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Les leçons de vie de Gims

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Gims, le rappeur congolais ancien membre du groupe Sexion d’Assaut, a donné une interview à Paris Match. Le chanteur y parle notamment d’esclavage, de racisme, et donne sa vision de la France d’aujourd’hui. Morceaux choisis…


Gandhi Djuna ne veut plus qu’on l’appelle « Maître », et préfère désormais qu’on le nomme simplement Gims : « A la base, je me suis appelé comme ça par rapport aux mangas, aux arts martiaux. J’aimais bien. C’était un délire de gamin, un petit peu », expliquait-il dans l’émission C à vous le 4 février 2019. Le rappeur, né au Congo, est à l’heure de la maturité. Alors qu’il enchaîne les interviews pour la promotion de son quatrième album « Le Fléau », celui qui n’est plus un “gamin” se permet de donner son avis sur les questions raciales, qui n’ont cessé d’agiter l’Occident ces derniers mois.

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Heureuse surprise : contrairement à nombre de ses collègues du show-biz, Gims ne tombe pas complètement dans le discours victimaire. À la une de Paris Match le 17 décembre, le chanteur a livré son ressenti sur le racisme, le mouvement Black Lives Matter et l’état de la société française, qui l’a recueilli, après sa fuite du Zaïre où sa famille était menacée de mort. Il assure ne pas éprouver de ressentiment contre une partie de la population: « J’ai rencontré des gens incroyables en France, je ne suis pas dans cette haine de Noir, de Blanc. » Avant de gravement transgresser la doxa antiraciste. D’abord en révélant croire « totalement » à l’ascenseur social promis par la France, puis en expliquant ne pas vouloir prendre part au mouvement Black Lives Matter, dont l’idéologie le froisse: « Le fait de devoir proclamer que la vie d’un Noir compte est une dinguerie absolue. On complique les choses. » Il ajoute même:  « On sait que l’esclavage a été pointé du doigt. Il n’est pas le fait de tous les Blancs. Les Noirs aussi ont fait des choses horribles. »

Une de Paris Match du 17 décembre 2020.© D.R
Une de Paris Match du 17 décembre 2020.© D.R

Colère chez les progressistes

Le rappeur a ainsi provoqué l’ire des obsédés de la race venue de la gauche progressiste sur Twitter. Dan Hastings, journaliste franco-britannique pour le HuffPost UK et British Vogue s’indigne sur le contenu de l’interview de Gims : « Rien ne va dans cette interview », « Un joli discours de droite en somme ».

Même son de cloche pour Charlotte Recoquillon, docteure en géopolitique à Paris VIII spécialisée sur les violences policières, le racisme et le mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis : « On avait bien besoin de terminer 2020 avec Gims qui récupère des symboles du #blackpower pour ensuite expliquer que #BlackLivesMatter est un slogan qui amoindrit les Noirs, et que c’est pcq c’est inadmissible que ça existe qu’il ne manifeste pas. Cette itw est une dinguerie !! »

D’autres sont plus violents encore sur le réseau américain : « Si vous aimez votre couleur de peau vous ne pouvez pas cautionnez (sic) ce que dit ce gims de mes deux! Blacklisted moi cet inculte! Honte à la personne qui a élevé ce tordu! », écrit l’un d’eux.

Rien de bien transgressif pourtant dans le discours de Gims. Ce n’est pas Patrice Quarteron ou Candace Owen non plus ! D’autant qu’il confirme que le racisme contre les noirs serait plus fort aujourd’hui que lors des dernières décennies : « Aujourd’hui en 2020, j’en souffre plus (du racisme) que dans les années 90 ou qu’au début des années 2000. Ce qui s’est passé avec George Floyd, avec cet Américain qui a pris sept balles dans le dos, avec cet entraîneur lors du match PSG-Istanbul, sans parler de Michel Zecler [producteur lynché par des policiers en novembre à Paris, ndlr]… » Il poursuit : « Ce rejet de l’homme noir est probablement lié à plein de choses: tous ces films qu’on a pu voir sur l’esclavage, ces séries, ce qu’on a appris à l’école sur le sujet… » Gims ne va pas rejoindre la fachosphère de sitôt.

Maitre Gims n’a pas toujours eu ce discours mesuré

Les opinions livrées par Gims dans Paris Match cette semaine demeurent moins victimaires que celles qu’il livrait au temps ou il rappait dans le groupe Sexion d’Assaut. En 2012 il dénonçait la spoliation du continent africain dans le titre « Africain » : « Ils nous ont divisés pour mieux nous dominer. Ils nous ont séparés de nos frères les Antillais Africains ». Pire, en 2010, son compère Black M fustigeait la France comme un « pays de kouffars (infidèles) » dans le titre « Désolé » : « J’me sens coupable, quand j’vois ce que vous a fait c’pays de koufars ». Un documentaire Netflix qui lui est consacré a révélé que Maître Gims a même été sous l’influence de l’islamisme: en 2005 il a rejoint le mouvement fondamentaliste des Frères du Tabligh, avant d’en sortir et de dénoncer une secte. Il affirme désormais avoir trouvé une forme de paix intérieure grâce à l’islam. Gims a appris des erreurs de Maître Gims et vient désormais nous livrer la bonne parole. Réjouissons-nous que son discours ne prenne pas la direction voulue par Rokhaya Diallo, Lilian Thuram et consorts.

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Pour remplir le Zénith ou le Stade de France, il s’agit aussi de ne pas froisser son public, qui n’est probablement pas le même que celui du temps de Sexion d’Assaut.

La laïcité guimauve du SNUIPP

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Connaissez-vous le SNUIPP? Derrière ce sigle se drape le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (professeurs d’enseignement général de collège), syndicat majoritaire dans le premier degré. Partisan de règles sanitaires à la soviétique, le syndicat est toujours enclin à s’indigner du moindre assouplissement du « protocole sanitaire » dans les salles de classe, pas assez drastique à son goût. En revanche, il est bien plus accommodant sur la laïcité. Pour preuve, les pistes de lecture recommandées sur son site pour “enseigner après les attentats”.


À la fin du mois de septembre, en compagnie de ses camarades du FSU et de la CGT, le SNUIPP se fendit d’un communiqué volant au secours de ses camarades musulmans suite au projet de loi sur le séparatisme : « Personne n’est dupe : ce sont nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane qui sont visés par ce projet de loi […] Hérité du racisme colonial, ce projet est une nouvelle expression d’un débat public saturé de fantasmes xénophobes ». 

Depuis la décapitation du professeur Samuel Paty, le syndicat propose sur son site « quelques pistes pédagogiques pour aider les enseignantes et les enseignants » des écoles primaires à « enseigner après les attentats ». 

Après des vidéos à destination de nos bambins expliquant avec des dessins la notion de laïcité, l’utilisation d’un entretien de la revue Les cahiers pédagogiques avec un didacticien dénommé Michel Tozzi – lequel est présenté comme « professeur émérite en sciences de l’éducation »- est suggérée. Fort de ce statut de didacticien, l’intéressé nous y priait, juste après la tuerie de Charlie-Hebdo en 2015, de « ne pas réduire, à cause des événements, la question de la liberté d’expression à la question religieuse » et soutenait sans frémir que « 50% des procès aux dessinateurs français sont le fait des multinationales ». Peut-être, mais il n’est pas certain que les familles des victimes d’attentats apprécient ce relativisme. 

Sus aux « convertis » laïcards! 

« Pour se mettre au point » sur le concept de laïcité, il est également proposé un manifeste de la Ligue de l’enseignement. Dans une savoureuse introduction, la Ligue nous met en garde : « Des prières dans la rue à la viande halal, en passant par la non-mixité des piscines ou le port de signes religieux, tout est bon pour interpeller nos concitoyens sur les risques que ferait courir à nos traditions républicaines l’expression publique des convictions religieuses. Les fraîchement convertis à l’idée laïque apparaissent comme les plus virulents dans sa défense, non sans arrière pensée car évidemment ils considèrent que toutes les religions ne présentent pas les mêmes dangers : c’est bien l’islam qui est stigmatisé comme portant atteinte à une conception particulière de « l’identité française » »

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Et un peu plus loin : « Il faut courageusement faire l’examen critique des prétentions hégémoniques d’une culture dont l’universalité proclamée cache souvent des tentations uniformisantes ». Vous pensez encore que les Zineb El Rhazoui, Hassen Chalghoumi ou autres soldats de la laïcité traqués par les islamistes sont bien méritants ? Détrompez-vous ! En comparaison des coups encaissés par les courageux militants de la Ligue de l’enseignement, ils vivent une promenade de santé.  

La « laïcité interculturelle » de Rokhaya Diallo…

Venons-en à Comment parler de la laïcité aux enfants, livre rédigé par Jean Baubérot suggéré par le SNUIPP à ses adhérents pour “aider à préparer la classe”. Baubérot est présenté comme le fondateur de la « sociologie de la laïcité » – il est interdit de sourire – et il cosigne son ouvrage avec Rokhaya Diallo. La militante afro-féministe, qui a déploré il y a peu l’interdiction du voile intégral en France auprès des Qataris d’Al Jazeera regrette que « le paradoxe de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux à l’école, réside dans le fait que, mis à part quelques sikhs, seules les filles musulmanes ont été exclues de l’école ». A quand des curés en soutane armés d’énormes croix à l’assaut des cours de récré pour changer la donne ? Un chapitre intitulé Une laïcité interculturelle interpelle le lecteur avec ce sous-titre : Le Québec, avenir de la France ? Nos deux gâte-papiers s’en frottent déjà les mains : « La laïcité interculturelle signifie que les Québécois peuvent s’apprécier et former un groupe, quels que soient les parcours les croyances (la virgule a été omise dans le livre) et les idées des uns et des autres ». Dans les colonnes de Libération, Régis Debray a soutenu il y a peu que « le mot de laïcité n’existe dans aucune autre langue, mis à part le turc […] où il n’a pas du tout le même sens ». L’intellectuel se tromperait-il ? « L’idée que la laïcité est une exception française est fausse, et sa répétition ne la rend pas exacte pour autant », assurent sans rire Jean Baubérot et Rokhaya Diallo.

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L’embrigadement des futurs citoyens se poursuit sur le site du SNUIPP avec un Petit manuel pour une laïcité apaisée, une publication du même Jean Baubérot et du « cercle des enseignant.e.s laïques ». Cette prose est parvenue à écœurer Laurent Joffrin – qu’on peut difficilement soupçonner de zemmourophilie : « les auteurs se lancent à plusieurs reprises dans un réquisitoire vibrant contre la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires dans les salles de classe. Étrange croisade », écrit-il dans Libé. Dans leur lutte autoproclamée laïque, ils soutiennent en effet que les musulmans sont victimes d’une « traque des vêtements censément religieux, d’une surveillance accrue des élèves supposé.e.s musulman.e.s , d’une injonction insistante à l’adhésion aux valeurs républicaines ». Halte à l’islamo-phobie des CPE ! « Pendant qu’on nous fait croire qu’il est féministe de renvoyer une jeune femme car elle porte une jupe au-dessus de son pantalon, on laisse le sexisme institutionnel forger le destin scolaire des élèves, par exemple dans l’orientation, par exemple dans la représentation des femmes dans les manuels », s’offusquaient deux co-auteurs de l’ouvrage dans un entretien il y a quatre ans.  

Générations offensées

Le SNUIPP propose enfin de lire à vos enfants En finir avec les idées fausses sur la laïcité de Nicolas Cadène, secrétaire général de l’Observatoire de la laïcité. Dans une vidéo postée sur sa chaîne Youtube, le géopolitologue Pascal Boniface vient de se réjouir que l’auteur ait été soutenu « par les meilleurs universitaires […], par la Ligue des Droits de l’homme et par la Ligue de l’enseignement », et affirme qu’« Emmanuel Macron n’a pas à céder à la pression pour décapiter l’Observatoire de la laïcité ». Une métaphore qui devrait ravir la famille de Samuel Paty. 

A relire: Samuel Paty, récit de la chasse à l’homme d’un hussard noir

À la décharge du SNUIPP, Histoire de la laïcité, genèse d’un idéal par Henri Pena-Ruiz, est tout de même cité en fin de liste. À quoi le syndicat n’a pas jugé utile d’ajouter le Dictionnaire amoureux de la laïcité du même auteur, vivement conseillé par Jean-Paul Brighelli. S’il n’était pas aveuglé par son idéologie tiers-mondiste, le SNUIPP aurait aussi recommandé de parcourir Penser la laïcité de Catherine Kintzler, Génie de la laïcité par Caroline Fourest ou Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école de Jean-Pierre Obin. 

Craignant de froisser les musulmans, il ne l’a pas fait. Au pays de Voltaire, il prêche donc une laïcité « apaisée », « repensée », « interculturelle », « inclusive » – à quand une laïcité « intersectionnelle » ? -, une laïcité dévoyée qui n’a d’égal que la soumission aux jeunes âmes outrées à la vue d’une caricature de Charlie. Soyez fin prêts pour le meilleur des mondes, la croissance des générations offensées ne fait que commencer. 

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Procès Sarkozy: qui jugera nos juges ?

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Les juges se font un malin plaisir de prendre en charge les dossiers politiques, quitte à user de méthodes peu scrupuleuses. Dans le procès mettant en accusation Nicolas Sarkozy, tous les moyens sont bons pour essayer de démontrer qu’un pacte de corruption a été scellé. Mais l’accusation n’a pas de preuves formelles. Qu’ils aient voté pour lui ou pas par le passé, de nombreux Français s’indignent de voir leur ancien président menacé d’une peine d’emprisonnement.


Le 8 décembre s’est clos le procès qui met en accusation Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog ainsi que l’ancien premier avocat à la Cour de cassation Gilbert Azibert.

Pour rappel, l’ancien président et son avocat sont suspectés d’avoir demandé à ce dernier de leur fournir des informations sur les débats de la Cour de cassation concernant la saisie de l’agenda de Nicolas Sarkozy dans le cadre des poursuites judiciaires liées à l’affaire Bettancourt. En échange, Nicolas Sarkozy aurait usé de son influence pour aider Gilbert Azibert à obtenir un poste à Monaco, conversant sur un téléphone secret à la carte SIM au nom désormais célèbre de « Paul Bismuth ».

Une inquiétante judiciarisation de la vie politique française

Ce procès avait tout pour exciter la curiosité médiatique. C’est d’abord la première fois de
l’histoire de la Ve République qu’un procureur requiert une peine d’emprisonnement
pour un ancien président de la République, réquisition qui créa la surprise par sa sévérité, et qui tranche radicalement dans un contexte où le doute plane encore sur l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy dans le jeu politique. Ensuite parce que ce procès fut pour le moins théâtral, et que, de la subtile plaidoirie de Jacqueline Laffont aux saillies grandioses de Hervé Temime, en passant par les agitations corporelles de l’ancien président et les liens d’amitié profonde qui unissent Hervé Temime à Thierry Herzog, le procès fit une fois de plus la démonstration que la politique comme la justice se font devant le 4e mur.

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Du point de vue de l’analyse politique, ce procès est surtout symptomatique d’un renversement dangereux entre la justice et le politique. Nous en voulons pour preuve l’apostrophe de Jean-Luc Blachon, l’un des deux procureurs du procès aux côtés de Céline Guillet : « La République n’oublie pas ses anciens présidents, mais ses anciens présidents ne doivent pas oublier la République et l’État de droit », a-t-il admonesté à plusieurs reprises devant l’accusé présidentiel. On devine dans cette phrase une accusation envers le politique, comme l’orientation d’un parquet parfois partial qui choisit ses proies selon la couleur de leur carte, et donnant le choix entre son omniprésence et le retour aux lettres de cachet. Or si quelqu’un ne respecte pas l’État de droit dans cette affaire, c’est bien la justice elle-même. D’abord parce que les méthodes mises en œuvre par l’information judiciaire du Parquet National Financier ont fait fi du scrupule et de la légalité. La perquisition du bureau de Gilbert Azibert fut étonnante dans la mesure où ce dernier était normalement couvert par le secret du délibéré, ce qui a ensuite été reconnu par le Conseil Constitutionnel qui n’a toutefois pas donné d’effet rétroactif à sa décision.

Un dossier peu consistant

Les écoutes des conversations secrètes tenues entre Sarkozy et Herzog, ébruitées ensuite au mépris du droit auprès du gouvernement de Jean-Marc Ayrault (et en particulier de la garde des Sceaux de l’époque Christiane Taubira) fut carrément une atteinte au secret professionnel. Quant à l’information judiciaire ouverte par le PNF, qui a épluché les notes téléphoniques – ou « fadettes » – de 60 lignes dont certaines de grands avocats, elles constituent ce qu’Éric Dupont-Moretti – qu’on ne peut suspecter d’alliance politique avec Sarkozy – a qualifié de « méthodes de barbouzes ».

Malgré ces informations judiciaires illégales, malgré les 96 heures d’interrogatoires de
Nicolas Sarkozy – aurait-on été aussi zélés pour un justiciable « normal » ? – on aurait au
moins pu s’attendre à ce que le dossier constitué par le PNF eût quelque consistance. Il n’en est rien.

Que la justice demande l’application de l’État de droit à un ancien président est une chose bien naturelle. Simplement, force est de constater que le parquet lui-même a violé les conditions d’un procès sain et équitable à plus d’une reprise

Sur toute cette débauche de recherches acharnées et d’écoutes à la soviétique, le dossier
constitué par le parquet s’appuie exclusivement sur les 19 écoutes de conversation
téléphoniques entre Sarkozy et Herzog sous la carte SIM de Paul Bismuth, dans lesquelles on peut entendre Nicolas Sarkozy dire en 2014 qu’il aiderait Gilbert Azibert, mais qui n’avait absolument pas candidaté pour un quelconque poste à Monaco, ce qu’Hervé Temime souligne au cours du procès. De ces enregistrements, on ne retient que des conversations amicales qui ne permettent pas de porter une seule accusation fondée. Réponse du parquet : c’est bien parce qu’ils n’ont rien dit qu’ils savaient être écoutés, et qu’ils sont donc coupables ! « Nous sommes face à une accusation diabolique, où s’il n’y a rien, c’est qu’on est coupable », résume Temime.

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Que la justice demande l’application de l’État de droit à un ancien président est une chose bien naturelle. Simplement, force est de constater que le parquet lui-même a violé les
conditions d’un procès sain et équitable à plus d’une reprise, face à un Nicolas Sarkozy qui s’est soumis aux procédures, contre lequel personne n’a trouvé d’éléments compromettants et qui se voit affublé d’une réquisition plus que sévère. Le PNF, dont les méthodes ont également été mises en accusation par l’affaire Fillon, n’en est pas à son premier fait d’arme.

Alors, qui jugera nos juges ?

Alain de Benoist: « Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité »


Penseur inclassable qui revendique la paternité de l’expression « la pensée unique », l’auteur de La Chape de plomb traque les causes de la disparition de notre liberté d’expression et rappelle que la liberté de l’individu dépend de la liberté de son pays. 


Causeur. Vous êtes l’auteur d’une œuvre considérable, et une des figures les plus controversées de la vie intellectuelle française. Dans votre dernier livre (La Chape de plomb, La Nouvelle Librairie), vous vous livrez à une attaque en règle contre les « nouvelles censures ». Dans quelle intention ?

Alain de Benoist. Je ne suis pas le premier à publier un livre sur la disparition de la liberté d’expression. Le mien se distingue des autres par un refus de se cantonner dans la déploration, et par une tentative d’explication théorique visant à expliquer comment nous en sommes arrivés là. Vous connaissez le propos mille fois cité de Bossuet sur ceux qui se plaignent des conséquences et chérissent les causes. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit que les causes sont souvent très lointaines. Pour les élucider, il faut remonter loin en amont. L’histoire des idées peut y aider.

Le fait d’avoir été ostracisé par vos pairs vous a-t-il permis de fourbir vos propres armes intellectuelles ? N’êtes-vous pas parfois tenté par la victimisation que vous dénoncez ?

Je mentirais si je disais que je n’ai pas souffert de cet ostracisme. Cela dit, d’autres ont beaucoup plus souffert que moi, et je n’aime pas me poser en victime. Vous connaissez l’adage : never explain, never complain. Le ressentiment est toujours un produit de la haine et de l’envie.

La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour

On parlait dans les années d’après-guerre de « terrorisme intellectuel », puis quelques décennies après de « police de la pensée ». Comment définiriez-vous les censeurs d’aujourd’hui par rapport à ceux d’hier ?

La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour. Mais il y a deux grandes différences. Autrefois, la censure était essentiellement le fait des pouvoirs publics, tandis que la presse jouait un rôle de contre-pouvoir. Aujourd’hui, les médias sont presque tous gagnés à l’idéologie dominante et ce sont eux qui jouent les chiens de garde en appelant à censurer. Les journalistes dénoncent d’autres journalistes, des écrivains applaudissent à l’épuration d’autres écrivains. L’autre fait nouveau, c’est que les pouvoirs publics ont privatisé la censure en la confiant aux multinationales comme Facebook et Twitter. Cela ne s’était encore jamais vu. S’y ajoute l’apparition de tribunaux d’opinion dont les réseaux sociaux sont les relais. Le principe est celui de la justice expéditive : soupçon vaut condamnation, le tribunal ne comprend que des procureurs et les jugements ne sont jamais susceptibles d’appel. La novlangue orwellienne, qu’on appelle le « politiquement correct », et les délires des milieux néoféministes et LGBT fournissent le carburant. Le résultat est quasi soviétique : en public, on n’ose plus rien dire. L’inculture régnante fait le reste.

Vous allez jusqu’à parler de « nouvelle Inquisition » à propos du politiquement correct, de la pensée unique et du diktat des minorités. Il y aurait donc là des traits rappelant la mainmise du pouvoir religieux sur les esprits ?

Il y a toujours du religieux dans le fanatisme. L’idéologie dominante, qui est toujours l’idéologie de la classe dominante, est ainsi organisée qu’elle a ses grands-prêtres, ses inquisiteurs et ses dévots. Elle appelle à la repentance, elle représente le passé comme n’étant plus qu’un motif de contrition. Elle se désole que l’histoire ne soit pas morale, mais tragique, et elle entend la réécrire selon ses canons en se réclamant d’une morale (Nietzsche aurait parlé de moraline) qui veut que la société soit rendue « plus juste », fût-ce au prix de la disparition du bien commun.

Vous dites aussi que la « pensée unique » se veut rationnelle et s’interdit tout écart par rapport à un axe qui, étant celui du Vrai, est aussi celui du Bien. Comment cette rationalité technocratique s’accorde-t-elle avec la religiosité dont nous venons de parler ?

Les deux ne sont pas incompatibles. Auguste Comte théorisait le positivisme tout en prêchant une « religion de l’humanité ». L’une des sources, trop souvent ignorée, de la pensée unique (expression que je crois avoir été le premier à employer) est l’idée que les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. L’homme étant posé comme un individu rationnel qui cherche toujours à maximiser son propre intérêt, on suppose qu’il n’y a pour tout problème qu’une seule solution optimale rationnelle elle aussi (« there is no alternative », disait Margaret Thatcher). Cette conception du monde fondamentalement impolitique ignore complètement que le politique est irréductiblement conflictuel compte tenu de la pluralité des projets et de ce que Max Weber appelait le « polythéisme des valeurs ». C’est un retour à la vision saint-simonienne, selon laquelle il faudrait substituer l’administration des choses (la « gouvernance ») au gouvernement des hommes. À terme, cette vision transforme les rapports entre les hommes en rapports avec des choses. C’est ce que le jeune Georg Lukács appelait la « réification » (Verdinglichung) des rapports sociaux.

Theodor W.Adorno, 1958. © AFP
Theodor W.Adorno, 1958. © AFP

Vous voyez dans le rêve de transparence intégrale des sociétés postmodernes un « idéal fondamentalement nihiliste » et totalitaire. La crise du nihilisme européen annoncée par Nietzsche à la fin du xixe siècle est-elle en train d’accoucher d’une société à la fois compatissante et dictatoriale ?

« Compatissante et dictatoriale » est une bonne formule. La façon dont la sensiblerie a remplacé la sensibilité, dont l’émotionnalisme lacrymal s’est substitué aux arguments raisonnés est très parlante à cet égard. Ce n’est plus Big Brother qui gouverne, mais Big Mother. Voyez ce que Christopher Lasch a écrit sur la montée de l’« État thérapeutique ». À l’heure de la chasse au coronavirus, on constate que c’était prophétique.

« Nous vivons désormais sous l’horizon de la fatalité », écrivez-vous. Iriez-vous jusqu’à penser, comme Maria Zambrano en 1945, qu’il s’agit là d’une « servilité devant les faits » annonçant l’agonie prochaine de l’Europe ?

Il y a une révérence devant « les faits » qui conduit elle aussi à l’impuissance. C’est l’un des ressorts de l’expertocratie. Or, les faits ne signifient rien par eux-mêmes, ils sont indissociables d’une herméneutique. L’homme est un animal qui interprète ce qu’il connaît en fonction de ses projets et de ses choix. Quand je parle d’un « horizon de la fatalité », je veux dire que le message implicite distillé aujourd’hui par à peu près tous les médias est que nous vivons dans un monde certes imparfait, mais qui reste quand même le meilleur sinon le seul possible. Beaucoup de nos contemporains ont intériorisé cette idée, à laquelle je ne crois pas un instant.

Vous reprochez aux nouveaux censeurs de faire des Lumières un « socle de légitimité » qui leur permet d’imposer des formes inédites de Terreur. Quel regard portez-vous sur les Lumières ?

La philosophie des Lumières s’est voulue émancipationniste, et elle nous a effectivement libérés de certains dogmes religieux. Malheureusement, elle a aussi rendu possible d’autres formes d’aliénation humaine, ainsi que l’avaient bien vu Horkheimer et Adorno : dislocation des cultures enracinées et des valeurs partagées, soumission aux diktats de la Technique, esclavage du salariat (le remplacement du métier par l’emploi), obsession de la croissance et hybris de la marchandise, remplacement des inégalités de statut par l’explosion des inégalités économiques, etc. Son épine dorsale, l’idéologie du progrès, qui conviait à regarder toute l’histoire advenue avant nous comme un amas de traditions et de superstitions sans valeurs, est aujourd’hui entrée en crise. La peur de l’avenir a remplacé les « lendemains qui chantent ». Les Lumières ont joué leur rôle, mais elles ont aussi fait leurs temps (aux deux sens du terme).

De manière directe ou indirecte, c’est la modernité que vous attaquez dans la plupart de vos livres. La liberté de pensée que vous revendiquez ne fait pourtant pas de vous un antimoderne fidèle à une tradition spécifique. Est-ce là l’équation personnelle qui est à l’origine de bien des malentendus vous concernant, et qui fait qu’il est si difficile de vous situer sur l’échiquier intellectuel contemporain ?

Je suis très allergique aux étiquettes, c’est sans doute pour cela qu’il est difficile de me situer ! Cela dit, les « malentendus » dont vous parlez se dissipent vite si l’on prend la peine de me lire. Je suis en effet un critique d’une modernité essentiellement portée par l’économisme et l’individualisme qui caractérisent l’Homo œconomicus. Mais je n’ignore pas que je suis aussi un enfant de cette modernité. Disons seulement que, tout en étant conscient que beaucoup de choses « étaient mieux avant », je ne suis pas un adepte du restaurationnisme. Je crois plutôt à la possibilité d’un nouveau commencement.

Pour le libéralisme, les cultures, les peuples, ne sont que des agrégats hasardeux d’individus

Face à la tyrannie des minorités, vous affirmez que la véritable majorité « est dans le peuple. Elle est le peuple. » Les débats autour du « populisme » montrent pourtant que la notion de « peuple » est devenue problématique. Les classes populaires ne sont-elles pas les premières atteintes par la pensée unique ?

Je n’idéalise pas le peuple, que j’essaie d’envisager dans sa double dimension de l’ethnos et du demos. Vous avez raison de dire que cette notion est problématique, ce que je souligne moi-même dans mon livre sur le populisme (Le Moment populiste, 2017). Mais les élites sont plus subjuguées encore par l’idéologie dominante, parce que celle-ci correspond à leurs intérêts. Je reste sur ce point fidèle à Jean-Claude Michéa : c’est dans le peuple, dans les classes populaires, où les réactions spontanées sont plus saines, qu’il faut rechercher le sujet historique de notre temps.

Votre dernier livre est une invitation « au rassemblement des esprits libres et des cœurs rebelles ». Un hymne à la liberté en somme, dévoyée par le libéralisme. Pourriez-vous revenir sur cette question qui est présente dans la plupart de vos écrits ?

Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité. Son anthropologie reposant sur un homme hors-sol, dessaisi de ses appartenances et de ses héritages, se construisant lui-même à partir de rien, la seule liberté qu’il reconnaisse est la liberté individuelle. Les cultures, les peuples, les pays ne sont à ses yeux que des agrégats hasardeux d’individus. Je pense au contraire que la liberté est indissociable du commun : je ne peux pas être libre si mon pays ne l’est pas.

Vous invitez à une sorte de fronde civique et intellectuelle, mais la grande question demeure : pourquoi est-il devenu si difficile, et si risqué, d’être courageux aujourd’hui ?

Le courage civil est plus rare que le courage militaire. Il comporte des risques que la plupart des riches et des puissants trouvent insupportables : perdre sa carrière, perdre son rang, perdre ses privilèges, perdre son argent. C’est toujours plus facile de rallier les « mutins de Panurge », comme disait notre cher Philippe Muray.

Parmi les procédés inquisitoriaux, il en est un qui consiste, dites-vous, à fouiller le passé d’un auteur pour y découvrir quelque péché de jeunesse « comme si la vie d’un homme pouvait être ramenée à un épisode de son existence ». Pensez-vous être resté fidèle à vous-même ou avoir évolué ?

La formule que vous citez est de Karl Marx. Le fait d’avoir évolué ne m’a jamais empêché d’être fidèle à moi-même. C’est en restant l’esprit en éveil, en gardant intacte sa capacité de curiosité, que l’on est le mieux fidèle à soi-même. Chez moi, cette évolution a, comme toujours, été marquée par des lectures décisives (Hannah Arendt, Günther Anders, Louis Dumont, Karl Polanyi, Charles Péguy, Martin Buber et tant d’autres), mais elle est aussi le reflet du monde extérieur. Je suis de ceux qui ont eu le triste privilège d’avoir vu disparaître en l’espace d’une génération une civilisation (française) et une religion (chrétienne). On peut y ajouter la fin du monde rural, l’arraisonnement du monde, le déchaînement de l’axiomatique de l’intérêt, l’effondrement de la culture, la marchandisation planétaire, le règne de l’argent transformé en capital, la montée de l’indistinction sous les effets de ce que j’ai appelé l’idéologie du Même. En trente ans, nous avons totalement changé de monde. On n’analyse pas ce qui vient en regardant dans le rétroviseur !

Miss Provence et les antisémites

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April Benayoum (notre photo), finaliste à l’élection de Miss France samedi a été visée par de nombreux commentaires antisémites.


Franchement, les concours de Miss ne sont pas ma tasse de thé. La vraie beauté est dans les courbes de la Vénus d’Arles, dans les fesses de la Vénus au miroir de Velasquez, ou le dos de la Grande Odalisque d’Ingres. Un rêve de pierre, comme dit Baudelaire. Un concept qui appartient au domaine de l’art, pas à celui des hommes.

Alors, Miss France ou Miss Monde…

Mais les déluges de haine qu’a suscités, il y a deux jours, la désignation de Miss Provence comme « première dauphine » de la nouvelle Miss France m’ont quelque peu sidéré. Je savais que l’antisémitisme avait de beaux jours devant lui, que Mohamed Merah est révéré çà et là, qu’un Tchétchène assassin de prof est vénéré dans son pays, que l’arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi a été arraché, que les salopards qui ont massacré Sarah Halimi étaient, quoi qu’en ait dit la Justice, de vrais racistes persuadés que tous les Juifs s’appellent Rothschild, etc. J’avais remarqué, dans mon adolescence militante, que la Ligue Communiste camouflait sous son antisionisme de principe des réflexes plus archaïques. Je n’ignorais pas que les Arabes, un peu partout dans le monde, rendent les Juifs responsables de leurs échecs chaque fois qu’ils ont tenté de les attaquer — comme un roquet se plaindrait de s’être fait bouffer tout cru par le molosse dont il a mordu les talons. Et que certains Musulmans pensent que le Prix Nobel devrait être attribué selon des principes ethniques, vu que les Juifs en ont récolté des paquets, et que les autres Sémites (faut-il rappeler à ces crétins que Juifs et Musulmans sont demi-frères, si l’on en croit la descendance d’Abraham ?) peinent à en décrocher un…

Mais enfin, écrire sur Twitter que la candidate — beau brin de fille, mais c’est normal, sinon elle ne serait pas là — est une bitch, comme disent ces analphabètes, parce que son père est israélien, ou que Hitler, encore une fois, a raté son coup, prouve le degré d’inculture, de racisme, de frustrations accumulées de quelques énervés dont on sait comment ils commencent et comment ils finissent. Moi qui croyais que le racisme était un délit, je me demande ce qu’attend la police pour arrêter les auteurs de tels propos.

facebook_1608461167438_6746375108431185709facebook_1608461094897_6746374804176899540facebook_1608461043874_6746374590165664565facebook_1608460990624_6746374366819895506Les Arabes ou les Turcs ont jadis constitué des empires. Les Juifs qui y vivaient étaient des citoyens de seconde zone — en Europe aussi, à la même époque. Mais aujourd’hui, de ces anciens empires, il ne reste rien — rien que des sables infertiles : inutile d’accuser la colonisation, il est des pays qui se débrouillent très bien pour faire leur malheur tout seul — l’Algérie, par exemple : comparez avec le Maroc, ancien protectorat français lui aussi, mais qui est largement sorti de la misère et de la superstition. Quant au sultan qui s’agite à Ankara, il cherche ainsi à camoufler l’échec de sa politique économique. Alors que l’Europe après la Révolution s’est réformée, même si comme disait Brecht, la Bête immonde est encore fertile — elle l’a prouvé à diverses reprises…

Eh bien voici la preuve de sa fécondité. Quelques énergumènes insultent, sous un courageux anonymat, une jolie fille qui par ailleurs ébranle sans doute leurs rêves… Et qui s’affiche en maillot de bain, sans même recourir au burkini exigé par la pudeur musulmane…

Ladite pudeur a ses meilleurs jours derrière elle. Dans les Mille et Une Nuits, l’un des plus grands romans jamais écrits (mais c’était il y a dix siècles), l’un des héros s’écrie, à la vue d’une houri terrestre : « Elle a un derrière énorme et somptueux qui l’oblige à se rassoir quand elle se lève, et me met le zeb, quand j’y pense, toujours debout ». C’était à l’époque où Bagdad était l’une des villes-phares de l’humanité — et où Haroun al Rashid, le sultan célébré de l’empire, parcourait sa ville en compagnie de son poète favori, homosexuel par choix — et ça ne gênait personne. 

Quand une nation, un peuple, un empire, ont des ressources, ils ne s’émeuvent guère des débordements lyriques des poètes. Que ce soit au niveau des civilisations ou des individus, le puritanisme est un effet secondaire de la nullité culturelle et de la peur de disparaître. Ils peuvent bien crier, déjà ils n’existent plus que dans la vocifération, l’imprécation, et le racisme. En un mot, la violence.

Cela dit, je sais que nombre de Musulmans n’adhèrent pas aux propos outranciers d’une poignée d’imbéciles. Et qu’ils regardent April Benayoum avec admiration — parce que le Beau reste le Beau, quelle que soit son étiquette. Mais les crétins hurlent si fort leur rage d’être des imbéciles qu’ils occupent le champ médiatique. Qu’ils le sachent : jamais un hurlement de rage n’a été un argument. Ni même une opinion. C’est juste un aveu d’impuissance — et c’est peut-être cela, le sale petit secret des antisémites.

Les sabotages d’Hercule, ou comment Macron veut faire disjoncter EDF


Une tribune libre de Jean-Frédéric Poisson, candidat à la présidentielle, président de VIA – la voie du peuple (Ex- Parti Chrétien Démocrate).


L’électricité française est l’une des moins carbonée du monde, majoritairement grâce à la part importante de sa production d’origine nucléaire (72% en 2018). Elle participe d’ailleurs à la lutte contre le changement climatique, avec une technologie maitrisée qui fait notre fierté, et en produisant une énergie économique de manière sûre et continue. Électricité de France est un des fleurons de notre industrie, et un acteur indispensable à notre équilibre énergétique. 

La Tour EDF (PB6) dans le quartier de la Défense, dans l'ouest parisien © MARIO FOURMU/SIPA Numéro de reportage : 00917792_000002
La Tour EDF (PB6) dans le quartier de la Défense, dans l’ouest parisien © MARIO FOURMU/SIPA Numéro de reportage : 00917792_000002

Or cette entreprise est aujourd’hui la cible d’une attaque menaçant notre indépendance énergétique. Le gouvernement de M. Macron et sa majorité soutiennent le plan dit « Hercule », qui a pour but d’organiser la vente d’EDF par départements, ainsi que le démantèlement de la filière nucléaire.

Ce plan « Hercule » est une opération de sabotage, pour ne pas dire un véritable attentat contre le bien commun de notre pays et de notre peuple

L’objectif du gouvernement, conjointement avec la Commission de Bruxelles, consiste à organiser la scission d’EDF entre la production d’une part, et la commercialisation de l’électricité d’autre part. Ceci reviendrait à privatiser les gains et à nationaliser les pertes sur l’autel de la concurrence européenne. Ou encore de faire supporter à la dépense publique les coûts des investissements, abandonnant leurs fruits aux opérateurs privés, sans aucune garantie réelle ni d’un meilleur service, ni de coûts de fourniture meilleur marché. Le contraire est même à craindre, dans la mesure où jamais la libéralisation d’un marché n’a conduit à une baisse des tarifs… 

A relire, nos révélations d’octobre: La Commission européenne préparerait le démantèlement d’EDF

Hier Alstom, Alcatel, Technip, et tant d’autres entreprises françaises vendues par appartements à leurs concurrents internationaux, jamais pour la satisfaction de nos intérêts nationaux, et toujours avec la complicité du pouvoir. Aujourd’hui l’EDF : le pouvoir exécutif français continue à démanteler notre industrie, par soumission au dogme bruxellois et faute du courage suffisant pour résister. 

Ce plan « Hercule » est une opération de sabotage, pour ne pas dire un véritable attentat contre le bien commun de notre pays et de notre peuple. Léguée par les générations précédentes, issue du génie français, EDF est une entreprise performante. Elle emploie de nombreux travailleurs très qualifiés et verse régulièrement des dividendes substantiels à l’État. Elle a par ailleurs montré une très haute capacité de solidarité au lendemain des tempêtes ou des inondations qui ont frappé nos concitoyens. Elle a pour toutes ces raisons un rôle central à jouer dans la politique énergétique tout autant que dans la relance de l’économie en France. 

Évidemment EDF a besoin de réformes. Son statut d’entreprise publique ne la place pas à l’abri des conséquences de la globalisation. Mais la « réforme » proposée ici consiste à faire entrer la globalisation au cœur de l’entreprise plutôt que de la protéger, et par là même nous protéger tous.

Dès aujourd’hui, je veux dénoncer cet invraisemblable plan Hercule, qui met gravement à mal le peu qui nous reste de notre indépendance énergétique. 

Le maintien de l’ensemble de la production électrique sous la même autorité doit être garanti, conformément au cœur de métier de l’entreprise, dont des politiciens mal avisés et des prédateurs soucieux de s’engraisser ont désormais trop profité. En même temps que le renforcement de la part d’énergie nucléaire dans notre production, le recours aux énergies renouvelables doit être encouragé, la recherche et leur développement renforcés – le solaire semblant plus prometteur que l’éolien, rejeté à juste titre par la population. Mais le peuple français doit exiger sur ce point une condition : que ces énergies dites renouvelables ne soient pas aussi nocives pour l’environnement – le nôtre comme celui d’autres régions du monde – que le sont les énergies traditionnelles. Il est clair que contrairement à ce que chantent les mantras écologistes ces temps-ci, nous en sommes très loin…

A lire aussi: Proust à l’ombre des éoliennes

Voilà ce que devrait être simplement la politique de la France. Nous ne devons pas accepter de laisser démanteler par Bruxelles et aux ordres de Berlin le fleuron national de notre industrie énergétique. C’est en raison de ces renoncements permanents, de l’embourbement de notre pays, de ces soumissions à l’hégémonie de l’Union Européenne que je m’engage dans la bataille présidentielle. Comme beaucoup de Français, je refuse ce qui n’est plus un laisser-faire paresseux, une négligence destructrice pour notre peuple et notre pays, mais bel et bien une volonté. 

La politique de l’Énergie que je veux mettre en œuvre consiste donc à défendre les fleurons de notre industrie et à consolider une approche économique innovante. Le « nouveau monde » d’Emmanuel Macron est totalement passé à côté de cette réalité qu’il n’a ni vue ni anticipée, et que l’écologie politique contraignante est incapable de gérer.

Nous sommes face à l’impérieuse nécessité de conserver et protéger notre souveraineté énergétique mise en danger par le plan Hercule. Nous devons consolider  notre outil industriel nucléaire, continuer à développer notre savoir-faire, exporter notre technologie. Nous devons nous opposer au démantèlement d’EDF prévu par ce plan Hercule qui fera disjoncter l’intégralité de notre filière électrique, et la stratégie d’indépendance énergétique de la France.

Noël interdit au Québec

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2020, année de l’Homo sanitarus, est l’année où le lien social s’est brisé.


2020 aura été sans contredit l’année du nouvel ordre sanitaire. Ce nouveau régime est moins un produit ex nihilo que l’aboutissement de logiques et de façons de penser propres à la modernité. Jamais le monde n’aura été autant codifié et aseptisé: place au safe space politique, psychologique et maintenant sanitaire. Naguère lieu d’échange et de saines confrontations, l’espace public est déserté (physiquement comme intellectuellement) au fur et à mesure que nous sommes invités à rester confinés dans notre bulle pour notre santé physique et mentale. De notre confinement toujours plus grand naît une polarisation toujours plus grande. C’est le triomphe de la chambre d’écho.  

Des colonnes de chiffres, toujours des colonnes de chiffres…

Le nouvel ordre nous fait entrer dans une société qui n’est plus qu’un amoncellement de phobies et d’égocentrismes, un univers de l’aplanissement total où la possibilité de l’aventure est réduite à néant. Tout est gestion du risque, bilans, inventaires et police d’assurance. Notre monde désenchanté ne réfléchit plus qu’en termes de résultats, d’objectifs et d’oppressions potentielles (freiner plus de cas, épargner plus, optimiser des services, être plus représentatif de tel groupe, etc.). Nous quantifions et mesurons sans cesse, comme si les nombres affichés sur nos écrans pouvaient résumer nos vies entières. 

En kiosque: Causeur: Trêve des confineurs!

Ce monde hyper technicisé des «produits et services essentiels» ne permet plus aucune exception: les librairies, les arts et la culture, qui ont besoin d’un public en chair et en os, sont vus comme des entraves à la santé publique et non comme le moyen par lequel l’homme parvient à s’élever. Le sacré a disparu au profit de Netflix: tout est devenu cause et conséquence dans un monde obsédé par les corrélations. Ce monde sans passion ni magie, sans profondeur ni finalité autre que celle de repousser sans fin la mort, nous fait bien plus mal que le Covid-19.

Après la mort sociale, la vie numérique

Au Québec, l’interdiction du gouvernement Legault de se réunir en famille pour Noël en dit long sur une société qui vit dans le mythe de la solidarité alors que le lien social ne tient plus qu’à un fil dans cette province nordique où l’État est roi. Le Québec n’est pas la seule société occidentale à se trouver dans une situation pareille. En encourageant la délation des vilains débauchés qui oseraient encore se réunir à Noël, le gouvernement Legault et le maire de Montréal, Valérie Plante, assurent agir pour le bien commun, mais contribuent au fond à la dislocation d’une société qui n’avait déjà plus beaucoup de repères.

Valerie Plante, le Maire de Montréal © William Volcov/REX/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40718602_000059
Valerie Plante, le Maire de Montréal © William Volcov/REX/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40718602_000059

L’interdiction de se réunir en famille à Noël a été présentée par le gouvernement et des humoristes comme l’occasion rêvée de se libérer enfin du poids du groupe et de la tradition. Jamais la logique du repli personnel ne s’était autant imposée au Québec. En présentant les citoyens qui veulent se regrouper comme des extrémistes microbiens fomentant un quasi génocide, le gouvernement Legault contribue aussi au succès fracassant des GAFAM, dont le but est d’abolir les frontières géographiques par la voie du virtuel. Mais paraît-il que ce gouvernement est patriote et favorable à la «démondialisation».

À la poubelle, nos traditions

En Occident, nous célébrons avec passion les traditions des peuples étrangers grâce au multiculturalisme, mais nous contribuons à notre propre extinction culturelle en présentant les grands événements de notre vie comme des risques à prévenir, sinon comme des dépenses inutiles en temps ou en énergie. Peut-être même aussi en empreinte écologique. Le décorum se fait rare. Religieuses ou laïques, les quelques fêtes qui ponctuaient encore l’année étaient pourtant là pour nous rattacher minimalement à une communauté et à un cadre temporel indépendant de notre petite routine. On répète ad nauseam que les interdictions sont temporaires, mais elles laisseront des traces sur les mentalités, peu importe le moment de leur hypothétique levée. 

A lire aussi, Nadia Geerts: Le safe space ou la fabrique victimaire

Ils sont des milliers de décideurs et d’experts à nous expliquer que la perpétuation des mesures sanitaires – qui vont encore durer plusieurs mois selon les pronostics – relève de la science et uniquement de la science. Pourtant, si c’est évidemment la science qui nous permet de détecter le virus, le confinement relève d’une décision politique qui fait appel à une philosophie du risque zéro allant de pair avec la médicalisation de l’existence. Le confinement à long terme est aussi idéologique que scientifique, d’autant plus que nos saints outils «scientifiques» n’ont jamais pu prendre en compte l’infinie diversité des dommages collatéraux engendrés par ces mesures. 

L’erreur de l’Homo sanitarus est de croire qu’il peut aplanir toutes les courbes qui se présentent à lui comme s’il avait remplacé Dieu. Il pense qu’il peut confiner sinon vacciner son malheur, soulever toutes les montagnes qui le contrarient et vivre dans la propreté immaculée. Il pense qu’il peut ériger autour de lui une immense muraille aux allures de safe space. C’est une autre illusion qui le rend encore plus malade que le Covid-19.

La face cachée du multiculturalisme

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Le « Beauvau de la sécurité » ne peut réussir que sous certaines conditions…

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Le « Beauvau de la sécurité », dont la date de début est prévue pour janvier 2021, doit déboucher sur une réforme de la police. L’initiative ne sera une réussite qu’à certaines conditions.


Pas la moindre hésitation : je connais et je respecte la police qui dans l’immense majorité de ses pratiques est digne de sa mission. Je rends grâce à l’institution policière, gardienne de la tranquillité publique et de la démocratie, et je ne suis pas de ceux qui la vitupèrent sans cesse sauf lorsqu’ils ont besoin d’elle.

Le manque de soutien d’Emmanuel Macron envers les policiers

J’ai déploré, bien sûr, que le président de la République, par démagogie, sur Brut, ait dénoncé les violences policières comme si elles étaient structurelles et non pas le fait de quelques fonctionnaires de police ayant eu un comportement illégitime. Il m’est apparu très dangereux de sa part de laisser croire à un parallélisme entre le rôle de la police avec l’usage de sa force légitime et les transgressions de ceux qui s’en prennent compulsivement à elle, par idéologie ou détestation réflexe pour tout ce qui est incarnation officielle.

Emmanuel Macron lors de son interview accordée au média Brut © BERTRAND GUAY / AFP
Emmanuel Macron lors de son interview accordée au média Brut © BERTRAND GUAY / AFP

Un président de la République ne devrait pas avoir un autre discours que de soutien, par principe, à un corps qu’il est essentiel de conforter dans le respect qu’on lui doit et l’obéissance républicaine que l’honnêteté citoyenne majoritaire ne discute pas.
Une telle attitude du président aurait été d’autant plus fondamentale que par exemple une forte proportion de la jeunesse, absurdement, incrimine le racisme de la police.

Le « Beauvau de la sécurité », une bonne initiative

Je ne méconnais pas le caractère purement tactique, le procédé de compensation qui sont à la base de la proposition du Beauvau de la sécurité, pour les élus, les citoyens et la police. Emmanuel Macron a cherché à rattraper ainsi son erreur d’analyse et de communication. Mais il n’empêche que même contraint et forcé, le président a pris une initiative qui a du sens et je regrette que les syndicats Alliance et UNSA aient d’emblée décidé de lui opposer un refus.

A lire aussi, Louis Hausalter: «Marion Maréchal candidate, ce n’est pas pour 2022!»

Il me semble que le malentendu essentiel tient à une différence de perception sur la finalité de ce « Beauvau de la sécurité ». Son but ne sera évidemment pas de permettre à tous les syndicats policiers de formuler leurs revendications concrètes – le ministre de l’Intérieur reçoit le 18 décembre les représentants de la police et de la gendarmerie pour cela – mais de favoriser enfin l’existence d’un authentique débat démocratique pluraliste.

Il ne suffira pas de le limiter aux policiers, aux élus et aux citoyens mais il conviendra au contraire d’y insérer tous ceux qui directement ou indirectement participent du désarroi psychologique et humain de la police. Les magistrats et les journalistes notamment.

Entre les magistrats et la police, une relation tendue

La relation des magistrats avec la police suscite souvent chez elle l’irritation, parfois l’indignation la plus vive. Et la manière dont les journalistes, droite et gauche confondues, rendent compte de la réalité policière, de ce qu’elle affronte et de ce qu’elle subit est infiniment perfectible, surtout en se gardant de cette présomption de culpabilité qu’on attache plus volontiers aux défenseurs de notre société qu’à ceux qui la troublent et la mettent à feu et à sang.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Flics Lives Matter

Quand j’étais magistrat, j’étais un partisan convaincu de ce que j’aurais aimé être les états généraux de la Justice et j’ai regretté, à un degré moindre, la disparition des portes ouvertes dans les juridictions. Parce que ceux-là comme celles-ci auraient eu des effets infiniment bénéfiques et éclairants pour la pacification du lien entre la société et le service public de la Justice.

Un Beauvau pour exprimer ce qui n’est jamais dit au quotidien

L’utilité du Beauvau de la sécurité, dans tous les cas, bien avant la satisfaction des revendications policières, tiendra à ce rassemblement des discours, des doléances et des protestations pour faire sortir chacune de ces instances, de ces solitudes aigries ou ignorantes, de leur autarcie, de les contraindre à écouter et à apprendre, de constituer cette réunion comme le droit, pour tous, d’exprimer ce qui dans la quotidienneté n’est jamais dit, une hostilité, un désir de reconnaissance, des contradictions qui, libérés, purifieront forcément une atmosphère généralement trop délétère.

Ces rencontres, à partir de janvier, ne seront pas un gadget, un artifice, une manipulation si on n’attend pas d’elles ce qu’elles ne pourront pas donner. Le Beauvau sera une réussite si police, ministère de l’Intérieur, élus, magistrats, juges et citoyens, mêlés, la poussent au meilleur.

Alors, oui au Beauvau malgré tout!

L’avènement de la biocratie

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Le billet du vaurien


Il me semble de plus en plus vain de critiquer les mesures « liberticides » portant atteinte, au nom de la santé, à nos droits individuels, à la culture et à la liberté d’expression.

Pourquoi ? me demanderez-vous peut-être. La réponse est évidente: nous sommes entrés dans une ère nouvelle que je qualifierais volontiers de biocratie, biocratie qui est par ailleurs largement plébiscitée par la population. La démocratie était à bout de souffle, flirtant tantôt avec un populisme inspirant la terreur, tantôt avec un socialisme devenu obsolète. La démocratie avait eu son heure de gloire, mais comme l’aristocratie avant elle, le déclin la guettait. Plus personne n’y croyait vraiment: le désarroi de ses dirigeants le disputait à leur peur panique d’être trainé devant des tribunaux, populaires ou médiatiques.

En revanche, la biocratie qui n’aspire qu’à préserver la vie – que ce soit celle de la planète ou celle des individus – était visiblement attendue, aussi bien par les écologistes que par des populations vieillissantes plus soucieuses d’une retraite confortable que d’utopies politiques dont elles avaient été gavées et qui ne suscitaient plus que des sourires attendris ou narquois. Le Covid-19 est arrivé à point nommé pour semer la frayeur dans le monde entier et instaurer cette biocratie qui imposa aussitôt ses nouvelles règles – hygiénistes bien sûr – et son administration reposant sur un ordre médical prêt à se déchirer pour des miettes de pouvoir et les profits qu’il en tirerait.

A lire aussi, Stéphane Germain: Covid: tout ça pour une poignée de boomers!

La biocratie qu’on peut définir comme la santé plus la surveillance de tous par chacun, est une forme de gouvernance presque impossible à combattre. Elle ressemble à une dictature, sans en être une. Son modèle pourrait être chinois. Au fait, qui a dit que quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera? Oui, le monde tremble, mais de peur. Tout en étant soulagé que tant d’experts en santé publique veillent à sa protection et nous débarrassent incidemment de ce poids qu’on appelait autrefois la liberté. Il ne nous en reste plus que le goût, mais il est amer.

Il paraît qu’avec le Covid 19 de nombreux patients même guéris souffrent d’hallucinations visuelles. Ainsi, une femme en rentrant chez elle s’est mise à voir des lions et des singes. Il m’arrive à moi aussi de voir des populations entières masquées. Sans doute suis-je victime d’hallucinations. J’entend également des pontes de cette nouvelle religion affirmer que, même avec des vaccins, il faudra continuer à adopter les fameux gestes-barrières jusqu’à la fin des temps. Serais-je victime d’hallucinations auditives ? À moins que la biocratie n’engendre une forme de délire collectif.

Petit scandale: Marcel Campion accusé de ne pas être gay friendly

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Ah, la jaquette et l’étiquette! Déplaisants, des propos insignifiants sur des élus à l’homosexualité revendiquée peuvent désormais valoir condamnation en justice. Marcel Campion vient d’en faire l’expérience en étant condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir dit que Bruno Julliard « était de la jaquette ».


Pourquoi certains mots sont-ils interdits alors que pleins d’autres sont permis ?

Le lobby gay à travers les âges

Pendant longtemps – sauf chez les Grecs de l’Antiquité – l’homosexualité a été réprimée. Oscar Wilde a fait de la prison en Grande-Bretagne pour pédérastie (c’est comme ça qu’on disait à l’époque). Sous l’Occupation l’homosexualité a connu des moments fleurissants. Jean Cocteau et son amant Jean Marais pouvaient sans difficultés s’achalander en jeunes garçons dans les boîtes qui en proposaient à la pelle. Reste que pour autant l’homosexualité a été considérée le plus souvent comme un vice. Tout cela est fini et heureusement fini. Le mariage pour tous a consacré cette incontestable avancée. 

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Paris n’est plus vraiment Paris

Venons-en aux faits maintenant. Nous allons vous parler de Marcel Campion le roi des forains, qui est une grande gueule passablement vulgaire. Et de lui et de Bigard on ne sait lequel des deux a copié sur l’autre. La phrase incriminée qui lui a valu sa condamnation est la suivante : « Bruno Julliard est un peu de la jaquette… Il a fait des folies avec Bertrand Delanoë et, paf, il s’est retrouvé premier adjoint à la mairie de Paris ». On a connu plus élégant et plus fin. Mais Campion ne parle pas comme la Princesse de Clèves. Fallait-il pour autant le condamner ? Certainement pas : la vulgarité n’est pas punie par la loi. 

Anne Hidalgo et Marcel Campion, en 2016 © COLLOT HENRI/SIPA Numéro de reportage  : 00748607_000005
Anne Hidalgo et Marcel Campion, en 2016 © COLLOT HENRI/SIPA Numéro de reportage : 00748607_000005

La vulgarité est-elle interdite?

Depuis quelques années homosexuels et hétérosexuels sont égaux. C’est une bonne chose. Mais égalité suppose égalité de traitement. Sera-t-on condamné si l’on écrit que Julie Gayet « a fait des folies » avec François Hollande ? Sera-t-on traduit en justice si l’on dit que Carla Bruni a eu des bontés pour Nicolas Sarkozy? Les gays ont des droits mais ils n’en ont pas plus que d’autres.

A lire ensuite, Sylvie Perez: Les Anglais laissent tomber le T

Il me revient que Pierre Bergé – qui s’était arrangé pour caser un de ses amants à la mairie de Paris – plaidant pour la GPA avait déclaré : « des ouvrières louent leurs bras, elles peuvent bien louer leurs ventres ». Ce n’était pas vulgaire : juste infâme. On avait là un milliardaire parlant des esclaves féminines… Bergé a-t-il été condamné ?

Les leçons de vie de Gims

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Gims lors des NRJ Music Awards à Cannes le 10 novembre 2018. © LAURENT VU/NMA 2018/SIPA Numéro de reportage : 00883847_000117

Gims, le rappeur congolais ancien membre du groupe Sexion d’Assaut, a donné une interview à Paris Match. Le chanteur y parle notamment d’esclavage, de racisme, et donne sa vision de la France d’aujourd’hui. Morceaux choisis…


Gandhi Djuna ne veut plus qu’on l’appelle « Maître », et préfère désormais qu’on le nomme simplement Gims : « A la base, je me suis appelé comme ça par rapport aux mangas, aux arts martiaux. J’aimais bien. C’était un délire de gamin, un petit peu », expliquait-il dans l’émission C à vous le 4 février 2019. Le rappeur, né au Congo, est à l’heure de la maturité. Alors qu’il enchaîne les interviews pour la promotion de son quatrième album « Le Fléau », celui qui n’est plus un “gamin” se permet de donner son avis sur les questions raciales, qui n’ont cessé d’agiter l’Occident ces derniers mois.

À lire aussi, Yannis Ezziadi: Culture: ils s’estiment méprisés par le pouvoir et investis d’une si noble mission…

Heureuse surprise : contrairement à nombre de ses collègues du show-biz, Gims ne tombe pas complètement dans le discours victimaire. À la une de Paris Match le 17 décembre, le chanteur a livré son ressenti sur le racisme, le mouvement Black Lives Matter et l’état de la société française, qui l’a recueilli, après sa fuite du Zaïre où sa famille était menacée de mort. Il assure ne pas éprouver de ressentiment contre une partie de la population: « J’ai rencontré des gens incroyables en France, je ne suis pas dans cette haine de Noir, de Blanc. » Avant de gravement transgresser la doxa antiraciste. D’abord en révélant croire « totalement » à l’ascenseur social promis par la France, puis en expliquant ne pas vouloir prendre part au mouvement Black Lives Matter, dont l’idéologie le froisse: « Le fait de devoir proclamer que la vie d’un Noir compte est une dinguerie absolue. On complique les choses. » Il ajoute même:  « On sait que l’esclavage a été pointé du doigt. Il n’est pas le fait de tous les Blancs. Les Noirs aussi ont fait des choses horribles. »

Une de Paris Match du 17 décembre 2020.© D.R
Une de Paris Match du 17 décembre 2020.© D.R

Colère chez les progressistes

Le rappeur a ainsi provoqué l’ire des obsédés de la race venue de la gauche progressiste sur Twitter. Dan Hastings, journaliste franco-britannique pour le HuffPost UK et British Vogue s’indigne sur le contenu de l’interview de Gims : « Rien ne va dans cette interview », « Un joli discours de droite en somme ».

Même son de cloche pour Charlotte Recoquillon, docteure en géopolitique à Paris VIII spécialisée sur les violences policières, le racisme et le mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis : « On avait bien besoin de terminer 2020 avec Gims qui récupère des symboles du #blackpower pour ensuite expliquer que #BlackLivesMatter est un slogan qui amoindrit les Noirs, et que c’est pcq c’est inadmissible que ça existe qu’il ne manifeste pas. Cette itw est une dinguerie !! »

D’autres sont plus violents encore sur le réseau américain : « Si vous aimez votre couleur de peau vous ne pouvez pas cautionnez (sic) ce que dit ce gims de mes deux! Blacklisted moi cet inculte! Honte à la personne qui a élevé ce tordu! », écrit l’un d’eux.

Rien de bien transgressif pourtant dans le discours de Gims. Ce n’est pas Patrice Quarteron ou Candace Owen non plus ! D’autant qu’il confirme que le racisme contre les noirs serait plus fort aujourd’hui que lors des dernières décennies : « Aujourd’hui en 2020, j’en souffre plus (du racisme) que dans les années 90 ou qu’au début des années 2000. Ce qui s’est passé avec George Floyd, avec cet Américain qui a pris sept balles dans le dos, avec cet entraîneur lors du match PSG-Istanbul, sans parler de Michel Zecler [producteur lynché par des policiers en novembre à Paris, ndlr]… » Il poursuit : « Ce rejet de l’homme noir est probablement lié à plein de choses: tous ces films qu’on a pu voir sur l’esclavage, ces séries, ce qu’on a appris à l’école sur le sujet… » Gims ne va pas rejoindre la fachosphère de sitôt.

Maitre Gims n’a pas toujours eu ce discours mesuré

Les opinions livrées par Gims dans Paris Match cette semaine demeurent moins victimaires que celles qu’il livrait au temps ou il rappait dans le groupe Sexion d’Assaut. En 2012 il dénonçait la spoliation du continent africain dans le titre « Africain » : « Ils nous ont divisés pour mieux nous dominer. Ils nous ont séparés de nos frères les Antillais Africains ». Pire, en 2010, son compère Black M fustigeait la France comme un « pays de kouffars (infidèles) » dans le titre « Désolé » : « J’me sens coupable, quand j’vois ce que vous a fait c’pays de koufars ». Un documentaire Netflix qui lui est consacré a révélé que Maître Gims a même été sous l’influence de l’islamisme: en 2005 il a rejoint le mouvement fondamentaliste des Frères du Tabligh, avant d’en sortir et de dénoncer une secte. Il affirme désormais avoir trouvé une forme de paix intérieure grâce à l’islam. Gims a appris des erreurs de Maître Gims et vient désormais nous livrer la bonne parole. Réjouissons-nous que son discours ne prenne pas la direction voulue par Rokhaya Diallo, Lilian Thuram et consorts.

À lire aussi, Charles Rojzman: À quoi sert la victimisation?

Pour remplir le Zénith ou le Stade de France, il s’agit aussi de ne pas froisser son public, qui n’est probablement pas le même que celui du temps de Sexion d’Assaut.

La laïcité guimauve du SNUIPP

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Manifestation d'enseignants à Toulouse le 10 novembre à l'appel de Snes-Snep-Snuep, Snuipp, CGT educ action, SNFOLC-Sud education © FRED SCHEIBER/SIPA Numéro de reportage: 00990499_000002

Connaissez-vous le SNUIPP? Derrière ce sigle se drape le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (professeurs d’enseignement général de collège), syndicat majoritaire dans le premier degré. Partisan de règles sanitaires à la soviétique, le syndicat est toujours enclin à s’indigner du moindre assouplissement du « protocole sanitaire » dans les salles de classe, pas assez drastique à son goût. En revanche, il est bien plus accommodant sur la laïcité. Pour preuve, les pistes de lecture recommandées sur son site pour “enseigner après les attentats”.


À la fin du mois de septembre, en compagnie de ses camarades du FSU et de la CGT, le SNUIPP se fendit d’un communiqué volant au secours de ses camarades musulmans suite au projet de loi sur le séparatisme : « Personne n’est dupe : ce sont nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane qui sont visés par ce projet de loi […] Hérité du racisme colonial, ce projet est une nouvelle expression d’un débat public saturé de fantasmes xénophobes ». 

Depuis la décapitation du professeur Samuel Paty, le syndicat propose sur son site « quelques pistes pédagogiques pour aider les enseignantes et les enseignants » des écoles primaires à « enseigner après les attentats ». 

Après des vidéos à destination de nos bambins expliquant avec des dessins la notion de laïcité, l’utilisation d’un entretien de la revue Les cahiers pédagogiques avec un didacticien dénommé Michel Tozzi – lequel est présenté comme « professeur émérite en sciences de l’éducation »- est suggérée. Fort de ce statut de didacticien, l’intéressé nous y priait, juste après la tuerie de Charlie-Hebdo en 2015, de « ne pas réduire, à cause des événements, la question de la liberté d’expression à la question religieuse » et soutenait sans frémir que « 50% des procès aux dessinateurs français sont le fait des multinationales ». Peut-être, mais il n’est pas certain que les familles des victimes d’attentats apprécient ce relativisme. 

Sus aux « convertis » laïcards! 

« Pour se mettre au point » sur le concept de laïcité, il est également proposé un manifeste de la Ligue de l’enseignement. Dans une savoureuse introduction, la Ligue nous met en garde : « Des prières dans la rue à la viande halal, en passant par la non-mixité des piscines ou le port de signes religieux, tout est bon pour interpeller nos concitoyens sur les risques que ferait courir à nos traditions républicaines l’expression publique des convictions religieuses. Les fraîchement convertis à l’idée laïque apparaissent comme les plus virulents dans sa défense, non sans arrière pensée car évidemment ils considèrent que toutes les religions ne présentent pas les mêmes dangers : c’est bien l’islam qui est stigmatisé comme portant atteinte à une conception particulière de « l’identité française » »

A lire aussi: Coexister: touchée, mais pas coulée

Et un peu plus loin : « Il faut courageusement faire l’examen critique des prétentions hégémoniques d’une culture dont l’universalité proclamée cache souvent des tentations uniformisantes ». Vous pensez encore que les Zineb El Rhazoui, Hassen Chalghoumi ou autres soldats de la laïcité traqués par les islamistes sont bien méritants ? Détrompez-vous ! En comparaison des coups encaissés par les courageux militants de la Ligue de l’enseignement, ils vivent une promenade de santé.  

La « laïcité interculturelle » de Rokhaya Diallo…

Venons-en à Comment parler de la laïcité aux enfants, livre rédigé par Jean Baubérot suggéré par le SNUIPP à ses adhérents pour “aider à préparer la classe”. Baubérot est présenté comme le fondateur de la « sociologie de la laïcité » – il est interdit de sourire – et il cosigne son ouvrage avec Rokhaya Diallo. La militante afro-féministe, qui a déploré il y a peu l’interdiction du voile intégral en France auprès des Qataris d’Al Jazeera regrette que « le paradoxe de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux à l’école, réside dans le fait que, mis à part quelques sikhs, seules les filles musulmanes ont été exclues de l’école ». A quand des curés en soutane armés d’énormes croix à l’assaut des cours de récré pour changer la donne ? Un chapitre intitulé Une laïcité interculturelle interpelle le lecteur avec ce sous-titre : Le Québec, avenir de la France ? Nos deux gâte-papiers s’en frottent déjà les mains : « La laïcité interculturelle signifie que les Québécois peuvent s’apprécier et former un groupe, quels que soient les parcours les croyances (la virgule a été omise dans le livre) et les idées des uns et des autres ». Dans les colonnes de Libération, Régis Debray a soutenu il y a peu que « le mot de laïcité n’existe dans aucune autre langue, mis à part le turc […] où il n’a pas du tout le même sens ». L’intellectuel se tromperait-il ? « L’idée que la laïcité est une exception française est fausse, et sa répétition ne la rend pas exacte pour autant », assurent sans rire Jean Baubérot et Rokhaya Diallo.

A lire aussi: Rokhaya Diallo: « Cher.e.s lectrices et lecteurs de Causeur… »

L’embrigadement des futurs citoyens se poursuit sur le site du SNUIPP avec un Petit manuel pour une laïcité apaisée, une publication du même Jean Baubérot et du « cercle des enseignant.e.s laïques ». Cette prose est parvenue à écœurer Laurent Joffrin – qu’on peut difficilement soupçonner de zemmourophilie : « les auteurs se lancent à plusieurs reprises dans un réquisitoire vibrant contre la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires dans les salles de classe. Étrange croisade », écrit-il dans Libé. Dans leur lutte autoproclamée laïque, ils soutiennent en effet que les musulmans sont victimes d’une « traque des vêtements censément religieux, d’une surveillance accrue des élèves supposé.e.s musulman.e.s , d’une injonction insistante à l’adhésion aux valeurs républicaines ». Halte à l’islamo-phobie des CPE ! « Pendant qu’on nous fait croire qu’il est féministe de renvoyer une jeune femme car elle porte une jupe au-dessus de son pantalon, on laisse le sexisme institutionnel forger le destin scolaire des élèves, par exemple dans l’orientation, par exemple dans la représentation des femmes dans les manuels », s’offusquaient deux co-auteurs de l’ouvrage dans un entretien il y a quatre ans.  

Générations offensées

Le SNUIPP propose enfin de lire à vos enfants En finir avec les idées fausses sur la laïcité de Nicolas Cadène, secrétaire général de l’Observatoire de la laïcité. Dans une vidéo postée sur sa chaîne Youtube, le géopolitologue Pascal Boniface vient de se réjouir que l’auteur ait été soutenu « par les meilleurs universitaires […], par la Ligue des Droits de l’homme et par la Ligue de l’enseignement », et affirme qu’« Emmanuel Macron n’a pas à céder à la pression pour décapiter l’Observatoire de la laïcité ». Une métaphore qui devrait ravir la famille de Samuel Paty. 

A relire: Samuel Paty, récit de la chasse à l’homme d’un hussard noir

À la décharge du SNUIPP, Histoire de la laïcité, genèse d’un idéal par Henri Pena-Ruiz, est tout de même cité en fin de liste. À quoi le syndicat n’a pas jugé utile d’ajouter le Dictionnaire amoureux de la laïcité du même auteur, vivement conseillé par Jean-Paul Brighelli. S’il n’était pas aveuglé par son idéologie tiers-mondiste, le SNUIPP aurait aussi recommandé de parcourir Penser la laïcité de Catherine Kintzler, Génie de la laïcité par Caroline Fourest ou Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école de Jean-Pierre Obin. 

Craignant de froisser les musulmans, il ne l’a pas fait. Au pays de Voltaire, il prêche donc une laïcité « apaisée », « repensée », « interculturelle », « inclusive » – à quand une laïcité « intersectionnelle » ? -, une laïcité dévoyée qui n’a d’égal que la soumission aux jeunes âmes outrées à la vue d’une caricature de Charlie. Soyez fin prêts pour le meilleur des mondes, la croissance des générations offensées ne fait que commencer. 

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Procès Sarkozy: qui jugera nos juges ?

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Nicolas Sarkozy, le 10 décembre 2020. © J.E.E/SIPA Numéro de reportage : 00995739_000022

Les juges se font un malin plaisir de prendre en charge les dossiers politiques, quitte à user de méthodes peu scrupuleuses. Dans le procès mettant en accusation Nicolas Sarkozy, tous les moyens sont bons pour essayer de démontrer qu’un pacte de corruption a été scellé. Mais l’accusation n’a pas de preuves formelles. Qu’ils aient voté pour lui ou pas par le passé, de nombreux Français s’indignent de voir leur ancien président menacé d’une peine d’emprisonnement.


Le 8 décembre s’est clos le procès qui met en accusation Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog ainsi que l’ancien premier avocat à la Cour de cassation Gilbert Azibert.

Pour rappel, l’ancien président et son avocat sont suspectés d’avoir demandé à ce dernier de leur fournir des informations sur les débats de la Cour de cassation concernant la saisie de l’agenda de Nicolas Sarkozy dans le cadre des poursuites judiciaires liées à l’affaire Bettancourt. En échange, Nicolas Sarkozy aurait usé de son influence pour aider Gilbert Azibert à obtenir un poste à Monaco, conversant sur un téléphone secret à la carte SIM au nom désormais célèbre de « Paul Bismuth ».

Une inquiétante judiciarisation de la vie politique française

Ce procès avait tout pour exciter la curiosité médiatique. C’est d’abord la première fois de
l’histoire de la Ve République qu’un procureur requiert une peine d’emprisonnement
pour un ancien président de la République, réquisition qui créa la surprise par sa sévérité, et qui tranche radicalement dans un contexte où le doute plane encore sur l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy dans le jeu politique. Ensuite parce que ce procès fut pour le moins théâtral, et que, de la subtile plaidoirie de Jacqueline Laffont aux saillies grandioses de Hervé Temime, en passant par les agitations corporelles de l’ancien président et les liens d’amitié profonde qui unissent Hervé Temime à Thierry Herzog, le procès fit une fois de plus la démonstration que la politique comme la justice se font devant le 4e mur.

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Du point de vue de l’analyse politique, ce procès est surtout symptomatique d’un renversement dangereux entre la justice et le politique. Nous en voulons pour preuve l’apostrophe de Jean-Luc Blachon, l’un des deux procureurs du procès aux côtés de Céline Guillet : « La République n’oublie pas ses anciens présidents, mais ses anciens présidents ne doivent pas oublier la République et l’État de droit », a-t-il admonesté à plusieurs reprises devant l’accusé présidentiel. On devine dans cette phrase une accusation envers le politique, comme l’orientation d’un parquet parfois partial qui choisit ses proies selon la couleur de leur carte, et donnant le choix entre son omniprésence et le retour aux lettres de cachet. Or si quelqu’un ne respecte pas l’État de droit dans cette affaire, c’est bien la justice elle-même. D’abord parce que les méthodes mises en œuvre par l’information judiciaire du Parquet National Financier ont fait fi du scrupule et de la légalité. La perquisition du bureau de Gilbert Azibert fut étonnante dans la mesure où ce dernier était normalement couvert par le secret du délibéré, ce qui a ensuite été reconnu par le Conseil Constitutionnel qui n’a toutefois pas donné d’effet rétroactif à sa décision.

Un dossier peu consistant

Les écoutes des conversations secrètes tenues entre Sarkozy et Herzog, ébruitées ensuite au mépris du droit auprès du gouvernement de Jean-Marc Ayrault (et en particulier de la garde des Sceaux de l’époque Christiane Taubira) fut carrément une atteinte au secret professionnel. Quant à l’information judiciaire ouverte par le PNF, qui a épluché les notes téléphoniques – ou « fadettes » – de 60 lignes dont certaines de grands avocats, elles constituent ce qu’Éric Dupont-Moretti – qu’on ne peut suspecter d’alliance politique avec Sarkozy – a qualifié de « méthodes de barbouzes ».

Malgré ces informations judiciaires illégales, malgré les 96 heures d’interrogatoires de
Nicolas Sarkozy – aurait-on été aussi zélés pour un justiciable « normal » ? – on aurait au
moins pu s’attendre à ce que le dossier constitué par le PNF eût quelque consistance. Il n’en est rien.

Que la justice demande l’application de l’État de droit à un ancien président est une chose bien naturelle. Simplement, force est de constater que le parquet lui-même a violé les conditions d’un procès sain et équitable à plus d’une reprise

Sur toute cette débauche de recherches acharnées et d’écoutes à la soviétique, le dossier
constitué par le parquet s’appuie exclusivement sur les 19 écoutes de conversation
téléphoniques entre Sarkozy et Herzog sous la carte SIM de Paul Bismuth, dans lesquelles on peut entendre Nicolas Sarkozy dire en 2014 qu’il aiderait Gilbert Azibert, mais qui n’avait absolument pas candidaté pour un quelconque poste à Monaco, ce qu’Hervé Temime souligne au cours du procès. De ces enregistrements, on ne retient que des conversations amicales qui ne permettent pas de porter une seule accusation fondée. Réponse du parquet : c’est bien parce qu’ils n’ont rien dit qu’ils savaient être écoutés, et qu’ils sont donc coupables ! « Nous sommes face à une accusation diabolique, où s’il n’y a rien, c’est qu’on est coupable », résume Temime.

À lire aussi, Philippe Bilger: Nicolas Sarkozy a-t-il été un « voyou »?

Que la justice demande l’application de l’État de droit à un ancien président est une chose bien naturelle. Simplement, force est de constater que le parquet lui-même a violé les
conditions d’un procès sain et équitable à plus d’une reprise, face à un Nicolas Sarkozy qui s’est soumis aux procédures, contre lequel personne n’a trouvé d’éléments compromettants et qui se voit affublé d’une réquisition plus que sévère. Le PNF, dont les méthodes ont également été mises en accusation par l’affaire Fillon, n’en est pas à son premier fait d’arme.

Alors, qui jugera nos juges ?

Alain de Benoist: « Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité »

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Le philosophe Alain de Benoist.© Hannah Assouline

Penseur inclassable qui revendique la paternité de l’expression « la pensée unique », l’auteur de La Chape de plomb traque les causes de la disparition de notre liberté d’expression et rappelle que la liberté de l’individu dépend de la liberté de son pays. 


Causeur. Vous êtes l’auteur d’une œuvre considérable, et une des figures les plus controversées de la vie intellectuelle française. Dans votre dernier livre (La Chape de plomb, La Nouvelle Librairie), vous vous livrez à une attaque en règle contre les « nouvelles censures ». Dans quelle intention ?

Alain de Benoist. Je ne suis pas le premier à publier un livre sur la disparition de la liberté d’expression. Le mien se distingue des autres par un refus de se cantonner dans la déploration, et par une tentative d’explication théorique visant à expliquer comment nous en sommes arrivés là. Vous connaissez le propos mille fois cité de Bossuet sur ceux qui se plaignent des conséquences et chérissent les causes. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit que les causes sont souvent très lointaines. Pour les élucider, il faut remonter loin en amont. L’histoire des idées peut y aider.

Le fait d’avoir été ostracisé par vos pairs vous a-t-il permis de fourbir vos propres armes intellectuelles ? N’êtes-vous pas parfois tenté par la victimisation que vous dénoncez ?

Je mentirais si je disais que je n’ai pas souffert de cet ostracisme. Cela dit, d’autres ont beaucoup plus souffert que moi, et je n’aime pas me poser en victime. Vous connaissez l’adage : never explain, never complain. Le ressentiment est toujours un produit de la haine et de l’envie.

La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour

On parlait dans les années d’après-guerre de « terrorisme intellectuel », puis quelques décennies après de « police de la pensée ». Comment définiriez-vous les censeurs d’aujourd’hui par rapport à ceux d’hier ?

La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour. Mais il y a deux grandes différences. Autrefois, la censure était essentiellement le fait des pouvoirs publics, tandis que la presse jouait un rôle de contre-pouvoir. Aujourd’hui, les médias sont presque tous gagnés à l’idéologie dominante et ce sont eux qui jouent les chiens de garde en appelant à censurer. Les journalistes dénoncent d’autres journalistes, des écrivains applaudissent à l’épuration d’autres écrivains. L’autre fait nouveau, c’est que les pouvoirs publics ont privatisé la censure en la confiant aux multinationales comme Facebook et Twitter. Cela ne s’était encore jamais vu. S’y ajoute l’apparition de tribunaux d’opinion dont les réseaux sociaux sont les relais. Le principe est celui de la justice expéditive : soupçon vaut condamnation, le tribunal ne comprend que des procureurs et les jugements ne sont jamais susceptibles d’appel. La novlangue orwellienne, qu’on appelle le « politiquement correct », et les délires des milieux néoféministes et LGBT fournissent le carburant. Le résultat est quasi soviétique : en public, on n’ose plus rien dire. L’inculture régnante fait le reste.

Vous allez jusqu’à parler de « nouvelle Inquisition » à propos du politiquement correct, de la pensée unique et du diktat des minorités. Il y aurait donc là des traits rappelant la mainmise du pouvoir religieux sur les esprits ?

Il y a toujours du religieux dans le fanatisme. L’idéologie dominante, qui est toujours l’idéologie de la classe dominante, est ainsi organisée qu’elle a ses grands-prêtres, ses inquisiteurs et ses dévots. Elle appelle à la repentance, elle représente le passé comme n’étant plus qu’un motif de contrition. Elle se désole que l’histoire ne soit pas morale, mais tragique, et elle entend la réécrire selon ses canons en se réclamant d’une morale (Nietzsche aurait parlé de moraline) qui veut que la société soit rendue « plus juste », fût-ce au prix de la disparition du bien commun.

Vous dites aussi que la « pensée unique » se veut rationnelle et s’interdit tout écart par rapport à un axe qui, étant celui du Vrai, est aussi celui du Bien. Comment cette rationalité technocratique s’accorde-t-elle avec la religiosité dont nous venons de parler ?

Les deux ne sont pas incompatibles. Auguste Comte théorisait le positivisme tout en prêchant une « religion de l’humanité ». L’une des sources, trop souvent ignorée, de la pensée unique (expression que je crois avoir été le premier à employer) est l’idée que les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. L’homme étant posé comme un individu rationnel qui cherche toujours à maximiser son propre intérêt, on suppose qu’il n’y a pour tout problème qu’une seule solution optimale rationnelle elle aussi (« there is no alternative », disait Margaret Thatcher). Cette conception du monde fondamentalement impolitique ignore complètement que le politique est irréductiblement conflictuel compte tenu de la pluralité des projets et de ce que Max Weber appelait le « polythéisme des valeurs ». C’est un retour à la vision saint-simonienne, selon laquelle il faudrait substituer l’administration des choses (la « gouvernance ») au gouvernement des hommes. À terme, cette vision transforme les rapports entre les hommes en rapports avec des choses. C’est ce que le jeune Georg Lukács appelait la « réification » (Verdinglichung) des rapports sociaux.

Theodor W.Adorno, 1958. © AFP
Theodor W.Adorno, 1958. © AFP

Vous voyez dans le rêve de transparence intégrale des sociétés postmodernes un « idéal fondamentalement nihiliste » et totalitaire. La crise du nihilisme européen annoncée par Nietzsche à la fin du xixe siècle est-elle en train d’accoucher d’une société à la fois compatissante et dictatoriale ?

« Compatissante et dictatoriale » est une bonne formule. La façon dont la sensiblerie a remplacé la sensibilité, dont l’émotionnalisme lacrymal s’est substitué aux arguments raisonnés est très parlante à cet égard. Ce n’est plus Big Brother qui gouverne, mais Big Mother. Voyez ce que Christopher Lasch a écrit sur la montée de l’« État thérapeutique ». À l’heure de la chasse au coronavirus, on constate que c’était prophétique.

« Nous vivons désormais sous l’horizon de la fatalité », écrivez-vous. Iriez-vous jusqu’à penser, comme Maria Zambrano en 1945, qu’il s’agit là d’une « servilité devant les faits » annonçant l’agonie prochaine de l’Europe ?

Il y a une révérence devant « les faits » qui conduit elle aussi à l’impuissance. C’est l’un des ressorts de l’expertocratie. Or, les faits ne signifient rien par eux-mêmes, ils sont indissociables d’une herméneutique. L’homme est un animal qui interprète ce qu’il connaît en fonction de ses projets et de ses choix. Quand je parle d’un « horizon de la fatalité », je veux dire que le message implicite distillé aujourd’hui par à peu près tous les médias est que nous vivons dans un monde certes imparfait, mais qui reste quand même le meilleur sinon le seul possible. Beaucoup de nos contemporains ont intériorisé cette idée, à laquelle je ne crois pas un instant.

Vous reprochez aux nouveaux censeurs de faire des Lumières un « socle de légitimité » qui leur permet d’imposer des formes inédites de Terreur. Quel regard portez-vous sur les Lumières ?

La philosophie des Lumières s’est voulue émancipationniste, et elle nous a effectivement libérés de certains dogmes religieux. Malheureusement, elle a aussi rendu possible d’autres formes d’aliénation humaine, ainsi que l’avaient bien vu Horkheimer et Adorno : dislocation des cultures enracinées et des valeurs partagées, soumission aux diktats de la Technique, esclavage du salariat (le remplacement du métier par l’emploi), obsession de la croissance et hybris de la marchandise, remplacement des inégalités de statut par l’explosion des inégalités économiques, etc. Son épine dorsale, l’idéologie du progrès, qui conviait à regarder toute l’histoire advenue avant nous comme un amas de traditions et de superstitions sans valeurs, est aujourd’hui entrée en crise. La peur de l’avenir a remplacé les « lendemains qui chantent ». Les Lumières ont joué leur rôle, mais elles ont aussi fait leurs temps (aux deux sens du terme).

De manière directe ou indirecte, c’est la modernité que vous attaquez dans la plupart de vos livres. La liberté de pensée que vous revendiquez ne fait pourtant pas de vous un antimoderne fidèle à une tradition spécifique. Est-ce là l’équation personnelle qui est à l’origine de bien des malentendus vous concernant, et qui fait qu’il est si difficile de vous situer sur l’échiquier intellectuel contemporain ?

Je suis très allergique aux étiquettes, c’est sans doute pour cela qu’il est difficile de me situer ! Cela dit, les « malentendus » dont vous parlez se dissipent vite si l’on prend la peine de me lire. Je suis en effet un critique d’une modernité essentiellement portée par l’économisme et l’individualisme qui caractérisent l’Homo œconomicus. Mais je n’ignore pas que je suis aussi un enfant de cette modernité. Disons seulement que, tout en étant conscient que beaucoup de choses « étaient mieux avant », je ne suis pas un adepte du restaurationnisme. Je crois plutôt à la possibilité d’un nouveau commencement.

Pour le libéralisme, les cultures, les peuples, ne sont que des agrégats hasardeux d’individus

Face à la tyrannie des minorités, vous affirmez que la véritable majorité « est dans le peuple. Elle est le peuple. » Les débats autour du « populisme » montrent pourtant que la notion de « peuple » est devenue problématique. Les classes populaires ne sont-elles pas les premières atteintes par la pensée unique ?

Je n’idéalise pas le peuple, que j’essaie d’envisager dans sa double dimension de l’ethnos et du demos. Vous avez raison de dire que cette notion est problématique, ce que je souligne moi-même dans mon livre sur le populisme (Le Moment populiste, 2017). Mais les élites sont plus subjuguées encore par l’idéologie dominante, parce que celle-ci correspond à leurs intérêts. Je reste sur ce point fidèle à Jean-Claude Michéa : c’est dans le peuple, dans les classes populaires, où les réactions spontanées sont plus saines, qu’il faut rechercher le sujet historique de notre temps.

Votre dernier livre est une invitation « au rassemblement des esprits libres et des cœurs rebelles ». Un hymne à la liberté en somme, dévoyée par le libéralisme. Pourriez-vous revenir sur cette question qui est présente dans la plupart de vos écrits ?

Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité. Son anthropologie reposant sur un homme hors-sol, dessaisi de ses appartenances et de ses héritages, se construisant lui-même à partir de rien, la seule liberté qu’il reconnaisse est la liberté individuelle. Les cultures, les peuples, les pays ne sont à ses yeux que des agrégats hasardeux d’individus. Je pense au contraire que la liberté est indissociable du commun : je ne peux pas être libre si mon pays ne l’est pas.

Vous invitez à une sorte de fronde civique et intellectuelle, mais la grande question demeure : pourquoi est-il devenu si difficile, et si risqué, d’être courageux aujourd’hui ?

Le courage civil est plus rare que le courage militaire. Il comporte des risques que la plupart des riches et des puissants trouvent insupportables : perdre sa carrière, perdre son rang, perdre ses privilèges, perdre son argent. C’est toujours plus facile de rallier les « mutins de Panurge », comme disait notre cher Philippe Muray.

Parmi les procédés inquisitoriaux, il en est un qui consiste, dites-vous, à fouiller le passé d’un auteur pour y découvrir quelque péché de jeunesse « comme si la vie d’un homme pouvait être ramenée à un épisode de son existence ». Pensez-vous être resté fidèle à vous-même ou avoir évolué ?

La formule que vous citez est de Karl Marx. Le fait d’avoir évolué ne m’a jamais empêché d’être fidèle à moi-même. C’est en restant l’esprit en éveil, en gardant intacte sa capacité de curiosité, que l’on est le mieux fidèle à soi-même. Chez moi, cette évolution a, comme toujours, été marquée par des lectures décisives (Hannah Arendt, Günther Anders, Louis Dumont, Karl Polanyi, Charles Péguy, Martin Buber et tant d’autres), mais elle est aussi le reflet du monde extérieur. Je suis de ceux qui ont eu le triste privilège d’avoir vu disparaître en l’espace d’une génération une civilisation (française) et une religion (chrétienne). On peut y ajouter la fin du monde rural, l’arraisonnement du monde, le déchaînement de l’axiomatique de l’intérêt, l’effondrement de la culture, la marchandisation planétaire, le règne de l’argent transformé en capital, la montée de l’indistinction sous les effets de ce que j’ai appelé l’idéologie du Même. En trente ans, nous avons totalement changé de monde. On n’analyse pas ce qui vient en regardant dans le rétroviseur !

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Miss Provence et les antisémites

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Miss Provence, lors de l'élection de Miss France 2021 au Puy du Fou © PIERRE VILLARD/SIPA Numéro de reportage : 00996753_000002

April Benayoum (notre photo), finaliste à l’élection de Miss France samedi a été visée par de nombreux commentaires antisémites.


Franchement, les concours de Miss ne sont pas ma tasse de thé. La vraie beauté est dans les courbes de la Vénus d’Arles, dans les fesses de la Vénus au miroir de Velasquez, ou le dos de la Grande Odalisque d’Ingres. Un rêve de pierre, comme dit Baudelaire. Un concept qui appartient au domaine de l’art, pas à celui des hommes.

Alors, Miss France ou Miss Monde…

Mais les déluges de haine qu’a suscités, il y a deux jours, la désignation de Miss Provence comme « première dauphine » de la nouvelle Miss France m’ont quelque peu sidéré. Je savais que l’antisémitisme avait de beaux jours devant lui, que Mohamed Merah est révéré çà et là, qu’un Tchétchène assassin de prof est vénéré dans son pays, que l’arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi a été arraché, que les salopards qui ont massacré Sarah Halimi étaient, quoi qu’en ait dit la Justice, de vrais racistes persuadés que tous les Juifs s’appellent Rothschild, etc. J’avais remarqué, dans mon adolescence militante, que la Ligue Communiste camouflait sous son antisionisme de principe des réflexes plus archaïques. Je n’ignorais pas que les Arabes, un peu partout dans le monde, rendent les Juifs responsables de leurs échecs chaque fois qu’ils ont tenté de les attaquer — comme un roquet se plaindrait de s’être fait bouffer tout cru par le molosse dont il a mordu les talons. Et que certains Musulmans pensent que le Prix Nobel devrait être attribué selon des principes ethniques, vu que les Juifs en ont récolté des paquets, et que les autres Sémites (faut-il rappeler à ces crétins que Juifs et Musulmans sont demi-frères, si l’on en croit la descendance d’Abraham ?) peinent à en décrocher un…

Mais enfin, écrire sur Twitter que la candidate — beau brin de fille, mais c’est normal, sinon elle ne serait pas là — est une bitch, comme disent ces analphabètes, parce que son père est israélien, ou que Hitler, encore une fois, a raté son coup, prouve le degré d’inculture, de racisme, de frustrations accumulées de quelques énervés dont on sait comment ils commencent et comment ils finissent. Moi qui croyais que le racisme était un délit, je me demande ce qu’attend la police pour arrêter les auteurs de tels propos.

facebook_1608461167438_6746375108431185709facebook_1608461094897_6746374804176899540facebook_1608461043874_6746374590165664565facebook_1608460990624_6746374366819895506Les Arabes ou les Turcs ont jadis constitué des empires. Les Juifs qui y vivaient étaient des citoyens de seconde zone — en Europe aussi, à la même époque. Mais aujourd’hui, de ces anciens empires, il ne reste rien — rien que des sables infertiles : inutile d’accuser la colonisation, il est des pays qui se débrouillent très bien pour faire leur malheur tout seul — l’Algérie, par exemple : comparez avec le Maroc, ancien protectorat français lui aussi, mais qui est largement sorti de la misère et de la superstition. Quant au sultan qui s’agite à Ankara, il cherche ainsi à camoufler l’échec de sa politique économique. Alors que l’Europe après la Révolution s’est réformée, même si comme disait Brecht, la Bête immonde est encore fertile — elle l’a prouvé à diverses reprises…

Eh bien voici la preuve de sa fécondité. Quelques énergumènes insultent, sous un courageux anonymat, une jolie fille qui par ailleurs ébranle sans doute leurs rêves… Et qui s’affiche en maillot de bain, sans même recourir au burkini exigé par la pudeur musulmane…

Ladite pudeur a ses meilleurs jours derrière elle. Dans les Mille et Une Nuits, l’un des plus grands romans jamais écrits (mais c’était il y a dix siècles), l’un des héros s’écrie, à la vue d’une houri terrestre : « Elle a un derrière énorme et somptueux qui l’oblige à se rassoir quand elle se lève, et me met le zeb, quand j’y pense, toujours debout ». C’était à l’époque où Bagdad était l’une des villes-phares de l’humanité — et où Haroun al Rashid, le sultan célébré de l’empire, parcourait sa ville en compagnie de son poète favori, homosexuel par choix — et ça ne gênait personne. 

Quand une nation, un peuple, un empire, ont des ressources, ils ne s’émeuvent guère des débordements lyriques des poètes. Que ce soit au niveau des civilisations ou des individus, le puritanisme est un effet secondaire de la nullité culturelle et de la peur de disparaître. Ils peuvent bien crier, déjà ils n’existent plus que dans la vocifération, l’imprécation, et le racisme. En un mot, la violence.

Cela dit, je sais que nombre de Musulmans n’adhèrent pas aux propos outranciers d’une poignée d’imbéciles. Et qu’ils regardent April Benayoum avec admiration — parce que le Beau reste le Beau, quelle que soit son étiquette. Mais les crétins hurlent si fort leur rage d’être des imbéciles qu’ils occupent le champ médiatique. Qu’ils le sachent : jamais un hurlement de rage n’a été un argument. Ni même une opinion. C’est juste un aveu d’impuissance — et c’est peut-être cela, le sale petit secret des antisémites.

Les sabotages d’Hercule, ou comment Macron veut faire disjoncter EDF

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© Mario FOURMY/SIPA Numéro de reportage: 00982562_000014

Une tribune libre de Jean-Frédéric Poisson, candidat à la présidentielle, président de VIA – la voie du peuple (Ex- Parti Chrétien Démocrate).


L’électricité française est l’une des moins carbonée du monde, majoritairement grâce à la part importante de sa production d’origine nucléaire (72% en 2018). Elle participe d’ailleurs à la lutte contre le changement climatique, avec une technologie maitrisée qui fait notre fierté, et en produisant une énergie économique de manière sûre et continue. Électricité de France est un des fleurons de notre industrie, et un acteur indispensable à notre équilibre énergétique. 

La Tour EDF (PB6) dans le quartier de la Défense, dans l'ouest parisien © MARIO FOURMU/SIPA Numéro de reportage : 00917792_000002
La Tour EDF (PB6) dans le quartier de la Défense, dans l’ouest parisien © MARIO FOURMU/SIPA Numéro de reportage : 00917792_000002

Or cette entreprise est aujourd’hui la cible d’une attaque menaçant notre indépendance énergétique. Le gouvernement de M. Macron et sa majorité soutiennent le plan dit « Hercule », qui a pour but d’organiser la vente d’EDF par départements, ainsi que le démantèlement de la filière nucléaire.

Ce plan « Hercule » est une opération de sabotage, pour ne pas dire un véritable attentat contre le bien commun de notre pays et de notre peuple

L’objectif du gouvernement, conjointement avec la Commission de Bruxelles, consiste à organiser la scission d’EDF entre la production d’une part, et la commercialisation de l’électricité d’autre part. Ceci reviendrait à privatiser les gains et à nationaliser les pertes sur l’autel de la concurrence européenne. Ou encore de faire supporter à la dépense publique les coûts des investissements, abandonnant leurs fruits aux opérateurs privés, sans aucune garantie réelle ni d’un meilleur service, ni de coûts de fourniture meilleur marché. Le contraire est même à craindre, dans la mesure où jamais la libéralisation d’un marché n’a conduit à une baisse des tarifs… 

A relire, nos révélations d’octobre: La Commission européenne préparerait le démantèlement d’EDF

Hier Alstom, Alcatel, Technip, et tant d’autres entreprises françaises vendues par appartements à leurs concurrents internationaux, jamais pour la satisfaction de nos intérêts nationaux, et toujours avec la complicité du pouvoir. Aujourd’hui l’EDF : le pouvoir exécutif français continue à démanteler notre industrie, par soumission au dogme bruxellois et faute du courage suffisant pour résister. 

Ce plan « Hercule » est une opération de sabotage, pour ne pas dire un véritable attentat contre le bien commun de notre pays et de notre peuple. Léguée par les générations précédentes, issue du génie français, EDF est une entreprise performante. Elle emploie de nombreux travailleurs très qualifiés et verse régulièrement des dividendes substantiels à l’État. Elle a par ailleurs montré une très haute capacité de solidarité au lendemain des tempêtes ou des inondations qui ont frappé nos concitoyens. Elle a pour toutes ces raisons un rôle central à jouer dans la politique énergétique tout autant que dans la relance de l’économie en France. 

Évidemment EDF a besoin de réformes. Son statut d’entreprise publique ne la place pas à l’abri des conséquences de la globalisation. Mais la « réforme » proposée ici consiste à faire entrer la globalisation au cœur de l’entreprise plutôt que de la protéger, et par là même nous protéger tous.

Dès aujourd’hui, je veux dénoncer cet invraisemblable plan Hercule, qui met gravement à mal le peu qui nous reste de notre indépendance énergétique. 

Le maintien de l’ensemble de la production électrique sous la même autorité doit être garanti, conformément au cœur de métier de l’entreprise, dont des politiciens mal avisés et des prédateurs soucieux de s’engraisser ont désormais trop profité. En même temps que le renforcement de la part d’énergie nucléaire dans notre production, le recours aux énergies renouvelables doit être encouragé, la recherche et leur développement renforcés – le solaire semblant plus prometteur que l’éolien, rejeté à juste titre par la population. Mais le peuple français doit exiger sur ce point une condition : que ces énergies dites renouvelables ne soient pas aussi nocives pour l’environnement – le nôtre comme celui d’autres régions du monde – que le sont les énergies traditionnelles. Il est clair que contrairement à ce que chantent les mantras écologistes ces temps-ci, nous en sommes très loin…

A lire aussi: Proust à l’ombre des éoliennes

Voilà ce que devrait être simplement la politique de la France. Nous ne devons pas accepter de laisser démanteler par Bruxelles et aux ordres de Berlin le fleuron national de notre industrie énergétique. C’est en raison de ces renoncements permanents, de l’embourbement de notre pays, de ces soumissions à l’hégémonie de l’Union Européenne que je m’engage dans la bataille présidentielle. Comme beaucoup de Français, je refuse ce qui n’est plus un laisser-faire paresseux, une négligence destructrice pour notre peuple et notre pays, mais bel et bien une volonté. 

La politique de l’Énergie que je veux mettre en œuvre consiste donc à défendre les fleurons de notre industrie et à consolider une approche économique innovante. Le « nouveau monde » d’Emmanuel Macron est totalement passé à côté de cette réalité qu’il n’a ni vue ni anticipée, et que l’écologie politique contraignante est incapable de gérer.

Nous sommes face à l’impérieuse nécessité de conserver et protéger notre souveraineté énergétique mise en danger par le plan Hercule. Nous devons consolider  notre outil industriel nucléaire, continuer à développer notre savoir-faire, exporter notre technologie. Nous devons nous opposer au démantèlement d’EDF prévu par ce plan Hercule qui fera disjoncter l’intégralité de notre filière électrique, et la stratégie d’indépendance énergétique de la France.

Noël interdit au Québec

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Montréal © imageBROKER/SIPA Numéro de reportage : SIPAUSA30238635_000003

2020, année de l’Homo sanitarus, est l’année où le lien social s’est brisé.


2020 aura été sans contredit l’année du nouvel ordre sanitaire. Ce nouveau régime est moins un produit ex nihilo que l’aboutissement de logiques et de façons de penser propres à la modernité. Jamais le monde n’aura été autant codifié et aseptisé: place au safe space politique, psychologique et maintenant sanitaire. Naguère lieu d’échange et de saines confrontations, l’espace public est déserté (physiquement comme intellectuellement) au fur et à mesure que nous sommes invités à rester confinés dans notre bulle pour notre santé physique et mentale. De notre confinement toujours plus grand naît une polarisation toujours plus grande. C’est le triomphe de la chambre d’écho.  

Des colonnes de chiffres, toujours des colonnes de chiffres…

Le nouvel ordre nous fait entrer dans une société qui n’est plus qu’un amoncellement de phobies et d’égocentrismes, un univers de l’aplanissement total où la possibilité de l’aventure est réduite à néant. Tout est gestion du risque, bilans, inventaires et police d’assurance. Notre monde désenchanté ne réfléchit plus qu’en termes de résultats, d’objectifs et d’oppressions potentielles (freiner plus de cas, épargner plus, optimiser des services, être plus représentatif de tel groupe, etc.). Nous quantifions et mesurons sans cesse, comme si les nombres affichés sur nos écrans pouvaient résumer nos vies entières. 

En kiosque: Causeur: Trêve des confineurs!

Ce monde hyper technicisé des «produits et services essentiels» ne permet plus aucune exception: les librairies, les arts et la culture, qui ont besoin d’un public en chair et en os, sont vus comme des entraves à la santé publique et non comme le moyen par lequel l’homme parvient à s’élever. Le sacré a disparu au profit de Netflix: tout est devenu cause et conséquence dans un monde obsédé par les corrélations. Ce monde sans passion ni magie, sans profondeur ni finalité autre que celle de repousser sans fin la mort, nous fait bien plus mal que le Covid-19.

Après la mort sociale, la vie numérique

Au Québec, l’interdiction du gouvernement Legault de se réunir en famille pour Noël en dit long sur une société qui vit dans le mythe de la solidarité alors que le lien social ne tient plus qu’à un fil dans cette province nordique où l’État est roi. Le Québec n’est pas la seule société occidentale à se trouver dans une situation pareille. En encourageant la délation des vilains débauchés qui oseraient encore se réunir à Noël, le gouvernement Legault et le maire de Montréal, Valérie Plante, assurent agir pour le bien commun, mais contribuent au fond à la dislocation d’une société qui n’avait déjà plus beaucoup de repères.

Valerie Plante, le Maire de Montréal © William Volcov/REX/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40718602_000059
Valerie Plante, le Maire de Montréal © William Volcov/REX/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40718602_000059

L’interdiction de se réunir en famille à Noël a été présentée par le gouvernement et des humoristes comme l’occasion rêvée de se libérer enfin du poids du groupe et de la tradition. Jamais la logique du repli personnel ne s’était autant imposée au Québec. En présentant les citoyens qui veulent se regrouper comme des extrémistes microbiens fomentant un quasi génocide, le gouvernement Legault contribue aussi au succès fracassant des GAFAM, dont le but est d’abolir les frontières géographiques par la voie du virtuel. Mais paraît-il que ce gouvernement est patriote et favorable à la «démondialisation».

À la poubelle, nos traditions

En Occident, nous célébrons avec passion les traditions des peuples étrangers grâce au multiculturalisme, mais nous contribuons à notre propre extinction culturelle en présentant les grands événements de notre vie comme des risques à prévenir, sinon comme des dépenses inutiles en temps ou en énergie. Peut-être même aussi en empreinte écologique. Le décorum se fait rare. Religieuses ou laïques, les quelques fêtes qui ponctuaient encore l’année étaient pourtant là pour nous rattacher minimalement à une communauté et à un cadre temporel indépendant de notre petite routine. On répète ad nauseam que les interdictions sont temporaires, mais elles laisseront des traces sur les mentalités, peu importe le moment de leur hypothétique levée. 

A lire aussi, Nadia Geerts: Le safe space ou la fabrique victimaire

Ils sont des milliers de décideurs et d’experts à nous expliquer que la perpétuation des mesures sanitaires – qui vont encore durer plusieurs mois selon les pronostics – relève de la science et uniquement de la science. Pourtant, si c’est évidemment la science qui nous permet de détecter le virus, le confinement relève d’une décision politique qui fait appel à une philosophie du risque zéro allant de pair avec la médicalisation de l’existence. Le confinement à long terme est aussi idéologique que scientifique, d’autant plus que nos saints outils «scientifiques» n’ont jamais pu prendre en compte l’infinie diversité des dommages collatéraux engendrés par ces mesures. 

L’erreur de l’Homo sanitarus est de croire qu’il peut aplanir toutes les courbes qui se présentent à lui comme s’il avait remplacé Dieu. Il pense qu’il peut confiner sinon vacciner son malheur, soulever toutes les montagnes qui le contrarient et vivre dans la propreté immaculée. Il pense qu’il peut ériger autour de lui une immense muraille aux allures de safe space. C’est une autre illusion qui le rend encore plus malade que le Covid-19.

La face cachée du multiculturalisme

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Le « Beauvau de la sécurité » ne peut réussir que sous certaines conditions…

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Gérald Darmanin, le 16 décembre 2020. © Stephane le Tellec-POOL/SIPA Numéro de reportage : 00996139_000010

Le « Beauvau de la sécurité », dont la date de début est prévue pour janvier 2021, doit déboucher sur une réforme de la police. L’initiative ne sera une réussite qu’à certaines conditions.


Pas la moindre hésitation : je connais et je respecte la police qui dans l’immense majorité de ses pratiques est digne de sa mission. Je rends grâce à l’institution policière, gardienne de la tranquillité publique et de la démocratie, et je ne suis pas de ceux qui la vitupèrent sans cesse sauf lorsqu’ils ont besoin d’elle.

Le manque de soutien d’Emmanuel Macron envers les policiers

J’ai déploré, bien sûr, que le président de la République, par démagogie, sur Brut, ait dénoncé les violences policières comme si elles étaient structurelles et non pas le fait de quelques fonctionnaires de police ayant eu un comportement illégitime. Il m’est apparu très dangereux de sa part de laisser croire à un parallélisme entre le rôle de la police avec l’usage de sa force légitime et les transgressions de ceux qui s’en prennent compulsivement à elle, par idéologie ou détestation réflexe pour tout ce qui est incarnation officielle.

Emmanuel Macron lors de son interview accordée au média Brut © BERTRAND GUAY / AFP
Emmanuel Macron lors de son interview accordée au média Brut © BERTRAND GUAY / AFP

Un président de la République ne devrait pas avoir un autre discours que de soutien, par principe, à un corps qu’il est essentiel de conforter dans le respect qu’on lui doit et l’obéissance républicaine que l’honnêteté citoyenne majoritaire ne discute pas.
Une telle attitude du président aurait été d’autant plus fondamentale que par exemple une forte proportion de la jeunesse, absurdement, incrimine le racisme de la police.

Le « Beauvau de la sécurité », une bonne initiative

Je ne méconnais pas le caractère purement tactique, le procédé de compensation qui sont à la base de la proposition du Beauvau de la sécurité, pour les élus, les citoyens et la police. Emmanuel Macron a cherché à rattraper ainsi son erreur d’analyse et de communication. Mais il n’empêche que même contraint et forcé, le président a pris une initiative qui a du sens et je regrette que les syndicats Alliance et UNSA aient d’emblée décidé de lui opposer un refus.

A lire aussi, Louis Hausalter: «Marion Maréchal candidate, ce n’est pas pour 2022!»

Il me semble que le malentendu essentiel tient à une différence de perception sur la finalité de ce « Beauvau de la sécurité ». Son but ne sera évidemment pas de permettre à tous les syndicats policiers de formuler leurs revendications concrètes – le ministre de l’Intérieur reçoit le 18 décembre les représentants de la police et de la gendarmerie pour cela – mais de favoriser enfin l’existence d’un authentique débat démocratique pluraliste.

Il ne suffira pas de le limiter aux policiers, aux élus et aux citoyens mais il conviendra au contraire d’y insérer tous ceux qui directement ou indirectement participent du désarroi psychologique et humain de la police. Les magistrats et les journalistes notamment.

Entre les magistrats et la police, une relation tendue

La relation des magistrats avec la police suscite souvent chez elle l’irritation, parfois l’indignation la plus vive. Et la manière dont les journalistes, droite et gauche confondues, rendent compte de la réalité policière, de ce qu’elle affronte et de ce qu’elle subit est infiniment perfectible, surtout en se gardant de cette présomption de culpabilité qu’on attache plus volontiers aux défenseurs de notre société qu’à ceux qui la troublent et la mettent à feu et à sang.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Flics Lives Matter

Quand j’étais magistrat, j’étais un partisan convaincu de ce que j’aurais aimé être les états généraux de la Justice et j’ai regretté, à un degré moindre, la disparition des portes ouvertes dans les juridictions. Parce que ceux-là comme celles-ci auraient eu des effets infiniment bénéfiques et éclairants pour la pacification du lien entre la société et le service public de la Justice.

Un Beauvau pour exprimer ce qui n’est jamais dit au quotidien

L’utilité du Beauvau de la sécurité, dans tous les cas, bien avant la satisfaction des revendications policières, tiendra à ce rassemblement des discours, des doléances et des protestations pour faire sortir chacune de ces instances, de ces solitudes aigries ou ignorantes, de leur autarcie, de les contraindre à écouter et à apprendre, de constituer cette réunion comme le droit, pour tous, d’exprimer ce qui dans la quotidienneté n’est jamais dit, une hostilité, un désir de reconnaissance, des contradictions qui, libérés, purifieront forcément une atmosphère généralement trop délétère.

Ces rencontres, à partir de janvier, ne seront pas un gadget, un artifice, une manipulation si on n’attend pas d’elles ce qu’elles ne pourront pas donner. Le Beauvau sera une réussite si police, ministère de l’Intérieur, élus, magistrats, juges et citoyens, mêlés, la poussent au meilleur.

Alors, oui au Beauvau malgré tout!

L’avènement de la biocratie

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Image d'illustration Engin Akyurt / Unsplash.

Le billet du vaurien


Il me semble de plus en plus vain de critiquer les mesures « liberticides » portant atteinte, au nom de la santé, à nos droits individuels, à la culture et à la liberté d’expression.

Pourquoi ? me demanderez-vous peut-être. La réponse est évidente: nous sommes entrés dans une ère nouvelle que je qualifierais volontiers de biocratie, biocratie qui est par ailleurs largement plébiscitée par la population. La démocratie était à bout de souffle, flirtant tantôt avec un populisme inspirant la terreur, tantôt avec un socialisme devenu obsolète. La démocratie avait eu son heure de gloire, mais comme l’aristocratie avant elle, le déclin la guettait. Plus personne n’y croyait vraiment: le désarroi de ses dirigeants le disputait à leur peur panique d’être trainé devant des tribunaux, populaires ou médiatiques.

En revanche, la biocratie qui n’aspire qu’à préserver la vie – que ce soit celle de la planète ou celle des individus – était visiblement attendue, aussi bien par les écologistes que par des populations vieillissantes plus soucieuses d’une retraite confortable que d’utopies politiques dont elles avaient été gavées et qui ne suscitaient plus que des sourires attendris ou narquois. Le Covid-19 est arrivé à point nommé pour semer la frayeur dans le monde entier et instaurer cette biocratie qui imposa aussitôt ses nouvelles règles – hygiénistes bien sûr – et son administration reposant sur un ordre médical prêt à se déchirer pour des miettes de pouvoir et les profits qu’il en tirerait.

A lire aussi, Stéphane Germain: Covid: tout ça pour une poignée de boomers!

La biocratie qu’on peut définir comme la santé plus la surveillance de tous par chacun, est une forme de gouvernance presque impossible à combattre. Elle ressemble à une dictature, sans en être une. Son modèle pourrait être chinois. Au fait, qui a dit que quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera? Oui, le monde tremble, mais de peur. Tout en étant soulagé que tant d’experts en santé publique veillent à sa protection et nous débarrassent incidemment de ce poids qu’on appelait autrefois la liberté. Il ne nous en reste plus que le goût, mais il est amer.

Il paraît qu’avec le Covid 19 de nombreux patients même guéris souffrent d’hallucinations visuelles. Ainsi, une femme en rentrant chez elle s’est mise à voir des lions et des singes. Il m’arrive à moi aussi de voir des populations entières masquées. Sans doute suis-je victime d’hallucinations. J’entend également des pontes de cette nouvelle religion affirmer que, même avec des vaccins, il faudra continuer à adopter les fameux gestes-barrières jusqu’à la fin des temps. Serais-je victime d’hallucinations auditives ? À moins que la biocratie n’engendre une forme de délire collectif.

Petit scandale: Marcel Campion accusé de ne pas être gay friendly

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Bruno Julliard et Anne Hidalgo en 2017 © Jacques Witt / Sipa/SIPA Numéro de reportage : 00824610_000012

Ah, la jaquette et l’étiquette! Déplaisants, des propos insignifiants sur des élus à l’homosexualité revendiquée peuvent désormais valoir condamnation en justice. Marcel Campion vient d’en faire l’expérience en étant condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir dit que Bruno Julliard « était de la jaquette ».


Pourquoi certains mots sont-ils interdits alors que pleins d’autres sont permis ?

Le lobby gay à travers les âges

Pendant longtemps – sauf chez les Grecs de l’Antiquité – l’homosexualité a été réprimée. Oscar Wilde a fait de la prison en Grande-Bretagne pour pédérastie (c’est comme ça qu’on disait à l’époque). Sous l’Occupation l’homosexualité a connu des moments fleurissants. Jean Cocteau et son amant Jean Marais pouvaient sans difficultés s’achalander en jeunes garçons dans les boîtes qui en proposaient à la pelle. Reste que pour autant l’homosexualité a été considérée le plus souvent comme un vice. Tout cela est fini et heureusement fini. Le mariage pour tous a consacré cette incontestable avancée. 

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Paris n’est plus vraiment Paris

Venons-en aux faits maintenant. Nous allons vous parler de Marcel Campion le roi des forains, qui est une grande gueule passablement vulgaire. Et de lui et de Bigard on ne sait lequel des deux a copié sur l’autre. La phrase incriminée qui lui a valu sa condamnation est la suivante : « Bruno Julliard est un peu de la jaquette… Il a fait des folies avec Bertrand Delanoë et, paf, il s’est retrouvé premier adjoint à la mairie de Paris ». On a connu plus élégant et plus fin. Mais Campion ne parle pas comme la Princesse de Clèves. Fallait-il pour autant le condamner ? Certainement pas : la vulgarité n’est pas punie par la loi. 

Anne Hidalgo et Marcel Campion, en 2016 © COLLOT HENRI/SIPA Numéro de reportage  : 00748607_000005
Anne Hidalgo et Marcel Campion, en 2016 © COLLOT HENRI/SIPA Numéro de reportage : 00748607_000005

La vulgarité est-elle interdite?

Depuis quelques années homosexuels et hétérosexuels sont égaux. C’est une bonne chose. Mais égalité suppose égalité de traitement. Sera-t-on condamné si l’on écrit que Julie Gayet « a fait des folies » avec François Hollande ? Sera-t-on traduit en justice si l’on dit que Carla Bruni a eu des bontés pour Nicolas Sarkozy? Les gays ont des droits mais ils n’en ont pas plus que d’autres.

A lire ensuite, Sylvie Perez: Les Anglais laissent tomber le T

Il me revient que Pierre Bergé – qui s’était arrangé pour caser un de ses amants à la mairie de Paris – plaidant pour la GPA avait déclaré : « des ouvrières louent leurs bras, elles peuvent bien louer leurs ventres ». Ce n’était pas vulgaire : juste infâme. On avait là un milliardaire parlant des esclaves féminines… Bergé a-t-il été condamné ?