En même temps la guerre à l’islamo-gauchisme, et en même temps la dissolution de Génération Identitaire: un bien mauvais calcul.
On se doutait déjà, depuis son élection, que le « en même temps de droite, en même temps de gauche » de Macron ne voulait rien dire et masquait surtout une politique qui serait économiquement de droite et, à la marge, sociétalement de gauche. Et encore ne faut-il pas être trop exigeant sur le rallongement de la durée légale de l’avortement, par exemple.
Mais cette semaine, ce « en même temps » a montré, jusqu’au grotesque caricatural, ses limites. Parce que c’est « en même temps » qu’il envoie l’habituellement invisible Frédérique Vidal déclarer la guerre à l’islamo-gauchisme et en même temps qu’il demande à Darmanin, l’homme qui trouve Marine Le Pen « trop molle », de dissoudre Génération Identitaire, ce groupuscule de jeunes gens bien coiffés, aux 4X4 rutilants, qui rêvait sans doute quand ils étaient petits, de faire douanier ou chasseur alpin.
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Sur le papier, ça vous aurait plutôt une belle allure. Un vrai beau gouvernement républicain, façon Georges Mandel, qui déclare la guerre aux factieux d’extrême-gauche et aux factieux d’extrême-droite. Mais c’est sur le papier seulement. Pour le reste, c’est surtout faire du bruit avec sa bouche parce que ça ne veut rien dire sinon que du côté du pouvoir, on prépare (mal) la présidentielle de 2022.
Auberge espagnole
L’islamo-gauchisme, c’est une auberge espagnole. Chacun y met le gloubiboulga de ses fantasmes et de ses trouilles. On peut être de gauche, mais si, et combattre sur le plan universitaire et politique des théories comme l’intersectionnalité ou ce poids de plus en plus important donné à la race contre la classe, ainsi que le montre par exemple le dernier livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beaud, Races et sciences sociales (Agone). Il n’empêche qu’un gouvernement qui s’attaque frontalement aux libertés académiques des chercheurs, c’est quelque chose que la droite de la droite adore en général par un anti-intellectualisme qui remonte au moins à l’affaire Dreyfus ou, précisément, paraît le mot pour désigner ceux qui soutenaient l’innocence du capitaine et déjà, étaient traités de complices du pouvoir occulte des Juifs et ennemis de la « race » française.
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Quant à Génération Identitaire, on peut être de droite, mais si, et n’entretenir aucune sympathie pour ces agités ethniques. Tout le monde sait, en plus, qu’une dissolution, à part se faire plaisir, ne sert rigoureusement à rien. Génération Identitaire n’est que l’ultime surgeon d’Unité Radicale (dont le discours à l’époque était fixé sur le complot américano-sioniste, comme quoi on change…), dissoute après la tentative d’assassinat de Chirac en juillet 2002. Bref, ils existent, mais ils ne représentent qu’eux-mêmes et ont l’importance que veulent bien leur donner des médias complaisants lors de leurs actions anti-migrants en Méditerranée ou quand ils grimpent sur le toit d’une mosquée.
Comment perdre des voix des deux côtés
Dans les deux cas, ce « en même temps » macroniste indique surtout que le président, requis par la crise sanitaire, ne sait plus trop comment piquer des voix à Marine Le Pen sans perdre celles de la gauche dans l’abstention, face à un second tour qu’il croit écrit d’avance. Ce en quoi, il a évidemment tort. La dissolution de Génération Identitaire n’occultera jamais non seulement une attaque en règle contre la recherche universitaire qui est assez grande pour régler ses problèmes elle-même mais tout ce qui dans l’exercice du pouvoir actuel, de la répression des Gilets Jaunes à l’instrumentalisation de la laïcité, fait du macronisme un nouvel en même temps : « en même temps de droite et en même temps d’extrême-droite. »
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