Un oubli stupéfiant
À les entendre, on va voir ce qu’on va voir. Les caïds, les papes et les sous papes du commerce de ces armes de destruction massive que sont la cocaïne, l’héroïne, le crack, j’en passe et des meilleurs, n’étant pas du tout spécialiste de la chose. Et puis quand bien même, avant d’en avoir terminé avec une liste qui se voudrait exhaustive, des éprouvettes de ces alchimistes de la mort seraient sortis trois ou quatre nouveaux dérivés d’opiacés jusqu’alors inconnus sur le marché. Car, s’il y a bien un domaine où on n’arrête pas le progrès, où l’innovation est reine, c’est bien celui-ci.
On ne compte plus les morts, on ne compte plus les zombies décérébrés à force de came, les morts au champ d’horreur du trafic et des règlements de compte. Pas plus qu’on ne parvient vraiment à compter les milliards que cela rapporte. Le budget de certains Etats de la planète font, paraît-il, très pâle figure en comparaison. On en est là. Des milliards, de quoi acheter les consciences, corrompre tout ce qu’il y a de corruptible parmi le genre humain. C’est-à-dire à peu près tout le monde…
Mais voilà bien que ces jours-ci, les sommités de l’État consentent à sortir de leur torpeur et, comme je vous le disais en commençant, jurent-elles leurs grands dieux : « On va voir ce qu’on va voir ». Voilà ce qu’elles nous annoncent, bravaches, menaçantes, terribles. Juré-craché, voilà qu’elles partent en croisade comme jamais contre les trafiquants, gros ou moins gros, les dealers blanchis sous le harnais ou encore en couche culotte, les consommateurs des bas-fonds comme des beaux quartiers, des bordels clandestins comme des ministères (mais si, mais si…) Bref toute la chaîne est dans le collimateur. On ne rigole plus ! Jusqu’alors la croisade contre la poudre à sniffer n’a été que de la poudre aux yeux, mais ces temps-là sont résolus. Puisqu’on vous le dit ! La France se mobilise, l’Europe entière se mobilise. La guerre est déclarée.
Quelle tartufferie ! Jusqu’à quand ces gens continueront-ils à se foutre de notre gueule sur des sujets aussi graves que celui-là !
La guerre au narcotrafic, prétendent-ils ? Ah oui, quelle guerre ?…
Peut-être conviendrait-il de commencer par le commencement. S’en prendre aux pays producteurs en exigeant qu’ils éradiquent de leurs territoires jusqu’à la moindre production de ce genre, cela en préalable à toute discussion diplomatique ou commerciale. On les connaît, ces pays de cocagne mortelle. Pour une bonne part, ils sont à chercher en Amérique du Sud. Parmi les premiers pays producteurs de la planète ne trouve-t-on pas en effet, le Pérou, la Colombie, la Bolivie, le Guyana, le Brésil…
Au cas où vous auriez du mal à retenir cette liste, pas de souci. Vous n’aurez qu’à vous reporter à celle des pays devant lesquels l’Europe – notre belle et grande Europe – s’empresse de dérouler le très juteux tapis rouge de la grande foire libre-échangiste, le Mercosur. Vous y retrouverez les mêmes noms, les mêmes pays…
Comme dirait l’autre, cherchez l’erreur.





