La Belgique reconnait à son tour un État pour les Palestiniens. Mais sa classe politique se déchire sur les contreparties à réclamer pour un tel cadeau.
La Belgique est connue pour son « art du compromis ». Et même du compromis foireux, qui dans les faits dresse les Flamands contre les Wallons, emmerde les Belges et multiplie les lois et les fonctionnaires par deux, voire par quatre. C’est idiot et coûteux mais ça fait rire, et c’est toujours ça de pris !
Mais dans la nuit du premier au deux septembre, elle est passée, par la grâce de son gouvernement patchwork, du compromis à la compromission. Sans cesse tancé, et même menacé, par ses élus d’outre méditerranée et par ses pléthoriques invités du désert, il a cédé au boulevard arabe et s’est engagé à reconnaître l’Etat de Palestine. Il faut dire que l’aile gauche du gouvernement, plus soucieuse du Moyen-Orient que de la désorientée Région bruxelloise, brandissait de temps à autre la possibilité de faire tomber ce glorieux gouvernement si cette reconnaissance n’était pas entérinée.
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Certes, la reconnaissance est assortie d’un « oui mais », assez caractéristique de la pleutrerie belgo-belge politicienne. « Oui, mais » cette décision n’entrera en vigueur qu’une fois le dernier otage libéré de Gaza et le Hamas démilitarisé. Vœux pieux qui devraient servir à calmer ce qu’il reste de la droite au nord des Hauts-de-France. Cette restriction ne dupe personne, et certainement pas le ministre israélien ultra-droitard Itamar Ben-Gvir qui a déclaré mardi matin à la radio israélienne, cité par la VRT, que « la Belgique est tombée dans le piège du Hamas », ajoutant que « nous avons tenté de faire la paix avec les Palestiniens. Nous nous sommes retirés de Gaza en 2005. Qu’avons-nous obtenu ? Des roquettes et du terrorisme ». Il met également en garde la candide Belgique : « Les pays européens qui succombent à la naïveté et cèdent aux manipulations du Hamas finiront par devenir eux-mêmes victimes du terrorisme », pour le cas où certains Belges ne s’en seraient pas encore doutés, malgré la longue liste des attentats qui ont déjà ensanglanté ce petit Royaume.
Bien entendu, ce projet de reconnaissance sous conditions fait monter des trémolos dans la voix de Paul Magnette, chef des socialistes wallons et principal leader de l’opposition. « Une reconnaissance sous conditions n’est pas une reconnaissance ! » assène-t-il, effrayé à l’idée de contrarier son vaste électorat musulman, et visiblement peu ému par le sort des otages survivants du pogrom du 7-Octobre.
Il n’en demeure pas moins que la principale question n’a pas été effleurée. Car si l’organisation terroriste Hamas applaudit bien évidemment la décision belge, on ignore toujours si la Palestine est, elle aussi, d’accord de reconnaître un État de Palestine. Parce qu’un Etat, ça a des frontières et des voisins. Or, les frontières semblent un concept inconnu du monde arabo-musulman. Et particulièrement celles qui empêcheraient ce futur Etat de se déployer « du fleuve à la mer », en attendant de s’étendre au-delà de ladite mer.




