”, et signifie être conscient des injustices qui pèsent sur les minorités », expliqua-t-il alors sans ambages, tordant le cou à ceux qui feignent de voir dans l’emploi de ce terme un infâme marqueur réac.

Mais alors, le ministre serait donc un woke assumé ? Pas si vite ! Ndiaye connaît trop bien la bêtise du nouvel antiracisme américain pour revendiquer une adhésion pleine et entière au mouvement. « Le woke prend parfois la forme d’un discours moralisateur, sentencieux et poseur », reconnaît-il toujours dans Le Monde. « Le woke refuse d’envisager que son point de vue puisse être transformé par autrui », déplore-t-il, lucide. Résultat, l’ex-directeur de la Cité de l’immigration se déclare « plus cool que woke ». Comprenez : simple compagnon de route.

Une route qu’il emprunte hélas plus souvent qu’à son tour. En juin 2020, par exemple, interrogé sur France Inter au sujet des « violences policières » supposées pourrir la vie des jeunes Français « racialisés » (concept que Ndiaye préfère à « racisés »), le frère de Marie Ndiaye condamne le « déni des autorités », qui « se raidissent » selon lui dans leur refus de comparer les affaires George Floyd et Adama Traoré. Et d’ajouter : « On attend de la part du gouvernement que la question du maintien de l’ordre soit un enjeu démocratique au lieu d’être simplement réservée au ministère de l’Intérieur et à des postures un peu martiales depuis toujours. » On ignore si, désormais ministre de l’Éducation, il tient toujours ce genre de propos quand il s’assied chaque mercredi matin non loin de Gérald Darmanin dans le salon Murat de l’Élysée.

Il rêve d’importer les « blacks studies » en France

Autre sujet sur lequel Ndiaye est souvent tenté de plaquer la consternante grille d’analyse woke : la culture. On a pu le voir notamment dans le « Rapport sur la diversité à l’Opéra national de Paris », qu’il a cosigné il y a environ deux ans avec Constance Rivière, secrétaire générale du Défenseur des droits. Un texte où tout n’est pas à jeter bien sûr. Les auteurs, qui récusent sans ambiguïté la « cancel culture » et reconnaissent le besoin de préserver notre patrimoine culturel, y sont convaincants quand ils plaident pour que le corps de ballet s’ouvre davantage aux danseurs « non blancs », qui ont sans doute été longtemps ostracisés par l’institution à cause d’inavouables critères physiques. Mais pourquoi prôner la même politique de discrimination positive pour les musiciens ? À l’Opéra de Paris, les auditions se font à l’aveugle ! Comme dans tous les grands orchestres du monde, les candidats jouent derrière des paravents. Qui peut croire que la forte présence d’instrumentistes blancs dans les formations classiques françaises serait une conséquence du « racisme systémique » censé sévir dans notre pays d’après Ndiaye ?

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Même biais woke quand il parle de son métier d’historien. Depuis son retour des États-Unis, il y a vingt-cinq ans, Ndiaye ne cache pas son désir de « poser les fondations d’un nouveau champ d’études en France, les black studies ». Un projet affiché dès 2006 dans une contribution à l’ouvrage collectif De la question sociale à la question raciale ?, dirigé par Éric et Didier Fassin  (La Découverte) : « Nous voulons être visibles du point de vue de nos identités culturelles noires, de nos rapports précieux et uniques à la société et à la culture française. » Drôle d’ambition quand on sait que celui qui la proclame écrit dans le même article, quelques lignes plus tôt : « Être noir n’est ni une essence ni une culture, mais le produit d’un rapport social : il y a des Noirs parce qu’on les considère comme tels. » Ainsi donc la culture noire n’existe pas, mais… la visibilité du point de vue de l’identité culturelle noire, elle, doit être affirmée. Zéro pointé pour la rigueur scientifique, élève Ndiaye ! Mais vous ferez un excellent homme politique.

Lors d’un voyage officiel à Washington il y a six mois, le ministre de l’Éducation a prononcé un discours remarqué à l’université Howard, la « Harvard noire », dont la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, est notamment diplômée. Lui-même ancien étudiant d’un prestigieux établissement américain (l’université de Virginie, où enseigna William Faulkner), Ndiaye sait ce jour-là que se trouveront dans la salle de belles âmes progressistes à même de le comprendre : « Le concept de race reste très sensible en France, se désole-t-il devant son auditoire dans un anglais parfait. […] Je peux attester du prix à payer quand on ose en parler. » Pas sûr que le public ait été convaincu par ce numéro de victimisation. Difficile en effet de passer pour un dissident quand on est ministre en son propre pays. À moins que Ndiaye ait essayé de nous envoyer un message subliminal. De nous dire que travailler avec Emmanuel Macron s’apparente à une pénitence, à un « prix à payer ». Il n’est peut-être pas évident tous les jours de jouer le rôle de « woke de service ».

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Keanu Reeves dans John Wick : chapitre 4 © Metropolitan Filmexport

Notre chroniqueur, qui a gardé une âme d’enfant, est allé voir pour nous le dernier film de Keanu Reeves, John Wick Chapitre 4. Verdict: c’est le cinéma rendu à son essence première, le mouvement perpétuel.


Attention, divulgâchage: au dernier plan, John Wick est enterré à côté de son épouse (morte juste avant le début du John Wick initial), la caméra enfin s’arrête sur un plan fixe sur une pierre tombale, « John Wick Loving husband » — et le film est terminé. Jusque-là ça n’a pas cessé de virevolter, dans une chorégraphie sanglante qui nous rappelle que le mot cinéma vient du grec κίνημα, qui signifie mouvement. Et que tous ces films soi-disant introspectifs, plans fixes qui n’en finissent pas et introspections à deux balles, sont la négation de ce qu’est vraiment le cinéma : le train entre dans la gare (de la Ciotat, celle de Black Rock chez John Sturges ou dans l’Ouest de Sergio Leone), et l’action est tout entière dans cette menace : un homme descend du train, et enfourche un cheval — par exemple au début de Et pour quelques dollars de plus.

© Metropolitan Filmexport

Le cinéma, ça bouge — et Chad Stahelski a fait très fort. John Wick bouge tout le temps, ce qui fait qu’on ne voit pas passer les 2 heures ½ du film. Un régal, après tant de films français immobiles.

Vers la fin du premier tiers du film, le grand acteur japonais Hiroyuki Sanada demande à John Wick d’en tuer « le plus possible ». Croyez-moi, le héros fait de son mieux. Rien que dans la scène sublimement chorégraphiée tournée autour de l’Arc de triomphe de l’Etoile, « Baba Yaga » — son surnom chez les Russes qui l’ont jadis vu tuer « three men with a fucking pencil » — envoie dans l’autre monde une bonne cinquantaine de malfaisants.

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C’est un film de mondialisation de la violence. New York, Berlin, Osaka, Paris: la série se clôt sur le cadavre du héros alangui sur les marches du Sacré-Cœur. Et là aussi, dans la rue Maurice Utrillo, tout en escaliers — j’y ai des souvenirs essoufflés de joggings matinaux, dix ans durant —, ça flingue sévère. Comme on peut s’y attendre, ces pétarades n’éveillent aucun flic parisien : c’est du cinéma, voyons !


Comme il est conseillé de subir tout le générique final — une surprise vous attend à la fin —, vous constatez que la liste des cascadeurs est très fournie. Chad Stahelski le fut lui-même dans une vie précédente, il fournit de quoi s’occuper à ses confrères. À pied, en moto ou en voiture, il fracasse le matériel métallique ou humain. Et plus ça meurt, plus on en redemande. Le cinéma rendu à son essence, et le drame à sa fonction première, la catharsis : on sort meilleur d’un film aussi sanglant, où tant de gens sont morts à notre place, et où le héros en tue autant que nous aimerions le faire.

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Dans la même journée, je suis allé voir The Fabelmans, sorti il y a déjà quelque temps, mais j’avais longtemps hésité, Spielberg m’a souvent déçu. Eh bien, c’est un film formidable, formidablement joué, une autobiographie rêvée qui donne envie d’écrire la sienne — non, pas une autofiction à la française ! Rien que pour la séquence où John Ford (oui, le John Ford de La Prisonnière du désert, joué par David Lynch soi-même avec gourmandise et conforme à ce que vécut Spielberg il y a soixante ans) explique au jeune héros où doit se situer, dans le plan, la ligne d’horizon, il ne faut sous aucun prétexte rater ce petit chef d’œuvre qui permet à Michelle Williams un numéro anthologique.

© Metropolitan Filmexport

Les Américains n’ont pas fait un accueil enthousiaste au film de Spielberg — comme ils ont renâclé devant ce chef-d’œuvre phénoménal qu’est Babylon. C’est un peuple à QI insuffisant pour saisir tous les aspects méta-cinématographiques, ce lot de références subtiles qui épanouissent le cœur du vrai cinéphile et provoquent l’incompréhension du connard moyen. Mais il ne peut être tout à fait mauvais, il fait un triomphe à John Wick Chapter 4.

En quête du salut

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Le Capitaine Volkonogov s’est échappé © Kinovista

À l’affiche ce mercredi, Le capitaine Volkonogov s’est échappé, un film de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov. Le récit national de la Sainte Russie en prend un coup…


En prologue, un escadron d’Adonis slaves, cheveux sabot de 1, torses athlétiques, gymnastes harnachés de cuir, revolver au ceinturon et uniformément accoutrés de jogging rouge vif façon houligans, batifolent comme des marmots : l’un, à quatre pattes, mime un clébard qui jappe sous la domination de son maître ; on se fait la courte échelle pour récupérer un ballon coincé dans les pampilles du gros lustre en cristal, vestige d’un autre temps – entre jeunes mâles, il faut bien s’amuser. En toile de fond, le salon lambrissé d’un palais aristocratique de la défunte Saint–Pétersbourg, transformé en une salle de garde qu’encombrent dossiers, paperasses, machines à écrire… Une carte géante de la ville remplace le trumeau.   

Le Capitaine Volkonogov s’est échappé

Nous sommes donc à Leningrad en 1938, au pic de la Terreur stalinienne. Chargés des basses œuvres du régime, ces petits durs s’en donnent à cœur joie. Arrestations, tortures, exécutions sommaires, programmées à la chaîne. Le capitaine Fedia Volkonogov est l’une de ces recrues du NKVD en charge d’épurer la société soviétique.  Elles-mêmes se voient soumises à des « réévaluations » qui ne sont pas sans risques : la Révolution dévore ses propres enfants. Leurs ballets virils, leurs chœurs patriotiques émeuvent l’âme. Sinon qu’ils n’étouffent pas les cris des victimes que ces brutes torturent avec inventivité : sous ces murs festonnés, la marqueterie du parquet a d’ailleurs été recouverte d’un manteau de paille – plus absorbant que le chêne ciré. 

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Fedia est un bon exécutant. Jusqu’au jour où son meilleur camarade disparaît à son tour dans le maelstrom de cette purge sans fond – une balle dans la nuque. Alors, le capitaine Volkonogov se carapate. S’ensuit une chasse à l’homme frénétique dont le commandant de ces « brigades rouges », phtisique et crachotant, est le fer de lance. Mais dans une hallucination, Fedia voit l’ami défunt (qu’il a dû lui-même jeter dans la fosse commune des condamnés) lui prédire qu’il trouvera son salut dans l’au-delà, pourvu qu’il fasse repentance et qu’une victime, une seule, lui accorde le pardon pour ses crimes. Comment sauver, et sa peau, et son âme ? Entre deux réminiscences où ses forfaits lui apparaissent dans leur monstruosité, l’archange maudit, pourchassé par les sbires, se met mystiquement en quête de son rachat devant le Très Haut auprès des femmes, des pères, des enfants, de ceux qu’il a froidement assassinés. Mais qui saura pardonner l’impardonnable ?    


Tourné en 2021, en pleine pandémie, dans le théâtre rougeoyant et ambré de la photogénique cité, Volkonogov s’est échappé esquive de façon délibérée toute littéralité « archéologique », à bonne distance de la fresque historique et de la reconstitution en costumes. Et c’est même ce qui fait de cette « rétro-dystopie »un objet contemporain, structuré de main de maître, captivant de part en part. De l’ancienne capitale opulente et décatie où se croisent tramways, charrettes, chevaux et rutilantes limousines noires, dans une misère peuplée de prolétaires en haillons, la toile de fond n’est jamais ici, dans sa beauté navrée, presque irréelle, que la cimaise d’une parabole sur le Mal et la Rédemption. 

Il n’est pas indifférent que le rôle du capitaine Volkonogov soit tenu par l’immense comédien Yuriy Borisov, 30 ans – découvert en 2011 dans Elena, chef-d’œuvre absolu d’Andreï Zviaguintsev, et qu’on aura revu dans des incarnations chaque fois plus mémorables : dans La fièvre de Petrov, de Kirill Serebrennikov, dans le film extraordinaire Compartiment n°6, de Juho Kuosmanen, sans compter Gerda, de Natalia Koudriachova et Maman, je suis à la maison ! de Vladimir Bitokov, deux films dont on attend avec impatience la sortie en salles. Doué d’une présence inouïe qui ajoute à sa plastique de bad boy aux traits de mannequin, charpenté qui plus est comme une vivante académie, il ne fait aucun doute que Borisov est au Septième art russe ce que Brad Pitt fut, en son jeune temps, au cinéma américain : une apparition. Borisov a l’aura d’une star.  

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Si Le capitaine Volkonogov… est une réussite, c’est aussi parce que, unis au civil par le mariage, le tandem Natalia Merkoulova & Alexeï Tchoupov (lesquels démarrent à présent, pour Netflix, la réalisation d’Anna K., nouvelle adaptation du roman de Tolstoï Anna Karénine) savent s’entourer des meilleurs : tel le fabuleux chef opérateur estonien Mart Taniel  (c’est leur troisième collaboration), ou encore, pour le montage, réalisé en France, une pointure comme François Gédigier (qui a travaillé pour Brian de Palma, Patrice Chéreau, Lars von Trier, Arnaud Desplechin – excusez du peu…).  

Né sous tant de bons auspices, il arrive que le film se teinte d’un étrange onirisme, par exemple lorsque surgit à l’image, silencieux, occupant tout le volume du ciel, l’énorme dirigeable rosâtre estampillé « 1938 », astre de mauvais augure. Il est des scènes authentiquement sublimes, telle celle où Fedia se croit (enfin !) rédimé par la caresse, sur son visage glabre et lisse, de la main décharnée d’une vieillarde à l’agonie qu’il vient de laver délicatement, dans un geste baptismal. Il est encore des séquences qui font comprendre pourquoi le film n’est décidément pas bienvenu dans la Russie de Poutine, et ses auteurs désormais en exil : « – Tu ne comprends rien à la dialectique :  ce ne sont [les condamnés] ni des espions, ni des traîtres, ni des terroristes », explique le commandant à son capitaine. « Pourtant, ils n’arrivent pas là par hasard. C’est parce que ce sont des éléments pas fiables. (…) T’imagines pas le nombre de ces éléments pas fiables. C’est le danger. Pour l’instant, ils sont innocents. Mais demain, ils seront coupables. On ne peut pas attendre (…). On prend de l’avance. On ne peut pas les exécuter sans raison. C’est illégal. On est dans un état de droit. À chaque châtiment doit correspondre un crime ». Logique imparable, non ? Quoiqu’on y fasse, l’Histoire est toujours une affaire actuelle.   

Le capitaine Volkonogov s’est échappé. Film de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov. Avec Yuriy Borisov. Russie, France, Estonie, 2022.  Durée : 2h05.  En salles le 29 mars 2023.

France révoltée: Macron a-t-il déjà perdu?

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Un éco-terroriste s'en prend aux forces de l'ordre, à Sainte-Soline (79), 25 mars 2023 © UGO AMEZ/SIPA

Elisabeth Borne n’assume plus trop le 49-3… Le Premier ministre a annoncé qu’elle ne l’emploierait plus que pour les textes « financiers »


Emmanuel Macron a perdu. Persister dans sa réforme des retraites s’annonce explosif. La colère ne se calmera plus de sitôt. Dans le rapport de force engagé par l’Elysée, le déséquilibre joue en sa défaveur. Le gouvernement ne pourra tenir par la seule répression policière.

En effet, l’exaspération populaire n’est plus seulement sociale et syndicale. Elle est devenue démocratique, en protestation contre la relégation des citoyens ordinaires. Jeudi dernier, les manifestations massives ont été rejointes par des gens qui récusent l’autoritarisme d’État et la pente despotique d’un pouvoir personnel et solitaire. La présence remarquée de la jeunesse apporte également une nouvelle dimension à la contestation d’un système oligarchique. La somme de maladresses accumulées par le chef de l’Etat et son gouvernement a porté le pays à ébullition. Macron a d’ailleurs eu raison d’annuler in extrémis la venue du roi Charles III, en l’honneur de qui un dîner officiel était prévu ce lundi au château de Versailles. La promesse d’Elisabeth Borne, hier, de ne plus avoir recours au 49-3 en dehors des textes financiers laisse voir une légitime inquiétude du pouvoir.

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Reste que, comme le constate ce lundi Henri Guaino dans Le Figaro, « une limite a été franchie » : la révolte, qui traverse toute la société, oblige Macron à oublier son orgueil et sa posture de chef prétendument éclairé. En 1984, face à l’ampleur des manifestations en défense de l’Ecole libre, François Mitterrand avait renoncé à son projet d’harmonisation éducatif. Macron serait bien inspiré d’en faire autant.

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Le choix présidentiel du pourrissement et du parti de l’ordre a peu de chance de fonctionner à nouveau. Cette stratégie a été gagnante lors de l’épisode des gilets jaunes. Mais c’est précisément parce qu’aucune leçon n’a été tirée de cette première alerte démocratique que cette même issue semble improbable. Certes, les scènes spectaculaires de guérillas rurales qui ont eu lieu, samedi, autour de la retenue d’eau de Sainte-Soline (Deux Sèvres), ont permis à l’Etat de s’affirmer en rempart d’une extrême-gauche écologiste, fanatisée et hyper-violente. Mais la macronie est elle-même comptable de ces factieux qu’elle a protégés. Selon le discours officiel, seule « l’extrême droite » était censée être le danger pour la République. Le récent procès des Barjols, groupe soi-disant terroriste, a pu montrer la réalité du profil de ces Pieds-Nickelés bas du front. Dans son entretien télévisé de mercredi dernier, Macron a mis en alerte contre de possibles épisodes semblables à ceux de la prise du Capitole américain par des partisans de Trump, ou des institutions brésiliennes par des pro-Bolsonaro. Mais ce spectre de l’extrême droite, toujours agité par Macron, aveugle sur la réalité du totalitarisme de l’extrême gauche, coupée du peuple et du monde rural. C’est cette France des Oubliés qui proteste à nouveau. Je la décris et la soutiens ici depuis longtemps. C’est elle qui n’a pas dit son dernier mot.

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Les écrivains sous les drapeaux

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14 juillet 2017 à Paris © Delalande/SIPA

À l’occasion des 400 ans des Troupes de marine, 17 auteurs sont envoyés aux côtés de ceux qui défendent nos libertés. Un recueil de témoignages poignants, aux Éditions Fayard, pour un nouveau volume de la collection « Promenades singulières ».


Au 14ème siècle, celui que l’on surnomme le père de la sociologie, Ibn Khaldoun, a montré que lorsqu’un peuple ne comprend plus ceux qui se battent pour le défendre ni les raisons qui les poussent à accepter ce combat, alors c’est la survie même de la nation qui devient incertaine. Plus profondément encore, « si un jour on ne doit plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation » a écrit Hélie de Saint Marc. C’est donc non seulement un choix littéraire bienvenu, mais aussi une démarche citoyenne précieuse, nécessaire, que celle des éditions Fayard qui publient Les écrivains sous les drapeaux, 17 textes écrits par leurs auteurs après cinq jours passés aux côtés des Troupes de marine. Cinq jours… et nuits ! « Il était un peu plus d’une heure du matin, en cette nuit noire et glaciale du début du mois de mars… » Et alors que l’actualité nous décrit chaque jour un pays qui se désagrège, il est bon de prendre un instant pour se plonger dans ces témoignages qui rendent compte d’une France qui tient bon. « Le soldat se lève car il sait qui il est. Son héritage l’oblige. »

« Pourquoi tuez-vous des gens ? »

Disons-le tout net : le livre est excellent, en plus d’être intéressant. Le regard, ou plutôt les multiples regards de ces écrivains, sont évidemment extérieurs à la « chose militaire ». Mais parce qu’ils sont extérieurs, ils ont deux avantages. D’abord, aucune obligation de réserve ne les contraint. Ensuite, ils peuvent dire sans craindre de paraître prétentieux leur respect, et même leur admiration, pour les hommes et les femmes qui servent sous les drapeaux, là où les militaires eux-mêmes hésiteraient sans doute. C’est un recueil dont chaque voix est singulière, mais qui forme une chorale dont le tout est harmonieux et dessine, par petites touches successives, un portrait fidèle de l’humanité des soldats.


On y lit, bien sûr, le constat d’Ibn Khaldoun, lorsqu’un des auteurs écrit, à propos des militaires engagés dans l’opération Sentinelle : « Ces missions en France leur donnent l’occasion de rencontrer des gens qui ignorent tout du monde militaire et qui s’en font une idée parfois étrange. « Pourquoi tuez-vous des gens ? » demande cette dame croisée dans une rue. Et eux qui ont l’impression d’être là pour protéger le citoyen et garantir l’intégrité de la nation, qui obéissent aux lois de la République et combattent pour ses valeurs, sont un peu désarçonnés. »

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On y entend la conscience d’un besoin, à la fois idéaliste et viscéral. « Il y a quelque chose de profondément émouvant, et de profondément admirable, dans cette époque du risque zéro, de l’hypocondrie généralisée, de la consommation périssable, de la complainte victimaire et de l’individualisme roi, à penser qu’il existe encore des hommes et des femmes rompus au danger et voués à l’effort. Des hommes et des femmes capables, pour le bien d’autrui, du sacrifice de leur vie. » Et capables, aussi, parce que c’est parfois nécessaire, de tuer, et donc du sacrifice de leur confort moral et intellectuel. « Personne ne comptera les points. La question est seulement de savoir si votre adversaire sera hors de combat. Ou vous…. »

La réalité douce-amère de notre nature humaine

On y côtoie, toujours pudique, mais toujours présente, la question de la mort et du sacrifice. « Ils avaient neutralisé les djihadistes, mais deux des camarades du major avaient été blessés ce jour-là. L’un, le fémur broyé, s’était retrouvé à ramper dans les dunes tandis que le major traînait le second, touché au mollet et à l’épaule, sous les tirs de kalachnikov. « À cet instant, le temps s’est arrêté », commente-t-il sobrement. » « Assurément, ils sont gorgés de pathos, c’est-à-dire de souffrance et d’émotion, autant que d’ethos, c’est-à-dire de caractère et d’intégrité. (….) Ils ont traversé l’ombre et la poussière, ils ont perdu et pleuré des frères. Bien sûr, ils rêvent d’intensité, de voyages et d’amitiés surhumaines, mais ils savent qu’entre la guerre – bellum – et la beauté ; entre le champ de bataille et le chant de l’honneur ; entre la férocité du premier et la noblesse du second, il n’y a qu’un souffle. Je crois qu’ils ont conscience de leur force, et qu’ils savent qu’aucune puissance collective ne va sans une certaine bonté individuelle. »

On y retrouve la grandeur, mais aussi la réalité douce-amère de notre nature humaine. « On ne le dit pas assez : un soldat meurt presque toujours par amour – amour d’autrui, du drapeau, du pays. Ôtez à un marsouin ou à un bigor cette fierté de pouvoir mourir en soldat, et vous lui enlevez l’une de ses raisons de vivre. » Ce qui n’empêche pas « …. les quartiers libres, avec leurs fins de nuits émaillées d’histoires d’alcool, de filles et de bagarres » ni « les retours espérés, idéalisés aussi, qui peuvent se révéler autant de rendez-vous manqués. Ce n’est facile ni pour ceux qui rentrent, parfois très éprouvés, dans ce cocon douillet qui doit aussi leur sembler dérisoire, ni pour celles qui rêvaient de moments tendres et d’un relais, enfin, dans leur quotidien et qui retrouvent un mari aussi explosif que tourmenté » car c’est aussi ce que vivent « ces hommes et ces femmes qui ont le « cran » de s’engager pour une société dont ils finissent par être décalés. » On entend ces combattants qui se disent que « il faut refuser de se battre en pensant à l’argent. Laissons ça aux mercenaires » mais on ne peut qu’acquiescer au commentaire de l’auteur: « Tout de même, ingrate patrie, parfois…. »

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On y devine l’écho d’une histoire bien plus profonde et plus vaste que les modes du moment, d’autant que pour beaucoup de ces écrivains, il est question, au détour d’une page, d’une ligne, d’ancêtres militaires, proches ou lointains, que cette découverte fait revivre. Et quand dans la décoration d’un bureau on croise le portrait officiel et obligatoire du chef de l’État, il faut « rappeler que les militaires ne servent pas une marionnette (sic) élue pour quelques années, mais notre nation qui vient de plus loin. » 

Il y a là une histoire faite de décisions avisées, « si moderne soit-elle, cette unité est en réalité conforme à l’idée fondatrice de Richelieu, il y a quatre siècles. Le souvenir du Cardinal est peut-être un peu lointain, son intuition reste toujours d’actualité » mais aussi de choix politiques plus discutables. « Je m’enquiers d’une absence qui m’a frappé : où sont les sergents-chefs, les adjudants et les adjudants-chefs qui, à mon époque, détenaient l’expérience, en avaient beaucoup vu et, même blasés ou désinvoltes, tenaient la barre du régiment, vers qui l’on se tournait en cas de pépin ? (….) Le régiment manque de sous-officiers supérieurs, en raison des aléas des campagnes de recrutement et des restrictions budgétaires datant d’il y a une douzaine d’années. » Les célèbres dividendes de la paix… « Nous n’aimions plus la guerre et nous laissions à d’autres le soin de la mener, quitte à les critiquer sans relâche quand ils s’égaraient dans la carrière des armes. (….) La gauche et surtout les écologistes militaient pour un désarmement unilatéral, conjointement avec le démantèlement des centrales nucléaires. » Oui, « les aléas politiques sont hors de portée des militaires. Ils font d’eux les serviteurs souvent sacrifiés de la patrie. » Et se souvenir du père Charles de Foucauld s’écriant « Et au nom de Dieu, vive la coloniale » « à la vue de la colonne de marsouins accourue à son secours, dans les montagnes du Hoggar » n’interdit pas les réflexions mélancoliques et lucides sur la colonisation.

« Ce n’est pas l’ascenseur social, mais l’escalier social ! »

Ce qui demeure néanmoins, plus que tout, ce sont des exemples à suivre, une solidité forgée génération après génération, transmise et reçue. « Elles s’inclinent, ces nuques qui ont rarement plié. Ces hommes debout saluent ceux qui sont morts, frères en baroud ou héros inconnus. (…) Ces hommes et ces femmes écoutent, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, rassemblés dans la même communion. Elles disent tant d’histoires, ces nuques qui rendent hommage au don ultime des Anciens… » Beaucoup parlent des salles d’honneur des régiments, et comprennent intuitivement que « on n’y cultive pas la nostalgie, mais on y puise l’inspiration. »

On y voit le sens du contact, pour accueillir ces hommes et femmes de plume aux parcours divers, mais aussi vis-à-vis des populations civiles des pays où ils interviennent. « C’est ce qui les différencie de l’armée américaine, par exemple. Pas question de refuser de boire le thé parce que l’on craint la dysentrie et, ce faisant, de vexer à mort son interlocuteur. »

Accueil aussi de ceux qui s’engagent, dans un cadre où le troisième terme de la devise nationale prend enfin son véritable sens. « Le Régiment du Service Militaire Adapté n’engage pas un combat contre les autres, mais un combat de chacun contre soi, contre cette part de soi qui cède à la facilité, au laisser-aller. Ce n’est pas une question de classe sociale, de couleur de peau ou de croyance, mais de comportement. » On y vit l’importance humaine, charnelle, du terroir et des provinces – qu’elles soient de métropole ou d’outre-mer. Dans cette « grande famille bigarrée » la fraternité ne se décrète pas à coup de concurrence victimaire et de « vivrensemble » mais dans l’effort partagé, « suant, soufflant, ils sont heureux de ce qu’ils ont accompli », l’idéal commun, le sens du devoir, le respect mutuel mérité. Car ici, « ce n’est pas l’ascenseur social, mais l’escalier social – il faut faire des efforts. » Et les chefs se doivent de montrer l’exemple, comme ce colonel qui n’a « aucune familiarité, aucune condescendance dans ses manières mais une proximité qui est celle d’un chef qui connaît sa troupe. » Culture de l’exigence, « des hommes qui se donnent entièrement au service de quelque chose de plus grand qu’eux – et refusent de vivre au rabais » où, aussi, on redécouvre que « la noblesse française n’est pas là que pour nourrir une nostalgie emperruquée, et l’éthique aristocratique peut encore s’incarner dans l’armée, aux quatre coins du globe. »

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Tous sont unanimes, et ne partent qu’à regrets. « C’était déjà le dernier jour. (….) Je songeais en moi-même : mon Dieu, comme j’ai aimé la vie de soldat ! » « J’étais aussi triste de partir que si j’avais passé ma vie dans ce régiment, avec ces fous de guerre, tous si beaux, drôles, lucides sur leur rôle, sensibles à leur responsabilité, et bien sûr, muettement, aussi révoltés que nous tous que l’humanité soit toujours contrainte de s’armer. Des êtres solidaires et généreux, dont la vie a un sens. » « On tient d’abord pour les copains. (…) J’ai rarement eu l’occasion de voir un groupe aussi soudé. (….) En partant, j’ai la gorge serrée. »

On envie ces écrivains d’avoir ainsi côtoyé, avec authenticité et franchise, « … toute cette jeunesse pour qui le mot « servir » a encore un noble sens. » Et on les remercie de nous faire partager, le temps d’une lecture, l’opportunité de nous ressourcer auprès de ceux qui ont choisi de « donner du sens à leur vie en se donnant au pays. Que ceux qui ne croient plus à la France viennent faire un tour ici (…) dans ce monde à part qui cultive l’exigence, la bienveillance et l’impertinence. »

Qui veut gagner des millions?

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Yulanda Williams (photo) a donné des arguments devant le Conseil municipal de San Francisco en faveur du plan de réparations © Noah Berger/AP/SIPA

À San Francisco, en Californie, un plan de réparations financières du « racisme systémique » très ambitieux enflamme la population. Les critères définitifs d’éligibilité, ainsi que les montants alloués, seront communiqués en juin.


Le 14 mars, le Conseil municipal de San Francisco annonçait vouloir verser 5 millions de dollars à chaque descendant d’esclaves afro-américains.

Un « plan de réparation » qui comprend en plus de ce joli pactole, un salaire annuel de 100 000 dollars pendant deux cent cinquante ans, ainsi que la suppression des dettes personnelles, pour « dédommager le racisme systémique hérité de l’esclavage ». Et d’après les calculs de l’Institution Hoover de l’Université de Stanford, l’opération coûterait au minimum 600 000 dollars par famille non noire. La population afro-américaine de San Francisco représentant environ 46 000 personnes, l’opération s’élèverait à plus de 230 milliards de dollars. Le chef du Parti républicain à San Francisco, John Dennis, dénonce ce projet ridicule, le budget annuel de la ville n’étant que de 14 milliards. Tant pis pour les millions d’Américains vivant dans leur voiture.

Les critères d’éligibilité seront communiqués avant le mois de juin, ce qui laisse encore le temps de gagner quelques teintes au centre de bronzage le plus proche. Faut-il être 100% noir ? Faut-il être précaire ? Faut-il présenter son arbre généalogique pour justifier une indemnisation ?

Ce projet, aussi absurde soit-il, démontre en tout cas que l’extrême gauche américaine est moins anticapitaliste qu’opportuniste. Rappelons ici que la cofondatrice de Black Lives Matter, Patrisse Cullors, s’était acheté quatre belles villas depuis la création du mouvement, et que Shalomyah Bowers, un des dirigeants du mouvement, est accusé d’avoir détourné 10 millions de dollars de dons…

Sans nier les inégalités raciales au pays de l’oncle Sam, il est certain que le business de la victimisation s’avère très lucratif.

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France-Pays-Bas: quand la police hollandaise part « en safari » à Saint-Denis

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France - Pays-Bas le 24 mars 2023 © Baratoux/LABEL IMAGES/SIPA

À l’occasion du match de football opposant la France aux Pays-Bas, des policiers hollandais découvrent avec effroi le multiculturalisme tricolore.


Six policiers néerlandais hors service, visitant Saint-Denis avant le match de football France-Pays-Bas, risquent gros pour leurs appréciations sur les Dionysiens. Dès l’apparition de leur vidéo sur des réseaux sociaux, dimanche 26 mars, ils ont été suspendus de leurs fonctions en attendant une décision sur leur sort.

Dans leurs observations, la consternation sur ce qu’ils voient autour du Stade de France les mène à une franche rigolade. L’un des flics s’émeut quand il « voit enfin une personne blanche ». Qui se trouve être une femme d’un certain âge, marchant à l’aide d’une canne dans une rue jonchée de détritus – à moins que cela ne soit plutôt des marchandises vendues à la sauvette et que palpent des femmes d’origine africaine. Quand, dans leur minivan, les sbires hollandais passent devant ce qui semble être un autre marché à la sauvette, l’un d’eux fait mine de voir un marchand « de ceintures d’explosifs ». On s’esclaffe. Horrifié, le chauffeur constate peu de temps après que l’hôtel où ils ont réservé leurs chambres pour le soir du match se situe tout près. S’ensuivent des cris d’épouvante, et la troupe feint alors de vouloir rebrousser chemin. Puis, nos explorateurs pestent contre leur hôtel, qui a vanté sa proximité avec le Stade, sans signaler qu’il était également situé « en plein milieu d’un marché marocain », toujours selon l’un des policiers. 

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Leur revient alors en mémoire la mal famée question rhétorique du dirigeant politique de droite Geert Wilders, lors d’un meeting électoral : « Vous voulez plus de Marocains, ou moins ? » « – Moins, moins ! » s’époumonent ses supporteurs.

Roulant au pas dans une rue où, en effet, rien n’évoque la France, l’un des six policiers observe qu’ils se comportent « comme des visiteurs dans un zoo ». Un autre confirme: « Mais c’est exactement cela ! » Il faut dire que les flics sont finalement agréablement surpris par l’attitude de celles et ceux qu’ils filment comme s’ils participaient à un safari… « Ils nous laissent faire, ne font preuve d’aucune hostilité », les complimente un des fans de football.

Leurs remarques, pas du meilleur goût, justifient-elles des sanctions ? Les réseaux sociaux néerlandais de droite fulminent contre cette entrave à la liberté d’expression. Dans un passé récent, des tweets de flics à Rotterdam et La Haye, visant des « Africains et Marocains de m… », et bien pire encore, avaient donné lieu à des réprimandes et des transferts forcés, mais pas aux licenciements exigés par des représentants des populations « issues de l’immigration ». Leur visite à Saint-Denis aura de toute façon laissé des souvenirs amers aux policiers bataves, dont les identités n’ont pas été publiées. Le soir, au Stade, les Bleus ne firent qu’une bouchée des Néerlandais, battus 4-0. 

Montre de Macron: encore une «fake news» de la gauche!

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La députée d'extrême gauche Clémence Guetté, photographiée ici à Paris en février 2023, estime que le président Macron affame les Français pour se payer des produits de luxe... © Rebecca-Alexie Langard/SIPA

Mercredi dernier, lors de son entretien à la télévision, le président a retiré sa montre. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’embrasent… Cet esprit « sans culotte » et ces déplorables passions tristes sont savamment entretenus par l’extrême gauche.


C’est un petit incident, qui était passé presque inaperçu pour tout le monde, lors de l’interview présidentielle du mercredi 22 mars à la télévision, au cours de laquelle Emmanuel Macron tentait d’apaiser les colères concernant la réforme des retraites. Au moment de parler des smicards, « qui n’ont jamais autant gagné de pouvoir d’achat », le président Macron aurait retiré sa montre de luxe, discrètement, sous la table. Le symbole était trop beau pour que médias d’extrême-gauche et députés de la Nupes n’embrayent pas. Sur Twitter, JLMTV-INFOS, « compte politique anti extrême droite et extrême finance », est de ceux à qui on ne la fait pas : « Oui, rien ne m’échappe face à ce menteur ! ». Très heureux d’avoir repéré ce moment de l’interview, le commissaire-priseur du net a même pu donner une estimation en direct: 80 000 euros.

L’ « information » fut ensuite relayée par Clémence Guetté, députée LFI élue dans le Val-de-Marne, mais aussi, ce qui est plus surprenant, par Gilbert Collard.

En France, il est risqué de montrer des objets de luxe, ils peuvent très vite prendre une valeur politique. Nicolas Sarkozy, lors du débat d’entre-deux-tours de 2007, avait laissé sa Rolex Daytona se balader ostensiblement le long de son poignet. Nicolas Domenach, dans Marianne, lança alors le concept de « droite bling bling ». La petite phrase de Jacques Séguéla n’arrangea pas les choses…

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On pourrait remonter plus loin encore avec l’affaire du collier de la reine, sombre histoire d’escroquerie autour d’un collier qui éclata en 1785, et qui éclaboussa Marie-Antoinette, bien malgré elle. Les libelles qui circulèrent à la suite de cette affaire préparèrent le terrain aux calomnies de la période révolutionnaire et du procès de 1793. On ne sait pas encore si Emmanuel et Brigitte Macron finiront dans quelques semaines à la Prison du Temple, attrapés alors que leur hélicoptère décollait à peine pour Baden-Baden. On voit en tout cas que l’extrême-gauche n’a aucun scrupule à exciter la jalousie et les passions tristes. Ce weekend, une image très marrante a circulé sur les réseaux sociaux, et participait de cet esprit. On y voyait un Macron affirmant avec suffisance : « Le changement d’heure, c’est pour permettre aux pauvres de connaitre le décalage horaire… »

Et les faits dans tout ça ? Premièrement, Emmanuel Macron retire sa montre non pas quand il évoque les smicards mais quand il évoque les blocages. Et surtout, il la retire quelques instants après s’être rendu compte qu’elle faisait du bruit en tapant sur la table. Quant à sa valeur… on apprend qu’il s’agit non pas d’une F.P. Journe mais d’une Bell&Ross, le modèle BRV 1-92, avec le cadran bleu et le bracelet noir, d’une valeur de 2 400 euros. N’est pas Julien Dray qui veut !

Trois jours après la naissance de la polémique, le tweet de Clémence Guetté, lui, n’a toujours pas été retiré. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.


Elisabeth Lévy: « Nos élites ne valent pas mieux que nous, c’est tout le problème »

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale de Sud Radio, à 8h10

La Belgique, l’autre pays des islamo-gauchistes

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Marché du jeudi, dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, juin 2022. © Teun Voeten/sipa

Les conventions migratoires signées avec le Maroc et la Turquie, et l’extrême bienveillance à l’égard des populations musulmanes les plus radicales, alimentent le clientélisme politique de la gauche belge. Couve ainsi une bombe démographique qui pourrait faire de la Belgique le premier État musulman d’Europe.


« On n’est pas là pour évaluer les mérites du gouvernement belge en matière de lutte contre le terrorisme. » Ce rappel, formulé par le président de la Cour d’assises spéciale, au cours du procès des attentats du 13-Novembre à Paris, visait à alléger la tension alors que l’audition de l’enquêteur de la police fédérale belge tournait au procès des autorités belges. Les propos du policier avaient mis en lumière la naïveté sidérante, voire l’aveuglement de son gouvernement face à l’islamisme, y compris dans ses expressions les plus violentes.

C’est désormais bien connu, la Belgique a été la base arrière des attentats de Paris et ceux qui les ont commis sont en majorité belgo-marocains. Mais pire encore, si le commanditaire des attentats, Oussama Atar, a pu mener à bien ses projets meurtriers, c’est en partie grâce à l’incroyable mansuétude des autorités belges. Arrêté en Irak par l’armée américaine pour son appartenance à Al-Qaïda en 2005, condamné à perpétuité en 2007 et emprisonné entre autres à Abu Ghraib, l’homme a bénéficié d’une intervention directe du gouvernement belge demandant sa libération pour motif humanitaire. Renvoyé en Belgique en 2012 sous la promesse d’un contrôle des autorités, le terroriste, dont la dangerosité était pourtant avérée, a été laissé en liberté, sans la moindre surveillance. Le gouvernement belge lui a même fourni un passeport. Il a donc pu très facilement retourner à ses premières amours terroristes et rejoindre Daech en 2013. C’est ainsi que cet émir de l’État islamique a pu tranquillement planifier, en Syrie, les attentats de Paris de 2015 et ceux de Bruxelles de 2016.

Complaisance

Une telle complaisance de la part d’un gouvernement choque, mais n’est pas si étonnante. En Belgique, les islamistes disposent de relais importants dans la classe politique locale, mais aussi à l’intérieur de la Commission et du Parlement européens. Leur influence est telle que, dans le cas d’Oussama Atar, ils n’ont même pas eu à monter au créneau : la campagne de victimisation larmoyante baptisée « Sauvons Oussama » qui a abouti à sa libération a été orchestrée par des députés appartenant au parti Écolo, au PS et à la CDH (parti centriste). Sans surprise, les mêmes partis soutiennent ouvertement des candidats islamistes à des postes de pouvoir.

En mai 2021, Sarah Schlitz, secrétaire d’État belge à l’Égalité des genres et membre des verts, a nommé une femme voilée, Ihsane Haouach, au poste de commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Que la gauche prétende défendre en même temps l’émancipation des femmes et leur aliénation par le voile, on est habitués. Que cette confusion accède à la dignité gouvernementale, c’est autre chose.

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Peut-être enivrée par sa réussite, Ihsane Haouach dévoile un peu vite son jeu. Dans un entretien au Soir, elle déclare que la conception de la laïcité dépend de la démographie. En langage islamiste, canal Frère musulman, cela signifie que quand les musulmans seront majoritaires, ils seront les arbitres de la laïcité. Dans une autre interview, donnée à l’European Forum of Muslim Women, la section féminine des Frères musulmans, elle revendique l’organisation des musulmans en force politique autonome. Cependant, sa carrière fait rapidement pschitt ! quand une note de la Sûreté de l’État belge révèle ses « contacts étroits avec les Frères musulmans ». Même pour la Belgique, c’est trop. Madame Haouach démissionne le 9 juillet, six semaines après sa nomination.

On aurait pu penser que ces diverses mésaventures avaient instruit les autorités belges. Erreur ! Leur dernier exploit en la matière a consisté à donner à la ville de Bruxelles le visage d’une femme voilée, également proche des milieux fréristes. Fatima Zibouh a en effet été choisie pour porter la candidature de Bruxelles au titre de capitale européenne de la culture. Or cette femme, militante Écolo et très soutenue par ce parti, a fondé en 2013 l’association Empowering Belgian Muslims (EMBEM), une structure proche du CCIF dissous en France par Gérald Darmanin et ranimé en Belgique sous le nom de Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE). Une des personnalités les plus connues d’EMBEM est une députée belgo-turque, bien sûr voilée, Mahinur Özdemir, proche de la branche turque des Frères musulmans. Recep Tayyip Erdogan lui a même fait l’honneur d’assister à son mariage. Depuis, l’EMBEM a été dissoute – après avoir invité nombre de conférenciers appartenant à la mouvance frériste ou proches d’elle, comme Marwan Muhammad, François Burgat et Hajib El Hajjaji, et mis à l’honneur les conférences de Tariq Ramadan.

La ceinture musulmane de Bruxelles

Reste à comprendre les raisons d’une telle complaisance de la part des autorités belges. C’est simple : la démocratie, c’est la démographie. La population d’origine arabo-musulmane pèse très lourd en Belgique, particulièrement dans la région de Bruxelles. D’autant plus lourd que cette population est étonnamment homogène en termes d’origine. L’écrasante majorité de la population musulmane belge (80 à 90 %) est en effet issue de la convention bilatérale signée en 1964 avec le Maroc et la Turquie. Les Marocains sont aujourd’hui la minorité ethnoculturelle la plus importante du pays. Cette immigration marocaine, essentiellement venue du Rif, est fortement sous influence islamiste, ne serait-ce qu’en raison de l’hostilité historique des Rifains au régime chérifien. Cela les rend sensibles à tout ce qui pourrait déstabiliser le pouvoir marocain. Or, depuis que la Belgique a adopté une politique d’intégration facilitant grandement l’obtention de la nationalité, cette population est un enjeu électoral. Les islamistes jouent habilement le jeu du clientélisme politique. Ils capitalisent leur entrisme dans les partis et institutions belges à travers leur stratégie d’influence auprès de l’Union européenne, comme l’explique Florence Bergeaud-Blackler dans son nouveau livre, le Frérisme et ses réseaux.

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En 2020, selon Statbel, l’office belge de statistique, 67,7 % de la population belge était composée de Belges d’origine belge. Il y a dix ans, la part de la population d’origine belge était de 74,3 %. La baisse est donc notable en quelques années et devrait s’accélérer. Quant à la proportion de musulmans dans la population, elle devrait au contraire s’accroître fortement. Selon le Pew Forum of Religion and Public Life, la Belgique compterait ainsi 1,149 million de musulmans en 2030, soit une augmentation de 80 % par rapport à 2010 (population évaluée à 638 000). La dynamique démographique joue en faveur de cette population. À noter également que les musulmans, très inégalement répartis sur le territoire, se concentrent essentiellement dans la région de Bruxelles. Selon une étude datant de 2016, certains quartiers seraient particulièrement investis par la population arabo-musulmane (49,3 % à Saint-Josse, 41,2 % à Molenbeek-Saint-Jean, 38,5 % à Schaerbeek…). C’est ce que l’on appelle la ceinture musulmane de Bruxelles.

Une autre étude, publiée en 2020 par la Fondation Jean-Jaurès et intitulée « En immersion chez la jeunesse belge », montre que si la jeunesse bruxelloise dans son ensemble est ouverte et tolérante, les élèves arabo-musulmans se situent à l’inverse de cette tendance. Bien qu’ils votent majoritairement à gauche, clientélisme oblige, ils sont 81 % à se déclarer pratiquants, 38 % considèrent que la religion prime sur la loi civile et leurs valeurs sont bien plus conservatrices que celles de la population belge. Leur image de la femme notamment est conditionnée par la tradition religieuse et son infériorité, revendiquée. Autre donnée, leur absence de connaissances historiques, mais en cela ils rejoignent le reste de la jeunesse belge – et même européenne. L’étude montre aussi que la vision de l’islam de ces jeunes est celle des mouvements les plus radicaux, notamment les Frères musulmans. Cette forte influence de l’islam politique expliquerait aussi le fort sentiment de victimisation ressenti par 65 % des jeunes musulmans alors que la population bruxelloise montre à leur endroit une volonté d’accueil et un fort sentiment compassionnel. Ainsi, malgré la tolérance des Belges, une partie notable de la population d’origine arabo-musulmane, en particulier la jeunesse, est sous l’influence de l’islam politique. On peut en conclure que si la Belgique est devenue la base arrière du djihadisme, c’est qu’elle est à l’avant-garde de l’islamisme. Or, la démographie ne peut qu’accentuer ce positionnement. Dans ces conditions, il devient difficile d’affirmer que le grand remplacement est un fantasme. En réalité, il est le cauchemar de la droite et de l’extrême droite et le rêve des islamistes qui espèrent bien faire de la Belgique le premier État musulman d’Europe. Ce qui explique largement la séduction qu’ils exercent sur la jeunesse.

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Marianne et le Roi

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Manifestants à Paris, contre la réforme des retraites, 24 mars 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Le Conseil constitutionnel a entre ses mains le sort de la réforme des retraites, adoptée au Parlement grâce au 49-3. Les Sages ont donc jusqu’au 21 avril pour se prononcer. Mais, alors que la rue gronde, le 21 avril, cela semble très loin…


C’était le soir de la prise de la Bastille. À la suite du renvoi de Necker, de violentes émeutes avaient ébranlé le royaume. « C’est une émeute? Non, Sire, c’est une révolution » avait répondu le duc de La Rochefoucauld-Liancourt à Louis XVI, appelant le Roi à la lucidité…

Le 49-3, vous dis-je !

Ainsi commençait la révolution française dans un climat de tension extrême. Causes multiples et ressemblances avec une France embrasée, aujourd’hui, sur fond de Covid passé et d’inflation. Un détonateur, le 49-3, et le feu est mis aux poudres. Le 49-3, vous dis-je ! La mère des réformes, décidément, ne passe pas. Le gouvernement, sauvé de justesse après une motion de censure, a salué sa victoire. Le prince, droit dans ses bottes, a tenu un discours malin et politique, en pointant du doigt les oies du Capitole et les factieux de Bolsonaro. Le sens était clair adressé aux boomers : « Des factieux de gauche veulent mettre le désordre mais je suis là ! Le Chaos, fils de l’Erèbe, ne passera pas. Suivez mon panache blanc ! » Et s’envole pour Bruxelles. On brique les ors de Versailles pour Charles III. Le lendemain, la France entière s’embrase.

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Le téléphone pleure

Au Château, le téléphone sonne. Marianne décroche. « La rue ? Oui, Sire. Avec le peuple dedans ? Avec le peuple, dedans, Sire. Tout partout ! Même à Bordeaux ! Des factieux, des mutins, des émeutiers, des flambeurs ? Les révoltés du Bounty ? Vous y allez fort, Sire ! La légitimité ? Dame, Sire, quand on ne l’écoute pas, le peuple est dans la rue, c’est une coutume ! Avec les casseurs ? Oui, tout compris, dans le service ! Des Black bloc, mais pas que ! Le bordel ? Oui, Sire !  La chienlit ! Mélenchon le dit : « La foule, c’est le peuple qui dit non ! » Vous êtes sidéré ? Vous n’y croyiez pas ? Vous attendez l’avis du Conseil constitutionnel, le 21 avril.  Et le cavalier budgétaire, vous y avez pensé ? Que je cesse de dire Sire ? Oui, Votre Majesté ! »

Au feu, les pompiers !

Le lendemain, les mêmes. Marianne décroche: « Votre intervention en Belgique ? Très mal perçue, Sire. Vue comme une fin de non-recevoir ! Votre image ? Écornée ! Nos amis allemands n’en reviennent pas. Les mutins ? Ils suscitent étonnement et admiration. Bien sûr que la semaine risque d’être chaude ! On risque d’être débordé, Sire ! Vous entendez les sirènes de pompier ? 

          — Je sens la fumée. Que faire, Marianne ? 

         — Changez de braquet ! Retirez cette loi. Vous vous rappelez le grand Charles ? La réforme, non ! La chienlit, oui ! Enfin le contraire ! Cessez de finasser avec le législatif et la Constitution ! La rue est éruptive. L’heure est grave ! Un député souhaite un « bouillonnement démocratique ! »  Ne jetez pas de l’huile sur le feu ! Après le pompier pyromane, l’arroseur arrosé ? Oui, j’ai prévenu Buckingham. Eux qui avaient réservé à la France leur première visite ! Après le stade de France, ils n’ont pas de chance !

       — Cause toujours, Marianne ! Je suis droit dans mes bottes. Wait and see ! Le pays doit avancer !

        —  Le 21 avril, c’est loin ! Décidément, vous ne mesurez pas la chance d’avoir un tel peuple, Sire !