Accueil Site Page 801

L’Ouzbékistan construit son État de droit

0

À Tachkent, l’une des principales missions du nouveau gouvernement mis en place après l’élection présidentielle de l’automne dernier est la lutte contre la corruption et le renforcement de l’État de droit.


Pour y arriver, les autorités ouzbèkes instruisent l’ouverture aux citoyens usagers et la transparence en tant que principes fondamentaux d’une véritable refondation de l’État et ses agences et administrations, condition sine qua non de sa modernisation selon les standards internationaux des meilleures pratiques. Ainsi, les efforts déployés en Ouzbékistan pour garantir l’État de droit, introduire des formes efficaces d’ouverture et de transparence, établir un véritable contrôle public sur les activités des autorités gouvernementales, ont pris de plus en plus d’ampleur depuis six ans pour parvenir à cet objectif de développement.

En conséquence, des avancées positives significatives ont été observées ces derniers temps dans le pays en la matière. En particulier, de nouvelles procédures ont été établies pour assurer l’ouverture et la transparence des activités des organismes gouvernementaux, ainsi que des conditions nécessaires à un contrôle public efficace. À ces fins, en peu de temps, le système d’examen des recours des personnes physiques et morales en cas de litiges a été radicalement redéfini. Ainsi, le chef de l’État s’est même montré prêt à une communication ouverte de l’administration présidentielle avec les citoyens sur ce sujet dans une logique d’ouverture démocratique. En outre, une structure a été mise en place dans chaque Ministère et chaque agence gouvernementale pour traiter les appels du public grâce à des lignes d’assistance spécifiques.

Le numérique contre la bureaucratie

De plus, l’utilisation généralisée des technologies numériques a contribué à renforcer la responsabilité du gouvernement devant les citoyens, désormais capables d’accéder directement aux services et informations sans passer par des systèmes bureaucratiques et la corruption qui le caractérise. C’est en particulier le cas avec la création du nouveau portail de données accessibles à tous (www.data.gov.uz), la base de données enregistrée des entités juridiques et des entités commerciales (www.my.gov.uz) et d’autres plateformes qui jouent un rôle important en matière de transparence, ainsi que dans la lutte et la prévention de la corruption. D’autres réformes administratives, visant à prévenir la corruption, portent également leurs fruits en garantissant la transparence des autorités gouvernementales et des organes administratifs. Par exemple, afin de prévenir le détournement de fonds publics, une nouvelle loi sur les marchés publics a été adoptée récemment. Dorénavant, toutes les informations concernant les appels d’offres et les marchés publics sont publiées sur le portail www.d.xarid.uz. Le nouveau portail « Open Budget » permet aux Ouzbeks d’être en outre directement impliqués dans la gestion et le contrôle des fonds publics.

Conformément au décret du 22 septembre 2021 du président de la République d’Ouzbékistan, un système a été mis en place pour gérer les dépenses des fonds publics permettant aux citoyens de suivre le mouvement et les allocations budgétaires. La loi a également lancé le projet « Initiative Budget », permettant aux citoyens de proposer des projets. Lors de la première saison du projet en 2022, 70 000 initiatives ont été reçues de la part des citoyens, plus de 6,7 millions de personnes ont voté sur ces projets et 2 215 ont été retenues. 34% des initiatives retenues étaient liées à des projets de rénovation d’écoles secondaires.

Sensibiliser la population à la politique

Autre exemple : un système nouvellement créé instaure un débat public obligatoire sur les projets de lois ainsi que sur les projets des décrets à adopter par le président et le gouvernement, avec le lancement du portail www.regulation.gov.uz. Celui-ci, à son tour, contribue à la transparence des décisions importantes dont l’adoption est prévue et à la mise en œuvre pratique du principe de responsabilité envers les citoyens. L’une des principales réalisations dans ce domaine est l’amélioration des services qui informent le public sur les activités des organismes et des organisations gouvernementales.

Parallèlement, depuis le 1er décembre 2021, les sessions de la Chambre des Députés et du Sénat, des conseils régionaux, départementaux et municipaux sont retransmises en direct sur les chaînes de télévision et Internet. La retransmission en direct de ces sessions permet de contribuer à élever le niveau de sensibilisation politique et juridique des citoyens et leur connaissance directe du contenu et de la signification des actes législatifs discutés.

Une autre décision importante est que, conformément au décret du président de la République d’Ouzbékistan, un Fonds de développement du contrôle public a été créé sous l’égide de l’Agence de lutte contre la corruption. Désormais, la préparation de rapports sur la transparence des activités des organismes et agences gouvernementaux, le financement des ONG et autres institutions de la société civile dont la mission est de vérifier que l’État tient ses engagements dans ces domaine seront financés par ce nouveau Fonds.

En route vers le progrès ?

Ces réformes systémiques ont considérablement amélioré la position de l’Ouzbékistan dans un certain nombre de classements et d’indices internationaux, dont l’un des principaux est l’indice d’ouverture. Par exemple, depuis 2020, l’Ouzbékistan est monté de 124 positions, pour atteindre la 45eme place mondiale dans le classement des données ouvertes (Open Data Inventory Ranking). Les actions de l’Agence de lutte contre la corruption ont déjà permis l’introduction d’indicateurs dans vingt domaines de l’administration publique et de l’État, permettant ainsi de suivre et comparer les politiques publiques menées. Notons que selon l’indice de perception de la corruption mis à jour par Transparency International pour 2021, l’Ouzbékistan est déjà passé de la 146e à la 140e en un an sur un total de 180 pays. En Ouzbékistan, les choses avancent doucement mais sûrement alors que beaucoup de pays de la région d’Asie centrale peinent encore à enclencher les premières réformes démocratiques.

Un désastre et un retour


Le président de la République, au soir du premier tour des élections législatives, a recommandé l’humilité à ses troupes. Même s’il n’avait pas vraiment le choix, on peut cependant s’interroger : s’agit-il d’une injonction sincère ou d’une ruse politicienne ? En tout cas, si la seconde branche de l’alternative est la bonne, elle ne sera pas suffisante pour faire oublier quelques éléments significatifs et contrastés relatifs à cette journée du 12 juin.

Un désastre

Un désastre: ce taux d’abstention de 52% révèle le total désintérêt de certains citoyens pour la chose publique ou le mépris de beaucoup d’autres pour une vie et des personnalités politiques de droite comme de gauche aux antipodes de leurs espérances. Emmanuel Macron n’a pas été le créateur de cette pente funeste pour la démocratie mais son premier mandat l’a aggravée et les débuts du second n’ont fait qu’amplifier le mouvement.

Jean-Luc Mélenchon a réussi partiellement son pari même s’il ne sera pas le 20 juin « Premier ministre » et que le score de la Nupes, pour ces élections présidentielles, est inférieur au total de tous les partis qui la composent. Le discours à la fois étrangement modéré et d’une grande habileté politicienne de Jean-Luc Mélenchon a semblé prendre acte de cet écart décevant, derrière une gloriole de façade. Le Rassemblement National n’a jamais été aussi haut lors d’élections législatives et il est possible qu’il puisse constituer un groupe (il faudra 15 députés) dans un système que l’absence de proportionnelle rend totalement injuste.

À lire aussi, Martin Pimentel: Législatives: Mélenchon a-t-il invisibilisé la droite?

Reconquête est à bas. On peut reconnaître mille qualités à Eric Zemmour, comme je l’ai toujours fait, mais, en ne cessant de se vanter de n’être pas politicien de métier, il a payé chèrement la rançon de ce constat exact. Il a été dénué, en effet, tout au long, notamment entre les deux tours de la présidentielle et après le second, de tout sens tactique, ce qui a conduit Marine Le Pen à ne lui faire aucun cadeau. Elle a désiré sa perte et elle l’a eue. Les Républicains ont sauvé les meubles tant bien que mal. Ils craignaient une telle catastrophe qu’en définitive, avant même le second tour du 19 juin, ils s’estiment sinon sauvés du moins encore en vie. Tout de même, ils vont perdre au moins la moitié de leurs députés et Paris risque d’être orphelin d’eux.

Le parti présidentiel est à l’évidence, malgré son score à peine supérieur à la Nupes et la possibilité d’obtenir encore le 19 juin la majorité absolue, le perdant de ce premier tour. C’est la première fois qu’un président est confronté, dans la foulée de sa réélection, à un tel camouflet que le sort de certains de ses ministres ou de ses soutiens emblématiques va sans doute rendre encore plus amer. Probablement y a-t-il dans cette première le ressentiment à l’encontre d’un président certes réélu mais dans des conditions d’absolue pauvreté démocratique et plongé, avec quelques ministres régaliens notamment, dans des scandales mal gérés, comme celui du Stade de France.

Le retour d’un vieux clivage bien connu

J’ai évoqué le désastre de l’abstention, auquel Emmanuel Macron n’est pas totalement étranger. On lui doit dorénavant le retour du clivage droite/gauche (avec une forte domination de l’extrême gauche) signifiant non seulement le poids des antagonismes politiques mais le choix entre deux visions de la société et de la France. D’une certaine manière – et je perçois négativement cette évolution – le temps des nuances va être révolu et quoi qu’on pense, cet affrontement que la campagne va amplifier ne va plus laisser d’autre option que celle de se ranger, contraint et forcé, dans un camp ou l’autre. Quand j’entends des Républicains soutenir que, plus que jamais, ils seront utiles entre la macronie et la Nupes, je suis heureux de cette conviction mais je doute de son caractère opératoire.

A lire ensuite, Céline Pina: Des lendemains qui déchantent

Durant cinq ans, ce parti LR, tristement présidé, n’a jamais su manifester avec éclat ce qui le distinguait de la vision floue, notamment sociétale et régalienne, d’Emmanuel Macron. Et pourtant ç’aurait été facile ! Je ne suis pas persuadé que la configuration d’aujourd’hui et celle qui résultera du 19 juin constitue LR comme irremplaçable. Le pouvoir, s’il n’a pas la majorité absolue, sera évidemment enclin aux compromis, avec moins d’arrogance. N’y aura-t-il pas la tentation, chez certains LR, d’ajouter leur apport à un camp qui, par rapport à l’irresponsabilité de la Nupes, apparaîtra, quels que soient ses manques, comme infiniment moins dangereux ?

Mais si le président souhaite qu’une partie de la droite républicaine le rejoigne ou aide son gouvernement par ses votes, il conviendra qu’il change radicalement de logiciel gouvernemental. Il aura des efforts à faire et des gages à donner : par exemple sur le plan régalien, il ne sera plus tolérable d’avoir tel ou tel ministre choisi plus par provocation que par sagesse, plus pour indigner le corps dont on lui confie la charge que pour le mobiliser et l’honorer. Le président ne pourra rien réclamer de la droite s’il persiste dans un « en même temps » dévastateur, avec une autorité de l’État exsangue et des ambiguïtés à profusion. Ainsi Emmanuel Macron, qui promettait un nouveau monde et prétendait dépasser la gauche et la droite, nous remet l’une et l’autre en pleine lumière conflictuelle, avec un ancien monde qui va encore avoir de beaux jours devant lui.

Poutine superstar

Le maître du Kremlin devient la nouvelle coqueluche de la jeunesse chinoise sur les réseaux sociaux.


Alors que l’Occident en général le tient pour un monstre de cynisme et de cruauté, le président russe est adulé, voire idolâtré par un public nombreux en dehors de son propre pays[1]. Des milliers de Chinois postent sur Douyin, la version originale chinoise de TikTok, des vidéos à la gloire de celui qu’ils surnomment « Papa Poutine », « Prince charmant », « Grand Frère » ou « Dieu mâle ». Ces vidéos récoltent des centaines de milliers de « likes » et des milliers de commentaires enthousiastes. On y loue son énergie, son courage, son dévouement à son peuple et même sa bonté. On poste des montages flatteurs de Poutine et des chansons façon karaoké exprimant un « amour ardent » pour Vladimir.

Cette vénération d’un leader étranger ne déplaît pas en haut lieu. Si nombre de comptes de fans de Poutine appartiennent à des individus qui ont une admiration sincère pour le chef d’État russe, d’autres sont sous le contrôle du gouvernement chinois. Bien que la Chine n’approuve pas officiellement l’invasion de l’Ukraine, elle censure les publications antirusses sur les médias sociaux et proclame que les États-Unis et l’OTAN sont responsables de la guerre.

A lire aussi : Sommes-nous aussi décadents que le pense Poutine?

À l’époque de Mao, la Chine entretenait une forte admiration pour Staline, considéré comme un bon leader communiste, à la différence de ses successeurs soviétiques. Poutine incarne de nouveau l’homme fort qui convient au régime autoritaire chinois. La seule inquiétude concerne la très grande place que la culture numérique en Chine accorde au « fandom », autrement dit à ces cultes voués par des fans à une personne ou un sujet qui les enthousiasme. L’année dernière, l’État a annoncé vouloir imposer des limites à ce qu’il appelle l’« adoration toxique des idoles » qui risque de porter atteinte à la santé physique et mentale des jeunes. Qu’on se rassure, Papa Poutine n’a jamais fait de mal à personne.


[1]. Amanda Florian, « Chinese TikTok Users Are in Love With “Daddy Putin” », Foreign Policy, 15 mai 2022.

Panique à bord

L’édito politique de Jérôme Leroy


Je m’y attendais, mais je n’ai pas été déçu. Cela avait commencé avant le premier tour mais depuis dimanche soir, c’est un festival. A l’heure où j’écris cette chronique, mardi, le déferlement a déjà commencé. Pas celui demandé par Mélenchon, celui de ses électeurs qui, s’ils se mobilisent et mobilisent les abstentionnistes au second tour, peuvent faire gagner la Nupes. Car oui, la Nupes peut gagner. Et c’est bien ce qui affole tout le monde.

J’ai tout de même été surpris par la violence et la bêtise des attaques. Les médias toujours complaisants au macronisme donnent l’impression que le programme de Mélenchon, c’est sortir de l’Europe en burkini pour s’allier à Maduro et mettre les riches dans des camps. Blanquer, cet expert, l’a dit texto : « Extrême-droite et extrême gauche, c’est pareil. »

L’arnaque des projections

La grosse arnaque de la semaine, cela aura été les « projections ». Moi, les projections que j’aime, ce sont celles du peintre Jackson Pollock qui donnent des chef-d’œuvre, pas les projections en sièges des instituts de sondages qui n’ont aucune valeur sinon chercher à démobiliser l’électorat de gauche. A plus de 50 % d’abstention, tout reste possible y compris la majorité absolue pour la Nupes. Un exemple ? Tout à notre bonheur de l’élimination de Blanquer dès le premier tour dans cette circonscription de Montargis, de droite classique depuis toujours, on n’a pas vu tout de suite que c’était un communiste qui était au second tour face au RN. Blanquer a beau ne pas l’accepter parce qu’il découvre que le réel, c’est des gens, pas des assemblées de recteurs le petit doigt sur la couture du pantalon et les visites d’écoles Potemkine, il a été battu parce qu’il a été un mauvais candidat comme il a été mauvais ministre et qu’il est mauvais perdant.

Attention cependant à ceux qui vont vouloir diviser la Nupes de manière plus hypocrite et plus subtile. Quand on me dit, (familièrement) : « Enfin, Gégé, toi qui es un coco old school, qu’aime la bidoche, un laïcard hardcore qui prend des barres d’uranium enrichi au petit dej sous un portrait de Brejnev, comment tu peux être dans la même coalition qu’untel ou unetelle ? »

A lire aussi : Jeremy Corbyn chez la Nupes : “qui se ressemble s’assemble”

Comment ? C’est très simple. Je ne peux pas être heureux tout seul, je ne supporte plus les discours libéraux sur le travail, je ne supporte plus les vies gâchées par l’uberisation, les insultes quotidiennes faites aux pauvres gens des cités et des villages. Je veux qu’on rende les richesses à ceux qui les produisent, je veux que les patrons baissent les yeux et que la camarilla de larbins médiatiques qui leur sert la soupe, jour à après jour, ferme un peu sa bouche. Bref, tout ce qui n’est pas la « question sociale » m’indiffère en cette période. Je veux bien discuter identité, séparatisme et tout le toutim, mais dans une France qui aura la retraite à 60 ans, un smic à 1500 euros et quatorze tranche d’impôts sur le revenu. Je suis certain que là, tout le monde sera beaucoup moins crispé.

Et pour ça, en face, ne vous faites pas d’illusions, je préfère encore voter pour un transsexuel indigéniste végane que pour un macroniste qui ose encore se dire de gauche et explique que tout ça n’est pas possible. Sans doute comme n’était pas possible les congés payés en 36 et la sécu en 45.

Toi aussi, passe ton brevet de bon « républicain »

Le comble dans la panique est tout de même visible chez ces excellences de la Macronie incapables d’appeler clairement à faire barrage au RN en cas de duel avec la Nupes. Pas une voix pour l’extrême droite, mais pour la Nupes, on verra au cas par cas. Fabien Roussel a ainsi reçu l’onction d’Elisabeth Borne. Madame la Première ministre est trop bonne, par ailleurs ancien membre d’un gouvernement qui, quand il réprimait les Gilets Jaunes avec une férocité qui avait indigné jusqu’à l’ONU, faisait nous interroger sur la différence qu’il y aurait eu si ça avait été l’extrême droite au pouvoir.

Autant dire que les brevets de républicanisme donnés par ces gens-là, ça nous fait bien rigoler.

Les derniers jours des fauves

Price: 20,90 €

41 used & new available from 2,33 €

Télétravail: un parfum de Musk…

« Revenez ou démissionnez »: alors que le télétravail se généralise et est loué tant par les salariés que par les DRH progressistes depuis la pandémie Covid, Elon Musk en fustige les méfaits. Dénonçant l’oisiveté des employés travaillant à domicile dans leurs « pseudo-bureaux », il leur intime l’ordre de regagner les locaux de Tesla…


Admiré, jalousé, loué, détesté, Elon Musk cristallise actuellement toutes les attentions et les passions. Dans un courriel interne envoyé à l’ensemble de ses employés le 31 mai, le fondateur de SpaceX leur a demandé qu’ils «reviennent au bureau pour un minimum de 40 heures par semaine ou de quitter Tesla», une autre société qu’il dirige et qui a fait sa renommée. Faute d’obtempérer, le courriel précise qu’ils seront considérés comme «démissionnaires».

À l’heure où la pratique du télétravail s’est généralisée, est entrée dans les mœurs et est en passe de s’imposer dans la majorité des sociétés, cette méthode a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux. Le milliardaire fantasque qui convoite le réseau social Twitter s’est offert un bad-buzz qui résume pourtant toute la politique du chiffre encore omniprésente dans un certain nombre d’entreprises et où chacun pourra se reconnaître.

A lire aussi : Les nouveaux maitres des populations

Mettant en valeur la culture et la supériorité de ses sociétés, ce natif d’Afrique du Sud persiste et signe. Il n’a pas le temps d’attendre ni de faire de l’angélisme. «Il y a bien sûr des entreprises qui n’ont pas besoin de cela, mais à quand remonte la dernière fois où elles ont expédié un nouveau produit génial ? Cela fait un moment…» a poursuivi Elon Musk, qui soupçonne ses collaborateurs de tirer au flanc une fois chez eux. «Tesla a créé et fabriquera réellement les produits les plus excitants et les plus significatifs de toutes les entreprises sur Terre. Cela ne se fera pas en téléphonant» renchérit-il sèchement, les pressant de réaliser leurs objectifs au nom du saint-capitalisme. Cette obsession du micro-management, dénoncée comme archaïque, répond à sa vision conservatrice du travail mais contraste drastiquement avec la volonté de bien-être réclamée par bien des employés après deux ans de Covid. 

A lire aussi, Liliane Messika: La liberté ou Levi’s

Même si Elon Musk tend aussi à nuancer parallèlement  ses propos. «S’il y a des contributeurs particulièrement exceptionnels pour qui cela est impossible, j’examinerai et approuverai ces exceptions directement» écrit-il, liant sa décision à leurs résultats personnels. Bien que la lettre ait été authentifiée deux fois, Tesla n’a pas confirmé l’envoi de ce courriel en forme de chantage à ses collaborateurs. Sur Twitter, le célèbre oiseau bleu qu’il tente de déplumer depuis des semaines, il a été interpellé par des internautes concernant cette guerre qu’il semble avoir déclaré au télétravail. Elon Musk s’est simplement borné de conseiller à ceux «qui font semblant, d’aller travailler ailleurs». Dont acte!

J’aime les flics!

La République, c’est eux !


Je n’ai jamais considéré que les policiers sont de violents agresseurs en puissance, qu’ils sont là pour nuire à ma liberté, qu’ils sont une menace pour la démocratie ! J’aime leur protection, oserais-je encore dire que j’aime l’ordre, et que lorsque je jouais aux gendarmes et aux voleurs, je choisissais d’être gendarme. Peut-être est-ce pour cela que j’appartiens à la réserve citoyenne de la gendarmerie ? On me l’a proposé, par le plus grand des hasards, parce que j’étais une communicante et que les gendarmes en tant que militaires n’ont pas le droit de s’exprimer, y compris lorsque la presse s’empare de sujets qui les concernent – ils appartiennent à ce qu’on appelle « la grande muette ».

Communiquer, je ne m’en suis jamais privée, parfois d’ailleurs à mon détriment.

La petite faiblesse de Sophie de Menthon

J’aime la police donc, mais j’ai un faible pour la gendarmerie…

Il est insupportable que face à la violence croissante, certains soient aujourd’hui prêts à désarmer les policiers, justement parce que les agressions se multiplient. Quelle drôle de logique !

A lire aussi : «La police tue»: au fait, Monsieur Mélenchon, la honte, c’est quand?

Chaque manifestation s’accompagne désormais d’une médiatisation consistant à chercher le buzz de la « violence policière ». Évidemment, les policiers habillés en Dark Vador, casqués, masqués, ne sont pas là pour avoir l’air sympa et inoffensifs. S’ils sont effrayants, c’est tant mieux face à des « débordements » qui se multiplient et qu’il faut bien maitriser. Et même si les policiers peuvent parfois avoir le gaz lacrymogène facile, il est inadmissible de les accuser de « gazer » nos compatriotes, le verbe évoquant des crimes imprescriptibles. Pire, affirmer que « la police tue » est profondément mensonger et injuste. Comme si tirer sur un malfaiteur était un crime comme un autre ! Par ailleurs, savez-vous qu’un policier ou un gendarme n’a le droit de tirer qu’en état de légitime défense ? Et qu’ils ne doivent donc pas viser dans les jambes de l’interpellé, car ils sont supposés tirer pour préserver leur vie ?

On reproche aux policiers tout et son contraire : un jour de ne pas anticiper, et le lendemain d’arrêter à l’avance les fauteurs de trouble « qu’on connait ». S’ils font leur travail, ils sont immédiatement accusés de discrimination ou de racisme anti-banlieues (entre autres). Le fameux black block, il ne faudrait pas s’en approcher et le reconnaitre, car ce serait anticiper des exactions qu’il n’a pas encore commises. Mais bien sûr… Quant au « délit de faciès », sur des minorités forcément et systématiquement innocentes, il fait les gorges chaudes de la bien-pensance et la joie d’une extrême gauche en grande forme – avec juste ce qu’il faut de parfum de wokisme…

Je refuse d’obtempérer à cette bien-pensance

Venons-en aux fameux refus d’obtempérer qui prolifèrent et créent des débats sans fin avant même que l’on sache de quoi et de qui il s’agit. Comment arrêter les fuyards ? En leur répétant gentiment de s’arrêter ? Devrait-on laisser courir ? On peut d’ailleurs se demander pourquoi ces refus d’obtempérer semblent une spécialité si française. Et si c’était aussi parce que l’on répète toute la journée que la police est dangereuse ? Que les flics sont des ripoux et qu’ils ne sont pas légitimes dans l’exercice de la répression ? Il me semble que les victimes ne sont plus complètement celles que le bon sens désigne, et que l’agresseur finit par avoir prioritairement le bénéfice du doute.

À lire aussi : Police: critiques partout, soutien nulle part

Oui, j’aime bien qu’on arrête les coupables (même « présumés », sans attendre qu’ils récidivent immédiatement), j’apprécie que la police soit plus forte qu’eux. Actuellement, le rapport de force s’inverse ; les commissariats, les pompiers… ne sont plus en sécurité et on n’hésite pas à les attaquer dans certaines zones. Alors, oui – et c’est un comble ! – il faut absolument protéger nos forces de l’ordre.

Pour cela, il faudrait inculquer dès le plus jeune âge le respect de cette autorité régalienne qui est à notre service et, mieux, faire en sorte qu’elle soit l’objet de sympathie et non de détestation, ce qui contribuerait à adoucir les comportements de ces officiers de police habitués à être traités en ennemis. Que les jeunes cessent de faire un sport de « narguer l’uniforme » dès que c’est possible. Mieux encore, ne faudrait-il pas renforcer drastiquement le statut des policiers ? Toucher à un flic, et on serait immédiatement incarcéré ? Avec évidemment des peines plus lourdes que pour un citoyen lambda. S’attaquer à un policier, c’est s’attaquer à chacun d’entre nous puisqu’il s’agit de nos défenseurs. Quoi qu’on en pense : « la République c’est eux » ! Finalement, il vaut voter pour ceux qui respectent et aiment la police, c’est rassurant pour notre avenir !

Nostalgie…

Pour terminer ce billet, peut-être une nostalgie, celle d’une époque où le gardien de la paix portait bien son nom, où la France adorait les gendarmes de Saint-Tropez, ses garde-champêtres, du temps où on laissait les clés sur sa voiture, ou les services des « objets trouvés » ne nous faisait pas éclater de rire devant son inutilité, nostalgie qui fait que j’aime encore voir ces uniformes bleus dans mon paysage quotidien ! J’aime pouvoir demander mon chemin à « monsieur l’agent », j’aime pouvoir me réfugier auprès d’eux si je suis prise dans une manif pour qu’ils m’aident à en sortir (ce qu’ils font gentiment), j’aime les saluer au coin de la rue le soir et qu’ils me sourient. J’aime qu’ils surveillent les rues et les quartiers, recommander aux enfants au moindre problème de s’adresser à eux, j’apprécie qu’ils fassent des rondes l’été pour éviter les cambriolages, j’aime leur faire part de mon inquiétude si je me sens suivie. J’aime parfois leur indulgence quand j’explique avec mauvaise foi que j’ai pris un bout de l’impasse en sens interdit parce que je n’arrivais pas à la prendre en marche arrière !

A lire aussi, Philippe Bilger: Police: critiques partout, soutien nulle part

Enfin, je me demande même si je ne regrette pas les contractuelles, ces hirondelles qui avec leur Bic acéré rédigeaient des PV, plutôt que les voitures anonymes qui sillonnent les rues de la capitale distribuant en cachette des PV virtuels dont on apprend l’existence des semaines après, sans aucun recours.

« L’art de la Police est de ne pas voir ce qu’il est inutile qu’elle voit », Napoléon.

La France sens dessus dessous !: Les caprices de Marianne

Price: 17,00 €

16 used & new available from 2,25 €

Henri Garcin, ex-interne des hôpitaux de Paris pour toujours!

0

Disparition à l’âge de 94 ans de l’acteur qui incarna, entre autres, le voisin médecin dans la série « Maguy » à la télévision.


La célébrité est souvent injuste. Réductrice ou grossissante. Elle ne vous appartient pas. Vous n’en êtes pas propriétaire, simplement locataire, le plus souvent précaire avec des mois d’arriérés. Elle file à son propre rythme, n’écoute personne, s’insinue dans la mémoire du public et n’en démord plus. Elle a décidé de vous mettre dans une case et vous n’en sortirez pas. C’est une geôlière féroce. Emprisonné à double-tour, l’acteur ne répond plus de ses actes. Quoi qu’il fasse, il est tributaire de son image. La popularité fait fi des prix d’interprétation majeurs et des rôles totémiques, de l’adoubement des pairs ou de la tendresse des cinéphiles. Elle se moque des modes vertueuses et des cercles présomptueux. Elle a son système de classification et de valeurs. Avant tout, elle déteste le désordre.

Maguy le jour, Maguy la nuit…

Les comédiens sans port d’attache et les carrières en dents de scie lui provoquent des maux de tête. C’est pourquoi Henri Garcin sera éternellement l’ex-interne des hôpitaux de Paris de la série « Maguy », comédie ménagère des années 1980 avec Rosy Varte et Jean-Marc Thibault. L’acteur né en 1928 à Anvers aura signé plus d’ordonnances que d’autographes depuis son apparition dans le petit écran sur feu Antenne 2. Il était diablement crédible dans son rôle de voisin médecin au cœur d’artichaut. Il en avait la prestance et la voix, le charme bourgeois et le comique feutré. Combien de fois lui a-t-on demandé des nouvelles de Marthe Villalonga et s’il était satisfait des travaux de voirie sur la commune du Vésinet ?

Dans la vraie vie, il faisait ses courses au Monoprix de la rue de Rennes sous l’œil vigilant de l’écrivain Arnaud Guillon, pince-sans-rire natif de Caen. Les deux partageaient le goût de la dérision en veste de tweed et des lunettes faussement studieuses. Henri Garcin fut le toubib préféré des Français quand la médecine n’était pas encore devenue un art divinatoire et enfermatoire. Nous aimions ce théâtre de boulevard filmé pour l’immense talent des acteurs présents au générique et aussi pour son charme un peu démodé. La désuétude est en soi une forme de résistance. C’était déjà, à l’orée d’une mondialisation sauvage, un dernier plaisir avant liquidation générale du pays. Après, ce ne fut que ricanements et injonctions, dénonciations et vulgarité, victimisation et pleurnicheries à la pelle. « Maguy » se regardait en famille dans la quiétude des foyers, au trot de percheron, sans fracas, quelques bons mots d’auteurs égrenaient les épisodes et les scènes de comédie se (sur)jouaient avec la connivence des téléspectateurs. Nous étions complices, chaque dimanche soir, de leurs gentils désaccords et des aléas d’une vie somme toute paisible. Nous n’attendions pas que « mam’ Maguy » bouleverse la société avec des prises de parole ridicules. Quelques minutes de sourire, à l’abri du tumulte extérieur avant de retourner à l’école le lendemain suffisaient à notre bonheur.

Une place à part

Dans les HLM de banlieue, on rêvait aux pavillons cossus recréés en studios. En province, on louait l’élégance apprêtée de Rosy qui fut longtemps le modèle-phare des commerçantes de France. Et l’on proposait toujours un apéritif au bon docteur qui sonnait à l’improviste. Cette bienveillance peut amuser les esprits amers qui voient partout les traces rampantes d’un monde réactionnaire. Elle nous renvoie à notre enfance molletonnée et à une douceur qui est le propre des peuples heureux.

Henri Garcin a donc une place à part dans le bric-à-brac de nos souvenirs. Bien sûr, il ne fut pas seulement médecin de télévision. Il fut un acteur complet au théâtre et au cinéma. Pour autant cette célébrité cathodique n’est pas mensongère. Elle nous renseigne sur le caractère de l’Homme et sur les volte-face d’un métier où la ligne droite est le plus court chemin vers l’indifférence. Henri Garcin ne labourait pas le même sillon. Par choix ou par nécessité, personne ne maîtrisant sa destinée dans les professions aventureuses, il faisait le grand écart idéologique, ce qui est un régal pour les honnêtes gens. Vous pouviez le voir chez Truffaut et Philippe Clair, chez Agnès Varda ou Michel Boisrond, et comble du snobisme dans « Marie Pervenche ». Cette filmographie est tout à son honneur. Je me souviens de lui chez Michel Vianey et Michel Mitrani, en résistant chez Rappeneau et aussi en conducteur de DS taguée chez Kurys. C’était, il y a si longtemps. Et dans « Trocadéro bleu citron » en 1978, à la manière d’un Jacques François drolatique, il excellait dans la haute administration publique et les autorités galonnées. Ah si nos élites avaient pu lui ressembler…

Et maintenant, voici venir un long hiver...

Price: 15,00 €

18 used & new available from 10,00 €

Clémentine (Autain) contre Rachida (Dati): devinez de quel côté était la vulgarité!

Alors que les Français boudent les urnes, nous avons pu constater que la politique spectacle avait encore de beaux jours devant elle, lors de la soirée électorale sur TF1. Rachida Dati pointe les responsabilités de la députée de Seine Saint-Denis dans le séparatisme.


C’était sur le plateau de TF1 le soir des résultats du premier tour des élections législatives. Elles étaient là toutes les deux. Il y avait aussi Guillaume Peltier et Jordan Bardella. Ce fut explosif et du côté de Clémentine Autain, ça volait très bas.

Elle attaqua Guillaume Peltier avec ces mots choisis : « Vous devriez rabaisser votre caquet ! ». Il répondit : « Pas de mépris ». Rachida Dati vola à son secours : « Quand je vois les dégâts que vous avez faits en Seine-Saint-Denis, dans les écoles, dans les institutions, vous devriez baisser d’un ton, c’est honteux car ce qu’il se passe en France vous en êtes responsables. Le séparatisme en France c’est vou ! Le racisme en France c’est vous, la discrimination en France c’est vous ! »

Arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer !

Comment lui donner tort, quand on sait que les Insoumis défilaient avec le CCIF. Quant à la présidentielle, lors du premier tour ils obtiennent 69% des votes musulmans ! On sait où sont les vrais racistes ! Mais là il s’agit de racisme anti-blanc. Celui qui vise les autochtones et qu’il est interdit de nommer.

Clémentine Autain n’en est pas à son coup d’essai. Lors d’un débat le soir de la présidentielle elle avait interrompu à plusieurs reprises Rachida Dati « Arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer ! ». Chez les Insoumis, on a des élégances langagières qui nous éloignent beaucoup de la Princesse de Clèves… Il parait que Mélenchon et les siens sont de gauche. Alors c’est une gauche grossière, vulgaire et gueularde, qui se vautre dans le caniveau. Elle y est bien, avec les détritus et les ordures. De cette gauche-là, Clémentine Autain en est une parfaite représentante. Mais elle n’atteint pas le firmament où trône, incontestée jusqu’à maintenant, Raquel Garrido. Avec son compagnon, on se souvient qu’elle était présente lors d’un débat qui opposait Alexis Corbière et Eric Zemmour sur C8.

A la fin de l’émission elle croisa un groupe de jeunes partisans de Zemmour. Et elle lança à l’un deux : « Va sucer la bite de ton chef ». Clémentine Autain a encore quelques efforts à faire pour la rattraper dans ce domaine. Nous lui faisons confiance pour y arriver.

Le pas de côté des classes populaires françaises

0

Les classes populaires ont une conscience aigüe des impasses sécuritaires, politiques, médiatiques, sanitaires… qui les enferment. Mais elles peuvent faire preuve d’imagination pour défendre leurs intérêts.


« L’an 01 ». En 1973, Jacques Doillon réalise un film intitulé « l’An 01 », d’après une bande dessinée de Gébé parue dans Politique Hebdo, puis Charlie Hebdo. Le scénario est le suivant : un beau matin, la population décide d’un commun accord de tout arrêter (le travail, la consommation, les transports en commun…), de réfléchir à l’utilité du travail que l’on fait et de réinventer la société. Et si on sonnait chez le voisin pour faire connaissance ? Si on ouvrait un potager dans le bitume parisien ? Si on piétinait les pelouses interdites ? Si on s’embrassait ? Si on… etc.

Les citoyens croient de moins en moins à la mascarade électorale

L’an 01 de Gébé a quitté la fiction. En 2022, des pans entiers de la société française ont d’un commun accord, décidé de faire un pas de côté. Mais à la différence de la BD, cela n’a rien de festif. Au plan politique, les électeurs ont abandonné les partis traditionnels (PS, LR) qui se sont effondrés. Plus grave, les mêmes boycottent les élections et l’abstention devient toujours plus massive. Aux présidentielles de 1988, un électeur sur cinq ne se déplaçait plus. En 2022, le boycott a concerné un électeur sur quatre (27%). Aux législatives de 2007, quatre électeurs sur dix ne votaient pas. A celles de 2022, plus d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé.

Ne pas aller voter n’indique pas un civisme en panne, mais l’indifférence à une mascarade. À quoi bon élire des gens qui plutôt que d’organiser un référendum sur les sujets qui comptent (l’immigration, l’école, les services publics, l’impôt, la santé…) consulteront plutôt McKinsey, Accenture et consorts ? À quoi bon donner une majorité à un président qui s’est empressé d’inventer des lieux d’élaboration de la décision en dehors des circuits démocratiques : « les grands débats » au moment de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances remisés au grenier sitôt la crise passée, le conseil de défense ultra secret au moment de la pandémie, et maintenant le CNR, futur Conseil National de la Refondation, qui indique clairement l’intérêt du président pour la représentation populaire…

Le plus beau métier du monde

Mais l’an 01 n’est pas seulement électoral. Le pas de côté s’effectue aussi à l’école. Qui veut être prof aujourd’hui ? Plus personne. L’institution scolaire rebute littéralement et les candidats les plus qualifiés boudent les concours de recrutement. Concernant la rentrée 2022, « avant même les oraux, le nombre de candidats admissibles aux écrits est inférieur, dans certaines disciplines, au nombre de postes proposés. Pour les collèges et lycées, la situation est très critique en mathématiques (816 admissibles au Capes pour 1035 postes), en allemand (83 pour 215) et en lettres classiques (60 pour 134) » écrivent Aude Bariéty et Caroline Beyer dans le Figaro.

A lire ensuite: [Reportage à Nangis] Ma première burqa

L’explication officielle de cette désaffection est « le salaire d’un enseignant stagiaire : 1827 euros brut ». Scandaleusement bas, bien sûr ! Mais la raison corollaire arrive très rapidement dans la foulée : « Aller dans les académies de Créteil ou Versailles, sans accompagnement, lâché dans le grand bain sans brassard, pour cette rémunération, ça ne passe pas», assène Stéphane Crochet, du syndicat SE-Unsa. 

« Grand bain », « sans accompagnement », « sans brassard »… autant de formules contournées pour indiquer ce que tout le monde sait aujourd’hui, à savoir que l’école publique a craqué sous le poids de l’immigration et que dans  certaines zones, les élèves font désormais la loi, imposent les programmes (il est des sujets tabous comme la Shoah) et n’hésitent pas à attenter à la sécurité physique des enseignants. Comme l’institution laisse faire, les enseignants désertent. Ce sera sans eux, merci !

Panique à l’hôpital, crainte de l’embrasement des banlieues…

L’hôpital souffre lui aussi du même pas de côté. La suppression de 80 000 lits d’hôpital public en vingt ans, la stagnation des salaires, la fermeture des petits hôpitaux de proximité, et un mode de rémunération des hôpitaux conçu pour optimiser l’occupation des lits en fonction d’effectifs toujours plus ajustés créent les conditions d’un stress permanent. Le conflit entre soin et productivité est à l’origine de la grande hémorragie. Sarah, 25 ans, après quatre années passées aux urgences pense déjà à une reconversion. « Le soir, on rentre chez soi en pleurs en se disant qu’on n’a pas fait du bon boulot, et on se demande quel pourrait être notre avenir plutôt que d’être infirmière. » Les Sarah sont si nombreuses à opter pour une reconversion professionnelle que des services hospitaliers se ferment naturellement, sans décision administrative, par simple carence du personnel.

Quant à la sécurité, le pas de côté est plus discret mais non moins réel. Cinq millions de Français détiennent légalement des armes à feu et 240 000 sont inscrits dans des clubs de tir pour « se défendre au cas où ». L’heure en France est à l’autodéfense, car le doute existe que la police intervienne – ou puisse le faire à temps – si elle doit affronter les tenants de la « diversité ».

Le régime diversitaire s’embrase

L’affaire du Stade de France a confirmé que l’Etat est prêt à tout pour éviter de se trouver en conflit direct avec cette partie de la population que l’on nomme « diversité ». Pour expliquer les troubles à l’ordre public qui ont eu lieu à l’occasion de la finale de la coupe de l’UEFA au Stade de France, le ministre de l’Intérieur, a trouvé plus simple d’accuser les supporters britanniques d’avoir tenté d’entrer sans billets. En créant un bouc émissaire, l’Etat a effacé le crime des racailles de Seine Saint-Denis qui se sont ruées par dizaines pour attaquer, violenter, voler voire agresser sexuellement des spectateurs sans défense. Et pour éviter que ce mensonge d’État ne vole en éclats, les bandes vidéo des caméras de surveillance du Stade de France ou de la RATP ont été mécaniquement effacées faute d’avoir été réquisitionnées à temps par le Parquet. Si l’on en croit le Daily Mail, le gouvernement français aurait même pesé sur l’UEFA pour que son communiqué relatif au désordre de la finale ne fasse pas mention des agressions de spectateurs britanniques et espagnols. Comme l’écrit brillamment Mathieu Bock-Coté dans le Figaro, « le régime diversitaire ne se contente plus de dissoudre le réel en produisant une confusion toujours reconduite entre le vrai et le faux. Il détruit désormais les preuves de la société dévastée qu’il engendre. Il détruit les conditions mêmes d’observation de la réalité. Ce qui a eu lieu n’a pas eu lieu, ce qui est advenu n’est pas advenu ». 

A lire aussi, Ingrid Riocreux: Violences au Stade de France : ne dites pas «racailles» mais dites… quoi?

Comment s’étonner ensuite que les Français fassent un pas de côté vis-à-vis des médias ? L’enquête Confiance dans les médias réalisée en 2022 par l’institut Kantar pour le journal La Croix a confirmé que 90% des sondés considèrent que les médias sont essentiels au bon fonctionnement de la démocratie et que 77% affirment que la liberté de la presse est au fondement du pluralisme. Mais une fois ces principes posés, les mêmes ne sont plus que 29% à affirmer leur « confiance » dans les médias alors que le niveau de confiance atteint 59% ailleurs en Europe. Concernant la radio, qui est perçue comme le média le plus fiable, moins d’un auditeur sur deux (44%) estime que les journalistes radio rapportent les faits « à peu près » comme ils ont eu lieu, et 5% des auditeurs seulement croient que les faits rapportés par la radio se sont produit « vraiment » comme la radio les raconte.

La maison squattée d’Ollainville

Comment survivre dans un environnement national aussi dysfonctionnel ?

Elodie et Laurent, ces deux prolos qui ont acheté à Ollainville (Essonne) une maison squattée par une famille tunisienne ont montré qu’avec un peu de jugeotte, la chose était possible. 

Elodie et Laurent savaient que le bien immobilier qu’ils venaient d’acquérir était squatté par une famille maghrébine. Mais c’est aussi en raison de cette situation qu’ils ont pu l’acquérir à un prix très en dessous du marché. Une fois leur achat en poche, ils ont joué le désarroi devant un journaliste du Parisien. Leur vidéo de « victimes » des squatteurs a circulé sur les réseaux sociaux et son retentissement médiatique a été d’autant plus grand qu’on était en période électorale. Le ministre de l’Intérieur est intervenu et les squatters maghrébins ont décampé sans délai. En deux mots, Élodie et Laurent ont inversé le processus victimaire qui joue mécaniquement en faveur de l’immigration, ont instrumentalisé les médias avec un grand sens politique pour susciter la sympathie et ont pesé sur les politiques eux-mêmes pour faire aboutir une affaire personnelle. En agissant ainsi, ils ont court-circuité la justice, la police et ont économisé beaucoup de temps et d’argent.

Cette pratique montre que les classes populaires ont une conscience aiguë des impasses sécuritaires, politiques, médiatiques, sanitaires… qui les enferment, mais qu’elles sont prêtes à faire preuve d’imagination pour défendre leurs intérêts. Comme l’écrit le géographe Christophe Guilluy, les classes populaires « marronnent », un peu comme le faisaient les esclaves qui fuyaient les plantations où ils étaient tenus en esclavage. En d’autres termes, chacun tente de survivre loin de la sphère d’influence des puissants. Christophe Guilluy utilise ce terme de « marronnage » pour décrire cette attitude nouvelle des classes populaires : « elles n’écoutent plus ce que prescrivent les élites, elles préfèrent mater un bon film ou Cyril Hanouna que François Hollande ». Élodie et Laurent ont montré qu’ils savaient sur quels boutons appuyer pour obtenir gain de cause.

L'An 01 [Mediabook collector DVD] [Édition remasterisée - Coffret collector limité]

Price: 33,00 €

7 used & new available from 33,00 €

En Israël, deux femmes arabes tuées: l’une chantée, l’autre pas

En un mois, deux femmes arabes ont été tuées en Israël. Une heure après la mort de la première, France 24 avait déjà dénoncé son coupable préféré [1]. Trois jours après celle de la deuxième, son nom était toujours inconnu de la version française de Google.


La voix du silence

Peut-être la première a-t-elle été assassinée et la seconde est-elle morte de vieillesse ?

Non la première était une reporter de guerre morte à 51 ans sur un champ de bataille : un  risque du métier. La seconde avait 28 ans quand elle est morte dans l’explosion de sa voiture piégée : un meurtre avec préméditation.

Peut-être la première était-elle célèbre et l’autre pas ? Non : sa mort a rendu la journaliste Shireen Abu Akleh célèbre. Avant, c’est elle qui interviewait des peoples.

Peut-être l’une faisait-elle un métier cher au public et l’autre pas ? Seuls 16% des Français déclarent faire confiance aux journalistes[2]. Mais c’est eux qui tiennent le micro…

À l’inverse, les militantes féministes, comme celles qui œuvrent contre la violence, ont le vent en poupe. Son engagement est justement la raison pour laquelle Johara Khnifes a été tuée[3].

Dénonciations, accusations y réfutations

Les autorités palestiniennes accusent leur ennemi d’avoir assassiné pour le plaisir une journaliste. C’est de bonne guerre : leur champs de bataille est plus souvent médiatique que soldatesque. En revanche, quand la presse internationale leur emboîte le pas de l’oie, c’est plus suspect.

Le ministre israélien des Affaires étrangères a réfuté l’accusation de journalisticide dans une tribune publiée par le Wall Street Journal. Quand Shireen Abu Akleh est décédée dans des tirs croisés, il y a un mois, elle travaillait en Israël pour Al Jazeera depuis 20 ans, comme nombre de ses collègues qui ne portent pas l’État juif dans leur cœur et qui le démontrent dans chacun de leurs articles ou reportages. Al Jazeera elle-même appartient au Qatar, un Etat islamiste ouvertement hostile à Israël, ce qui n’empêche pas ses envoyés permanents d’y être « protégés par l’État que la chaîne calomnie régulièrement. Le conflit israélo-palestinien bénéficie d’une couverture disproportionnée par rapport à tout autre conflit sur terre… tout ce que vous savez sur ce conflit est le produit de centaines de journalistes qui travaillent sur le terrain sous la protection d’un État démocratique qui croit de tout son cœur à la fois à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.[4]»

Silence, indifférence, absence de conscience

La famille de Johara Khnifes fait partie des « Arabes de 48 » : ceux qui sont restés en Israël quand le pays a été attaqué par sept armées arabes, le jour de son Indépendance, le 15 mai 1948. De ce fait, ses membres sont citoyens israéliens depuis cette date.

A relire, Pierre Lurçat: Shireen Abu Akleh: vie et mort d’une journaliste très engagée

Le grand-père de Johara avait été député dans les années 1950, son père est maire adjoint de Shefar Am, une ville de 42 000 habitants dans le nord d’Israël, et sa mère est présidente de l’Unité pour l’avancement des femmes de la ville.

La police ne pense pas que les parents étaient visés. Ses soupçons se dirigent vers ceux qui se sentaient visés par les déclarations de la jeune femme, dans sa lutte contre la violence endémique dans les communautés arabes d’Israël et dans son action militante en faveur des femmes arabes.

« La violence endémique », n’est-ce pas là une phrase islamophobe ? Non, c’est une citation. De la jeune femme assassinée, mais aussi de Mansour Abbas, chef de la Liste arabe unie et ministre délégué au cabinet du Premier ministre, chargé des Affaires arabes.

Fin août 2021, on comptait déjà 81 citoyens arabes victimes de la violence. Nul média français n’en ayant fait état, il s’agissait bien de violences intra-ethniques. « Israël est en partie un État de droit et d’ordre et en partie un Far West », avait déclaré le Comité des autorités locales arabes en Israël dans un communiqué, exigeant que « le chef de la police donne une explication immédiate sur la manière dont il entend combattre la […] violence…[5] »

La médiatisation des morts en Israël ne dépend pas de la victime

Elle dépend exclusivement de la possibilité d’accuser l’État juif. Dans le cas de la journaliste, c’est d’autant plus facile que les autorités palestiniennes refusent de partager l’enquête et de montrer la balle retirée du corps. Résultat : le 10 juin 2022, presque un mois après sa mort, son nom sur Google donne environ 5 millions de résultats en 0,63 secondes.

Dans le cas de la militante des droits des femmes anti-violences inter-arabes, il est quasiment impossible d’incriminer Israël. Résultat, à la même date, son nom donne environ 858 résultats en 0,55 secondes, dont les trois en français sont des médias dits « communautaires ».

« J’insiste sur le fait que nous devons… faire face à la violence et à ses causes, afin de pouvoir vivre en paix, en sécurité et dans la tranquillité, comme les autres nations avancées qui jouissent de la sécurité et de la sûreté » avait-elle dit.
Elle n’a obtenu ni sécurité ni sûreté, mais le silence. Ce n’est un luxe que dans l’immobilier.


[1] https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220511-une-journaliste-d-al-jazeera-tu%C3%A9e-par-un-tir-de-l-arm%C3%A9e-isra%C3%A9lienne-en-cisjordanie

[2] https://www.ipsos.com/fr-fr/seuls-16-des-francais-declarent-faire-confiance-aux-journalistes

[3] https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/1654674425-israel-la-fille-de-l-adjoint-au-maire-de-shfaram-tuee-dans-un-attentat-a-la-voiture-piegee

[4] https://www.wsj.com/articles/israel-never-targets-journalists-shireen-abu-akleh-al-jazeera-reporter-killed-palestine-11654800434?mod=hp_opin_pos_5

[5] https://worldisraelnews.com/like-the-wild-west-4-arab-israelis-murdered-over-the-weekend/

L’Ouzbékistan construit son État de droit

0
Centre ville de la capitale de l'Ouzbekistan, Tachkent, métropole de 2,5 millions d'habitants © Wikimedia Commons

À Tachkent, l’une des principales missions du nouveau gouvernement mis en place après l’élection présidentielle de l’automne dernier est la lutte contre la corruption et le renforcement de l’État de droit.


Pour y arriver, les autorités ouzbèkes instruisent l’ouverture aux citoyens usagers et la transparence en tant que principes fondamentaux d’une véritable refondation de l’État et ses agences et administrations, condition sine qua non de sa modernisation selon les standards internationaux des meilleures pratiques. Ainsi, les efforts déployés en Ouzbékistan pour garantir l’État de droit, introduire des formes efficaces d’ouverture et de transparence, établir un véritable contrôle public sur les activités des autorités gouvernementales, ont pris de plus en plus d’ampleur depuis six ans pour parvenir à cet objectif de développement.

En conséquence, des avancées positives significatives ont été observées ces derniers temps dans le pays en la matière. En particulier, de nouvelles procédures ont été établies pour assurer l’ouverture et la transparence des activités des organismes gouvernementaux, ainsi que des conditions nécessaires à un contrôle public efficace. À ces fins, en peu de temps, le système d’examen des recours des personnes physiques et morales en cas de litiges a été radicalement redéfini. Ainsi, le chef de l’État s’est même montré prêt à une communication ouverte de l’administration présidentielle avec les citoyens sur ce sujet dans une logique d’ouverture démocratique. En outre, une structure a été mise en place dans chaque Ministère et chaque agence gouvernementale pour traiter les appels du public grâce à des lignes d’assistance spécifiques.

Le numérique contre la bureaucratie

De plus, l’utilisation généralisée des technologies numériques a contribué à renforcer la responsabilité du gouvernement devant les citoyens, désormais capables d’accéder directement aux services et informations sans passer par des systèmes bureaucratiques et la corruption qui le caractérise. C’est en particulier le cas avec la création du nouveau portail de données accessibles à tous (www.data.gov.uz), la base de données enregistrée des entités juridiques et des entités commerciales (www.my.gov.uz) et d’autres plateformes qui jouent un rôle important en matière de transparence, ainsi que dans la lutte et la prévention de la corruption. D’autres réformes administratives, visant à prévenir la corruption, portent également leurs fruits en garantissant la transparence des autorités gouvernementales et des organes administratifs. Par exemple, afin de prévenir le détournement de fonds publics, une nouvelle loi sur les marchés publics a été adoptée récemment. Dorénavant, toutes les informations concernant les appels d’offres et les marchés publics sont publiées sur le portail www.d.xarid.uz. Le nouveau portail « Open Budget » permet aux Ouzbeks d’être en outre directement impliqués dans la gestion et le contrôle des fonds publics.

Conformément au décret du 22 septembre 2021 du président de la République d’Ouzbékistan, un système a été mis en place pour gérer les dépenses des fonds publics permettant aux citoyens de suivre le mouvement et les allocations budgétaires. La loi a également lancé le projet « Initiative Budget », permettant aux citoyens de proposer des projets. Lors de la première saison du projet en 2022, 70 000 initiatives ont été reçues de la part des citoyens, plus de 6,7 millions de personnes ont voté sur ces projets et 2 215 ont été retenues. 34% des initiatives retenues étaient liées à des projets de rénovation d’écoles secondaires.

Sensibiliser la population à la politique

Autre exemple : un système nouvellement créé instaure un débat public obligatoire sur les projets de lois ainsi que sur les projets des décrets à adopter par le président et le gouvernement, avec le lancement du portail www.regulation.gov.uz. Celui-ci, à son tour, contribue à la transparence des décisions importantes dont l’adoption est prévue et à la mise en œuvre pratique du principe de responsabilité envers les citoyens. L’une des principales réalisations dans ce domaine est l’amélioration des services qui informent le public sur les activités des organismes et des organisations gouvernementales.

Parallèlement, depuis le 1er décembre 2021, les sessions de la Chambre des Députés et du Sénat, des conseils régionaux, départementaux et municipaux sont retransmises en direct sur les chaînes de télévision et Internet. La retransmission en direct de ces sessions permet de contribuer à élever le niveau de sensibilisation politique et juridique des citoyens et leur connaissance directe du contenu et de la signification des actes législatifs discutés.

Une autre décision importante est que, conformément au décret du président de la République d’Ouzbékistan, un Fonds de développement du contrôle public a été créé sous l’égide de l’Agence de lutte contre la corruption. Désormais, la préparation de rapports sur la transparence des activités des organismes et agences gouvernementaux, le financement des ONG et autres institutions de la société civile dont la mission est de vérifier que l’État tient ses engagements dans ces domaine seront financés par ce nouveau Fonds.

En route vers le progrès ?

Ces réformes systémiques ont considérablement amélioré la position de l’Ouzbékistan dans un certain nombre de classements et d’indices internationaux, dont l’un des principaux est l’indice d’ouverture. Par exemple, depuis 2020, l’Ouzbékistan est monté de 124 positions, pour atteindre la 45eme place mondiale dans le classement des données ouvertes (Open Data Inventory Ranking). Les actions de l’Agence de lutte contre la corruption ont déjà permis l’introduction d’indicateurs dans vingt domaines de l’administration publique et de l’État, permettant ainsi de suivre et comparer les politiques publiques menées. Notons que selon l’indice de perception de la corruption mis à jour par Transparency International pour 2021, l’Ouzbékistan est déjà passé de la 146e à la 140e en un an sur un total de 180 pays. En Ouzbékistan, les choses avancent doucement mais sûrement alors que beaucoup de pays de la région d’Asie centrale peinent encore à enclencher les premières réformes démocratiques.

Un désastre et un retour

0
Depuis le tarmac d'Orly, avant son départ pour la Roumanie, le président Macron prononce une allocution impromptue et appelle les Français au « sursaut républicain » dimanche prochain face à la Nupes. 14 juin 2022 © Gonzalo Fuentes/AP/SIPA

Le président de la République, au soir du premier tour des élections législatives, a recommandé l’humilité à ses troupes. Même s’il n’avait pas vraiment le choix, on peut cependant s’interroger : s’agit-il d’une injonction sincère ou d’une ruse politicienne ? En tout cas, si la seconde branche de l’alternative est la bonne, elle ne sera pas suffisante pour faire oublier quelques éléments significatifs et contrastés relatifs à cette journée du 12 juin.

Un désastre

Un désastre: ce taux d’abstention de 52% révèle le total désintérêt de certains citoyens pour la chose publique ou le mépris de beaucoup d’autres pour une vie et des personnalités politiques de droite comme de gauche aux antipodes de leurs espérances. Emmanuel Macron n’a pas été le créateur de cette pente funeste pour la démocratie mais son premier mandat l’a aggravée et les débuts du second n’ont fait qu’amplifier le mouvement.

Jean-Luc Mélenchon a réussi partiellement son pari même s’il ne sera pas le 20 juin « Premier ministre » et que le score de la Nupes, pour ces élections présidentielles, est inférieur au total de tous les partis qui la composent. Le discours à la fois étrangement modéré et d’une grande habileté politicienne de Jean-Luc Mélenchon a semblé prendre acte de cet écart décevant, derrière une gloriole de façade. Le Rassemblement National n’a jamais été aussi haut lors d’élections législatives et il est possible qu’il puisse constituer un groupe (il faudra 15 députés) dans un système que l’absence de proportionnelle rend totalement injuste.

À lire aussi, Martin Pimentel: Législatives: Mélenchon a-t-il invisibilisé la droite?

Reconquête est à bas. On peut reconnaître mille qualités à Eric Zemmour, comme je l’ai toujours fait, mais, en ne cessant de se vanter de n’être pas politicien de métier, il a payé chèrement la rançon de ce constat exact. Il a été dénué, en effet, tout au long, notamment entre les deux tours de la présidentielle et après le second, de tout sens tactique, ce qui a conduit Marine Le Pen à ne lui faire aucun cadeau. Elle a désiré sa perte et elle l’a eue. Les Républicains ont sauvé les meubles tant bien que mal. Ils craignaient une telle catastrophe qu’en définitive, avant même le second tour du 19 juin, ils s’estiment sinon sauvés du moins encore en vie. Tout de même, ils vont perdre au moins la moitié de leurs députés et Paris risque d’être orphelin d’eux.

Le parti présidentiel est à l’évidence, malgré son score à peine supérieur à la Nupes et la possibilité d’obtenir encore le 19 juin la majorité absolue, le perdant de ce premier tour. C’est la première fois qu’un président est confronté, dans la foulée de sa réélection, à un tel camouflet que le sort de certains de ses ministres ou de ses soutiens emblématiques va sans doute rendre encore plus amer. Probablement y a-t-il dans cette première le ressentiment à l’encontre d’un président certes réélu mais dans des conditions d’absolue pauvreté démocratique et plongé, avec quelques ministres régaliens notamment, dans des scandales mal gérés, comme celui du Stade de France.

Le retour d’un vieux clivage bien connu

J’ai évoqué le désastre de l’abstention, auquel Emmanuel Macron n’est pas totalement étranger. On lui doit dorénavant le retour du clivage droite/gauche (avec une forte domination de l’extrême gauche) signifiant non seulement le poids des antagonismes politiques mais le choix entre deux visions de la société et de la France. D’une certaine manière – et je perçois négativement cette évolution – le temps des nuances va être révolu et quoi qu’on pense, cet affrontement que la campagne va amplifier ne va plus laisser d’autre option que celle de se ranger, contraint et forcé, dans un camp ou l’autre. Quand j’entends des Républicains soutenir que, plus que jamais, ils seront utiles entre la macronie et la Nupes, je suis heureux de cette conviction mais je doute de son caractère opératoire.

A lire ensuite, Céline Pina: Des lendemains qui déchantent

Durant cinq ans, ce parti LR, tristement présidé, n’a jamais su manifester avec éclat ce qui le distinguait de la vision floue, notamment sociétale et régalienne, d’Emmanuel Macron. Et pourtant ç’aurait été facile ! Je ne suis pas persuadé que la configuration d’aujourd’hui et celle qui résultera du 19 juin constitue LR comme irremplaçable. Le pouvoir, s’il n’a pas la majorité absolue, sera évidemment enclin aux compromis, avec moins d’arrogance. N’y aura-t-il pas la tentation, chez certains LR, d’ajouter leur apport à un camp qui, par rapport à l’irresponsabilité de la Nupes, apparaîtra, quels que soient ses manques, comme infiniment moins dangereux ?

Mais si le président souhaite qu’une partie de la droite républicaine le rejoigne ou aide son gouvernement par ses votes, il conviendra qu’il change radicalement de logiciel gouvernemental. Il aura des efforts à faire et des gages à donner : par exemple sur le plan régalien, il ne sera plus tolérable d’avoir tel ou tel ministre choisi plus par provocation que par sagesse, plus pour indigner le corps dont on lui confie la charge que pour le mobiliser et l’honorer. Le président ne pourra rien réclamer de la droite s’il persiste dans un « en même temps » dévastateur, avec une autorité de l’État exsangue et des ambiguïtés à profusion. Ainsi Emmanuel Macron, qui promettait un nouveau monde et prétendait dépasser la gauche et la droite, nous remet l’une et l’autre en pleine lumière conflictuelle, avec un ancien monde qui va encore avoir de beaux jours devant lui.

Poutine superstar

0
Le président russe Vladimir Poutine, au bord d'un lac de Sibérie, le 1er août 2017 © D.R.

Le maître du Kremlin devient la nouvelle coqueluche de la jeunesse chinoise sur les réseaux sociaux.


Alors que l’Occident en général le tient pour un monstre de cynisme et de cruauté, le président russe est adulé, voire idolâtré par un public nombreux en dehors de son propre pays[1]. Des milliers de Chinois postent sur Douyin, la version originale chinoise de TikTok, des vidéos à la gloire de celui qu’ils surnomment « Papa Poutine », « Prince charmant », « Grand Frère » ou « Dieu mâle ». Ces vidéos récoltent des centaines de milliers de « likes » et des milliers de commentaires enthousiastes. On y loue son énergie, son courage, son dévouement à son peuple et même sa bonté. On poste des montages flatteurs de Poutine et des chansons façon karaoké exprimant un « amour ardent » pour Vladimir.

Cette vénération d’un leader étranger ne déplaît pas en haut lieu. Si nombre de comptes de fans de Poutine appartiennent à des individus qui ont une admiration sincère pour le chef d’État russe, d’autres sont sous le contrôle du gouvernement chinois. Bien que la Chine n’approuve pas officiellement l’invasion de l’Ukraine, elle censure les publications antirusses sur les médias sociaux et proclame que les États-Unis et l’OTAN sont responsables de la guerre.

A lire aussi : Sommes-nous aussi décadents que le pense Poutine?

À l’époque de Mao, la Chine entretenait une forte admiration pour Staline, considéré comme un bon leader communiste, à la différence de ses successeurs soviétiques. Poutine incarne de nouveau l’homme fort qui convient au régime autoritaire chinois. La seule inquiétude concerne la très grande place que la culture numérique en Chine accorde au « fandom », autrement dit à ces cultes voués par des fans à une personne ou un sujet qui les enthousiasme. L’année dernière, l’État a annoncé vouloir imposer des limites à ce qu’il appelle l’« adoration toxique des idoles » qui risque de porter atteinte à la santé physique et mentale des jeunes. Qu’on se rassure, Papa Poutine n’a jamais fait de mal à personne.


[1]. Amanda Florian, « Chinese TikTok Users Are in Love With “Daddy Putin” », Foreign Policy, 15 mai 2022.

Panique à bord

0
Plusieurs personnes a la réunion publique du candidat et député dans la vingtième circonscription du Nord, Fabien Roussel, a Saint-Amand-les-Eaux, le 9 Juin © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

L’édito politique de Jérôme Leroy


Je m’y attendais, mais je n’ai pas été déçu. Cela avait commencé avant le premier tour mais depuis dimanche soir, c’est un festival. A l’heure où j’écris cette chronique, mardi, le déferlement a déjà commencé. Pas celui demandé par Mélenchon, celui de ses électeurs qui, s’ils se mobilisent et mobilisent les abstentionnistes au second tour, peuvent faire gagner la Nupes. Car oui, la Nupes peut gagner. Et c’est bien ce qui affole tout le monde.

J’ai tout de même été surpris par la violence et la bêtise des attaques. Les médias toujours complaisants au macronisme donnent l’impression que le programme de Mélenchon, c’est sortir de l’Europe en burkini pour s’allier à Maduro et mettre les riches dans des camps. Blanquer, cet expert, l’a dit texto : « Extrême-droite et extrême gauche, c’est pareil. »

L’arnaque des projections

La grosse arnaque de la semaine, cela aura été les « projections ». Moi, les projections que j’aime, ce sont celles du peintre Jackson Pollock qui donnent des chef-d’œuvre, pas les projections en sièges des instituts de sondages qui n’ont aucune valeur sinon chercher à démobiliser l’électorat de gauche. A plus de 50 % d’abstention, tout reste possible y compris la majorité absolue pour la Nupes. Un exemple ? Tout à notre bonheur de l’élimination de Blanquer dès le premier tour dans cette circonscription de Montargis, de droite classique depuis toujours, on n’a pas vu tout de suite que c’était un communiste qui était au second tour face au RN. Blanquer a beau ne pas l’accepter parce qu’il découvre que le réel, c’est des gens, pas des assemblées de recteurs le petit doigt sur la couture du pantalon et les visites d’écoles Potemkine, il a été battu parce qu’il a été un mauvais candidat comme il a été mauvais ministre et qu’il est mauvais perdant.

Attention cependant à ceux qui vont vouloir diviser la Nupes de manière plus hypocrite et plus subtile. Quand on me dit, (familièrement) : « Enfin, Gégé, toi qui es un coco old school, qu’aime la bidoche, un laïcard hardcore qui prend des barres d’uranium enrichi au petit dej sous un portrait de Brejnev, comment tu peux être dans la même coalition qu’untel ou unetelle ? »

A lire aussi : Jeremy Corbyn chez la Nupes : “qui se ressemble s’assemble”

Comment ? C’est très simple. Je ne peux pas être heureux tout seul, je ne supporte plus les discours libéraux sur le travail, je ne supporte plus les vies gâchées par l’uberisation, les insultes quotidiennes faites aux pauvres gens des cités et des villages. Je veux qu’on rende les richesses à ceux qui les produisent, je veux que les patrons baissent les yeux et que la camarilla de larbins médiatiques qui leur sert la soupe, jour à après jour, ferme un peu sa bouche. Bref, tout ce qui n’est pas la « question sociale » m’indiffère en cette période. Je veux bien discuter identité, séparatisme et tout le toutim, mais dans une France qui aura la retraite à 60 ans, un smic à 1500 euros et quatorze tranche d’impôts sur le revenu. Je suis certain que là, tout le monde sera beaucoup moins crispé.

Et pour ça, en face, ne vous faites pas d’illusions, je préfère encore voter pour un transsexuel indigéniste végane que pour un macroniste qui ose encore se dire de gauche et explique que tout ça n’est pas possible. Sans doute comme n’était pas possible les congés payés en 36 et la sécu en 45.

Toi aussi, passe ton brevet de bon « républicain »

Le comble dans la panique est tout de même visible chez ces excellences de la Macronie incapables d’appeler clairement à faire barrage au RN en cas de duel avec la Nupes. Pas une voix pour l’extrême droite, mais pour la Nupes, on verra au cas par cas. Fabien Roussel a ainsi reçu l’onction d’Elisabeth Borne. Madame la Première ministre est trop bonne, par ailleurs ancien membre d’un gouvernement qui, quand il réprimait les Gilets Jaunes avec une férocité qui avait indigné jusqu’à l’ONU, faisait nous interroger sur la différence qu’il y aurait eu si ça avait été l’extrême droite au pouvoir.

Autant dire que les brevets de républicanisme donnés par ces gens-là, ça nous fait bien rigoler.

Les derniers jours des fauves

Price: 20,90 €

41 used & new available from 2,33 €

Télétravail: un parfum de Musk…

0
Elon Musk, août 2021 Gruenheide, Allemagne © Patrick Pleul/AP/SIPA

« Revenez ou démissionnez »: alors que le télétravail se généralise et est loué tant par les salariés que par les DRH progressistes depuis la pandémie Covid, Elon Musk en fustige les méfaits. Dénonçant l’oisiveté des employés travaillant à domicile dans leurs « pseudo-bureaux », il leur intime l’ordre de regagner les locaux de Tesla…


Admiré, jalousé, loué, détesté, Elon Musk cristallise actuellement toutes les attentions et les passions. Dans un courriel interne envoyé à l’ensemble de ses employés le 31 mai, le fondateur de SpaceX leur a demandé qu’ils «reviennent au bureau pour un minimum de 40 heures par semaine ou de quitter Tesla», une autre société qu’il dirige et qui a fait sa renommée. Faute d’obtempérer, le courriel précise qu’ils seront considérés comme «démissionnaires».

À l’heure où la pratique du télétravail s’est généralisée, est entrée dans les mœurs et est en passe de s’imposer dans la majorité des sociétés, cette méthode a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux. Le milliardaire fantasque qui convoite le réseau social Twitter s’est offert un bad-buzz qui résume pourtant toute la politique du chiffre encore omniprésente dans un certain nombre d’entreprises et où chacun pourra se reconnaître.

A lire aussi : Les nouveaux maitres des populations

Mettant en valeur la culture et la supériorité de ses sociétés, ce natif d’Afrique du Sud persiste et signe. Il n’a pas le temps d’attendre ni de faire de l’angélisme. «Il y a bien sûr des entreprises qui n’ont pas besoin de cela, mais à quand remonte la dernière fois où elles ont expédié un nouveau produit génial ? Cela fait un moment…» a poursuivi Elon Musk, qui soupçonne ses collaborateurs de tirer au flanc une fois chez eux. «Tesla a créé et fabriquera réellement les produits les plus excitants et les plus significatifs de toutes les entreprises sur Terre. Cela ne se fera pas en téléphonant» renchérit-il sèchement, les pressant de réaliser leurs objectifs au nom du saint-capitalisme. Cette obsession du micro-management, dénoncée comme archaïque, répond à sa vision conservatrice du travail mais contraste drastiquement avec la volonté de bien-être réclamée par bien des employés après deux ans de Covid. 

A lire aussi, Liliane Messika: La liberté ou Levi’s

Même si Elon Musk tend aussi à nuancer parallèlement  ses propos. «S’il y a des contributeurs particulièrement exceptionnels pour qui cela est impossible, j’examinerai et approuverai ces exceptions directement» écrit-il, liant sa décision à leurs résultats personnels. Bien que la lettre ait été authentifiée deux fois, Tesla n’a pas confirmé l’envoi de ce courriel en forme de chantage à ses collaborateurs. Sur Twitter, le célèbre oiseau bleu qu’il tente de déplumer depuis des semaines, il a été interpellé par des internautes concernant cette guerre qu’il semble avoir déclaré au télétravail. Elon Musk s’est simplement borné de conseiller à ceux «qui font semblant, d’aller travailler ailleurs». Dont acte!

J’aime les flics!

0
Défilé 14 juillet 2021 © Jacques Witt/SIPA

La République, c’est eux !


Je n’ai jamais considéré que les policiers sont de violents agresseurs en puissance, qu’ils sont là pour nuire à ma liberté, qu’ils sont une menace pour la démocratie ! J’aime leur protection, oserais-je encore dire que j’aime l’ordre, et que lorsque je jouais aux gendarmes et aux voleurs, je choisissais d’être gendarme. Peut-être est-ce pour cela que j’appartiens à la réserve citoyenne de la gendarmerie ? On me l’a proposé, par le plus grand des hasards, parce que j’étais une communicante et que les gendarmes en tant que militaires n’ont pas le droit de s’exprimer, y compris lorsque la presse s’empare de sujets qui les concernent – ils appartiennent à ce qu’on appelle « la grande muette ».

Communiquer, je ne m’en suis jamais privée, parfois d’ailleurs à mon détriment.

La petite faiblesse de Sophie de Menthon

J’aime la police donc, mais j’ai un faible pour la gendarmerie…

Il est insupportable que face à la violence croissante, certains soient aujourd’hui prêts à désarmer les policiers, justement parce que les agressions se multiplient. Quelle drôle de logique !

A lire aussi : «La police tue»: au fait, Monsieur Mélenchon, la honte, c’est quand?

Chaque manifestation s’accompagne désormais d’une médiatisation consistant à chercher le buzz de la « violence policière ». Évidemment, les policiers habillés en Dark Vador, casqués, masqués, ne sont pas là pour avoir l’air sympa et inoffensifs. S’ils sont effrayants, c’est tant mieux face à des « débordements » qui se multiplient et qu’il faut bien maitriser. Et même si les policiers peuvent parfois avoir le gaz lacrymogène facile, il est inadmissible de les accuser de « gazer » nos compatriotes, le verbe évoquant des crimes imprescriptibles. Pire, affirmer que « la police tue » est profondément mensonger et injuste. Comme si tirer sur un malfaiteur était un crime comme un autre ! Par ailleurs, savez-vous qu’un policier ou un gendarme n’a le droit de tirer qu’en état de légitime défense ? Et qu’ils ne doivent donc pas viser dans les jambes de l’interpellé, car ils sont supposés tirer pour préserver leur vie ?

On reproche aux policiers tout et son contraire : un jour de ne pas anticiper, et le lendemain d’arrêter à l’avance les fauteurs de trouble « qu’on connait ». S’ils font leur travail, ils sont immédiatement accusés de discrimination ou de racisme anti-banlieues (entre autres). Le fameux black block, il ne faudrait pas s’en approcher et le reconnaitre, car ce serait anticiper des exactions qu’il n’a pas encore commises. Mais bien sûr… Quant au « délit de faciès », sur des minorités forcément et systématiquement innocentes, il fait les gorges chaudes de la bien-pensance et la joie d’une extrême gauche en grande forme – avec juste ce qu’il faut de parfum de wokisme…

Je refuse d’obtempérer à cette bien-pensance

Venons-en aux fameux refus d’obtempérer qui prolifèrent et créent des débats sans fin avant même que l’on sache de quoi et de qui il s’agit. Comment arrêter les fuyards ? En leur répétant gentiment de s’arrêter ? Devrait-on laisser courir ? On peut d’ailleurs se demander pourquoi ces refus d’obtempérer semblent une spécialité si française. Et si c’était aussi parce que l’on répète toute la journée que la police est dangereuse ? Que les flics sont des ripoux et qu’ils ne sont pas légitimes dans l’exercice de la répression ? Il me semble que les victimes ne sont plus complètement celles que le bon sens désigne, et que l’agresseur finit par avoir prioritairement le bénéfice du doute.

À lire aussi : Police: critiques partout, soutien nulle part

Oui, j’aime bien qu’on arrête les coupables (même « présumés », sans attendre qu’ils récidivent immédiatement), j’apprécie que la police soit plus forte qu’eux. Actuellement, le rapport de force s’inverse ; les commissariats, les pompiers… ne sont plus en sécurité et on n’hésite pas à les attaquer dans certaines zones. Alors, oui – et c’est un comble ! – il faut absolument protéger nos forces de l’ordre.

Pour cela, il faudrait inculquer dès le plus jeune âge le respect de cette autorité régalienne qui est à notre service et, mieux, faire en sorte qu’elle soit l’objet de sympathie et non de détestation, ce qui contribuerait à adoucir les comportements de ces officiers de police habitués à être traités en ennemis. Que les jeunes cessent de faire un sport de « narguer l’uniforme » dès que c’est possible. Mieux encore, ne faudrait-il pas renforcer drastiquement le statut des policiers ? Toucher à un flic, et on serait immédiatement incarcéré ? Avec évidemment des peines plus lourdes que pour un citoyen lambda. S’attaquer à un policier, c’est s’attaquer à chacun d’entre nous puisqu’il s’agit de nos défenseurs. Quoi qu’on en pense : « la République c’est eux » ! Finalement, il vaut voter pour ceux qui respectent et aiment la police, c’est rassurant pour notre avenir !

Nostalgie…

Pour terminer ce billet, peut-être une nostalgie, celle d’une époque où le gardien de la paix portait bien son nom, où la France adorait les gendarmes de Saint-Tropez, ses garde-champêtres, du temps où on laissait les clés sur sa voiture, ou les services des « objets trouvés » ne nous faisait pas éclater de rire devant son inutilité, nostalgie qui fait que j’aime encore voir ces uniformes bleus dans mon paysage quotidien ! J’aime pouvoir demander mon chemin à « monsieur l’agent », j’aime pouvoir me réfugier auprès d’eux si je suis prise dans une manif pour qu’ils m’aident à en sortir (ce qu’ils font gentiment), j’aime les saluer au coin de la rue le soir et qu’ils me sourient. J’aime qu’ils surveillent les rues et les quartiers, recommander aux enfants au moindre problème de s’adresser à eux, j’apprécie qu’ils fassent des rondes l’été pour éviter les cambriolages, j’aime leur faire part de mon inquiétude si je me sens suivie. J’aime parfois leur indulgence quand j’explique avec mauvaise foi que j’ai pris un bout de l’impasse en sens interdit parce que je n’arrivais pas à la prendre en marche arrière !

A lire aussi, Philippe Bilger: Police: critiques partout, soutien nulle part

Enfin, je me demande même si je ne regrette pas les contractuelles, ces hirondelles qui avec leur Bic acéré rédigeaient des PV, plutôt que les voitures anonymes qui sillonnent les rues de la capitale distribuant en cachette des PV virtuels dont on apprend l’existence des semaines après, sans aucun recours.

« L’art de la Police est de ne pas voir ce qu’il est inutile qu’elle voit », Napoléon.

La France sens dessus dessous !: Les caprices de Marianne

Price: 17,00 €

16 used & new available from 2,25 €

Henri Garcin, ex-interne des hôpitaux de Paris pour toujours!

0

Disparition à l’âge de 94 ans de l’acteur qui incarna, entre autres, le voisin médecin dans la série « Maguy » à la télévision.


La célébrité est souvent injuste. Réductrice ou grossissante. Elle ne vous appartient pas. Vous n’en êtes pas propriétaire, simplement locataire, le plus souvent précaire avec des mois d’arriérés. Elle file à son propre rythme, n’écoute personne, s’insinue dans la mémoire du public et n’en démord plus. Elle a décidé de vous mettre dans une case et vous n’en sortirez pas. C’est une geôlière féroce. Emprisonné à double-tour, l’acteur ne répond plus de ses actes. Quoi qu’il fasse, il est tributaire de son image. La popularité fait fi des prix d’interprétation majeurs et des rôles totémiques, de l’adoubement des pairs ou de la tendresse des cinéphiles. Elle se moque des modes vertueuses et des cercles présomptueux. Elle a son système de classification et de valeurs. Avant tout, elle déteste le désordre.

Maguy le jour, Maguy la nuit…

Les comédiens sans port d’attache et les carrières en dents de scie lui provoquent des maux de tête. C’est pourquoi Henri Garcin sera éternellement l’ex-interne des hôpitaux de Paris de la série « Maguy », comédie ménagère des années 1980 avec Rosy Varte et Jean-Marc Thibault. L’acteur né en 1928 à Anvers aura signé plus d’ordonnances que d’autographes depuis son apparition dans le petit écran sur feu Antenne 2. Il était diablement crédible dans son rôle de voisin médecin au cœur d’artichaut. Il en avait la prestance et la voix, le charme bourgeois et le comique feutré. Combien de fois lui a-t-on demandé des nouvelles de Marthe Villalonga et s’il était satisfait des travaux de voirie sur la commune du Vésinet ?

Dans la vraie vie, il faisait ses courses au Monoprix de la rue de Rennes sous l’œil vigilant de l’écrivain Arnaud Guillon, pince-sans-rire natif de Caen. Les deux partageaient le goût de la dérision en veste de tweed et des lunettes faussement studieuses. Henri Garcin fut le toubib préféré des Français quand la médecine n’était pas encore devenue un art divinatoire et enfermatoire. Nous aimions ce théâtre de boulevard filmé pour l’immense talent des acteurs présents au générique et aussi pour son charme un peu démodé. La désuétude est en soi une forme de résistance. C’était déjà, à l’orée d’une mondialisation sauvage, un dernier plaisir avant liquidation générale du pays. Après, ce ne fut que ricanements et injonctions, dénonciations et vulgarité, victimisation et pleurnicheries à la pelle. « Maguy » se regardait en famille dans la quiétude des foyers, au trot de percheron, sans fracas, quelques bons mots d’auteurs égrenaient les épisodes et les scènes de comédie se (sur)jouaient avec la connivence des téléspectateurs. Nous étions complices, chaque dimanche soir, de leurs gentils désaccords et des aléas d’une vie somme toute paisible. Nous n’attendions pas que « mam’ Maguy » bouleverse la société avec des prises de parole ridicules. Quelques minutes de sourire, à l’abri du tumulte extérieur avant de retourner à l’école le lendemain suffisaient à notre bonheur.

Une place à part

Dans les HLM de banlieue, on rêvait aux pavillons cossus recréés en studios. En province, on louait l’élégance apprêtée de Rosy qui fut longtemps le modèle-phare des commerçantes de France. Et l’on proposait toujours un apéritif au bon docteur qui sonnait à l’improviste. Cette bienveillance peut amuser les esprits amers qui voient partout les traces rampantes d’un monde réactionnaire. Elle nous renvoie à notre enfance molletonnée et à une douceur qui est le propre des peuples heureux.

Henri Garcin a donc une place à part dans le bric-à-brac de nos souvenirs. Bien sûr, il ne fut pas seulement médecin de télévision. Il fut un acteur complet au théâtre et au cinéma. Pour autant cette célébrité cathodique n’est pas mensongère. Elle nous renseigne sur le caractère de l’Homme et sur les volte-face d’un métier où la ligne droite est le plus court chemin vers l’indifférence. Henri Garcin ne labourait pas le même sillon. Par choix ou par nécessité, personne ne maîtrisant sa destinée dans les professions aventureuses, il faisait le grand écart idéologique, ce qui est un régal pour les honnêtes gens. Vous pouviez le voir chez Truffaut et Philippe Clair, chez Agnès Varda ou Michel Boisrond, et comble du snobisme dans « Marie Pervenche ». Cette filmographie est tout à son honneur. Je me souviens de lui chez Michel Vianey et Michel Mitrani, en résistant chez Rappeneau et aussi en conducteur de DS taguée chez Kurys. C’était, il y a si longtemps. Et dans « Trocadéro bleu citron » en 1978, à la manière d’un Jacques François drolatique, il excellait dans la haute administration publique et les autorités galonnées. Ah si nos élites avaient pu lui ressembler…

Et maintenant, voici venir un long hiver...

Price: 15,00 €

18 used & new available from 10,00 €

Clémentine (Autain) contre Rachida (Dati): devinez de quel côté était la vulgarité!

0
Rachida Dati et Clémentine Autain sur TF1, 12 juin 2022 D.R.

Alors que les Français boudent les urnes, nous avons pu constater que la politique spectacle avait encore de beaux jours devant elle, lors de la soirée électorale sur TF1. Rachida Dati pointe les responsabilités de la députée de Seine Saint-Denis dans le séparatisme.


C’était sur le plateau de TF1 le soir des résultats du premier tour des élections législatives. Elles étaient là toutes les deux. Il y avait aussi Guillaume Peltier et Jordan Bardella. Ce fut explosif et du côté de Clémentine Autain, ça volait très bas.

Elle attaqua Guillaume Peltier avec ces mots choisis : « Vous devriez rabaisser votre caquet ! ». Il répondit : « Pas de mépris ». Rachida Dati vola à son secours : « Quand je vois les dégâts que vous avez faits en Seine-Saint-Denis, dans les écoles, dans les institutions, vous devriez baisser d’un ton, c’est honteux car ce qu’il se passe en France vous en êtes responsables. Le séparatisme en France c’est vou ! Le racisme en France c’est vous, la discrimination en France c’est vous ! »

Arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer !

Comment lui donner tort, quand on sait que les Insoumis défilaient avec le CCIF. Quant à la présidentielle, lors du premier tour ils obtiennent 69% des votes musulmans ! On sait où sont les vrais racistes ! Mais là il s’agit de racisme anti-blanc. Celui qui vise les autochtones et qu’il est interdit de nommer.

Clémentine Autain n’en est pas à son coup d’essai. Lors d’un débat le soir de la présidentielle elle avait interrompu à plusieurs reprises Rachida Dati « Arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer, arrêtez d’aboyer ! ». Chez les Insoumis, on a des élégances langagières qui nous éloignent beaucoup de la Princesse de Clèves… Il parait que Mélenchon et les siens sont de gauche. Alors c’est une gauche grossière, vulgaire et gueularde, qui se vautre dans le caniveau. Elle y est bien, avec les détritus et les ordures. De cette gauche-là, Clémentine Autain en est une parfaite représentante. Mais elle n’atteint pas le firmament où trône, incontestée jusqu’à maintenant, Raquel Garrido. Avec son compagnon, on se souvient qu’elle était présente lors d’un débat qui opposait Alexis Corbière et Eric Zemmour sur C8.

A la fin de l’émission elle croisa un groupe de jeunes partisans de Zemmour. Et elle lança à l’un deux : « Va sucer la bite de ton chef ». Clémentine Autain a encore quelques efforts à faire pour la rattraper dans ce domaine. Nous lui faisons confiance pour y arriver.

Le pas de côté des classes populaires françaises

0
Élodie et Laurent, devant leur pavillon squatté à Ollainville (Essonne) D.R.

Les classes populaires ont une conscience aigüe des impasses sécuritaires, politiques, médiatiques, sanitaires… qui les enferment. Mais elles peuvent faire preuve d’imagination pour défendre leurs intérêts.


« L’an 01 ». En 1973, Jacques Doillon réalise un film intitulé « l’An 01 », d’après une bande dessinée de Gébé parue dans Politique Hebdo, puis Charlie Hebdo. Le scénario est le suivant : un beau matin, la population décide d’un commun accord de tout arrêter (le travail, la consommation, les transports en commun…), de réfléchir à l’utilité du travail que l’on fait et de réinventer la société. Et si on sonnait chez le voisin pour faire connaissance ? Si on ouvrait un potager dans le bitume parisien ? Si on piétinait les pelouses interdites ? Si on s’embrassait ? Si on… etc.

Les citoyens croient de moins en moins à la mascarade électorale

L’an 01 de Gébé a quitté la fiction. En 2022, des pans entiers de la société française ont d’un commun accord, décidé de faire un pas de côté. Mais à la différence de la BD, cela n’a rien de festif. Au plan politique, les électeurs ont abandonné les partis traditionnels (PS, LR) qui se sont effondrés. Plus grave, les mêmes boycottent les élections et l’abstention devient toujours plus massive. Aux présidentielles de 1988, un électeur sur cinq ne se déplaçait plus. En 2022, le boycott a concerné un électeur sur quatre (27%). Aux législatives de 2007, quatre électeurs sur dix ne votaient pas. A celles de 2022, plus d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé.

Ne pas aller voter n’indique pas un civisme en panne, mais l’indifférence à une mascarade. À quoi bon élire des gens qui plutôt que d’organiser un référendum sur les sujets qui comptent (l’immigration, l’école, les services publics, l’impôt, la santé…) consulteront plutôt McKinsey, Accenture et consorts ? À quoi bon donner une majorité à un président qui s’est empressé d’inventer des lieux d’élaboration de la décision en dehors des circuits démocratiques : « les grands débats » au moment de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances remisés au grenier sitôt la crise passée, le conseil de défense ultra secret au moment de la pandémie, et maintenant le CNR, futur Conseil National de la Refondation, qui indique clairement l’intérêt du président pour la représentation populaire…

Le plus beau métier du monde

Mais l’an 01 n’est pas seulement électoral. Le pas de côté s’effectue aussi à l’école. Qui veut être prof aujourd’hui ? Plus personne. L’institution scolaire rebute littéralement et les candidats les plus qualifiés boudent les concours de recrutement. Concernant la rentrée 2022, « avant même les oraux, le nombre de candidats admissibles aux écrits est inférieur, dans certaines disciplines, au nombre de postes proposés. Pour les collèges et lycées, la situation est très critique en mathématiques (816 admissibles au Capes pour 1035 postes), en allemand (83 pour 215) et en lettres classiques (60 pour 134) » écrivent Aude Bariéty et Caroline Beyer dans le Figaro.

A lire ensuite: [Reportage à Nangis] Ma première burqa

L’explication officielle de cette désaffection est « le salaire d’un enseignant stagiaire : 1827 euros brut ». Scandaleusement bas, bien sûr ! Mais la raison corollaire arrive très rapidement dans la foulée : « Aller dans les académies de Créteil ou Versailles, sans accompagnement, lâché dans le grand bain sans brassard, pour cette rémunération, ça ne passe pas», assène Stéphane Crochet, du syndicat SE-Unsa. 

« Grand bain », « sans accompagnement », « sans brassard »… autant de formules contournées pour indiquer ce que tout le monde sait aujourd’hui, à savoir que l’école publique a craqué sous le poids de l’immigration et que dans  certaines zones, les élèves font désormais la loi, imposent les programmes (il est des sujets tabous comme la Shoah) et n’hésitent pas à attenter à la sécurité physique des enseignants. Comme l’institution laisse faire, les enseignants désertent. Ce sera sans eux, merci !

Panique à l’hôpital, crainte de l’embrasement des banlieues…

L’hôpital souffre lui aussi du même pas de côté. La suppression de 80 000 lits d’hôpital public en vingt ans, la stagnation des salaires, la fermeture des petits hôpitaux de proximité, et un mode de rémunération des hôpitaux conçu pour optimiser l’occupation des lits en fonction d’effectifs toujours plus ajustés créent les conditions d’un stress permanent. Le conflit entre soin et productivité est à l’origine de la grande hémorragie. Sarah, 25 ans, après quatre années passées aux urgences pense déjà à une reconversion. « Le soir, on rentre chez soi en pleurs en se disant qu’on n’a pas fait du bon boulot, et on se demande quel pourrait être notre avenir plutôt que d’être infirmière. » Les Sarah sont si nombreuses à opter pour une reconversion professionnelle que des services hospitaliers se ferment naturellement, sans décision administrative, par simple carence du personnel.

Quant à la sécurité, le pas de côté est plus discret mais non moins réel. Cinq millions de Français détiennent légalement des armes à feu et 240 000 sont inscrits dans des clubs de tir pour « se défendre au cas où ». L’heure en France est à l’autodéfense, car le doute existe que la police intervienne – ou puisse le faire à temps – si elle doit affronter les tenants de la « diversité ».

Le régime diversitaire s’embrase

L’affaire du Stade de France a confirmé que l’Etat est prêt à tout pour éviter de se trouver en conflit direct avec cette partie de la population que l’on nomme « diversité ». Pour expliquer les troubles à l’ordre public qui ont eu lieu à l’occasion de la finale de la coupe de l’UEFA au Stade de France, le ministre de l’Intérieur, a trouvé plus simple d’accuser les supporters britanniques d’avoir tenté d’entrer sans billets. En créant un bouc émissaire, l’Etat a effacé le crime des racailles de Seine Saint-Denis qui se sont ruées par dizaines pour attaquer, violenter, voler voire agresser sexuellement des spectateurs sans défense. Et pour éviter que ce mensonge d’État ne vole en éclats, les bandes vidéo des caméras de surveillance du Stade de France ou de la RATP ont été mécaniquement effacées faute d’avoir été réquisitionnées à temps par le Parquet. Si l’on en croit le Daily Mail, le gouvernement français aurait même pesé sur l’UEFA pour que son communiqué relatif au désordre de la finale ne fasse pas mention des agressions de spectateurs britanniques et espagnols. Comme l’écrit brillamment Mathieu Bock-Coté dans le Figaro, « le régime diversitaire ne se contente plus de dissoudre le réel en produisant une confusion toujours reconduite entre le vrai et le faux. Il détruit désormais les preuves de la société dévastée qu’il engendre. Il détruit les conditions mêmes d’observation de la réalité. Ce qui a eu lieu n’a pas eu lieu, ce qui est advenu n’est pas advenu ». 

A lire aussi, Ingrid Riocreux: Violences au Stade de France : ne dites pas «racailles» mais dites… quoi?

Comment s’étonner ensuite que les Français fassent un pas de côté vis-à-vis des médias ? L’enquête Confiance dans les médias réalisée en 2022 par l’institut Kantar pour le journal La Croix a confirmé que 90% des sondés considèrent que les médias sont essentiels au bon fonctionnement de la démocratie et que 77% affirment que la liberté de la presse est au fondement du pluralisme. Mais une fois ces principes posés, les mêmes ne sont plus que 29% à affirmer leur « confiance » dans les médias alors que le niveau de confiance atteint 59% ailleurs en Europe. Concernant la radio, qui est perçue comme le média le plus fiable, moins d’un auditeur sur deux (44%) estime que les journalistes radio rapportent les faits « à peu près » comme ils ont eu lieu, et 5% des auditeurs seulement croient que les faits rapportés par la radio se sont produit « vraiment » comme la radio les raconte.

La maison squattée d’Ollainville

Comment survivre dans un environnement national aussi dysfonctionnel ?

Elodie et Laurent, ces deux prolos qui ont acheté à Ollainville (Essonne) une maison squattée par une famille tunisienne ont montré qu’avec un peu de jugeotte, la chose était possible. 

Elodie et Laurent savaient que le bien immobilier qu’ils venaient d’acquérir était squatté par une famille maghrébine. Mais c’est aussi en raison de cette situation qu’ils ont pu l’acquérir à un prix très en dessous du marché. Une fois leur achat en poche, ils ont joué le désarroi devant un journaliste du Parisien. Leur vidéo de « victimes » des squatteurs a circulé sur les réseaux sociaux et son retentissement médiatique a été d’autant plus grand qu’on était en période électorale. Le ministre de l’Intérieur est intervenu et les squatters maghrébins ont décampé sans délai. En deux mots, Élodie et Laurent ont inversé le processus victimaire qui joue mécaniquement en faveur de l’immigration, ont instrumentalisé les médias avec un grand sens politique pour susciter la sympathie et ont pesé sur les politiques eux-mêmes pour faire aboutir une affaire personnelle. En agissant ainsi, ils ont court-circuité la justice, la police et ont économisé beaucoup de temps et d’argent.

Cette pratique montre que les classes populaires ont une conscience aiguë des impasses sécuritaires, politiques, médiatiques, sanitaires… qui les enferment, mais qu’elles sont prêtes à faire preuve d’imagination pour défendre leurs intérêts. Comme l’écrit le géographe Christophe Guilluy, les classes populaires « marronnent », un peu comme le faisaient les esclaves qui fuyaient les plantations où ils étaient tenus en esclavage. En d’autres termes, chacun tente de survivre loin de la sphère d’influence des puissants. Christophe Guilluy utilise ce terme de « marronnage » pour décrire cette attitude nouvelle des classes populaires : « elles n’écoutent plus ce que prescrivent les élites, elles préfèrent mater un bon film ou Cyril Hanouna que François Hollande ». Élodie et Laurent ont montré qu’ils savaient sur quels boutons appuyer pour obtenir gain de cause.

L'An 01 [Mediabook collector DVD] [Édition remasterisée - Coffret collector limité]

Price: 33,00 €

7 used & new available from 33,00 €

En Israël, deux femmes arabes tuées: l’une chantée, l’autre pas

0
A gauche, la journaliste palestinienne d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, tuée par balle, le 11 mai. A droite, Johara Khnifes, militante arabe israélienne tuée le 7 juin, dans un attentat à la voiture piégée (captures Youtube du Parisien et de ILTV Israël News)

En un mois, deux femmes arabes ont été tuées en Israël. Une heure après la mort de la première, France 24 avait déjà dénoncé son coupable préféré [1]. Trois jours après celle de la deuxième, son nom était toujours inconnu de la version française de Google.


La voix du silence

Peut-être la première a-t-elle été assassinée et la seconde est-elle morte de vieillesse ?

Non la première était une reporter de guerre morte à 51 ans sur un champ de bataille : un  risque du métier. La seconde avait 28 ans quand elle est morte dans l’explosion de sa voiture piégée : un meurtre avec préméditation.

Peut-être la première était-elle célèbre et l’autre pas ? Non : sa mort a rendu la journaliste Shireen Abu Akleh célèbre. Avant, c’est elle qui interviewait des peoples.

Peut-être l’une faisait-elle un métier cher au public et l’autre pas ? Seuls 16% des Français déclarent faire confiance aux journalistes[2]. Mais c’est eux qui tiennent le micro…

À l’inverse, les militantes féministes, comme celles qui œuvrent contre la violence, ont le vent en poupe. Son engagement est justement la raison pour laquelle Johara Khnifes a été tuée[3].

Dénonciations, accusations y réfutations

Les autorités palestiniennes accusent leur ennemi d’avoir assassiné pour le plaisir une journaliste. C’est de bonne guerre : leur champs de bataille est plus souvent médiatique que soldatesque. En revanche, quand la presse internationale leur emboîte le pas de l’oie, c’est plus suspect.

Le ministre israélien des Affaires étrangères a réfuté l’accusation de journalisticide dans une tribune publiée par le Wall Street Journal. Quand Shireen Abu Akleh est décédée dans des tirs croisés, il y a un mois, elle travaillait en Israël pour Al Jazeera depuis 20 ans, comme nombre de ses collègues qui ne portent pas l’État juif dans leur cœur et qui le démontrent dans chacun de leurs articles ou reportages. Al Jazeera elle-même appartient au Qatar, un Etat islamiste ouvertement hostile à Israël, ce qui n’empêche pas ses envoyés permanents d’y être « protégés par l’État que la chaîne calomnie régulièrement. Le conflit israélo-palestinien bénéficie d’une couverture disproportionnée par rapport à tout autre conflit sur terre… tout ce que vous savez sur ce conflit est le produit de centaines de journalistes qui travaillent sur le terrain sous la protection d’un État démocratique qui croit de tout son cœur à la fois à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.[4]»

Silence, indifférence, absence de conscience

La famille de Johara Khnifes fait partie des « Arabes de 48 » : ceux qui sont restés en Israël quand le pays a été attaqué par sept armées arabes, le jour de son Indépendance, le 15 mai 1948. De ce fait, ses membres sont citoyens israéliens depuis cette date.

A relire, Pierre Lurçat: Shireen Abu Akleh: vie et mort d’une journaliste très engagée

Le grand-père de Johara avait été député dans les années 1950, son père est maire adjoint de Shefar Am, une ville de 42 000 habitants dans le nord d’Israël, et sa mère est présidente de l’Unité pour l’avancement des femmes de la ville.

La police ne pense pas que les parents étaient visés. Ses soupçons se dirigent vers ceux qui se sentaient visés par les déclarations de la jeune femme, dans sa lutte contre la violence endémique dans les communautés arabes d’Israël et dans son action militante en faveur des femmes arabes.

« La violence endémique », n’est-ce pas là une phrase islamophobe ? Non, c’est une citation. De la jeune femme assassinée, mais aussi de Mansour Abbas, chef de la Liste arabe unie et ministre délégué au cabinet du Premier ministre, chargé des Affaires arabes.

Fin août 2021, on comptait déjà 81 citoyens arabes victimes de la violence. Nul média français n’en ayant fait état, il s’agissait bien de violences intra-ethniques. « Israël est en partie un État de droit et d’ordre et en partie un Far West », avait déclaré le Comité des autorités locales arabes en Israël dans un communiqué, exigeant que « le chef de la police donne une explication immédiate sur la manière dont il entend combattre la […] violence…[5] »

La médiatisation des morts en Israël ne dépend pas de la victime

Elle dépend exclusivement de la possibilité d’accuser l’État juif. Dans le cas de la journaliste, c’est d’autant plus facile que les autorités palestiniennes refusent de partager l’enquête et de montrer la balle retirée du corps. Résultat : le 10 juin 2022, presque un mois après sa mort, son nom sur Google donne environ 5 millions de résultats en 0,63 secondes.

Dans le cas de la militante des droits des femmes anti-violences inter-arabes, il est quasiment impossible d’incriminer Israël. Résultat, à la même date, son nom donne environ 858 résultats en 0,55 secondes, dont les trois en français sont des médias dits « communautaires ».

« J’insiste sur le fait que nous devons… faire face à la violence et à ses causes, afin de pouvoir vivre en paix, en sécurité et dans la tranquillité, comme les autres nations avancées qui jouissent de la sécurité et de la sûreté » avait-elle dit.
Elle n’a obtenu ni sécurité ni sûreté, mais le silence. Ce n’est un luxe que dans l’immobilier.


[1] https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220511-une-journaliste-d-al-jazeera-tu%C3%A9e-par-un-tir-de-l-arm%C3%A9e-isra%C3%A9lienne-en-cisjordanie

[2] https://www.ipsos.com/fr-fr/seuls-16-des-francais-declarent-faire-confiance-aux-journalistes

[3] https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/1654674425-israel-la-fille-de-l-adjoint-au-maire-de-shfaram-tuee-dans-un-attentat-a-la-voiture-piegee

[4] https://www.wsj.com/articles/israel-never-targets-journalists-shireen-abu-akleh-al-jazeera-reporter-killed-palestine-11654800434?mod=hp_opin_pos_5

[5] https://worldisraelnews.com/like-the-wild-west-4-arab-israelis-murdered-over-the-weekend/