France inter prolonge sa matinale jusqu’à 11 heures. Léa Salamé débarque au journal de 20 heures de France 2 ce soir. La rentrée des médias avec Didier Desrimais.

« Notre métier c’est de faire de l’information et pas de l’opinion ». Cette bonne blague a été proférée par le journaliste Benjamin Duhamel au moment de quitter BFMTV en pleine déconfiture et de rejoindre France Inter, radio qui, comme chacun sait, ne délivre que des informations et aucune opinion. Pour la Grande Matinale, les très impartiaux Nicolas Demorand, Pierre Haski, Sonia Devillers et Patrick Cohen ont été rejoints, en plus de Benjamin Duhamel, par Nora Hamadi et Daphné Bürki.
Grasse matinale
Mme Hamadi, journaliste, a travaillé pour France Info, Arte et BFMTV, et succède à Claude Askolovitch pour présenter une revue de presse qui, pour le moment, ne déroge pas aux règles établies par ce dernier, à savoir citer abondamment Le Monde, Télérama, Libération, Sud-Ouest, La Provence ou L’Humanité et divulguer ainsi des opinions ressemblant comme deux gouttes d’idéologie de gauche à celles de la très grande majorité des journalistes des médias publics. Dans Libération, Mme Hamadi affirme que ce qui la différencie de M. Askolovitch est d’être une femme « non-blanche » et que ce qui la rapproche de lui ce sont son « humanisme » et « l’amour des gens » – racialisme woke, bienveillance niaiseuse et humanisme frelaté dans une seule phrase, bravo ! Mme Hamadi, on comprend mieux pourquoi la radio publique vous a choisie pour succéder à l’inénarrable Claude Askolovitch qui, de son côté, a rejoint Novo19, la nouvelle chaîne TNT de Ouest-France.

Mme Bürki est une animatrice tout ce qu’il y a de plus woke. Directrice « stylisme et costumes » des cérémonies des JO de Paris, jurée de Drag Race France, une compétition de drag-queens retransmise sur la télévision publique, elle est, d’après la directrice de France Inter Adèle Van Reeth, une spécialiste de la « culture sous toutes ses formes ». La preuve : sa première émission a été consacrée au groupe Triangles des Bermudes et à leur tintamarresque fatras musical intitulé “Charger”, une daube rappeuse évoquant un jeu vidéo de guerre et devenue un « phénomène viral », à tel point que notre Armée de Terre l’a utilisée pour illustrer sur son compte TikTok des extraits du défilé du 14 juillet – il paraît que Poutine en tremble encore. Tout le système culturel est en émoi. Chaque trublion du milieu artistico-commercial espère désormais recevoir une invitation de Mme Bürki afin de promouvoir, qui un film sur les gentils migrants stigmatisés par de méchants Français, qui un livre sur sa mère dépressive, son père homophobe, son cousin bipolaire ou son neveu violé par sa tante, qui un spectacle théâtral mettant en valeur des racisés pansexuels ou des handicapés non-binaires, qui un disque de rap aux paroles sulfureuses ou incompréhensibles, etc. Ceux qui n’auront pas été sollicités par Mme Bürki pourront éventuellement se rattraper avec Sonia Devillers et sa nouvelle rubrique “Le Grand portrait”. Le premier épisode, d’un ennui insondable, a été consacré à l’acteur François Cluzet. Sous nos latitudes, la culture est devenue un magma informe malaxé par des escrocs, « artistes », agents culturels, animateurs de foire radiophonique vendant, sous toutes ses formes, une soupe avariée, grumeleuse et grasse, une bouillie capable, si vous n’y prenez garde, de vous faire crever d’intoxication cultureuse.
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Une radio woke payée par le contribuable

France Inter, encore. Chaque jour, « Charline Vanhoenacker explose les faits » – c’est le titre de sa chronique. Viscéralement de gauche, de cette gauche prête à tout renverser à condition que les privilèges que lui octroie sa position médiatique subsistent, Charline parle beaucoup mais agit peu. Son plus haut fait de guerre a été une vidéo dans laquelle elle se mettait en scène en train d’ajouter à Éric Zemmour, sur une affiche électorale, une moustache hitlérienne, et de compléter l’initiale du nom de l’affreux fasciste pour écrire le mot « Zob ». Tout cela est bien joli mais il était temps de passer à la vitesse supérieure et d’envisager des actions un peu plus radicales. La direction de la radio publique a donc eu la bonne idée d’embaucher une activiste gauchiste qui est prête, elle, à exploser littéralement les affreux fachos. À l’approche des dernières élections présidentielles, lors d’une conférence organisée par Mediapart, l’humoriste militante Mahaut Drama n’avait en effet pas hésité à évoquer la possibilité de lever des « factions armées » contre l’extrême droite car, baragouinait-elle, « si Marine Le Pen accède au pouvoir, c’est sûr qu’on pourra pas juste continuer genre à mettre des affiches en disant patriarcaca, tu vois, genre il va falloir leur répondre autrement. […] S’il y a des gens qui sont prêts à être courageux à ce point-là, je ne peux que les encourager. » Mahaut Drama est attendue dans l’émission Zoom Zoom Zen de Matthieu Noël. Elle devrait s’y sentir très à l’aise – derrière les rires, l’idéologie bien-pensante y coule à flot ; on y castorise à qui mieux-mieux ; on y bêle toutes les inepties écologistes ; sous couvert d’humour, on y étrille les Français qui votent mal en leur donnant des leçons de maintien moral et politique ; on y cite régulièrement en roucoulant la presse gauchisante ou macrono-socialiste dirigée par MM. Pigasse, Niel ou Saadé, tout en dénonçant furieusement les « médias bollorisés » ; on y vante les mérites de l’Arcom ; on y évoque régulièrement le racisme d’État, la masculinité toxique, le capitalisme patriarcal, et toutes ces sortes de choses à haute valeur wokiste. Il n’y manquait plus qu’une comique révolutionnaire exaltée et prête à encourager les très brutales exactions de ses amis ultra-gauchistes. C’est chose faite.
Léa Salamé : on s’arrache la nouvelle « reine de l’info »
Le transfert le plus médiatisé a été celui de Léa Salamé qui quitte France Inter mais reste toutefois dans le giron de l’audiovisuel public. Pour la modique rémunération de 25 000 euros par mois, la journaliste présentera sur France 2, à partir du 1er septembre, le journal de 20 heures à la place d’Anne-Sophie Lapix. Elle continuera par ailleurs d’animer l’émission hebdomadaire « Quelle époque ! » sur la même chaîne. À ce titre, elle recevra un salaire supplémentaire dont le montant n’a pas été révélé mais dont l’origine est toujours la même : l’argent de nos impôts. L’audiovisuel public, qui prend les Français pour des demeurés, a concocté une bande-annonce totalement stupide pour informer les téléspectateurs de l’arrivée de Mme Salamé au JT. On y voit la journaliste déambuler dans les locaux de France TV en répétant sur tous les tons le fameux « Madame, Monsieur, bonsoir ! » qui ouvre le journal. Des internautes ont immédiatement réagi en se moquant des « clowneries et mimiques niaises » de Mme Salamé et en exprimant leurs craintes de voir le JT devenir un talk-show animé par une « bouffonne ». L’honnêteté m’oblige à dire que Mme Salamé n’est pas une bouffonne mais une professionnelle rouée qui a su, après avoir bénéficié de l’appui de puissantes relations paternelles, naviguer habilement dans les méandres du marécage médiatique jusqu’à devenir un modèle pour quiconque se destine à une carrière de star journalistique. Maligne, Mme Salamé a refusé l’offre alléchante de BFMTV. Que serait-elle allée faire dans cette galère ? Tandis que l’audience de CNews continue de progresser et de confirmer sa position de leader des chaînes d’info continue, celle de la chaîne du milliardaire macroniste Rodolphe Saadé décline jour après jour. Il n’est pas certain que la venue de la compagne de Raphaël Glucksmann – qui partage avec ce dernier de solides convictions européistes, atlantistes et immigrationnistes, et préfère, de son propre aveu, un « patriotisme cosmopolite (sic) » à un « patriotisme souverainiste », considérant que l’idée d’État-nation est une idée dépassée du XIXe siècle et que l’avenir radieux de la société française passe par le multiculturalisme[1] – aurait pu enrayer la chute de BFMTV. Suicidaire, la chaîne de M. Saadé organise désormais des « débats » répulsifs – dernier exemple en date, celui entre… Sandrine Rousseau et Rokhaya Diallo – et vient de recruter Daniel Cohn-Bendit, l’insupportable écumeur des plateaux TV stipendié par l’oligarchie politico-médiatique pour admonester les Français jugés insuffisamment européistes, immigrationnistes ou écologistes. Pas de quoi attirer le chaland, c’est le moins qu’on puisse dire.

Léa Salamé a préféré, en sus d’une rétribution qui reste extrêmement confortable, la large exposition médiatique que promet France TV plutôt que celle, de plus en plus restreinte, d’une chaîne privée sur le déclin. Pour sa promo, elle n’a eu que l’embarras du choix : « Tout le monde me veut, confie-t-elle doucereusement à Libé. La Tribune, Gala, Paris-Match. » Dans les colonnes de ce dernier, la journaliste se dit convaincue que « dans un monde violent, la gentillesse est la plus belle des attitudes. » Pourtant, rapporte le magazine, ce n’est pas en ayant été « gentille » qu’elle a gravi les marches du pouvoir médiatique : sur Public Sénat, France 24, I-Télé, où elle a fait ses gammes, Léa Salamé « ne passe pas pour une bonne copine ». Elle s’amendera, plus tard, en prodiguant par exemple deux conseils à son amie Adèle Van Reeth, directrice de France Inter : « Sois Libanaise et pense à ta gueule ». Cette philosophie appliquée à elle-même a mené Léa Salamé là où nous savons. Et ce n’est peut-être qu’un début…
[1] Propos tenus face à Natacha Polony dans l’émission On n’est pas couché du 19 décembre 2015.
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