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Massacre à la plage

Bondi Beach: une obsession génocidaire


Massacre à la plage
La police établit un cordon de sécurité près de la plage de Bondi Beach où a eu lieu un attentat antisémite, Sydney, 14 décembre 2025 © Mark Baker/AP/SIPA

« Le mal s’est déchaîné sur la plage de Bondi au-delà de tout entendement (…) Il s’agit d’une attaque ciblée contre les Juifs, un acte malveillant, antisémite et terroriste qui a frappé le cœur de notre nation » a déploré hier le Premier ministre australien Anthony Albanese, après la fusillade survenue sur une plage de Sydney et visant la communauté juive.


Bondi Beach. Du sable propre. Du ciel bleu. Des corps heureux. Une mer indifférente. Et des Juifs qui allument des bougies. Pas des soldats. Pas des colons. Des Juifs. Une fête. Une lumière fragile. La haine est entrée comme un couteau dans un corps nu. Pas d’arguments. Pas de revendication. Pas de frontières. Juste frapper. Juste tuer. Là où c’est possible. Le sang sur le sable a la même couleur qu’à Jérusalem. La distance n’existe plus. La guerre a quitté le désert. Elle voyage légère. Elle s’invite dans les plages, les écoles, les rues tranquilles de l’Occident. Elle n’a qu’une cible : l’existence juive. On parle de conflit. C’est un mensonge confortable. Ce n’est pas un conflit. C’est une fixation. Une rumination. Une rage ancienne qui ne supporte pas que le Juif vive encore, debout, armé, souverain. L’Occident se raconte des histoires pour ne pas voir. Il se fabrique des victimes pures, des bourreaux abstraits. Il pleure le Palestinien idéalisé et crache sur l’Israélien fantasmé. Il confond la compassion avec l’aveuglement. Il appelle cela morale. Mais la réalité est sale. Ramallah pourrit de l’intérieur. Gaza est tenue par une organisation qui parle de mort comme d’un avenir, qui écrit noir sur blanc que l’autre doit disparaître. Pas négocié. Pas contenu. Disparu. On feint de ne pas lire. On feint de ne pas entendre. On feint de croire que les mots n’ont pas de poids. Pourtant les mots tuent avant les balles. Les murs, les armes, les contrôles: ce sont des cicatrices. Pas des caprices. Des réponses laides à une violence plus laide encore. Des réponses imparfaites à une guerre qui vise les bus, les cafés, les enfants. La paix a été proposée. Elle a été rejetée. Encore. Parce que la paix suppose l’acceptation de l’autre. Et que l’autre, ici, est inacceptable. Israël n’est pas haï pour ses frontières. Il est haï pour sa présence. Pourquoi cette obsession ? Pourquoi cette fureur sélective ? Pourquoi cette passion pour ce conflit et ce silence pour les autres massacres ? Parce qu’ici, on peut encore rêver d’effacement. Parce qu’ici, l’ennemi est ancien. Parce qu’ici, le Juif concentre tout : la mémoire, la survie, la réussite, l’insolence d’exister encore. Le mot « génocide » est jeté comme une pierre. Non pour décrire. Mais pour salir. Pour préparer. Pour inverser. Toujours la même mécanique : accuser l’autre de ce que l’on désire. Prêter à la victime l’intention du bourreau. Se blanchir dans l’indignation avant de frapper. Ce procédé a précédé toutes les exterminations. Il est connu. Il est documenté. Il recommence. On éduque à la haine. On enseigne la mort. On glorifie le martyre. On fabrique des enfants qui savent déjà qui ils devront tuer. La souffrance palestinienne est réelle. Mais elle a été confisquée. Instrumentalisée. Transformée en arme. Les réfugiés sont maintenus dans l’attente comme on garde des reliques. Non pour vivre. Mais pour rappeler une promesse de destruction. Si Israël baissait la garde, il disparaîtrait. Pas lentement. Pas symboliquement. Concrètement. Les discours, les images, les slogans ne laissent aucun doute. Ce qui est visé n’est pas une politique. Ce n’est pas une armée. C’est un peuple. Le cœur du conflit n’est pas territorial. Il est existentiel. Il pose une question simple, brutale, sans appel : le Juif a-t-il le droit d’être là ? Bondi Beach a répondu. Par le sang. Par la peur. Par la répétition du même crime, ailleurs, autrement, mais avec la même intention. Israël est là. Et Israël restera. Non parce qu’il est moral. Non parce qu’il est aimé. Mais parce qu’il sait que, dans ce monde, survivre est déjà une faute impardonnable pour ceux qui rêvent de sa disparition. Et tant que cette obsession ne sera pas nommée pour ce qu’elle est — une haine de l’existence — il n’y aura ni paix, ni compromis, ni apaisement. Seulement la survie. Et la force. Encore.

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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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