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Lutte contre le narcotrafic: cherchez l’erreur

Un oubli stupéfiant


À les entendre, on va voir ce qu’on va voir. Les caïds, les papes et les sous papes du commerce de ces armes de destruction massive que sont la cocaïne, l’héroïne, le crack, j’en passe et des meilleurs, n’étant pas du tout spécialiste de la chose. Et puis quand bien même, avant d’en avoir terminé avec une liste qui se voudrait exhaustive, des éprouvettes de ces alchimistes de la mort seraient sortis trois ou quatre nouveaux dérivés d’opiacés jusqu’alors inconnus sur le marché. Car, s’il y a bien un domaine où on n’arrête pas le progrès, où l’innovation est reine, c’est bien celui-ci.

On ne compte plus les morts, on ne compte plus les zombies décérébrés à force de came, les morts au champ d’horreur du trafic et des règlements de compte. Pas plus qu’on ne parvient vraiment à compter les milliards que cela rapporte. Le budget de certains Etats de la planète font, paraît-il, très pâle figure en comparaison. On en est là. Des milliards, de quoi acheter les consciences, corrompre tout ce qu’il y a de corruptible parmi le genre humain. C’est-à-dire à peu près tout le monde…

Mais voilà bien que ces jours-ci, les sommités de l’État consentent à sortir de leur torpeur et, comme je vous le disais en commençant, jurent-elles leurs grands dieux : « On va voir ce qu’on va voir ». Voilà  ce qu’elles nous annoncent, bravaches, menaçantes, terribles. Juré-craché, voilà qu’elles partent en croisade comme jamais contre les trafiquants, gros ou moins gros, les dealers blanchis sous le harnais ou encore en couche culotte, les consommateurs des bas-fonds comme des beaux quartiers, des bordels clandestins comme des ministères (mais si, mais si…) Bref toute la chaîne est dans le collimateur. On ne rigole plus ! Jusqu’alors la croisade contre la poudre à sniffer n’a été que de la poudre aux yeux, mais ces temps-là sont résolus. Puisqu’on vous le dit ! La France se mobilise, l’Europe entière se mobilise. La guerre est déclarée.

Quelle tartufferie ! Jusqu’à quand ces gens continueront-ils à se foutre de notre gueule sur des sujets aussi graves que celui-là !

La guerre au narcotrafic, prétendent-ils ? Ah oui, quelle guerre ?…

Peut-être conviendrait-il de commencer par le commencement. S’en prendre aux pays producteurs en exigeant qu’ils éradiquent de leurs territoires jusqu’à la moindre production de ce genre, cela en préalable à toute discussion diplomatique ou commerciale. On les connaît, ces pays de cocagne mortelle. Pour une bonne part, ils sont à chercher en Amérique du Sud. Parmi les premiers pays producteurs de la planète ne trouve-t-on pas en effet, le Pérou, la Colombie, la Bolivie, le Guyana, le Brésil…

Au cas où vous auriez du mal à retenir cette liste, pas de souci. Vous n’aurez qu’à vous reporter à celle des pays devant lesquels l’Europe – notre belle et grande Europe – s’empresse de dérouler le très juteux tapis rouge de la grande foire libre-échangiste, le Mercosur. Vous y retrouverez les mêmes noms, les mêmes pays…

Comme dirait l’autre, cherchez l’erreur.

LES TÊTES MOLLES - HONTE ET RUINE DE LA FRANCE

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Un J. D. Vance bien de chez nous

Alexandre Avril est maire de Salbris depuis 2020. À la tête de cette commune du Loir-et-Cher de 5000 âmes, ce trentenaire intello, ex-LR rallié à Éric Ciotti, embellit l’espace public, sécurise la vie de ses administrés et défend un esprit vieille France. Pour les progressistes de la capitale, c’est la signature d’un dangereux néoréactionnaire.


À mi-chemin entre Lamotte-Beuvron et Vierzon, Salbris, deux minutes d’arrêt. À peine sorti du TER, une vision enchanteresse accroche le regard. Comme échappé d’un songe péguyste, une immense nef païenne en bois flambant neuve a été construite devant la gare. Dessiné par le maire de la ville en personne, c’est le nouveau marché municipal, arborant blasons et poutres apparentes pour mieux ressusciter les halles couvertes que rasaient les maires – fameux « bâtisseurs » – des Trente Glorieuses.

Alexandre Avril intrigue

Jadis cité industrielle, Salbris, 5 000 habitants, a connu la gloire des usines Matra et des missiles. Elle est à présent l’un de ces appendices excentrés du Bassin parisien, où se réfugie une classe moyenne qui ne se sent plus tout à fait chez elle dans les banlieues proches de la capitale. Une commune que le sociologue Jérôme Fourquet et le romancier Nicolas Mathieu auraient dû inventer si elle n’avait pas existé. Elle passionne les Rouletabille de la presse politique parisienne. Monsieur le maire, Alexandre Avril, intrigue.

La une de Libé en mars dernier, des enquêtes accablantes dans L’Humanité et dans Mediapart : les médias de gauche dépeignent l’édile en dangereux symbole du vent mauvais néoréactionnaire qui souffle sur la France. Il faut dire que le jeune homme de 33 ans porte la veste en tweed comme personne et qu’il commente régulièrement l’actualité sur Europe 1 et CNews.

Alexandre Avril a conquis la mairie de Salbris en 2020, lors d’un scrutin où la plupart de ses pairs ont été reconduits au bénéfice du confinement et de l’abstention. Ancien cadre LR aujourd’hui vice-président du parti d’Éric Ciotti, il siège avec le RN au conseil régional et brille par ses méthodes bardelliennes de communication numérique, qui conjuguent stories Instagram à la chaîne et expressions de grand-mère du genre « Par Toutatis le ciel nous est tombé sur la tête ».

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Comment les Salbrissiens jugent-ils son activisme ? Réponses pêchées dans un café situé face à l’hôtel de ville, où la déco vous plonge en pleines fifties – cuisine familiale, nappes à carreaux, néons d’anthologie… Jean-Yves, tenancier mi-nostalgique mi-dévot de l’établissement baptisé « Saint Yves », ouvre le procès en canonisation du maire. « Alexandre a redressé les comptes de la mairie et fait sortir des projets des cartons », assure-t-il. Deux clients habitués abondent : « Il met des pots de fleurs et des caméras et des policiers municipaux, qui protègent nos maisons quand on part en vacances », notamment des « bandes de jeunes venus de Paris ».

Bien sûr tout le monde n’est pas d’accord. Autour du zinc, d’autres administrés décrivent un maire « trop autoritaire », qui fait « de la com non-stop avec des jardinières partout » et se focalise sur le centre-ville au détriment des « quartiers extérieurs ». Tous lui reconnaissent cependant son dynamisme. « Qu’on l’aime ou pas, résume un habitué, il fait des trucs. »

Redressement productif

Parmi les « trucs » réalisés par Alexandre Avril : l’implantation récente d’une usine alimentaire innovante. Le concept est original. Ici on prépare des produits de boucherie à partir de venaisons achetées aux équipages de la région. « L’essentiel des animaux chassés dans notre pays sont jetés et 90 % du gibier consommé est importé, c’est une aberration qu’il faut corriger », explique le maire, qui a joué les entremetteurs pour aider la start-up L’Atelier du Loup à lever 5 millions d’euros, notamment auprès de diverses grandes fortunes possédant des propriétés dans le coin.

Cependant, si Alexandre Avril inquiète tant dans les rédactions progressistes parisiennes, ce n’est pas à cause de ses ambitions de redressement productif dans le Loir-et-Cher. C’est l’intellectuel brillant qui fait peur. Issu d’un milieu simple, il a réussi le concours de la Rue d’Ulm, décroché un diplôme de droit à la Sorbonne, fait HEC et rédigé une thèse sur les correspondances entre Nietzsche et René Girard. Pire encore, il aimerait faire souffler sur son terroir l’esprit des hauteurs, façon colline de Sion en Lorraine.

À la guerre culturelle comme à la guerre, on le retrouve un soir d’été dans un manoir de brique rouge, un de ces châteaux bourgeois dont les ploutocrates du xixe couvraient solennellement leurs terrains de chasse et bords lacustres. Un internat catholique y est désormais installé, premier-né des académies Saint-Louis, ces « Eton à la française » financés en partie par le richissime Pierre-Édouard Stérin. Accueillant depuis la rentrée une soixantaine de collégiens, on y dispense une éducation pré-soixante-huitarde non mixte, avec du latin, de l’aviron sur le gigantesque plan d’eau et des cours de théâtre dans une grange transformée en splendide salle de spectacle. Un lieu de « formation pour une nouvelle élite réactionnaire » fulmine Libération.

Rien de terrifiant sur place pourtant. Le directeur, ancien cadre de l’enseignement privé sous contrat, plusieurs années de métier, passionné d’instruction et de pédagogie nous fait visiter l’amphithéâtre, discute de l’oralité dans les cursus scolaires et des options à la mode dans certains lycées parisiens. Comme la combine politique paraît loin !

Puy du Fou du pauvre

À Salbris, le clou du spectacle est un spectacle intitulé « Salera ». Une reconstitution de la guerre des Gaules lancée par le maire en 2023, avec chars, gladiateurs, druides tatoués, jeux pour enfants et marchés d’artisans dont on sort le sac rempli de savons celtiques et d’hydromel IPA local. Qu’importe que les mauvaises langues de Libération y voient, avec leur habituelle pointe de racisme social, « un Puy du Fou du pauvre », l’édition 2025 a fait le plein avec un mélange baroque d’autochtones solognots fumeurs de Gitane et de résidents secondaires en pantalons rose saumon.

Résumons. Des origines modestes, des études hors norme, une parfaite maîtrise des réseaux sociaux, quelques milliardaires dans son carnet d’adresses, une proximité assumée avec la religion catholique et un certain talent pour réenchanter sa province désindustrialisée : Alexandre Avril a quelque chose d’un J. D. Vance à la française, ressemblance physique en prime. Pour l’instant les jardinières, l’usine de gibier, l’internat élitiste, le festival historique populaire. Et demain ? Ad Augusta per angusta. Selon Le Nouvel Obs, Pierre-Édouard Stérin envisage de pousser sa candidature aux élections présidentielles de… 2032.

En finir avec la gauche radicale dans nos mairies

Lyon, Grenoble, Bordeaux, Poitiers… À quelques mois des prochaines élections municipales, il est temps de dresser le bilan calamiteux des majorités d’extrême gauche qui sévissent depuis cinq ans — ou parfois beaucoup plus comme à Nantes— , dans nos grandes villes.


Les élections municipales de 2020, qui ont connu une participation historiquement faible en raison de la pandémie de Covid, ont vu la victoire surprise de la gauche et de ses alliés d’extrême gauche dans un grand nombre de grandes villes françaises, dont Grenoble, Poitiers, Annecy, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, et tant d’autres.

À Nantes, où le PS tient la ville depuis près de quarante ans, la maire Johanna Rolland, numéro 2 d’un PS en perte de vitesse, n’a pas hésité à s’allier avec le pire de la gauche radicale pour sauver son siège. Les Nantaises et les Nantais paient cette trahison au prix fort avec notamment une insécurité endémique, une circulation impossible, des commerces en difficulté croissante, et une dette colossale de la ville. La situation est si grave que la ville est devenue le symbole national du fiasco de la gauche radicale : « nous ne voulons pas devenir comme Nantes », entend-on partout dans l’hexagone. Mais la maire de Nantes n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Son projet pour la prochaine mandature ? Faire de Nantes « une ville refuge des exilés (OQTF welcome), quelle que soit leur situation administrative (appel clair à ne pas respecter la loi)».    

Bilans catastrophiques

À quelques mois des prochaines élections municipales, l’heure est au bilan de ces majorités d’extrême gauche qui sévissent depuis cinq ans, hostiles aux valeurs républicaines les plus élémentaires jadis partagées par la gauche. A Bordeaux, ville calme et florissante depuis des décennies sous la gouvernance de Chaban puis de Juppé, il aura suffi d’un seul mandat du maire EELV Pierre Hurmic (et de ses alliés anti-laïcité, anti-flic, anti-capitaliste, anti-voiture, mais pro Hamas et pro wokisme…) pour voir exploser les liquidations judiciaires des commerces du centre-ville. Plus 40% en un an, comme l’a souligné récemment la CCI de la Gironde ! L’impossibilité de circuler et de se garer dans la ville, combinée à l’explosion des atteintes aux personnes et aux biens, a transformé Bordeaux la paisible en zone de non-droit, à l’image de Nantes et Grenoble, comme le soulignait encore la CCI locale.

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Partout où l’extrême gauche sévit, le bilan de ces majorités clientélistes et peu ou prou le même : catastrophique. Les habitants se sentent abandonnés, les commerçants méprisés, les incivilités sont devenues monnaie courante, et pire que tout, les femmes ne se sentent plus en sécurité quand elles marchent dans les rues. Dans une séquence hallucinante d’un récent Conseil municipal de Bordeaux, Thomas Cazenave, élu d’opposition centriste, s’est vu qualifié de « trumpiste » par le maire écologiste. Son crime ? Avoir souligné l’insécurité délirante qui règne dans la ville, et demandé le rétablissement de l’éclairage public la nuit, ainsi que le doublement des effectifs de la police municipale. Ces mesures de bon sens, destinées à protéger les habitants d’individus dangereux, sont aujourd’hui qualifiées de « politiques d’extrême droite » par les idéologues de la gauche radicale. Confrontée aux conséquences désastreuses de son angélisme et de son communautarisme, la gauche radicale ne connaît qu’une réponse : traiter de « trumpiste » ou de « facho » ceux qui se soucient de la sécurité de leurs concitoyens. Partout en France, ces attaques nauséabondes, qui ne correspondent à aucune réalité, sont subies au quotidien par les élus d’opposition qui osent s’attaquer à la démagogie de l’extrême gauche, et à son sentiment de supériorité morale. Les Français ne sont pas dupes, et ils le feront savoir dans les urnes en mars prochain.  

Il est temps d’en finir partout en France avec cette gauche radicale municipale, qui a renoncé à la sécurité et au bien-être de ses administrés pour celui de ses propres intérêts. Leur unique ambition : rester en place coûte que coûte, quitte à s’allier avec les antirépublicains les plus infréquentables.

Cadres de vie : la dégringolade

Comme nous le faisons à Nantes, il est urgent que tous les candidats aux municipales qui aiment la France et ses valeurs, qui aiment leur ville, qui refusent l’insécurité et le clientélisme, s’unissent dès le premier tour pour mettre fin au déclassement sans fin des villes de France tombées entre les mains de l’extrême gauche. À titre d’exemple, dans le classement des « villes où il fait bon vivre », Nantes était 2e ville française en 2014 (date de l’élection de Johanna Rolland). Elle est désormais 47e en 2025, plus célèbre pour son centre-ville coupe-gorge que pour son attractivité. Lyon déjà mal en point avec la 56e place en 2020, date de l’élection de l’écologiste Grégory Doucet, est désormais 79e en 2025… Il ne s’agit plus de déclassement mais d’effondrement.

La victoire est possible dans toutes ces villes abîmées par la gauche radicale à condition de proposer un programme alternatif puissant, rationnel et rassembleur. Une élection municipale n’est pas une affaire d’étiquette politique, et n’a donc rien à voir avec des législatives ou une élection présidentielle. L’élection d’un maire est celle d’un habitant parmi les habitants, amoureux de sa ville, qui n’a d’autre objectif que la quiétude et la prospérité de ses habitants. Un bon maire n’est pas l’homme d’un clan ou d’une communauté, mais un élu au service de tous, travaillant sept jours sur sept, toujours à portée d’engueulade de ses administrés. Comme le dit souvent David Lisnard, Président de l’Association des Maires de France et Maire de Cannes, « être maire, c’est le plus beau des mandats ». Le plus difficile et exigeant aussi.

Empêcher la gauche radicale de poursuivre son travail de destruction rapide et méthodique de nos grandes villes est une urgence existentielle pour la France. Quelques mesures de bon sens, qui ne sont par définition ni de gauche ni de droite, mais qui sont réclamés par la majorité de nos concitoyens, doivent être au cœur de nos programmes.

Il est temps d’en finir avec l’aveuglement de la gauche qui refuse de voir l’ensauvagement de la société. Nos concitoyens réclament pour eux et pour leurs enfants plus de sécurité, et une présence policière visible. Il est urgent d’augmenter les effectifs de la police municipale, d’armer ces policiers, et de doter nos villes de système de vidéosurveillance à la hauteur. Ce que refuse de faire la gauche, refusant même des CRA (centre de rétention administrative) pour les délinquants, souvent multirécidivistes, qui n’ont rien à faire sur notre territoire. En finir avec l’angélisme nécessite également de couper les vivres aux délinquants. L’argent public n’a pas à subventionner ceux qui détruisent la société : priver d’allocations et de logements sociaux les grands délinquants et dealers condamnés est une urgente nécessité.    

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Sur le plan économique, il n’est plus possible de poursuivre des politiques pseudo-écolo qui coûtent une fortune, étranglent les commerces de nos centres-villes en grevant le financement des urgences véritables. Les ZFE, ces « zones de fortes exclusions », qui empêchent les pauvres de circuler en voiture, doivent être abrogées ou adaptées aux citoyens les plus modestes. Il est possible de concilier mobilité douce et liberté de circuler.

Autre mesure de bon sens, un maire qui aime la République, — et qu’est-ce qu’une ville si ce n’est une petite république ? —, ne peut pas accepter de financer des associations antirépublicaines avec l’argent public. Un seul exemple, la maire de Nantes, une semaine après le pogrom du 7-Octobre en Israël, faisait voter une subvention à « France Palestine », une association islamogauchiste qui voit le Hamas comme des « militants de la paix ». Ce genre de subventions, dont on pourrait donner des milliers exemples à travers le pays, payés par les impôts des Français, ne doivent plus exister.

Christelle Morançais, en pointe dans la bataille culturelle

Sur le plan culturel, il est temps d’en finir avec la propagande aux frais du contribuable. Les budgets municipaux dédiés à l’art, aux artistes et aux établissements culturels, ne sont pas des chèques en échange de bulletin de votes. Défendons une culture de la liberté et du pluralisme, loin des oukases du tribunal de la bien-pensance. On ne fait pas de l’art avec des bons sentiments. Pas de culture forte et puissante sans liberté d’expression, sans liberté de ton ! Pas d’art dérangeant et révolutionnaire possible quand les corbeaux de la cancel culture et du wokisme reposent sur les épaules des créateurs, surveillant leur moindre écart. Un nouveau souffle culturel est nécessaire pour libérer la culture de l’emprise politique. Christelle Morançais, présidente du Conseil Régional des pays de la Loire, a eu raison d’annoncer la fin des subventions régionales automatiques à la culture, évoquant « le monopole intouchable d’associations très politisées, qui vivent d’argent public ».     

Il est temps, par ailleurs, d’investir massivement dans l’éducation et l’avenir de nos enfants via l’école et le périscolaire. Nous en finirons avec le délire du wokisme municipal, qui se moque de l’état lamentable de certains établissements scolaires, mais n’hésite pas par exemple à supprimer un terrain de foot dans une cour de récré, au motif que ce serait un sport « sexiste ».

Toutes ces mesures simples et de bon sens sont attendues, nous en sommes persuadés, par une large majorité de Français. Il est temps d’en finir avec l’extrême gauche, synonyme d’insécurité, de déclin économique et de propagande wokiste permanente. Nos villes et leurs habitants valent la peine qu’on se batte pour eux.

Un colloque qui a eu lieu ailleurs…

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L’annulation au Collège de France du colloque « La Palestine et l’Europe » émeut les amoureux de la liberté d’expression. Pour les adversaires les plus résolus d’Israël c’est carrément la liberté académique qui aurait été assassinée (!). Mais l’évènement a finalement eu lieu ailleurs, et tous ses intervenants douteux ont pu dérouler leur rhétorique antisioniste et se victimiser.


Le 9 novembre, l’administrateur du Collège de France, Thomas Römer, a annulé un colloque sur la Palestine et l’Europe qui devait avoir lieu quelques jours plus tard, en rappelant, entre autres, qu’un débat scientifique doit assurer une pluralité d’analyses et de perspectives. Il y a eu après cette annulation des communiqués de protestation qui auraient impliqué plusieurs milliers de chercheurs. On ne savait pas qu’il y avait en France autant de spécialistes universitaires sur le sujet… 

La foire aux experts

Disons les choses simplement, la partialité absolue du colloque crevait les yeux et le nombre de protestations ne change rien à cette réalité. Tout indique que ce colloque visait à promouvoir un narratif anti-israélien, dans le cadre d’une stratégie communicationnelle élaborée. L’organisme coorganisateur était le Centre arabe de recherches et d’études politiques, le Carep, financé par le Doha Institute for Graduate Studies, fondé par Azmi Bushara, ancien député arabe à la Knesset, démis pour espionnage en faveur du Hezbollah et proche de l’émir du Qatar. C’est d’ailleurs ce centre, qui se prétend évidemment neutre et scientifique et qui est situé – ça ne s’invente pas ! – rue Raymond Aron à Paris, qui a hébergé le colloque qui y a eu lieu après l’annulation.

Pour optimiser un message, le poids symbolique de son lieu d’émission et le prestige de celui qui l’incarne sont d’une importance capitale. Pour le lieu, rien de mieux que le Collège de France, sommet de l’excellence académique. Quant au porteur du colloque, on a soudainement entendu dans les médias que le Professeur Henry Laurens, titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » du Collège de France et peu connu jusque-là dans le public, était la référence absolue sur le conflit israélo-palestinien.

Dans la fabrique de l’opinion, c’est Edward Bernays, double neveu de Sigmund Freud, qui, il y a cent ans, a montré l’importance de la parole des supposés experts, tels ces médecins qui poussaient alors les femmes à fumer parce que, entre autres, cela calmait les nerfs et permettait de maigrir. À l’époque du Covid, le délire de l’hydroxychloroquine a été porté par l’assertion absurde que le Professeur Raoult était unanimement reconnu comme le meilleur virologue du monde.

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Henry Laurens, un spécialiste du monde arabe qui ne connait pas le monde juif et ne veut pas le connaitre n’a invité à son colloque aucun historien ou politiste neutre ou un peu favorable à Israël. Dans ses livres une minutieuse documentation passe dans le lit de Procuste d’un filtre explicatif unique: Israël est la créature coloniale de l’Occident et rien d’autre ne compte. Interrogé le 23 octobre 2023, le Professeur Laurens qualifie l’accusation d’antisémitisme d’arme politique, souligne que les Palestiniens ont le droit de se défendre et avertit que le soutien de l’Occident à Israël va lui valoir dans le monde un ressentiment justifié. Quinze jours après les massacres du 7-Octobre qu’il juge implicitement comme une péripétie, il n’a aucun mot sur les victimes. S’il admet le terme d’atrocités pour les désigner, c’est toujours pour le mettre en regard d’un terrorisme israélien qualifié de structurel. En somme, Henry Laurens, c’est un Jean-Luc Mélenchon qui aurait obtenu une chaire au Collège de France. Denis Charbit, qui n’est pas un ultra-sioniste fanatique, démonte au scalpel sa rhétorique, aussi simpliste que biaisée.

Le mot colonial est un de ces termes figés qui servent à disqualifier l’adversaire en lui imposant une marque d’infamie qui ferme le débat. Mais que dire du mot génocide? Il était omniprésent dans l’intervention de Francesca Albanese, rapporteur des Droits de l’Homme aux Nations Unies, une des «guest stars» du colloque, dont les titres prestigieux  servent à promouvoir un narratif si odieusement anti-israélien qu’il a souvent été qualifié d’antisémite. Elle n’a pas droit à utiliser le terme de génocide sur lequel la Cour Internationale de Justice ne s’est pas encore prononcée, mais exploitant le prestige de sa fonction à l’ONU, elle le fait continuellement cherchant ainsi à flétrir Israël d’une étiquette ignominieuse qui a l’avantage supplémentaire de gommer la Shoah.

On trouve la même haine chez une autre vedette de ce colloque, Josep Borrell, ancien Haut-Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. Au micro de France Culture il reprend sans réserve les chiffres de mortalité à Gaza fournis par le fameux, mensonger et d’ailleurs inexistant Ministère de la Santé du Hamas. Il reproche à son interlocuteur de ne pas être capable de saisir un massacre d’une telle ampleur et quand celui-ci, le journaliste Guillaume Erner, lui rétorque poliment qu’il vient d’une famille qui a payé son tribut à la Shoah, Borrell s’emporte contre cette allusion à un passé dont il dit qu’il est révolu et politiquement manipulé. C’est d’ailleurs un des thèmes du colloque.

Malaise

Ceux qui à juste titre ont tiré la sonnette d’alarme, la LICRA entre autres, étaient mal à l’aise avec l’idée d’interdire un colloque universitaire, et de fait celui-ci n’a pas été interdit, il a été déplacé. Bien entendu, les protestations ont porté sur la sacro-sainte liberté d’expression, particulièrement importante dans le monde de la Science. Voilà qu’on en était revenu aux temps de Galilée et de l’Inquisition.

Il ne faut pas être naïf. Il y a eu des pseudo-colloques scientifiques en Allemagne nazie sur les théories raciales, il y en a eu en Union Soviétique pour soutenir les thèses de Lyssenko. Pour qu’il y ait science, il faut qu’il y ait débat et discussion sur les désaccords, ce que ne proposait aucunement le colloque de M. Laurens.

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L’accusation que l’on essaie de restreindre la liberté n’est pas toujours un sursaut moral, c’est parfois un moyen d’inverser la charge morale. Comme tel, c’est un efficace outil de communication politique.

Certains de ceux qui ont protesté contre l’annulation n’avaient en même temps pas de mots assez durs pour fustiger la moindre présence ou manifestation pouvant être considérée comme pro-israélienne ou pas suffisamment anti-israélienne, dans les universités, les salles de concert ou les terrains de sport.

Ils n’ont rien inventé. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, c’était déjà la devise de Saint Just, le théoricien de la Terreur révolutionnaire. Comme lui, certains des partisans de ce colloque s’arrogent le droit de définir eux-mêmes ce qu’est la liberté acceptable. Quant aux autres, ils prennent plaisir à rester dans le confortable mirage de l’illusion et de l’aveuglement.

Je suis un film noir

Philippe-Henri Rambaud recense avec esprit et légèreté un pan glorieux de notre patrimoine: le polar ! Des classiques du noir et blanc aux productions récentes, voici 100 Films policiers français à voir absolument.


Quelle régalade ! Une sélection érudite sans œillères, populaire et finaude. À compulser à la nuit tombée sous des draps chauds. Une large vue d’esprit qui ne cantonne pas le policier à sa veine névrotique ou psychologique, qui ne fait pas seulement la part belle aux réalisateurs choyés par la critique. Les 100 Films policiers français à voir absolument, doivent absolument prendre place dans votre bibliothèque entre Les Nouveaux Mystères de Paris de Léo Malet et l’intégrale d’A.D.G. L’auteur de cette somme digeste et détaillée s’appelle Philippe-Henri Rambaud. Il est le créateur du site filmpolicier.fr. Cet expert en GAV (garde à vue) et filature, au savoir livresque, connaît ses classiques mais ne se borne pas à une période précise. Même s’il reconnaît que « l’âge d’or » se situe dans les années 1950, 1960 et 1970, sa compilation court de la casbah de Pépé le Moko (1937) au chalet de Justine Triet (Anatomie d’une chute, 2023).

Comment a-t-il pu choisir arbitrairement dans des milliers de bobines ? Il fallait avant tout définir le sujet sans le phagocyter. « Pour simplifier, disons que le crime est la condition sine qua non du film policier », avance-t-il dans son introduction. Sa raison d’être. « Sans crime, pas de film policier », finit-il par trancher. Ils sont tous là, les primés, les ténébreux, les braqueurs du box-office, les godelureaux et même ce farceur de Claude Chabrol avec son Inspecteur Lavardin. Il y a les attendus, ceux qui ont la carte des cinéphiles agenouillés : Melville et son Stetson sortant de son studio de la rue Jenner, Clouzot et sa « bonne humeur » légendaire sur le plateau ou encore Corneau et sa Série noire en bandoulière. Les classiques du noir et blanc (Duvivier, Becker, Dassin, etc.), qui ont une parenté avec Les Confessions d’un enfant de La Chapelle d’Albert Simonin, font office de murs porteurs.

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Et puis, il y a ceux qui ont ressuscité le genre à partir des années 2000, les Cédric Jimenez, Olivier Marchal et Jean-François Richet avec leur goût pour l’action débridée et la violence scénarisée. Philippe-Henri Rambaud réussit parfaitement ce grand écart (pourtant casse-gueule sur le papier) des Tontons au Samouraï par une mise en fiche au style alerte. Les anecdotes ne sentent pas la naphtaline et l’analyse a le sérieux d’un amateur véritablement passionné.

Il y a aussi des surprises qui réjouissent les réfractaires de mon espèce. La présence du Corps de mon ennemi de Verneuil, adapté du roman de Félicien Marceau, œuvre majeure pour comprendre la mécanique de la revanche sociale. Flic ou Voyou de Lautner se distingue par l’écharpe blanche de Belmondo et son célèbre : « Vous direz à Monsieur Achille qu’elles ont très bon genre. » Sans oublier le tutélaire Tendre poulet de Philippe de Broca où la commissaire Tanquerelle mène l’enquête avec le professeur Lemercier. Même Le Grand Pardon d’Alexandre Arcady et Les Spécialistes de Patrice Leconte ont droit à leur chapitre. C’est un carton plein !

Les 100 Films policiers français à voir absolument, Philippe-Henri Rambaud, Mareuil, 2025. 366 pages

Mourir pour Kiev

Les propos tenus par le général Mandon devant les maires mardi soir offusquent nombre de commentateurs et les politiques capitulards. «On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou (…). Ce qu’il nous manque, et c’est là où vous avez un rôle majeur, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est (…) Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque» a affirmé le militaire. Elisabeth Lévy estime qu’il a raison: ne dit-on pas qui veut la paix prépare la guerre ?


Devons-nous nous préparer à voir nos enfants mourir à la guerre, comme le dit le général Mandon ? Tout le monde a retenu cette phrase parce que le mot « enfant » empêche de penser. Pourtant, le Chef d’état-major des armées (CEMA) n’a fait que développer, certes brutalement, l’idée que pour avoir la paix, il faut préparer la guerre. Ça s’appelle la dissuasion. Appliqué au présent, cela signifie que, si l’Europe est faible, Poutine pourrait, après l’Ukraine, attaquer frontalement des membres de l’OTAN (on pense aux pays baltes qui sont très inquiets). En tout cas, il s’y préparerait pour l’horizon 2030, selon les renseignements allemands. Dès lors que nous appartenons à cette alliance qui est la traduction militaire de la solidarité occidentale, si cela se produit nous serons automatiquement en guerre. Et une guerre, ça demande des soldats. D’où la volonté de rétablir le service militaire (sur une base volontaire) et de moderniser nos armées. Ce scénario est suffisamment plausible pour que plusieurs pays européens (comme l’Allemagne et la Belgique) songent aussi à rétablir la conscription. Tous l’avaient supprimé au tournant du XXIème siècle quand on croyait que la victoire de la démocratie libérale et du marché annonçait la fin de l’histoire.

Anti-macronistes primaires et capitulards

Mais devons-nous mourir pour Kiev ? Il ne s’agit pas de l’Ukraine, mais de savoir si nous pouvons tolérer qu’une puissance menaçante et impériale dicte ses volontés au continent. Et si nous sommes prêts à prendre le relais des Américains pour assurer notre sécurité. De plus, la Russie n’est pas la seule menace. Le djihadisme qui gangrène l’Afrique aussi.

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Le général Mandon s’inquiète que nous n’ayons plus la force d’âme pour nous défendre. Quand j’entends Philippot et Mélenchon dénoncer ce discours anxiogène qui vise à nous faire peur pour mieux nous asservir, je me dis que le CEMA a raison. Comme tous les pacifistes, ces capitulards pensent que c’est eux qui choisissent l’ennemi. Ils se trompent lourdement.

Nous sommes une génération privilégiée

Nous n’avons connu que la paix, si bien que nous pensons qu’elle est la norme et surtout qu’elle est un dû. Nous avons oublié que la guerre existe, et qu’un pays souverain doit être prêt à se défendre – donc à voir mourir certains de ses enfants. D’ailleurs n’oublions pas que beaucoup sont déjà morts au Mali ou ailleurs. Ceux qui demandent aujourd’hui s’il faut mourir pour Kiev ne sont pas prêts à mourir pour la France ni pour rien, sauf peut-être pour l’indexation de leur retraite.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale au micro de Patrick Roger

La nation, au défi d’une jeunesse francophobe

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L’enquête publiée mardi par l’ IFOP et Écran de veille confirme les diagnostics les plus pessimistes de tous ceux qu’on qualifiait jusqu’alors d’ « islamophobes » pour les faire taire. 38% des musulmans approuvent tout ou partie des positions islamistes intégristes, soit deux fois plus qu’en 1998 (19%). 67% des musulmans de moins de 25 ans prient quotidiennement, contre 26% en 1989 — un indicateur fort de la réislamisation en cours. Enfin, 46% estiment que la loi islamique (charia) doit être appliquée dans le pays où ils vivent (15% intégralement, 31% partiellement).


Les dénégationnistes ont l’air malin. J’ai souvent eu à faire à eux, lors de débats tournant autour des tensions identitaires causées par l’immigration extra-européenne. Le déni a toujours été leur argument. Il y a trente ans, mes contradicteurs sermonnaient : « On ne montre pas les banlieues du doigt ! ». Puis ce fut : « Les Français issus de l’immigration n’ont pas à s’intégrer puisqu’ils sont Français ! ». Il y eu aussi, plus récemment : « A 99,99%, les Français musulmans s’intègrent parfaitement ! ». Je passe sur les accusations en racisme, en islamophobie, en xénophobie que j’ai pu essuyer de la part des promoteurs du « vivre ensemble ».

Thomas Legrand (Libération) : « Les jeunes musulmans sur la pente réac… comme les autres »

Or, mardi, l’Ifop a rappelé quel était l’état d’esprit des jeunes musulmans (moins de 25 ans). Le registre n’est plus celui d’un prétendu fantasme : 42% ont de la sympathie pour les mouvements islamistes ; 57% placent la charia (loi islamique) avant les lois de la République. Ils rejettent en nombre la mixité, soutiennent le port du voile, etc. Bref, la photographie montre qu’une part majoritaire des jeunes musulmans refuse l’exemple français pour préférer un repliement identitaire. Non seulement cette population n’entend pas s’intégrer, mais elle est prête à soutenir une logique séparatiste construite sur un choc de civilisation. Quand Jean-Luc Mélenchon promet une société « créolisée », ces sondés font comprendre qu’ils ne veulent pas du métissage. Ces jeunes musulmans souhaitent, pour la France, une société islamisée. La question est donc de savoir s’ils ont encore leur place dans cette nation indésirable. L’hypothèse de leur possible émigration doit être posée.

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Un pays fracturé

Lutter contre les Frères musulmans et le totalitarisme islamiste revient à dénoncer préalablement ceux qui mentent sur l’infiltration djihadiste et qui contestent ses contaminations idéologiques. La France, telle qu’elle se montre, est bien ce pays fracturé sous l’effet d’une invasion arabo-musulmane. Pour partie, celle-ci a fait sécession. Elle cherche même querelle au pays colonisé à travers sa contre-société, elle-même liée à un narcotrafic promu notamment par la DZ Mafia algérienne. Seuls 7% des sondés se disent actuellement musulmans. Mais la part catholique des Français ne cesse de fondre (ils ne sont plus que 43%).

Si la somnolence des élites perdure, le basculement civilisationnel du pays est envisageable d’ici deux ou trois générations.

Pour avoir été de cette poignée d’observateurs qui, depuis des décennies, alertent sur l’aveuglement des dirigeants et des médias, je peux témoigner de la mauvaise foi de la classe politique et du conformisme des titulaires de la carte de presse, prêts à victimiser les nouvelles minorités. C’est d’ailleurs la posture choisie par le recteur de la Grande mosquée de Paris : commentant le sondage, Chems-Eddine Hafiz a estimé que cette radicalité de la jeunesse était la « réplique d’une humiliation durable ». La réalité est plus dramatique. Elle oblige l’Etat endormi à engager une guerre contre ceux qui prêchent la conquête et contre leurs bras armés. La déchéance de nationalité pour les binationaux qui récusent la France doit être débattue. La politique de l’autruche est l’alliée des nouveaux francophobes.

France-Australie: un « crash-test » pour les Bleus

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Les Français affrontent les Wallabies, samedi. Les hommes de Galthié seront-ils bondissants ou défaillants?


En vue de la Coupe du monde qui se disputera l’an prochain du 1er octobre au 13 novembre en Australie, le troisième et dernier match de la tournée d’automne que la France disputera samedi soir au Stade de France contre précisément la sélection australienne est d’un enjeu crucial pour elle. En effet, après leurs deux récentes contre-performances, une amère défaite méritée face à l’Afrique du sud (17-32) et une victoire peu convaincante à l’arrachée sur les Fidji (34-21), qui ont mis davantage en relief leurs lacunes que leurs vertus, cette rencontre prend pour les Bleus tournure d’un « crash-test[1] ».

S’il advient qu’ils perdent par un écart de 16 points (trois pénalités et un essai transformé), ils rétrocéderaient de la 5ème place au classement mondial à la 7ème ce qui les priverait d’être tête de poule. Conséquence fâcheuse, quelle que soit l’issue du tirage au sort de la composition de celles-ci le 3 décembre, ils se retrouveraient relégués dans un « groupe de la mort ».

Faites vos jeux !

D’emblée, en phase éliminatoire, la France serait amenée à se confronter pour accéder aux huitièmes de finale soit, au pire, à l’Afrique du sud, tenant du titre, devant laquelle elle vient de s’incliner, à la Nouvelle Zélande qui l’a battue chez elle à trois reprises lors de la tournée d’été, à l’Angleterre qui s’est imposée à elle d’un petit point (27-26) lors des Six nations, trois équipes respectivement 1ère, 2èmeet 3ème au classement mondial, ou au mieux à l’Irlande 4ème qu’elle a dominée (42-27) lors de ce même tournoi, voire l’Australie qui, 7ème, si elle gagne samedi soir va prendre la 5ème place à la France, ou enfin l’Argentine 6ème qui, sur leurs sept dernières confrontations, ne s’est imposée qu’une fois en juillet de l’an dernier chez elle par un 33 à 25.

Si ce cas de figure se vérifiait, l’ambition de Fabien Galthié, l’entraîneur-sélectionneur qui est d’offrir à la France sa première Coupe du monde, serait sérieusement hypothéquée. Elle a disputé trois finales, celle de la première édition en 1987, puis en 1999 et 2011, et chaque fois elle en est sortie bredouille. L’Afrique du sud en a conquis quatre dont deux consécutives, les deux dernières 2019 et 2023, la Nouvelle Zélande trois, l’Australie deux et l’Angleterre une.

Kangourous flagadas

Samedi soir, sur le papier, les Bleus feront figure de favoris. Les Wallabies (nom que tient l’Australie d’une espèce de petit kangourou qui est son emblème) ne sont pas au mieux de leur forme et donc loin de leur niveau d’antan. Ils n’ont seulement gagné qu’un match cette année contre le Japon sur un étriqué score 19 à 15. Et il ont perdu les trois matchs de cette tournée de suite, contre l’Irlande (46-19), l’Angleterre (25-7) et surtout contre l’Italie (26-19) qui n’est classée que 10ème, précédée à la 9ème place par l’Ecosse et à la 8ème par les Fidji. La 7ème, rappelons-le, est occupée par l’Australie qui très certainement sera mue par une volonté de réhabilitation face à des Bleus ébranlés.

A propos de ces derniers, le chroniqueur de Sud-Ouest, le quotidien de Bordeaux, Denys Kappès-Grangé, a remis sur le tapis une question récurrente. « Le rythme et le poids du Top 14 permettent-ils réellement de préparer les Bleus aux réalités du niveau international ? »

 « On sent les mecs fatigués », note dans le même article Guy Accoceberry, ancien demi de mêlée tricolore. Il est vrai qu’au niveau très exigeant du championnat national s’ajoutent pour les internationaux la Coupe d’Europe des clubs, le tournoi des Six nations et les tournées d’été et d’automne. Contre les Springboks (nom d’une gazelle bondissante emblème de l’Afrique du sud), les Bleus ont dévissé à partir de la 60ème minute alors qu’ils menaient aux points jusqu’alors. Face aux Fidji, ils ont assuré leur victoire qu’à dix minutes du coup de sifflet final après avoir débuté la rencontre en trombe marquant coup sur coup trois essais transformés. Puis se sont soudainement affaissés à partir de la 20ème minute, ont cumulé les fautes, ce qui a permis aux Fidjiens de revenir à égalité leur laissant entrevoir une possible victoire.

Donc sont-ils trop sollicités ces internationaux ? « Après trente minutes de jeu, souligne le journaliste de Sud-Ouest qui néanmoins réfute cette hypothèse avec force arguments statistiques, apparaissent la dégradation des qualités physiques, la baisse de la mobilité et des vitesses de replacement. » La cause de ces trous d’air serait à chercher ailleurs, suggère-t-il. Mais où ? Réponse samedi soir.

Si les Bleus l’emportent avec un certain panache, la question sera oubliée. S’ils sont vaincus même de peu, les acrimonieux pointeront le doigt accusateur vers Galthié. Mais il a l’habitude d’être mis à l’index sans que cela l’ébranle… en apparence. Ne dit-il à l’envi : « Perdre, ça nous aide à progresser. » Et avant la Coupe du Monde, il y aura les Six nations dont il espère réussir le doublé. Une excellente rampe de lancement pour celle-ci.

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[1] A partir de la fin des années 30 du siècle dernier, l’industrie automobile américaine a organisé des collisions en laboratoire pour tester la résistance des nouveaux modèles à mettre sur le marché afin de garantir la sécurité de leurs usagers. La banque en a repris la philosophie il y a une vingtaine d’années, là pour vérifier la solvabilité des établissements financiers en cas de choc économique. C’est dit en anglais bank-test. Le match de samedi s’inscrit dans cette logique…            

L’Espagne et le fantôme du Caudillo

Alors que l’Espagne continue de se déchirer autour de son passé autoritaire, un héritier inattendu est devenu la figure de proue d’un courant nostalgique: Louis-Alphonse de Bourbon, arrière-petit-fils de Franco. Il s’est imposé comme l’un des principaux porte-voix d’une mémoire franquiste que le gouvernement espagnol entend, lui, reléguer au musée des ombres.


À une trentaine de kilomètres de Madrid, la silhouette imposante du Valle de los Caídos domine la Sierra de Guadarrama, symbole visible et durable de l’Espagne franquiste. Ce colossal mausolée n’est pas seulement un lieu de culte ou un mémorial : c’est l’écrin choisi par Francisco Franco (1892-1975) pour inscrire sa légende dans la pierre et le marbre. Durant des décennies, des milliers de nostalgiques se sont rassemblés afin de commémorer celui qui reste, pour les Espagnols, le fossoyeur de la République.

Le 24 octobre 2019, les descendants du généralissime ont dû se résoudre à exhumer ses restes sous l’œil des médias nationaux et internationaux. Une longue bataille juridique les a opposés au gouvernement de coalition de gauche dirigé par le socialiste Pedro Sánchez, bien décidé à éradiquer anachroniquement tout ce qui reste de mémoire franquiste. En tête du cercueil, drapeau espagnol sur le veston, le prince Louis-Alphonse de Bourbon, 51 ans, qui s’est imposé dans la presse espagnole comme le plus fervent défenseur de la mémoire du dictateur, son arrière-grand-père maternel.

Photo: Marie-Béatrice Seillant

Un legs familial dans lequel ce prétendant au trône de France a été élevé, regrettant que le gouvernement actuel cherche à « effacer cet héritage » qui n’a eu que des bienfaits pour l’Espagne, selon lui. « Ils déboulonnent des statues, ils rebaptisent des rues. C’est impardonnable », s’agace Louis-Alphonse de Bourbon. « Franco a créé la bourgeoisie espagnole, il a créé des forêts, des réservoirs et des routes. Il était déterminé à ce que son pays n’entre pas en guerre et que le communisme ne s’installe pas », rappelle-t-il dans El Mundo. Mais, aux yeux du pouvoir socialiste, maintenir le corps du dictateur dans ce mausolée était incompatible avec une démocratie moderne et avec le « droit à la mémoire » des victimes.

« Bien sûr, il y a eu une guerre civile, mais il ne l’avait pas souhaitée. Il ne faut pas gommer l’Histoire », assure ce descendant du roi Louis XIV dans un autre entretien accordé à Paris Match. Un raccourci qui irrite ses opposants. Francisco Franco est issu d’un milieu militaire, d’un père noceur, d’une mère dévote. Il suit la tradition familiale, s’engage dans l’armée et gravit les échelons rapidement après avoir brillé sur les terrains nord-africains où il combat les rebelles marocains. Son style de commandement — brutal, méthodique, impitoyable — forge sa réputation comme lors de la répression de l’insurrection des mineurs des Asturies (1934), opération marquée par des bombardements, des tribunaux militaires expéditifs et des milliers de morts. Cet épisode renforce son prestige dans l’armée conservatrice, mais inquiète la Gauche qui domine vie politique de la Seconde république proclamée en 1931.

En 1936, après la victoire du Front populaire, Franco est nommé aux Canaries. De là, il rejoint la conspiration militaire visant à renverser le gouvernement. L’assassinat du monarchiste José Calvo Sotelo accélère le soulèvement en juillet de cette année. Très rapidement, il s’impose comme l’un des chefs les plus efficaces de cette rébellion. Avec l’appui décisif de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, il va mener une guerre longue et sanglante contre le camp républicain soutenu par l’URSS mais divisé en plusieurs factions. Proclamé chef de l’État et généralissime par la junte militaire, sous sa direction, l’armée nationaliste accumule rapidement les succès dans une guerre qui devient également internationale. La chute de Madrid en mars 1939 marque la fin du conflit, qui laisse plus de 500 000 morts et des centaines de milliers d’exilés, une blessure profonde pour des générations à venir.

Il instaura ensuite un régime autoritaire et policier dont il fut le chef d’État jusqu’à son décès, le 20 novembre 1975. Son pouvoir se caractérisa par une répression politique, une centralisation de l’État, une collusion avec l’Église catholique et sa décision de rester neutre pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin du conflit, l’Espagne va osciller entre ouverture économique, stabilisation politique et isolement diplomatique puis normalisation internationale au prix d’un régime non démocratique – guerre froide oblige.

« L’œuvre de mon arrière-grand-père Franco est toujours là, ses réalisations continuent de nous profiter », renchérit Louis-Alphonse de Bourbon dans un entretien au journal El Mundo (2024). Il a pris la tête de la présidence d’honneur de la Fondation Francisco Franco, aujourd’hui dans le viseur de la coalition gouvernementale qui s’attaque à tout ce qui rappelle le franquisme et qui s’appuie sur la loi sur la mémoire historique mise en place en 2007 qui condamne de facto toute apologie du régime franquiste. Rues débaptisées, enquête sur les biens acquis par la famille Franco sous la dictature, abrogation des titres de noblesse octroyés par Franco à ses proches, en récompense de leur héroïsme durant la guerre civile, Pedro Sánchez a même fait supprimer le duché de Franco (pourtant une création du roi Juan-Carlos Ier lors de son accession au trône) détenue par la mère de Louis-Alphonse de Bourbon, Carmen Martínez-Bordiú y Franco, épouse de feu le prince Alphonse de Bourbon (1936-1989) et un temps candidat au trône d’Espagne. Le « bisnieto » tient à préciser que son arrière-grand-père « lui,  n’a jamais tenter d’effacer l’histoire » de son vivant.

Pour les nostalgiques qui fêtent le 50e anniversaire de la mort de Franco, Louis-Alphonse de Bourbon est autant leur prince bleu que leur roi légitime (une décision du roi Alphonse XIII a privé sa branche du trône d’Espagne en 1933 au profit de la cadette régnant aujourd’hui sur l’Espagne) comme certains l’ont crié avec ferveur à la Vallée de Los Caidos, alors que le prince descendait les marches du mausolée sous les bras tendus des franquistes (2018). Le bilan du régime défunt fait débat, mais compte encore de nombreux aficionados, notamment parmi la Gen Z. Selon un récent sondage CIS, plus de 23% des Espagnols considèrent les années Franco comme « bonnes » ou « très bonnes », un chiffre quasi-identique chez les 18-24 ans qui ont une opinion positive de la dictature, jugeant que la démocratie est une institution « bien pire » aujourd’hui. Pour ces néo-franquistes, Louis-Alphonse de Bourbon incarne une part de l’Espagne traditionaliste qui se sent menacée par les évolutions sociétales et identitaires du pays, et trouve dans le passé un refuge.

Bien qu’une part importante de la population soit née après l’instauration de transition démocratique, elle reste séduite par des discours rappelant cette période où régnaient sécurité et fierté patriotique. Un sentiment de confort alors que le pays est la proie de crises diverses qui ont même touché au cœur de la maison Bourbon et qui fragilise le royaume. Une institution monarchique qui doit son retour grâce à Franco. C’est lui qui a pris la décision de la restaurer. « La monarchie a été rétablie par le général Franco. C’est ce que l’histoire retiendra », dit Louis-Alphonse de Bourbon, un brin amer, déçu de voir que le roi Felipe VI ne s’est pas levé pour protéger la mémoire du généralissime. Il met cependant en garde contre ce qu’il considère comme un projet politique : selon lui, les attaques contre Franco sont aussi des attaques contre la monarchie espagnole et l’Église catholique. Deux institutions à qui il a juré fidélité lors de son service militaire.

Père de 4 enfants, marié à Margarita Vargas (fille du principal banquier du régime vénézuélien), Louis-Alphonse de Bourbon participe chaque année à une messe en hommage au Caudillo avec les membres de sa famille. « Je me dois d’être fidèle à la mémoire de mon arrière-grand-père, si injustement attaqué. Il fut un grand soldat et un grand homme d’État, animé avant tout par sa foi chrétienne profonde et son amour pour l’Espagne » explique le duc d’Anjou, titre qu’il porte lorsqu’il est en France parmi ses partisans (les Légitimistes). « Défendre sa mémoire fait partie intégrante de ma conception de l’honneur et de la loyauté », assume celui qui est proche de Vox, parti politique conservateur, et ami personnel de son leader Santiago Abascal, 

Au terme de cette bataille mémorielle, une évidence demeure : Franco continue de diviser l’Espagne parce que son héritage n’a jamais été réellement soldé. Face à un gouvernement qui veut effacer les derniers vestiges du franquisme, Louis-Alphonse de Bourbon oppose la fidélité d’un héritier convaincu de défendre un pan légitime de l’histoire nationale. Pour ses partisans, il est la voix courageuse d’une mémoire qu’on veut museler ; pour ses opposants, l’ombre tenace d’un passé autoritaire. Mais son engagement révèle surtout une Espagne encore incapable de parler d’une seule voix. Tant que les récits resteront inconciliables, le fantôme du Caudillo continuera de hanter le débat public, et le prince des Franco restera, à son corps défendant ou non, le visage d’un passé que certains chérissent et que d’autres veulent définitivement enterrer.

La révolution doit être à droite…

Notre chroniqueur veut que Bruno Retailleau (65 ans aujourd’hui) et la droite de gouvernement ruent dans les brancards et répudient toute tiédeur. Quitte à s’inspirer du président argentin Javier Milei pour enfin sortir les honnêtes citoyens du maquis administratif ?


La révolution, semeuse de mort et coupeuse de têtes, ne fait plus rêver, à l’exception de quelques idéologues nostalgiques ayant le goût du sang. On se souvient aussi qu’Emmanuel Macron avait écrit, dans les promesses inaugurales de tout pouvoir, un livre intitulé Révolution, dont, au fil des mandats, il ne subsiste guère que le titre : le fond et les engagements se sont vite évaporés.

Malgré les terribles ou décevantes désillusions qu’a connues l’idée révolutionnaire, il est permis de considérer que, sur les plans intellectuel et politique, il reste non seulement possible, mais aussi nécessaire, de s’en réclamer pour donner une véritable ambition et une réelle nouveauté à un programme.

Renverser la table

Je songe à celui qui devra, sans trop tarder, donner à la droite classique — républicaine, si l’on veut user de cet adjectif passe-partout — son assise, sa force et son originalité. Récemment, j’ai été frappé par la réflexion d’un responsable de LR soulignant que la seule manière, pour ce parti, de se distinguer serait de sortir de la banalité des projets et, au contraire, de provoquer et de « renverser la table ». Agir autrement reviendrait à se fondre dans une masse au sein de laquelle les identités du camp conservateur, largement entendu, ne seraient plus vraiment discernables.

En effet, si l’on demeure dans le registre de propositions certes antagonistes mais guère bouleversantes — beaucoup moins de rupture que de continuation plus ou moins corrigée ou infléchie — la droite, même enfin dirigée par un homme de conviction, de courage et de moralité, Bruno Retailleau (qui, heureusement, n’a rien renié), aura du mal à se dégager du marais.

Elle risquera, par exemple, d’encourir le reproche d’être trop faible, par rapport au RN, sur le régalien, l’immigration ou le social, et donc de pâtir de la comparaison. Avec la difficulté supplémentaire que l’extrémisme même du RN, en se lissant et en s’assouplissant, donnera de la droite une image encore plus affadie.

Il faut que cette dernière, dans le fond comme dans la forme, rue dans les brancards, répudie toute tiédeur et n’hésite plus à formuler des pistes provocatrices. Non qu’elles puissent, dans l’état actuel, être immédiatement empruntées, mais afin qu’elles servent au moins de visée et d’aiguillon, pour être un jour opératoires.

Si je suis évidemment plus sensible à certains domaines qu’à d’autres — outre le secteur judiciaire — je serais enclin à privilégier, pour les transformations révolutionnaires, la vie et le régime des entreprises, la sphère de la culture et ce que je pourrais appeler les absurdités parfois insurmontables de l’univers administratif kafkaïen, avec des quotidiennetés bouleversées par la méprise, l’erreur ou la fraude.

Afuera !

Suivre aveuglément le afuera du président argentin n’aurait pas de sens, mais il a ouvert un chemin que nous aurions dû parcourir depuis longtemps : celui de la suppression de quelques ministères et d’un certain nombre de fonctions plus honorifiques ou nuisibles qu’utiles. En effet, le ministère, dans sa structure de base, amplifie la bureaucratie, élève mille obstacles entre la conception et l’exécution et fige un personnel qui serait plus efficace dans des circuits plus industrieux.

Puisque je me suis assigné l’envie de surprendre, on comprendra que je ne serais pas hostile à l’effacement de deux fonctions : le juge des enfants et le juge de l’application des peines, car la première se veut étrangère au pénal et la seconde le dénature et le détruit.

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J’accepterais la métamorphose d’un Conseil supérieur de la magistrature, aujourd’hui judiciaire et autarcique, en un Conseil de pluralisme politique qui garantirait mieux, par ses contradictions et ses évaluations, la sélection des meilleurs et la mise à l’écart des pires.

Une responsabilité accrue de la magistrature aurait mon assentiment. Elle pourrait aller jusqu’à incriminer des pratiques et des décisions tellement aberrantes qu’elles ne seraient plus protégées ni concernées par les voies de recours.

Surtout, en matière pénale, je privilégierais l’objectivation des infractions, plutôt que leur atténuation liée à l’individualisation des peines. Un tel système éviterait ce sentiment permanent de « deux poids, deux mesures ».

Pour la procédure, il me semble qu’il conviendrait, afin de remettre du bon sens dans un monde où la sophistication, les lenteurs et les excès d’une présomption d’innocence souvent contredite par le réel immédiat font des ravages, de distinguer ce qui est certain et incontestable — quelle que soit la nature de l’affaire, elle serait jugée dans les plus brefs délais — de ce qui demeure obscur et complexe, et qui relèverait alors de la compétence des juges d’instruction. En tout cas, on ne laisserait plus traîner durant des mois ou des années des dossiers dont la solution crevait immédiatement les yeux et l’esprit par leurs évidences.

Plus on réclame la simplification, plus la complexité s’accroît

On comprendra pourquoi, en conséquence de ces transformations, je serais prêt à aller plus loin, à créer un désert en haut pour au contraire favoriser la richesse et l’inventivité judiciaires partout, sur l’ensemble du territoire national. Aussi, pour la place Vendôme et l’État de droit, j’oserais suggérer la disparition du ministère, afin de faire échapper la Justice à un centralisme stérilisant, au lieu de la laisser être vivifiée par une infinité de pratiques et d’adaptations. Il est clair que, si les magistrats sont absolument nécessaires, la bureaucratie et les orientations que la politique croit devoir imposer ne le sont pas…

Au risque d’offenser le milieu — tous les artistes, réels ou prétendus, qu’il subventionne, et les parasites qu’il nourrit — le ministère de la Culture pourrait être aisément remplacé par une politique d’aide et de confiance mise en œuvre dans les provinces et dans les mille lieux de création qui n’ont pas besoin de la rue de Valois ni de la condescendance parisienne pour s’épanouir.

Ce n’est pas parce que je ne suis pas un spécialiste de l’économie, de la finance ou de notre tissu entrepreneurial — modeste, moyen ou colossal — que je ne suis pas au fait, grâce aux mille témoignages recueillis, des difficultés et des dysfonctionnements que le fil du temps et les gouvernements ne cessent d’aggraver. Plus on réclame la simplification, plus la complexité s’accroît !

En particulier, qu’une entreprise veuille faire preuve de générosité, favoriser une cause humanitaire, aider une personne ou soutenir un projet méritant, elle devra passer par mille filtres, rendre des comptes avant, se justifier après. La plaie est que, désormais, tout est suspecté par principe, même l’envie de faire le bien ! L’inquisition, l’étouffement et la méfiance président à ce qui, il y a longtemps, était accueilli à cœur ouvert.

Un contrôle poussé à ce point entrave, il ne libère pas. Les entrepreneurs sont des héros. Et les tentations d’afuera trouveraient dans cet univers un terrain de prédilection !

Je souhaiterais attirer l’attention de la droite du futur sur un dernier élément qui rend fous les Français qui y sont confrontés. Je pense à tous ces hasards malheureux de l’existence dont on est un jour victime et qui, pour être réglés — à supposer qu’ils le soient — durent des années. J’ai tant d’exemples en tête.

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Ainsi, il suffit qu’un jour quelqu’un se voie dérober ses papiers d’identité, son permis de conduire, son chéquier, sa carte bleue, pour que son existence bascule. Durant un an, à la tête de la section bancaire à Paris, j’ai systématiquement, dès réception d’une plainte, pour éviter l’enfer administratif et quotidien aux victimes, signalé partout — aux administrations comme aux services publics — qu’une identité avait été usurpée et qu’il ne fallait pas prendre le plaignant pour le coupable.

Sans forfanterie, cette pratique a permis à un grand nombre de personnes de respirer, de s’apaiser.

Autre exemple lu dans la presse : parce qu’on s’est trompé de nom, une société est mise en liquidation judiciaire. Depuis deux ans, la lutte pour rectifier cette erreur ne mène à rien. On contraint des citoyens honnêtes, qui ont subi un préjudice extraordinaire, à passer par les voies ordinaires. Et ils désespèrent !

Je pourrais citer d’autres péripéties de ce type, qui sont tout sauf dérisoires, tant par l’incommodité qu’elles créent que par le désarroi qu’elles engendrent. Ce serait un honneur, pour une droite de compassion et d’action, d’inventer une fonction de facilitateur, de régulateur : une personnalité chargée de toutes ces misères parfois inextricables qui ruinent trop souvent la vie des gens modestes.

Elle n’aurait qu’une mission : sortir ces affaires du maquis administratif et judiciaire pour leur trouver, sur-le-champ, une solution. Ce ne serait pas une mince embellie dans le climat démocratique.

On n’a pas seulement besoin de gardiens sourcilleux pour surveiller et dénoncer, mais d’auxiliaires et de relais efficaces pour secourir.

J’ai posé sur la table quelques fragments pour une droite en révolution, pour la révolution de la droite. Elle est plus à même que quiconque de tenir ce beau pari : un extrémisme sans haine, une radicalité sans violence, un nouveau monde sans exclus, une politique sans trahison.

Lutte contre le narcotrafic: cherchez l’erreur

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Gérald Darmanin et Laurent Nunez à Marseille, hier © Frederic Munsch/SIPA

Un oubli stupéfiant


À les entendre, on va voir ce qu’on va voir. Les caïds, les papes et les sous papes du commerce de ces armes de destruction massive que sont la cocaïne, l’héroïne, le crack, j’en passe et des meilleurs, n’étant pas du tout spécialiste de la chose. Et puis quand bien même, avant d’en avoir terminé avec une liste qui se voudrait exhaustive, des éprouvettes de ces alchimistes de la mort seraient sortis trois ou quatre nouveaux dérivés d’opiacés jusqu’alors inconnus sur le marché. Car, s’il y a bien un domaine où on n’arrête pas le progrès, où l’innovation est reine, c’est bien celui-ci.

On ne compte plus les morts, on ne compte plus les zombies décérébrés à force de came, les morts au champ d’horreur du trafic et des règlements de compte. Pas plus qu’on ne parvient vraiment à compter les milliards que cela rapporte. Le budget de certains Etats de la planète font, paraît-il, très pâle figure en comparaison. On en est là. Des milliards, de quoi acheter les consciences, corrompre tout ce qu’il y a de corruptible parmi le genre humain. C’est-à-dire à peu près tout le monde…

Mais voilà bien que ces jours-ci, les sommités de l’État consentent à sortir de leur torpeur et, comme je vous le disais en commençant, jurent-elles leurs grands dieux : « On va voir ce qu’on va voir ». Voilà  ce qu’elles nous annoncent, bravaches, menaçantes, terribles. Juré-craché, voilà qu’elles partent en croisade comme jamais contre les trafiquants, gros ou moins gros, les dealers blanchis sous le harnais ou encore en couche culotte, les consommateurs des bas-fonds comme des beaux quartiers, des bordels clandestins comme des ministères (mais si, mais si…) Bref toute la chaîne est dans le collimateur. On ne rigole plus ! Jusqu’alors la croisade contre la poudre à sniffer n’a été que de la poudre aux yeux, mais ces temps-là sont résolus. Puisqu’on vous le dit ! La France se mobilise, l’Europe entière se mobilise. La guerre est déclarée.

Quelle tartufferie ! Jusqu’à quand ces gens continueront-ils à se foutre de notre gueule sur des sujets aussi graves que celui-là !

La guerre au narcotrafic, prétendent-ils ? Ah oui, quelle guerre ?…

Peut-être conviendrait-il de commencer par le commencement. S’en prendre aux pays producteurs en exigeant qu’ils éradiquent de leurs territoires jusqu’à la moindre production de ce genre, cela en préalable à toute discussion diplomatique ou commerciale. On les connaît, ces pays de cocagne mortelle. Pour une bonne part, ils sont à chercher en Amérique du Sud. Parmi les premiers pays producteurs de la planète ne trouve-t-on pas en effet, le Pérou, la Colombie, la Bolivie, le Guyana, le Brésil…

Au cas où vous auriez du mal à retenir cette liste, pas de souci. Vous n’aurez qu’à vous reporter à celle des pays devant lesquels l’Europe – notre belle et grande Europe – s’empresse de dérouler le très juteux tapis rouge de la grande foire libre-échangiste, le Mercosur. Vous y retrouverez les mêmes noms, les mêmes pays…

Comme dirait l’autre, cherchez l’erreur.

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Un J. D. Vance bien de chez nous

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Alexandre Avril. Wikimedia.

Alexandre Avril est maire de Salbris depuis 2020. À la tête de cette commune du Loir-et-Cher de 5000 âmes, ce trentenaire intello, ex-LR rallié à Éric Ciotti, embellit l’espace public, sécurise la vie de ses administrés et défend un esprit vieille France. Pour les progressistes de la capitale, c’est la signature d’un dangereux néoréactionnaire.


À mi-chemin entre Lamotte-Beuvron et Vierzon, Salbris, deux minutes d’arrêt. À peine sorti du TER, une vision enchanteresse accroche le regard. Comme échappé d’un songe péguyste, une immense nef païenne en bois flambant neuve a été construite devant la gare. Dessiné par le maire de la ville en personne, c’est le nouveau marché municipal, arborant blasons et poutres apparentes pour mieux ressusciter les halles couvertes que rasaient les maires – fameux « bâtisseurs » – des Trente Glorieuses.

Alexandre Avril intrigue

Jadis cité industrielle, Salbris, 5 000 habitants, a connu la gloire des usines Matra et des missiles. Elle est à présent l’un de ces appendices excentrés du Bassin parisien, où se réfugie une classe moyenne qui ne se sent plus tout à fait chez elle dans les banlieues proches de la capitale. Une commune que le sociologue Jérôme Fourquet et le romancier Nicolas Mathieu auraient dû inventer si elle n’avait pas existé. Elle passionne les Rouletabille de la presse politique parisienne. Monsieur le maire, Alexandre Avril, intrigue.

La une de Libé en mars dernier, des enquêtes accablantes dans L’Humanité et dans Mediapart : les médias de gauche dépeignent l’édile en dangereux symbole du vent mauvais néoréactionnaire qui souffle sur la France. Il faut dire que le jeune homme de 33 ans porte la veste en tweed comme personne et qu’il commente régulièrement l’actualité sur Europe 1 et CNews.

Alexandre Avril a conquis la mairie de Salbris en 2020, lors d’un scrutin où la plupart de ses pairs ont été reconduits au bénéfice du confinement et de l’abstention. Ancien cadre LR aujourd’hui vice-président du parti d’Éric Ciotti, il siège avec le RN au conseil régional et brille par ses méthodes bardelliennes de communication numérique, qui conjuguent stories Instagram à la chaîne et expressions de grand-mère du genre « Par Toutatis le ciel nous est tombé sur la tête ».

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Comment les Salbrissiens jugent-ils son activisme ? Réponses pêchées dans un café situé face à l’hôtel de ville, où la déco vous plonge en pleines fifties – cuisine familiale, nappes à carreaux, néons d’anthologie… Jean-Yves, tenancier mi-nostalgique mi-dévot de l’établissement baptisé « Saint Yves », ouvre le procès en canonisation du maire. « Alexandre a redressé les comptes de la mairie et fait sortir des projets des cartons », assure-t-il. Deux clients habitués abondent : « Il met des pots de fleurs et des caméras et des policiers municipaux, qui protègent nos maisons quand on part en vacances », notamment des « bandes de jeunes venus de Paris ».

Bien sûr tout le monde n’est pas d’accord. Autour du zinc, d’autres administrés décrivent un maire « trop autoritaire », qui fait « de la com non-stop avec des jardinières partout » et se focalise sur le centre-ville au détriment des « quartiers extérieurs ». Tous lui reconnaissent cependant son dynamisme. « Qu’on l’aime ou pas, résume un habitué, il fait des trucs. »

Redressement productif

Parmi les « trucs » réalisés par Alexandre Avril : l’implantation récente d’une usine alimentaire innovante. Le concept est original. Ici on prépare des produits de boucherie à partir de venaisons achetées aux équipages de la région. « L’essentiel des animaux chassés dans notre pays sont jetés et 90 % du gibier consommé est importé, c’est une aberration qu’il faut corriger », explique le maire, qui a joué les entremetteurs pour aider la start-up L’Atelier du Loup à lever 5 millions d’euros, notamment auprès de diverses grandes fortunes possédant des propriétés dans le coin.

Cependant, si Alexandre Avril inquiète tant dans les rédactions progressistes parisiennes, ce n’est pas à cause de ses ambitions de redressement productif dans le Loir-et-Cher. C’est l’intellectuel brillant qui fait peur. Issu d’un milieu simple, il a réussi le concours de la Rue d’Ulm, décroché un diplôme de droit à la Sorbonne, fait HEC et rédigé une thèse sur les correspondances entre Nietzsche et René Girard. Pire encore, il aimerait faire souffler sur son terroir l’esprit des hauteurs, façon colline de Sion en Lorraine.

À la guerre culturelle comme à la guerre, on le retrouve un soir d’été dans un manoir de brique rouge, un de ces châteaux bourgeois dont les ploutocrates du xixe couvraient solennellement leurs terrains de chasse et bords lacustres. Un internat catholique y est désormais installé, premier-né des académies Saint-Louis, ces « Eton à la française » financés en partie par le richissime Pierre-Édouard Stérin. Accueillant depuis la rentrée une soixantaine de collégiens, on y dispense une éducation pré-soixante-huitarde non mixte, avec du latin, de l’aviron sur le gigantesque plan d’eau et des cours de théâtre dans une grange transformée en splendide salle de spectacle. Un lieu de « formation pour une nouvelle élite réactionnaire » fulmine Libération.

Rien de terrifiant sur place pourtant. Le directeur, ancien cadre de l’enseignement privé sous contrat, plusieurs années de métier, passionné d’instruction et de pédagogie nous fait visiter l’amphithéâtre, discute de l’oralité dans les cursus scolaires et des options à la mode dans certains lycées parisiens. Comme la combine politique paraît loin !

Puy du Fou du pauvre

À Salbris, le clou du spectacle est un spectacle intitulé « Salera ». Une reconstitution de la guerre des Gaules lancée par le maire en 2023, avec chars, gladiateurs, druides tatoués, jeux pour enfants et marchés d’artisans dont on sort le sac rempli de savons celtiques et d’hydromel IPA local. Qu’importe que les mauvaises langues de Libération y voient, avec leur habituelle pointe de racisme social, « un Puy du Fou du pauvre », l’édition 2025 a fait le plein avec un mélange baroque d’autochtones solognots fumeurs de Gitane et de résidents secondaires en pantalons rose saumon.

Résumons. Des origines modestes, des études hors norme, une parfaite maîtrise des réseaux sociaux, quelques milliardaires dans son carnet d’adresses, une proximité assumée avec la religion catholique et un certain talent pour réenchanter sa province désindustrialisée : Alexandre Avril a quelque chose d’un J. D. Vance à la française, ressemblance physique en prime. Pour l’instant les jardinières, l’usine de gibier, l’internat élitiste, le festival historique populaire. Et demain ? Ad Augusta per angusta. Selon Le Nouvel Obs, Pierre-Édouard Stérin envisage de pousser sa candidature aux élections présidentielles de… 2032.

En finir avec la gauche radicale dans nos mairies

La maire socialiste de Nantes Johanna Rolland, image d'archive © SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA

Lyon, Grenoble, Bordeaux, Poitiers… À quelques mois des prochaines élections municipales, il est temps de dresser le bilan calamiteux des majorités d’extrême gauche qui sévissent depuis cinq ans — ou parfois beaucoup plus comme à Nantes— , dans nos grandes villes.


Les élections municipales de 2020, qui ont connu une participation historiquement faible en raison de la pandémie de Covid, ont vu la victoire surprise de la gauche et de ses alliés d’extrême gauche dans un grand nombre de grandes villes françaises, dont Grenoble, Poitiers, Annecy, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, et tant d’autres.

À Nantes, où le PS tient la ville depuis près de quarante ans, la maire Johanna Rolland, numéro 2 d’un PS en perte de vitesse, n’a pas hésité à s’allier avec le pire de la gauche radicale pour sauver son siège. Les Nantaises et les Nantais paient cette trahison au prix fort avec notamment une insécurité endémique, une circulation impossible, des commerces en difficulté croissante, et une dette colossale de la ville. La situation est si grave que la ville est devenue le symbole national du fiasco de la gauche radicale : « nous ne voulons pas devenir comme Nantes », entend-on partout dans l’hexagone. Mais la maire de Nantes n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Son projet pour la prochaine mandature ? Faire de Nantes « une ville refuge des exilés (OQTF welcome), quelle que soit leur situation administrative (appel clair à ne pas respecter la loi)».    

Bilans catastrophiques

À quelques mois des prochaines élections municipales, l’heure est au bilan de ces majorités d’extrême gauche qui sévissent depuis cinq ans, hostiles aux valeurs républicaines les plus élémentaires jadis partagées par la gauche. A Bordeaux, ville calme et florissante depuis des décennies sous la gouvernance de Chaban puis de Juppé, il aura suffi d’un seul mandat du maire EELV Pierre Hurmic (et de ses alliés anti-laïcité, anti-flic, anti-capitaliste, anti-voiture, mais pro Hamas et pro wokisme…) pour voir exploser les liquidations judiciaires des commerces du centre-ville. Plus 40% en un an, comme l’a souligné récemment la CCI de la Gironde ! L’impossibilité de circuler et de se garer dans la ville, combinée à l’explosion des atteintes aux personnes et aux biens, a transformé Bordeaux la paisible en zone de non-droit, à l’image de Nantes et Grenoble, comme le soulignait encore la CCI locale.

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Partout où l’extrême gauche sévit, le bilan de ces majorités clientélistes et peu ou prou le même : catastrophique. Les habitants se sentent abandonnés, les commerçants méprisés, les incivilités sont devenues monnaie courante, et pire que tout, les femmes ne se sentent plus en sécurité quand elles marchent dans les rues. Dans une séquence hallucinante d’un récent Conseil municipal de Bordeaux, Thomas Cazenave, élu d’opposition centriste, s’est vu qualifié de « trumpiste » par le maire écologiste. Son crime ? Avoir souligné l’insécurité délirante qui règne dans la ville, et demandé le rétablissement de l’éclairage public la nuit, ainsi que le doublement des effectifs de la police municipale. Ces mesures de bon sens, destinées à protéger les habitants d’individus dangereux, sont aujourd’hui qualifiées de « politiques d’extrême droite » par les idéologues de la gauche radicale. Confrontée aux conséquences désastreuses de son angélisme et de son communautarisme, la gauche radicale ne connaît qu’une réponse : traiter de « trumpiste » ou de « facho » ceux qui se soucient de la sécurité de leurs concitoyens. Partout en France, ces attaques nauséabondes, qui ne correspondent à aucune réalité, sont subies au quotidien par les élus d’opposition qui osent s’attaquer à la démagogie de l’extrême gauche, et à son sentiment de supériorité morale. Les Français ne sont pas dupes, et ils le feront savoir dans les urnes en mars prochain.  

Il est temps d’en finir partout en France avec cette gauche radicale municipale, qui a renoncé à la sécurité et au bien-être de ses administrés pour celui de ses propres intérêts. Leur unique ambition : rester en place coûte que coûte, quitte à s’allier avec les antirépublicains les plus infréquentables.

Cadres de vie : la dégringolade

Comme nous le faisons à Nantes, il est urgent que tous les candidats aux municipales qui aiment la France et ses valeurs, qui aiment leur ville, qui refusent l’insécurité et le clientélisme, s’unissent dès le premier tour pour mettre fin au déclassement sans fin des villes de France tombées entre les mains de l’extrême gauche. À titre d’exemple, dans le classement des « villes où il fait bon vivre », Nantes était 2e ville française en 2014 (date de l’élection de Johanna Rolland). Elle est désormais 47e en 2025, plus célèbre pour son centre-ville coupe-gorge que pour son attractivité. Lyon déjà mal en point avec la 56e place en 2020, date de l’élection de l’écologiste Grégory Doucet, est désormais 79e en 2025… Il ne s’agit plus de déclassement mais d’effondrement.

La victoire est possible dans toutes ces villes abîmées par la gauche radicale à condition de proposer un programme alternatif puissant, rationnel et rassembleur. Une élection municipale n’est pas une affaire d’étiquette politique, et n’a donc rien à voir avec des législatives ou une élection présidentielle. L’élection d’un maire est celle d’un habitant parmi les habitants, amoureux de sa ville, qui n’a d’autre objectif que la quiétude et la prospérité de ses habitants. Un bon maire n’est pas l’homme d’un clan ou d’une communauté, mais un élu au service de tous, travaillant sept jours sur sept, toujours à portée d’engueulade de ses administrés. Comme le dit souvent David Lisnard, Président de l’Association des Maires de France et Maire de Cannes, « être maire, c’est le plus beau des mandats ». Le plus difficile et exigeant aussi.

Empêcher la gauche radicale de poursuivre son travail de destruction rapide et méthodique de nos grandes villes est une urgence existentielle pour la France. Quelques mesures de bon sens, qui ne sont par définition ni de gauche ni de droite, mais qui sont réclamés par la majorité de nos concitoyens, doivent être au cœur de nos programmes.

Il est temps d’en finir avec l’aveuglement de la gauche qui refuse de voir l’ensauvagement de la société. Nos concitoyens réclament pour eux et pour leurs enfants plus de sécurité, et une présence policière visible. Il est urgent d’augmenter les effectifs de la police municipale, d’armer ces policiers, et de doter nos villes de système de vidéosurveillance à la hauteur. Ce que refuse de faire la gauche, refusant même des CRA (centre de rétention administrative) pour les délinquants, souvent multirécidivistes, qui n’ont rien à faire sur notre territoire. En finir avec l’angélisme nécessite également de couper les vivres aux délinquants. L’argent public n’a pas à subventionner ceux qui détruisent la société : priver d’allocations et de logements sociaux les grands délinquants et dealers condamnés est une urgente nécessité.    

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Sur le plan économique, il n’est plus possible de poursuivre des politiques pseudo-écolo qui coûtent une fortune, étranglent les commerces de nos centres-villes en grevant le financement des urgences véritables. Les ZFE, ces « zones de fortes exclusions », qui empêchent les pauvres de circuler en voiture, doivent être abrogées ou adaptées aux citoyens les plus modestes. Il est possible de concilier mobilité douce et liberté de circuler.

Autre mesure de bon sens, un maire qui aime la République, — et qu’est-ce qu’une ville si ce n’est une petite république ? —, ne peut pas accepter de financer des associations antirépublicaines avec l’argent public. Un seul exemple, la maire de Nantes, une semaine après le pogrom du 7-Octobre en Israël, faisait voter une subvention à « France Palestine », une association islamogauchiste qui voit le Hamas comme des « militants de la paix ». Ce genre de subventions, dont on pourrait donner des milliers exemples à travers le pays, payés par les impôts des Français, ne doivent plus exister.

Christelle Morançais, en pointe dans la bataille culturelle

Sur le plan culturel, il est temps d’en finir avec la propagande aux frais du contribuable. Les budgets municipaux dédiés à l’art, aux artistes et aux établissements culturels, ne sont pas des chèques en échange de bulletin de votes. Défendons une culture de la liberté et du pluralisme, loin des oukases du tribunal de la bien-pensance. On ne fait pas de l’art avec des bons sentiments. Pas de culture forte et puissante sans liberté d’expression, sans liberté de ton ! Pas d’art dérangeant et révolutionnaire possible quand les corbeaux de la cancel culture et du wokisme reposent sur les épaules des créateurs, surveillant leur moindre écart. Un nouveau souffle culturel est nécessaire pour libérer la culture de l’emprise politique. Christelle Morançais, présidente du Conseil Régional des pays de la Loire, a eu raison d’annoncer la fin des subventions régionales automatiques à la culture, évoquant « le monopole intouchable d’associations très politisées, qui vivent d’argent public ».     

Il est temps, par ailleurs, d’investir massivement dans l’éducation et l’avenir de nos enfants via l’école et le périscolaire. Nous en finirons avec le délire du wokisme municipal, qui se moque de l’état lamentable de certains établissements scolaires, mais n’hésite pas par exemple à supprimer un terrain de foot dans une cour de récré, au motif que ce serait un sport « sexiste ».

Toutes ces mesures simples et de bon sens sont attendues, nous en sommes persuadés, par une large majorité de Français. Il est temps d’en finir avec l’extrême gauche, synonyme d’insécurité, de déclin économique et de propagande wokiste permanente. Nos villes et leurs habitants valent la peine qu’on se batte pour eux.

Un colloque qui a eu lieu ailleurs…

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DR.

L’annulation au Collège de France du colloque « La Palestine et l’Europe » émeut les amoureux de la liberté d’expression. Pour les adversaires les plus résolus d’Israël c’est carrément la liberté académique qui aurait été assassinée (!). Mais l’évènement a finalement eu lieu ailleurs, et tous ses intervenants douteux ont pu dérouler leur rhétorique antisioniste et se victimiser.


Le 9 novembre, l’administrateur du Collège de France, Thomas Römer, a annulé un colloque sur la Palestine et l’Europe qui devait avoir lieu quelques jours plus tard, en rappelant, entre autres, qu’un débat scientifique doit assurer une pluralité d’analyses et de perspectives. Il y a eu après cette annulation des communiqués de protestation qui auraient impliqué plusieurs milliers de chercheurs. On ne savait pas qu’il y avait en France autant de spécialistes universitaires sur le sujet… 

La foire aux experts

Disons les choses simplement, la partialité absolue du colloque crevait les yeux et le nombre de protestations ne change rien à cette réalité. Tout indique que ce colloque visait à promouvoir un narratif anti-israélien, dans le cadre d’une stratégie communicationnelle élaborée. L’organisme coorganisateur était le Centre arabe de recherches et d’études politiques, le Carep, financé par le Doha Institute for Graduate Studies, fondé par Azmi Bushara, ancien député arabe à la Knesset, démis pour espionnage en faveur du Hezbollah et proche de l’émir du Qatar. C’est d’ailleurs ce centre, qui se prétend évidemment neutre et scientifique et qui est situé – ça ne s’invente pas ! – rue Raymond Aron à Paris, qui a hébergé le colloque qui y a eu lieu après l’annulation.

Pour optimiser un message, le poids symbolique de son lieu d’émission et le prestige de celui qui l’incarne sont d’une importance capitale. Pour le lieu, rien de mieux que le Collège de France, sommet de l’excellence académique. Quant au porteur du colloque, on a soudainement entendu dans les médias que le Professeur Henry Laurens, titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » du Collège de France et peu connu jusque-là dans le public, était la référence absolue sur le conflit israélo-palestinien.

Dans la fabrique de l’opinion, c’est Edward Bernays, double neveu de Sigmund Freud, qui, il y a cent ans, a montré l’importance de la parole des supposés experts, tels ces médecins qui poussaient alors les femmes à fumer parce que, entre autres, cela calmait les nerfs et permettait de maigrir. À l’époque du Covid, le délire de l’hydroxychloroquine a été porté par l’assertion absurde que le Professeur Raoult était unanimement reconnu comme le meilleur virologue du monde.

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Henry Laurens, un spécialiste du monde arabe qui ne connait pas le monde juif et ne veut pas le connaitre n’a invité à son colloque aucun historien ou politiste neutre ou un peu favorable à Israël. Dans ses livres une minutieuse documentation passe dans le lit de Procuste d’un filtre explicatif unique: Israël est la créature coloniale de l’Occident et rien d’autre ne compte. Interrogé le 23 octobre 2023, le Professeur Laurens qualifie l’accusation d’antisémitisme d’arme politique, souligne que les Palestiniens ont le droit de se défendre et avertit que le soutien de l’Occident à Israël va lui valoir dans le monde un ressentiment justifié. Quinze jours après les massacres du 7-Octobre qu’il juge implicitement comme une péripétie, il n’a aucun mot sur les victimes. S’il admet le terme d’atrocités pour les désigner, c’est toujours pour le mettre en regard d’un terrorisme israélien qualifié de structurel. En somme, Henry Laurens, c’est un Jean-Luc Mélenchon qui aurait obtenu une chaire au Collège de France. Denis Charbit, qui n’est pas un ultra-sioniste fanatique, démonte au scalpel sa rhétorique, aussi simpliste que biaisée.

Le mot colonial est un de ces termes figés qui servent à disqualifier l’adversaire en lui imposant une marque d’infamie qui ferme le débat. Mais que dire du mot génocide? Il était omniprésent dans l’intervention de Francesca Albanese, rapporteur des Droits de l’Homme aux Nations Unies, une des «guest stars» du colloque, dont les titres prestigieux  servent à promouvoir un narratif si odieusement anti-israélien qu’il a souvent été qualifié d’antisémite. Elle n’a pas droit à utiliser le terme de génocide sur lequel la Cour Internationale de Justice ne s’est pas encore prononcée, mais exploitant le prestige de sa fonction à l’ONU, elle le fait continuellement cherchant ainsi à flétrir Israël d’une étiquette ignominieuse qui a l’avantage supplémentaire de gommer la Shoah.

On trouve la même haine chez une autre vedette de ce colloque, Josep Borrell, ancien Haut-Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. Au micro de France Culture il reprend sans réserve les chiffres de mortalité à Gaza fournis par le fameux, mensonger et d’ailleurs inexistant Ministère de la Santé du Hamas. Il reproche à son interlocuteur de ne pas être capable de saisir un massacre d’une telle ampleur et quand celui-ci, le journaliste Guillaume Erner, lui rétorque poliment qu’il vient d’une famille qui a payé son tribut à la Shoah, Borrell s’emporte contre cette allusion à un passé dont il dit qu’il est révolu et politiquement manipulé. C’est d’ailleurs un des thèmes du colloque.

Malaise

Ceux qui à juste titre ont tiré la sonnette d’alarme, la LICRA entre autres, étaient mal à l’aise avec l’idée d’interdire un colloque universitaire, et de fait celui-ci n’a pas été interdit, il a été déplacé. Bien entendu, les protestations ont porté sur la sacro-sainte liberté d’expression, particulièrement importante dans le monde de la Science. Voilà qu’on en était revenu aux temps de Galilée et de l’Inquisition.

Il ne faut pas être naïf. Il y a eu des pseudo-colloques scientifiques en Allemagne nazie sur les théories raciales, il y en a eu en Union Soviétique pour soutenir les thèses de Lyssenko. Pour qu’il y ait science, il faut qu’il y ait débat et discussion sur les désaccords, ce que ne proposait aucunement le colloque de M. Laurens.

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L’accusation que l’on essaie de restreindre la liberté n’est pas toujours un sursaut moral, c’est parfois un moyen d’inverser la charge morale. Comme tel, c’est un efficace outil de communication politique.

Certains de ceux qui ont protesté contre l’annulation n’avaient en même temps pas de mots assez durs pour fustiger la moindre présence ou manifestation pouvant être considérée comme pro-israélienne ou pas suffisamment anti-israélienne, dans les universités, les salles de concert ou les terrains de sport.

Ils n’ont rien inventé. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, c’était déjà la devise de Saint Just, le théoricien de la Terreur révolutionnaire. Comme lui, certains des partisans de ce colloque s’arrogent le droit de définir eux-mêmes ce qu’est la liberté acceptable. Quant aux autres, ils prennent plaisir à rester dans le confortable mirage de l’illusion et de l’aveuglement.

Je suis un film noir

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Belmondo dans Flic ou Voyou de Georges Lautner, 1978. DR.

Philippe-Henri Rambaud recense avec esprit et légèreté un pan glorieux de notre patrimoine: le polar ! Des classiques du noir et blanc aux productions récentes, voici 100 Films policiers français à voir absolument.


Quelle régalade ! Une sélection érudite sans œillères, populaire et finaude. À compulser à la nuit tombée sous des draps chauds. Une large vue d’esprit qui ne cantonne pas le policier à sa veine névrotique ou psychologique, qui ne fait pas seulement la part belle aux réalisateurs choyés par la critique. Les 100 Films policiers français à voir absolument, doivent absolument prendre place dans votre bibliothèque entre Les Nouveaux Mystères de Paris de Léo Malet et l’intégrale d’A.D.G. L’auteur de cette somme digeste et détaillée s’appelle Philippe-Henri Rambaud. Il est le créateur du site filmpolicier.fr. Cet expert en GAV (garde à vue) et filature, au savoir livresque, connaît ses classiques mais ne se borne pas à une période précise. Même s’il reconnaît que « l’âge d’or » se situe dans les années 1950, 1960 et 1970, sa compilation court de la casbah de Pépé le Moko (1937) au chalet de Justine Triet (Anatomie d’une chute, 2023).

Comment a-t-il pu choisir arbitrairement dans des milliers de bobines ? Il fallait avant tout définir le sujet sans le phagocyter. « Pour simplifier, disons que le crime est la condition sine qua non du film policier », avance-t-il dans son introduction. Sa raison d’être. « Sans crime, pas de film policier », finit-il par trancher. Ils sont tous là, les primés, les ténébreux, les braqueurs du box-office, les godelureaux et même ce farceur de Claude Chabrol avec son Inspecteur Lavardin. Il y a les attendus, ceux qui ont la carte des cinéphiles agenouillés : Melville et son Stetson sortant de son studio de la rue Jenner, Clouzot et sa « bonne humeur » légendaire sur le plateau ou encore Corneau et sa Série noire en bandoulière. Les classiques du noir et blanc (Duvivier, Becker, Dassin, etc.), qui ont une parenté avec Les Confessions d’un enfant de La Chapelle d’Albert Simonin, font office de murs porteurs.

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Et puis, il y a ceux qui ont ressuscité le genre à partir des années 2000, les Cédric Jimenez, Olivier Marchal et Jean-François Richet avec leur goût pour l’action débridée et la violence scénarisée. Philippe-Henri Rambaud réussit parfaitement ce grand écart (pourtant casse-gueule sur le papier) des Tontons au Samouraï par une mise en fiche au style alerte. Les anecdotes ne sentent pas la naphtaline et l’analyse a le sérieux d’un amateur véritablement passionné.

Il y a aussi des surprises qui réjouissent les réfractaires de mon espèce. La présence du Corps de mon ennemi de Verneuil, adapté du roman de Félicien Marceau, œuvre majeure pour comprendre la mécanique de la revanche sociale. Flic ou Voyou de Lautner se distingue par l’écharpe blanche de Belmondo et son célèbre : « Vous direz à Monsieur Achille qu’elles ont très bon genre. » Sans oublier le tutélaire Tendre poulet de Philippe de Broca où la commissaire Tanquerelle mène l’enquête avec le professeur Lemercier. Même Le Grand Pardon d’Alexandre Arcady et Les Spécialistes de Patrice Leconte ont droit à leur chapitre. C’est un carton plein !

Les 100 Films policiers français à voir absolument, Philippe-Henri Rambaud, Mareuil, 2025. 366 pages

Mourir pour Kiev

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Fabien Mandon et Emmanuel Macron, Paris, 11 novembre 2025 © Eric TSCHAEN- Pool/SIPA

Les propos tenus par le général Mandon devant les maires mardi soir offusquent nombre de commentateurs et les politiques capitulards. «On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou (…). Ce qu’il nous manque, et c’est là où vous avez un rôle majeur, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est (…) Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque» a affirmé le militaire. Elisabeth Lévy estime qu’il a raison: ne dit-on pas qui veut la paix prépare la guerre ?


Devons-nous nous préparer à voir nos enfants mourir à la guerre, comme le dit le général Mandon ? Tout le monde a retenu cette phrase parce que le mot « enfant » empêche de penser. Pourtant, le Chef d’état-major des armées (CEMA) n’a fait que développer, certes brutalement, l’idée que pour avoir la paix, il faut préparer la guerre. Ça s’appelle la dissuasion. Appliqué au présent, cela signifie que, si l’Europe est faible, Poutine pourrait, après l’Ukraine, attaquer frontalement des membres de l’OTAN (on pense aux pays baltes qui sont très inquiets). En tout cas, il s’y préparerait pour l’horizon 2030, selon les renseignements allemands. Dès lors que nous appartenons à cette alliance qui est la traduction militaire de la solidarité occidentale, si cela se produit nous serons automatiquement en guerre. Et une guerre, ça demande des soldats. D’où la volonté de rétablir le service militaire (sur une base volontaire) et de moderniser nos armées. Ce scénario est suffisamment plausible pour que plusieurs pays européens (comme l’Allemagne et la Belgique) songent aussi à rétablir la conscription. Tous l’avaient supprimé au tournant du XXIème siècle quand on croyait que la victoire de la démocratie libérale et du marché annonçait la fin de l’histoire.

Anti-macronistes primaires et capitulards

Mais devons-nous mourir pour Kiev ? Il ne s’agit pas de l’Ukraine, mais de savoir si nous pouvons tolérer qu’une puissance menaçante et impériale dicte ses volontés au continent. Et si nous sommes prêts à prendre le relais des Américains pour assurer notre sécurité. De plus, la Russie n’est pas la seule menace. Le djihadisme qui gangrène l’Afrique aussi.

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Le général Mandon s’inquiète que nous n’ayons plus la force d’âme pour nous défendre. Quand j’entends Philippot et Mélenchon dénoncer ce discours anxiogène qui vise à nous faire peur pour mieux nous asservir, je me dis que le CEMA a raison. Comme tous les pacifistes, ces capitulards pensent que c’est eux qui choisissent l’ennemi. Ils se trompent lourdement.

Nous sommes une génération privilégiée

Nous n’avons connu que la paix, si bien que nous pensons qu’elle est la norme et surtout qu’elle est un dû. Nous avons oublié que la guerre existe, et qu’un pays souverain doit être prêt à se défendre – donc à voir mourir certains de ses enfants. D’ailleurs n’oublions pas que beaucoup sont déjà morts au Mali ou ailleurs. Ceux qui demandent aujourd’hui s’il faut mourir pour Kiev ne sont pas prêts à mourir pour la France ni pour rien, sauf peut-être pour l’indexation de leur retraite.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale au micro de Patrick Roger

La nation, au défi d’une jeunesse francophobe

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Le militant radical Elias d'Imzalène (ici photographié à Paris en juillet) a déclaré lors d'un rassemblement à Paris le 15 novembre : "Nous n’avons pas choisi d’être dans les ghettos ! Qu’il [le système] nous donne Paris 15ème, on leur donnera Mantes-la-Jolie et Sarcelles !" © Idir Hakim/SIPA

L’enquête publiée mardi par l’ IFOP et Écran de veille confirme les diagnostics les plus pessimistes de tous ceux qu’on qualifiait jusqu’alors d’ « islamophobes » pour les faire taire. 38% des musulmans approuvent tout ou partie des positions islamistes intégristes, soit deux fois plus qu’en 1998 (19%). 67% des musulmans de moins de 25 ans prient quotidiennement, contre 26% en 1989 — un indicateur fort de la réislamisation en cours. Enfin, 46% estiment que la loi islamique (charia) doit être appliquée dans le pays où ils vivent (15% intégralement, 31% partiellement).


Les dénégationnistes ont l’air malin. J’ai souvent eu à faire à eux, lors de débats tournant autour des tensions identitaires causées par l’immigration extra-européenne. Le déni a toujours été leur argument. Il y a trente ans, mes contradicteurs sermonnaient : « On ne montre pas les banlieues du doigt ! ». Puis ce fut : « Les Français issus de l’immigration n’ont pas à s’intégrer puisqu’ils sont Français ! ». Il y eu aussi, plus récemment : « A 99,99%, les Français musulmans s’intègrent parfaitement ! ». Je passe sur les accusations en racisme, en islamophobie, en xénophobie que j’ai pu essuyer de la part des promoteurs du « vivre ensemble ».

Thomas Legrand (Libération) : « Les jeunes musulmans sur la pente réac… comme les autres »

Or, mardi, l’Ifop a rappelé quel était l’état d’esprit des jeunes musulmans (moins de 25 ans). Le registre n’est plus celui d’un prétendu fantasme : 42% ont de la sympathie pour les mouvements islamistes ; 57% placent la charia (loi islamique) avant les lois de la République. Ils rejettent en nombre la mixité, soutiennent le port du voile, etc. Bref, la photographie montre qu’une part majoritaire des jeunes musulmans refuse l’exemple français pour préférer un repliement identitaire. Non seulement cette population n’entend pas s’intégrer, mais elle est prête à soutenir une logique séparatiste construite sur un choc de civilisation. Quand Jean-Luc Mélenchon promet une société « créolisée », ces sondés font comprendre qu’ils ne veulent pas du métissage. Ces jeunes musulmans souhaitent, pour la France, une société islamisée. La question est donc de savoir s’ils ont encore leur place dans cette nation indésirable. L’hypothèse de leur possible émigration doit être posée.

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Un pays fracturé

Lutter contre les Frères musulmans et le totalitarisme islamiste revient à dénoncer préalablement ceux qui mentent sur l’infiltration djihadiste et qui contestent ses contaminations idéologiques. La France, telle qu’elle se montre, est bien ce pays fracturé sous l’effet d’une invasion arabo-musulmane. Pour partie, celle-ci a fait sécession. Elle cherche même querelle au pays colonisé à travers sa contre-société, elle-même liée à un narcotrafic promu notamment par la DZ Mafia algérienne. Seuls 7% des sondés se disent actuellement musulmans. Mais la part catholique des Français ne cesse de fondre (ils ne sont plus que 43%).

Si la somnolence des élites perdure, le basculement civilisationnel du pays est envisageable d’ici deux ou trois générations.

Pour avoir été de cette poignée d’observateurs qui, depuis des décennies, alertent sur l’aveuglement des dirigeants et des médias, je peux témoigner de la mauvaise foi de la classe politique et du conformisme des titulaires de la carte de presse, prêts à victimiser les nouvelles minorités. C’est d’ailleurs la posture choisie par le recteur de la Grande mosquée de Paris : commentant le sondage, Chems-Eddine Hafiz a estimé que cette radicalité de la jeunesse était la « réplique d’une humiliation durable ». La réalité est plus dramatique. Elle oblige l’Etat endormi à engager une guerre contre ceux qui prêchent la conquête et contre leurs bras armés. La déchéance de nationalité pour les binationaux qui récusent la France doit être débattue. La politique de l’autruche est l’alliée des nouveaux francophobes.

France-Australie: un « crash-test » pour les Bleus

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Fabien Galthié et Thomas Ramos, France Afrique du Sud, Paris, 9 novembre 2025 © JP PARIENTE/SIPA

Les Français affrontent les Wallabies, samedi. Les hommes de Galthié seront-ils bondissants ou défaillants?


En vue de la Coupe du monde qui se disputera l’an prochain du 1er octobre au 13 novembre en Australie, le troisième et dernier match de la tournée d’automne que la France disputera samedi soir au Stade de France contre précisément la sélection australienne est d’un enjeu crucial pour elle. En effet, après leurs deux récentes contre-performances, une amère défaite méritée face à l’Afrique du sud (17-32) et une victoire peu convaincante à l’arrachée sur les Fidji (34-21), qui ont mis davantage en relief leurs lacunes que leurs vertus, cette rencontre prend pour les Bleus tournure d’un « crash-test[1] ».

S’il advient qu’ils perdent par un écart de 16 points (trois pénalités et un essai transformé), ils rétrocéderaient de la 5ème place au classement mondial à la 7ème ce qui les priverait d’être tête de poule. Conséquence fâcheuse, quelle que soit l’issue du tirage au sort de la composition de celles-ci le 3 décembre, ils se retrouveraient relégués dans un « groupe de la mort ».

Faites vos jeux !

D’emblée, en phase éliminatoire, la France serait amenée à se confronter pour accéder aux huitièmes de finale soit, au pire, à l’Afrique du sud, tenant du titre, devant laquelle elle vient de s’incliner, à la Nouvelle Zélande qui l’a battue chez elle à trois reprises lors de la tournée d’été, à l’Angleterre qui s’est imposée à elle d’un petit point (27-26) lors des Six nations, trois équipes respectivement 1ère, 2èmeet 3ème au classement mondial, ou au mieux à l’Irlande 4ème qu’elle a dominée (42-27) lors de ce même tournoi, voire l’Australie qui, 7ème, si elle gagne samedi soir va prendre la 5ème place à la France, ou enfin l’Argentine 6ème qui, sur leurs sept dernières confrontations, ne s’est imposée qu’une fois en juillet de l’an dernier chez elle par un 33 à 25.

Si ce cas de figure se vérifiait, l’ambition de Fabien Galthié, l’entraîneur-sélectionneur qui est d’offrir à la France sa première Coupe du monde, serait sérieusement hypothéquée. Elle a disputé trois finales, celle de la première édition en 1987, puis en 1999 et 2011, et chaque fois elle en est sortie bredouille. L’Afrique du sud en a conquis quatre dont deux consécutives, les deux dernières 2019 et 2023, la Nouvelle Zélande trois, l’Australie deux et l’Angleterre une.

Kangourous flagadas

Samedi soir, sur le papier, les Bleus feront figure de favoris. Les Wallabies (nom que tient l’Australie d’une espèce de petit kangourou qui est son emblème) ne sont pas au mieux de leur forme et donc loin de leur niveau d’antan. Ils n’ont seulement gagné qu’un match cette année contre le Japon sur un étriqué score 19 à 15. Et il ont perdu les trois matchs de cette tournée de suite, contre l’Irlande (46-19), l’Angleterre (25-7) et surtout contre l’Italie (26-19) qui n’est classée que 10ème, précédée à la 9ème place par l’Ecosse et à la 8ème par les Fidji. La 7ème, rappelons-le, est occupée par l’Australie qui très certainement sera mue par une volonté de réhabilitation face à des Bleus ébranlés.

A propos de ces derniers, le chroniqueur de Sud-Ouest, le quotidien de Bordeaux, Denys Kappès-Grangé, a remis sur le tapis une question récurrente. « Le rythme et le poids du Top 14 permettent-ils réellement de préparer les Bleus aux réalités du niveau international ? »

 « On sent les mecs fatigués », note dans le même article Guy Accoceberry, ancien demi de mêlée tricolore. Il est vrai qu’au niveau très exigeant du championnat national s’ajoutent pour les internationaux la Coupe d’Europe des clubs, le tournoi des Six nations et les tournées d’été et d’automne. Contre les Springboks (nom d’une gazelle bondissante emblème de l’Afrique du sud), les Bleus ont dévissé à partir de la 60ème minute alors qu’ils menaient aux points jusqu’alors. Face aux Fidji, ils ont assuré leur victoire qu’à dix minutes du coup de sifflet final après avoir débuté la rencontre en trombe marquant coup sur coup trois essais transformés. Puis se sont soudainement affaissés à partir de la 20ème minute, ont cumulé les fautes, ce qui a permis aux Fidjiens de revenir à égalité leur laissant entrevoir une possible victoire.

Donc sont-ils trop sollicités ces internationaux ? « Après trente minutes de jeu, souligne le journaliste de Sud-Ouest qui néanmoins réfute cette hypothèse avec force arguments statistiques, apparaissent la dégradation des qualités physiques, la baisse de la mobilité et des vitesses de replacement. » La cause de ces trous d’air serait à chercher ailleurs, suggère-t-il. Mais où ? Réponse samedi soir.

Si les Bleus l’emportent avec un certain panache, la question sera oubliée. S’ils sont vaincus même de peu, les acrimonieux pointeront le doigt accusateur vers Galthié. Mais il a l’habitude d’être mis à l’index sans que cela l’ébranle… en apparence. Ne dit-il à l’envi : « Perdre, ça nous aide à progresser. » Et avant la Coupe du Monde, il y aura les Six nations dont il espère réussir le doublé. Une excellente rampe de lancement pour celle-ci.

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[1] A partir de la fin des années 30 du siècle dernier, l’industrie automobile américaine a organisé des collisions en laboratoire pour tester la résistance des nouveaux modèles à mettre sur le marché afin de garantir la sécurité de leurs usagers. La banque en a repris la philosophie il y a une vingtaine d’années, là pour vérifier la solvabilité des établissements financiers en cas de choc économique. C’est dit en anglais bank-test. Le match de samedi s’inscrit dans cette logique…            

L’Espagne et le fantôme du Caudillo

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DR.

Alors que l’Espagne continue de se déchirer autour de son passé autoritaire, un héritier inattendu est devenu la figure de proue d’un courant nostalgique: Louis-Alphonse de Bourbon, arrière-petit-fils de Franco. Il s’est imposé comme l’un des principaux porte-voix d’une mémoire franquiste que le gouvernement espagnol entend, lui, reléguer au musée des ombres.


À une trentaine de kilomètres de Madrid, la silhouette imposante du Valle de los Caídos domine la Sierra de Guadarrama, symbole visible et durable de l’Espagne franquiste. Ce colossal mausolée n’est pas seulement un lieu de culte ou un mémorial : c’est l’écrin choisi par Francisco Franco (1892-1975) pour inscrire sa légende dans la pierre et le marbre. Durant des décennies, des milliers de nostalgiques se sont rassemblés afin de commémorer celui qui reste, pour les Espagnols, le fossoyeur de la République.

Le 24 octobre 2019, les descendants du généralissime ont dû se résoudre à exhumer ses restes sous l’œil des médias nationaux et internationaux. Une longue bataille juridique les a opposés au gouvernement de coalition de gauche dirigé par le socialiste Pedro Sánchez, bien décidé à éradiquer anachroniquement tout ce qui reste de mémoire franquiste. En tête du cercueil, drapeau espagnol sur le veston, le prince Louis-Alphonse de Bourbon, 51 ans, qui s’est imposé dans la presse espagnole comme le plus fervent défenseur de la mémoire du dictateur, son arrière-grand-père maternel.

Photo: Marie-Béatrice Seillant

Un legs familial dans lequel ce prétendant au trône de France a été élevé, regrettant que le gouvernement actuel cherche à « effacer cet héritage » qui n’a eu que des bienfaits pour l’Espagne, selon lui. « Ils déboulonnent des statues, ils rebaptisent des rues. C’est impardonnable », s’agace Louis-Alphonse de Bourbon. « Franco a créé la bourgeoisie espagnole, il a créé des forêts, des réservoirs et des routes. Il était déterminé à ce que son pays n’entre pas en guerre et que le communisme ne s’installe pas », rappelle-t-il dans El Mundo. Mais, aux yeux du pouvoir socialiste, maintenir le corps du dictateur dans ce mausolée était incompatible avec une démocratie moderne et avec le « droit à la mémoire » des victimes.

« Bien sûr, il y a eu une guerre civile, mais il ne l’avait pas souhaitée. Il ne faut pas gommer l’Histoire », assure ce descendant du roi Louis XIV dans un autre entretien accordé à Paris Match. Un raccourci qui irrite ses opposants. Francisco Franco est issu d’un milieu militaire, d’un père noceur, d’une mère dévote. Il suit la tradition familiale, s’engage dans l’armée et gravit les échelons rapidement après avoir brillé sur les terrains nord-africains où il combat les rebelles marocains. Son style de commandement — brutal, méthodique, impitoyable — forge sa réputation comme lors de la répression de l’insurrection des mineurs des Asturies (1934), opération marquée par des bombardements, des tribunaux militaires expéditifs et des milliers de morts. Cet épisode renforce son prestige dans l’armée conservatrice, mais inquiète la Gauche qui domine vie politique de la Seconde république proclamée en 1931.

En 1936, après la victoire du Front populaire, Franco est nommé aux Canaries. De là, il rejoint la conspiration militaire visant à renverser le gouvernement. L’assassinat du monarchiste José Calvo Sotelo accélère le soulèvement en juillet de cette année. Très rapidement, il s’impose comme l’un des chefs les plus efficaces de cette rébellion. Avec l’appui décisif de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, il va mener une guerre longue et sanglante contre le camp républicain soutenu par l’URSS mais divisé en plusieurs factions. Proclamé chef de l’État et généralissime par la junte militaire, sous sa direction, l’armée nationaliste accumule rapidement les succès dans une guerre qui devient également internationale. La chute de Madrid en mars 1939 marque la fin du conflit, qui laisse plus de 500 000 morts et des centaines de milliers d’exilés, une blessure profonde pour des générations à venir.

Il instaura ensuite un régime autoritaire et policier dont il fut le chef d’État jusqu’à son décès, le 20 novembre 1975. Son pouvoir se caractérisa par une répression politique, une centralisation de l’État, une collusion avec l’Église catholique et sa décision de rester neutre pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin du conflit, l’Espagne va osciller entre ouverture économique, stabilisation politique et isolement diplomatique puis normalisation internationale au prix d’un régime non démocratique – guerre froide oblige.

« L’œuvre de mon arrière-grand-père Franco est toujours là, ses réalisations continuent de nous profiter », renchérit Louis-Alphonse de Bourbon dans un entretien au journal El Mundo (2024). Il a pris la tête de la présidence d’honneur de la Fondation Francisco Franco, aujourd’hui dans le viseur de la coalition gouvernementale qui s’attaque à tout ce qui rappelle le franquisme et qui s’appuie sur la loi sur la mémoire historique mise en place en 2007 qui condamne de facto toute apologie du régime franquiste. Rues débaptisées, enquête sur les biens acquis par la famille Franco sous la dictature, abrogation des titres de noblesse octroyés par Franco à ses proches, en récompense de leur héroïsme durant la guerre civile, Pedro Sánchez a même fait supprimer le duché de Franco (pourtant une création du roi Juan-Carlos Ier lors de son accession au trône) détenue par la mère de Louis-Alphonse de Bourbon, Carmen Martínez-Bordiú y Franco, épouse de feu le prince Alphonse de Bourbon (1936-1989) et un temps candidat au trône d’Espagne. Le « bisnieto » tient à préciser que son arrière-grand-père « lui,  n’a jamais tenter d’effacer l’histoire » de son vivant.

Pour les nostalgiques qui fêtent le 50e anniversaire de la mort de Franco, Louis-Alphonse de Bourbon est autant leur prince bleu que leur roi légitime (une décision du roi Alphonse XIII a privé sa branche du trône d’Espagne en 1933 au profit de la cadette régnant aujourd’hui sur l’Espagne) comme certains l’ont crié avec ferveur à la Vallée de Los Caidos, alors que le prince descendait les marches du mausolée sous les bras tendus des franquistes (2018). Le bilan du régime défunt fait débat, mais compte encore de nombreux aficionados, notamment parmi la Gen Z. Selon un récent sondage CIS, plus de 23% des Espagnols considèrent les années Franco comme « bonnes » ou « très bonnes », un chiffre quasi-identique chez les 18-24 ans qui ont une opinion positive de la dictature, jugeant que la démocratie est une institution « bien pire » aujourd’hui. Pour ces néo-franquistes, Louis-Alphonse de Bourbon incarne une part de l’Espagne traditionaliste qui se sent menacée par les évolutions sociétales et identitaires du pays, et trouve dans le passé un refuge.

Bien qu’une part importante de la population soit née après l’instauration de transition démocratique, elle reste séduite par des discours rappelant cette période où régnaient sécurité et fierté patriotique. Un sentiment de confort alors que le pays est la proie de crises diverses qui ont même touché au cœur de la maison Bourbon et qui fragilise le royaume. Une institution monarchique qui doit son retour grâce à Franco. C’est lui qui a pris la décision de la restaurer. « La monarchie a été rétablie par le général Franco. C’est ce que l’histoire retiendra », dit Louis-Alphonse de Bourbon, un brin amer, déçu de voir que le roi Felipe VI ne s’est pas levé pour protéger la mémoire du généralissime. Il met cependant en garde contre ce qu’il considère comme un projet politique : selon lui, les attaques contre Franco sont aussi des attaques contre la monarchie espagnole et l’Église catholique. Deux institutions à qui il a juré fidélité lors de son service militaire.

Père de 4 enfants, marié à Margarita Vargas (fille du principal banquier du régime vénézuélien), Louis-Alphonse de Bourbon participe chaque année à une messe en hommage au Caudillo avec les membres de sa famille. « Je me dois d’être fidèle à la mémoire de mon arrière-grand-père, si injustement attaqué. Il fut un grand soldat et un grand homme d’État, animé avant tout par sa foi chrétienne profonde et son amour pour l’Espagne » explique le duc d’Anjou, titre qu’il porte lorsqu’il est en France parmi ses partisans (les Légitimistes). « Défendre sa mémoire fait partie intégrante de ma conception de l’honneur et de la loyauté », assume celui qui est proche de Vox, parti politique conservateur, et ami personnel de son leader Santiago Abascal, 

Au terme de cette bataille mémorielle, une évidence demeure : Franco continue de diviser l’Espagne parce que son héritage n’a jamais été réellement soldé. Face à un gouvernement qui veut effacer les derniers vestiges du franquisme, Louis-Alphonse de Bourbon oppose la fidélité d’un héritier convaincu de défendre un pan légitime de l’histoire nationale. Pour ses partisans, il est la voix courageuse d’une mémoire qu’on veut museler ; pour ses opposants, l’ombre tenace d’un passé autoritaire. Mais son engagement révèle surtout une Espagne encore incapable de parler d’une seule voix. Tant que les récits resteront inconciliables, le fantôme du Caudillo continuera de hanter le débat public, et le prince des Franco restera, à son corps défendant ou non, le visage d’un passé que certains chérissent et que d’autres veulent définitivement enterrer.

La révolution doit être à droite…

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Bry sur Marne, 6 novembre 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Notre chroniqueur veut que Bruno Retailleau (65 ans aujourd’hui) et la droite de gouvernement ruent dans les brancards et répudient toute tiédeur. Quitte à s’inspirer du président argentin Javier Milei pour enfin sortir les honnêtes citoyens du maquis administratif ?


La révolution, semeuse de mort et coupeuse de têtes, ne fait plus rêver, à l’exception de quelques idéologues nostalgiques ayant le goût du sang. On se souvient aussi qu’Emmanuel Macron avait écrit, dans les promesses inaugurales de tout pouvoir, un livre intitulé Révolution, dont, au fil des mandats, il ne subsiste guère que le titre : le fond et les engagements se sont vite évaporés.

Malgré les terribles ou décevantes désillusions qu’a connues l’idée révolutionnaire, il est permis de considérer que, sur les plans intellectuel et politique, il reste non seulement possible, mais aussi nécessaire, de s’en réclamer pour donner une véritable ambition et une réelle nouveauté à un programme.

Renverser la table

Je songe à celui qui devra, sans trop tarder, donner à la droite classique — républicaine, si l’on veut user de cet adjectif passe-partout — son assise, sa force et son originalité. Récemment, j’ai été frappé par la réflexion d’un responsable de LR soulignant que la seule manière, pour ce parti, de se distinguer serait de sortir de la banalité des projets et, au contraire, de provoquer et de « renverser la table ». Agir autrement reviendrait à se fondre dans une masse au sein de laquelle les identités du camp conservateur, largement entendu, ne seraient plus vraiment discernables.

En effet, si l’on demeure dans le registre de propositions certes antagonistes mais guère bouleversantes — beaucoup moins de rupture que de continuation plus ou moins corrigée ou infléchie — la droite, même enfin dirigée par un homme de conviction, de courage et de moralité, Bruno Retailleau (qui, heureusement, n’a rien renié), aura du mal à se dégager du marais.

Elle risquera, par exemple, d’encourir le reproche d’être trop faible, par rapport au RN, sur le régalien, l’immigration ou le social, et donc de pâtir de la comparaison. Avec la difficulté supplémentaire que l’extrémisme même du RN, en se lissant et en s’assouplissant, donnera de la droite une image encore plus affadie.

Il faut que cette dernière, dans le fond comme dans la forme, rue dans les brancards, répudie toute tiédeur et n’hésite plus à formuler des pistes provocatrices. Non qu’elles puissent, dans l’état actuel, être immédiatement empruntées, mais afin qu’elles servent au moins de visée et d’aiguillon, pour être un jour opératoires.

Si je suis évidemment plus sensible à certains domaines qu’à d’autres — outre le secteur judiciaire — je serais enclin à privilégier, pour les transformations révolutionnaires, la vie et le régime des entreprises, la sphère de la culture et ce que je pourrais appeler les absurdités parfois insurmontables de l’univers administratif kafkaïen, avec des quotidiennetés bouleversées par la méprise, l’erreur ou la fraude.

Afuera !

Suivre aveuglément le afuera du président argentin n’aurait pas de sens, mais il a ouvert un chemin que nous aurions dû parcourir depuis longtemps : celui de la suppression de quelques ministères et d’un certain nombre de fonctions plus honorifiques ou nuisibles qu’utiles. En effet, le ministère, dans sa structure de base, amplifie la bureaucratie, élève mille obstacles entre la conception et l’exécution et fige un personnel qui serait plus efficace dans des circuits plus industrieux.

Puisque je me suis assigné l’envie de surprendre, on comprendra que je ne serais pas hostile à l’effacement de deux fonctions : le juge des enfants et le juge de l’application des peines, car la première se veut étrangère au pénal et la seconde le dénature et le détruit.

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J’accepterais la métamorphose d’un Conseil supérieur de la magistrature, aujourd’hui judiciaire et autarcique, en un Conseil de pluralisme politique qui garantirait mieux, par ses contradictions et ses évaluations, la sélection des meilleurs et la mise à l’écart des pires.

Une responsabilité accrue de la magistrature aurait mon assentiment. Elle pourrait aller jusqu’à incriminer des pratiques et des décisions tellement aberrantes qu’elles ne seraient plus protégées ni concernées par les voies de recours.

Surtout, en matière pénale, je privilégierais l’objectivation des infractions, plutôt que leur atténuation liée à l’individualisation des peines. Un tel système éviterait ce sentiment permanent de « deux poids, deux mesures ».

Pour la procédure, il me semble qu’il conviendrait, afin de remettre du bon sens dans un monde où la sophistication, les lenteurs et les excès d’une présomption d’innocence souvent contredite par le réel immédiat font des ravages, de distinguer ce qui est certain et incontestable — quelle que soit la nature de l’affaire, elle serait jugée dans les plus brefs délais — de ce qui demeure obscur et complexe, et qui relèverait alors de la compétence des juges d’instruction. En tout cas, on ne laisserait plus traîner durant des mois ou des années des dossiers dont la solution crevait immédiatement les yeux et l’esprit par leurs évidences.

Plus on réclame la simplification, plus la complexité s’accroît

On comprendra pourquoi, en conséquence de ces transformations, je serais prêt à aller plus loin, à créer un désert en haut pour au contraire favoriser la richesse et l’inventivité judiciaires partout, sur l’ensemble du territoire national. Aussi, pour la place Vendôme et l’État de droit, j’oserais suggérer la disparition du ministère, afin de faire échapper la Justice à un centralisme stérilisant, au lieu de la laisser être vivifiée par une infinité de pratiques et d’adaptations. Il est clair que, si les magistrats sont absolument nécessaires, la bureaucratie et les orientations que la politique croit devoir imposer ne le sont pas…

Au risque d’offenser le milieu — tous les artistes, réels ou prétendus, qu’il subventionne, et les parasites qu’il nourrit — le ministère de la Culture pourrait être aisément remplacé par une politique d’aide et de confiance mise en œuvre dans les provinces et dans les mille lieux de création qui n’ont pas besoin de la rue de Valois ni de la condescendance parisienne pour s’épanouir.

Ce n’est pas parce que je ne suis pas un spécialiste de l’économie, de la finance ou de notre tissu entrepreneurial — modeste, moyen ou colossal — que je ne suis pas au fait, grâce aux mille témoignages recueillis, des difficultés et des dysfonctionnements que le fil du temps et les gouvernements ne cessent d’aggraver. Plus on réclame la simplification, plus la complexité s’accroît !

En particulier, qu’une entreprise veuille faire preuve de générosité, favoriser une cause humanitaire, aider une personne ou soutenir un projet méritant, elle devra passer par mille filtres, rendre des comptes avant, se justifier après. La plaie est que, désormais, tout est suspecté par principe, même l’envie de faire le bien ! L’inquisition, l’étouffement et la méfiance président à ce qui, il y a longtemps, était accueilli à cœur ouvert.

Un contrôle poussé à ce point entrave, il ne libère pas. Les entrepreneurs sont des héros. Et les tentations d’afuera trouveraient dans cet univers un terrain de prédilection !

Je souhaiterais attirer l’attention de la droite du futur sur un dernier élément qui rend fous les Français qui y sont confrontés. Je pense à tous ces hasards malheureux de l’existence dont on est un jour victime et qui, pour être réglés — à supposer qu’ils le soient — durent des années. J’ai tant d’exemples en tête.

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Ainsi, il suffit qu’un jour quelqu’un se voie dérober ses papiers d’identité, son permis de conduire, son chéquier, sa carte bleue, pour que son existence bascule. Durant un an, à la tête de la section bancaire à Paris, j’ai systématiquement, dès réception d’une plainte, pour éviter l’enfer administratif et quotidien aux victimes, signalé partout — aux administrations comme aux services publics — qu’une identité avait été usurpée et qu’il ne fallait pas prendre le plaignant pour le coupable.

Sans forfanterie, cette pratique a permis à un grand nombre de personnes de respirer, de s’apaiser.

Autre exemple lu dans la presse : parce qu’on s’est trompé de nom, une société est mise en liquidation judiciaire. Depuis deux ans, la lutte pour rectifier cette erreur ne mène à rien. On contraint des citoyens honnêtes, qui ont subi un préjudice extraordinaire, à passer par les voies ordinaires. Et ils désespèrent !

Je pourrais citer d’autres péripéties de ce type, qui sont tout sauf dérisoires, tant par l’incommodité qu’elles créent que par le désarroi qu’elles engendrent. Ce serait un honneur, pour une droite de compassion et d’action, d’inventer une fonction de facilitateur, de régulateur : une personnalité chargée de toutes ces misères parfois inextricables qui ruinent trop souvent la vie des gens modestes.

Elle n’aurait qu’une mission : sortir ces affaires du maquis administratif et judiciaire pour leur trouver, sur-le-champ, une solution. Ce ne serait pas une mince embellie dans le climat démocratique.

On n’a pas seulement besoin de gardiens sourcilleux pour surveiller et dénoncer, mais d’auxiliaires et de relais efficaces pour secourir.

J’ai posé sur la table quelques fragments pour une droite en révolution, pour la révolution de la droite. Elle est plus à même que quiconque de tenir ce beau pari : un extrémisme sans haine, une radicalité sans violence, un nouveau monde sans exclus, une politique sans trahison.