Accueil Culture Le Bel et la Bête

Le Bel et la Bête

« Transports exceptionnels » : un spectaculaire duel entre un danseur et… une pelleteuse


Le Bel et la Bête
Spectacle de plein air "Transports exceptionnels", bientôt à Cognac, Annecy, Vichy et Bagneux © J. Colleville

Voilà bien le plus extraordinaire, le plus extravagant, le plus saisissant duo chorégraphique qu’on ait jamais vu. Un fascinant duel où notre perception des choses se brouille, s’égare, où l’on croit voir naître sous nos regards confondus une relation affectueuse entre un homme et une machine. Une machine qui, après avoir été tout d’abord brutale et menaçante, se fait attentive, protectrice, tendre même, et qu’on ne regarde bientôt plus comme un assemblage de pièces métalliques, mais bien comme une créature bienveillante et pensante, à la délicatesse extrêmement troublante.

Il fallait évidemment la fantaisie et la sensibilité d’un Dominique Boivin pour imaginer un dialogue aussi stupéfiant entre un danseur et une pelleteuse, « pour tenter de toucher au merveilleux, au vertige du rêve comme dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau ». Et pour le Bel, il fallait un interprète exceptionnel pour tout à la fois inspirer le metteur en scène et porter si magnifiquement le rôle.

Tendresse

Grave et athlétique, viril et délicat, mais aussi, face à l’énorme machine, chétif et pitoyable, Philippe Priasso, le créateur du rôle, celui qui l’a interprété durant des années, aura été, dans ce jeu inédit, d’une justesse et d’une sobriété forçant l’admiration. Alors que face à lui le monstre qui aurait pu l’aplatir d’un seul coup de godet s’humanise insensiblement, on croit voir naître entre l’un et l’autre quelque chose de bouleversant ressemblant à de la tendresse.

Aujourd’hui, pour la reprise de ce spectacle insolite qu’est Transports exceptionnels, spectacle qui a été donné plus de mille fois dans le monde entier, des pays européens à l’Indonésie, la Chine, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, en passant par l’Afrique de l’Est, Israël, le Brésil, le Canada, les États-Unis ou Monaco, ce n’est plus un danseur, mais un trapéziste qui relève ce rôle si difficile et si extraordinaire. Avec une formation et une technique tout autres, mais grâce à une forte présence, Sébastien Bruas relève le défi non sans courage, tant son prédécesseur avait marqué le rôle de sa personnalité. Avec lui, l’atmosphère de Transports exceptionnels sera assurément très différente, mais sujette au même étonnement

On saluera au passage la performance du conducteur de l’engin, William Defresne, qui demeure invisible dans l’habitacle. Il succède à Eric Lamy et Guillaume Olmeta pour cet exercice de haute virtuosité, en prêtant à la pelleteuse des grâces de lionne cajolant son lionceau. Cependant que le spectateur demeure subjugué par cette relation entre un homme et une machine à qui la magie de la pièce a conféré une âme.


Transports exceptionnels. Spectacle de plein air :

Festival Coup de chauffe, à Cognac, le 5 septembre à 19h45, le 6 à 20h.

Festival Coup de théâtre, à Annecy, le 14 à 17h.

Journées du patrimoine, à Cusset/Vichy, les 20 et 21 à 17h.

Fête des Vendanges, à Bagneux, le 27 à 14h45 et le 28 à 15h.




Article précédent Mercato du PAF: on prend les mêmes et on recommence…
Article suivant De la Manche à l’Atlantique: Farage agrandit le terrain de jeu

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération