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Liste noire


Avec ses 318 noms de personnalités « issues de l’immigration », Pascal Blanchard a proposé au gouvernement une liste foutraque et un pur exercice de comptage ethnique. Dans Le Monde, une indigente tribune tentait dernièrement de soutenir l’initiative malgré tout.


La pandémie a mis beaucoup d’activités à l’arrêt. Mais la destruction du modèle français continue. Le 3 décembre, sur le média Brut, Emmanuel Macron s’inquiète du devenir de la jeunesse qui reparle de colonisation « alors qu’elle ne l’a jamais vécue », et de celle qui se revoile pour se reconstruire une appartenance parce que les goujats de Français n’ont pas su lui dire « tu as une place, tu es nous ». Oubliant qu’il est le garant de la Constitution, il indique qu’il compte honorer 300 à 500 noms de personnalités issues de l’immigration. On ne va pas déboulonner de statues, mais on peut bien renommer des rues.

La liste de 318 oubliés

Initiée par la sous-ministre de la Ville Nadia Hai, native de Trappes, une première liste de 318 noms qui « n’ont pas encore tous trouvé leur place dans notre mémoire collective » est remise par l’historien Pascal Blanchard le 12 mars. On y honore des morts surtout pour leur origine ethnique. Quelques éditorialistes lucides s’en émeuvent.

Le 18 mars, dans Le Monde, une tribune emmenée par l’islamologue Rachid Benziane, la militante Rose Ameziane ou les comédiens Charles Berling et Philippe Torreton vient au secours de la liste remise au gouvernement et en rappelle la prétendue utilité ainsi que les rengaines habituelles: les différences nous enrichissent, nous sommes tous enfants d’immigrés.

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Histoire « fondamentalement plurielle » de la France

« Peut-on imaginer que les maires ne soient pas heureux de disposer d’un tel outil ? » plaident les intellectuels engagés. Selon eux, mépris et oublis « [auraient] entouré [l’] histoire fondamentalement plurielle de notre pays, nourrissant ressentiment et parfois violences. » Artistes et youtubeurs sont invités à corriger le tir en s’emparant de ces apports « confinés dans le domaine de l’impensé et de l’invisible. » Le journal télévisé pourrait de son côté « se saisir de la liste et en présenter chaque jour un nom. »

Dans son article premier, notre Constitution établit pourtant que la France est une République indivisible où tous les citoyens sont égaux, sans distinction d’origine. Nos militants sont-ils sincères, ou font-ils semblant de ne pas comprendre que la jeunesse se passerait bien de cette république au rabais?

James Bartholomew fonde le Musée de la terreur communiste


Déportations, exécutions de masse, famines… Malgré l’horreur de l’expérience communiste, le mirage égalitaire continue d’éblouir une jeunesse bernée par sa propre inculture. C’est pour elle que James Bartholomew a fondé le Musée de la terreur communiste, dont les témoignages vidéo, documents et objets sont propres à dessiller les rêveurs les plus naïfs.


Avec gourmandise, James Bartholomew, journaliste et essayiste londonien reconverti en directeur de musée, démaillote de son papier bulle sa dernière acquisition, puis extrait d’une boîte capitonnée de satin une figurine de 30 centimètres de haut en parfait état représentant l’un des épisodes les plus abjects du maoïsme. Un garde rouge en porcelaine peinte parade, le pied posé sur le dos d’un intellectuel à genoux. Le héros de la Révolution culturelle brandit d’une main le Petit Livre rouge, et de l’autre désigne du doigt l’ennemi du peuple. L’objet, glaçant, dûment légendé, devrait marquer les esprits et ouvrir les yeux d’une génération peu au fait de l’histoire du communisme. Un sondage de 2015 publié par le think tank anglais New Culture Forum révélait que 70 % des 16-24 ans ignorent qui est Mao Zedong.

Révolution culturelle en Chine : un garde rouge humilie un intellectuel. © Sylvie Perez
Révolution culturelle en Chine : un garde rouge humilie un intellectuel. © Sylvie Perez

Longue est la route par le précepte, courte et facile par l’exemple… « Mon ambition n’est pas de changer le monde, mais de nous protéger du désastre. Il faut informer le public de la réalité du communisme », dit Bartholomew en dépliant le prototype d’un fascicule intitulé « Communisme : un recueil des faits », rédigé par ses soins et maquetté par un graphiste bulgare et bénévole. L’ouvrage, bourré de repères historiques et de données chiffrées, est destiné à être distribué dans les écoles. Un nouveau Petit Livre rouge ? « Plus court et nettement plus fiable », rigole Bartholomew.

94.35 millions de morts

Khieu Samphan, numéro 2 du régime khmer rouge, donna un jour à de jeunes révolutionnaires sa définition du communisme : « Zéro pour toi, zéro pour moi, la vraie égalité. » C’est cette calamité que Bartholomew voudrait éviter à ses compatriotes : « Le communisme, testé dans une vingtaine de pays, se caractérise par quelques invariants peu souhaitables : parti unique, régime de terreur, police politique, propagande d’État, fiasco économique, corruption, persécution de la population, famines. Le bilan du communisme, entre 80 et 100 millions de morts, se précise avec le temps, le travail des historiens et l’ouverture des archives à l’Est. Famine Rouge, l’ouvrage de l’Américaine Anne Applebaum[tooltips content= »Famine rouge : la guerre de Staline en Ukraine, Grasset, 2019 (édition anglaise 2017). »](1)[/tooltips], fournit l’estimation la plus à jour de la famine en Ukraine infligée par Staline au début des années 1930 : 3,9 millions de victimes. Concernant la Chine, je me fie aux travaux de l’historien Frank Dikötter. »[tooltips content= »Auteur de Mao’s Great Famine, Walker, 2010. »](2)[/tooltips]

Il a fallu attendre 2006 pour que les crimes du communisme intègrent la mémoire officielle de l’Europe. Le Conseil de l’Europe a alors publié une évaluation des morts du communisme : 94,35 millions (dont 65 millions en Chine, 20 millions en URSS, 2 millions au Cambodge, 2 millions en Corée du Nord, 1 million au Vietnam, 1 million en Europe Orientale). Une « Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme, rebaptisée « Journée européenne du souvenir » ou « Jour du Ruban noir », a été instaurée en 2009 mais, fixée le 23 août en référence au pacte germano-soviétique, elle est peu médiatisée – les Européens étant, à la mi-août, moins enclins au devoir de mémoire qu’à la baignade en mer. Si les pays de l’Est, derniers arrivants dans l’UE, ont voulu rappeler leurs souffrances pour bannir l’idéologie rouge, les partis communistes côté Ouest condamnent le stalinisme, pas le communisme. En vérité, depuis 1917 l’Europe n’a cessé de détourner le regard de la catastrophe communiste. En 1989, la chute du mur de Berlin fut une fête. Mais bientôt, les petits morceaux de mur se transformèrent en gadgets de la pop culture. On a oublié les victimes et les restrictions de liberté, et l’extrême gauche s’est refait une virginité.

Un musée intelligemment conçu

En 2015, une véritable Corbynmania a propulsé Jeremy Corbyn, le candidat le plus radical, à la tête des travaillistes anglais. Aux États-Unis, Bernie Sanders a été à deux doigts d’emporter les primaires démocrates. À la même époque, Bartholomew, qui est invité à donner une conférence à Budapest, est ébranlé par sa visite de la Maison de la terreur. « Ce musée du totalitarisme est très intelligemment conçu. J’y ai appris que des centaines de Hongrois avaient été envoyés au Goulag en Russie. Je l’ignorais, moi qui ai grandi pendant la guerre froide. Il m’a paru urgent de transmettre l’histoire du communisme à une génération née après la dissolution de l’URSS. » De retour au Royaume-Uni, il réunit autour de lui plusieurs personnalités, dont le philosophe Roger Scruton, pour initier un Musée de la terreur communiste[tooltips content= »museumofcommunistterror.com, @CommunistTerror. »](3)[/tooltips]. Encore sous forme numérique, le musée peut ouvrir 24 h/24 h et 7 j/7 j. En attendant de trouver un lieu d’exposition, Bartholomew présente sa collection en ligne.

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Un jeu d’échecs fabriqué par un « zek », un prisonnier du Goulag en Sibérie (sur la boîte on lit : « Joue bien et rêve de liberté, Magadan, 1945 »), une Trabant, un pistolet 7,65 millimètres de la Securitate roumaine, une sculpture de Mao grandeur nature… Après avoir réuni plus d’une centaine d’objets et affiches, Bartholomew rêve d’acquérir un tank russe T54. Par chance, l’une de ses accointances est un collectionneur de vrais trains (faut-il être anglais pour constituer une collection privée de locomotives !). Propriétaire d’un entrepôt, il lui fait l’amitié d’héberger ses pièces volumineuses en attendant l’ouverture d’un musée à Londres. « Ma priorité, ce sont les interviews », dit Bartholomew. De l’Australie à l’Albanie, il recueille les récits des martyrs du communisme « avant qu’il ne soit trop tard ». Joseph Forgas, aujourd’hui professeur de psychologie en Australie, évadé de Hongrie à 22 ans ; Jaden Lam Phan, séparé de sa mère, jeté en prison et battu à l’âge de neuf ans après que son père a fui le Vietnam ; une écolière chinoise du temps de la Révolution culturelle ; une Russe nonagénaire née au Goulag : ils parlent dans des vidéos de quelques minutes. « Quand les témoins évoquent quelqu’un qui leur est venu en aide – un éclair d’humanité en plein cauchemar –, ils ne parviennent pas à contenir leur émotion, malgré le temps passé. L’autre constante, c’est la déception évoquée lorsque, passés à l’Ouest, ils se trouvent face à des thuriféraires communistes qui relativisent leur calvaire. »

James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste. © Sylvie Perez
James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste © Sylvie Perez

Il y a les pseudo-amnésiques qui scotomisent la réalité et il y a les ignorants. « Les jeunes n’y sont pour rien, observe Bartholomew. Les programmes scolaires sont lacunaires. » Un coup d’œil aux manuels britanniques d’histoire niveau bac confirme ce jugement. Le volume dédié à la Russie 1917-1953 consacre quelques pages à la dékoulakisation. On y lit : « Bien que la collectivisation ne soit pas obligatoire, le Comité central envoya 25 000 ouvriers à la campagne pour en faire la promotion. Ces idéalistes contraignirent les paysans à collectiviser et s’occupèrent aussi de déplacer les koulaks[tooltips content= »Rob Bircher, Revolution and Dictatorship: Russia 1917-1953. Revision Guide, Oxford University Press, 2018. »](4)[/tooltips]. » Les « idéalistes » en question sont les équipes d’exécuteurs de l’« opération koulak » chargés des crimes de masse dans les campagnes (30 000 paysans fusillés, 2 millions déportés). Les manuels sont confus, ils édulcorent et parfois justifient la cruauté stalinienne. Un paragraphe audacieusement intitulé « Le succès de la collectivisation » admet : « Par rapport aux objectifs de Staline, la collectivisation a produit des résultats mitigés. En tant que moyen d’augmenter la productivité agricole, ce fut un échec. » Et conclut : « Néanmoins, ce procédé a permis de mettre les forces des campagnes au service de l’industrialisation. » Euphémismes dignes de la Pravda !

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« Nous avons une longue tradition d’universitaires de haut rang très à gauche, qui influencent le contenu des manuels d’histoire », regrette Bartholomew qui entend intervenir auprès du ministère de l’Éducation pour réclamer la neutralité du cursus. Il a créé une Fondation pour l’histoire du totalitarisme qui organise un concours pour les lycéens. Le sujet cette année : rédiger un texte de 2 000 mots à propos de Witold Pilecki, officier polonais qui résista aux nazis puis aux communistes. Membre d’un réseau de résistance, Pilecki se fit interner à Auschwitz pour y organiser un soulèvement ; évadé en 1943, il documenta l’horreur puis, opposant au régime communiste, fut fusillé à Varsovie en 1948. Le Musée de la terreur communiste dessillera-t-il ceux qui rêvent encore au paradis égalitaire ? Nos sociétés sont-elles guettées par le collectivisme ? Il y a des prémices troublantes. La repentance, la haine de soi, les excuses publiques, les projets de rééducation du peuple, l’admonestation des adultes par les jeunes façon Thunberg, le divorce d’avec la réalité, le dirigisme d’État, l’obsession égalitaire et son corollaire, la suppression des privilèges (le privilège blanc est en vogue, qui établit la culpabilité sans procès) : le climat actuel ne présage rien de bon. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, dit l’aphorisme révolutionnaire. Reste à savoir où est l’omelette.

L’Université d’Oxford va-t-elle bannir la «musique blanche et colonialiste»?

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Les cours de musique enseignés à Oxford devraient connaître de grands bouleversements. Selon des informations du Telegraph, plusieurs professeurs de la plus ancienne université d’Angleterre estiment que le répertoire musical enseigné s’attarde trop sur la musique européenne « blanche ». Intrigué par ces nouveaux méfaits de l’idéologie « décoloniale », Benoît Rayski se fait persifleur.


Cette université est l’une des plus prestigieuses du monde. Un temple de culture fréquenté pendant des siècles par tout ce que le royaume britannique comptait de grand. Elle vient de sombrer, emportée par la vague indigéniste venue d’outre-Atlantique.

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La direction de l’université a estimé que « la musique blanche et coloniale » sonnait comme une « gifle » aux oreilles de certains de ses étudiants de couleur. Chez d’autres, de la même couleur, elle suscitait des réactions d’angoisse et de détresse.

L’Université d’Oxford a donc décidé de s’ouvrir à d’autres musiques dont le rap. Nous imaginons sans peine la réaction de ses étudiants quand on les obligeait à écouter du Mozart, du Bach et du Beethoven : une souffrance insupportable !

La réaction des autorités universitaires d’Oxford constitue la preuve d’un anti-racisme débile et dévoyé. Mais pas que. On peut voir en elle la manifestation d’une condescendance raciste, puisqu’elle jugerait les étudiants de couleur incapables d’apprécier les plus grands compositeurs de tous les temps.

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Nous ne savons pas jusqu’où iront les délires de l’Université d’Oxford. Supprimer les touches blanches du piano ? Contraindre les ballerines du Lac des Cygnes à porter des tutus noirs ? Mais nous savons qu’elle a trouvé un excellent anti anxiolytique pour calmer les angoisses de ses étudiants : le tam tam.

Eric Piolle, la France qui se voile la face


En politique, le Grenoblois a pour credo de ne jamais « se laisser entraîner dans les débats de l’extrême droite »… C’est un peu court!


J’aime que certaines personnalités politiques, presque de manière sadique, montrent jusqu’où peut aller leur indifférence à l’égard des préoccupations majoritaires des Français. Eric Piolle (EELV), à l’évidence un homme entier, convaincu et intelligent – je l’avais déjà remarqué au Grand Jury – a encore manifesté à quel point son idéologie lui occultait le réel et le conduisait à apposer, contre l’évidence, une grille monomaniaque sur la France du quotidien. On sait qu’il a affiché ses ambitions présidentielles et qu’un premier combat l’opposera vraisemblablement à Yannick Jadot dont le souci est d’élargir son espace – il vient de lancer un appel à toute la gauche – quand celui d’Eric Piolle est de le maintenir dans son intégrité limitée. Au sujet des récentes polémiques – notamment l’UNEF ou Audrey Pulvar – Piolle a affirmé qu’il ne fallait pas « se laisser entraîner dans les débats de l’extrême droite ». Il me semble qu’une telle appréciation, aussi militante qu’elle soit, constitue une régression démocratique comme par exemple il y a quelques mois, le fait que les Français n’auraient été confrontés qu’à « un sentiment » d’insécurité. Il y a des puretés idéologiques qui sont des dévastations républicaines.

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Piolle aveugle devant la sinistrose majoritaire

En effet, quand on prend connaissance de la radiographie des Français, de l’image de Marine Le Pen et de l’impact du RN, on doit prendre acte d’un tableau contrasté. Marine Le Pen baisse tandis que l’influence du RN monte et que les problématiques françaises, tournant principalement autour du déclin, de l’immigration, de l’insécurité, de la Justice laxiste, de l’identité et de la dépossession, sont partagées, à des degrés divers toutes tendances politiques confondues. Cette plainte, cette angoisse, pour qui tente autant que possible d’être à l’écoute du pays, constituent le langage citoyen banal qui de fait domine. On pourrait le résumer vulgairement par l’intuition que « tout fout le camp et que plus rien n’est comme avant » et la crainte qu’il y ait là un mouvement irrésistible entraînant la France vers le bas.Je conçois qu’on s’interroge sur la similitude entre cette sinistrose majoritaire et le fond du RN. Celui-ci a-t-il diffusé dans l’ensemble de la société ses thèmes de prédilection ou bien ont-ils été accueillis et cultivés par d’autres familles parce que le réel, depuis quelques années, les a au moins en partie validés ?

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Est-on coupable par le fait même de questionner ainsi et de donner une forme de crédibilité à ce que le RN a martelé seul durant longtemps ? L’audace d’un Fabius le créditant de poser de bonnes questions mais de donner de mauvaises réponses avait été remarquée en son temps. Nous en sommes encore là et le pouvoir, à l’évidence, n’a pas trouvé celles, protectrices, rassurantes, fières, qui nous auraient comblés. Mais pour Eric Piolle, à l’évidence, c’est encore trop. On voit bien, par un proverbe qu’il cite et qui n’est pas très élégant, d’où vient sa répugnance, comme s’il avait peur, par la simple énonciation d’interrogations partagées, de se salir les mains et l’esprit. Il compare le fait de se laisser « entraîner dans les débats du RN » à l’affrontement de deux cochons dans la boue, l’un adorant cela !

Expérience grenobloise très controversée

Je ne suis pas sûr qu’on puisse être convaincu par l’assimilation d’une démocratie ne se voilant pas la face au regard de ce qui l’affaiblit, la délite, à de la boue; sauf à admettre qu’une République n’est honorable qu’en prenant en charge ce qui va bien.

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Eric Piolle ne nous dit même pas que le RN ne donne pas les bonnes réponses mais que nous n’avons pas le droit, à cause de ce qu’est ce parti, de formuler des questions essentielles. Comment le candidat que souhaite être Eric Piolle – avec une expérience grenobloise très controversée -, peut-il concilier cela avec l’obligation, quoi qu’il en coûte, d’assumer toute la réalité et les révoltes, les mélancolies, les désespoirs qu’elle suscite ? N’y aurait-il pas de sa part une non-assistance à Français en danger ?

Alors que l’échéance présidentielle est proche, cette morosité des citoyens (peu ou prou, à gauche comme à droite) ne pourrait-elle pas être perçue comme la condamnation anticipée du bilan d’un mandat qui avait fait naître trop d’espoir pour ne pas, sur la fin, en payer le prix ?

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Les simagrées de la culture de l’excuse


La repentance est à la mode. S’excuser est devenu le bon truc! Un blanc-seing, un passeport médiatique, un argument juridique…


Ces mea-culpa exigés en permanence sont un résidu actualisé de l’acte de contrition qui a bercé les leçons de catéchisme. Trois Pater et deux Avé, et un petit acte de contrition: la sanction de la confession pour avoir avoué ses péchés, et hop ! On repartait du confessionnal avec l’âme chromée nickelée. Et pour les péchés véniels, plus aucun remord. De plus, le confesseur, sous la foi du secret, vous garantissait l’absolution complète. Petits, on inventait même des péchés pour avoir l’air très rigoureux avec soi-même.

Voilà que c’est devenu une nouvelle mode, où le confesseur public est incarné par les médias accusateurs. C’est ainsi que le président de la République aurait dû s’excuser par rapport au coronavirus et aux vaccins… comme Angela qui en la circonstance porte bien son nom.

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Personne ne peut croire une seconde que ces flots d’excuses à tout propos, contiennent de vrais regrets et de « fermes résolutions de ne plus pécher et de faire pénitence ».

Une époque propice à la repentance

Il s’agit là plutôt d’une bonne occasion d’éviter des reproches mérités ou pas. Que vous soyez coupable ou pas, il faut s’excuser. Mauvais calcul d’ailleurs, puisqu’aussitôt après on ne manque pas de signaler que ces excuses valent des aveux. J’ai moi-même il y a quelques années refusé de m’excuser d’une phrase dite à la radio et « détachée de son contexte ». M’excuser aurait signifié que j’avais donné à cette phrase un tout autre sens, celui-là condamnable. Mais refuser d’avouer ce qu’en son âme et conscience n’est en aucun cas condamnable, est pire que la phrase elle-même qui tourne en boucle… Audrey Pulvar est tombée dans le bain de la cacophonie indignée, elle a expliqué… mais tout le monde s’en fiche : amalgame et excuses voilà la recette de la cuisine médiatique.

Nous en sommes au stade où l’Histoire elle-même doit demander pardon au nom des opprimés de jadis. C’est une Histoire revue et corrigée avec bonne conscience à peu de prix et avec l’injuste regard d’aujourd’hui. Rien n’échappe à la repentance nationale : guerres, personnages disparus, œuvres d’art… ce qui donne l’occasion de cérémonies nationales qui loin d’apaiser des drames réels, les remettent au goût du jour et provoquent un sentiment de haine à retardement et de divisions dont justement nous ne voulons plus.

La prise de conscience d’un pays qui s’est mal comporté à un moment de l’Histoire et la rectification de comportements du passé suffit: il n’y a plus personne à punir ni à pardonner.

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Comme d’habitude la France ne fait pas les choses à moitié et nous sommes prêts avec une certaine jouissance à tomber dans le complexe de culpabilité chronique: intersectionnalité, Woke, devoirs de réparation envers les minorités de préférence visibles auxquelles nous n’avons rien fait, mais que l’Histoire a mal traitées. Il faut faire payer le passé…

Retour au temps présent

C’est pourtant déjà assez dur de maîtriser le présent ! Menaces de procès, accusations lourdes…

Quoique l’on pense de la gestion d’une pandémie incompréhensible, des errances admiratives ou des retards de vaccins, de la nullité de certains « responsables pas coupables », il est très curieux de vouloir voir tomber à genoux au yeux du monde, notre président de la République (c’est toujours le nôtre), et jouir de l’entendre « avouer » qu’il a été incompétent ou qu’il s’est trompé… surtout s’il a l’impression d’avoir plutôt fait de son mieux, ce dont personne ne peut douter ne serait-ce que parce que réussir est un atout fondamental pour sa potentielle réélection. C’est déstabilisant et inutile y compris pour notre moral !

Alors qu’Angela Merkel s’excuse, est une affaire entre elle et sa conscience et la perception du peuple allemand, qui n’a pas ce même rapport avec le pouvoir .

Il faut aussi savoir qu’en France s’excuser et reconnaître une erreur, est la porte ouverte à toutes les dérives politiques, à toutes les insultes des oppositions, voire à une demande de démission du chef de l’État ! Une grave atteinte à l’autorité de l’État, dont franchement on peut se passer en ce moment.

Les Français ont besoin de croire que celui qui nous gouverne en ce moment fait de son mieux.  En revanche, que celui-ci prenne conscience publiquement des atermoiements de ses administrations, de la lenteur d’application des consignes, de la pléthore de commissions inutiles… du pouvoir de dire non des fonctionnaires apeurés, du manque de confiance en nous et dans les entreprises, alors là : oui ! On aimerait un aveu de cette prise de conscience d’inefficacité, avec effet immédiat de corrections des process, bref du concret. Mais pitié ! Pas d’excuses, on a mieux à faire…

Classement des lycées, mythes et réalités


Parents qui vous souciez présentement de l’établissement dans lequel passera en Seconde MonChéri-MonCœur, pupille de vos yeux, écoutez bien…


Il est revenu, le temps du muguet et du classement des meilleurs lycées. Le Figaro a ouvert le feu dans son édition du 18 mars, classant d’un côté « les meilleurs lycées de France » (aucune surprise, le privé représente 85% de ces établissements), et de l’autre les meilleurs lycées publics : aucune surprise, le lycée franco-allemand de Buc et le lycée Henri-IV caracolent en tête.

Il est à craindre que le parent pressé en reste là, sans lire les commentaires de Sophie de Tarlé. La journaliste explique que le privé jouit d’un statut exceptionnel: l’établissement recrute qui il veut, et si un élève se montre peu travailleur ou indiscipliné, on le vire, la liste d’attente est si longue qu’il sera remplacé dans l’instant. Et contrairement au public, le privé n’a aucune obligation de recaser le mauvais sujet.

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Quant aux « grands » lycées publics parisiens, ils bénéficient d’un régime d’exception qui leur permet de recruter hors Affelnet (le système d’affectation du collège au lycée — je vais y revenir), sur toute l’Île-de-France, voire sur toute la France: en sélectionnant a priori les meilleurs, inutile de s’émerveiller si 100% d’élèves ont le Bac avec mention. Si vous constituez une équipe avec les meilleurs joueurs de l’Hexagone, cela s’appelle l’équipe de France, et elle doit raisonnablement enfoncer Canet-en-Roussillon (qui a eu bien du plaisir à éliminer l’OM récemment).

Des lycées méritants non cités dans les classements

D’où le mérite de lycées installés dans des zones défavorisées, réalisant des performances bien meilleures que des établissements réputés. Le lycée Pierre-Gilles-de-Gennes, à Digne-les-Bains, est au 17ème rang français — juste derrière le lycée Charlemagne, que les parents parisiens se disputent l’arme au poing. Le lycée Thiers, à Marseille, sis dans le Ier arrondissement, l’un des plus pauvres de la ville, donc de France, est au 23ème rang national, bien avant le très chic lycée La Fontaine (Paris XVIe) ou le lycée du Parc à Lyon. L’un et l’autre montent dans les classements grâce à une « valeur ajoutée sur le taux de mentions » (la différence entre ce qui pouvait être attendu et la réalité de l’examen) impressionnante.

Pour les lycées « standard », c’est plus compliqué, et c’est là que le classement pêche. Un voyou multi-récidiviste ne peut pas être viré sans qu’on lui trouve un autre établissement. Les pires mauvais sujets tournent ainsi de bahut en bahut, chacun se refilant le bâton merdeux, si vous me passez l’expression. Ou bien on crée quelque part une section STMG, qui en Première héritera des élèves d’autres lycées incapables de suivre en section générale. Les résultats des uns en pâtiront, ceux des autres s’amélioreront par magie. Que savent les parents de ces petits arrangements avec l’égalité républicaine?

97,6% de réussite au Bac. Tout le monde devrait avoir compris que ce n’est plus au lycée que ça se joue, mais après

Alors, parents qui vous souciez présentement de l’établissement dans lequel passera en Seconde MonChéri-MonCœur, pupille de vos yeux, écoutez bien.

Il n’y a aucune différence au niveau des enseignants entre deux établissements. À peine peut-on noter que les enseignants débutants ont une première mutation dans les aires géographiques les plus déshéritées. Cela ne signifie pas qu’ils soient mauvais, des enseignants chevronnés, mais las, se laissent parfois aller à des routines peu stimulantes. Pire: les lycées privés recrutent, sur la base de concours spécifiques notoirement moins exigeants que ceux du public, des profs moins bien payés. Et les salaires du public en France étant les plus bas d’Europe, cela donne une idée.

Christophe Kerrero s’attaque aux « ghettos de riches »

D’ailleurs, privé et public peinent également à recruter. Ce qui signifie que les heureux titulaires ne sont pas forcément la crème de la crème — si vous prenez en compte le fait qu’un étudiant doué en maths fera dans l’industrie ou la finance des carrières cent fois plus rémunératrices que dans l’enseignement, auquel ne restent que les bras cassés ou les masochistes — et quelques cinglés dans mon genre habités par une vocation.

Ce qui fait la différence entre deux lycées, ce sont les élèves. Encore que l’on puisse se demander, quand on a interrogé au niveau Bac, si cette supériorité n’est pas en grande partie une légende. Entrer à l’Ecole alsacienne ne signifie pas que vous appartenez à l’élite pédagogique, mais que vous soignez votre carnet d’adresses dès l’âge de 12 ans —et que vous avez les moyens de débourser peu ou prou 5000 € dans l’année. Et là se révèle le caractère oligarchique du système. Ce ne sont pas les meilleurs que les meilleurs établissements recrutent, mais les enfants des parents qui ont le plus d’entregent. Des milliers de demandes de dérogations arrivent chaque année au rectorat de Paris — qui, excédé, a choisi cette année une nouvelle distribution des élèves, du collège au lycée, afin de ventiler davantage sur plus d’établissements.

Comme c’est curieux, comme c’est étrange, et quelle coïncidence ! Un recteur macroniste, Christophe Kerrero, ancien Directeur de Cabinet de Blanquer, met au point un système plus juste, basé sur l’Indice de Position Sociale, un indicateur basé sur les professions des parents, qui permettra un peu plus de mixité scolaire. Au lieu de pérenniser les ghettos de riches, il suggère aux parents d’accepter l’installation de leur enfant dans un lycée moins prestigieux (voir ci-dessus le caractère biaisé du terme), mais présentant à terme des caractéristiques tout aussi séduisantes. La réforme vise à diminuer le poids des « lycées de niveau » en revalorisant des établissements boudés par les familles.

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Il fallait s’y attendre : les parents d’élèves du public, tous bobos de pure souche, se sont divisés sur le sujet, les uns craignant que MonChéri-MonCœur n’aille pas à Charlemagne (voir ci-dessus), ou y rencontrent des petits pauvres, les autres comprenant — parce qu’ils ne sont quand même pas tous idiots — que la mixité sociale est en fait une valeur ajoutée qui sera profitable à la pupille de leurs yeux.

Ce n’est plus au lycée que ça se joue

Que des parents veuillent le meilleur pour leur enfant, c’est normal. Mais qu’ils finissent obnubilés par des classements qui ne signifient pas grand chose, préférant la réputation, aussi usurpée soit-elle, à des pédagogies stimulantes et un encadrement compétent…

D’autant qu’à l’arrivée, les uns et les autres auront le Bac — il faut faire une demande spéciale pour le rater, en ce moment: 97,6% de réussite l’année dernière au Bac général, et 2021 sera une cuvée encore plus gouleyante. Tout le monde devrait avoir compris que ce n’est plus au lycée que ça se joue, mais après. Et nombre de filières d’exception, dans le Supérieur, refusent désormais de s’obnubiler sur l’établissement d’origine des candidats, préférant examiner les résultats du contrôle continu ou les motivations des futurs étudiants.

Alors autant que les parents s’évitent l’infarctus fatal lorsque la lumière de leurs yeux sera versée au lycée international de l’Est parisien, à Noisy-le-Grand, banlieue suspecte s’il en est, et non à Chaptal — bien plus loin pourtant dans les classements.

La mauvaise blague d’Audrey Pulvar

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Audrey Pulvar, candidate du parti socialiste aux régionales en Ile-de-France soutient l’interdiction pour les Blancs d’accéder à certaines réunions politiques. Appelons un chat un chat: au nom d’un prétendu vivre-ensemble, c’est le grand retour de la ségrégation raciale. L’analyse de Céline Pina.


Pour Audrey Pulvar, la position de l’UNEF est parfaitement sensée : la couleur de peau détermine ce que l’on est, donc un Blanc ne saurait subir le racisme, il ne peut que l’exercer et seuls les Noirs ou les arabo-musulmans peuvent en être victimes. Un Blanc ne saurait donc être autre chose qu’un raciste (qui s’ignore ou pas) et un auteur de discriminations, voilà pourquoi il n’a pas sa place dans une réunion de victimes, lesquelles se reconnaissent aussi à leur couleur de peau. Néanmoins, Madame Pulvar est charitable, si le Blanc venait quand-même, on l’autoriserait à rester, mais à condition qu’il reste silencieux. Elle ne précise pas s’il doit rester les yeux baissés et les mains jointes dans la posture du pénitent, mais elle en a suffisamment dit pour se déconsidérer aux yeux, non de la droite et de l’extrême-droite, comme elle aimerait le faire croire, mais aux yeux de tous les humanistes et de tous les universalistes. 

Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes

Car le discours que tient la candidate du PS est raciste, au sens premier du terme. C’est un discours essentialiste qui fait de la couleur de peau un marqueur moral et qui ne peut que mener à une idéologie de la pureté du sang où le métissage est le tabou suprême.

Un levier électoral?

Alors est-ce à dire qu’Audrey Pulvar est raciste ? Ce n’est pourtant pas le cas. Voilà pourquoi ce qu’elle fait est pire : elle ne promeut pas le racisme parce qu’il correspond à sa vision du monde, elle le fait par démagogie, par pur électoralisme, pour servir les intérêts de son camp. Elle choisit de promouvoir le racisme parce qu’en région parisienne, les élus de gauche pensent que les banlieues sont aux mains des islamistes et de leurs alliés indigénistes et décoloniaux, ces néo-racistes qui se disent racialistes et qui cultivent la haine du Blanc comme un vecteur de mobilisation. Il est vrai que dans les quartiers dits pudiquement difficiles, l’alliance de la haine raciale et de la haine religieuse avec le communautarisme constitue un levier électoral mobilisateur. Ce n’est donc pas parce qu’elle est raciste qu’Audrey Pulvar soutient une démarche qui, elle, l’est, mais parce qu’elle considère que la démarche est électoralement payante et lui permettra de drainer le vote d’une partie des banlieues. Du coup, tous les moyens sont bons pour servir ses intérêts partisans et tant pis si pour cela il faut valider des démarches ségrégationnistes. 

A lire aussi, Renée Fregosi: L’UNEF, idiote utile de l’islamisme?

Pour plaire à ses nouvelles cibles électorales, cette gauche reprend d’ailleurs le concept de racisme d’État, elle le rebaptise « racisme de pouvoir » pour échapper à la cruelle réalité : il n’y a pas de racisme d’État là où l’égalité en droit et en dignité entre les hommes est le socle des liens politiques et juridiques. Le racisme d’État a existé en occident, les États-Unis et l’Afrique du Sud l’ont mis en œuvre en leur temps, le nazisme en avait fait la base de son organisation sociale et politique. Comment celui-ci se traduit-il ? Par des phénomènes d’exclusion et de violence. Et cela commence avec des réunions interdites à ceux qui n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne ethnie, avec l’interdiction de la rencontre, du travail en commun, puis du lien amical ou de l’alliance amoureuse… L’autre n’est plus l’inconnu, mais l’interdit, et l’ouverture à l’altérité devient trahison de sa « race ». C’est ainsi qu’une personne, considérée comme noire, qui refuse d’entrer dans le jeu des racialistes va subir des rappels à l’ordre incessant. C’est ce qui arrive aujourd’hui à Rachel Kahn, l’auteur de Racée, qui se fait traiter de « nègre de maison » parce qu’elle défend l’universalisme et le vrai antiracisme. 

Un gauche sinistre, un parti socialiste zombie

Vous souvenez-vous de cette « blague » très acide, qui commence avec « c’est l’histoire d’un restaurant interdit aux juifs et aux coiffeurs » et est censée se finir quand un des interlocuteurs répond « mais pourquoi les coiffeurs ? », montrant ainsi, non l’acceptation de l’antisémitisme, mais le fait que le racisme comme motif d’exclusion a été tellement pratiqué qu’il n’étonne plus, même s’il indigne toujours les véritables humanistes ? Il est ainsi déjà sinistre de voir une gauche aux abois soutenir des réunions « interdites aux Blancs », mais encore plus déprimant quand on constate que ce choix ne fait que mettre en exergue l’absence totale de vision d’avenir et de proposition d’un PS zombifié. Nombre d’intellectuels ont déjà fait remarquer que l’extrême-droite n’oserait pas soutenir l’organisation de réunions interdites aux Noirs par exemple, tant cela apparaitrait comme indigne. Que ce soit une tête de liste PS qui se fasse le défenseur de réunions où l’on trie les participants en fonction de leur couleur de peau est tout aussi indigne et impardonnable et abolit la ligne rouge qui distingue les républicains de ceux dont les idéologies ont donné naissance aux pires totalitarismes. Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes, il ne peut plus être considéré comme républicain.

Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008
Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008

Encore moins comme humaniste, car ce choix du racisme derrière l’imposture du terme « racialisme » équivaut à la pire des malédictions pour celui qui incarne pourtant l’infinie capacité des hommes à s’unir malgré leurs différences : le métis. À qui appartient-il ? À partir de quelle couleur sur le nuancier Pantone passe-t-on d’oppresseur à victime ? Quand on est métis dans les réunions que défend Audrey Pulvar, a-t-on le droit de parler ? Le temps de parole est-il défini au pourcentage d’ancêtres noirs ? Autant de questions que se sont posées les pires ségrégationnistes et qui ont abouti à la théorie de la goutte de sang noire. On le voit, la guerre des races est sans issue, elle n’investit que sur la haine et la différence. Elle est fondée sur une logique de vengeance et d’instrumentalisation de l’histoire et abolit toute liberté individuelle. 

Aversions d’avenir

Ce n’est même pas par aveuglement idéologique que Madame Pulvar et le PS servent une si mauvaise cause. Il n’y a dans ce choix que basse besogne politicienne, calcul à courte vue et absence de toute perspective d’avenir à proposer aux citoyens. 

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Alors faute d’être capable de susciter la mobilisation en défrichant un chemin, la candidate espère se sauver en exploitant le ressentiment et la division, n’hésitant pas au passage à sacrifier l’universalisme et l’humanisme. « Paris vaut bien une messe » avait dit en son temps Henri IV. L’intérêt général du royaume exigeait que le Roi en rabattit sur ses exigences, il le fit. Là l’intérêt général exige que l’on cesse de promouvoir le racisme et la haine civile, la candidate du PS en étant incapable de le comprendre montre qu’elle est la énième femme politique qui ne sera jamais une femme d’État. Sa seule consolation est notre grand malheur : à savoir qu’elle n’est pas la seule.

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«Non à la République islamique»: le hashtag qui devient viral en Iran

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Le prince Reza Pahlavi lui-même l’a utilisé, espérant que son peuple se révolte contre les mollahs


C’est un hashtag qui n’a rien de nouveau sur les réseaux sociaux. Mais depuis que le prince Reza Pahlavi l’a affiché publiquement sur ses propres comptes, le slogan « Non à la République islamique » a connu un véritable essor inattendu sur Instagram, Twitter et Telegram. 

En Iran, on vote le 18 juin

De nombreux dissidents iraniens n’ont pas hésité à se mettre en scène, publiant des vidéos où on peut les voir arborant des pancartes #N2IR, en farsi ou en anglais, marquant leur rejet du régime de Téhéran. Cette République des mollahs qui préparent la prochaine élection présidentielle, prévue le 18 juin de cette année. 

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Depuis la chute de la monarchie en 1979, le prince Reza Pahlavi est devenu une des voix officielles de l’opposition aux ayatollahs qui dirigent l’Iran. Suivi par près de deux millions de personnes, tous réseaux sociaux cumulés, le prétendant au trône du Paon espère que cet appel à la désobéissance civile va faire naître « un mouvement national et inclusif ». « Cette campagne reflète le désir le plus fondamental du peuple iranien: la liberté. Notre nation dit d’une seule voix qu’elle n’accepte plus la république islamique » a expliqué le prince Pahlavi dans une courte vidéo rendue publique le 15 mars. Le nom de sa famille est même devenu un symbole de ralliement, scandé à de nombreuses reprises au plus fort de manifestations anti-gouvernementales qui ont éclatées entre 2017 et 2019 suite à l’augmentation des produits de base essentiels à la vie des iraniens. Une campagne qui « transcende tout parti politique ou affiliation » renchérit le prince impérial qui entend laisser le choix aux Iraniens du futur de leurs institutions, une fois le régime islamique abrogé. Une déclaration également à l’encontre de ses détracteurs frileux à l’idée de travailler avec l’héritier d’un état monarchique qu’ils estiment avoir été tout aussi répressif que celui des ayatollahs actuellement. Un régime obsédé, quant à lui, par les Pahlavis qu’il croit voir à la tête de tous les complots possibles et inimaginables et qui accuse cette dynastie d’être financée par l’Arabie Saoudite et Israël. 

640 signataires

Face à une Europe très timide vis-à-vis des mollahs, le prince se retrouve pourtant bien seul. Dans une interview accordée au magazine Newsweek en février, le prince Reza a affirmé, très irrité, que le président américain Joe Biden  avait cédé à un  « chantage » en annonçant le retour des Etats-Unis au sein de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, pourtant abandonné par la précédente administration qui avait imposé alors de lourdes sanctions au paysSi la campagne exige la suppression du régime théocratique, qui, selon ses militants, est « le principal obstacle à la réalisation de la liberté, de la prospérité et de la démocratie » dans l’ancienne Perse, il est peu probable qu’elle menace directement Téhéran. L’opposition iranienne exhorte habituellement les Iraniens à boycotter toutes les élections, arguant qu’elles n’apportent pas de changement et ne servent qu’à légitimer le régime en place qui contrôle même les résultats des sondages. Une assertion en partie due au processus de sélection des candidats en Iran uniquement approuvés par le régime, condition indispensable pour pouvoir se présenter aux élections. 

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Parmi les 640 signataires à l’origine de la campagne, on retrouve  des noms prestigieux comme le cinéaste Mohammad Nourizad, qui a autrefois réalisé des films de propagande islamique mais est depuis passé dans la dissidence après des années de prison en raison de ses critiques acerbes contre le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei. Egalement la militante des droits des femmes Shahla Entesari, le syndicaliste-enseignant Javad Lal Mohammadi, le compositeur Esfandiar Monfaredzade ou encore des militants pro-démocratie comme Abbas Vahedian et Zartosht Ahmadi Ragheb. 

Réunions interdites aux Blancs: notre civilisation en burn-out


Philippe Bilger s’inquiète des récents propos tenus par Audrey Pulvar


On n’a jamais parlé davantage des races que depuis que les militants du « postcolonialisme, décolonialisme, intersectionnalité et [de la] théorie critique de la race » occupent le haut du pavé, comme l’affirme Pierre-André Taguieff dans Valeurs actuelles. À les écouter et à les lire, la lutte des races doit remplacer la lutte des classes, reléguée dans les vieilles armoires du marxisme. Cette résurgence des Blancs, Noirs, jaunes, rouges est d’autant plus absurde et choquante que l’universalité du genre humain ne prête plus à discussion. Il est donc honteux que le racisme inepte d’un extrémisme ait été remplacé par le racisme prétendument progressiste d’un autre. À tort ou à raison, on pensait être débarrassé de ces ignominies du quotidien qui divisaient l’humanité en tranches et remettaient au premier plan la notion d’inégalité. La race est un concept culturel qui a emprunté le masque de la biologie pour tenter de se donner un semblant de validité. En vain puisque des études scientifiques, notamment une fondamentale en 2000, ont eu pour heureux effet de légitimer l’humanisme en démontrant l’unité du genre humain. Une double conclusion en était tirée. D’une part, tous les humains sont très proches. D’autre part, tous les êtres humains actuels sont, au sens propre, des Africains (selon le National Geographic).

Un retour de la race dramatique

Qu’on ne s’imagine pas que ce constat m’est venu comme par miracle. Bien au contraire je l’ai découvert comme la confirmation rassurante d’une intuition que nous éprouvons en observant sans préjugé notre monde. En dignité et en humanité, en virtualité, nous sommes frères et sœurs dans un univers que le réel fera exploser. Mais l’unité est à la source. D’authentiques chercheurs, alors que la France a fait disparaître la notion de race en 2013 dans la Constitution, ont argumenté en soulignant que ce concept devait être conservé à des fins en quelque sorte pédagogiques pour opposer l’antiracisme fondé au racisme délirant. Quoi qu’on pense de cette aspiration, elle n’était inspirée que par une bonne résolution. Ce n’est pas le cas de ces nouveaux racistes qui, au prétexte de défendre leur champ idéologique, historique et culturel qu’ils considèrent comme menacé par la simple coexistence avec d’autres groupes humains, ont décidé de ressusciter la notion dépassée et dangereuse de race pour la constituer comme arme de guerre contre d’autres races prétendues.

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Ce retour est dramatique. Chaque jour nous confronte à des polémiques et à des provocations qui peu ou prou visent à privatiser une race et à en exclure toutes les autres. Racisme, racialisme, racisé, autant de dénominations qui sur un mode pervers ont pour unique grille, par exemple, de justifier l’injustifiable et de faire accepter, par un apartheid de rétorsion, que les Blancs soient chassés ou au moins aient l’obligation de se taire dans les multiples débats que la modernité et ses faiblesses, ses tares imposent. Je ne m’étonne pas qu’une Assa Traoré soit tombée dans un tel paroxysme de discrimination, ou même l’UNEF de maintenant, mais comment admettre de la part d’une Audrey Pulvar une telle dérive – les Blancs peuvent assister aux réunions non mixtes mais doivent se taire ! – ou bien faut-il considérer que l’éclatement belliqueux du genre humain a atteint même les esprits initialement les plus équilibrés ? Cette pensée de Terence, qui aurait dû représenter une ligne constamment directrice, est donc battue en brèche, elle qui postulait que rien de ce qui est humain ne devait nous être étranger ?

Dominant / dominé – Supérieur / inférieur

Ce mouvement dévastateur s’est enclenché sous l’influence de revendications qui au lieu d’être débattues dans un concert pacifique ont eu pour objectif de dresser l’humanité contre elle-même en la replongeant dans l’horrible chaudron de races antagonistes, supérieures ou inférieures. Sans tomber dans le pathos, cette régression fait craindre un pire aujourd’hui encore inimaginable. Comme si le monde lassé d’une normalité même tempétueuse voulait retourner vers des territoires abjects où les êtres étaient essentialisés, les uns sauvés par principe, les autres tués par devoir.

Pourquoi cette terrifiante reculade ? Parce que des idéologues fanatiques, des militants ayant fermé toutes les fenêtres sur l’univers ont choisi d’aller au plus simpliste, au plus bête: détester l’autre et sa prétendue race pour se poser en modèles, donner des leçons, mettre le feu et se camper en victimes permanentes auxquelles nous aurions des comptes à rendre. Parce qu’un univers de désordre, de violence et d’injustice est bien plus souhaité, par les indigénistes et les racialistes, que notre monde certes imparfait mais qui a empêché, le moins mal possible, les affrontements mortifères des couleurs entre elles et la haine inexpiable qui en serait la conséquence.

Notre civilisation menacée de dislocation

Il faut absolument résister à cette tentative de dislocation d’une unité qui a fait notre civilisation et ne pas nous laisser envahir par une mauvaise conscience au prétexte que notre couleur serait différente de celle, victimaire et au verbe haut, qui nous juge et nous accable. En réalité, si nous demeurons dans cette splendide philosophie de l’unité du genre humain, nous aurons le droit d’aborder l’infinie diversité des natures et des caractères par la seule approche qui vaille: celle des actes et de leur appréhension singulière ou collective. Non plus les races fantasmées mais les œuvres. On a le droit de tout penser mais pas celui de tout faire. C’est à partir de cet accomplissement, bon ou mauvais, que la dignité de principe de chacun pourra s’amplifier ou s’effacer.

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Le paradoxe d’aujourd’hui est que, la race revenant honteusement par la fenêtre, contre l’universalité du genre humain, après avoir été tragiquement chassée par la porte, on cherche à nous vendre les genres, une confusion qui vise à confondre et à uniformiser ce que la nature avait distingué et singularisé. L’universel est détruit ici et l’unité bizarrement cherchée là.

Mais rien n’est fatal. Aux États-Unis d’où tout part, le meilleur comme le pire, des esprits bien plus progressistes que conservateurs commencent à s’émouvoir des effets catastrophiques de la cancel culture. Il n’est pas trop tard pour renvoyer les nouveaux racistes dans leur coin en laissant Noirs, Blancs, Jaunes, Rouges, Marron ou que sais-je, sous la protection bienfaisante et équitable de l’humain.

Derek Chauvin bénéficiera-t-il d’un procès équitable?

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Affaire George Floyd. Alors que le procès de Derek Chauvin s’est ouvert hier aux Etats-Unis, on peut craindre que la défense du policier soit inaudible. Elle pourrait mettre en avant la cardiomyopathie sévère dont souffrait Floyd, les fortes concentrations de fentanyl et les traces de méthamphétamines révélées par l’autopsie dans le sang de la victime, ainsi qu’un enregistrement vidéo d’avant l’intervention de Chauvin.


Tout le monde a vu les terribles images de la mort de George Floyd, maintenu neuf interminables minutes au sol par Derek Chauvin alors qu’il criait « I can’t breathe », ce qui fait du policier un coupable parfait. Mais les faits sont-ils aussi simples et Chauvin peut-il, dans l’ambiance Black Lives Matter aux Etats-Unis, bénéficier d’un procès équitable ?   

Les faits, d’abord, sont plus complexes que l’impression donnée par les images. George Floyd souffrait d’une cardiomyopathie sévère. Une de ses artères coronaires était obstruée à 90% et deux autres à 75%. L’autopsie a révélé dans son corps de fortes concentrations de fentanyl et des traces de méthamphétamines.  

Décès par arrêt cardiaque, pas par asphyxie

Cette dernière a d’ailleurs conclu à un décès non par asphyxie suite à un étranglement mais par arrêt cardiaque dont l’accusation soutiendra bien entendu qu’il a été provoqué par la prise de Chauvin et que rien ne justifiait que ce dernier la maintienne aussi longtemps. Et, de fait, quand on revoit les images, on ne comprend pas l’attitude de Chauvin alors que la foule présente lui signale la perte de connaissance de Floyd.

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Cependant, l’accusé, qui est arrivé tardivement sur les lieux, ne pouvait pas savoir que Floyd était « chargé » et avait un grave problème cardiaque avant de s’asseoir sur lui et mettre un genou sur le côté de son cou. Une technique qui fait partie du manuel de formation de nombreuses polices aux États-Unis, y compris celle de Minneapolis et qui, utilisée à maintes reprises, n’a jusqu’à présent provoqué la mort de personne.

Floyd disait déjà « Je ne peux pas respirer » avant l’arrivée de Chauvin

Du haut de ses 110 kilos, Floyd, qui avait déjà été interpellé dans des conditions similaires, résistait à son arrestation pour usage d’un faux billet, refusant de monter dans la voiture de police. Dans d’innombrables vidéos sur le site Police Activity, on voit que c’est souvent cet élément qui fait dégénérer la situation[tooltips content= »Dans cet exemple, on voit comment une situation assez similaire à celle de Floyd peut dégénérer au détriment des policiers. »](1)[/tooltips] entre la police et le suspect.

Avant que Derek Chauvin n’arrive sur les lieux, la « bodycam » d’un des policiers[tooltips content= »A partir de 9’50″](2)[/tooltips] montre déjà Floyd disant en sanglotant « Je ne peux pas respirer », tout en résistant aux deux policiers qui essayent de le mettre dans la voiture de patrouille, ce qui renforce la thèse de la défaillance cardiaque. Enfin, aucun élément ne permet à ce stade d’affirmer que Chauvin aurait agi autrement si George Floyd était blanc. 

Trois chefs d’accusation

Au plan, juridique, l’ancien policier fait face à trois chefs d’accusation : meurtre au 3ème degré (une qualification qui n’existe que dans trois États), meurtre au second degré et homicide involontaire (manslaughter).  

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Pour prouver un meurtre au deuxième degré, les procureurs doivent convaincre les jurés qu’une agression grave a été commise par le policier Chauvin, et qu’elle a été un « facteur de causalité important » dans la mort de M. Floyd. Pour prouver un meurtre au troisième degré, les procureurs doivent seulement prouver que M. Chauvin a fait preuve d’immoralité, d’un « esprit dépravé sans considération pour la vie humaine »[tooltips content= »Au Minnesota, la définition précise est « without intent to effect the death of any person, causing the death of another by perpetrating an act eminently dangerous to others and evincing a depraved mind, without regard for human life » »](3)[/tooltips]. Cette dernière accusation est donc plus facile à établir, mais elle reste aléatoire et n’a été que récemment réintroduite par les procureurs qui, dans un premier temps, convaincus de la solidité de leur cause, l’avait écartée. Pour l’ancien professeur de droit de Harvard, Alan Dershowitz, les procureurs tentent ainsi de « sauver leur procès » tant ils ne seraient plus du tout certains d’obtenir la condamnation de Chauvin sur la base de seuls faits qui, on le voit, sont loin d’être évidents lorsqu’il s’agit de juger un homme.

Une indemnité record de 27 millions de dollars déjà versée à la famille

Reste la question du procès équitable. Aux Etats-Unis, la partie civile d’un procès intervient généralement après la phase pénale. Pourtant, alors que les débats ont commencé le 9 mars par la sélection des jurés, trois jours plus tard, le conseil municipal de la ville de Minneapolis accordait, à l’unanimité, à la famille de Floyd une indemnité record de 27 millions de dollars, reconnaissant ainsi la responsabilité de la ville et donc la culpabilité de Derek Chauvin. Personne ne s’est offusqué de cette manœuvre politique détestable pour peser sur le procès avant le déroulement de celui-ci. Qu’en est-il de la présomption d’innocence ? Suite à ce vote, deux jurés ont d’ailleurs déclaré qu’ils ne pouvaient désormais plus être impartiaux et ont été récusés. 

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Et comment ce procès peut-il se dérouler dans la sérénité à Minneapolis ? Quel juré de cette ville qui a connu des semaines d’émeutes peut-il juger cette affaire avec impartialité ? Quel juré ne craindrait-il pas pour sa réputation, ses biens, voire son intégrité physique ou celle de sa famille s’il prononçait un verdict d’acquittement ? Le procès aurait, évidemment, dû être délocalisé dans une ville moyenne qui n’a pas connu d’émeutes et où les passions sont moins exacerbées. 

Ressentiment d’ordre racial

En temps normal, tant le procureur que la défense sélectionnent soigneusement le jury pour qu’il soit dans la mesure du possible composé de jurés sensés plus sensibles à leur cause respective. Dans le cas présent, les passions étant alimentées par un ressentiment d’ordre racial, la sélection du jury se révèle encore plus critique et semble tourner au décompte ethnique. Le résultat est un jury d’une composition inhabituelle pour Minneapolis, nettement moins blanc et plus féminin.

Le tribunal de Minneapolis est barricadé comme un camp militaire américain en Irak ou en Afghanistan. On espère que Chauvin aura droit à un procès équitable. Son acquittement ou une condamnation pour homicide involontaire ne semble pas incompatible avec les faits, mais susciterait l’indignation d’une grande partie de l’opinion pour qui la cause est entendue. Chauvin doit-il pour autant devenir le bouc émissaire, celui qui selon la théorie de René Girard apaise la colère de la communauté et canalise la violence, en l’occurrence empêche une nouvelle flambée d’émeutes à travers les États-Unis ?

Liste noire

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Jacqueline Gourault et Nadia Hai, juillet 2020 © Jacques Witt/SIPA Numéro de reportage : 00971425_000041

Avec ses 318 noms de personnalités « issues de l’immigration », Pascal Blanchard a proposé au gouvernement une liste foutraque et un pur exercice de comptage ethnique. Dans Le Monde, une indigente tribune tentait dernièrement de soutenir l’initiative malgré tout.


La pandémie a mis beaucoup d’activités à l’arrêt. Mais la destruction du modèle français continue. Le 3 décembre, sur le média Brut, Emmanuel Macron s’inquiète du devenir de la jeunesse qui reparle de colonisation « alors qu’elle ne l’a jamais vécue », et de celle qui se revoile pour se reconstruire une appartenance parce que les goujats de Français n’ont pas su lui dire « tu as une place, tu es nous ». Oubliant qu’il est le garant de la Constitution, il indique qu’il compte honorer 300 à 500 noms de personnalités issues de l’immigration. On ne va pas déboulonner de statues, mais on peut bien renommer des rues.

La liste de 318 oubliés

Initiée par la sous-ministre de la Ville Nadia Hai, native de Trappes, une première liste de 318 noms qui « n’ont pas encore tous trouvé leur place dans notre mémoire collective » est remise par l’historien Pascal Blanchard le 12 mars. On y honore des morts surtout pour leur origine ethnique. Quelques éditorialistes lucides s’en émeuvent.

Le 18 mars, dans Le Monde, une tribune emmenée par l’islamologue Rachid Benziane, la militante Rose Ameziane ou les comédiens Charles Berling et Philippe Torreton vient au secours de la liste remise au gouvernement et en rappelle la prétendue utilité ainsi que les rengaines habituelles: les différences nous enrichissent, nous sommes tous enfants d’immigrés.

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Histoire « fondamentalement plurielle » de la France

« Peut-on imaginer que les maires ne soient pas heureux de disposer d’un tel outil ? » plaident les intellectuels engagés. Selon eux, mépris et oublis « [auraient] entouré [l’] histoire fondamentalement plurielle de notre pays, nourrissant ressentiment et parfois violences. » Artistes et youtubeurs sont invités à corriger le tir en s’emparant de ces apports « confinés dans le domaine de l’impensé et de l’invisible. » Le journal télévisé pourrait de son côté « se saisir de la liste et en présenter chaque jour un nom. »

Dans son article premier, notre Constitution établit pourtant que la France est une République indivisible où tous les citoyens sont égaux, sans distinction d’origine. Nos militants sont-ils sincères, ou font-ils semblant de ne pas comprendre que la jeunesse se passerait bien de cette république au rabais?

James Bartholomew fonde le Musée de la terreur communiste

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Un intellectuel humilié pendant la révolution culturelle en Chine © Sylvie Perez

Déportations, exécutions de masse, famines… Malgré l’horreur de l’expérience communiste, le mirage égalitaire continue d’éblouir une jeunesse bernée par sa propre inculture. C’est pour elle que James Bartholomew a fondé le Musée de la terreur communiste, dont les témoignages vidéo, documents et objets sont propres à dessiller les rêveurs les plus naïfs.


Avec gourmandise, James Bartholomew, journaliste et essayiste londonien reconverti en directeur de musée, démaillote de son papier bulle sa dernière acquisition, puis extrait d’une boîte capitonnée de satin une figurine de 30 centimètres de haut en parfait état représentant l’un des épisodes les plus abjects du maoïsme. Un garde rouge en porcelaine peinte parade, le pied posé sur le dos d’un intellectuel à genoux. Le héros de la Révolution culturelle brandit d’une main le Petit Livre rouge, et de l’autre désigne du doigt l’ennemi du peuple. L’objet, glaçant, dûment légendé, devrait marquer les esprits et ouvrir les yeux d’une génération peu au fait de l’histoire du communisme. Un sondage de 2015 publié par le think tank anglais New Culture Forum révélait que 70 % des 16-24 ans ignorent qui est Mao Zedong.

Révolution culturelle en Chine : un garde rouge humilie un intellectuel. © Sylvie Perez
Révolution culturelle en Chine : un garde rouge humilie un intellectuel. © Sylvie Perez

Longue est la route par le précepte, courte et facile par l’exemple… « Mon ambition n’est pas de changer le monde, mais de nous protéger du désastre. Il faut informer le public de la réalité du communisme », dit Bartholomew en dépliant le prototype d’un fascicule intitulé « Communisme : un recueil des faits », rédigé par ses soins et maquetté par un graphiste bulgare et bénévole. L’ouvrage, bourré de repères historiques et de données chiffrées, est destiné à être distribué dans les écoles. Un nouveau Petit Livre rouge ? « Plus court et nettement plus fiable », rigole Bartholomew.

94.35 millions de morts

Khieu Samphan, numéro 2 du régime khmer rouge, donna un jour à de jeunes révolutionnaires sa définition du communisme : « Zéro pour toi, zéro pour moi, la vraie égalité. » C’est cette calamité que Bartholomew voudrait éviter à ses compatriotes : « Le communisme, testé dans une vingtaine de pays, se caractérise par quelques invariants peu souhaitables : parti unique, régime de terreur, police politique, propagande d’État, fiasco économique, corruption, persécution de la population, famines. Le bilan du communisme, entre 80 et 100 millions de morts, se précise avec le temps, le travail des historiens et l’ouverture des archives à l’Est. Famine Rouge, l’ouvrage de l’Américaine Anne Applebaum[tooltips content= »Famine rouge : la guerre de Staline en Ukraine, Grasset, 2019 (édition anglaise 2017). »](1)[/tooltips], fournit l’estimation la plus à jour de la famine en Ukraine infligée par Staline au début des années 1930 : 3,9 millions de victimes. Concernant la Chine, je me fie aux travaux de l’historien Frank Dikötter. »[tooltips content= »Auteur de Mao’s Great Famine, Walker, 2010. »](2)[/tooltips]

Il a fallu attendre 2006 pour que les crimes du communisme intègrent la mémoire officielle de l’Europe. Le Conseil de l’Europe a alors publié une évaluation des morts du communisme : 94,35 millions (dont 65 millions en Chine, 20 millions en URSS, 2 millions au Cambodge, 2 millions en Corée du Nord, 1 million au Vietnam, 1 million en Europe Orientale). Une « Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme, rebaptisée « Journée européenne du souvenir » ou « Jour du Ruban noir », a été instaurée en 2009 mais, fixée le 23 août en référence au pacte germano-soviétique, elle est peu médiatisée – les Européens étant, à la mi-août, moins enclins au devoir de mémoire qu’à la baignade en mer. Si les pays de l’Est, derniers arrivants dans l’UE, ont voulu rappeler leurs souffrances pour bannir l’idéologie rouge, les partis communistes côté Ouest condamnent le stalinisme, pas le communisme. En vérité, depuis 1917 l’Europe n’a cessé de détourner le regard de la catastrophe communiste. En 1989, la chute du mur de Berlin fut une fête. Mais bientôt, les petits morceaux de mur se transformèrent en gadgets de la pop culture. On a oublié les victimes et les restrictions de liberté, et l’extrême gauche s’est refait une virginité.

Un musée intelligemment conçu

En 2015, une véritable Corbynmania a propulsé Jeremy Corbyn, le candidat le plus radical, à la tête des travaillistes anglais. Aux États-Unis, Bernie Sanders a été à deux doigts d’emporter les primaires démocrates. À la même époque, Bartholomew, qui est invité à donner une conférence à Budapest, est ébranlé par sa visite de la Maison de la terreur. « Ce musée du totalitarisme est très intelligemment conçu. J’y ai appris que des centaines de Hongrois avaient été envoyés au Goulag en Russie. Je l’ignorais, moi qui ai grandi pendant la guerre froide. Il m’a paru urgent de transmettre l’histoire du communisme à une génération née après la dissolution de l’URSS. » De retour au Royaume-Uni, il réunit autour de lui plusieurs personnalités, dont le philosophe Roger Scruton, pour initier un Musée de la terreur communiste[tooltips content= »museumofcommunistterror.com, @CommunistTerror. »](3)[/tooltips]. Encore sous forme numérique, le musée peut ouvrir 24 h/24 h et 7 j/7 j. En attendant de trouver un lieu d’exposition, Bartholomew présente sa collection en ligne.

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Un jeu d’échecs fabriqué par un « zek », un prisonnier du Goulag en Sibérie (sur la boîte on lit : « Joue bien et rêve de liberté, Magadan, 1945 »), une Trabant, un pistolet 7,65 millimètres de la Securitate roumaine, une sculpture de Mao grandeur nature… Après avoir réuni plus d’une centaine d’objets et affiches, Bartholomew rêve d’acquérir un tank russe T54. Par chance, l’une de ses accointances est un collectionneur de vrais trains (faut-il être anglais pour constituer une collection privée de locomotives !). Propriétaire d’un entrepôt, il lui fait l’amitié d’héberger ses pièces volumineuses en attendant l’ouverture d’un musée à Londres. « Ma priorité, ce sont les interviews », dit Bartholomew. De l’Australie à l’Albanie, il recueille les récits des martyrs du communisme « avant qu’il ne soit trop tard ». Joseph Forgas, aujourd’hui professeur de psychologie en Australie, évadé de Hongrie à 22 ans ; Jaden Lam Phan, séparé de sa mère, jeté en prison et battu à l’âge de neuf ans après que son père a fui le Vietnam ; une écolière chinoise du temps de la Révolution culturelle ; une Russe nonagénaire née au Goulag : ils parlent dans des vidéos de quelques minutes. « Quand les témoins évoquent quelqu’un qui leur est venu en aide – un éclair d’humanité en plein cauchemar –, ils ne parviennent pas à contenir leur émotion, malgré le temps passé. L’autre constante, c’est la déception évoquée lorsque, passés à l’Ouest, ils se trouvent face à des thuriféraires communistes qui relativisent leur calvaire. »

James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste. © Sylvie Perez
James Bartholomew, journaliste et directeur du Musée de la terreur communiste © Sylvie Perez

Il y a les pseudo-amnésiques qui scotomisent la réalité et il y a les ignorants. « Les jeunes n’y sont pour rien, observe Bartholomew. Les programmes scolaires sont lacunaires. » Un coup d’œil aux manuels britanniques d’histoire niveau bac confirme ce jugement. Le volume dédié à la Russie 1917-1953 consacre quelques pages à la dékoulakisation. On y lit : « Bien que la collectivisation ne soit pas obligatoire, le Comité central envoya 25 000 ouvriers à la campagne pour en faire la promotion. Ces idéalistes contraignirent les paysans à collectiviser et s’occupèrent aussi de déplacer les koulaks[tooltips content= »Rob Bircher, Revolution and Dictatorship: Russia 1917-1953. Revision Guide, Oxford University Press, 2018. »](4)[/tooltips]. » Les « idéalistes » en question sont les équipes d’exécuteurs de l’« opération koulak » chargés des crimes de masse dans les campagnes (30 000 paysans fusillés, 2 millions déportés). Les manuels sont confus, ils édulcorent et parfois justifient la cruauté stalinienne. Un paragraphe audacieusement intitulé « Le succès de la collectivisation » admet : « Par rapport aux objectifs de Staline, la collectivisation a produit des résultats mitigés. En tant que moyen d’augmenter la productivité agricole, ce fut un échec. » Et conclut : « Néanmoins, ce procédé a permis de mettre les forces des campagnes au service de l’industrialisation. » Euphémismes dignes de la Pravda !

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« Nous avons une longue tradition d’universitaires de haut rang très à gauche, qui influencent le contenu des manuels d’histoire », regrette Bartholomew qui entend intervenir auprès du ministère de l’Éducation pour réclamer la neutralité du cursus. Il a créé une Fondation pour l’histoire du totalitarisme qui organise un concours pour les lycéens. Le sujet cette année : rédiger un texte de 2 000 mots à propos de Witold Pilecki, officier polonais qui résista aux nazis puis aux communistes. Membre d’un réseau de résistance, Pilecki se fit interner à Auschwitz pour y organiser un soulèvement ; évadé en 1943, il documenta l’horreur puis, opposant au régime communiste, fut fusillé à Varsovie en 1948. Le Musée de la terreur communiste dessillera-t-il ceux qui rêvent encore au paradis égalitaire ? Nos sociétés sont-elles guettées par le collectivisme ? Il y a des prémices troublantes. La repentance, la haine de soi, les excuses publiques, les projets de rééducation du peuple, l’admonestation des adultes par les jeunes façon Thunberg, le divorce d’avec la réalité, le dirigisme d’État, l’obsession égalitaire et son corollaire, la suppression des privilèges (le privilège blanc est en vogue, qui établit la culpabilité sans procès) : le climat actuel ne présage rien de bon. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, dit l’aphorisme révolutionnaire. Reste à savoir où est l’omelette.

L’Université d’Oxford va-t-elle bannir la «musique blanche et colonialiste»?

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Image Unsplash

Les cours de musique enseignés à Oxford devraient connaître de grands bouleversements. Selon des informations du Telegraph, plusieurs professeurs de la plus ancienne université d’Angleterre estiment que le répertoire musical enseigné s’attarde trop sur la musique européenne « blanche ». Intrigué par ces nouveaux méfaits de l’idéologie « décoloniale », Benoît Rayski se fait persifleur.


Cette université est l’une des plus prestigieuses du monde. Un temple de culture fréquenté pendant des siècles par tout ce que le royaume britannique comptait de grand. Elle vient de sombrer, emportée par la vague indigéniste venue d’outre-Atlantique.

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La direction de l’université a estimé que « la musique blanche et coloniale » sonnait comme une « gifle » aux oreilles de certains de ses étudiants de couleur. Chez d’autres, de la même couleur, elle suscitait des réactions d’angoisse et de détresse.

L’Université d’Oxford a donc décidé de s’ouvrir à d’autres musiques dont le rap. Nous imaginons sans peine la réaction de ses étudiants quand on les obligeait à écouter du Mozart, du Bach et du Beethoven : une souffrance insupportable !

La réaction des autorités universitaires d’Oxford constitue la preuve d’un anti-racisme débile et dévoyé. Mais pas que. On peut voir en elle la manifestation d’une condescendance raciste, puisqu’elle jugerait les étudiants de couleur incapables d’apprécier les plus grands compositeurs de tous les temps.

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Nous ne savons pas jusqu’où iront les délires de l’Université d’Oxford. Supprimer les touches blanches du piano ? Contraindre les ballerines du Lac des Cygnes à porter des tutus noirs ? Mais nous savons qu’elle a trouvé un excellent anti anxiolytique pour calmer les angoisses de ses étudiants : le tam tam.

Eric Piolle, la France qui se voile la face

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Eric Piolle, mars 2021 © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01008771_000005

En politique, le Grenoblois a pour credo de ne jamais « se laisser entraîner dans les débats de l’extrême droite »… C’est un peu court!


J’aime que certaines personnalités politiques, presque de manière sadique, montrent jusqu’où peut aller leur indifférence à l’égard des préoccupations majoritaires des Français. Eric Piolle (EELV), à l’évidence un homme entier, convaincu et intelligent – je l’avais déjà remarqué au Grand Jury – a encore manifesté à quel point son idéologie lui occultait le réel et le conduisait à apposer, contre l’évidence, une grille monomaniaque sur la France du quotidien. On sait qu’il a affiché ses ambitions présidentielles et qu’un premier combat l’opposera vraisemblablement à Yannick Jadot dont le souci est d’élargir son espace – il vient de lancer un appel à toute la gauche – quand celui d’Eric Piolle est de le maintenir dans son intégrité limitée. Au sujet des récentes polémiques – notamment l’UNEF ou Audrey Pulvar – Piolle a affirmé qu’il ne fallait pas « se laisser entraîner dans les débats de l’extrême droite ». Il me semble qu’une telle appréciation, aussi militante qu’elle soit, constitue une régression démocratique comme par exemple il y a quelques mois, le fait que les Français n’auraient été confrontés qu’à « un sentiment » d’insécurité. Il y a des puretés idéologiques qui sont des dévastations républicaines.

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Piolle aveugle devant la sinistrose majoritaire

En effet, quand on prend connaissance de la radiographie des Français, de l’image de Marine Le Pen et de l’impact du RN, on doit prendre acte d’un tableau contrasté. Marine Le Pen baisse tandis que l’influence du RN monte et que les problématiques françaises, tournant principalement autour du déclin, de l’immigration, de l’insécurité, de la Justice laxiste, de l’identité et de la dépossession, sont partagées, à des degrés divers toutes tendances politiques confondues. Cette plainte, cette angoisse, pour qui tente autant que possible d’être à l’écoute du pays, constituent le langage citoyen banal qui de fait domine. On pourrait le résumer vulgairement par l’intuition que « tout fout le camp et que plus rien n’est comme avant » et la crainte qu’il y ait là un mouvement irrésistible entraînant la France vers le bas.Je conçois qu’on s’interroge sur la similitude entre cette sinistrose majoritaire et le fond du RN. Celui-ci a-t-il diffusé dans l’ensemble de la société ses thèmes de prédilection ou bien ont-ils été accueillis et cultivés par d’autres familles parce que le réel, depuis quelques années, les a au moins en partie validés ?

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Est-on coupable par le fait même de questionner ainsi et de donner une forme de crédibilité à ce que le RN a martelé seul durant longtemps ? L’audace d’un Fabius le créditant de poser de bonnes questions mais de donner de mauvaises réponses avait été remarquée en son temps. Nous en sommes encore là et le pouvoir, à l’évidence, n’a pas trouvé celles, protectrices, rassurantes, fières, qui nous auraient comblés. Mais pour Eric Piolle, à l’évidence, c’est encore trop. On voit bien, par un proverbe qu’il cite et qui n’est pas très élégant, d’où vient sa répugnance, comme s’il avait peur, par la simple énonciation d’interrogations partagées, de se salir les mains et l’esprit. Il compare le fait de se laisser « entraîner dans les débats du RN » à l’affrontement de deux cochons dans la boue, l’un adorant cela !

Expérience grenobloise très controversée

Je ne suis pas sûr qu’on puisse être convaincu par l’assimilation d’une démocratie ne se voilant pas la face au regard de ce qui l’affaiblit, la délite, à de la boue; sauf à admettre qu’une République n’est honorable qu’en prenant en charge ce qui va bien.

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Eric Piolle ne nous dit même pas que le RN ne donne pas les bonnes réponses mais que nous n’avons pas le droit, à cause de ce qu’est ce parti, de formuler des questions essentielles. Comment le candidat que souhaite être Eric Piolle – avec une expérience grenobloise très controversée -, peut-il concilier cela avec l’obligation, quoi qu’il en coûte, d’assumer toute la réalité et les révoltes, les mélancolies, les désespoirs qu’elle suscite ? N’y aurait-il pas de sa part une non-assistance à Français en danger ?

Alors que l’échéance présidentielle est proche, cette morosité des citoyens (peu ou prou, à gauche comme à droite) ne pourrait-elle pas être perçue comme la condamnation anticipée du bilan d’un mandat qui avait fait naître trop d’espoir pour ne pas, sur la fin, en payer le prix ?

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Les simagrées de la culture de l’excuse

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Sophie de Menthon © IBO/SIPA

La repentance est à la mode. S’excuser est devenu le bon truc! Un blanc-seing, un passeport médiatique, un argument juridique…


Ces mea-culpa exigés en permanence sont un résidu actualisé de l’acte de contrition qui a bercé les leçons de catéchisme. Trois Pater et deux Avé, et un petit acte de contrition: la sanction de la confession pour avoir avoué ses péchés, et hop ! On repartait du confessionnal avec l’âme chromée nickelée. Et pour les péchés véniels, plus aucun remord. De plus, le confesseur, sous la foi du secret, vous garantissait l’absolution complète. Petits, on inventait même des péchés pour avoir l’air très rigoureux avec soi-même.

Voilà que c’est devenu une nouvelle mode, où le confesseur public est incarné par les médias accusateurs. C’est ainsi que le président de la République aurait dû s’excuser par rapport au coronavirus et aux vaccins… comme Angela qui en la circonstance porte bien son nom.

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Personne ne peut croire une seconde que ces flots d’excuses à tout propos, contiennent de vrais regrets et de « fermes résolutions de ne plus pécher et de faire pénitence ».

Une époque propice à la repentance

Il s’agit là plutôt d’une bonne occasion d’éviter des reproches mérités ou pas. Que vous soyez coupable ou pas, il faut s’excuser. Mauvais calcul d’ailleurs, puisqu’aussitôt après on ne manque pas de signaler que ces excuses valent des aveux. J’ai moi-même il y a quelques années refusé de m’excuser d’une phrase dite à la radio et « détachée de son contexte ». M’excuser aurait signifié que j’avais donné à cette phrase un tout autre sens, celui-là condamnable. Mais refuser d’avouer ce qu’en son âme et conscience n’est en aucun cas condamnable, est pire que la phrase elle-même qui tourne en boucle… Audrey Pulvar est tombée dans le bain de la cacophonie indignée, elle a expliqué… mais tout le monde s’en fiche : amalgame et excuses voilà la recette de la cuisine médiatique.

Nous en sommes au stade où l’Histoire elle-même doit demander pardon au nom des opprimés de jadis. C’est une Histoire revue et corrigée avec bonne conscience à peu de prix et avec l’injuste regard d’aujourd’hui. Rien n’échappe à la repentance nationale : guerres, personnages disparus, œuvres d’art… ce qui donne l’occasion de cérémonies nationales qui loin d’apaiser des drames réels, les remettent au goût du jour et provoquent un sentiment de haine à retardement et de divisions dont justement nous ne voulons plus.

La prise de conscience d’un pays qui s’est mal comporté à un moment de l’Histoire et la rectification de comportements du passé suffit: il n’y a plus personne à punir ni à pardonner.

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Comme d’habitude la France ne fait pas les choses à moitié et nous sommes prêts avec une certaine jouissance à tomber dans le complexe de culpabilité chronique: intersectionnalité, Woke, devoirs de réparation envers les minorités de préférence visibles auxquelles nous n’avons rien fait, mais que l’Histoire a mal traitées. Il faut faire payer le passé…

Retour au temps présent

C’est pourtant déjà assez dur de maîtriser le présent ! Menaces de procès, accusations lourdes…

Quoique l’on pense de la gestion d’une pandémie incompréhensible, des errances admiratives ou des retards de vaccins, de la nullité de certains « responsables pas coupables », il est très curieux de vouloir voir tomber à genoux au yeux du monde, notre président de la République (c’est toujours le nôtre), et jouir de l’entendre « avouer » qu’il a été incompétent ou qu’il s’est trompé… surtout s’il a l’impression d’avoir plutôt fait de son mieux, ce dont personne ne peut douter ne serait-ce que parce que réussir est un atout fondamental pour sa potentielle réélection. C’est déstabilisant et inutile y compris pour notre moral !

Alors qu’Angela Merkel s’excuse, est une affaire entre elle et sa conscience et la perception du peuple allemand, qui n’a pas ce même rapport avec le pouvoir .

Il faut aussi savoir qu’en France s’excuser et reconnaître une erreur, est la porte ouverte à toutes les dérives politiques, à toutes les insultes des oppositions, voire à une demande de démission du chef de l’État ! Une grave atteinte à l’autorité de l’État, dont franchement on peut se passer en ce moment.

Les Français ont besoin de croire que celui qui nous gouverne en ce moment fait de son mieux.  En revanche, que celui-ci prenne conscience publiquement des atermoiements de ses administrations, de la lenteur d’application des consignes, de la pléthore de commissions inutiles… du pouvoir de dire non des fonctionnaires apeurés, du manque de confiance en nous et dans les entreprises, alors là : oui ! On aimerait un aveu de cette prise de conscience d’inefficacité, avec effet immédiat de corrections des process, bref du concret. Mais pitié ! Pas d’excuses, on a mieux à faire…

Classement des lycées, mythes et réalités

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Le Lycée Franco-Allemand de Buc (Yvelines), 3e au classement des lycées du Figaro, et 1er parmi les établissements publics. Image : Google maps.

Parents qui vous souciez présentement de l’établissement dans lequel passera en Seconde MonChéri-MonCœur, pupille de vos yeux, écoutez bien…


Il est revenu, le temps du muguet et du classement des meilleurs lycées. Le Figaro a ouvert le feu dans son édition du 18 mars, classant d’un côté « les meilleurs lycées de France » (aucune surprise, le privé représente 85% de ces établissements), et de l’autre les meilleurs lycées publics : aucune surprise, le lycée franco-allemand de Buc et le lycée Henri-IV caracolent en tête.

Il est à craindre que le parent pressé en reste là, sans lire les commentaires de Sophie de Tarlé. La journaliste explique que le privé jouit d’un statut exceptionnel: l’établissement recrute qui il veut, et si un élève se montre peu travailleur ou indiscipliné, on le vire, la liste d’attente est si longue qu’il sera remplacé dans l’instant. Et contrairement au public, le privé n’a aucune obligation de recaser le mauvais sujet.

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Quant aux « grands » lycées publics parisiens, ils bénéficient d’un régime d’exception qui leur permet de recruter hors Affelnet (le système d’affectation du collège au lycée — je vais y revenir), sur toute l’Île-de-France, voire sur toute la France: en sélectionnant a priori les meilleurs, inutile de s’émerveiller si 100% d’élèves ont le Bac avec mention. Si vous constituez une équipe avec les meilleurs joueurs de l’Hexagone, cela s’appelle l’équipe de France, et elle doit raisonnablement enfoncer Canet-en-Roussillon (qui a eu bien du plaisir à éliminer l’OM récemment).

Des lycées méritants non cités dans les classements

D’où le mérite de lycées installés dans des zones défavorisées, réalisant des performances bien meilleures que des établissements réputés. Le lycée Pierre-Gilles-de-Gennes, à Digne-les-Bains, est au 17ème rang français — juste derrière le lycée Charlemagne, que les parents parisiens se disputent l’arme au poing. Le lycée Thiers, à Marseille, sis dans le Ier arrondissement, l’un des plus pauvres de la ville, donc de France, est au 23ème rang national, bien avant le très chic lycée La Fontaine (Paris XVIe) ou le lycée du Parc à Lyon. L’un et l’autre montent dans les classements grâce à une « valeur ajoutée sur le taux de mentions » (la différence entre ce qui pouvait être attendu et la réalité de l’examen) impressionnante.

Pour les lycées « standard », c’est plus compliqué, et c’est là que le classement pêche. Un voyou multi-récidiviste ne peut pas être viré sans qu’on lui trouve un autre établissement. Les pires mauvais sujets tournent ainsi de bahut en bahut, chacun se refilant le bâton merdeux, si vous me passez l’expression. Ou bien on crée quelque part une section STMG, qui en Première héritera des élèves d’autres lycées incapables de suivre en section générale. Les résultats des uns en pâtiront, ceux des autres s’amélioreront par magie. Que savent les parents de ces petits arrangements avec l’égalité républicaine?

97,6% de réussite au Bac. Tout le monde devrait avoir compris que ce n’est plus au lycée que ça se joue, mais après

Alors, parents qui vous souciez présentement de l’établissement dans lequel passera en Seconde MonChéri-MonCœur, pupille de vos yeux, écoutez bien.

Il n’y a aucune différence au niveau des enseignants entre deux établissements. À peine peut-on noter que les enseignants débutants ont une première mutation dans les aires géographiques les plus déshéritées. Cela ne signifie pas qu’ils soient mauvais, des enseignants chevronnés, mais las, se laissent parfois aller à des routines peu stimulantes. Pire: les lycées privés recrutent, sur la base de concours spécifiques notoirement moins exigeants que ceux du public, des profs moins bien payés. Et les salaires du public en France étant les plus bas d’Europe, cela donne une idée.

Christophe Kerrero s’attaque aux « ghettos de riches »

D’ailleurs, privé et public peinent également à recruter. Ce qui signifie que les heureux titulaires ne sont pas forcément la crème de la crème — si vous prenez en compte le fait qu’un étudiant doué en maths fera dans l’industrie ou la finance des carrières cent fois plus rémunératrices que dans l’enseignement, auquel ne restent que les bras cassés ou les masochistes — et quelques cinglés dans mon genre habités par une vocation.

Ce qui fait la différence entre deux lycées, ce sont les élèves. Encore que l’on puisse se demander, quand on a interrogé au niveau Bac, si cette supériorité n’est pas en grande partie une légende. Entrer à l’Ecole alsacienne ne signifie pas que vous appartenez à l’élite pédagogique, mais que vous soignez votre carnet d’adresses dès l’âge de 12 ans —et que vous avez les moyens de débourser peu ou prou 5000 € dans l’année. Et là se révèle le caractère oligarchique du système. Ce ne sont pas les meilleurs que les meilleurs établissements recrutent, mais les enfants des parents qui ont le plus d’entregent. Des milliers de demandes de dérogations arrivent chaque année au rectorat de Paris — qui, excédé, a choisi cette année une nouvelle distribution des élèves, du collège au lycée, afin de ventiler davantage sur plus d’établissements.

Comme c’est curieux, comme c’est étrange, et quelle coïncidence ! Un recteur macroniste, Christophe Kerrero, ancien Directeur de Cabinet de Blanquer, met au point un système plus juste, basé sur l’Indice de Position Sociale, un indicateur basé sur les professions des parents, qui permettra un peu plus de mixité scolaire. Au lieu de pérenniser les ghettos de riches, il suggère aux parents d’accepter l’installation de leur enfant dans un lycée moins prestigieux (voir ci-dessus le caractère biaisé du terme), mais présentant à terme des caractéristiques tout aussi séduisantes. La réforme vise à diminuer le poids des « lycées de niveau » en revalorisant des établissements boudés par les familles.

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Il fallait s’y attendre : les parents d’élèves du public, tous bobos de pure souche, se sont divisés sur le sujet, les uns craignant que MonChéri-MonCœur n’aille pas à Charlemagne (voir ci-dessus), ou y rencontrent des petits pauvres, les autres comprenant — parce qu’ils ne sont quand même pas tous idiots — que la mixité sociale est en fait une valeur ajoutée qui sera profitable à la pupille de leurs yeux.

Ce n’est plus au lycée que ça se joue

Que des parents veuillent le meilleur pour leur enfant, c’est normal. Mais qu’ils finissent obnubilés par des classements qui ne signifient pas grand chose, préférant la réputation, aussi usurpée soit-elle, à des pédagogies stimulantes et un encadrement compétent…

D’autant qu’à l’arrivée, les uns et les autres auront le Bac — il faut faire une demande spéciale pour le rater, en ce moment: 97,6% de réussite l’année dernière au Bac général, et 2021 sera une cuvée encore plus gouleyante. Tout le monde devrait avoir compris que ce n’est plus au lycée que ça se joue, mais après. Et nombre de filières d’exception, dans le Supérieur, refusent désormais de s’obnubiler sur l’établissement d’origine des candidats, préférant examiner les résultats du contrôle continu ou les motivations des futurs étudiants.

Alors autant que les parents s’évitent l’infarctus fatal lorsque la lumière de leurs yeux sera versée au lycée international de l’Est parisien, à Noisy-le-Grand, banlieue suspecte s’il en est, et non à Chaptal — bien plus loin pourtant dans les classements.

La mauvaise blague d’Audrey Pulvar

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Audrey Pulvar, candidate du parti socialiste aux régionales en Ile-de-France soutient l’interdiction pour les Blancs d’accéder à certaines réunions politiques. Appelons un chat un chat: au nom d’un prétendu vivre-ensemble, c’est le grand retour de la ségrégation raciale. L’analyse de Céline Pina.


Pour Audrey Pulvar, la position de l’UNEF est parfaitement sensée : la couleur de peau détermine ce que l’on est, donc un Blanc ne saurait subir le racisme, il ne peut que l’exercer et seuls les Noirs ou les arabo-musulmans peuvent en être victimes. Un Blanc ne saurait donc être autre chose qu’un raciste (qui s’ignore ou pas) et un auteur de discriminations, voilà pourquoi il n’a pas sa place dans une réunion de victimes, lesquelles se reconnaissent aussi à leur couleur de peau. Néanmoins, Madame Pulvar est charitable, si le Blanc venait quand-même, on l’autoriserait à rester, mais à condition qu’il reste silencieux. Elle ne précise pas s’il doit rester les yeux baissés et les mains jointes dans la posture du pénitent, mais elle en a suffisamment dit pour se déconsidérer aux yeux, non de la droite et de l’extrême-droite, comme elle aimerait le faire croire, mais aux yeux de tous les humanistes et de tous les universalistes. 

Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes

Car le discours que tient la candidate du PS est raciste, au sens premier du terme. C’est un discours essentialiste qui fait de la couleur de peau un marqueur moral et qui ne peut que mener à une idéologie de la pureté du sang où le métissage est le tabou suprême.

Un levier électoral?

Alors est-ce à dire qu’Audrey Pulvar est raciste ? Ce n’est pourtant pas le cas. Voilà pourquoi ce qu’elle fait est pire : elle ne promeut pas le racisme parce qu’il correspond à sa vision du monde, elle le fait par démagogie, par pur électoralisme, pour servir les intérêts de son camp. Elle choisit de promouvoir le racisme parce qu’en région parisienne, les élus de gauche pensent que les banlieues sont aux mains des islamistes et de leurs alliés indigénistes et décoloniaux, ces néo-racistes qui se disent racialistes et qui cultivent la haine du Blanc comme un vecteur de mobilisation. Il est vrai que dans les quartiers dits pudiquement difficiles, l’alliance de la haine raciale et de la haine religieuse avec le communautarisme constitue un levier électoral mobilisateur. Ce n’est donc pas parce qu’elle est raciste qu’Audrey Pulvar soutient une démarche qui, elle, l’est, mais parce qu’elle considère que la démarche est électoralement payante et lui permettra de drainer le vote d’une partie des banlieues. Du coup, tous les moyens sont bons pour servir ses intérêts partisans et tant pis si pour cela il faut valider des démarches ségrégationnistes. 

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Pour plaire à ses nouvelles cibles électorales, cette gauche reprend d’ailleurs le concept de racisme d’État, elle le rebaptise « racisme de pouvoir » pour échapper à la cruelle réalité : il n’y a pas de racisme d’État là où l’égalité en droit et en dignité entre les hommes est le socle des liens politiques et juridiques. Le racisme d’État a existé en occident, les États-Unis et l’Afrique du Sud l’ont mis en œuvre en leur temps, le nazisme en avait fait la base de son organisation sociale et politique. Comment celui-ci se traduit-il ? Par des phénomènes d’exclusion et de violence. Et cela commence avec des réunions interdites à ceux qui n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne ethnie, avec l’interdiction de la rencontre, du travail en commun, puis du lien amical ou de l’alliance amoureuse… L’autre n’est plus l’inconnu, mais l’interdit, et l’ouverture à l’altérité devient trahison de sa « race ». C’est ainsi qu’une personne, considérée comme noire, qui refuse d’entrer dans le jeu des racialistes va subir des rappels à l’ordre incessant. C’est ce qui arrive aujourd’hui à Rachel Kahn, l’auteur de Racée, qui se fait traiter de « nègre de maison » parce qu’elle défend l’universalisme et le vrai antiracisme. 

Un gauche sinistre, un parti socialiste zombie

Vous souvenez-vous de cette « blague » très acide, qui commence avec « c’est l’histoire d’un restaurant interdit aux juifs et aux coiffeurs » et est censée se finir quand un des interlocuteurs répond « mais pourquoi les coiffeurs ? », montrant ainsi, non l’acceptation de l’antisémitisme, mais le fait que le racisme comme motif d’exclusion a été tellement pratiqué qu’il n’étonne plus, même s’il indigne toujours les véritables humanistes ? Il est ainsi déjà sinistre de voir une gauche aux abois soutenir des réunions « interdites aux Blancs », mais encore plus déprimant quand on constate que ce choix ne fait que mettre en exergue l’absence totale de vision d’avenir et de proposition d’un PS zombifié. Nombre d’intellectuels ont déjà fait remarquer que l’extrême-droite n’oserait pas soutenir l’organisation de réunions interdites aux Noirs par exemple, tant cela apparaitrait comme indigne. Que ce soit une tête de liste PS qui se fasse le défenseur de réunions où l’on trie les participants en fonction de leur couleur de peau est tout aussi indigne et impardonnable et abolit la ligne rouge qui distingue les républicains de ceux dont les idéologies ont donné naissance aux pires totalitarismes. Le PS représenté par Audrey Pulvar a rompu avec la notion d’égale dignité des hommes, il ne peut plus être considéré comme républicain.

Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008
Les journalistes Audrey Pulvar et Patrick Cohen, en 2010 © MEIGNEUX/SIPA Numéro de reportage: 00602867_000008

Encore moins comme humaniste, car ce choix du racisme derrière l’imposture du terme « racialisme » équivaut à la pire des malédictions pour celui qui incarne pourtant l’infinie capacité des hommes à s’unir malgré leurs différences : le métis. À qui appartient-il ? À partir de quelle couleur sur le nuancier Pantone passe-t-on d’oppresseur à victime ? Quand on est métis dans les réunions que défend Audrey Pulvar, a-t-on le droit de parler ? Le temps de parole est-il défini au pourcentage d’ancêtres noirs ? Autant de questions que se sont posées les pires ségrégationnistes et qui ont abouti à la théorie de la goutte de sang noire. On le voit, la guerre des races est sans issue, elle n’investit que sur la haine et la différence. Elle est fondée sur une logique de vengeance et d’instrumentalisation de l’histoire et abolit toute liberté individuelle. 

Aversions d’avenir

Ce n’est même pas par aveuglement idéologique que Madame Pulvar et le PS servent une si mauvaise cause. Il n’y a dans ce choix que basse besogne politicienne, calcul à courte vue et absence de toute perspective d’avenir à proposer aux citoyens. 

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Alors faute d’être capable de susciter la mobilisation en défrichant un chemin, la candidate espère se sauver en exploitant le ressentiment et la division, n’hésitant pas au passage à sacrifier l’universalisme et l’humanisme. « Paris vaut bien une messe » avait dit en son temps Henri IV. L’intérêt général du royaume exigeait que le Roi en rabattit sur ses exigences, il le fit. Là l’intérêt général exige que l’on cesse de promouvoir le racisme et la haine civile, la candidate du PS en étant incapable de le comprendre montre qu’elle est la énième femme politique qui ne sera jamais une femme d’État. Sa seule consolation est notre grand malheur : à savoir qu’elle n’est pas la seule.

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«Non à la République islamique»: le hashtag qui devient viral en Iran

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Le prince Reza Pahlavi lui-même l’a utilisé, espérant que son peuple se révolte contre les mollahs


C’est un hashtag qui n’a rien de nouveau sur les réseaux sociaux. Mais depuis que le prince Reza Pahlavi l’a affiché publiquement sur ses propres comptes, le slogan « Non à la République islamique » a connu un véritable essor inattendu sur Instagram, Twitter et Telegram. 

En Iran, on vote le 18 juin

De nombreux dissidents iraniens n’ont pas hésité à se mettre en scène, publiant des vidéos où on peut les voir arborant des pancartes #N2IR, en farsi ou en anglais, marquant leur rejet du régime de Téhéran. Cette République des mollahs qui préparent la prochaine élection présidentielle, prévue le 18 juin de cette année. 

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Depuis la chute de la monarchie en 1979, le prince Reza Pahlavi est devenu une des voix officielles de l’opposition aux ayatollahs qui dirigent l’Iran. Suivi par près de deux millions de personnes, tous réseaux sociaux cumulés, le prétendant au trône du Paon espère que cet appel à la désobéissance civile va faire naître « un mouvement national et inclusif ». « Cette campagne reflète le désir le plus fondamental du peuple iranien: la liberté. Notre nation dit d’une seule voix qu’elle n’accepte plus la république islamique » a expliqué le prince Pahlavi dans une courte vidéo rendue publique le 15 mars. Le nom de sa famille est même devenu un symbole de ralliement, scandé à de nombreuses reprises au plus fort de manifestations anti-gouvernementales qui ont éclatées entre 2017 et 2019 suite à l’augmentation des produits de base essentiels à la vie des iraniens. Une campagne qui « transcende tout parti politique ou affiliation » renchérit le prince impérial qui entend laisser le choix aux Iraniens du futur de leurs institutions, une fois le régime islamique abrogé. Une déclaration également à l’encontre de ses détracteurs frileux à l’idée de travailler avec l’héritier d’un état monarchique qu’ils estiment avoir été tout aussi répressif que celui des ayatollahs actuellement. Un régime obsédé, quant à lui, par les Pahlavis qu’il croit voir à la tête de tous les complots possibles et inimaginables et qui accuse cette dynastie d’être financée par l’Arabie Saoudite et Israël. 

640 signataires

Face à une Europe très timide vis-à-vis des mollahs, le prince se retrouve pourtant bien seul. Dans une interview accordée au magazine Newsweek en février, le prince Reza a affirmé, très irrité, que le président américain Joe Biden  avait cédé à un  « chantage » en annonçant le retour des Etats-Unis au sein de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, pourtant abandonné par la précédente administration qui avait imposé alors de lourdes sanctions au paysSi la campagne exige la suppression du régime théocratique, qui, selon ses militants, est « le principal obstacle à la réalisation de la liberté, de la prospérité et de la démocratie » dans l’ancienne Perse, il est peu probable qu’elle menace directement Téhéran. L’opposition iranienne exhorte habituellement les Iraniens à boycotter toutes les élections, arguant qu’elles n’apportent pas de changement et ne servent qu’à légitimer le régime en place qui contrôle même les résultats des sondages. Une assertion en partie due au processus de sélection des candidats en Iran uniquement approuvés par le régime, condition indispensable pour pouvoir se présenter aux élections. 

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Parmi les 640 signataires à l’origine de la campagne, on retrouve  des noms prestigieux comme le cinéaste Mohammad Nourizad, qui a autrefois réalisé des films de propagande islamique mais est depuis passé dans la dissidence après des années de prison en raison de ses critiques acerbes contre le guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei. Egalement la militante des droits des femmes Shahla Entesari, le syndicaliste-enseignant Javad Lal Mohammadi, le compositeur Esfandiar Monfaredzade ou encore des militants pro-démocratie comme Abbas Vahedian et Zartosht Ahmadi Ragheb. 

Réunions interdites aux Blancs: notre civilisation en burn-out

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Audrey Pulvar, la candidate socialiste pour les régionales est empêtrée dans une polémique sur les réunions interdites aux personnes blanches, alors que le PS avait condamné cette pratique de l'Unef quelques jours plus tôt. © Eric DESSONS/JDD/SIPA Numéro de reportage : 00985331_000004

Philippe Bilger s’inquiète des récents propos tenus par Audrey Pulvar


On n’a jamais parlé davantage des races que depuis que les militants du « postcolonialisme, décolonialisme, intersectionnalité et [de la] théorie critique de la race » occupent le haut du pavé, comme l’affirme Pierre-André Taguieff dans Valeurs actuelles. À les écouter et à les lire, la lutte des races doit remplacer la lutte des classes, reléguée dans les vieilles armoires du marxisme. Cette résurgence des Blancs, Noirs, jaunes, rouges est d’autant plus absurde et choquante que l’universalité du genre humain ne prête plus à discussion. Il est donc honteux que le racisme inepte d’un extrémisme ait été remplacé par le racisme prétendument progressiste d’un autre. À tort ou à raison, on pensait être débarrassé de ces ignominies du quotidien qui divisaient l’humanité en tranches et remettaient au premier plan la notion d’inégalité. La race est un concept culturel qui a emprunté le masque de la biologie pour tenter de se donner un semblant de validité. En vain puisque des études scientifiques, notamment une fondamentale en 2000, ont eu pour heureux effet de légitimer l’humanisme en démontrant l’unité du genre humain. Une double conclusion en était tirée. D’une part, tous les humains sont très proches. D’autre part, tous les êtres humains actuels sont, au sens propre, des Africains (selon le National Geographic).

Un retour de la race dramatique

Qu’on ne s’imagine pas que ce constat m’est venu comme par miracle. Bien au contraire je l’ai découvert comme la confirmation rassurante d’une intuition que nous éprouvons en observant sans préjugé notre monde. En dignité et en humanité, en virtualité, nous sommes frères et sœurs dans un univers que le réel fera exploser. Mais l’unité est à la source. D’authentiques chercheurs, alors que la France a fait disparaître la notion de race en 2013 dans la Constitution, ont argumenté en soulignant que ce concept devait être conservé à des fins en quelque sorte pédagogiques pour opposer l’antiracisme fondé au racisme délirant. Quoi qu’on pense de cette aspiration, elle n’était inspirée que par une bonne résolution. Ce n’est pas le cas de ces nouveaux racistes qui, au prétexte de défendre leur champ idéologique, historique et culturel qu’ils considèrent comme menacé par la simple coexistence avec d’autres groupes humains, ont décidé de ressusciter la notion dépassée et dangereuse de race pour la constituer comme arme de guerre contre d’autres races prétendues.

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Ce retour est dramatique. Chaque jour nous confronte à des polémiques et à des provocations qui peu ou prou visent à privatiser une race et à en exclure toutes les autres. Racisme, racialisme, racisé, autant de dénominations qui sur un mode pervers ont pour unique grille, par exemple, de justifier l’injustifiable et de faire accepter, par un apartheid de rétorsion, que les Blancs soient chassés ou au moins aient l’obligation de se taire dans les multiples débats que la modernité et ses faiblesses, ses tares imposent. Je ne m’étonne pas qu’une Assa Traoré soit tombée dans un tel paroxysme de discrimination, ou même l’UNEF de maintenant, mais comment admettre de la part d’une Audrey Pulvar une telle dérive – les Blancs peuvent assister aux réunions non mixtes mais doivent se taire ! – ou bien faut-il considérer que l’éclatement belliqueux du genre humain a atteint même les esprits initialement les plus équilibrés ? Cette pensée de Terence, qui aurait dû représenter une ligne constamment directrice, est donc battue en brèche, elle qui postulait que rien de ce qui est humain ne devait nous être étranger ?

Dominant / dominé – Supérieur / inférieur

Ce mouvement dévastateur s’est enclenché sous l’influence de revendications qui au lieu d’être débattues dans un concert pacifique ont eu pour objectif de dresser l’humanité contre elle-même en la replongeant dans l’horrible chaudron de races antagonistes, supérieures ou inférieures. Sans tomber dans le pathos, cette régression fait craindre un pire aujourd’hui encore inimaginable. Comme si le monde lassé d’une normalité même tempétueuse voulait retourner vers des territoires abjects où les êtres étaient essentialisés, les uns sauvés par principe, les autres tués par devoir.

Pourquoi cette terrifiante reculade ? Parce que des idéologues fanatiques, des militants ayant fermé toutes les fenêtres sur l’univers ont choisi d’aller au plus simpliste, au plus bête: détester l’autre et sa prétendue race pour se poser en modèles, donner des leçons, mettre le feu et se camper en victimes permanentes auxquelles nous aurions des comptes à rendre. Parce qu’un univers de désordre, de violence et d’injustice est bien plus souhaité, par les indigénistes et les racialistes, que notre monde certes imparfait mais qui a empêché, le moins mal possible, les affrontements mortifères des couleurs entre elles et la haine inexpiable qui en serait la conséquence.

Notre civilisation menacée de dislocation

Il faut absolument résister à cette tentative de dislocation d’une unité qui a fait notre civilisation et ne pas nous laisser envahir par une mauvaise conscience au prétexte que notre couleur serait différente de celle, victimaire et au verbe haut, qui nous juge et nous accable. En réalité, si nous demeurons dans cette splendide philosophie de l’unité du genre humain, nous aurons le droit d’aborder l’infinie diversité des natures et des caractères par la seule approche qui vaille: celle des actes et de leur appréhension singulière ou collective. Non plus les races fantasmées mais les œuvres. On a le droit de tout penser mais pas celui de tout faire. C’est à partir de cet accomplissement, bon ou mauvais, que la dignité de principe de chacun pourra s’amplifier ou s’effacer.

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Le paradoxe d’aujourd’hui est que, la race revenant honteusement par la fenêtre, contre l’universalité du genre humain, après avoir été tragiquement chassée par la porte, on cherche à nous vendre les genres, une confusion qui vise à confondre et à uniformiser ce que la nature avait distingué et singularisé. L’universel est détruit ici et l’unité bizarrement cherchée là.

Mais rien n’est fatal. Aux États-Unis d’où tout part, le meilleur comme le pire, des esprits bien plus progressistes que conservateurs commencent à s’émouvoir des effets catastrophiques de la cancel culture. Il n’est pas trop tard pour renvoyer les nouveaux racistes dans leur coin en laissant Noirs, Blancs, Jaunes, Rouges, Marron ou que sais-je, sous la protection bienfaisante et équitable de l’humain.

Derek Chauvin bénéficiera-t-il d’un procès équitable?

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L'avocat de la famille de George Floyd, Ben Crump s'adresse aux médias, Minneapolis, 29 mars 2021 © Jim Mone/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22553305_000012

Affaire George Floyd. Alors que le procès de Derek Chauvin s’est ouvert hier aux Etats-Unis, on peut craindre que la défense du policier soit inaudible. Elle pourrait mettre en avant la cardiomyopathie sévère dont souffrait Floyd, les fortes concentrations de fentanyl et les traces de méthamphétamines révélées par l’autopsie dans le sang de la victime, ainsi qu’un enregistrement vidéo d’avant l’intervention de Chauvin.


Tout le monde a vu les terribles images de la mort de George Floyd, maintenu neuf interminables minutes au sol par Derek Chauvin alors qu’il criait « I can’t breathe », ce qui fait du policier un coupable parfait. Mais les faits sont-ils aussi simples et Chauvin peut-il, dans l’ambiance Black Lives Matter aux Etats-Unis, bénéficier d’un procès équitable ?   

Les faits, d’abord, sont plus complexes que l’impression donnée par les images. George Floyd souffrait d’une cardiomyopathie sévère. Une de ses artères coronaires était obstruée à 90% et deux autres à 75%. L’autopsie a révélé dans son corps de fortes concentrations de fentanyl et des traces de méthamphétamines.  

Décès par arrêt cardiaque, pas par asphyxie

Cette dernière a d’ailleurs conclu à un décès non par asphyxie suite à un étranglement mais par arrêt cardiaque dont l’accusation soutiendra bien entendu qu’il a été provoqué par la prise de Chauvin et que rien ne justifiait que ce dernier la maintienne aussi longtemps. Et, de fait, quand on revoit les images, on ne comprend pas l’attitude de Chauvin alors que la foule présente lui signale la perte de connaissance de Floyd.

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Cependant, l’accusé, qui est arrivé tardivement sur les lieux, ne pouvait pas savoir que Floyd était « chargé » et avait un grave problème cardiaque avant de s’asseoir sur lui et mettre un genou sur le côté de son cou. Une technique qui fait partie du manuel de formation de nombreuses polices aux États-Unis, y compris celle de Minneapolis et qui, utilisée à maintes reprises, n’a jusqu’à présent provoqué la mort de personne.

Floyd disait déjà « Je ne peux pas respirer » avant l’arrivée de Chauvin

Du haut de ses 110 kilos, Floyd, qui avait déjà été interpellé dans des conditions similaires, résistait à son arrestation pour usage d’un faux billet, refusant de monter dans la voiture de police. Dans d’innombrables vidéos sur le site Police Activity, on voit que c’est souvent cet élément qui fait dégénérer la situation[tooltips content= »Dans cet exemple, on voit comment une situation assez similaire à celle de Floyd peut dégénérer au détriment des policiers. »](1)[/tooltips] entre la police et le suspect.

Avant que Derek Chauvin n’arrive sur les lieux, la « bodycam » d’un des policiers[tooltips content= »A partir de 9’50″](2)[/tooltips] montre déjà Floyd disant en sanglotant « Je ne peux pas respirer », tout en résistant aux deux policiers qui essayent de le mettre dans la voiture de patrouille, ce qui renforce la thèse de la défaillance cardiaque. Enfin, aucun élément ne permet à ce stade d’affirmer que Chauvin aurait agi autrement si George Floyd était blanc. 

Trois chefs d’accusation

Au plan, juridique, l’ancien policier fait face à trois chefs d’accusation : meurtre au 3ème degré (une qualification qui n’existe que dans trois États), meurtre au second degré et homicide involontaire (manslaughter).  

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Pour prouver un meurtre au deuxième degré, les procureurs doivent convaincre les jurés qu’une agression grave a été commise par le policier Chauvin, et qu’elle a été un « facteur de causalité important » dans la mort de M. Floyd. Pour prouver un meurtre au troisième degré, les procureurs doivent seulement prouver que M. Chauvin a fait preuve d’immoralité, d’un « esprit dépravé sans considération pour la vie humaine »[tooltips content= »Au Minnesota, la définition précise est « without intent to effect the death of any person, causing the death of another by perpetrating an act eminently dangerous to others and evincing a depraved mind, without regard for human life » »](3)[/tooltips]. Cette dernière accusation est donc plus facile à établir, mais elle reste aléatoire et n’a été que récemment réintroduite par les procureurs qui, dans un premier temps, convaincus de la solidité de leur cause, l’avait écartée. Pour l’ancien professeur de droit de Harvard, Alan Dershowitz, les procureurs tentent ainsi de « sauver leur procès » tant ils ne seraient plus du tout certains d’obtenir la condamnation de Chauvin sur la base de seuls faits qui, on le voit, sont loin d’être évidents lorsqu’il s’agit de juger un homme.

Une indemnité record de 27 millions de dollars déjà versée à la famille

Reste la question du procès équitable. Aux Etats-Unis, la partie civile d’un procès intervient généralement après la phase pénale. Pourtant, alors que les débats ont commencé le 9 mars par la sélection des jurés, trois jours plus tard, le conseil municipal de la ville de Minneapolis accordait, à l’unanimité, à la famille de Floyd une indemnité record de 27 millions de dollars, reconnaissant ainsi la responsabilité de la ville et donc la culpabilité de Derek Chauvin. Personne ne s’est offusqué de cette manœuvre politique détestable pour peser sur le procès avant le déroulement de celui-ci. Qu’en est-il de la présomption d’innocence ? Suite à ce vote, deux jurés ont d’ailleurs déclaré qu’ils ne pouvaient désormais plus être impartiaux et ont été récusés. 

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Et comment ce procès peut-il se dérouler dans la sérénité à Minneapolis ? Quel juré de cette ville qui a connu des semaines d’émeutes peut-il juger cette affaire avec impartialité ? Quel juré ne craindrait-il pas pour sa réputation, ses biens, voire son intégrité physique ou celle de sa famille s’il prononçait un verdict d’acquittement ? Le procès aurait, évidemment, dû être délocalisé dans une ville moyenne qui n’a pas connu d’émeutes et où les passions sont moins exacerbées. 

Ressentiment d’ordre racial

En temps normal, tant le procureur que la défense sélectionnent soigneusement le jury pour qu’il soit dans la mesure du possible composé de jurés sensés plus sensibles à leur cause respective. Dans le cas présent, les passions étant alimentées par un ressentiment d’ordre racial, la sélection du jury se révèle encore plus critique et semble tourner au décompte ethnique. Le résultat est un jury d’une composition inhabituelle pour Minneapolis, nettement moins blanc et plus féminin.

Le tribunal de Minneapolis est barricadé comme un camp militaire américain en Irak ou en Afghanistan. On espère que Chauvin aura droit à un procès équitable. Son acquittement ou une condamnation pour homicide involontaire ne semble pas incompatible avec les faits, mais susciterait l’indignation d’une grande partie de l’opinion pour qui la cause est entendue. Chauvin doit-il pour autant devenir le bouc émissaire, celui qui selon la théorie de René Girard apaise la colère de la communauté et canalise la violence, en l’occurrence empêche une nouvelle flambée d’émeutes à travers les États-Unis ?