Les Français affrontent les Wallabies, samedi. Les hommes de Galthié seront-ils bondissants ou défaillants?
En vue de la Coupe du monde qui se disputera l’an prochain du 1er octobre au 13 novembre en Australie, le troisième et dernier match de la tournée d’automne que la France disputera samedi soir au Stade de France contre précisément la sélection australienne est d’un enjeu crucial pour elle. En effet, après leurs deux récentes contre-performances, une amère défaite méritée face à l’Afrique du sud (17-32) et une victoire peu convaincante à l’arrachée sur les Fidji (34-21), qui ont mis davantage en relief leurs lacunes que leurs vertus, cette rencontre prend pour les Bleus tournure d’un « crash-test[1] ».
S’il advient qu’ils perdent par un écart de 16 points (trois pénalités et un essai transformé), ils rétrocéderaient de la 5ème place au classement mondial à la 7ème ce qui les priverait d’être tête de poule. Conséquence fâcheuse, quelle que soit l’issue du tirage au sort de la composition de celles-ci le 3 décembre, ils se retrouveraient relégués dans un « groupe de la mort ».
Faites vos jeux !
D’emblée, en phase éliminatoire, la France serait amenée à se confronter pour accéder aux huitièmes de finale soit, au pire, à l’Afrique du sud, tenant du titre, devant laquelle elle vient de s’incliner, à la Nouvelle Zélande qui l’a battue chez elle à trois reprises lors de la tournée d’été, à l’Angleterre qui s’est imposée à elle d’un petit point (27-26) lors des Six nations, trois équipes respectivement 1ère, 2èmeet 3ème au classement mondial, ou au mieux à l’Irlande 4ème qu’elle a dominée (42-27) lors de ce même tournoi, voire l’Australie qui, 7ème, si elle gagne samedi soir va prendre la 5ème place à la France, ou enfin l’Argentine 6ème qui, sur leurs sept dernières confrontations, ne s’est imposée qu’une fois en juillet de l’an dernier chez elle par un 33 à 25.
Si ce cas de figure se vérifiait, l’ambition de Fabien Galthié, l’entraîneur-sélectionneur qui est d’offrir à la France sa première Coupe du monde, serait sérieusement hypothéquée. Elle a disputé trois finales, celle de la première édition en 1987, puis en 1999 et 2011, et chaque fois elle en est sortie bredouille. L’Afrique du sud en a conquis quatre dont deux consécutives, les deux dernières 2019 et 2023, la Nouvelle Zélande trois, l’Australie deux et l’Angleterre une.
Kangourous flagadas
Samedi soir, sur le papier, les Bleus feront figure de favoris. Les Wallabies (nom que tient l’Australie d’une espèce de petit kangourou qui est son emblème) ne sont pas au mieux de leur forme et donc loin de leur niveau d’antan. Ils n’ont seulement gagné qu’un match cette année contre le Japon sur un étriqué score 19 à 15. Et il ont perdu les trois matchs de cette tournée de suite, contre l’Irlande (46-19), l’Angleterre (25-7) et surtout contre l’Italie (26-19) qui n’est classée que 10ème, précédée à la 9ème place par l’Ecosse et à la 8ème par les Fidji. La 7ème, rappelons-le, est occupée par l’Australie qui très certainement sera mue par une volonté de réhabilitation face à des Bleus ébranlés.
A propos de ces derniers, le chroniqueur de Sud-Ouest, le quotidien de Bordeaux, Denys Kappès-Grangé, a remis sur le tapis une question récurrente. « Le rythme et le poids du Top 14 permettent-ils réellement de préparer les Bleus aux réalités du niveau international ? »
« On sent les mecs fatigués », note dans le même article Guy Accoceberry, ancien demi de mêlée tricolore. Il est vrai qu’au niveau très exigeant du championnat national s’ajoutent pour les internationaux la Coupe d’Europe des clubs, le tournoi des Six nations et les tournées d’été et d’automne. Contre les Springboks (nom d’une gazelle bondissante emblème de l’Afrique du sud), les Bleus ont dévissé à partir de la 60ème minute alors qu’ils menaient aux points jusqu’alors. Face aux Fidji, ils ont assuré leur victoire qu’à dix minutes du coup de sifflet final après avoir débuté la rencontre en trombe marquant coup sur coup trois essais transformés. Puis se sont soudainement affaissés à partir de la 20ème minute, ont cumulé les fautes, ce qui a permis aux Fidjiens de revenir à égalité leur laissant entrevoir une possible victoire.
Donc sont-ils trop sollicités ces internationaux ? « Après trente minutes de jeu, souligne le journaliste de Sud-Ouest qui néanmoins réfute cette hypothèse avec force arguments statistiques, apparaissent la dégradation des qualités physiques, la baisse de la mobilité et des vitesses de replacement. » La cause de ces trous d’air serait à chercher ailleurs, suggère-t-il. Mais où ? Réponse samedi soir.
Si les Bleus l’emportent avec un certain panache, la question sera oubliée. S’ils sont vaincus même de peu, les acrimonieux pointeront le doigt accusateur vers Galthié. Mais il a l’habitude d’être mis à l’index sans que cela l’ébranle… en apparence. Ne dit-il à l’envi : « Perdre, ça nous aide à progresser. » Et avant la Coupe du Monde, il y aura les Six nations dont il espère réussir le doublé. Une excellente rampe de lancement pour celle-ci.
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[1] A partir de la fin des années 30 du siècle dernier, l’industrie automobile américaine a organisé des collisions en laboratoire pour tester la résistance des nouveaux modèles à mettre sur le marché afin de garantir la sécurité de leurs usagers. La banque en a repris la philosophie il y a une vingtaine d’années, là pour vérifier la solvabilité des établissements financiers en cas de choc économique. C’est dit en anglais bank-test. Le match de samedi s’inscrit dans cette logique…
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