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Célébrer les Françaises qui ont combattu la France, la nouvelle mode de l’été

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La mairie communiste de Vénissieux (69) vient de baptiser un bâtiment public du nom d’Annie Steiner, une ancienne agent de liaison du FLN pendant la guerre d’Algérie.


1er novembre 1954. En ce jour de la Toussaint, que l’on qualifiera tantôt de rouge, une trentaine d’attentats (assassinats, embuscades, engins explosifs, incendies…) perpétrés par des indépendantistes algériens tue dix personnes sur l’autre rive de la Méditerranée. Un chauffeur de taxi de confession juive figure parmi les victimes, tout comme un jeune couple d’instituteurs français qui s’est porté volontaire pour enseigner dans l’arrière-pays. Extirpés de leur autocar à l’aube, quelque part dans les gorges de Tighanimine, Jeanine et Guy Monnerot sont mitraillés à bout portant par des fellaghas et abandonnés sur le bord de la route1. La guerre d’Algérie vient de commencer.

Engagée

À Alger, la nouvelle des attaques enthousiasme Annie Steiner. « Ce jour-là, j’étais à la maison, confiera-t-elle dans sa biographie. Il y avait mon mari, deux amis et moi. Spontanément, j’ai applaudi. Mon mari et Roland Simounet, un architecte originaire de Aïn Benian, ont souri. Mais l’autre invité a mal réagi et m’a dit : “Tu applaudis à des assassins ?” Je lui ai répondu : “Oui”. Je ne l’ai plus revu… » Cette fille de pieds-noirs, qui passe ses journées dans les centres sociaux pour soigner et alphabétiser les plus défavorisés, offre aussitôt ses services au Front de libération nationale. « Jusqu’où êtes-vous prête à travailler pour le FLN ? », lui demande-t-on. « Je m’engage totalement », répond-elle.

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La jeune Française officie dès lors comme agent de liaison du « réseau bombes » de Yacef Saâdi, qui orchestre une série d’attentats dans les lieux publics de la capitale algérienne : bars, restaurants, hôtels, stades, arrêts de bus, discothèques… Des enfants figurent parmi les victimes civiles, qui se comptent par dizaines. Pendant ce temps, Annie Steiner consacre désormais ses journées au service d’un laboratoire clandestin de fabrication de bombes. Elle traverse discrètement la ville en portant son bébé sur un bras, des produits chimiques ou des notices sur la confection d’explosifs dans l’autre. Arrêtée en octobre 1956, la « Moudjahida » est condamnée quelques mois plus tard par le Tribunal des forces armées d’Alger à cinq ans de réclusion pour aide au FLN. Privée de la garde de ses deux filles par une juridiction helvétique (son mari, Rudolf Steiner, étant suisse) à sa sortie de prison, elle termine sa vie en Algérie, dont elle acquiert la nationalité après l’indépendance. Elle occupera pendant trente ans un poste important au secrétariat général du gouvernement.

Choix assumé

C’est donc tout naturellement que la mairie communiste de Vénissieux a donné la semaine dernière le nom d’Annie Steiner à son nouveau bâtiment plurifonctionnel flambant neuf, financé en partie par l’État à hauteur de 1,7 million d’euros. « C’est un choix politique assumé, réfléchi et responsable, il va avec l’Histoire de la ville qui a un passé anticolonialiste. Nous travaillons depuis des années pour une mémoire apaisée », déclare à l’AFP Michèle Picard, la maire de cette commune de la banlieue de Lyon, qui compte une importante communauté maghrébine. Une décision qualifiée d’« extrêmement contestable » par la préfecture du Rhône, qui a refusé de participer à l’inauguration de l’édifice et de se plier à cette nouvelle mode en vogue, notamment à gauche.

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En juillet dernier déjà, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis rebaptisait la maison du parc de la Bergère de Bobigny du nom d’une autre combattante du FLN, Danièle Djamila Amrane-Minne. Pour apaiser là encore les mémoires ? Fille et belle-fille de militants communistes, Danièle Amrane-Minne s’engage dès l’âge de 16 ans aux côtés des rebelles indépendantistes contre son pays natal. Sous le nom de guerre de « Djamila », elle intègre un commando de femmes chargé de semer la terreur parmi les colons en posant des bombes dans les lieux fréquentés d’Alger. Elle participe notamment au triple attentat du FLN dans le quartier européen de la capitale algérienne : le 26 janvier 1957, trois déflagrations quasi simultanées dans des cafés de la rue Michelet causent la mort de quatre civils (toutes des femmes) et en blessent une cinquantaine, dont plusieurs grièvement. L’engin explosif dissimulé dans la chasse d’eau des toilettes de la brasserie Otomatic par « Djamila » ne fait toutefois qu’une blessée, transportée d’urgence à l’hôpital. Arrêtée quelques mois plus tard, la Française est condamnée à sept ans de prison, avant d’être amnistiée en 1962. « Le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne reflète à lui seul les liens inextricables, les liens intimes, familiaux, entre le peuple algérien et le peuple français », déclame lors de l’inauguration le président socialiste du département, Stéphane Troussel. Le bâtiment est vandalisé au bout de deux semaines, puis incendié un mois plus tard. Sans doute l’œuvre de barbares, bientôt passés de mode.


  1. Jeanine Monnerot survivra à ses blessures, mais pas son mari. Un autre passager du car, le caïd Ben Hadj Sadok, est lui aussi abattu par les fellaghas alors qu’il s’oppose à l’assassinat du couple français. ↩︎

Qui veut sa piqûre?

Pour éviter d’avoir des boutons qui grattent, GSK nous propose une piqûre qui coûte un bras… à la Sécu !


Les retraités sont les téléspectateurs les plus assidus, et par conséquent les plus nombreux à acheter des magazines qui donnent les programmes télé tous les sept jours. Avec des pages de pub qui ciblent cette clientèle, majeure depuis longtemps, mais pas vaccinée contre tout…

Vu ainsi pour la semaine du 9 au 15 août, pleine page, une annonce angoissante comme l’affiche d’un film d’horreur : « Le zona ? Je ne veux plus jamais revivre ça… Je pensais que j’étais jeune, j’avais tort. » Suivi d’une vraie fausse statistique pour inciter à se faire vacciner : « Plus de 90 % des 65 ans et plus sont déjà porteurs du virus responsable du zona. » Or, en très grande majorité, ce sont des porteurs sains et l’on sait depuis la grande comédie du Covid que la vaccination n’empêche pas la transmission.

Pour plus d’effet dramatique, la pub est illustrée par les visages soucieux de malades (interprétés par des comédiens). Où ça démange, c’est que cette annonce n’émane pas du ministère de la Santé, mais du laboratoire britannique GSK, qui en décembre dernier a obtenu que le Shingrix, son vaccin contre le zona, soit pris en charge en France pour les personnes âgées de 65 ans et plus.

L’efficacité de ce vaccin n’est pas contestée, en revanche le recommander à toute une population semble démesuré. Dans Le Figaro, Rémy Boussageon, président du comité scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), s’interroge : « Nous nous étonnons du choix de consacrer un budget aussi élevé à un vaccin dont le bénéfice en population générale demeure assez modeste[1]. » Modestie que confirme la Haute Autorité de santé (qui pourtant veut vacciner tout ce qui bouge) : après 50 ans, on compte un taux de 0,7 % de sujets touchés par le zona (qui est douloureux, mais rarement mortel), taux qui monte à 1 % après 80 ans ! Il n’y a donc pas urgence…

En attendant, si les 16 millions de personnes visées par la campagne de pub décidaient de se faire piquer, pardon vacciner, l’addition pourrait grimper à 6 milliards d’euros pour la Sécu, qui seront autant de bénéfices pour GSK.


[1] https://sante.lefigaro.fr/social/enfance-famille/faut-il-vraiment-vacciner-tous-les-plus-de-65-ans-apres-le-zona-20250703

Yasukuni: sanctuaire de mémoire ou symbole du nationalisme?

À Tokyo, le sanctuaire Yasukuni-jinja, lieu de mémoire des soldats nippons tombés lors de la Seconde Guerre mondiale, attire officiels et anonymes chaque année. Mais derrière son rituel de recueillement, il incarne aussi un nationalisme en pleine résurgence qui divise le pays et irrite ses voisins asiatiques.


Le sanctuaire photograpié en 2018. DR.

Le 15 août 2025, c’est une minute de silence qui a été observé dans tout le Japon afin d’honorer la centaine de milliers de morts, victimes de la bombe atomique larguée par les Américains sur Hiroshima et Nagasaki. Une date qui résonne également comme le symbole d’une défaite, celui d’un empire qui a dominé toute l’Asie durant la moitié du XXe siècle.

Chaque année, élus et membres du gouvernement se rendent au sanctuaire Yasukuni-jinja afin d’honorer tous les héros tombés pour la défense de la nation. Mais derrière ses torii majestueux et ses lanternes de pierre, il cristallise des polémiques récurrentes : lieu de recueillement pour certains, symbole d’un nationalisme exacerbé pour d’autres, il divise profondément la société japonaise et irrite régulièrement ses voisins asiatiques.

Provocations diplomatiques

Situé en plein cœur de Tokyo, à quelques pas du Palais impérial, le sanctuaire Yasukuni-jinja (« préservation de la paix ») a été fondé en 1869 par l’empereur Meiji pour honorer les âmes des soldats morts au combat, il abrite aujourd’hui les esprits de près de 2,5 millions de personnes tombées pour la patrie. On y trouve les âmes des combattants de la guerre de Boshin (1868-1869), puis celles des conflits impérialistes du Japon : la guerre sino-japonaise (1894-1895), la guerre russo-japonaise (1904-1905), et enfin ceux de la Seconde Guerre mondiale. Là, les morts ne sont pas anonymes : leurs noms, grades et origines sont soigneusement consignés afin que tous puissent se recueillir devant leur mémoire.

Depuis 1978, le sanctuaire de Yasukuni abrite également les restes de 14 criminels de guerre de classe A, condamnés lors du procès de Tokyo (1946-1948), dont l’ancien Premier ministre et général Hideki Tōjō, considérés par les plus nostalgiques comme « un martyr Shôwa ». La présence d’élus transforme chaque visite officielle en provocation diplomatique. Cette année encore, cinquante-deux parlementaires, principalement des membres conservateurs du Parti Libéral-Démocrate, le ministre des Finances (Kato Katsunobu), celui de l’Agriculture (Shinjirō Koizumi) et ceux du parti populiste Sanseito, ont défilé au sanctuaire.

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Interrogé par la presse présente, Shinjirō Koizumi n’a pas hésité à déclarer qu’il fallait rendre hommage à « ceux qui ont donné leur vie au pays ».  Rien d’étonnant en soi pour cette étoile montante du PLD quand on connaît ses origines familiales. Fils du Premier ministre Jun’ichirō Koizumi (entre 2001 et 2006), lui-même issu d’une dynastie politique proche de la monarchie, des milieux nationalistes en vogue au siècle dernier, sa famille a donné un pilote mort en kamikaze à la fin du conflit mondial. Elle est également connue pour avoir des liens avec la Nippon Kaigi (« Conférence du Japon »), un mouvement d’extrême-droite révisionniste, partisan du retour de la monarchie absolue, très influent au Soleil levant, qui a su infiltrer toutes les officines du pouvoir, y compris au Parlement et au Sénat jusqu’à le dominer.

Pour Pékin et Séoul, honorer ces figures du conflit revient à nier les crimes de l’occupation japonaise en Asie, particulièrement violents en Mandchourie, devenu un laboratoire à ciel ouvert pour expériences humaines (Unité 731). Un territoire transformé en Etat fantoche (Mandchoukouo) dirigé par Pu Yi, le dernier Empereur de Chine, qui niera avoir été au courant des activités japonaises durant le procès de Tokyo. Pointés du doigt par ces deux pays, le musée militaire du sanctuaire, le Yūshūkan, qui glorifie les « sacrifices héroïques » des soldats japonais. est critiqué pour son parti-pris : il occulte souvent les atrocités commises par l’armée impériale, des massacres de Nankin (1937) à l’exploitation des « femmes de réconfort » (esclavage sexuel), dénoncent la Chine et la Corée du Sud. 

Le fantasme du retour du régime impérial

Yasukuni n’est plus seulement un lieu de culte : c’est devenu un instrument idéologique qui glorifie l’Empire conquérant défunt et sa lignée impériale millénaire. La droite conservatrice l’utilise pour flatter un électorat attaché à une vision patriotique de l’histoire, tandis que les progressistes y voient une dérive dangereuse. Certains descendants de soldats refusent d’ailleurs que leurs ancêtres soient enrôlés spirituellement dans ce culte national, sans avoir eu leur mot à dire. Contrairement aux monuments aux morts occidentaux, l’inscription au sanctuaire est automatique, privant les familles de tout choix. Depuis plusieurs années, on assiste au Japon à un retour (inquiétant ?) du révisionnisme historique et une demande de remilitarisation du pays. Des personnalités politiques, intellectuelles et médiatiques relativisent les crimes de guerre, tandis que des manuels scolaires actuels peuvent minimiser le rôle du Japon impérial dans la Seconde Guerre mondiale, faisant en sorte de déculpabiliser les jeunes générations à contrario de leurs alter égo allemands. La nomination, en 2024, de l’amiral à la retraite Umio Otsuka à la tête du sanctuaire a marqué une nouvelle étape dans cette « renationalisation » assumée de Yasukuni.

La jeunesse japonaise, quant à elle, semble se montrer de plus en plus détachée de la mémoire de la guerre. Née loin du conflit, elle se tourne vers des préoccupations économiques, sociales et identitaires. Si certains jeunes rejoignent des mouvements nationalistes ou populistes comme le Sanseito (porté par son leader charismatique, Sohei Kamiya, qui a créé la surprise en faisant élire 15 députés à la Diète lors de l’élection législative de juillet avec le slogan : « Les Japonais d’abord ! ») beaucoup se désintéressent du débat, indifférents aux commémorations. Effet Kiss cool, ce désengagement favorise paradoxalement la montée d’un récit officiel plus conservateur, qui trouve peu de contrepoids dans l’espace public et remodèle le roman national conformément à la tradition et sous couvert de fierté nationale.  

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Le Premier ministre Shigeru Ishiba, lors des cérémonies du 15 août, a préféré s’abstenir de visiter le sanctuaire, envoyant seulement une offrande. D’ailleurs, depuis 2013, plus aucun dirigeant de gouvernement ne se présente au sanctuaire, soucieux de préserver la stabilité régionale. Selon un sondage de la NHK (2022), 40% des Japonais considèrent pourtant comme problématiques les visites des politiques au sanctuaire Yasukuni, tandis que 30% les jugent légitimes au nom du devoir de mémoire. Les autres ne se prononçant pas. Cette division illustre l’impasse dans laquelle se trouve le pays : comment honorer ses morts sans raviver les blessures du militarisme et nourrir le nationalisme japonais, préserver l’image pacifiste que le Japon entretient difficilement ?

Du côté occidental, les États-Unis oscillent entre compréhension et inquiétude. Alliés stratégiques du Japon, ils craignent que ces visites officielles fragilisent la coopération régionale face à la Chine. L’Union européenne, quant à elle, reste discrète, mais suit avec attention les réactions diplomatiques des pays asiatiques, les déplacements mêmes de certains leaders d’extrême-droite au temple (en 2010, le leader du Front National Jean Marie Le Pen avait volontiers fait le voyage, invité, vers le sanctuaire) qui rendent hommage aux soldats et officiers japonais. De quoi raviver les tensions et les peurs fantasmées de partis politiques que craignent toujours un embrasement général dans cette partie de l’Asie, de la Chine qui n’a pas oublié l’occupation japonaise.

Yasukuni-jinja n’est pas seulement un sanctuaire : il est le miroir des contradictions du Japon contemporain. Lieu de recueillement pour certains, instrument de nationalisme pour d’autres, il illustre la difficulté de concilier mémoire, fierté nationale et responsabilité historique. Tant que le pays ne saura pas trancher entre honorer ses morts et apaiser les blessures du passé, le sanctuaire Yasukuni restera un symbole vivant des tensions, un lieu où le temps de la paix et celui de la controverse se croisent sans jamais se confondre.

Compromission à la belge

La Belgique reconnait à son tour un État pour les Palestiniens. Mais sa classe politique se déchire sur les contreparties à réclamer pour un tel cadeau.


La Belgique est connue pour son « art du compromis ». Et même du compromis foireux, qui dans les faits dresse les Flamands contre les Wallons, emmerde les Belges et multiplie les lois et les fonctionnaires par deux, voire par quatre. C’est idiot et coûteux mais ça fait rire, et c’est toujours ça de pris !

Mais dans la nuit du premier au deux septembre, elle est passée, par la grâce de son gouvernement patchwork, du compromis à la compromission. Sans cesse tancé, et même menacé, par ses élus d’outre méditerranée et par ses pléthoriques invités du désert, il a cédé au boulevard arabe et s’est engagé à reconnaître l’Etat de Palestine. Il faut dire que l’aile gauche du gouvernement, plus soucieuse du Moyen-Orient que de la désorientée Région bruxelloise, brandissait de temps à autre la possibilité de faire tomber ce glorieux gouvernement si cette reconnaissance n’était pas entérinée.

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Certes, la reconnaissance est assortie d’un « oui mais », assez caractéristique de la pleutrerie belgo-belge politicienne. « Oui, mais » cette décision n’entrera en vigueur qu’une fois le dernier otage libéré de Gaza et le Hamas démilitarisé. Vœux pieux qui devraient servir à calmer ce qu’il reste de la droite au nord des Hauts-de-France. Cette restriction ne dupe personne, et certainement pas le ministre israélien ultra-droitard Itamar Ben-Gvir qui a déclaré mardi matin à la radio israélienne, cité par la VRT, que « la Belgique est tombée dans le piège du Hamas », ajoutant que « nous avons tenté de faire la paix avec les Palestiniens. Nous nous sommes retirés de Gaza en 2005. Qu’avons-nous obtenu ? Des roquettes et du terrorisme ». Il met également en garde la candide Belgique : « Les pays européens qui succombent à la naïveté et cèdent aux manipulations du Hamas finiront par devenir eux-mêmes victimes du terrorisme », pour le cas où certains Belges ne s’en seraient pas encore doutés, malgré la longue liste des attentats qui ont déjà ensanglanté ce petit Royaume.

Bien entendu, ce projet de reconnaissance sous conditions fait monter des trémolos dans la voix de Paul Magnette, chef des socialistes wallons et principal leader de l’opposition. « Une reconnaissance sous conditions n’est pas une reconnaissance ! » assène-t-il, effrayé à l’idée de contrarier son vaste électorat musulman, et visiblement peu ému par le sort des otages survivants du pogrom du 7-Octobre.

Il n’en demeure pas moins que la principale question n’a pas été effleurée. Car si l’organisation terroriste Hamas applaudit bien évidemment la décision belge, on ignore toujours si la Palestine est, elle aussi, d’accord de reconnaître un État de Palestine. Parce qu’un Etat, ça a des frontières et des voisins. Or, les frontières semblent un concept inconnu du monde arabo-musulman. Et particulièrement celles qui empêcheraient ce futur Etat de se déployer « du fleuve à la mer », en attendant de s’étendre au-delà de ladite mer.

De la Manche à l’Atlantique: Farage agrandit le terrain de jeu

Le Premier ministre Keir Starmer avait mobilisé plus de 40 pays et organisations les 31 mars et 1er avril pour lancer une lutte mondiale sans précédent contre les impitoyables réseaux de passeurs. Mais, alors que les résultats se font attendre et que le mouvement « Raise the colours » prend de l’ampleur (lire notre édition d’hier), le populiste Nigel Farage dévoile son plan choc.


Le vent frais de Douvres balaie le front de mer presque désert. Au loin, les falaises blanches se détachent sur un ciel gris. Ici, à seulement 35 km des côtes françaises, le Royaume-Uni observe le passage des migrants à travers la Manche. C’est une scène devenue le terrain d’une bataille politique intense. Nigel Farage, figure du parti Reform UK, y voit une opportunité pour son plan choc : envoyer les demandeurs d’asile sur l’île de l’Ascension, en plein océan Atlantique – loin du continent européen.

Alors que les élections législatives britanniques sont encore loin (2029), M. Farage intensifie le débat sur l’immigration avec ses propositions. Il promet la construction de centres de détention géants et l’organisation de déportations massives, affirmant que cela mettra fin aux traversées de la Manche. « Si les gens savent qu’ils seront détenus et expulsés, ils cesseront de venir très rapidement », déclare M. Farage au Times. « Nous avons une crise massive en Grande-Bretagne. Cela ne représente pas seulement une menace pour la sécurité nationale, mais peut aussi conduire à une colère publique proche du désordre. »

Le plan choc de Farage

Le projet de M. Farage prévoit d’offrir 2 500 livres aux demandeurs d’asile pour retourner volontairement dans leur pays d’origine, avec en plus des billets d’avion financés par le gouvernement britannique, ainsi que la construction de centres de détention pouvant accueillir 24 000 personnes dans les 18 mois suivant l’élection. Le Premier ministre Keir Starmer, arrivé au pouvoir avec une majorité confortable, n’a pas encore montré qu’il pouvait réduire l’afflux de demandeurs d’asile, malgré ses critiques envers le gouvernement précédent. Les derniers chiffres officiels indiquent que 111 084 demandes d’asile ont été déposées au Royaume-Uni jusqu’en juin, dont 43 600 par bateau – un chiffre en forte hausse depuis la pandémie.

Depuis sept ans, plus de 157 000 migrants ont tenté clandestinement de traverser la Manche, avec un nouveau record de 6 600 arrivées rien que dans les trois premiers mois de 2025.

Accord avec la France : entre coopération et controverse

M. Starmer a signé un accord avec la France pour le renvoi de certains migrants, tout en maintenant la politique controversée de placement dans des hôtels et motels, ce qui provoque actuellement des protestations locales. « Je suis déterminé à briser le modèle commercial des passeurs et je prends des mesures conjointes avec nos alliés pour y parvenir », a-t-il déclaré. Pour M. Farage, la question est aussi symbolique. L’île de l’Ascension, située à environ 1 500 km au large de l’Afrique et 2 200 km de l’Amérique du Sud, est un territoire britannique isolé avec des bases militaires. Chaude, sèche et dotée d’un approvisionnement en eau limité, elle constituerait un éloignement extrême pour les migrants récalcitrants. « C’est loin et c’est cher, mais c’est symbolique », assume M. Farage.

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Selon lui, sa politique coûterait 10 milliards de livres sur cinq ans, dont 2,5 milliards £ pour construire les centres de détention.

Keir Starmer et la coopération internationale

En mars, M. Starmer avait appelé la communauté internationale à s’unir pour « éliminer les réseaux de passeurs une fois pour toutes », en ouvrant un sommet réunissant une quarantaine de pays. Parmi les participants figuraient la France, l’Allemagne, les États-Unis, ainsi que des pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie. Le Sommet international sur la sécurité des frontières de Londres visait à combattre la criminalité organisée, liée viscéralement à l’immigration, à partager renseignements et tactiques, et aussi à agir « en amont », depuis les pays d’origine des migrants jusqu’aux nations d’arrivée. La coopération internationale inclut également des discussions avec la Chine pour limiter l’exportation de moteurs et pièces pour petits bateaux utilisés dans la Manche, et des campagnes publicitaires en ligne en Irak et au Vietnam pour dissuader les départs. Ces initiatives viennent compléter les mesures internes, comme le projet de loi de Starmer donnant aux forces de l’ordre des pouvoirs comparables à ceux contre le terrorisme, et le durcissement des règles sur la nationalité et le travail illégal.

À Douvres, les avis des Britanniques sur les demandeurs d’asile divergent : la majorité les considèrent comme des migrants économiques, tandis qu’une minorité dénonce la présence de criminels. À Calais, Salem, un jeune Yéménite, attend son tour pour un repas offert par la Cuisine communautaire des réfugiés. Cigarette à la main et nerveux, il raconte son parcours à travers la France, la Belgique et les Pays-Bas, fuyant la guerre au Yémen et espérant une vie meilleure au Royaume-Uni. « On ne se fait pas d’amis ici. On ne peut faire confiance à personne », murmure-t-il.

La plupart des migrants interceptés par la Border Force ne sont jamais vus par les habitants britanniques. Ils sont emmenés dans des bâtiments sécurisés avant d’être relogés à travers le pays. La majorité (73 %) sont de jeunes hommes. Les chiffres témoignent d’une décennie de hausse continue. En 2015, le Royaume-Uni enregistrait 25 771 demandes d’asile sur un an. En 2025, elles sont donc passées à 111 084 (dont 43 600 arrivées par bateau). Et malgré les graves besoins dans le secteur de la santé au Royaume-Uni – où au moins 31 000 infirmières manquent à l’appel –, le débat sur les frontières reste au cœur de la politique.

Tensions sur le littoral français

Près de 200 migrants, principalement des jeunes hommes venant d’Afrique, font la queue pour leur repas à Calais. Parmi eux, Tupac, originaire de Gambie, raconte son parcours en Europe et son aspiration à une nouvelle vie au Royaume-Uni. « J’ai un esprit fort et je peux travailler, mais on ne te donne pas d’opportunités », dit-il, en montrant les photos poignantes de ses jeunes enfants. Sur le littoral, le jeu du chat et de la souris entre autorités et migrants est permanent. Trois agents patrouillent tous les deux kilomètres, en fonction des marées et de la météo. La police maritime intervient pour empêcher les traversées clandestines et l’accès à l’eau. Le 11 août, l’ancien candidat conservateur Robert Jenrick a posté des images de ce qu’il décrit comme « 60 ou 70 migrants avec des gilets de sauvetage » près de Dunkerque, soulignant la tension persistante sur la question migratoire. Entre la Manche et l’Ascension, la proposition de M. Farage rappelle tout de même les stratégies coloniales d’exil forcé.

Le Bel et la Bête


Voilà bien le plus extraordinaire, le plus extravagant, le plus saisissant duo chorégraphique qu’on ait jamais vu. Un fascinant duel où notre perception des choses se brouille, s’égare, où l’on croit voir naître sous nos regards confondus une relation affectueuse entre un homme et une machine. Une machine qui, après avoir été tout d’abord brutale et menaçante, se fait attentive, protectrice, tendre même, et qu’on ne regarde bientôt plus comme un assemblage de pièces métalliques, mais bien comme une créature bienveillante et pensante, à la délicatesse extrêmement troublante.

Il fallait évidemment la fantaisie et la sensibilité d’un Dominique Boivin pour imaginer un dialogue aussi stupéfiant entre un danseur et une pelleteuse, « pour tenter de toucher au merveilleux, au vertige du rêve comme dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau ». Et pour le Bel, il fallait un interprète exceptionnel pour tout à la fois inspirer le metteur en scène et porter si magnifiquement le rôle.

Tendresse

Grave et athlétique, viril et délicat, mais aussi, face à l’énorme machine, chétif et pitoyable, Philippe Priasso, le créateur du rôle, celui qui l’a interprété durant des années, aura été, dans ce jeu inédit, d’une justesse et d’une sobriété forçant l’admiration. Alors que face à lui le monstre qui aurait pu l’aplatir d’un seul coup de godet s’humanise insensiblement, on croit voir naître entre l’un et l’autre quelque chose de bouleversant ressemblant à de la tendresse.

Aujourd’hui, pour la reprise de ce spectacle insolite qu’est Transports exceptionnels, spectacle qui a été donné plus de mille fois dans le monde entier, des pays européens à l’Indonésie, la Chine, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, en passant par l’Afrique de l’Est, Israël, le Brésil, le Canada, les États-Unis ou Monaco, ce n’est plus un danseur, mais un trapéziste qui relève ce rôle si difficile et si extraordinaire. Avec une formation et une technique tout autres, mais grâce à une forte présence, Sébastien Bruas relève le défi non sans courage, tant son prédécesseur avait marqué le rôle de sa personnalité. Avec lui, l’atmosphère de Transports exceptionnels sera assurément très différente, mais sujette au même étonnement

On saluera au passage la performance du conducteur de l’engin, William Defresne, qui demeure invisible dans l’habitacle. Il succède à Eric Lamy et Guillaume Olmeta pour cet exercice de haute virtuosité, en prêtant à la pelleteuse des grâces de lionne cajolant son lionceau. Cependant que le spectateur demeure subjugué par cette relation entre un homme et une machine à qui la magie de la pièce a conféré une âme.


Transports exceptionnels. Spectacle de plein air :

Festival Coup de chauffe, à Cognac, le 5 septembre à 19h45, le 6 à 20h.

Festival Coup de théâtre, à Annecy, le 14 à 17h.

Journées du patrimoine, à Cusset/Vichy, les 20 et 21 à 17h.

Fête des Vendanges, à Bagneux, le 27 à 14h45 et le 28 à 15h.

Mercato du PAF: on prend les mêmes et on recommence…

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France inter prolonge sa matinale jusqu’à 11 heures. Léa Salamé débarque au journal de 20 heures de France 2 ce soir. La rentrée des médias avec Didier Desrimais.


« Notre métier c’est de faire de l’information et pas de l’opinion ». Cette bonne blague a été proférée par le journaliste Benjamin Duhamel au moment de quitter BFMTV en pleine déconfiture et de rejoindre France Inter, radio qui, comme chacun sait, ne délivre que des informations et aucune opinion. Pour la Grande Matinale, les très impartiaux Nicolas Demorand, Pierre Haski, Sonia Devillers et Patrick Cohen ont été rejoints, en plus de Benjamin Duhamel, par Nora Hamadi et Daphné Bürki.

Grasse matinale

Mme Hamadi, journaliste, a travaillé pour France Info, Arte et BFMTV, et succède à Claude Askolovitch pour présenter une revue de presse qui, pour le moment, ne déroge pas aux règles établies par ce dernier, à savoir citer abondamment Le Monde, Télérama, Libération, Sud-Ouest, La Provence ou L’Humanité et divulguer ainsi des opinions ressemblant comme deux gouttes d’idéologie de gauche à celles de la très grande majorité des journalistes des médias publics. Dans Libération, Mme Hamadi affirme que ce qui la différencie de M. Askolovitch est d’être une femme « non-blanche » et que ce qui la rapproche de lui ce sont son « humanisme » et « l’amour des gens » – racialisme woke, bienveillance niaiseuse et humanisme frelaté dans une seule phrase, bravo ! Mme Hamadi, on comprend mieux pourquoi la radio publique vous a choisie pour succéder à l’inénarrable Claude Askolovitch qui, de son côté, a rejoint Novo19, la nouvelle chaîne TNT de Ouest-France.

Nora Hamadi sur France Inter.

Mme Bürki est une animatrice tout ce qu’il y a de plus woke. Directrice « stylisme et costumes » des cérémonies des JO de Paris, jurée de Drag Race France, une compétition de drag-queens retransmise sur la télévision publique, elle est, d’après la directrice de France Inter Adèle Van Reeth, une spécialiste de la « culture sous toutes ses formes ». La preuve : sa première émission a été consacrée au groupe Triangles des Bermudes et à leur tintamarresque fatras musical intitulé “Charger”, une daube rappeuse évoquant un jeu vidéo de guerre et devenue un « phénomène viral », à tel point que notre Armée de Terre l’a utilisée pour illustrer sur son compte TikTok des extraits du défilé du 14 juillet – il paraît que Poutine en tremble encore. Tout le système culturel est en émoi. Chaque trublion du milieu artistico-commercial espère désormais recevoir une invitation de Mme Bürki afin de promouvoir, qui un film sur les gentils migrants stigmatisés par de méchants Français, qui un livre sur sa mère dépressive, son père homophobe, son cousin bipolaire ou son neveu violé par sa tante, qui un spectacle théâtral mettant en valeur des racisés pansexuels ou des handicapés non-binaires, qui un disque de rap aux paroles sulfureuses ou incompréhensibles, etc. Ceux qui n’auront pas été sollicités par Mme Bürki pourront éventuellement se rattraper avec Sonia Devillers et sa nouvelle rubrique “Le Grand portrait”. Le premier épisode, d’un ennui insondable, a été consacré à l’acteur François Cluzet. Sous nos latitudes, la culture est devenue un magma informe malaxé par des escrocs, « artistes », agents culturels, animateurs de foire radiophonique vendant, sous toutes ses formes, une soupe avariée, grumeleuse et grasse, une bouillie capable, si vous n’y prenez garde, de vous faire crever d’intoxication cultureuse.

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Une radio woke payée par le contribuable

France Inter, encore. Chaque jour, « Charline Vanhoenacker explose les faits » – c’est le titre de sa chronique. Viscéralement de gauche, de cette gauche prête à tout renverser à condition que les privilèges que lui octroie sa position médiatique subsistent, Charline parle beaucoup mais agit peu. Son plus haut fait de guerre a été une vidéo dans laquelle elle se mettait en scène en train d’ajouter à Éric Zemmour, sur une affiche électorale, une moustache hitlérienne, et de compléter l’initiale du nom de l’affreux fasciste pour écrire le mot « Zob ». Tout cela est bien joli mais il était temps de passer à la vitesse supérieure et d’envisager des actions un peu plus radicales. La direction de la radio publique a donc eu la bonne idée d’embaucher une activiste gauchiste qui est prête, elle, à exploser littéralement les affreux fachos. À l’approche des dernières élections présidentielles, lors d’une conférence organisée par Mediapart, l’humoriste militante Mahaut Drama n’avait en effet pas hésité à évoquer la possibilité de lever des « factions armées » contre l’extrême droite car, baragouinait-elle, « si Marine Le Pen accède au pouvoir, c’est sûr qu’on pourra pas juste continuer genre à mettre des affiches en disant patriarcaca, tu vois, genre il va falloir leur répondre autrement. […] S’il y a des gens qui sont prêts à être courageux à ce point-là, je ne peux que les encourager. » Mahaut Drama est attendue dans l’émission Zoom Zoom Zen de Matthieu Noël. Elle devrait s’y sentir très à l’aise – derrière les rires, l’idéologie bien-pensante y coule à flot ; on y castorise à qui mieux-mieux ; on y bêle toutes les inepties écologistes ; sous couvert d’humour, on y étrille les Français qui votent mal en leur donnant des leçons de maintien moral et politique ; on y cite régulièrement en roucoulant la presse gauchisante ou macrono-socialiste dirigée par MM. Pigasse, Niel ou Saadé, tout en dénonçant furieusement les « médias bollorisés » ; on y vante les mérites de l’Arcom ; on y évoque régulièrement le racisme d’État, la masculinité toxique, le capitalisme patriarcal, et toutes ces sortes de choses à haute valeur wokiste. Il n’y manquait plus qu’une comique révolutionnaire exaltée et prête à encourager les très brutales exactions de ses amis ultra-gauchistes. C’est chose faite.

Léa Salamé : on s’arrache la nouvelle « reine de l’info »

Le transfert le plus médiatisé a été celui de Léa Salamé qui quitte France Inter mais reste toutefois dans le giron de l’audiovisuel public. Pour la modique rémunération de 25 000 euros par mois, la journaliste présentera sur France 2, à partir du 1er septembre, le journal de 20 heures à la place d’Anne-Sophie Lapix. Elle continuera par ailleurs d’animer l’émission hebdomadaire « Quelle époque ! » sur la même chaîne. À ce titre, elle recevra un salaire supplémentaire dont le montant n’a pas été révélé mais dont l’origine est toujours la même : l’argent de nos impôts. L’audiovisuel public, qui prend les Français pour des demeurés, a concocté une bande-annonce totalement stupide pour informer les téléspectateurs de l’arrivée de Mme Salamé au JT. On y voit la journaliste déambuler dans les locaux de France TV en répétant sur tous les tons le fameux « Madame, Monsieur, bonsoir ! » qui ouvre le journal. Des internautes ont immédiatement réagi en se moquant des « clowneries et mimiques niaises » de Mme Salamé et en exprimant leurs craintes de voir le JT devenir un talk-show animé par une « bouffonne ». L’honnêteté m’oblige à dire que Mme Salamé n’est pas une bouffonne mais une professionnelle rouée qui a su, après avoir bénéficié de l’appui de puissantes relations paternelles, naviguer habilement dans les méandres du marécage médiatique jusqu’à devenir un modèle pour quiconque se destine à une carrière de star journalistique. Maligne, Mme Salamé a refusé l’offre alléchante de BFMTV. Que serait-elle allée faire dans cette galère ? Tandis que l’audience de CNews continue de progresser et de confirmer sa position de leader des chaînes d’info continue, celle de la chaîne du milliardaire macroniste Rodolphe Saadé décline jour après jour. Il n’est pas certain que la venue de la compagne de Raphaël Glucksmann – qui partage avec ce dernier de solides convictions européistes, atlantistes et immigrationnistes, et préfère, de son propre aveu, un « patriotisme cosmopolite (sic) » à un « patriotisme souverainiste », considérant que l’idée d’État-nation est une idée dépassée du XIXe siècle et que l’avenir radieux de la société française passe par le multiculturalisme[1] – aurait pu enrayer la chute de BFMTV. Suicidaire, la chaîne de M. Saadé organise désormais des « débats » répulsifs – dernier exemple en date, celui entre… Sandrine Rousseau et Rokhaya Diallo – et vient de recruter Daniel Cohn-Bendit, l’insupportable écumeur des plateaux TV stipendié par l’oligarchie politico-médiatique pour admonester les Français jugés insuffisamment européistes, immigrationnistes ou écologistes. Pas de quoi attirer le chaland, c’est le moins qu’on puisse dire.   

Sandrine Rousseau, Rokaya Diallo et Bruno Jeudy sur BFMTV.

Léa Salamé a préféré, en sus d’une rétribution qui reste extrêmement confortable, la large exposition médiatique que promet France TV plutôt que celle, de plus en plus restreinte, d’une chaîne privée sur le déclin. Pour sa promo, elle n’a eu que l’embarras du choix : « Tout le monde me veut, confie-t-elle doucereusement à Libé. La Tribune, Gala, Paris-Match. » Dans les colonnes de ce dernier, la journaliste se dit convaincue que « dans un monde violent, la gentillesse est la plus belle des attitudes. » Pourtant, rapporte le magazine, ce n’est pas en ayant été « gentille » qu’elle a gravi les marches du pouvoir médiatique : sur Public Sénat, France 24, I-Télé, où elle a fait ses gammes, Léa Salamé « ne passe pas pour une bonne copine ». Elle s’amendera, plus tard, en prodiguant par exemple deux conseils à son amie Adèle Van Reeth, directrice de France Inter : « Sois Libanaise et pense à ta gueule ». Cette philosophie appliquée à elle-même a mené Léa Salamé là où nous savons. Et ce n’est peut-être qu’un début…  

Les Gobeurs ne se reposent jamais

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[1] Propos tenus face à Natacha Polony dans l’émission On n’est pas couché du 19 décembre 2015.

Starmer face à la révolte des drapeaux

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Les manifestations antimigrants se multiplient au Royaume-Uni devant les hôtels où sont logés les demandeurs d’asile. « Fiers d’être Anglais. » Face à la submersion migratoire, nuit après nuit, des villes se réveillent pavoisées. L’exécutif, gêné par ce mouvement, car il ne peut évidemment pas fustiger le patriotisme, promet que les 200 hôtels concernés seront vidés d’ici à la fin du mandat de Keir Starmer…


Les manifestations antimigrants outre-Manche font fleurir les drapeaux de Bihop’s Stortford à Brighton en passant par Londres, en Angleterre, à Falkirk en Écosse, au Pays de Galles, en Irlande du Nord, partout bottom up ! les drapeaux se lèvent. C’est l’opération « Raise the colours » Hissez les couleurs ! Union Jack, croix de Saint-Georges, mais aussi la croix de Saint-André avec le drapeau écossais. Enfin, les drapeaux ne sont plus l’apanage des supporters de foot.

Des gilets jaunes outre-Manche ?

Les Français des territoires péri-urbains, des provinces de France, ont porté des gilets jaunes pour se visibiliser avec un slogan libéral opposé aux taxes, aux réglementations, aux normes imposées par Bruxelles (l’UE) et reprises avec zèle par Paris, ce mouvement des gilets jaunes, une fois monté à Paris fut récupéré par la gauche et par conséquent étouffé.

Les Anglais qui ont avec l’ensemble des Britanniques amorcé le Brexit en 2016 avec le référendum, et qui l’ont finalisé avec le Conservateur Boris Johnson nommé en juillet et réélu triomphalement fin 2019, se sont emparés de l’Union Jack, le magnifique drapeau du Royaume-Uni pour contester la politique immigrationiste qui remplit les hôtels de clandestins. Migrants qui, pour certains, ont commis des crimes sexuels. Mais surtout des crimes qui ont été parfois cachés par la police, voire par la justice elle-même, de peur d’être taxé de racisme. Les Brexiteurs ont vu leurs efforts remis en question par les successeurs de Johnson au 10 Downing street, et particulièrement par le travailliste (socialiste) Keir Starmer.

A relire: Boris Johnson: rencontre avec l’indomptable brexiteur

Prenons un exemple récent. À Epping, terminus d’une ligne de métro de Londres, où 150 migrants logent depuis trois ans au Bell Hotel, une jeune fille tend une part de pizza à un Éthiopien de 32 ans, il lui caresse la cuisse et essaie de l’embrasser. Mi-août, un Syrien est inculpé pour agressions sexuelles. Les Conservateurs qui dirigent la commune ont tenté de faire fermer l’hôtel en question. La justice a d’abord ordonné l’expulsion des réfugiés. Mais le ministère de l’Intérieur a fait appel, arguant de ce qui serait un « dangereux précédent » qui mettrait en danger toute l’infrastructure des réfugiés. Plus de 30 000 d’entre eux sont répartis dans 200 hôtels. Le Premier ministre a promis la fermeture de ces hôtels d’ici à la fin de son mandat.

Lavage de cerveaux

Le scandale des « grooming gangs » a laissé des traces. Les autorités sont accusées d’avoir fermé les yeux, durant les années 2000, sur le trafic sexuel de filles de la working class blanche au sein des réseaux d’origine musulmane pakistanaise, par peur d’être taxées de « racisme ». Qu’à fait le procureur M. Starmer à l’époque, ou plutôt que n’a-t-il pas fait ?

A lire aussi: Julien Dray contre la gauche mollah

Dernier avatar du wokisme, l’obsession du racisme aboutit à une explosion du nombre d’élèves sanctionnés pour des faits qualifiés de « racistes ». Plus de 15 000 suspensions ont été prononcées en 2024 contre 7 500 en 2021. 2 500 concernaient des enfants de… primaire ! Cinq pour l’équivalent de notre maternelle, c’est-à-dire des enfants de quatre à cinq ans. Le lavage de cerveaux des autorités britanniques commence avant même que les enfants ne sachent lire ou écrire. Leurs propos maladroits sont interprétés comme des intentions claires et malveillantes. Un enfant a été signalé pour avoir décrit la peau d’un camarade comme « couleur chocolat ». Les professeurs inscrivent de tels incidents pour se protéger d’éventuelles critiques et montrer à l’inspection qu’ils appliquent à la lettre les directives. Certains établissements tiendraient des listes d’élèves réputés « racistes » dès l’école primaire. On a envie de crier : “Teachers, leave them kids alone. Hey, teachers, leave us kids alone !” comme dans la chanson des Pink Floyd Another Brick in the Wall. Jusqu’où la gauche ira dans sa volonté de rééduquer les peuples ?

Jeudi dernier, Nigel Farage, le leader du parti populiste de droite Reform UK clamait : « Sous Starmer, les migrants ont plus de droits que les Anglais ». Sa promesse : quitter la Convention européenne des droits de l’homme, et expulser 600 000 migrants illégaux en cinq ans. L’amour des drapeaux nationaux et de celui du Royaume-Uni, le Union Jack dont le prodrome date de 1606, est la moindre des preuves d’amour que l’on doit à un pays qui nous accueille, comme à son propre pays, ceci dit pour les étudiants natifs aux cheveux bleus ou violets qui déploient plus volontiers le soi-disant drapeau palestinien qui n’est rien d’autre qu’une marque de haine envers la nation israélienne. Aux États-Unis, le vice-président, J.D. Vance, exhorte les Britanniques à « repousser les fous » qui s’offusquent du drapeau. Elon Musk les encourage.

Le juif, éternel coupable

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Il n’y a pas de discours rationnel qui puisse répondre à l’obsession antisémite, car elle n’est pas du domaine de la raison. Pour beaucoup de monde autour du globe, la disparition d’Israël est devenue promesse de rédemption.


« Les Juifs sont responsables de l’antisémitisme. » Cette phrase, proférée jadis par un collaborateur sans envergure comme Louis Thomas, n’est pas un accident du XXe siècle : elle est l’axe de l’histoire européenne, son refrain le plus constant, son blasphème quotidien, répété de siècle en siècle, de bûcher en pogrom, d’expulsion en extermination. Elle traverse les empires et les religions, elle change de masque et de lexique, mais elle demeure. Toujours, la même inversion : l’antisémite ne se pense pas bourreau mais justicier, soldat du Bien, médecin d’un monde corrompu dont le juif est la gangrène.

Depuis deux millénaires, la civilisation chrétienne a porté en elle cette certitude : le juif est le peuple déicide, marqué d’un sceau indélébile. Dans l’islam, il est le peuple maudit, voué à l’humiliation. Dans la modernité sécularisée, il devient l’éternel corrupteur, banquier insatiable, révolutionnaire subversif, cosmopolite dissolvant. À chaque âge son vocabulaire, mais à chaque âge la même fonction : incarner le Mal, donner un visage au négatif que la société ne veut pas reconnaître en elle.

Toléré, expulsé, parqué, exterminé : l’histoire juive est celle d’un passage incessant d’une tolérance ambiguë à une haine déclarée. Même quand il se fait patriote, le juif reste suspect de trahison. Même lorsqu’il s’assimile, il demeure irrémédiablement étranger. Sa réussite est la preuve de sa domination, sa misère celle de sa malignité. S’il reste fidèle à sa foi, il est archaïque ; s’il la délaisse, il est perfide. Tout se retourne contre lui : sa visibilité comme son invisibilité, sa différence comme son assimilation.

C’est l’impossible innocence.

On a cru qu’Auschwitz avait brisé ce cercle, qu’après la Shoah l’Europe ne pourrait plus dire l’indicible. Mais le vieux discours n’a pas disparu : il s’est déplacé. L’objet a changé, la mécanique demeure. Le juif d’aujourd’hui porte le nom d’Israël. Ce qui était hier un individu, fragile et sans pouvoir, est devenu un État souverain, fort de son armée et de son peuple rassemblé. Mais la fonction symbolique est identique : Israël incarne la culpabilité universelle.

Le vocabulaire a changé : aux imprécations théologiques ou raciales ont succédé les mots du droit, de la morale humanitaire, de la pureté démocratique. Israël est accusé d’être colonial, raciste, génocidaire. Ses ennemis se proclament défenseurs de l’universel. Ils répètent, sans le savoir, la vieille inversion : la victime est coupable de sa propre persécution ; sa défense est crime ; son existence, scandale. Israël ne peut pas être innocent, pas plus que le Juif ne pouvait l’être. Même son droit à la survie devient une offense, car il déjoue le scénario de sa disparition tenue pour juste.

Le conflit israélo-palestinien, réduit à une liturgie planétaire, est devenu le théâtre où se rejoue l’antique drame. Le Palestinien, figure christique bricolée par un Occident à bout de foi, est la victime absolue dont il a besoin pour se laver de ses fautes coloniales, pour effacer le sang de son histoire. Israël est le bourreau nécessaire, l’oppresseur métaphysique. L’antisionisme radical n’est pas une critique politique : il est une religion séculière, un rituel de purification par le sacrifice du juif collectif.

Ainsi, la haine s’est parée des atours de la vertu. Elle s’énonce dans les forums internationaux, dans les médias, dans les universités. Elle ne dit plus : « À mort le Juif », elle dit : « Justice pour la Palestine ». Mais c’est le même cri, retourné contre une nation qui a commis le crime de survivre à l’histoire. Car ce qu’on ne supporte pas, au fond, c’est la résurrection : un peuple qui n’a pas disparu, un peuple revenu d’entre les morts, et qui, au lieu de tendre l’autre joue, ose tenir une arme et proclamer sa souveraineté.

Il n’y a pas de discours rationnel qui puisse répondre à cette obsession, car elle n’est pas du domaine de la raison. Elle est de l’ordre du besoin anthropologique : chaque société a besoin de son signe d’infamie, de sa figure du mal. Hier le juif, aujourd’hui Israël. C’est le même mécanisme : transformer l’altérité radicale en miroir du mal absolu, pour se croire du côté du Bien.

Et l’on comprend alors que l’antisémitisme, sous ses visages chrétiens, musulmans, humanitaires, n’a jamais parlé des Juifs. Il parlait des hommes qui en avaient besoin pour se sauver d’eux-mêmes. Les juifs ne sont pas les responsables de la haine : ils sont son alibi. L’Occident, l’islam, la modernité, tous ont eu recours à cette figure commode pour se dire innocents.

Rien n’a changé, si ce n’est que la haine s’est sophistiquée, a troqué les croix gammées pour les banderoles des ONG, les sermons pour les slogans de manifestation. Mais c’est la même musique, réorchestrée : la haine ne meurt pas, elle change de syntaxe.

Israël est désormais ce que fut le juif dans les ghettos de l’Europe : un signe d’infamie nécessaire, une cible inépuisable, l’ombre portée sans laquelle l’Occident ne peut plus croire à sa propre vertu. Et c’est pourquoi la disparition d’Israël est devenue, pour tant de consciences, une promesse de rédemption. Car l’existence juive, qu’elle soit individuelle ou nationale, est une offense au néant : elle signifie que la mémoire résiste, que le peuple n’a pas été englouti, qu’il reste debout dans un monde qui aurait voulu qu’il se taise à jamais.

Être petit?

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Lectures de plage: marque-page n°10


Un Être petit serait-il nécessairement un petit être ? Point indigne de Hamlet, cette question taraude Claude-Alain Arnaud, jeune auteur cinéphile dont les 77 ans révolus n’ôtent rien à l’agilité juvénile de sa prose, dans la meilleure tradition gauloise qui demeure l’immarcessible marque de fabrique littéraire des éditions Le Dilettante (souvenez-vous, par exemple, de La Campagne de France, ou du Front russe, deux textes irrésistibles signés de l’auteur « maison » Jean-Claude Lalumière, et que votre serviteur vous invite au passage à redécouvrir)…

Fiasco pédagogique

Dans cette même veine élégamment caustique, Monsieur Mouche s’attache aux pas de cet agrégé de français-latin-grec affligé, outre le ridicule de ce patronyme diptérique, d’une vue déficiente et d’une taille lilliputienne, mais exposé, surtout, au martyre sans gloire consistant, en 2025, à tenter d’enseigner les belles-lettres à une de ces méchantes classes d’adolescents bigarrés, analphabètes, rivés au Web dont nos consternantes banlieues  –  ici, Champigny-sur-Marne  –  sont le siège : « Insultes, menaces, pneus crevés ponctuaient ces années qualifiées de scolaires de façon abusive ».

A lire aussi: Joseph Roth: un Empire perdu et une foi obstinée

Objet de toutes les humiliations, seul et solitaire, le professeur Mathieu Mouche, dans une vaine tentative de résistance belliqueuse, se fracture par accident le petit orteil gauche : « son désarroi ontologique, ses chagrins d’amour, son fiasco pédagogique, tout s’était logé là, dans ce pauvre appendice tuméfié ». Souffre-douleur de l’humanité grossière, l’infirme humaniste, myrmidon érudit et dévoué à sa tâche, concentre sur sa personne toutes les avanies : Philippe Massot le vieux voisin voyeur et cancanier ; Thomas Fabri le bidochon qui assourdit le quartier de son rock industriel à hauts décibels ; Richard Comte, pater familias d’une sauvagerie sans limites envers sa jeune femme Sophie et leurs enfants ; sans compter, en sus de ce voisinage pavillonnaire singulièrement infect, Rémi Pastre, le caïd de terminale qui chahute sadiquement un prof toisé par le mépris insolent que lui voue Thierry Larsson, le Conseiller Principal d’Education (CPE) du lycée… De cet enfer quotidien à quoi la torture claudicante ajoute son comptant de souffrance podologique, l’improbable destin se chargera de tirer Mathieu, soudain reconquis contre toute attente à la ferveur de ses élèves, tandis qu’attentif mais bienveillant le lieutenant Lopez enquête sur une série d’accidents à la coïncidence suspecte : ils en viennent à liquider tour à tour ces suppôts de Satan, comme par un pacte salvateur passé entre le Diable et Monsieur Mouche !  

Facéties

Délectable lecture d’arrière-saison que ce roman d’un peu plus de cent pages scénarisées comme un polar de la grande époque – Chabrol n’est pas loin -, troussées avec un sens aigu du pince-sans-rire, de la dérision sarcastique et du détail mordant, dans une langue facétieuse qui sait conjuguer l’humour acide à l’élégance fruitée d’un qui connait ses classiques.

A lire aussi, du même auteur: Thomas Mann: La fièvre monte au Berghof

Un exemple entre cent : « Lorsque la sonnerie de 9 heures libéra enfin les élèves, les garçons quittèrent les lieux avec un roulement d’épaules et une élasticité des membres étudiés, tandis que les filles consultaient fébrilement leur smartphone. Mathieu, lui, demeurait immobile sur sa chaise, le regard distrait par la grande carte du Royaume-Uni et les photos de Londres punaisées sur un panneau de liège.[…] Mathieu avait toujours rendu service volontiers, se compliquant la vie pour simplifier celle des autres. Il n’était pas apprécié pour autant, beaucoup lui tenant rigueur de l’écho que son chahut trouvait dans leurs propres classes, d’autres l’estimant désuet, emprunté, cérébral, en un mot ‘’inadapté’’ ou en plusieurs ‘’ vraiment pas fait pour ce métier’’. Seul un vieil inspecteur d’académie, farouche défenseur du latin-grec, avait reconnu ses mérites mais, depuis son départ, nul, pas même un parent d’élève, n’avait salué ses efforts et sa bienveillance.

-M’sieur, on rentre ?

Un élève de seconde piaffait sur le seuil de la salle »… Bien enlevé, non ?    

Monsieur Mouche, de Claude-Alain Arnaud. Roman, 126 p. Le Dilettante,2025.

Monsieur Mouche

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Célébrer les Françaises qui ont combattu la France, la nouvelle mode de l’été

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La maison du parc de la Bergère de Bobigny vandalisée pendant l'été. Capture d'écran France 3.

La mairie communiste de Vénissieux (69) vient de baptiser un bâtiment public du nom d’Annie Steiner, une ancienne agent de liaison du FLN pendant la guerre d’Algérie.


1er novembre 1954. En ce jour de la Toussaint, que l’on qualifiera tantôt de rouge, une trentaine d’attentats (assassinats, embuscades, engins explosifs, incendies…) perpétrés par des indépendantistes algériens tue dix personnes sur l’autre rive de la Méditerranée. Un chauffeur de taxi de confession juive figure parmi les victimes, tout comme un jeune couple d’instituteurs français qui s’est porté volontaire pour enseigner dans l’arrière-pays. Extirpés de leur autocar à l’aube, quelque part dans les gorges de Tighanimine, Jeanine et Guy Monnerot sont mitraillés à bout portant par des fellaghas et abandonnés sur le bord de la route1. La guerre d’Algérie vient de commencer.

Engagée

À Alger, la nouvelle des attaques enthousiasme Annie Steiner. « Ce jour-là, j’étais à la maison, confiera-t-elle dans sa biographie. Il y avait mon mari, deux amis et moi. Spontanément, j’ai applaudi. Mon mari et Roland Simounet, un architecte originaire de Aïn Benian, ont souri. Mais l’autre invité a mal réagi et m’a dit : “Tu applaudis à des assassins ?” Je lui ai répondu : “Oui”. Je ne l’ai plus revu… » Cette fille de pieds-noirs, qui passe ses journées dans les centres sociaux pour soigner et alphabétiser les plus défavorisés, offre aussitôt ses services au Front de libération nationale. « Jusqu’où êtes-vous prête à travailler pour le FLN ? », lui demande-t-on. « Je m’engage totalement », répond-elle.

A lire aussi: L’ULB pour Rima Hassan contre Alain Destexhe: deux poids, deux mesures

La jeune Française officie dès lors comme agent de liaison du « réseau bombes » de Yacef Saâdi, qui orchestre une série d’attentats dans les lieux publics de la capitale algérienne : bars, restaurants, hôtels, stades, arrêts de bus, discothèques… Des enfants figurent parmi les victimes civiles, qui se comptent par dizaines. Pendant ce temps, Annie Steiner consacre désormais ses journées au service d’un laboratoire clandestin de fabrication de bombes. Elle traverse discrètement la ville en portant son bébé sur un bras, des produits chimiques ou des notices sur la confection d’explosifs dans l’autre. Arrêtée en octobre 1956, la « Moudjahida » est condamnée quelques mois plus tard par le Tribunal des forces armées d’Alger à cinq ans de réclusion pour aide au FLN. Privée de la garde de ses deux filles par une juridiction helvétique (son mari, Rudolf Steiner, étant suisse) à sa sortie de prison, elle termine sa vie en Algérie, dont elle acquiert la nationalité après l’indépendance. Elle occupera pendant trente ans un poste important au secrétariat général du gouvernement.

Choix assumé

C’est donc tout naturellement que la mairie communiste de Vénissieux a donné la semaine dernière le nom d’Annie Steiner à son nouveau bâtiment plurifonctionnel flambant neuf, financé en partie par l’État à hauteur de 1,7 million d’euros. « C’est un choix politique assumé, réfléchi et responsable, il va avec l’Histoire de la ville qui a un passé anticolonialiste. Nous travaillons depuis des années pour une mémoire apaisée », déclare à l’AFP Michèle Picard, la maire de cette commune de la banlieue de Lyon, qui compte une importante communauté maghrébine. Une décision qualifiée d’« extrêmement contestable » par la préfecture du Rhône, qui a refusé de participer à l’inauguration de l’édifice et de se plier à cette nouvelle mode en vogue, notamment à gauche.

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En juillet dernier déjà, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis rebaptisait la maison du parc de la Bergère de Bobigny du nom d’une autre combattante du FLN, Danièle Djamila Amrane-Minne. Pour apaiser là encore les mémoires ? Fille et belle-fille de militants communistes, Danièle Amrane-Minne s’engage dès l’âge de 16 ans aux côtés des rebelles indépendantistes contre son pays natal. Sous le nom de guerre de « Djamila », elle intègre un commando de femmes chargé de semer la terreur parmi les colons en posant des bombes dans les lieux fréquentés d’Alger. Elle participe notamment au triple attentat du FLN dans le quartier européen de la capitale algérienne : le 26 janvier 1957, trois déflagrations quasi simultanées dans des cafés de la rue Michelet causent la mort de quatre civils (toutes des femmes) et en blessent une cinquantaine, dont plusieurs grièvement. L’engin explosif dissimulé dans la chasse d’eau des toilettes de la brasserie Otomatic par « Djamila » ne fait toutefois qu’une blessée, transportée d’urgence à l’hôpital. Arrêtée quelques mois plus tard, la Française est condamnée à sept ans de prison, avant d’être amnistiée en 1962. « Le nom de Danièle Djamila Amrane-Minne reflète à lui seul les liens inextricables, les liens intimes, familiaux, entre le peuple algérien et le peuple français », déclame lors de l’inauguration le président socialiste du département, Stéphane Troussel. Le bâtiment est vandalisé au bout de deux semaines, puis incendié un mois plus tard. Sans doute l’œuvre de barbares, bientôt passés de mode.


  1. Jeanine Monnerot survivra à ses blessures, mais pas son mari. Un autre passager du car, le caïd Ben Hadj Sadok, est lui aussi abattu par les fellaghas alors qu’il s’oppose à l’assassinat du couple français. ↩︎

Qui veut sa piqûre?

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DR.

Pour éviter d’avoir des boutons qui grattent, GSK nous propose une piqûre qui coûte un bras… à la Sécu !


Les retraités sont les téléspectateurs les plus assidus, et par conséquent les plus nombreux à acheter des magazines qui donnent les programmes télé tous les sept jours. Avec des pages de pub qui ciblent cette clientèle, majeure depuis longtemps, mais pas vaccinée contre tout…

Vu ainsi pour la semaine du 9 au 15 août, pleine page, une annonce angoissante comme l’affiche d’un film d’horreur : « Le zona ? Je ne veux plus jamais revivre ça… Je pensais que j’étais jeune, j’avais tort. » Suivi d’une vraie fausse statistique pour inciter à se faire vacciner : « Plus de 90 % des 65 ans et plus sont déjà porteurs du virus responsable du zona. » Or, en très grande majorité, ce sont des porteurs sains et l’on sait depuis la grande comédie du Covid que la vaccination n’empêche pas la transmission.

Pour plus d’effet dramatique, la pub est illustrée par les visages soucieux de malades (interprétés par des comédiens). Où ça démange, c’est que cette annonce n’émane pas du ministère de la Santé, mais du laboratoire britannique GSK, qui en décembre dernier a obtenu que le Shingrix, son vaccin contre le zona, soit pris en charge en France pour les personnes âgées de 65 ans et plus.

L’efficacité de ce vaccin n’est pas contestée, en revanche le recommander à toute une population semble démesuré. Dans Le Figaro, Rémy Boussageon, président du comité scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), s’interroge : « Nous nous étonnons du choix de consacrer un budget aussi élevé à un vaccin dont le bénéfice en population générale demeure assez modeste[1]. » Modestie que confirme la Haute Autorité de santé (qui pourtant veut vacciner tout ce qui bouge) : après 50 ans, on compte un taux de 0,7 % de sujets touchés par le zona (qui est douloureux, mais rarement mortel), taux qui monte à 1 % après 80 ans ! Il n’y a donc pas urgence…

En attendant, si les 16 millions de personnes visées par la campagne de pub décidaient de se faire piquer, pardon vacciner, l’addition pourrait grimper à 6 milliards d’euros pour la Sécu, qui seront autant de bénéfices pour GSK.


[1] https://sante.lefigaro.fr/social/enfance-famille/faut-il-vraiment-vacciner-tous-les-plus-de-65-ans-apres-le-zona-20250703

Yasukuni: sanctuaire de mémoire ou symbole du nationalisme?

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Le leader populiste japonais Sohei Kamiya traverse le sanctuaire Yasukuni à l’occasion du 80e anniversaire de la reddition du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, à Tokyo, vendredi 15 août 2025 © Louise Delmotte/AP/SIPA

À Tokyo, le sanctuaire Yasukuni-jinja, lieu de mémoire des soldats nippons tombés lors de la Seconde Guerre mondiale, attire officiels et anonymes chaque année. Mais derrière son rituel de recueillement, il incarne aussi un nationalisme en pleine résurgence qui divise le pays et irrite ses voisins asiatiques.


Le sanctuaire photograpié en 2018. DR.

Le 15 août 2025, c’est une minute de silence qui a été observé dans tout le Japon afin d’honorer la centaine de milliers de morts, victimes de la bombe atomique larguée par les Américains sur Hiroshima et Nagasaki. Une date qui résonne également comme le symbole d’une défaite, celui d’un empire qui a dominé toute l’Asie durant la moitié du XXe siècle.

Chaque année, élus et membres du gouvernement se rendent au sanctuaire Yasukuni-jinja afin d’honorer tous les héros tombés pour la défense de la nation. Mais derrière ses torii majestueux et ses lanternes de pierre, il cristallise des polémiques récurrentes : lieu de recueillement pour certains, symbole d’un nationalisme exacerbé pour d’autres, il divise profondément la société japonaise et irrite régulièrement ses voisins asiatiques.

Provocations diplomatiques

Situé en plein cœur de Tokyo, à quelques pas du Palais impérial, le sanctuaire Yasukuni-jinja (« préservation de la paix ») a été fondé en 1869 par l’empereur Meiji pour honorer les âmes des soldats morts au combat, il abrite aujourd’hui les esprits de près de 2,5 millions de personnes tombées pour la patrie. On y trouve les âmes des combattants de la guerre de Boshin (1868-1869), puis celles des conflits impérialistes du Japon : la guerre sino-japonaise (1894-1895), la guerre russo-japonaise (1904-1905), et enfin ceux de la Seconde Guerre mondiale. Là, les morts ne sont pas anonymes : leurs noms, grades et origines sont soigneusement consignés afin que tous puissent se recueillir devant leur mémoire.

Depuis 1978, le sanctuaire de Yasukuni abrite également les restes de 14 criminels de guerre de classe A, condamnés lors du procès de Tokyo (1946-1948), dont l’ancien Premier ministre et général Hideki Tōjō, considérés par les plus nostalgiques comme « un martyr Shôwa ». La présence d’élus transforme chaque visite officielle en provocation diplomatique. Cette année encore, cinquante-deux parlementaires, principalement des membres conservateurs du Parti Libéral-Démocrate, le ministre des Finances (Kato Katsunobu), celui de l’Agriculture (Shinjirō Koizumi) et ceux du parti populiste Sanseito, ont défilé au sanctuaire.

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Interrogé par la presse présente, Shinjirō Koizumi n’a pas hésité à déclarer qu’il fallait rendre hommage à « ceux qui ont donné leur vie au pays ».  Rien d’étonnant en soi pour cette étoile montante du PLD quand on connaît ses origines familiales. Fils du Premier ministre Jun’ichirō Koizumi (entre 2001 et 2006), lui-même issu d’une dynastie politique proche de la monarchie, des milieux nationalistes en vogue au siècle dernier, sa famille a donné un pilote mort en kamikaze à la fin du conflit mondial. Elle est également connue pour avoir des liens avec la Nippon Kaigi (« Conférence du Japon »), un mouvement d’extrême-droite révisionniste, partisan du retour de la monarchie absolue, très influent au Soleil levant, qui a su infiltrer toutes les officines du pouvoir, y compris au Parlement et au Sénat jusqu’à le dominer.

Pour Pékin et Séoul, honorer ces figures du conflit revient à nier les crimes de l’occupation japonaise en Asie, particulièrement violents en Mandchourie, devenu un laboratoire à ciel ouvert pour expériences humaines (Unité 731). Un territoire transformé en Etat fantoche (Mandchoukouo) dirigé par Pu Yi, le dernier Empereur de Chine, qui niera avoir été au courant des activités japonaises durant le procès de Tokyo. Pointés du doigt par ces deux pays, le musée militaire du sanctuaire, le Yūshūkan, qui glorifie les « sacrifices héroïques » des soldats japonais. est critiqué pour son parti-pris : il occulte souvent les atrocités commises par l’armée impériale, des massacres de Nankin (1937) à l’exploitation des « femmes de réconfort » (esclavage sexuel), dénoncent la Chine et la Corée du Sud. 

Le fantasme du retour du régime impérial

Yasukuni n’est plus seulement un lieu de culte : c’est devenu un instrument idéologique qui glorifie l’Empire conquérant défunt et sa lignée impériale millénaire. La droite conservatrice l’utilise pour flatter un électorat attaché à une vision patriotique de l’histoire, tandis que les progressistes y voient une dérive dangereuse. Certains descendants de soldats refusent d’ailleurs que leurs ancêtres soient enrôlés spirituellement dans ce culte national, sans avoir eu leur mot à dire. Contrairement aux monuments aux morts occidentaux, l’inscription au sanctuaire est automatique, privant les familles de tout choix. Depuis plusieurs années, on assiste au Japon à un retour (inquiétant ?) du révisionnisme historique et une demande de remilitarisation du pays. Des personnalités politiques, intellectuelles et médiatiques relativisent les crimes de guerre, tandis que des manuels scolaires actuels peuvent minimiser le rôle du Japon impérial dans la Seconde Guerre mondiale, faisant en sorte de déculpabiliser les jeunes générations à contrario de leurs alter égo allemands. La nomination, en 2024, de l’amiral à la retraite Umio Otsuka à la tête du sanctuaire a marqué une nouvelle étape dans cette « renationalisation » assumée de Yasukuni.

La jeunesse japonaise, quant à elle, semble se montrer de plus en plus détachée de la mémoire de la guerre. Née loin du conflit, elle se tourne vers des préoccupations économiques, sociales et identitaires. Si certains jeunes rejoignent des mouvements nationalistes ou populistes comme le Sanseito (porté par son leader charismatique, Sohei Kamiya, qui a créé la surprise en faisant élire 15 députés à la Diète lors de l’élection législative de juillet avec le slogan : « Les Japonais d’abord ! ») beaucoup se désintéressent du débat, indifférents aux commémorations. Effet Kiss cool, ce désengagement favorise paradoxalement la montée d’un récit officiel plus conservateur, qui trouve peu de contrepoids dans l’espace public et remodèle le roman national conformément à la tradition et sous couvert de fierté nationale.  

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Le Premier ministre Shigeru Ishiba, lors des cérémonies du 15 août, a préféré s’abstenir de visiter le sanctuaire, envoyant seulement une offrande. D’ailleurs, depuis 2013, plus aucun dirigeant de gouvernement ne se présente au sanctuaire, soucieux de préserver la stabilité régionale. Selon un sondage de la NHK (2022), 40% des Japonais considèrent pourtant comme problématiques les visites des politiques au sanctuaire Yasukuni, tandis que 30% les jugent légitimes au nom du devoir de mémoire. Les autres ne se prononçant pas. Cette division illustre l’impasse dans laquelle se trouve le pays : comment honorer ses morts sans raviver les blessures du militarisme et nourrir le nationalisme japonais, préserver l’image pacifiste que le Japon entretient difficilement ?

Du côté occidental, les États-Unis oscillent entre compréhension et inquiétude. Alliés stratégiques du Japon, ils craignent que ces visites officielles fragilisent la coopération régionale face à la Chine. L’Union européenne, quant à elle, reste discrète, mais suit avec attention les réactions diplomatiques des pays asiatiques, les déplacements mêmes de certains leaders d’extrême-droite au temple (en 2010, le leader du Front National Jean Marie Le Pen avait volontiers fait le voyage, invité, vers le sanctuaire) qui rendent hommage aux soldats et officiers japonais. De quoi raviver les tensions et les peurs fantasmées de partis politiques que craignent toujours un embrasement général dans cette partie de l’Asie, de la Chine qui n’a pas oublié l’occupation japonaise.

Yasukuni-jinja n’est pas seulement un sanctuaire : il est le miroir des contradictions du Japon contemporain. Lieu de recueillement pour certains, instrument de nationalisme pour d’autres, il illustre la difficulté de concilier mémoire, fierté nationale et responsabilité historique. Tant que le pays ne saura pas trancher entre honorer ses morts et apaiser les blessures du passé, le sanctuaire Yasukuni restera un symbole vivant des tensions, un lieu où le temps de la paix et celui de la controverse se croisent sans jamais se confondre.

Compromission à la belge

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Le vice-premier ministre et ministre de l’Économie et du Travail, David Clarinval, arrive pour une réunion bruxelloise rassemblant certains ministres du gouvernement fédéral, le lundi 1er septembre 2025. Les ministres discuteront de la situation humanitaire dans la bande de Gaza et des attaques israéliennes. Il est question de sanctions contre Israël et de la reconnaissance de la Palestine © Shutterstock/SIPA

La Belgique reconnait à son tour un État pour les Palestiniens. Mais sa classe politique se déchire sur les contreparties à réclamer pour un tel cadeau.


La Belgique est connue pour son « art du compromis ». Et même du compromis foireux, qui dans les faits dresse les Flamands contre les Wallons, emmerde les Belges et multiplie les lois et les fonctionnaires par deux, voire par quatre. C’est idiot et coûteux mais ça fait rire, et c’est toujours ça de pris !

Mais dans la nuit du premier au deux septembre, elle est passée, par la grâce de son gouvernement patchwork, du compromis à la compromission. Sans cesse tancé, et même menacé, par ses élus d’outre méditerranée et par ses pléthoriques invités du désert, il a cédé au boulevard arabe et s’est engagé à reconnaître l’Etat de Palestine. Il faut dire que l’aile gauche du gouvernement, plus soucieuse du Moyen-Orient que de la désorientée Région bruxelloise, brandissait de temps à autre la possibilité de faire tomber ce glorieux gouvernement si cette reconnaissance n’était pas entérinée.

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Certes, la reconnaissance est assortie d’un « oui mais », assez caractéristique de la pleutrerie belgo-belge politicienne. « Oui, mais » cette décision n’entrera en vigueur qu’une fois le dernier otage libéré de Gaza et le Hamas démilitarisé. Vœux pieux qui devraient servir à calmer ce qu’il reste de la droite au nord des Hauts-de-France. Cette restriction ne dupe personne, et certainement pas le ministre israélien ultra-droitard Itamar Ben-Gvir qui a déclaré mardi matin à la radio israélienne, cité par la VRT, que « la Belgique est tombée dans le piège du Hamas », ajoutant que « nous avons tenté de faire la paix avec les Palestiniens. Nous nous sommes retirés de Gaza en 2005. Qu’avons-nous obtenu ? Des roquettes et du terrorisme ». Il met également en garde la candide Belgique : « Les pays européens qui succombent à la naïveté et cèdent aux manipulations du Hamas finiront par devenir eux-mêmes victimes du terrorisme », pour le cas où certains Belges ne s’en seraient pas encore doutés, malgré la longue liste des attentats qui ont déjà ensanglanté ce petit Royaume.

Bien entendu, ce projet de reconnaissance sous conditions fait monter des trémolos dans la voix de Paul Magnette, chef des socialistes wallons et principal leader de l’opposition. « Une reconnaissance sous conditions n’est pas une reconnaissance ! » assène-t-il, effrayé à l’idée de contrarier son vaste électorat musulman, et visiblement peu ému par le sort des otages survivants du pogrom du 7-Octobre.

Il n’en demeure pas moins que la principale question n’a pas été effleurée. Car si l’organisation terroriste Hamas applaudit bien évidemment la décision belge, on ignore toujours si la Palestine est, elle aussi, d’accord de reconnaître un État de Palestine. Parce qu’un Etat, ça a des frontières et des voisins. Or, les frontières semblent un concept inconnu du monde arabo-musulman. Et particulièrement celles qui empêcheraient ce futur Etat de se déployer « du fleuve à la mer », en attendant de s’étendre au-delà de ladite mer.

De la Manche à l’Atlantique: Farage agrandit le terrain de jeu

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Lors d’une conférence de presse de Reform UK, MM. Zia Yusuf et Nigel Farage exposent une politique de déportations massives et de contrôle de l’immigration illégale. Hangar aéronautique à l’aéroport d’Oxford, à Kidlington, le 26 août 2025 © Peter Manning/LNP/Shutterstock/SIPA

Le Premier ministre Keir Starmer avait mobilisé plus de 40 pays et organisations les 31 mars et 1er avril pour lancer une lutte mondiale sans précédent contre les impitoyables réseaux de passeurs. Mais, alors que les résultats se font attendre et que le mouvement « Raise the colours » prend de l’ampleur (lire notre édition d’hier), le populiste Nigel Farage dévoile son plan choc.


Le vent frais de Douvres balaie le front de mer presque désert. Au loin, les falaises blanches se détachent sur un ciel gris. Ici, à seulement 35 km des côtes françaises, le Royaume-Uni observe le passage des migrants à travers la Manche. C’est une scène devenue le terrain d’une bataille politique intense. Nigel Farage, figure du parti Reform UK, y voit une opportunité pour son plan choc : envoyer les demandeurs d’asile sur l’île de l’Ascension, en plein océan Atlantique – loin du continent européen.

Alors que les élections législatives britanniques sont encore loin (2029), M. Farage intensifie le débat sur l’immigration avec ses propositions. Il promet la construction de centres de détention géants et l’organisation de déportations massives, affirmant que cela mettra fin aux traversées de la Manche. « Si les gens savent qu’ils seront détenus et expulsés, ils cesseront de venir très rapidement », déclare M. Farage au Times. « Nous avons une crise massive en Grande-Bretagne. Cela ne représente pas seulement une menace pour la sécurité nationale, mais peut aussi conduire à une colère publique proche du désordre. »

Le plan choc de Farage

Le projet de M. Farage prévoit d’offrir 2 500 livres aux demandeurs d’asile pour retourner volontairement dans leur pays d’origine, avec en plus des billets d’avion financés par le gouvernement britannique, ainsi que la construction de centres de détention pouvant accueillir 24 000 personnes dans les 18 mois suivant l’élection. Le Premier ministre Keir Starmer, arrivé au pouvoir avec une majorité confortable, n’a pas encore montré qu’il pouvait réduire l’afflux de demandeurs d’asile, malgré ses critiques envers le gouvernement précédent. Les derniers chiffres officiels indiquent que 111 084 demandes d’asile ont été déposées au Royaume-Uni jusqu’en juin, dont 43 600 par bateau – un chiffre en forte hausse depuis la pandémie.

Depuis sept ans, plus de 157 000 migrants ont tenté clandestinement de traverser la Manche, avec un nouveau record de 6 600 arrivées rien que dans les trois premiers mois de 2025.

Accord avec la France : entre coopération et controverse

M. Starmer a signé un accord avec la France pour le renvoi de certains migrants, tout en maintenant la politique controversée de placement dans des hôtels et motels, ce qui provoque actuellement des protestations locales. « Je suis déterminé à briser le modèle commercial des passeurs et je prends des mesures conjointes avec nos alliés pour y parvenir », a-t-il déclaré. Pour M. Farage, la question est aussi symbolique. L’île de l’Ascension, située à environ 1 500 km au large de l’Afrique et 2 200 km de l’Amérique du Sud, est un territoire britannique isolé avec des bases militaires. Chaude, sèche et dotée d’un approvisionnement en eau limité, elle constituerait un éloignement extrême pour les migrants récalcitrants. « C’est loin et c’est cher, mais c’est symbolique », assume M. Farage.

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Selon lui, sa politique coûterait 10 milliards de livres sur cinq ans, dont 2,5 milliards £ pour construire les centres de détention.

Keir Starmer et la coopération internationale

En mars, M. Starmer avait appelé la communauté internationale à s’unir pour « éliminer les réseaux de passeurs une fois pour toutes », en ouvrant un sommet réunissant une quarantaine de pays. Parmi les participants figuraient la France, l’Allemagne, les États-Unis, ainsi que des pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie. Le Sommet international sur la sécurité des frontières de Londres visait à combattre la criminalité organisée, liée viscéralement à l’immigration, à partager renseignements et tactiques, et aussi à agir « en amont », depuis les pays d’origine des migrants jusqu’aux nations d’arrivée. La coopération internationale inclut également des discussions avec la Chine pour limiter l’exportation de moteurs et pièces pour petits bateaux utilisés dans la Manche, et des campagnes publicitaires en ligne en Irak et au Vietnam pour dissuader les départs. Ces initiatives viennent compléter les mesures internes, comme le projet de loi de Starmer donnant aux forces de l’ordre des pouvoirs comparables à ceux contre le terrorisme, et le durcissement des règles sur la nationalité et le travail illégal.

À Douvres, les avis des Britanniques sur les demandeurs d’asile divergent : la majorité les considèrent comme des migrants économiques, tandis qu’une minorité dénonce la présence de criminels. À Calais, Salem, un jeune Yéménite, attend son tour pour un repas offert par la Cuisine communautaire des réfugiés. Cigarette à la main et nerveux, il raconte son parcours à travers la France, la Belgique et les Pays-Bas, fuyant la guerre au Yémen et espérant une vie meilleure au Royaume-Uni. « On ne se fait pas d’amis ici. On ne peut faire confiance à personne », murmure-t-il.

La plupart des migrants interceptés par la Border Force ne sont jamais vus par les habitants britanniques. Ils sont emmenés dans des bâtiments sécurisés avant d’être relogés à travers le pays. La majorité (73 %) sont de jeunes hommes. Les chiffres témoignent d’une décennie de hausse continue. En 2015, le Royaume-Uni enregistrait 25 771 demandes d’asile sur un an. En 2025, elles sont donc passées à 111 084 (dont 43 600 arrivées par bateau). Et malgré les graves besoins dans le secteur de la santé au Royaume-Uni – où au moins 31 000 infirmières manquent à l’appel –, le débat sur les frontières reste au cœur de la politique.

Tensions sur le littoral français

Près de 200 migrants, principalement des jeunes hommes venant d’Afrique, font la queue pour leur repas à Calais. Parmi eux, Tupac, originaire de Gambie, raconte son parcours en Europe et son aspiration à une nouvelle vie au Royaume-Uni. « J’ai un esprit fort et je peux travailler, mais on ne te donne pas d’opportunités », dit-il, en montrant les photos poignantes de ses jeunes enfants. Sur le littoral, le jeu du chat et de la souris entre autorités et migrants est permanent. Trois agents patrouillent tous les deux kilomètres, en fonction des marées et de la météo. La police maritime intervient pour empêcher les traversées clandestines et l’accès à l’eau. Le 11 août, l’ancien candidat conservateur Robert Jenrick a posté des images de ce qu’il décrit comme « 60 ou 70 migrants avec des gilets de sauvetage » près de Dunkerque, soulignant la tension persistante sur la question migratoire. Entre la Manche et l’Ascension, la proposition de M. Farage rappelle tout de même les stratégies coloniales d’exil forcé.

Le Bel et la Bête

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Spectacle de plein air "Transports exceptionnels", bientôt à Cognac, Annecy, Vichy et Bagneux © J. Colleville

Voilà bien le plus extraordinaire, le plus extravagant, le plus saisissant duo chorégraphique qu’on ait jamais vu. Un fascinant duel où notre perception des choses se brouille, s’égare, où l’on croit voir naître sous nos regards confondus une relation affectueuse entre un homme et une machine. Une machine qui, après avoir été tout d’abord brutale et menaçante, se fait attentive, protectrice, tendre même, et qu’on ne regarde bientôt plus comme un assemblage de pièces métalliques, mais bien comme une créature bienveillante et pensante, à la délicatesse extrêmement troublante.

Il fallait évidemment la fantaisie et la sensibilité d’un Dominique Boivin pour imaginer un dialogue aussi stupéfiant entre un danseur et une pelleteuse, « pour tenter de toucher au merveilleux, au vertige du rêve comme dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau ». Et pour le Bel, il fallait un interprète exceptionnel pour tout à la fois inspirer le metteur en scène et porter si magnifiquement le rôle.

Tendresse

Grave et athlétique, viril et délicat, mais aussi, face à l’énorme machine, chétif et pitoyable, Philippe Priasso, le créateur du rôle, celui qui l’a interprété durant des années, aura été, dans ce jeu inédit, d’une justesse et d’une sobriété forçant l’admiration. Alors que face à lui le monstre qui aurait pu l’aplatir d’un seul coup de godet s’humanise insensiblement, on croit voir naître entre l’un et l’autre quelque chose de bouleversant ressemblant à de la tendresse.

Aujourd’hui, pour la reprise de ce spectacle insolite qu’est Transports exceptionnels, spectacle qui a été donné plus de mille fois dans le monde entier, des pays européens à l’Indonésie, la Chine, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, en passant par l’Afrique de l’Est, Israël, le Brésil, le Canada, les États-Unis ou Monaco, ce n’est plus un danseur, mais un trapéziste qui relève ce rôle si difficile et si extraordinaire. Avec une formation et une technique tout autres, mais grâce à une forte présence, Sébastien Bruas relève le défi non sans courage, tant son prédécesseur avait marqué le rôle de sa personnalité. Avec lui, l’atmosphère de Transports exceptionnels sera assurément très différente, mais sujette au même étonnement

On saluera au passage la performance du conducteur de l’engin, William Defresne, qui demeure invisible dans l’habitacle. Il succède à Eric Lamy et Guillaume Olmeta pour cet exercice de haute virtuosité, en prêtant à la pelleteuse des grâces de lionne cajolant son lionceau. Cependant que le spectateur demeure subjugué par cette relation entre un homme et une machine à qui la magie de la pièce a conféré une âme.


Transports exceptionnels. Spectacle de plein air :

Festival Coup de chauffe, à Cognac, le 5 septembre à 19h45, le 6 à 20h.

Festival Coup de théâtre, à Annecy, le 14 à 17h.

Journées du patrimoine, à Cusset/Vichy, les 20 et 21 à 17h.

Fête des Vendanges, à Bagneux, le 27 à 14h45 et le 28 à 15h.

Mercato du PAF: on prend les mêmes et on recommence…

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Chargée de redresser les audiences de France 2 en apportant une touche de glamour, la très appliquée Léa Salamé s'exécute © France 2.

France inter prolonge sa matinale jusqu’à 11 heures. Léa Salamé débarque au journal de 20 heures de France 2 ce soir. La rentrée des médias avec Didier Desrimais.


« Notre métier c’est de faire de l’information et pas de l’opinion ». Cette bonne blague a été proférée par le journaliste Benjamin Duhamel au moment de quitter BFMTV en pleine déconfiture et de rejoindre France Inter, radio qui, comme chacun sait, ne délivre que des informations et aucune opinion. Pour la Grande Matinale, les très impartiaux Nicolas Demorand, Pierre Haski, Sonia Devillers et Patrick Cohen ont été rejoints, en plus de Benjamin Duhamel, par Nora Hamadi et Daphné Bürki.

Grasse matinale

Mme Hamadi, journaliste, a travaillé pour France Info, Arte et BFMTV, et succède à Claude Askolovitch pour présenter une revue de presse qui, pour le moment, ne déroge pas aux règles établies par ce dernier, à savoir citer abondamment Le Monde, Télérama, Libération, Sud-Ouest, La Provence ou L’Humanité et divulguer ainsi des opinions ressemblant comme deux gouttes d’idéologie de gauche à celles de la très grande majorité des journalistes des médias publics. Dans Libération, Mme Hamadi affirme que ce qui la différencie de M. Askolovitch est d’être une femme « non-blanche » et que ce qui la rapproche de lui ce sont son « humanisme » et « l’amour des gens » – racialisme woke, bienveillance niaiseuse et humanisme frelaté dans une seule phrase, bravo ! Mme Hamadi, on comprend mieux pourquoi la radio publique vous a choisie pour succéder à l’inénarrable Claude Askolovitch qui, de son côté, a rejoint Novo19, la nouvelle chaîne TNT de Ouest-France.

Nora Hamadi sur France Inter.

Mme Bürki est une animatrice tout ce qu’il y a de plus woke. Directrice « stylisme et costumes » des cérémonies des JO de Paris, jurée de Drag Race France, une compétition de drag-queens retransmise sur la télévision publique, elle est, d’après la directrice de France Inter Adèle Van Reeth, une spécialiste de la « culture sous toutes ses formes ». La preuve : sa première émission a été consacrée au groupe Triangles des Bermudes et à leur tintamarresque fatras musical intitulé “Charger”, une daube rappeuse évoquant un jeu vidéo de guerre et devenue un « phénomène viral », à tel point que notre Armée de Terre l’a utilisée pour illustrer sur son compte TikTok des extraits du défilé du 14 juillet – il paraît que Poutine en tremble encore. Tout le système culturel est en émoi. Chaque trublion du milieu artistico-commercial espère désormais recevoir une invitation de Mme Bürki afin de promouvoir, qui un film sur les gentils migrants stigmatisés par de méchants Français, qui un livre sur sa mère dépressive, son père homophobe, son cousin bipolaire ou son neveu violé par sa tante, qui un spectacle théâtral mettant en valeur des racisés pansexuels ou des handicapés non-binaires, qui un disque de rap aux paroles sulfureuses ou incompréhensibles, etc. Ceux qui n’auront pas été sollicités par Mme Bürki pourront éventuellement se rattraper avec Sonia Devillers et sa nouvelle rubrique “Le Grand portrait”. Le premier épisode, d’un ennui insondable, a été consacré à l’acteur François Cluzet. Sous nos latitudes, la culture est devenue un magma informe malaxé par des escrocs, « artistes », agents culturels, animateurs de foire radiophonique vendant, sous toutes ses formes, une soupe avariée, grumeleuse et grasse, une bouillie capable, si vous n’y prenez garde, de vous faire crever d’intoxication cultureuse.

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Une radio woke payée par le contribuable

France Inter, encore. Chaque jour, « Charline Vanhoenacker explose les faits » – c’est le titre de sa chronique. Viscéralement de gauche, de cette gauche prête à tout renverser à condition que les privilèges que lui octroie sa position médiatique subsistent, Charline parle beaucoup mais agit peu. Son plus haut fait de guerre a été une vidéo dans laquelle elle se mettait en scène en train d’ajouter à Éric Zemmour, sur une affiche électorale, une moustache hitlérienne, et de compléter l’initiale du nom de l’affreux fasciste pour écrire le mot « Zob ». Tout cela est bien joli mais il était temps de passer à la vitesse supérieure et d’envisager des actions un peu plus radicales. La direction de la radio publique a donc eu la bonne idée d’embaucher une activiste gauchiste qui est prête, elle, à exploser littéralement les affreux fachos. À l’approche des dernières élections présidentielles, lors d’une conférence organisée par Mediapart, l’humoriste militante Mahaut Drama n’avait en effet pas hésité à évoquer la possibilité de lever des « factions armées » contre l’extrême droite car, baragouinait-elle, « si Marine Le Pen accède au pouvoir, c’est sûr qu’on pourra pas juste continuer genre à mettre des affiches en disant patriarcaca, tu vois, genre il va falloir leur répondre autrement. […] S’il y a des gens qui sont prêts à être courageux à ce point-là, je ne peux que les encourager. » Mahaut Drama est attendue dans l’émission Zoom Zoom Zen de Matthieu Noël. Elle devrait s’y sentir très à l’aise – derrière les rires, l’idéologie bien-pensante y coule à flot ; on y castorise à qui mieux-mieux ; on y bêle toutes les inepties écologistes ; sous couvert d’humour, on y étrille les Français qui votent mal en leur donnant des leçons de maintien moral et politique ; on y cite régulièrement en roucoulant la presse gauchisante ou macrono-socialiste dirigée par MM. Pigasse, Niel ou Saadé, tout en dénonçant furieusement les « médias bollorisés » ; on y vante les mérites de l’Arcom ; on y évoque régulièrement le racisme d’État, la masculinité toxique, le capitalisme patriarcal, et toutes ces sortes de choses à haute valeur wokiste. Il n’y manquait plus qu’une comique révolutionnaire exaltée et prête à encourager les très brutales exactions de ses amis ultra-gauchistes. C’est chose faite.

Léa Salamé : on s’arrache la nouvelle « reine de l’info »

Le transfert le plus médiatisé a été celui de Léa Salamé qui quitte France Inter mais reste toutefois dans le giron de l’audiovisuel public. Pour la modique rémunération de 25 000 euros par mois, la journaliste présentera sur France 2, à partir du 1er septembre, le journal de 20 heures à la place d’Anne-Sophie Lapix. Elle continuera par ailleurs d’animer l’émission hebdomadaire « Quelle époque ! » sur la même chaîne. À ce titre, elle recevra un salaire supplémentaire dont le montant n’a pas été révélé mais dont l’origine est toujours la même : l’argent de nos impôts. L’audiovisuel public, qui prend les Français pour des demeurés, a concocté une bande-annonce totalement stupide pour informer les téléspectateurs de l’arrivée de Mme Salamé au JT. On y voit la journaliste déambuler dans les locaux de France TV en répétant sur tous les tons le fameux « Madame, Monsieur, bonsoir ! » qui ouvre le journal. Des internautes ont immédiatement réagi en se moquant des « clowneries et mimiques niaises » de Mme Salamé et en exprimant leurs craintes de voir le JT devenir un talk-show animé par une « bouffonne ». L’honnêteté m’oblige à dire que Mme Salamé n’est pas une bouffonne mais une professionnelle rouée qui a su, après avoir bénéficié de l’appui de puissantes relations paternelles, naviguer habilement dans les méandres du marécage médiatique jusqu’à devenir un modèle pour quiconque se destine à une carrière de star journalistique. Maligne, Mme Salamé a refusé l’offre alléchante de BFMTV. Que serait-elle allée faire dans cette galère ? Tandis que l’audience de CNews continue de progresser et de confirmer sa position de leader des chaînes d’info continue, celle de la chaîne du milliardaire macroniste Rodolphe Saadé décline jour après jour. Il n’est pas certain que la venue de la compagne de Raphaël Glucksmann – qui partage avec ce dernier de solides convictions européistes, atlantistes et immigrationnistes, et préfère, de son propre aveu, un « patriotisme cosmopolite (sic) » à un « patriotisme souverainiste », considérant que l’idée d’État-nation est une idée dépassée du XIXe siècle et que l’avenir radieux de la société française passe par le multiculturalisme[1] – aurait pu enrayer la chute de BFMTV. Suicidaire, la chaîne de M. Saadé organise désormais des « débats » répulsifs – dernier exemple en date, celui entre… Sandrine Rousseau et Rokhaya Diallo – et vient de recruter Daniel Cohn-Bendit, l’insupportable écumeur des plateaux TV stipendié par l’oligarchie politico-médiatique pour admonester les Français jugés insuffisamment européistes, immigrationnistes ou écologistes. Pas de quoi attirer le chaland, c’est le moins qu’on puisse dire.   

Sandrine Rousseau, Rokaya Diallo et Bruno Jeudy sur BFMTV.

Léa Salamé a préféré, en sus d’une rétribution qui reste extrêmement confortable, la large exposition médiatique que promet France TV plutôt que celle, de plus en plus restreinte, d’une chaîne privée sur le déclin. Pour sa promo, elle n’a eu que l’embarras du choix : « Tout le monde me veut, confie-t-elle doucereusement à Libé. La Tribune, Gala, Paris-Match. » Dans les colonnes de ce dernier, la journaliste se dit convaincue que « dans un monde violent, la gentillesse est la plus belle des attitudes. » Pourtant, rapporte le magazine, ce n’est pas en ayant été « gentille » qu’elle a gravi les marches du pouvoir médiatique : sur Public Sénat, France 24, I-Télé, où elle a fait ses gammes, Léa Salamé « ne passe pas pour une bonne copine ». Elle s’amendera, plus tard, en prodiguant par exemple deux conseils à son amie Adèle Van Reeth, directrice de France Inter : « Sois Libanaise et pense à ta gueule ». Cette philosophie appliquée à elle-même a mené Léa Salamé là où nous savons. Et ce n’est peut-être qu’un début…  

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[1] Propos tenus face à Natacha Polony dans l’émission On n’est pas couché du 19 décembre 2015.

Starmer face à la révolte des drapeaux

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Hertford, 27 août 2025 © Lawrie/LNP/Shutterstock/SIPA

Les manifestations antimigrants se multiplient au Royaume-Uni devant les hôtels où sont logés les demandeurs d’asile. « Fiers d’être Anglais. » Face à la submersion migratoire, nuit après nuit, des villes se réveillent pavoisées. L’exécutif, gêné par ce mouvement, car il ne peut évidemment pas fustiger le patriotisme, promet que les 200 hôtels concernés seront vidés d’ici à la fin du mandat de Keir Starmer…


Les manifestations antimigrants outre-Manche font fleurir les drapeaux de Bihop’s Stortford à Brighton en passant par Londres, en Angleterre, à Falkirk en Écosse, au Pays de Galles, en Irlande du Nord, partout bottom up ! les drapeaux se lèvent. C’est l’opération « Raise the colours » Hissez les couleurs ! Union Jack, croix de Saint-Georges, mais aussi la croix de Saint-André avec le drapeau écossais. Enfin, les drapeaux ne sont plus l’apanage des supporters de foot.

Des gilets jaunes outre-Manche ?

Les Français des territoires péri-urbains, des provinces de France, ont porté des gilets jaunes pour se visibiliser avec un slogan libéral opposé aux taxes, aux réglementations, aux normes imposées par Bruxelles (l’UE) et reprises avec zèle par Paris, ce mouvement des gilets jaunes, une fois monté à Paris fut récupéré par la gauche et par conséquent étouffé.

Les Anglais qui ont avec l’ensemble des Britanniques amorcé le Brexit en 2016 avec le référendum, et qui l’ont finalisé avec le Conservateur Boris Johnson nommé en juillet et réélu triomphalement fin 2019, se sont emparés de l’Union Jack, le magnifique drapeau du Royaume-Uni pour contester la politique immigrationiste qui remplit les hôtels de clandestins. Migrants qui, pour certains, ont commis des crimes sexuels. Mais surtout des crimes qui ont été parfois cachés par la police, voire par la justice elle-même, de peur d’être taxé de racisme. Les Brexiteurs ont vu leurs efforts remis en question par les successeurs de Johnson au 10 Downing street, et particulièrement par le travailliste (socialiste) Keir Starmer.

A relire: Boris Johnson: rencontre avec l’indomptable brexiteur

Prenons un exemple récent. À Epping, terminus d’une ligne de métro de Londres, où 150 migrants logent depuis trois ans au Bell Hotel, une jeune fille tend une part de pizza à un Éthiopien de 32 ans, il lui caresse la cuisse et essaie de l’embrasser. Mi-août, un Syrien est inculpé pour agressions sexuelles. Les Conservateurs qui dirigent la commune ont tenté de faire fermer l’hôtel en question. La justice a d’abord ordonné l’expulsion des réfugiés. Mais le ministère de l’Intérieur a fait appel, arguant de ce qui serait un « dangereux précédent » qui mettrait en danger toute l’infrastructure des réfugiés. Plus de 30 000 d’entre eux sont répartis dans 200 hôtels. Le Premier ministre a promis la fermeture de ces hôtels d’ici à la fin de son mandat.

Lavage de cerveaux

Le scandale des « grooming gangs » a laissé des traces. Les autorités sont accusées d’avoir fermé les yeux, durant les années 2000, sur le trafic sexuel de filles de la working class blanche au sein des réseaux d’origine musulmane pakistanaise, par peur d’être taxées de « racisme ». Qu’à fait le procureur M. Starmer à l’époque, ou plutôt que n’a-t-il pas fait ?

A lire aussi: Julien Dray contre la gauche mollah

Dernier avatar du wokisme, l’obsession du racisme aboutit à une explosion du nombre d’élèves sanctionnés pour des faits qualifiés de « racistes ». Plus de 15 000 suspensions ont été prononcées en 2024 contre 7 500 en 2021. 2 500 concernaient des enfants de… primaire ! Cinq pour l’équivalent de notre maternelle, c’est-à-dire des enfants de quatre à cinq ans. Le lavage de cerveaux des autorités britanniques commence avant même que les enfants ne sachent lire ou écrire. Leurs propos maladroits sont interprétés comme des intentions claires et malveillantes. Un enfant a été signalé pour avoir décrit la peau d’un camarade comme « couleur chocolat ». Les professeurs inscrivent de tels incidents pour se protéger d’éventuelles critiques et montrer à l’inspection qu’ils appliquent à la lettre les directives. Certains établissements tiendraient des listes d’élèves réputés « racistes » dès l’école primaire. On a envie de crier : “Teachers, leave them kids alone. Hey, teachers, leave us kids alone !” comme dans la chanson des Pink Floyd Another Brick in the Wall. Jusqu’où la gauche ira dans sa volonté de rééduquer les peuples ?

Jeudi dernier, Nigel Farage, le leader du parti populiste de droite Reform UK clamait : « Sous Starmer, les migrants ont plus de droits que les Anglais ». Sa promesse : quitter la Convention européenne des droits de l’homme, et expulser 600 000 migrants illégaux en cinq ans. L’amour des drapeaux nationaux et de celui du Royaume-Uni, le Union Jack dont le prodrome date de 1606, est la moindre des preuves d’amour que l’on doit à un pays qui nous accueille, comme à son propre pays, ceci dit pour les étudiants natifs aux cheveux bleus ou violets qui déploient plus volontiers le soi-disant drapeau palestinien qui n’est rien d’autre qu’une marque de haine envers la nation israélienne. Aux États-Unis, le vice-président, J.D. Vance, exhorte les Britanniques à « repousser les fous » qui s’offusquent du drapeau. Elon Musk les encourage.

Le juif, éternel coupable

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Vingt navires de la "flottille mondiale" quittent le port de Barcelone à destination de Gaza sous les acclamations des manifestants antisionistes, 31 août 2025, Espagne © Marc Asensio Clupes/ZUMA/SIPA

Il n’y a pas de discours rationnel qui puisse répondre à l’obsession antisémite, car elle n’est pas du domaine de la raison. Pour beaucoup de monde autour du globe, la disparition d’Israël est devenue promesse de rédemption.


« Les Juifs sont responsables de l’antisémitisme. » Cette phrase, proférée jadis par un collaborateur sans envergure comme Louis Thomas, n’est pas un accident du XXe siècle : elle est l’axe de l’histoire européenne, son refrain le plus constant, son blasphème quotidien, répété de siècle en siècle, de bûcher en pogrom, d’expulsion en extermination. Elle traverse les empires et les religions, elle change de masque et de lexique, mais elle demeure. Toujours, la même inversion : l’antisémite ne se pense pas bourreau mais justicier, soldat du Bien, médecin d’un monde corrompu dont le juif est la gangrène.

Depuis deux millénaires, la civilisation chrétienne a porté en elle cette certitude : le juif est le peuple déicide, marqué d’un sceau indélébile. Dans l’islam, il est le peuple maudit, voué à l’humiliation. Dans la modernité sécularisée, il devient l’éternel corrupteur, banquier insatiable, révolutionnaire subversif, cosmopolite dissolvant. À chaque âge son vocabulaire, mais à chaque âge la même fonction : incarner le Mal, donner un visage au négatif que la société ne veut pas reconnaître en elle.

Toléré, expulsé, parqué, exterminé : l’histoire juive est celle d’un passage incessant d’une tolérance ambiguë à une haine déclarée. Même quand il se fait patriote, le juif reste suspect de trahison. Même lorsqu’il s’assimile, il demeure irrémédiablement étranger. Sa réussite est la preuve de sa domination, sa misère celle de sa malignité. S’il reste fidèle à sa foi, il est archaïque ; s’il la délaisse, il est perfide. Tout se retourne contre lui : sa visibilité comme son invisibilité, sa différence comme son assimilation.

C’est l’impossible innocence.

On a cru qu’Auschwitz avait brisé ce cercle, qu’après la Shoah l’Europe ne pourrait plus dire l’indicible. Mais le vieux discours n’a pas disparu : il s’est déplacé. L’objet a changé, la mécanique demeure. Le juif d’aujourd’hui porte le nom d’Israël. Ce qui était hier un individu, fragile et sans pouvoir, est devenu un État souverain, fort de son armée et de son peuple rassemblé. Mais la fonction symbolique est identique : Israël incarne la culpabilité universelle.

Le vocabulaire a changé : aux imprécations théologiques ou raciales ont succédé les mots du droit, de la morale humanitaire, de la pureté démocratique. Israël est accusé d’être colonial, raciste, génocidaire. Ses ennemis se proclament défenseurs de l’universel. Ils répètent, sans le savoir, la vieille inversion : la victime est coupable de sa propre persécution ; sa défense est crime ; son existence, scandale. Israël ne peut pas être innocent, pas plus que le Juif ne pouvait l’être. Même son droit à la survie devient une offense, car il déjoue le scénario de sa disparition tenue pour juste.

Le conflit israélo-palestinien, réduit à une liturgie planétaire, est devenu le théâtre où se rejoue l’antique drame. Le Palestinien, figure christique bricolée par un Occident à bout de foi, est la victime absolue dont il a besoin pour se laver de ses fautes coloniales, pour effacer le sang de son histoire. Israël est le bourreau nécessaire, l’oppresseur métaphysique. L’antisionisme radical n’est pas une critique politique : il est une religion séculière, un rituel de purification par le sacrifice du juif collectif.

Ainsi, la haine s’est parée des atours de la vertu. Elle s’énonce dans les forums internationaux, dans les médias, dans les universités. Elle ne dit plus : « À mort le Juif », elle dit : « Justice pour la Palestine ». Mais c’est le même cri, retourné contre une nation qui a commis le crime de survivre à l’histoire. Car ce qu’on ne supporte pas, au fond, c’est la résurrection : un peuple qui n’a pas disparu, un peuple revenu d’entre les morts, et qui, au lieu de tendre l’autre joue, ose tenir une arme et proclamer sa souveraineté.

Il n’y a pas de discours rationnel qui puisse répondre à cette obsession, car elle n’est pas du domaine de la raison. Elle est de l’ordre du besoin anthropologique : chaque société a besoin de son signe d’infamie, de sa figure du mal. Hier le juif, aujourd’hui Israël. C’est le même mécanisme : transformer l’altérité radicale en miroir du mal absolu, pour se croire du côté du Bien.

Et l’on comprend alors que l’antisémitisme, sous ses visages chrétiens, musulmans, humanitaires, n’a jamais parlé des Juifs. Il parlait des hommes qui en avaient besoin pour se sauver d’eux-mêmes. Les juifs ne sont pas les responsables de la haine : ils sont son alibi. L’Occident, l’islam, la modernité, tous ont eu recours à cette figure commode pour se dire innocents.

Rien n’a changé, si ce n’est que la haine s’est sophistiquée, a troqué les croix gammées pour les banderoles des ONG, les sermons pour les slogans de manifestation. Mais c’est la même musique, réorchestrée : la haine ne meurt pas, elle change de syntaxe.

Israël est désormais ce que fut le juif dans les ghettos de l’Europe : un signe d’infamie nécessaire, une cible inépuisable, l’ombre portée sans laquelle l’Occident ne peut plus croire à sa propre vertu. Et c’est pourquoi la disparition d’Israël est devenue, pour tant de consciences, une promesse de rédemption. Car l’existence juive, qu’elle soit individuelle ou nationale, est une offense au néant : elle signifie que la mémoire résiste, que le peuple n’a pas été englouti, qu’il reste debout dans un monde qui aurait voulu qu’il se taise à jamais.

Être petit?

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© Le Dilettante

Lectures de plage: marque-page n°10


Un Être petit serait-il nécessairement un petit être ? Point indigne de Hamlet, cette question taraude Claude-Alain Arnaud, jeune auteur cinéphile dont les 77 ans révolus n’ôtent rien à l’agilité juvénile de sa prose, dans la meilleure tradition gauloise qui demeure l’immarcessible marque de fabrique littéraire des éditions Le Dilettante (souvenez-vous, par exemple, de La Campagne de France, ou du Front russe, deux textes irrésistibles signés de l’auteur « maison » Jean-Claude Lalumière, et que votre serviteur vous invite au passage à redécouvrir)…

Fiasco pédagogique

Dans cette même veine élégamment caustique, Monsieur Mouche s’attache aux pas de cet agrégé de français-latin-grec affligé, outre le ridicule de ce patronyme diptérique, d’une vue déficiente et d’une taille lilliputienne, mais exposé, surtout, au martyre sans gloire consistant, en 2025, à tenter d’enseigner les belles-lettres à une de ces méchantes classes d’adolescents bigarrés, analphabètes, rivés au Web dont nos consternantes banlieues  –  ici, Champigny-sur-Marne  –  sont le siège : « Insultes, menaces, pneus crevés ponctuaient ces années qualifiées de scolaires de façon abusive ».

A lire aussi: Joseph Roth: un Empire perdu et une foi obstinée

Objet de toutes les humiliations, seul et solitaire, le professeur Mathieu Mouche, dans une vaine tentative de résistance belliqueuse, se fracture par accident le petit orteil gauche : « son désarroi ontologique, ses chagrins d’amour, son fiasco pédagogique, tout s’était logé là, dans ce pauvre appendice tuméfié ». Souffre-douleur de l’humanité grossière, l’infirme humaniste, myrmidon érudit et dévoué à sa tâche, concentre sur sa personne toutes les avanies : Philippe Massot le vieux voisin voyeur et cancanier ; Thomas Fabri le bidochon qui assourdit le quartier de son rock industriel à hauts décibels ; Richard Comte, pater familias d’une sauvagerie sans limites envers sa jeune femme Sophie et leurs enfants ; sans compter, en sus de ce voisinage pavillonnaire singulièrement infect, Rémi Pastre, le caïd de terminale qui chahute sadiquement un prof toisé par le mépris insolent que lui voue Thierry Larsson, le Conseiller Principal d’Education (CPE) du lycée… De cet enfer quotidien à quoi la torture claudicante ajoute son comptant de souffrance podologique, l’improbable destin se chargera de tirer Mathieu, soudain reconquis contre toute attente à la ferveur de ses élèves, tandis qu’attentif mais bienveillant le lieutenant Lopez enquête sur une série d’accidents à la coïncidence suspecte : ils en viennent à liquider tour à tour ces suppôts de Satan, comme par un pacte salvateur passé entre le Diable et Monsieur Mouche !  

Facéties

Délectable lecture d’arrière-saison que ce roman d’un peu plus de cent pages scénarisées comme un polar de la grande époque – Chabrol n’est pas loin -, troussées avec un sens aigu du pince-sans-rire, de la dérision sarcastique et du détail mordant, dans une langue facétieuse qui sait conjuguer l’humour acide à l’élégance fruitée d’un qui connait ses classiques.

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Un exemple entre cent : « Lorsque la sonnerie de 9 heures libéra enfin les élèves, les garçons quittèrent les lieux avec un roulement d’épaules et une élasticité des membres étudiés, tandis que les filles consultaient fébrilement leur smartphone. Mathieu, lui, demeurait immobile sur sa chaise, le regard distrait par la grande carte du Royaume-Uni et les photos de Londres punaisées sur un panneau de liège.[…] Mathieu avait toujours rendu service volontiers, se compliquant la vie pour simplifier celle des autres. Il n’était pas apprécié pour autant, beaucoup lui tenant rigueur de l’écho que son chahut trouvait dans leurs propres classes, d’autres l’estimant désuet, emprunté, cérébral, en un mot ‘’inadapté’’ ou en plusieurs ‘’ vraiment pas fait pour ce métier’’. Seul un vieil inspecteur d’académie, farouche défenseur du latin-grec, avait reconnu ses mérites mais, depuis son départ, nul, pas même un parent d’élève, n’avait salué ses efforts et sa bienveillance.

-M’sieur, on rentre ?

Un élève de seconde piaffait sur le seuil de la salle »… Bien enlevé, non ?    

Monsieur Mouche, de Claude-Alain Arnaud. Roman, 126 p. Le Dilettante,2025.

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