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Podcast : Le nouveau rapport sur l’entrisme des Frères musulmans va-t-il changer quelque chose ?

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Avec Céline Pina, Eliott Mamane et Jeremy Stubbs.


Le gouvernement vient de rendre public un rapport officiel sur l’entrisme des Frères musulmans en France. La version diffusée apprend peu de choses à ceux qui suivaient déjà ce sujet brûlant. Il se peut que l’apport le plus intéressant des auteurs réside dans des informations précises et sensibles contenues dans la version non-diffusée.

En tout cas, nous assistons peut-être à la formation d’une doctrine d’État au sujet du danger frériste. Et bien que le président lui-même, décrédibilisé, possède peu de marge de manœuvre pour prendre des mesures concrètes, l’étoile montante de Bruno Retailleau, le nouveau président des Républicains, est de bon augure.

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Pourtant, de manière totalement prévisible, les idiots utiles de l’islamisme dans les médias et l’extrême-gauche n’ont pas attendu pour pousser les hauts cris et relayer la charge d’islamophobie que les milieux fréristes ont développée pour faire taire toute parole critique à leur égard.

Bruxelles, porte d’entrisme des Frères musulmans sur l’Europe

Dans la capitale belge, la stratégie de conquête par le bas des Frères musulmans porte ses fruits : les barbes s’allongent, les femmes se voilent, et des rues entières sont désormais composées de commerces halal… Inquiétant.


Les Frères musulmans ont vu le jour en 1928 au Caire, sous la houlette d’Hassan el-Banna. Il n’a pas fallu un siècle pour que leur nouvelle capitale soit située en plein cœur de l’Europe, à Bruxelles où un immense tapis rouge est continuellement déroulé devant eux. Ils ont désormais partout leurs entrées, sans qu’ils ne doivent encore forcer la porte, et ont leurs porte-parole dans les partis politiques, les institutions, les associations et les médias.

Une toute petite minorité ?

Le rapport français sur les Frères musulmans a fait grand bruit, amenant à la connaissance d’un grand public de moins en moins candide l’existence d’une confrérie qui utilise tous les moyens légaux (État de droit, entrisme, culpabilisation, chantage à l’islamophobie…) pour imposer un islam rigoriste. Le terme « Belgique » y est mentionné 35 fois, notamment comme « carrefour européen de l’entrisme frériste ».

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Dans le plat pays, tout le monde ferme les yeux car beaucoup y trouvent un intérêt. Tous les partis politiques ou presque ont laissé entrer le loup dans la bergerie, contre la promesse de voix d’une communauté qui n’a plus rien de minoritaire – le pourcentage de musulmans à Bruxelles a probablement déjà largement dépassé les 30%. Depuis que le Centre démocrate humaniste (aujourd’hui Les Engagé.e.s) a fait élire la première femme voilée dans un Parlement européen – elle est aujourd’hui ministre de la famille dans le gouvernement d’Erdogan -, bien du chemin a été parcouru. C’est chez les socialistes – qui viennent de placer le drapeau palestinien sur le toit de leur siège -, les communistes du PTB et surtout Écolo – autrefois le parti de la nature et des oiseaux – que la tendance est la plus marquée. Les verts belges ont par exemple nommé, avant qu’elle ne fut contrainte à la démission, une sœurette voilée et lourdement suspectée de liens avec les Frères musulmans au poste de… commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

New complot juif

Bruxelles est au cœur de la stratégie des Frères musulmans car, en plus d’être la capitale belge, elle est aussi celle de l’Union européenne, dont les institutions sont particulièrement bienveillantes à l’égard des fréristes. On se souvient, en guise d’exemple, de la campagne du Conseil de l’Europe intitulée : « La liberté est dans le hijab ». Implanté au plus près des institutions européennes, où il effectue un travail intense de lobbying depuis 2007, après l’avoir été à Londres, autre terrain de conquête de l’islamisme, le Conseil des musulmans européens (CEM) est la structure faîtière des Frères musulmans sur le continent. Parmi les nombreuses associations dans son giron, la structure de formation FEMYSO, qui s’adresse plus particulièrement aux jeunes, a pendant longtemps bénéficié d’une aide généreuse de la part de la Commission européenne et du Conseil.

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La noria d’associations actives « sur le terrain » est évidemment perméable aux discours fréristes quand elle n’en est pas le véhicule. Molengeek a abondamment bénéficié des marchés publics qui, en Belgique, sont plus juteux qu’ailleurs. Située à Molenbeek, que les Français ont appris à connaître au moment des attentats, l’association entend mettre les nouvelles technologies au service de tous – comprenez aux personnes issues de la diversité. Depuis, le voile a été levé : entre formations « bidon » et incompétence des formateurs, le plus intéressant réside sans doute dans les soupçons de liens, soulevés par le journal flamand Doorbraak, de son fondateur Ibrahim Ouassari avec les Frères musulmans. Celui-ci s’est défendu sur X en usant d’un parallélisme aussi douteux que révélateur : « Les Frères musulmans is the new complot juif ».

https://twitter.com/Ibiwas/status/1925285057888965090

Les médias se sont mis au diapason. Aussi bien l’audiovisuel (la RTBF – chaîne publique -, RTL, LN24 – chaîne d’information -) que la presse écrite véhiculent une vision exclusivement positive de l’immigration et de l’islam, n’hésitent pas à tendre le micro à des personnalités proches des mouvances islamistes et, surtout, refusent de donner la parole aux responsables politiques ou penseurs qu’ils rangent à l’extrême droite – c’est-à-dire à peu près toute personne ne s’enthousiasmant pas devant les bienfaits de l’immigration. Pour les médias, les Frères musulmans sont d’ailleurs, comme le titra un jour Le Vif, un fantasme.

Surtout, il suffit de prendre les transports publics, se balader dans Bruxelles, faire ses courses, arpenter les clubs de sport ou discuter à la machine à café pour comprendre, à travers des détails difficilement quantifiables, que le travail de sape des Frères musulmans porte ses fruits : les barbes s’allongent, des rues entières sont composées de commerces halal, l’arabe s’impose dans les entreprises, les voiles sont de plus en plus nombreux – et l’on connaît l’importance de celui-ci dans la stratégie de conquête par le bas des Frères musulmans.

Pourtant, en Belgique, il faudra encore bien du temps avant que ne sorte un rapport sur leur influence, preuve sans doute qu’ils y ont déjà imposé leurs méthodes et leurs mœurs, avec la complicité du monde médiatico-politique.

PSL: McCarthy reviens, ils sont devenus fous!

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L’assassinat de deux diplomates israéliens à Washington, hier, a braqué les projecteurs sur une formation politique jusque-là marginale aux États-Unis : le Parti pour le socialisme et la libération, plus connu sous l’acronyme PSL.


Le tueur présumé de Washington, Elias Rodriguez, a été arrêté sur place alors qu’il criait « Free Palestine » et « Intifada revolution », un keffieh rouge sur les épaules. Très vite, les enquêteurs ont mis en lumière un élément biographique troublant : Rodriguez avait été brièvement affilié au PSL en 2017. Bien que le parti ait depuis publié un communiqué condamnant « toute attaque antisémite » et niant tout lien actuel avec lui, cette révélation a suffi à inscrire le nom du PSL au cœur du débat public outre-Atlantique.

Rhétorique radicale

La présence de ce petit parti révolutionnaire dans l’actualité d’un fait aussi tragique que symbolique pose une question essentielle : jusqu’à quel point une organisation politique, même marginale, peut-elle contribuer à façonner un climat idéologique propice à l’extrémisme ? Pour comprendre les enjeux, il faut d’abord saisir ce qu’est réellement le PSL, d’où il vient et quelle est sa vision du monde.

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Fondé en 2004 à la suite d’une scission du Workers World Party, le PSL se revendique explicitement du marxisme-léninisme. Il rejette le capitalisme sous toutes ses formes et appelle à une transformation révolutionnaire de la société américaine : nationalisation des secteurs stratégiques, économie planifiée, suppression de la police telle qu’elle existe, fin du système carcéral et retrait complet des États-Unis de toutes les interventions militaires à l’étranger. Il se distingue aussi par une rhétorique radicale sur les questions raciales, sociales et internationales. Il ne participe que très marginalement aux élections, recueillant des scores symboliques, mais agit intensément dans les mouvements de rue, les manifestations pro-palestiniennes, les mobilisations antiracistes ou anti-impérialistes.

C’est sur la question israélo-palestinienne que le PSL se montre le plus tranchant. Il ne se contente pas de critiquer la politique de l’État d’Israël qu’il qualifie de régime colonial et d’apartheid, il nie sa légitimité et soutient ouvertement la résistance palestinienne, y compris dans ses formes armées. Le PSL exprime sa solidarité avec le Hamas, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et d’autres groupes que la plupart des pays occidentaux considèrent comme terroristes. Il appelle à un boycott total d’Israël, au démantèlement de l’État sioniste et à l’instauration d’un État unique, laïc, sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique.

Des paroles et des actes

Ce positionnement, à rebours du consensus politique américain, place le PSL en porte-à-faux avec la gauche institutionnelle, y compris avec des organisations comme Democratic Socialists of America (DSA), dont il dénonce la tiédeur et le réformisme. Il se veut le porte-voix d’un antisionisme radical qui ne fait pas la distinction entre critique d’un gouvernement et négation de la légitimité d’un État. Pour ses partisans, cette intransigeance est le gage de sa cohérence idéologique. Pour ses détracteurs, elle flirte dangereusement avec l’essentialisation, voire la haine.

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Dans ce contexte, l’affaire Elias Rodriguez agit comme un révélateur. Le suspect n’était plus membre du PSL depuis plusieurs années. Rien ne prouve que son geste ait été commandité, inspiré ou approuvé par le parti. Mais la question n’est pas seulement de savoir qui donne les ordres, mais aussi qui alimente un discours où la violence est normalisée, et où l’adversaire est constamment présenté comme intrinsèquement illégitime. Entre dénonciation politique et incitation symbolique, la frontière peut devenir poreuse, surtout dans des contextes de polarisation extrême comme celui que connaît actuellement la société américaine.

Le PSL ne détient aucun siège, ne participe à aucune coalition parlementaire, et ses candidats ne recueillent qu’une poignée de voix. Pourtant, par son omniprésence dans les manifestations, sa diffusion idéologique sur les réseaux sociaux, et sa capacité à incarner un radicalisme sans compromis, il occupe une place symbolique bien plus grande que son poids électoral. Il cristallise à la fois les espoirs d’une gauche révolutionnaire et les inquiétudes d’une société confrontée à la montée de discours de rupture.

L’assassinat de Washington n’a pas été revendiqué, il n’est pas « revendicable ». Mais il résonne dans un espace idéologique où certains discours, légaux, jettent les bases d’une conflictualité sans limites. Le cas du PSL rappelle que les partis minoritaires peuvent, eux aussi, produire des effets majeurs. Non par le pouvoir qu’ils exercent, mais par les imaginaires qu’ils forgent et leur capacité de mobiliser et radicaliser des jeunes.

Le chemin de Copenhague de Keir Starmer

Sous pression après la récente poussée électorale du parti de Nigel Farage, le Premier ministre travailliste a nettement durci son discours sur l’immigration, semblant ainsi déclarer son intention de suivre la voie tracée avec succès par ses confrères sociaux-démocrates danois.


Tandis que les sondages indiquent que la grande majorité des Britanniques appellent de leurs vœux d’importantes restrictions de l’immigration, reste à voir si les mots de Keir Starmer seront suivis d’effets, tant ce fléchissement rencontre une opposition importante dans la classe politico-médiatique britannique, y compris et surtout dans le propre camp du Premier ministre travailliste.

Le choc Reform

Le 1er mai se sont tenues au Royaume-Uni des élections locales qui ont vu Reform UK, le parti conduit par Nigel Farage, arriver premier en remportant 677 des 1 635 sièges qui étaient en lice. Pour les deux principaux partis de gouvernement, le désaveu est sévère : le Parti conservateur perd 676 sièges, quand le Parti travailliste en perd 187. En outre, la législative partielle tenue le même jour dans une circonscription du nord de l’Angleterre (Runcorn and Helsby) conduit au remplacement d’un député travailliste par un député Reform. Ainsi, la question de l’immigration a permis de propulser Farage au centre du jeu politique britannique malgré les frasques ayant divisé son parti dans les mois précédant les scrutins (notamment l’exclusion houleuse du député Rupert Lowe, dont le parti pris en faveur d’une forme de remigration en a fait une figure très populaire sur X – trop populaire aux yeux de Farage, à qui il commençait à faire de l’ombre et qui désapprouvait de ce qu’il jugeait comme une droitisation excessive).

Dans ces élections, Reform a notamment atteint le seuil des 30 % de voix, ce que les observateurs ont vite relevé comme indication que Farage avait de réelles chances de devenir le prochain dirigeant britannique. Keir Starmer, le Premier ministre le plus mal élu de l’histoire – le mode de scrutin particulier employé au Royaume-Uni, uninominal à un tour, a permis à son parti de remporter presque deux tiers des sièges en n’ayant qu’un tiers des voix –, s’est vu contraint de réagir face à la préoccupation que tous s’accordent à voir comme centrale dans l’ascension fulgurante de Reform : la question de l’immigration massive.

Le 12 mai, donc, Starmer donne une conférence de presse à l’occasion de la publication d’un livre blanc du gouvernement sur l’immigration. Le langage employé est cinglant. Sur le slogan des brexiteurs, d’abord, « Reprenons le contrôle », il dresse un constat : « Tout le monde connaît ce slogan et ce qu’il signifiait pour l’immigration, du moins c’est ce que les gens pensaient. Car ce qui a procédé du gouvernement précédent, à commencer par ceux de ses membres qui l’ont utilisé, a été tout le contraire. Entre 2019 et 2023, alors même qu’il parcourait le pays en promettant, sans sourciller, qu’il ferait baisser l’immigration, le solde migratoire a quadruplé. En 2023, il a atteint près d’un million, soit environ la population de Birmingham, notre deuxième plus grande ville. Ce n’est pas du contrôle, c’est du chaos. » Cette vague migratoire sans précédent, qui a pris le nom de « Boriswave » dans le vocabulaire de la droite britannique, a changé le visage de beaucoup de villes britanniques en quelques années seulement.

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Depuis des années, les personnes qui voient dans l’immigration massive le fruit d’une volonté politique plutôt qu’un phénomène inéluctable ou un effet de l’incompétence des gouvernants se sont vu qualifier de « complotistes » par les « experts » et les « fact checkers » éclairés. Le Premier ministre britannique, reprenant des éléments de langage qu’il avait déjà employés dans un discours du 28 novembre dernier, leur donne finalement raison : « Et voyez-vous, [les membres du gouvernement précédent] doivent répondre de leurs actes, mais je ne pense pas qu’on puisse faire une chose pareille par accident. C’était un choix. Un choix fait alors même qu’ils vous disaient, disaient au pays, qu’ils faisaient le contraire. Une expérience d’ouverture des frontières menée (…) sur un pays qui avait voté pour le contrôle. »

Il dénonce « un système d’immigration qui semble presque conçu pour permettre les abus, qui encourage certaines entreprises à recruter des travailleurs moins bien rémunérés plutôt qu’à investir dans notre jeunesse » ; s’attaque à une politique migratoire qui contribue « aux forces qui déchirent lentement notre pays » ; et demande « pourquoi certains pans de notre économie semblent presque avoir une addiction à l’importation de main-d’œuvre bon marché au lieu d’investir dans les compétences des personnes qui sont ici et aspirent à un bon emploi dans leur communauté ».

S’il dit que « la migration fait partie intégrante de l’histoire nationale britannique » et que « la Grande-Bretagne doit rivaliser pour attirer les meilleurs talents mondiaux dans les domaines des sciences, des technologies et de la santé », il annonce néanmoins la couleur : « Ne vous y trompez pas : ce plan signifie une baisse de l’immigration. C’est une promesse. Mais je tiens à être très clair à ce sujet. Si nous devons prendre des mesures supplémentaires, si nous devons faire davantage pour alléger la pression sur le logement et nos services publics, alors croyez-moi, nous le ferons. Mais ce n’est pas qu’une question de chiffres. Car le chaos du gouvernement précédent a également modifié la nature de l’immigration dans ce pays (en important) moins de personnes qui contribuent fortement à l’économie, plus de personnes qui travaillent dans des secteurs de notre économie qui exercent une pression à la baisse sur les salaires. Le changement le plus important de ce Livre blanc est peut-être que nous allons enfin honorer ce que signifiait « reprendre le contrôle » et commencer à choisir qui vient ici afin que l’immigration serve notre intérêt national. »

Pour ce faire, il annonce des mesures : « Les exigences en matière de compétences seront relevées au niveau du diplôme. Les exigences en matière de langue anglaise seront appliquées dans toutes les filières, y compris pour les personnes à charge. » (Certains observateurs n’ont pas manqué d’ironiser : voilà que Starmer exige des immigrés qu’ils parlent anglais alors qu’à la mi-avril circulait une vidéo d’un policier britannique expliquant à un citoyen que de dire « Speak English » à un immigré pouvait constituer un crime de haine !) Il poursuit: « Le délai d’obtention du statut de résident permanent sera prolongé de cinq à dix ans. Et l’application des règles sera plus stricte que jamais, car des règles équitables doivent être respectées. » Depuis, il a été annoncé que l’expulsion des criminels étrangers serait mise en œuvre au moment de la condamnation et non plus seulement une fois que la peine de prison a été purgée.

La réaction hystérique des partisans du statu quo

Chez les politiciens et les journalistes de la gauche et du centre, ce discours provoque un tollé. Les réactions se focalisent presque exclusivement sur un passage particulier de son discours : « Disons-le ainsi : les nations dépendent de règles – des règles justes. Parfois écrites, souvent non, mais dans tous les cas, elles façonnent nos valeurs. Elles nous guident vers nos droits, bien sûr, mais aussi vers nos responsabilités, nos obligations les uns envers les autres. Aujourd’hui, dans une nation aussi diversifiée que la nôtre, et je m’en réjouis, ces règles deviennent encore plus importantes. Sans elles, nous risquons de devenir une île d’étrangers, et non une nation qui avance ensemble. » Si ces quelques mots peuvent paraître anodins, c’est l’expression « island of strangers », « île d’étrangers », qui est particulièrement ciblée par les immigrationnistes, lesquels jugent qu’il y a là soit une réminiscence involontaire, soit une référence qui ne s’assume pas, renvoyant au célèbre discours prononcé par le député conservateur Enoch Powell le 20 avril 1968 et notamment à ce passage traitant de l’impact de l’immigration sur la population autochtone : « Pour des raisons (que les Britanniques) ne comprenaient pas, et en vertu d’une décision par défaut sur laquelle ils n’avaient jamais été consultés, ils se retrouvèrent étrangers dans leur propre pays. »

Powell est, d’une certaine façon, la première victime sacrificielle du politiquement correct de l’Angleterre contemporaine : cet homme brillant, à qui est promis un portefeuille de ministre et en lequel beaucoup voient un futur Premier ministre, est limogé du « cabinet fantôme » du Parti conservateur et âprement dénoncé par les médias de référence, alors même que son journal local reçoit 40 000 cartes postales et 8 000 lettres, dont 95 % sont favorables au député d’après l’éditeur de l’époque ; que 1 000 dockers de Londres marchent en sa défense ; qu’un sondage quelques jours après le discours trouve que 74 % des personnes questionnées se disent d’accord avec le discours, dans un contexte où 83 % des sondés disent vouloir une réduction de l’immigration. Peu importe ce soutien général, peu importe aussi le fait que ce supposé « raciste » parle ourdou (la langue officielle du Pakistan) : à partir d’avril 1968, les élites britanniques travaillent à faire d’Enoch Powell une figure diabolique et un repoussoir politique, de telle sorte que l’évocation de son nom joue peu ou prou le même rôle dans l’étouffement du débat sur l’immigration outre-Manche que la mention de la « lepénisation » en France.

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Ainsi donc, les médias ont monté en épingle une comparaison de Starmer à Powell faite, entre autres, par des membres de son propre parti, dont le maire de Londres, Sadiq Khan ; le Premier ministre du pays de Galles, Eluned Morgan ; et la présidente du comité parlementaire sur les femmes et les égalités, Sarah Owen ; mais aussi par l’ancien chef du Parti travailliste devenu député indépendant, Jeremy Corbyn ; par le chef adjoint des Verts, Zack Polanski ; par le chef des Libéraux-démocrates, Ed Davey ; ou encore par la journaliste Susanna Reid qui, dans la matinale Good Morning Britain, a pressé la secrétaire d’État à l’Intérieur sur cette question.

En réponse à cette salve de critiques, le Premier ministre a maintenu ses propos. Sans doute a-t-il à l’esprit le fait que sur ce sujet, les sondages lui donnent raison. Un sondage YouGov effectué dans la foulée du discours demandant à un échantillon de 4 302 personnes ce qu’elles pensaient de l’expression « Nous risquons de devenir une île d’étrangers, non une nation qui avance ensemble » a trouvé que 53 % d’entre elles étaient d’accord, 27 % en désaccord et 20 % sans opinion. Un sondage Merlin Strategy effectué sur un échantillon de 2 300 personnes a quant à lui donné les proportions suivantes quant aux souhaits de solde migratoire : 23 % pour un solde migratoire négatif ; 23 % encore pour un solde migratoire nul ; 17 % pour moins de 1 à 9999 ; 22 % pour 10 000 à 99 999 ; 10 % pour 100 000 à 499 999 ; 3 % pour 500 000 à 999 999 ; et 2 % pour un million ou plus. Ou pour le dire autrement : 46 % de sondés ne veulent aucun immigré entrant, et seuls 5 % de sondés veulent une solde migratoire aux niveaux actuels ou au-delà.

Après les paroles, quels effets concrets ?

À droite, le revirement a bien sûr été accueilli par les observateurs de la vie politique… avec plus ou moins de foi dans la volonté ou alors la capacité de Starmer de mener à bien la politique annoncée. Alors que la crédibilité du Parti conservateur sur l’immigration a été réduite à néant par la « Boriswave », certains estiment que les travaillistes pourraient être plus à même de mettre en œuvre les promesses de leurs adversaires grâce à une mainmise sur la machine administrative blairiste qui manquait aux Tories : dans cette vision, Starmer serait en mesure d’activer ses réseaux partisans pour que la politique migratoire restrictive déclarée soit effectivement exécutée par ce que les conservateurs ont fini par appeler « the blob », la nébuleuse de hauts fonctionnaires sur laquelle ils se sont cassé les dents lorsqu’ils étaient au pouvoir. Cela dit, rien n’est moins sûr pour l’instant, tant ce milieu administratif est politisé dans le sens d’un immigrationnisme dogmatique au service duquel il s’est mis depuis des décennies.

Cela dit, il se pourrait que Starmer ait semé le trouble chez de tels doctrinaires de l’immigration en s’attaquant à l’un de leurs arguments fétiches, à savoir : les prétendus bénéfices économiques de l’importation massive d’êtres humains. À deux reprises, en effet, à des journalistes posant la question de l’impact économique des restrictions qu’il annonçait, le Premier ministre a très clairement souligné comme les records migratoires des années post-Brexit n’avaient pas conduit à davantage de croissance économique. (Il faut espérer désormais que soient plus largement diffusées les diverses études qui ont été faites sur l’impact fiscal des immigrés extra-européens en Europe, lequel est très négatif, afin que plus jamais l’on ait à entendre : « Ils vont payer nos retraites »…)

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En outre, si ce discours constitue sans aucun doute un revirement, il faut aussi garder à l’esprit ce qu’il ne change pas : ainsi par exemple, Starmer a expliqué que le Royaume-Uni continuerait à appliquer les décisions de la CEDH et la réglementation actuelle sur l’asile ; sans quoi, a-t-il dit, le pays ne pourrait prétendre à la conclusion d’accords avec des pays tiers pour y envoyer les demandeurs d’asile déboutés.

De surcroît, il est permis de penser que le Royaume-Uni ne risque pas de devenir une île d’étrangers… mais l’est déjà, en tout cas en bien des endroits. Les autochtones sont déjà minoritaires dans les grandes villes comme Londres, Birmingham ou Manchester, mais hormis ces cas tristement célèbres désormais, le constat peut être fait en bien d’autres endroits de l’Angleterre. Le Daily Mail a par exemple publié un reportage sur la ville de Nelson, dans le Lancashire, comptant 33 800 habitants dont presque 53 % d’Asiatiques, principalement Pakistanais ; dans certains quartiers centraux, presque un habitant sur cinq ne maîtrise pas l’anglais. Là où il y avait jadis treize pubs, il n’y en a plus que deux ; en revanche, les amateurs de mosquées seront mieux servis que les amateurs de bière, ayant le choix entre dix-neuf lieux de culte. Des cas comme celui-ci sont assez nombreux – Rochdale, Rotherham, Bradford… – pour que le discours de Starmer apparaisse comme « Too little, too late » ; et si l’on ne peut que se féliciter de ce que les lignes bougent, la situation est si dramatique en réalité que ce genre de concession doit bien être pris non comme l’aboutissement mais comme le début d’un chantier immense. Comme le dit Rupert Howe, parlant de l’impact de la « droite en ligne » sur le débat politique britannique : « Des progrès de faits, beaucoup encore à faire. »

Un peuple de junkies: antalgiques, somnifères, neuroleptiques, opioïdes…

Les drogues les plus consommées en France sont prescrites en toute légalité par les médecins. Antalgiques, somnifères, neuroleptiques et autres opioïdes se trouvent aussi facilement sur internet ou dans la rue. Le trafic de ces dérivés morphiniques en pleine expansion est bien plus juteux que celui des stupéfiants « tradi ». Et il fait des ravages.


En France, 12 millions de personnes sont traitées chaque année pour des cancers ou des douleurs sévères, contre le stress, les insomnies ou tous types d’inconfort. Le corollaire ? Pas moins de 800 overdoses sont recensées par an, le plus souvent par dépression respiratoire. Des overdoses sur ordonnance, en somme, par détournement ou abus de prescription. Et le nombre d’hospitalisations double tous les deux ans. Suivons-nous le triste exemple américain ? Là-bas, les décès par overdoses médicamenteuses arrivent loin devant ceux causés par les armes à feu et les accidents de la route.

Le responsable est une drogue légale dont les Français sont les premiers consommateurs en Europe : les médicaments opioïdes – à ne pas confondre avec les opiacés qui sont des dérivés naturels du pavot. Les opioïdes sont des composés semi-synthétiques ou synthétiques beaucoup plus puissants.

« Sois sage, ô ma Douleur »

Antalgiques, somnifères, benzodiazépines, neuroleptiques… Leurs noms ? Tramadol, Tapentadol (sa version générique encore plus puissante), oxycodone, Temesta, Xanax, Stilnox, Zolpidem, Neo-codion, Lyrica, Buprénorphine… Sans parler du classique Lexomil ou du Valium, du Rohypnol ou du Skenan. Ils soignent les angoisses, calment les douleurs et aident à dormir. Pourquoi les praticiens les prescrivent-ils si généreusement ? Parce que ça marche, tout simplement. Mais l’accoutumance est terrible et leur détournement fréquent car tous, à un degré ou à un autre, contiennent des dérivés morphiniques.

Jadis, les opioïdes étaient le doudou des retraités, sujets aux bobos chroniques. Aujourd’hui, les jeunes les consomment associés à de l’alcool ou du cannabis. On se souvient du scandale du purple drank en 2016, qui déboucha sur la prescription sur ordonnance du Neo-codion, jusque-là en vente libre. Importé en France, le purple drank ou lean, cocktail de Sprite violet, de sirop Neo-codion et d’antihistaminiques, n’a heureusement pas eu le temps de faire des ravages – seulement deux victimes. Contrairement à ce qui s’est passé aux « States ».

Angel dust et chopped screw

Le modèle américain, c’est un mort toutes les sept minutes, 196 morts causés chaque jour par les opioïdes. Les coupables ? Les prescriptions à tout-va pour les accros au fentanyl, ce dérivé d’opiacés utilisé à l’origine pour les cancéreux en phase terminale ou pour endormir… les éléphants (connu dès les années 1970 sous le nom d’angel dust, prisé par les hippies), et prescrit à tire-larigot à partir des années 1990 pour tout et n’importe quoi. Le fentanyl a ainsi tué le chanteur Prince, traité à l’origine pour des douleurs rénales. En même temps, il s’est répandu, ainsi que son concurrent l’OxyContin, dans tous les milieux et dans toutes les classes d’âge.

Le chopped screw a aussi une part de responsabilité. Ce courant de rap texan inventé par Dr Screw dans les années 1990 vantait la codéine et le fameux purple drank. Cela a donné un rap ralenti, vaporeux, façon borborygme, qui a envahi le marché et influencé profondément la culture ado, jusqu’à Justin Bieber. Dans leurs clips, les rappeurs se gavaient de la dangereuse boisson et s’en faisaient gloire. En France, ce sont Freeze Corleone, Orelsan, Nekfeu ou PNL qui ont popularisé le genre et la pratique.

Neo-codion

La codéine est connue depuis la guerre de Sécession, avant même la morphine. En France, elle est commercialisée depuis toujours par les laboratoires Roche qui la mélangent dans leur composition la « plante des sorcières », le datura. Pendant des décennies, le Neo-codion a été vendu comme un simple antitussif et sans ordonnance. Parallèlement, dans les années 1960, via le jazz et le rock (Ray Charles, Velvet, Stones), l’héroïne entre dans la culture jeune avec ses pendants : le manque et l’overdose. Le manque ne se soigne que par la codéine justement : Codéthyline ou Neo-codion, qui soulage les junkies discrètement, sans faire trop de drames. Sinon, c’est l’Élixir parégorique ou le Palfium, sévèrement réglementés. Puis arrivent sur le marché la méthadone, le Temgesic et le Subutex.

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Hors cannabis, la consommation de drogues dures est alors plus ou moins réservée à une clientèle bohème, voire artiste. Dans les années 2000, c’est une explosion tous azimuts qui se traduit par la massification et le développement de la polytoxicomanie. Le narcotrafic à grande échelle entre en scène et la figure « romantique » du junkie façon Lou Reed cède la place à place à Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

Internet

Le pire, c’est que si les médicaments opioïdes sont abondamment prescrits par les praticiens, internet permet de s’en procurer d’une façon encore plus simple. Merci Google. Benzodiazépines à 5 euros le cachet, 50 euros la boîte de Tramadol et encore moins pour son générique.
Le plus souvent, tout cela vient d’Inde. Le monde entier, peu à peu, a été envahi. Selon Le Quotidien du médecin, 200 milliards d’euros de revenus annuels sont générés par ce commerce. Un trafic plus juteux que celui des stupéfiants traditionnels estimé par Interpol à 27 milliards.

La rue

Il existe une filière encore plus directe qu’internet : la rue. Jadis apanage tristement folklorique de Barbès et Belleville à Paris ou des quartiers nord de Marseille, le deal a envahi toutes les villes, quelle que soit leur taille. Ces pratiques ont explosé depuis le Covid. On parle de 5000 « clients » par jour à Barbès. À côté des cigarettes de contrebande à 8 euros le paquet de Marlboro rapporté d’Algérie ou d’Espagne, il y a désormais le Subutex à 30 euros la plaquette (15 pour la version générique, la Buprénorphine), et on trouve aussi Tramadol, Skenan, Prégabaline ou Lyrica à 20 euros.

Défonce légale

Après les États-Unis, cette défonce légale (même si elle est issue d’un détournement) envahit progressivement la France. C’est une drogue du pauvre, facile d’accès. N’importe quel médecin peut en prescrire en toute bonne foi. On est loin du cliché des crackeux dépenaillés, des crasseuses salles de shoot, des « fours », « choufs » et « nourrices » bien plus spectaculaires, sans parler de la fameuse « mexicanisation ». Certes, le narcotrafic est une horreur. En attendant, la consommation massive d’opioïdes semble être le prochain visage de la misère toxicomane et de la dépression occidentale. Beaucoup de morts, mais sans kalachnikov.

Perdu pour la France

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Les Frères musulmans et l’art du mensonge victimaire: l’exemple du Hamas

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Guerre à Gaza ou guerre des mots chez nous : comment les islamistes retournent les cerveaux


Les Frères musulmans : un siècle d’entrisme islamiste sous couvert de piété
Les Frères musulmans font les gros titres en France. Fondé en 1928 par Hassan al-Banna (le grand-père du prédicateur suisse Tariq Ramadan), le mouvement s’est très vite imposé comme une machine de guerre idéologique. Officiellement né pour bouter les Britanniques hors d’Égypte, son objectif réel était plus vaste — et plus inquiétant : imposer la charia comme socle politique et social, partout où l’islam pourrait rayonner. Derrière une façade prétendument pacifique, le mouvement n’a jamais caché sa fascination pour la violence, lorsque celle-ci sert ses desseins. Très tôt, une branche armée a ainsi vu le jour. Et en 1981, c’est un groupe djihadiste affilié aux Frères musulmans qui assassine le président Sadate, coupable d’avoir signé la paix avec « l’État juif » — un crime de lèse-islam pour ces fanatiques.
Même dans des pays arabes, pourtant, les Frères musulmans sont désormais classés comme organisation terroriste — que ce soit en Égypte, en Arabie Saoudite ou aux Émirats arabes unis.
Aujourd’hui, le Hamas à Gaza — que certains en France continuent de qualifier de mouvement de « résistance » — n’est rien d’autre que la progéniture directe de ce même terreau idéologique. En Turquie, l’AKP d’Erdogan en est, lui aussi, une excroissance plus policée mais tout aussi dangereuse, jouant sur les ressorts démocratiques pour mieux les vider de leur sens.
En Occident, la stratégie des Frères musulmans est subtile : infiltration des associations caritatives, mosquées, et visages souriants sur les réseaux sociaux… Sous couvert de spiritualité, c’est un projet politique global qui avance masqué. L’aveuglement occidental lui déroule le tapis rouge • La rédaction.

On vient de le lire, ce rapport discret, à peine relayé, soigneusement enfoui sous les banalités diplomatiques : les Frères musulmans, nés en 1928 dans une Égypte en décomposition coloniale, ont parachevé leur long travail d’infiltration. Jadis prédicateurs marginaux, ils sont devenus stratèges du désordre moral, architectes d’un islam politique capable de parler la langue de ses ennemis pour mieux les manipuler.

Le conflit israélo-palestinien, pour eux, n’est pas une tragédie : c’est une opportunité. Un levier. Une scène où le Hamas, leur branche palestinienne officielle, joue le rôle du martyr sacré. Tandis que les bombes pleuvent sur Gaza, leurs agents d’influence s’activent dans les universités à Londres, à Paris, à Genève, dans les ONG, dans les syndicats. Ils pleurent à Gaza, mais c’est à Bruxelles qu’ils gagnent la guerre.

Le mensonge de la propagande islamiste

Ils parlent de génocide. Ils parlent de massacre. Ils parlent, toujours. L’Occident écoute, le cœur gonflé de honte, comme un vieillard sénile qui tend l’oreille à son bourreau. À Gaza, le sang coule — oui, comme il a coulé à Stalingrad, à Varsovie, à Grozny. Mais là-bas, le sang ne sert pas la vérité. Il sert un mensonge. Un mensonge parfait. Un mensonge islamiste.

Il faut un certain génie pour retourner le réel comme on retourne un gant ensanglanté. Le Hamas a ce génie. Ce n’est pas un génie de civilisation. C’est un génie de destruction. Il a pris le langage de l’Occident, l’a dépouillé, l’a vidé, et s’en est servi comme d’un masque.

Derrière ce masque : une barbarie qui se dit victime. Une terreur qui se maquille en martyr. Une armée d’ombres qui dit : « Regardez ce qu’ils nous font. » Alors qu’elle tire, poignarde, viole, et filme.

Ce n’est pas nouveau. Ce ne l’est jamais. Le totalitarisme islamiste a des maîtres anciens. Il a appris chez les meilleurs. Le nazisme lui a enseigné la haine méthodique, le communisme, la dialectique victimaire, et le monde post-colonial, l’art du chantage à l’humiliation. Ce qu’il produit n’est pas une idéologie : c’est une fabrique de cadavres et de récits. Les enfants morts deviennent des projectiles médiatiques. Les écoles bombardées sont des scènes de théâtre. Le deuil est un spectacle. Le deuil est un alibi.

A lire ensuite, Pierre Vermeren: Islamistes honoris causa

À Tel-Aviv, on pleure en silence. À Gaza, on crie devant les caméras. Le mort israélien est une statistique. Le mort palestinien est un spot publicitaire.

Ils parlent de « génocide ». Ils répètent ce mot comme on agite une torche dans un entrepôt de poudre. Mais un génocide, c’est Auschwitz. Un génocide, c’est Treblinka, c’est la fosse commune, c’est le silence glacé des bourreaux qui notent chaque train, chaque convoi. Ce n’est pas une guerre urbaine où une organisation terroriste — qui déclare vouloir tuer chaque Juif sur terre — se dissimule dans des hôpitaux, lance ses roquettes depuis les berceaux, et filme ses martyrs pour TikTok.

Il y a là une perversion sublime. Le bourreau qui se fait passer pour la victime. Le kamikaze qui porte un doudou. Le sniper qui prie avant de tirer sur une crèche.

L’endoctrinement idéologique dans les universités occidentales

Mais le pire n’est pas là. Le pire, c’est l’Occident. Cet Occident ramolli, masochiste, qui s’excuse d’exister, qui aime ses bourreaux et hait ses alliés. Dans les universités, on apprend que l’Histoire est une colonisation permanente, que l’oppresseur est toujours blanc, occidental, sioniste. On y récite Marx comme d’autres récitent la shahada. On y croit que tuer est justifié quand on le fait au nom des opprimés. Le sang des innocents y est soluble dans la dialectique.

On enseigne à la jeunesse que la vérité n’existe pas, que tout est récit, que la violence est une réponse à l’humiliation. C’est ainsi qu’on produit des militants. Des idiots utiles. Des collabos à selfie.

Le Hamas et la guerre psychologique

Le Hamas connaît son audience. Il sait que l’Occident aime les faibles, même quand les faibles sont des bourreaux. Il sait que le mot « Israël » provoque des haut-le-cœur dans les salons parisiens, qu’il suffit d’un drapeau palestinien pour faire oublier une décapitation. Il sait qu’un cri de douleur bien cadré vaut plus qu’un millier de faits.

Et il sait que le totalitarisme d’aujourd’hui n’a plus besoin de chars. Il a TikTok, Instagram, les conférences intersectionnelles. Il infiltre les esprits comme un gaz. Il asphyxie le doute. Il transforme les campus en madrasas molles où l’on récite les dogmes de la lutte des races et des genres, pendant que dans les souterrains de Rafah, des otages juifs crèvent dans le noir.

Le totalitarisme islamiste, héritier du nazisme

Mais ce n’est pas un accident. C’est un projet. Un vieux projet. Le totalitarisme islamiste est le cousin d’un autre monstre : le national-socialisme. Ils se sont rencontrés dans les années 30. Dans les salons du Mufti de Jérusalem, ami intime d’Hitler, recruteur pour la Waffen-SS, ils ont scellé une alliance de haine. Une haine du Juif, du Moderne, du Libre. Aujourd’hui encore, les sermons des mollahs charrient l’écho de Goebbels. La radio islamiste hurle comme jadis le Völkischer Beobachter. L’ennemi est le même. Il s’appelle toujours « le Juif ».

Le rôle des relais occidentaux

Et nous ? Que faisons-nous ? Nous signons des pétitions. Nous parlons d’« apartheid ». Nous accusons Israël de faire ce que nos grands-pères ont laissé faire aux Juifs d’Europe. Cette inversion est une obscénité. Elle est aussi une complicité.

A lire aussi, Richard Prasquier: Mahmoud Abbas, négationniste multicartes

Il y a dans cette époque une beauté tragique. Celle des démocraties qui tendent la main à ceux qui veulent les égorger. Celle des intellectuels qui pleurent Auschwitz le matin et défendent le Hamas l’après-midi. Celle des humanistes qui rêvent de paix, mais ne comprennent pas qu’il n’y a pas de paix possible avec ceux qui veulent votre mort.

La matrice Frères musulmans

Tout part de là.

Des années 1920, d’un instituteur égyptien, Hassan al-Banna, qui rêvait d’un empire islamique mondial et comprit avant tout le monde que la guerre moderne ne se gagnerait plus à la baïonnette, mais dans les cerveaux. Les Frères musulmansfurent cette invention géniale : un totalitarisme qui prie, qui éduque, qui pleure, et qui tue. Leur Coran n’est pas celui des mystiques. C’est un manuel de conquête.

Le Hamas n’est pas un corps étranger. Il est leur enfant. Leur modèle abouti. Il conjugue la kalachnikov à la caméra, la prière à la bombe humaine, l’orphelin à la stratégie médiatique. Et pendant qu’à Gaza, on fait sauter les écoles, à Oxford, à Sciences Po, à Harvard, leurs héritiers diffusent leur message sous les oripeaux de l’antiracisme, du progressisme, de la libération des peuples. Le vocabulaire change. L’idéologie, jamais.

Les Frères musulmans ont compris ce que Hitler, Staline, et même Mao n’ont jamais totalement saisi : qu’il n’est plus nécessaire de contrôler un État pour conquérir une civilisation. Il suffit de coloniser ses mots. Ses culpabilités. Ses morts.

C’est ainsi qu’ils avancent. En silence. Dans la pénombre des ONG, des colloques, des associations estudiantines. Ils ne veulent pas votre mort. Pas tout de suite. Ils veulent votre consentement. Et ils l’obtiennent. Jour après jour. Mots après mots. Mensonge après mensonge.

Procès Le Pen en appel av. 2027: «Ce que certains appellent une faveur s’avère être un piège diabolique pour la défense»

L’avocat de Marine Le Pen estime que le procès des attachés parlementaires du FN est purement politique : les motivations écrites des juges en témoignent. Rodolphe Bosselut dénonce aussi le non-respect du droit de la défense, son interprétation des faits reprochés ayant été retenue comme une circonstance aggravante.


Causeur. Quel est l’état d’esprit est votre cliente depuis qu’elle a appris sa condamnation en première instance ?
Rodolphe Bosselut. Celui d’une femme qui a fait appel et qui est combative.

Avez-vous été surpris par la décision du tribunal ?
Plutôt choqué. Je rappelle que j’ai plaidé la relaxe mais que, dans l’hypothèse d’une condamnation, des peines sévères étaient envisageables puisqu’elles avaient été requises par le parquet. Seulement, celles prononcées par le tribunal n’en sont pas moins choquantes. D’abord en raison de leur nature vexatoire. Ensuite et surtout parce que l’exécution provisoire d’inéligibilité, telle qu’elle a été prononcée, nous prive de toute possibilité de recours en attendant l’arrêt à venir de la cour d’appel de Paris.

N’est-ce pas le lot commun de tout justiciable de devoir attendre sagement sa décision d’appel ?
Certes, lorsque cet appel est suspensif. Généralement, quand vous êtes condamné en première instance à une peine avec exécution provisoire, par exemple une peine de détention provisoire, vous avez la possibilité, durant le délai qui vous sépare de l’audience d’appel au fond, de solliciter auprès de cette même cour d’appel une mise en liberté. Malheureusement, dans le cas spécifique d’une exécution provisoire assortissant une peine d’inéligibilité, rien de tel n’est prévu par le Code de procédure pénale. C’est une anomalie du droit. Et cela pose un vrai problème au regard des principes généraux du droit.

Diriez-vous que ce jugement est politique ?
Assurément. Et pas seulement parce qu’il frappe une personnalité politique de premier plan et donc interfère, par ce simple fait, dans la vie politique du pays de façon majeure. Mais aussi parce qu’il comporte dans ses motivations écrites au moins deux considérations proprement politiques et pas simplement juridiques. Tout d’abord, il est reproché noir sur blanc à Marine Le Pen et à sa formation d’avoir des opinions hostiles à la construction européenne, autrement dit il est clairement indiqué que les charges retenues contre le parti qui s’appelait alors « Front national » seraient moins lourdes s’il s’était agi d’un mouvement fédéraliste. C’est insensé ! Deuxièmement, le tribunal parle du risque de « trouble à l’ordre public démocratique » que représenterait, selon lui, la possibilité que Marine Le Pen se présente à l’élection présidentielle avant d’être jugée en appel. De mémoire judiciaire, on n’a jamais vu des spéculations de ce type dans un jugement…

La cour d’appel de Paris a fait savoir qu’elle jugerait votre affaire en urgence, donc avant la prochaine présidentielle. Cette faveur ne montre-t-elle pas qu’on partage votre point de vue en haut lieu ?
Quelle faveur ? Moi j’y vois plutôt un retour à la normale et un désaveu cinglant pour le tribunal correctionnel : on contraint le parquet général et la présidence de la cour d’appel à précipiter le calendrier judiciaire tant l’exécution provisoire prononcée est disproportionnée.

Peut-on parler, comme Jordan Bardella, de tyrannie des juges ?
Je n’emploie pas ce terme. Mais je constate qu’une décision de justice, en prononçant une inéligibilité immédiatement applicable sans possibilité d’un recours spécifique, bouscule le cours de la vie démocratique. Et cette irruption est justifiée par un risque de récidive qui tiendrait notamment à l’exercice par Marine Le Pen de son droit à la défense…

Comment cela ?
Le tribunal écrit qu’elle est une « récidiviste » en puissance au motif qu’elle a osé recourir à un « système de défense » consistant à minimiser la gravité de sa faute. Mais n’est-ce pas le droit le plus élémentaire d’un prévenu de défendre une lecture juridique différente de celle du ministère public ?

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Nombre de commentateurs pensent qu’il ne s’agit pas de divergences d’interprétation, mais que vous niez purement et simplement les faits qui vous sont reprochés.
Nuance, nous nions que ces faits puissent constituer une infraction. Nous affirmons, arguments à l’appui, que Marine Le Pen avait une pratique parlementaire courante et connue de tous au moment des faits. Pratique qui n’a jamais été reprochée à personne. À cette époque, une seule chose était expressément interdite aux assistants parlementaires « locaux » du Parlement européen, c’est-à-dire ceux qui assistent un élu sur sa terre d’élection et donc qui ne vont jamais ni à Bruxelles ni à Strasbourg : ils n’avaient pas le droit d’accomplir des tâches relevant de la sphère privée. Or aucun assistant parlementaire mis en cause dans cette affaire n’a travaillé pour la sphère privée de qui que ce soit. Cela a été rappelé à de nombreuses reprises, il n’y a dans ce dossier aucun enrichissement personnel. Toutes les activités pour lesquelles des condamnations ont été prononcées avaient un lien direct avec la vie militante du Front national.

Certes, mais pour le tribunal, même les tâches effectuées dans le cadre militant sont illégales…
C’est une mauvaise interprétation du règlement en vigueur, qui ne prohibe textuellement que les activités militantes au sein des partis européens, pas nationaux. Or les parlementaires de Strasbourg sont élus sur des listes partisanes nationales en défendant des programmes partisans nationaux. Si bien que nous affirmons qu’un eurodéputé reste assurément dans le cadre de son mandat électif quand il œuvre à la progression de son parti national.

Parmi les condamnés, il y a le fameux chauffeur-garde du corps dont on se demande quel rapport il avait avec l’engagement partisan.
Contrairement à ce qu’on a pu lire dans de nombreux journaux, les textes européens prévoient de façon tout à fait claire qu’un chauffeur peut être employé avec un contrat d’assistant parlementaire. Les textes européens parlent d’une fonction d’appui technique, qui est autant celle d’un garde du corps que d’un chauffeur. La seule différence est que le chauffeur s’arrête au pied du Parlement alors que le garde du corps poursuit sa mission à l’intérieur des bâtiments de Strasbourg ou de Bruxelles. Marine Le Pen avait hélas des raisons objectives de demander une assistance rapprochée au regard des nombreuses menaces et prises à partie qu’elle subit. Sans cette protection, elle n’aurait pas pu mener son mandat d’élue sereinement.

Il y avait aussi le majordome de Jean-Marie Le Pen…
Nous avons établi devant le tribunal que cette personne effectuait des tâches d’assistant parlementaire pour d’autres députés européens. Ensuite, il est vrai qu’il rendait par ailleurs des services au père de Marine Le Pen en tant qu’homme à tout faire, pas comme Nestor en livrée au château de Moulinsart ! Et cela ne l’empêchait pas d’accomplir parallèlement son travail d’assistant.

Comment se fait-il que ces pratiques, que vous dîtes courantes, n’aient pas été constatées dans d’autres formations comme le PS ou LR ?
Les grands partis ont un nombre suffisant d’élus pour atteindre le seuil de constitution d’un groupe parlementaire, qui donne droit à une enveloppe financière plus conséquente, permettant d’embaucher davantage d’assistants avec des fiches de poste plus spécifiques. Les groupes plus restreints, comme ceux du FN, du Modem ou du Parti de gauche, mais aussi de Podemos en Espagne, étaient quant à eux obligés de confier à leurs assistants des tâches plus variées et de les mutualiser. Je remarque d’ailleurs qu’en Espagne, Podemos n’a eu aucun problème avec la justice.

Que dit la justice européenne de votre affaire ?
J’ai plaidé le volet proprement civil de l’affaire, ayant trait à ce qu’on appelle la « répétition de l’indu », à Luxembourg, qui est le tribunal compétent pour les affaires de trop-perçu au Parlement européen. La procédure devant les juridictions européennes est pour le moins surprenante puisqu’il n’y a pas de double degré de juridiction. Il est piquant de savoir que l’Union européenne, donc le Parlement européen, n’est pas signataire de la convention qui régit la CEDH ! C’est lunaire…

Marine Le Pen arrive au tribunal de Paris pour le verdict de son procès sur des soupçons de détournement de fonds publics européens, 31 mars 2025 © Thomas Hubert/SIPA

Et pourtant, vous pourriez porter l’affaire devant cette CEDH, non ?
C’est effectivement une possibilité. Nous pourrions d’ailleurs, sans attendre d’avoir épuisé toutes les voies de recours de la justice française, réfléchir à demander une « mesure d’urgence » auprès de la CEDH. Je suis cependant très circonspect puisqu’il semble que le fait de se défendre soit dorénavant retenu comme une circonstance aggravante. Je rappelle à cet égard notre demande d’une « question préjudicielle » à la Cour de justice des communautés européennes sur la compatibilité du règlement interne du Parlement européen encadrant l’activité d’assistants parlementaires avec les principes de sécurité juridique et de prévisibilité. Or non seulement cette requête nous a été refusée, mais les juges français ont estimé qu’il s’agissait d’une manœuvre confirmant la thèse selon laquelle Marine Le Pen serait dans le déni…

Marine Le Pen n’aurait-elle pas été mieux avisée de se battre davantage la coulpe ? Peut-être aurait-elle été dispensée du soupçon de récidive et épargnée par l’exécution provisoire…
Autrement dit n’est-il pas plus judicieux pour tout prévenu innocent de reconnaître ce qu’on lui reproche pour s’attirer une éventuelle mansuétude ? Franchement, comme avocat, je ne me résous pas à ce genre de raisonnement. Mais je vous rappelle que, pour justifier l’exécution provisoire, les juges ne se sont pas contentés d’invoquer un risque de récidive. Ils ont aussi agité celui de « trouble à l’ordre public démocratique ». Et ce malgré la mise en garde formulée deux jours avant par le Conseil constitutionnel, qui, interrogé sur une affaire comparable, avait indiqué que les atteintes à la « liberté du vote » des Français devaient être proportionnées.

À vous entendre, l’affaire était perdue d’avance et il fallait, au moins pour sauver l’honneur, ne pas plier l’échine…
C’est une interprétation romantique à laquelle l’homme de droit que je suis ne saurait souscrire.

Diriez-vous toutefois, comme Marine Le Pen, que le « système a sorti la bombe nucléaire » ?
Je me garderai bien de faire des commentaires politiques. Je note toutefois que durant les audiences, les seules personnes qui ont prononcé le mot « système » sont les magistrats, qui ont, dès les premiers jours, allégué qu’on jugeait dans cette affaire un « système ». Quand j’ai entendu cela, je me suis immédiatement inscrit en faux en m’indignant de l’emploi de ce terme évidemment porteur de préjugés. Il y a eu un incident à l’audience au terme duquel le tribunal a consenti à ne plus employer le terme « système » et à le remplacer durant les débats par celui de « gestion centralisée des enveloppes parlementaires ». En fin de compte, c’est bien un « système » qui est retenu dans le jugement… Chassez le naturel, il revient au galop.

À lire aussi : Jugée au nom du peuple, vraiment ?

En attendant, Marine Le Pen admet que le chemin qui lui permettrait de se présenter est très étroit…
C’est hélas le cas. Tout le paradoxe de la situation procédurale actuelle est que l’exécution provisoire qui assortit la peine d’inéligibilité entraîne une accélération du calendrier pour qu’une décision puisse être rendue avant les présidentielles prévues en 2027. Ce que certains appellent une « faveur » s’avère être un piège diabolique pour la défense. En effet, tout recours, par exemple une question prioritaire de constitutionnalité, dont on pourrait légitimement envisager l’emploi, devra être mûrement réfléchi, le risque étant de rallonger ou de perturber le calendrier judiciaire et donc politique. Nous sommes symboliquement dans une seringue et cela n’est évidemment pas satisfaisant.

On pouvait s’attendre à ce que le jugement suscite des protestations, voire un scandale, dans l’opinion. Comment expliquez-vous que ce ne soit pas le cas ?
J’ai le sentiment d’une anesthésie générale du débat public. Quand, en 2017, François Fillon a été mis en examen dans une affaire d’assistant parlementaire, beaucoup de gens ont dit que l’élection avait été escamotée. En l’espèce, la situation me semble beaucoup plus grave puisqu’il existe un risque que Marine Le Pen, à la différence de François Fillon, ne puisse pas se présenter à l’élection.

Est-on allé trop loin dans la moralisation de la vie politique ?
On a eu sans doute raison de vouloir punir plus lourdement les élus qui s’enrichissent personnellement en détournant des fonds publics ou en trafiquant leur influence. Mais dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, il ne s’agit absolument pas de cela ! D’ailleurs le tribunal l’a bien compris puisqu’il a inventé le nouveau concept d’« enrichissement militant » pour qualifier le prétendu mésusage commis par ma cliente. Autrement dit, il s’agirait, au pire, d’un financement illicite d’activité politique française par l’Europe. Infraction sans commune mesure avec le détournement de fonds publics dont l’énoncé à lui seul est infâmant.

Mais ne faut-il pas être exemplaire pour être un bon élu ou un bon gouvernant ?
Je me méfie de ces considérations morales. Sauf erreur de ma part, la notion d’exemplarité n’est pas inscrite dans notre droit. En revanche, le droit à l’erreur y figure, depuis 2018.

Vous avez mené un combat si long et fatigant qui s’est conclu par une décision si décevante. Cela a-t-il affecté votre moral ?
Ce procès n’a pas modifié le regard que je porte sur le monde et sur mon métier. J’ai toujours été, et je reste, un pessimiste qui garde l’espoir.

L’album rigolard de Bouzard

Chaque été, Lisa, Lucas et Ethan passent leurs vacances chez leurs grands-parents, pour le plaisir relatif de ces derniers. Bouzard met en scène avec brio ce à quoi peuvent ressembler les longs étés chez les grands-parents, rythmés par les parties de belote, les non-évènements de la vie du village, les excursions à la mer ou à la montagne… le tout avec un humour décalé et grotesque à souhait.


Guillaume Bouzard n’est pas un débutant. Né en 1968, auteur de nombreux albums chez Dargaud, aux Requins Marteaux, chez Fluide glacial (qu’il a rejoint en 2002), il dessine notamment dans Spirou, L’Express, Libération et So Foot. Il nous propose aujourd’hui l’hilarant Les Vacances chez Pépé-Mémé, qu’il ancre dans les Deux-Sèvres, son département natal, où il réside.

Nul doute qu’il s’est inspiré de ses propres souvenirs d’enfance pour réaliser ce bidonnant opus. Comme le précise l’éditeur : « À coup sûr, ça rappellera des souvenirs à certains… (…) Un album qui sent bon l’huile de tracteur, la liberté et la rigolade » ; surtout aux quinquagénaires et aux sexagénaires car, est-il nécessaire de préciser que l’époque a changé.

Pineau

Ethan et son petit frère qui ne fait que chouiner, se paient une bonne tranche de plein air en pleine cambrousse auprès de leurs grands-parents agriculteurs. Il leur en arrive autant de vertes que de pas mûres. Le gentil cochon Cassoulet qu’il faut saigner pour faire du boudin ; la grosse bestiole ne l’entend pas de cette oreille et se carapate. Devront-ils se rabattre sur le boudin blanc ? La promenade des enfants passe inexorablement par le chemin des Pendus avec ses arbres lestés de douces histoires : à cette branche, c’est Vivien, l’ancien facteur cocu, qui s’est accroché ; un peu plus loin, c’est le chêne au Gros François (la branche a cassé sous son poids mais heureusement, en tombant, il s’est brisé le cou) ; et comment oublier l’arbre aux Boches auquel les Résistants avaient pendu huit soldats allemands ?… On savourera les propos philosophiques et libidineux de Paulo, en fauteuil roulant, qui, les bourses trop pleines, le fait savoir à tue-tête : « Colette, je veux ton gros cul ! », « Marie-Claude, reviens là que je te défonce ! », « Colette, je veux lécher ta chatte ! » … Pendant ce temps, les deux commères commentent les derniers faits d’armes de Thérèse, la saute-aux-prunes qui vient de se taper le très jeune facteur. Et, comme le précise encore l’éditeur, « les toilettes au fond du jardin, les petits chatons qu’il faut noyer, les frayeurs en forêt, la scie à bois, les parties de pêche (pas trop) miraculeuses et les parties de cartes avec Pépé qui fait que tricher… »

Le tout est arrosé par une sacrée dose de Pineau des Charentes que tous picolent avec force et vigueur. Non, on ne s’ennuie jamais pendant Les vacances chez Pépé-Mémé.


Les vacances chez Pépé-Mémé, Guillaume Bouzard (scénario, dessin et couleurs) ; Fluide Glacial ; 64 p.

Cherki retenu en équipe de France: Deschamps a-t-il cédé à la pression?


Mercredi 21 mai, le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps a dévoilé la liste des joueurs retenus pour affronter l’Espagne le 5 juin. Et parmi les heureux élus, Rayan Cherki, un choix sportif, mais aussi politique… Dicté par le lobby algérien et ses affidés ?

Didier Deschamps, c’est Bruno Retailleau

S’il n’avait pas intégré ce joueur franco-algérien de Lyon (doué, mais inexpérimenté), Deschamps aurait probablement été taxé de racisme, par ceux-là mêmes qui l’avaient accusé d’avoir écarté Benzema pour des raisons religieuses, par ceux-là mêmes qui depuis des années réclament son départ et demandent l’arrivée de Zidane… Récemment encore, Karim Zeribi, ancien élu EELV, cofondateur du conseil mondial de la diaspora algérienne, avait remis de l’harissa dans le couscous en déclarant : « Didier Deschamps, c’est Bruno Retailleau, il a un problème avec les Algériens. » C’est plutôt les Algériens qui auraient un problème avec Dédé, le surnom du sélectionneur.

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Pour pousser un peu plus Dédé dans les orties, Cherki avait habilement fait savoir, par le téléphone arabe, que s’il était recalé en équipe de France, il endosserait le maillot vert de l’équipe d’Algérie. Une forme de chantage qui a finalement abouti… avec sa convocation chez les Bleus.

FAF

Si toutefois Cherki regagnait un jour les Fennecs (surnom des joueurs de l’équipe d’Algérie), il ne serait pas le premier… En 2019, lorsque l’Algérie est devenue championne d’Afrique, sur les 24 joueurs de la sélection, 14 étaient nés en France. Et depuis, la FAF (Fédération algérienne) a renforcé le dispositif, en créant la  »Cellule Radar », avec pour mission de recenser et contacter tous les jeunes Franco-algériens évoluant en France, opération confiée à Karim Idir, président du FC Dammarie-les-Lys, club d’Île-de-France, très bien introduit dans les instances fédérales du foot français. En s’appuyant dans tout l’Hexagone sur un réseau de techniciens binationaux qui « ont la fibre nationale », il a ainsi constitué un fichier de joueurs à la disposition de l’Algérie.

Les anciens joueurs algériens résidant en France ont également été mobilisés pour embrigader la jeunesse.

Ainsi les instances françaises forment des footballeurs qui ensuite, recrutés par des agents doubles, s’enrôlent sous un drapeau dont le croissant est enrichi au beur.

Interdiction des puffs et sachets de nicotine: un aveu d’impuissance face à l’industrie du tabac

L’interdiction des « puffs » est désormais en vigueur, officiellement pour protéger la jeunesse. Pourtant, ces dispositifs représentent une alternative au tabac traditionnel moins nocive. En les bannissant, on prive donc certains fumeurs d’un outil de sevrage potentiel, au bénéfice, une fois de plus, des cigarettiers qui ne peuvent que se frotter les mains après cette décision


L’interdiction des puffs (cigarettes électroniques jetables) en février 2025 et la volonté affirmée en octobre 2024 par Geneviève Darrieussecq, alors ministre de la Santé, du bannissement des sachets de nicotine, appelés pouches, sont présentées comme des mesures pour protéger la jeunesse et l’environnement. Pourtant, en ciblant ces alternatives au tabac plutôt que l’industrie du tabac elle-même, le gouvernement français révèle plutôt une étonnante incapacité à s’attaquer au tabagisme traditionnel, qui reste un véritable enjeu de santé publique puisqu’il cause 75 000 décès annuels en France. De plus, cette politique prohibitionniste semble paradoxalement renforcer les cigarettiers, alimenter la contrebande et compromettre la réduction des méfaits du tabac.

L’argument majeur avancé par le gouvernement pour justifier l’interdiction des puffs et pouches repose sur leur attrait supposé pour les jeunes. Et ce, même, une étude de 2022 dans Nicotine & Tobacco Research montre que les pouches sont surtout utilisées par des fumeurs existants, pas par des novices. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) note aussi que les puffs servent souvent aux fumeurs pour réduire leur consommation de tabac, même si cela ne réduit pas l’accoutumance à la nicotine. En les bannissant totalement, le gouvernement retire donc une « béquille » aux personnes souhaitant sortir du tabagisme, tout en limitant la demande de nicotine à la cigarette traditionnelle, bien plus nocive et qui pèse lourdement sur les dépenses de santé publique. Chaque année, le tabac coûte 1,6 milliard à l’Etat, soit 2,3% du déficit public français.

Pourtant, les mesures contre les cigarettes se limitent à des hausses de taxes, comme celle de 2025 portant le prix moyen d’un paquet à 12,50 €. Ces augmentations n’ont pas enrayé la consommation, puisqu’en 2023, 31,3 % des adultes français fumaient quotidiennement, un chiffre stable depuis 2019, comme le souligne la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). Et pendant ce temps, l’industrie du tabac prospère. En 2023, Philip Morris International a généré 35,2 milliards de dollars de revenus, et British American Tobacco 27,3 milliards. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFTD), le marché national du tabac représentait 20,2 milliards d’euros en 2022, contre 21,6 Md€ en 2021 et 18,1 Md€ en 2017.

Les buralistes : un lobby intouchable

Les 22 800 bureaux de tabac détiennent un monopole sur la vente de tabac, soutenu par des subventions publiques. En plus de 20 ans, ce sont plus de 4,4 milliards d’euros de financements publics qui ont été accordés à la profession. Et contrairement à ce qu’ils affirment, les débitants de tabac tirent largement profit de la hausse régulière de la fiscalité. En 16 ans, les gains issus des ventes de produits du tabac ont triplé, passant de 30 000 € par buraliste en 2007 à 90 000 € pour chacun en 2023.

Cette influence est renforcée par la Confédération des buralistes, qui exerce un lobbying actif, comme le montre une récente étude publiée par le Comité national contre le tabagisme (CNCT).

Avant leur interdiction, les puffs et pouches étaient vendus dans des boutiques spécialisées ou en ligne, sous des réglementations européennes strictes. Leur bannissement va donc à l’encontre des législations européennes tout en renforçant le monopole des buralistes, qui ne montrent aucun intérêt à promouvoir des alternatives moins nocives. Mais surtout, on peut penser que les cigarettiers exploitent consciemment ces monopoles pour marginaliser les produits de réduction des risques.

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Les alternatives sacrifiées : un cadeau aux cigarettiers

Les puffs et pouches semblaient pourtant offrir une opportunité pour réduire les méfaits du tabagisme. Ainsi, la Suède, seul pays de l’UE à ne pas interdire les pouches, voit ce produit, prisé surtout par les hommes, supplanter le tabac fumé. Avec 6 % de fumeurs quotidiens en 2021, la Suède approche le statut de premier pays « sans fumée » de l’UE, c’est-à-dire avec une prévalence de fumeurs égale ou inférieure à 5 % de la population. Un article publié par la revue scientifique Harm Reduction Journal montre que ce mode de consommation du tabac, alternative viable aux cigarettes, est accepté par les consommateurs, qu’il ne poussa pas au tabagisme, et réduit les risques de cancers du poumon et de maladies cardiovasculaires, offrant des bénéfices significatifs en santé publique. En clair, les différents modes de consommation de tabac sans combustion se révèlent bien moins dangereuses que les cigarettes. Une étude britannique montre également que les e-cigarettes ont réduit le tabagisme de 20 % au Royaume-Uni.

L’apparition de ces produits sans combustion, ni fumée s’apparente à une évolution majeure du tabagisme, impactant de facto le marché traditionnel de la cigarette. Ces produits semblent offrir l’opportunité d’aligner les envies des consommateurs et celles des autorités publiques qui souhaitent limiter les méfaits du tabac. Cependant, en interdisant ces nouveautés, l’Etat intervient directement sur l’évolution naturelle d’un marché, confortant ainsi la position dominante de ses acteurs majeurs. Il est alors peu étonnant de constater qu’en 2024, le cigarettier britannique Imperial Brands, dont Seita est la filiale française depuis 2008, a vu ses résultats marqués d’une forte croissance en Europe.

Une contrebande dopée par la prohibition

Les grands groupes de cigarettes ne sont pas les seuls à trouver des avantages dans cette situation. L’interdiction des puffs et pouches alimente de facto la contrebande. Les données spécifiques sur les saisies de ces produits illégaux par les douanes françaises ne sont pas explicitement détaillées dans les sources disponibles. Les rapports officiels ne mentionnent que les saisies globale de tabac de contrebande. Mais les rubriques de faits divers pullulent d’articles plus précis sur la question : saisies à St-Ouenà Toulon, à Gap, à Cambrai, à Valenciennes… Aucune région française ne semble épargnée, malgré l’impressionnant travail des douanes qui a saisi, l’an dernier, 489 tonnes de produits nicotiniques. Un chiffre impressionnant et qui pourtant en représentent pas l’ampleur réel du problème.

Le mécanisme est pourtant connu depuis longtemps. La prohibition légale d’un produit augmente la demande sur le marché noir, car elle crée une rareté artificielle et des prix élevés. Cela incite les réseaux de contrebande à s’organiser pour répondre à cette demande, souvent via des importations illégales ou des contrefaçons. De plus, la contrebande de tabac sert souvent de porte d’entrée et de soutien logistique/financier à d’autres activités illégales, renforçant les réseaux criminels transnationaux.

L’interdiction des puffs et sachets de nicotine renforce donc les buralistes et les cigarettiers tout en dopant la contrebande. Une régulation intelligente – normes strictes sur les alternatives, contrôles sur les ventes aux mineurs, campagnes éducatives – et une offensive contre le tabac combustible, défiant le lobby des buralistes, seraient plus efficaces. Sans ce changement, la France continuera de payer un lourd tribut, tandis que les géants du tabac prospèrent.

Podcast : Le nouveau rapport sur l’entrisme des Frères musulmans va-t-il changer quelque chose ?

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Promenade d'un couple musulman en habit traditionnel dans le parc de Rentilly à Bussy-Saint-Martin, 1 mai 2016 © SICCOLI PATRICK/SIPA

Avec Céline Pina, Eliott Mamane et Jeremy Stubbs.


Le gouvernement vient de rendre public un rapport officiel sur l’entrisme des Frères musulmans en France. La version diffusée apprend peu de choses à ceux qui suivaient déjà ce sujet brûlant. Il se peut que l’apport le plus intéressant des auteurs réside dans des informations précises et sensibles contenues dans la version non-diffusée.

En tout cas, nous assistons peut-être à la formation d’une doctrine d’État au sujet du danger frériste. Et bien que le président lui-même, décrédibilisé, possède peu de marge de manœuvre pour prendre des mesures concrètes, l’étoile montante de Bruno Retailleau, le nouveau président des Républicains, est de bon augure.

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Pourtant, de manière totalement prévisible, les idiots utiles de l’islamisme dans les médias et l’extrême-gauche n’ont pas attendu pour pousser les hauts cris et relayer la charge d’islamophobie que les milieux fréristes ont développée pour faire taire toute parole critique à leur égard.

Bruxelles, porte d’entrisme des Frères musulmans sur l’Europe

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Les musulmans se rassemblent pour des célébrations à l'occasion de la fête islamique de l'Aïd-Al-Adha à Bruxelles, le mercredi 28 juin 2023 © Shutterstock/SIPA

Dans la capitale belge, la stratégie de conquête par le bas des Frères musulmans porte ses fruits : les barbes s’allongent, les femmes se voilent, et des rues entières sont désormais composées de commerces halal… Inquiétant.


Les Frères musulmans ont vu le jour en 1928 au Caire, sous la houlette d’Hassan el-Banna. Il n’a pas fallu un siècle pour que leur nouvelle capitale soit située en plein cœur de l’Europe, à Bruxelles où un immense tapis rouge est continuellement déroulé devant eux. Ils ont désormais partout leurs entrées, sans qu’ils ne doivent encore forcer la porte, et ont leurs porte-parole dans les partis politiques, les institutions, les associations et les médias.

Une toute petite minorité ?

Le rapport français sur les Frères musulmans a fait grand bruit, amenant à la connaissance d’un grand public de moins en moins candide l’existence d’une confrérie qui utilise tous les moyens légaux (État de droit, entrisme, culpabilisation, chantage à l’islamophobie…) pour imposer un islam rigoriste. Le terme « Belgique » y est mentionné 35 fois, notamment comme « carrefour européen de l’entrisme frériste ».

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Dans le plat pays, tout le monde ferme les yeux car beaucoup y trouvent un intérêt. Tous les partis politiques ou presque ont laissé entrer le loup dans la bergerie, contre la promesse de voix d’une communauté qui n’a plus rien de minoritaire – le pourcentage de musulmans à Bruxelles a probablement déjà largement dépassé les 30%. Depuis que le Centre démocrate humaniste (aujourd’hui Les Engagé.e.s) a fait élire la première femme voilée dans un Parlement européen – elle est aujourd’hui ministre de la famille dans le gouvernement d’Erdogan -, bien du chemin a été parcouru. C’est chez les socialistes – qui viennent de placer le drapeau palestinien sur le toit de leur siège -, les communistes du PTB et surtout Écolo – autrefois le parti de la nature et des oiseaux – que la tendance est la plus marquée. Les verts belges ont par exemple nommé, avant qu’elle ne fut contrainte à la démission, une sœurette voilée et lourdement suspectée de liens avec les Frères musulmans au poste de… commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

New complot juif

Bruxelles est au cœur de la stratégie des Frères musulmans car, en plus d’être la capitale belge, elle est aussi celle de l’Union européenne, dont les institutions sont particulièrement bienveillantes à l’égard des fréristes. On se souvient, en guise d’exemple, de la campagne du Conseil de l’Europe intitulée : « La liberté est dans le hijab ». Implanté au plus près des institutions européennes, où il effectue un travail intense de lobbying depuis 2007, après l’avoir été à Londres, autre terrain de conquête de l’islamisme, le Conseil des musulmans européens (CEM) est la structure faîtière des Frères musulmans sur le continent. Parmi les nombreuses associations dans son giron, la structure de formation FEMYSO, qui s’adresse plus particulièrement aux jeunes, a pendant longtemps bénéficié d’une aide généreuse de la part de la Commission européenne et du Conseil.

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La noria d’associations actives « sur le terrain » est évidemment perméable aux discours fréristes quand elle n’en est pas le véhicule. Molengeek a abondamment bénéficié des marchés publics qui, en Belgique, sont plus juteux qu’ailleurs. Située à Molenbeek, que les Français ont appris à connaître au moment des attentats, l’association entend mettre les nouvelles technologies au service de tous – comprenez aux personnes issues de la diversité. Depuis, le voile a été levé : entre formations « bidon » et incompétence des formateurs, le plus intéressant réside sans doute dans les soupçons de liens, soulevés par le journal flamand Doorbraak, de son fondateur Ibrahim Ouassari avec les Frères musulmans. Celui-ci s’est défendu sur X en usant d’un parallélisme aussi douteux que révélateur : « Les Frères musulmans is the new complot juif ».

https://twitter.com/Ibiwas/status/1925285057888965090

Les médias se sont mis au diapason. Aussi bien l’audiovisuel (la RTBF – chaîne publique -, RTL, LN24 – chaîne d’information -) que la presse écrite véhiculent une vision exclusivement positive de l’immigration et de l’islam, n’hésitent pas à tendre le micro à des personnalités proches des mouvances islamistes et, surtout, refusent de donner la parole aux responsables politiques ou penseurs qu’ils rangent à l’extrême droite – c’est-à-dire à peu près toute personne ne s’enthousiasmant pas devant les bienfaits de l’immigration. Pour les médias, les Frères musulmans sont d’ailleurs, comme le titra un jour Le Vif, un fantasme.

Surtout, il suffit de prendre les transports publics, se balader dans Bruxelles, faire ses courses, arpenter les clubs de sport ou discuter à la machine à café pour comprendre, à travers des détails difficilement quantifiables, que le travail de sape des Frères musulmans porte ses fruits : les barbes s’allongent, des rues entières sont composées de commerces halal, l’arabe s’impose dans les entreprises, les voiles sont de plus en plus nombreux – et l’on connaît l’importance de celui-ci dans la stratégie de conquête par le bas des Frères musulmans.

Pourtant, en Belgique, il faudra encore bien du temps avant que ne sorte un rapport sur leur influence, preuve sans doute qu’ils y ont déjà imposé leurs méthodes et leurs mœurs, avec la complicité du monde médiatico-politique.

PSL: McCarthy reviens, ils sont devenus fous!

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Des journalistes et des voitures de police entourent les pâtés de maisons autour du Musée juif de la capitale américaine le matin suivant la fusillade où Yaron Lischinsky et Sarah Milgrim, deux membres du personnel de l'ambassade d'Israël, ont été tués en quittant un événement organisé par l'American Jewish Committee à Washington, le jeudi 22 mai 2025. Le tireur, Elias Rodriguez, âgé de 30 ans, s'est rendu lui-même et a crié "Libérez, libérez la Palestine" lors de son arrestation © UPI/Newscom/SIPA

L’assassinat de deux diplomates israéliens à Washington, hier, a braqué les projecteurs sur une formation politique jusque-là marginale aux États-Unis : le Parti pour le socialisme et la libération, plus connu sous l’acronyme PSL.


Le tueur présumé de Washington, Elias Rodriguez, a été arrêté sur place alors qu’il criait « Free Palestine » et « Intifada revolution », un keffieh rouge sur les épaules. Très vite, les enquêteurs ont mis en lumière un élément biographique troublant : Rodriguez avait été brièvement affilié au PSL en 2017. Bien que le parti ait depuis publié un communiqué condamnant « toute attaque antisémite » et niant tout lien actuel avec lui, cette révélation a suffi à inscrire le nom du PSL au cœur du débat public outre-Atlantique.

Rhétorique radicale

La présence de ce petit parti révolutionnaire dans l’actualité d’un fait aussi tragique que symbolique pose une question essentielle : jusqu’à quel point une organisation politique, même marginale, peut-elle contribuer à façonner un climat idéologique propice à l’extrémisme ? Pour comprendre les enjeux, il faut d’abord saisir ce qu’est réellement le PSL, d’où il vient et quelle est sa vision du monde.

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Fondé en 2004 à la suite d’une scission du Workers World Party, le PSL se revendique explicitement du marxisme-léninisme. Il rejette le capitalisme sous toutes ses formes et appelle à une transformation révolutionnaire de la société américaine : nationalisation des secteurs stratégiques, économie planifiée, suppression de la police telle qu’elle existe, fin du système carcéral et retrait complet des États-Unis de toutes les interventions militaires à l’étranger. Il se distingue aussi par une rhétorique radicale sur les questions raciales, sociales et internationales. Il ne participe que très marginalement aux élections, recueillant des scores symboliques, mais agit intensément dans les mouvements de rue, les manifestations pro-palestiniennes, les mobilisations antiracistes ou anti-impérialistes.

C’est sur la question israélo-palestinienne que le PSL se montre le plus tranchant. Il ne se contente pas de critiquer la politique de l’État d’Israël qu’il qualifie de régime colonial et d’apartheid, il nie sa légitimité et soutient ouvertement la résistance palestinienne, y compris dans ses formes armées. Le PSL exprime sa solidarité avec le Hamas, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et d’autres groupes que la plupart des pays occidentaux considèrent comme terroristes. Il appelle à un boycott total d’Israël, au démantèlement de l’État sioniste et à l’instauration d’un État unique, laïc, sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique.

Des paroles et des actes

Ce positionnement, à rebours du consensus politique américain, place le PSL en porte-à-faux avec la gauche institutionnelle, y compris avec des organisations comme Democratic Socialists of America (DSA), dont il dénonce la tiédeur et le réformisme. Il se veut le porte-voix d’un antisionisme radical qui ne fait pas la distinction entre critique d’un gouvernement et négation de la légitimité d’un État. Pour ses partisans, cette intransigeance est le gage de sa cohérence idéologique. Pour ses détracteurs, elle flirte dangereusement avec l’essentialisation, voire la haine.

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Dans ce contexte, l’affaire Elias Rodriguez agit comme un révélateur. Le suspect n’était plus membre du PSL depuis plusieurs années. Rien ne prouve que son geste ait été commandité, inspiré ou approuvé par le parti. Mais la question n’est pas seulement de savoir qui donne les ordres, mais aussi qui alimente un discours où la violence est normalisée, et où l’adversaire est constamment présenté comme intrinsèquement illégitime. Entre dénonciation politique et incitation symbolique, la frontière peut devenir poreuse, surtout dans des contextes de polarisation extrême comme celui que connaît actuellement la société américaine.

Le PSL ne détient aucun siège, ne participe à aucune coalition parlementaire, et ses candidats ne recueillent qu’une poignée de voix. Pourtant, par son omniprésence dans les manifestations, sa diffusion idéologique sur les réseaux sociaux, et sa capacité à incarner un radicalisme sans compromis, il occupe une place symbolique bien plus grande que son poids électoral. Il cristallise à la fois les espoirs d’une gauche révolutionnaire et les inquiétudes d’une société confrontée à la montée de discours de rupture.

L’assassinat de Washington n’a pas été revendiqué, il n’est pas « revendicable ». Mais il résonne dans un espace idéologique où certains discours, légaux, jettent les bases d’une conflictualité sans limites. Le cas du PSL rappelle que les partis minoritaires peuvent, eux aussi, produire des effets majeurs. Non par le pouvoir qu’ils exercent, mais par les imaginaires qu’ils forgent et leur capacité de mobiliser et radicaliser des jeunes.

Le chemin de Copenhague de Keir Starmer

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Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'exprime lors d'une conférence de presse, avant la publication du Livre blanc sur l'immigration du gouvernement, à Londres, le lundi 12 mai 2025 © Ian Vogler/AP/SIPA

Sous pression après la récente poussée électorale du parti de Nigel Farage, le Premier ministre travailliste a nettement durci son discours sur l’immigration, semblant ainsi déclarer son intention de suivre la voie tracée avec succès par ses confrères sociaux-démocrates danois.


Tandis que les sondages indiquent que la grande majorité des Britanniques appellent de leurs vœux d’importantes restrictions de l’immigration, reste à voir si les mots de Keir Starmer seront suivis d’effets, tant ce fléchissement rencontre une opposition importante dans la classe politico-médiatique britannique, y compris et surtout dans le propre camp du Premier ministre travailliste.

Le choc Reform

Le 1er mai se sont tenues au Royaume-Uni des élections locales qui ont vu Reform UK, le parti conduit par Nigel Farage, arriver premier en remportant 677 des 1 635 sièges qui étaient en lice. Pour les deux principaux partis de gouvernement, le désaveu est sévère : le Parti conservateur perd 676 sièges, quand le Parti travailliste en perd 187. En outre, la législative partielle tenue le même jour dans une circonscription du nord de l’Angleterre (Runcorn and Helsby) conduit au remplacement d’un député travailliste par un député Reform. Ainsi, la question de l’immigration a permis de propulser Farage au centre du jeu politique britannique malgré les frasques ayant divisé son parti dans les mois précédant les scrutins (notamment l’exclusion houleuse du député Rupert Lowe, dont le parti pris en faveur d’une forme de remigration en a fait une figure très populaire sur X – trop populaire aux yeux de Farage, à qui il commençait à faire de l’ombre et qui désapprouvait de ce qu’il jugeait comme une droitisation excessive).

Dans ces élections, Reform a notamment atteint le seuil des 30 % de voix, ce que les observateurs ont vite relevé comme indication que Farage avait de réelles chances de devenir le prochain dirigeant britannique. Keir Starmer, le Premier ministre le plus mal élu de l’histoire – le mode de scrutin particulier employé au Royaume-Uni, uninominal à un tour, a permis à son parti de remporter presque deux tiers des sièges en n’ayant qu’un tiers des voix –, s’est vu contraint de réagir face à la préoccupation que tous s’accordent à voir comme centrale dans l’ascension fulgurante de Reform : la question de l’immigration massive.

Le 12 mai, donc, Starmer donne une conférence de presse à l’occasion de la publication d’un livre blanc du gouvernement sur l’immigration. Le langage employé est cinglant. Sur le slogan des brexiteurs, d’abord, « Reprenons le contrôle », il dresse un constat : « Tout le monde connaît ce slogan et ce qu’il signifiait pour l’immigration, du moins c’est ce que les gens pensaient. Car ce qui a procédé du gouvernement précédent, à commencer par ceux de ses membres qui l’ont utilisé, a été tout le contraire. Entre 2019 et 2023, alors même qu’il parcourait le pays en promettant, sans sourciller, qu’il ferait baisser l’immigration, le solde migratoire a quadruplé. En 2023, il a atteint près d’un million, soit environ la population de Birmingham, notre deuxième plus grande ville. Ce n’est pas du contrôle, c’est du chaos. » Cette vague migratoire sans précédent, qui a pris le nom de « Boriswave » dans le vocabulaire de la droite britannique, a changé le visage de beaucoup de villes britanniques en quelques années seulement.

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Depuis des années, les personnes qui voient dans l’immigration massive le fruit d’une volonté politique plutôt qu’un phénomène inéluctable ou un effet de l’incompétence des gouvernants se sont vu qualifier de « complotistes » par les « experts » et les « fact checkers » éclairés. Le Premier ministre britannique, reprenant des éléments de langage qu’il avait déjà employés dans un discours du 28 novembre dernier, leur donne finalement raison : « Et voyez-vous, [les membres du gouvernement précédent] doivent répondre de leurs actes, mais je ne pense pas qu’on puisse faire une chose pareille par accident. C’était un choix. Un choix fait alors même qu’ils vous disaient, disaient au pays, qu’ils faisaient le contraire. Une expérience d’ouverture des frontières menée (…) sur un pays qui avait voté pour le contrôle. »

Il dénonce « un système d’immigration qui semble presque conçu pour permettre les abus, qui encourage certaines entreprises à recruter des travailleurs moins bien rémunérés plutôt qu’à investir dans notre jeunesse » ; s’attaque à une politique migratoire qui contribue « aux forces qui déchirent lentement notre pays » ; et demande « pourquoi certains pans de notre économie semblent presque avoir une addiction à l’importation de main-d’œuvre bon marché au lieu d’investir dans les compétences des personnes qui sont ici et aspirent à un bon emploi dans leur communauté ».

S’il dit que « la migration fait partie intégrante de l’histoire nationale britannique » et que « la Grande-Bretagne doit rivaliser pour attirer les meilleurs talents mondiaux dans les domaines des sciences, des technologies et de la santé », il annonce néanmoins la couleur : « Ne vous y trompez pas : ce plan signifie une baisse de l’immigration. C’est une promesse. Mais je tiens à être très clair à ce sujet. Si nous devons prendre des mesures supplémentaires, si nous devons faire davantage pour alléger la pression sur le logement et nos services publics, alors croyez-moi, nous le ferons. Mais ce n’est pas qu’une question de chiffres. Car le chaos du gouvernement précédent a également modifié la nature de l’immigration dans ce pays (en important) moins de personnes qui contribuent fortement à l’économie, plus de personnes qui travaillent dans des secteurs de notre économie qui exercent une pression à la baisse sur les salaires. Le changement le plus important de ce Livre blanc est peut-être que nous allons enfin honorer ce que signifiait « reprendre le contrôle » et commencer à choisir qui vient ici afin que l’immigration serve notre intérêt national. »

Pour ce faire, il annonce des mesures : « Les exigences en matière de compétences seront relevées au niveau du diplôme. Les exigences en matière de langue anglaise seront appliquées dans toutes les filières, y compris pour les personnes à charge. » (Certains observateurs n’ont pas manqué d’ironiser : voilà que Starmer exige des immigrés qu’ils parlent anglais alors qu’à la mi-avril circulait une vidéo d’un policier britannique expliquant à un citoyen que de dire « Speak English » à un immigré pouvait constituer un crime de haine !) Il poursuit: « Le délai d’obtention du statut de résident permanent sera prolongé de cinq à dix ans. Et l’application des règles sera plus stricte que jamais, car des règles équitables doivent être respectées. » Depuis, il a été annoncé que l’expulsion des criminels étrangers serait mise en œuvre au moment de la condamnation et non plus seulement une fois que la peine de prison a été purgée.

La réaction hystérique des partisans du statu quo

Chez les politiciens et les journalistes de la gauche et du centre, ce discours provoque un tollé. Les réactions se focalisent presque exclusivement sur un passage particulier de son discours : « Disons-le ainsi : les nations dépendent de règles – des règles justes. Parfois écrites, souvent non, mais dans tous les cas, elles façonnent nos valeurs. Elles nous guident vers nos droits, bien sûr, mais aussi vers nos responsabilités, nos obligations les uns envers les autres. Aujourd’hui, dans une nation aussi diversifiée que la nôtre, et je m’en réjouis, ces règles deviennent encore plus importantes. Sans elles, nous risquons de devenir une île d’étrangers, et non une nation qui avance ensemble. » Si ces quelques mots peuvent paraître anodins, c’est l’expression « island of strangers », « île d’étrangers », qui est particulièrement ciblée par les immigrationnistes, lesquels jugent qu’il y a là soit une réminiscence involontaire, soit une référence qui ne s’assume pas, renvoyant au célèbre discours prononcé par le député conservateur Enoch Powell le 20 avril 1968 et notamment à ce passage traitant de l’impact de l’immigration sur la population autochtone : « Pour des raisons (que les Britanniques) ne comprenaient pas, et en vertu d’une décision par défaut sur laquelle ils n’avaient jamais été consultés, ils se retrouvèrent étrangers dans leur propre pays. »

Powell est, d’une certaine façon, la première victime sacrificielle du politiquement correct de l’Angleterre contemporaine : cet homme brillant, à qui est promis un portefeuille de ministre et en lequel beaucoup voient un futur Premier ministre, est limogé du « cabinet fantôme » du Parti conservateur et âprement dénoncé par les médias de référence, alors même que son journal local reçoit 40 000 cartes postales et 8 000 lettres, dont 95 % sont favorables au député d’après l’éditeur de l’époque ; que 1 000 dockers de Londres marchent en sa défense ; qu’un sondage quelques jours après le discours trouve que 74 % des personnes questionnées se disent d’accord avec le discours, dans un contexte où 83 % des sondés disent vouloir une réduction de l’immigration. Peu importe ce soutien général, peu importe aussi le fait que ce supposé « raciste » parle ourdou (la langue officielle du Pakistan) : à partir d’avril 1968, les élites britanniques travaillent à faire d’Enoch Powell une figure diabolique et un repoussoir politique, de telle sorte que l’évocation de son nom joue peu ou prou le même rôle dans l’étouffement du débat sur l’immigration outre-Manche que la mention de la « lepénisation » en France.

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Ainsi donc, les médias ont monté en épingle une comparaison de Starmer à Powell faite, entre autres, par des membres de son propre parti, dont le maire de Londres, Sadiq Khan ; le Premier ministre du pays de Galles, Eluned Morgan ; et la présidente du comité parlementaire sur les femmes et les égalités, Sarah Owen ; mais aussi par l’ancien chef du Parti travailliste devenu député indépendant, Jeremy Corbyn ; par le chef adjoint des Verts, Zack Polanski ; par le chef des Libéraux-démocrates, Ed Davey ; ou encore par la journaliste Susanna Reid qui, dans la matinale Good Morning Britain, a pressé la secrétaire d’État à l’Intérieur sur cette question.

En réponse à cette salve de critiques, le Premier ministre a maintenu ses propos. Sans doute a-t-il à l’esprit le fait que sur ce sujet, les sondages lui donnent raison. Un sondage YouGov effectué dans la foulée du discours demandant à un échantillon de 4 302 personnes ce qu’elles pensaient de l’expression « Nous risquons de devenir une île d’étrangers, non une nation qui avance ensemble » a trouvé que 53 % d’entre elles étaient d’accord, 27 % en désaccord et 20 % sans opinion. Un sondage Merlin Strategy effectué sur un échantillon de 2 300 personnes a quant à lui donné les proportions suivantes quant aux souhaits de solde migratoire : 23 % pour un solde migratoire négatif ; 23 % encore pour un solde migratoire nul ; 17 % pour moins de 1 à 9999 ; 22 % pour 10 000 à 99 999 ; 10 % pour 100 000 à 499 999 ; 3 % pour 500 000 à 999 999 ; et 2 % pour un million ou plus. Ou pour le dire autrement : 46 % de sondés ne veulent aucun immigré entrant, et seuls 5 % de sondés veulent une solde migratoire aux niveaux actuels ou au-delà.

Après les paroles, quels effets concrets ?

À droite, le revirement a bien sûr été accueilli par les observateurs de la vie politique… avec plus ou moins de foi dans la volonté ou alors la capacité de Starmer de mener à bien la politique annoncée. Alors que la crédibilité du Parti conservateur sur l’immigration a été réduite à néant par la « Boriswave », certains estiment que les travaillistes pourraient être plus à même de mettre en œuvre les promesses de leurs adversaires grâce à une mainmise sur la machine administrative blairiste qui manquait aux Tories : dans cette vision, Starmer serait en mesure d’activer ses réseaux partisans pour que la politique migratoire restrictive déclarée soit effectivement exécutée par ce que les conservateurs ont fini par appeler « the blob », la nébuleuse de hauts fonctionnaires sur laquelle ils se sont cassé les dents lorsqu’ils étaient au pouvoir. Cela dit, rien n’est moins sûr pour l’instant, tant ce milieu administratif est politisé dans le sens d’un immigrationnisme dogmatique au service duquel il s’est mis depuis des décennies.

Cela dit, il se pourrait que Starmer ait semé le trouble chez de tels doctrinaires de l’immigration en s’attaquant à l’un de leurs arguments fétiches, à savoir : les prétendus bénéfices économiques de l’importation massive d’êtres humains. À deux reprises, en effet, à des journalistes posant la question de l’impact économique des restrictions qu’il annonçait, le Premier ministre a très clairement souligné comme les records migratoires des années post-Brexit n’avaient pas conduit à davantage de croissance économique. (Il faut espérer désormais que soient plus largement diffusées les diverses études qui ont été faites sur l’impact fiscal des immigrés extra-européens en Europe, lequel est très négatif, afin que plus jamais l’on ait à entendre : « Ils vont payer nos retraites »…)

À lire aussi, Thomas Evans : Au Royaume Uni, les musulmans prennent leur autonomie politique

En outre, si ce discours constitue sans aucun doute un revirement, il faut aussi garder à l’esprit ce qu’il ne change pas : ainsi par exemple, Starmer a expliqué que le Royaume-Uni continuerait à appliquer les décisions de la CEDH et la réglementation actuelle sur l’asile ; sans quoi, a-t-il dit, le pays ne pourrait prétendre à la conclusion d’accords avec des pays tiers pour y envoyer les demandeurs d’asile déboutés.

De surcroît, il est permis de penser que le Royaume-Uni ne risque pas de devenir une île d’étrangers… mais l’est déjà, en tout cas en bien des endroits. Les autochtones sont déjà minoritaires dans les grandes villes comme Londres, Birmingham ou Manchester, mais hormis ces cas tristement célèbres désormais, le constat peut être fait en bien d’autres endroits de l’Angleterre. Le Daily Mail a par exemple publié un reportage sur la ville de Nelson, dans le Lancashire, comptant 33 800 habitants dont presque 53 % d’Asiatiques, principalement Pakistanais ; dans certains quartiers centraux, presque un habitant sur cinq ne maîtrise pas l’anglais. Là où il y avait jadis treize pubs, il n’y en a plus que deux ; en revanche, les amateurs de mosquées seront mieux servis que les amateurs de bière, ayant le choix entre dix-neuf lieux de culte. Des cas comme celui-ci sont assez nombreux – Rochdale, Rotherham, Bradford… – pour que le discours de Starmer apparaisse comme « Too little, too late » ; et si l’on ne peut que se féliciter de ce que les lignes bougent, la situation est si dramatique en réalité que ce genre de concession doit bien être pris non comme l’aboutissement mais comme le début d’un chantier immense. Comme le dit Rupert Howe, parlant de l’impact de la « droite en ligne » sur le débat politique britannique : « Des progrès de faits, beaucoup encore à faire. »

Un peuple de junkies: antalgiques, somnifères, neuroleptiques, opioïdes…

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Patrick Eudeline © Hannah Assouline

Les drogues les plus consommées en France sont prescrites en toute légalité par les médecins. Antalgiques, somnifères, neuroleptiques et autres opioïdes se trouvent aussi facilement sur internet ou dans la rue. Le trafic de ces dérivés morphiniques en pleine expansion est bien plus juteux que celui des stupéfiants « tradi ». Et il fait des ravages.


En France, 12 millions de personnes sont traitées chaque année pour des cancers ou des douleurs sévères, contre le stress, les insomnies ou tous types d’inconfort. Le corollaire ? Pas moins de 800 overdoses sont recensées par an, le plus souvent par dépression respiratoire. Des overdoses sur ordonnance, en somme, par détournement ou abus de prescription. Et le nombre d’hospitalisations double tous les deux ans. Suivons-nous le triste exemple américain ? Là-bas, les décès par overdoses médicamenteuses arrivent loin devant ceux causés par les armes à feu et les accidents de la route.

Le responsable est une drogue légale dont les Français sont les premiers consommateurs en Europe : les médicaments opioïdes – à ne pas confondre avec les opiacés qui sont des dérivés naturels du pavot. Les opioïdes sont des composés semi-synthétiques ou synthétiques beaucoup plus puissants.

« Sois sage, ô ma Douleur »

Antalgiques, somnifères, benzodiazépines, neuroleptiques… Leurs noms ? Tramadol, Tapentadol (sa version générique encore plus puissante), oxycodone, Temesta, Xanax, Stilnox, Zolpidem, Neo-codion, Lyrica, Buprénorphine… Sans parler du classique Lexomil ou du Valium, du Rohypnol ou du Skenan. Ils soignent les angoisses, calment les douleurs et aident à dormir. Pourquoi les praticiens les prescrivent-ils si généreusement ? Parce que ça marche, tout simplement. Mais l’accoutumance est terrible et leur détournement fréquent car tous, à un degré ou à un autre, contiennent des dérivés morphiniques.

Jadis, les opioïdes étaient le doudou des retraités, sujets aux bobos chroniques. Aujourd’hui, les jeunes les consomment associés à de l’alcool ou du cannabis. On se souvient du scandale du purple drank en 2016, qui déboucha sur la prescription sur ordonnance du Neo-codion, jusque-là en vente libre. Importé en France, le purple drank ou lean, cocktail de Sprite violet, de sirop Neo-codion et d’antihistaminiques, n’a heureusement pas eu le temps de faire des ravages – seulement deux victimes. Contrairement à ce qui s’est passé aux « States ».

Angel dust et chopped screw

Le modèle américain, c’est un mort toutes les sept minutes, 196 morts causés chaque jour par les opioïdes. Les coupables ? Les prescriptions à tout-va pour les accros au fentanyl, ce dérivé d’opiacés utilisé à l’origine pour les cancéreux en phase terminale ou pour endormir… les éléphants (connu dès les années 1970 sous le nom d’angel dust, prisé par les hippies), et prescrit à tire-larigot à partir des années 1990 pour tout et n’importe quoi. Le fentanyl a ainsi tué le chanteur Prince, traité à l’origine pour des douleurs rénales. En même temps, il s’est répandu, ainsi que son concurrent l’OxyContin, dans tous les milieux et dans toutes les classes d’âge.

Le chopped screw a aussi une part de responsabilité. Ce courant de rap texan inventé par Dr Screw dans les années 1990 vantait la codéine et le fameux purple drank. Cela a donné un rap ralenti, vaporeux, façon borborygme, qui a envahi le marché et influencé profondément la culture ado, jusqu’à Justin Bieber. Dans leurs clips, les rappeurs se gavaient de la dangereuse boisson et s’en faisaient gloire. En France, ce sont Freeze Corleone, Orelsan, Nekfeu ou PNL qui ont popularisé le genre et la pratique.

Neo-codion

La codéine est connue depuis la guerre de Sécession, avant même la morphine. En France, elle est commercialisée depuis toujours par les laboratoires Roche qui la mélangent dans leur composition la « plante des sorcières », le datura. Pendant des décennies, le Neo-codion a été vendu comme un simple antitussif et sans ordonnance. Parallèlement, dans les années 1960, via le jazz et le rock (Ray Charles, Velvet, Stones), l’héroïne entre dans la culture jeune avec ses pendants : le manque et l’overdose. Le manque ne se soigne que par la codéine justement : Codéthyline ou Neo-codion, qui soulage les junkies discrètement, sans faire trop de drames. Sinon, c’est l’Élixir parégorique ou le Palfium, sévèrement réglementés. Puis arrivent sur le marché la méthadone, le Temgesic et le Subutex.

À lire aussi : Du crack, de l’insécurité et des projets controversés, Paris à la croisée des chemins

Hors cannabis, la consommation de drogues dures est alors plus ou moins réservée à une clientèle bohème, voire artiste. Dans les années 2000, c’est une explosion tous azimuts qui se traduit par la massification et le développement de la polytoxicomanie. Le narcotrafic à grande échelle entre en scène et la figure « romantique » du junkie façon Lou Reed cède la place à place à Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

Internet

Le pire, c’est que si les médicaments opioïdes sont abondamment prescrits par les praticiens, internet permet de s’en procurer d’une façon encore plus simple. Merci Google. Benzodiazépines à 5 euros le cachet, 50 euros la boîte de Tramadol et encore moins pour son générique.
Le plus souvent, tout cela vient d’Inde. Le monde entier, peu à peu, a été envahi. Selon Le Quotidien du médecin, 200 milliards d’euros de revenus annuels sont générés par ce commerce. Un trafic plus juteux que celui des stupéfiants traditionnels estimé par Interpol à 27 milliards.

La rue

Il existe une filière encore plus directe qu’internet : la rue. Jadis apanage tristement folklorique de Barbès et Belleville à Paris ou des quartiers nord de Marseille, le deal a envahi toutes les villes, quelle que soit leur taille. Ces pratiques ont explosé depuis le Covid. On parle de 5000 « clients » par jour à Barbès. À côté des cigarettes de contrebande à 8 euros le paquet de Marlboro rapporté d’Algérie ou d’Espagne, il y a désormais le Subutex à 30 euros la plaquette (15 pour la version générique, la Buprénorphine), et on trouve aussi Tramadol, Skenan, Prégabaline ou Lyrica à 20 euros.

Défonce légale

Après les États-Unis, cette défonce légale (même si elle est issue d’un détournement) envahit progressivement la France. C’est une drogue du pauvre, facile d’accès. N’importe quel médecin peut en prescrire en toute bonne foi. On est loin du cliché des crackeux dépenaillés, des crasseuses salles de shoot, des « fours », « choufs » et « nourrices » bien plus spectaculaires, sans parler de la fameuse « mexicanisation ». Certes, le narcotrafic est une horreur. En attendant, la consommation massive d’opioïdes semble être le prochain visage de la misère toxicomane et de la dépression occidentale. Beaucoup de morts, mais sans kalachnikov.

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Les Frères musulmans et l’art du mensonge victimaire: l’exemple du Hamas

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Des Palestiniens assistent à un rassemblement marquant le 34e anniversaire de la fondation du mouvement islamiste Hamas, dans le camp de Jabalia, au nord de la bande de Gaza, le 10 décembre 2021 © UPI/SIPA

Guerre à Gaza ou guerre des mots chez nous : comment les islamistes retournent les cerveaux


Les Frères musulmans : un siècle d’entrisme islamiste sous couvert de piété
Les Frères musulmans font les gros titres en France. Fondé en 1928 par Hassan al-Banna (le grand-père du prédicateur suisse Tariq Ramadan), le mouvement s’est très vite imposé comme une machine de guerre idéologique. Officiellement né pour bouter les Britanniques hors d’Égypte, son objectif réel était plus vaste — et plus inquiétant : imposer la charia comme socle politique et social, partout où l’islam pourrait rayonner. Derrière une façade prétendument pacifique, le mouvement n’a jamais caché sa fascination pour la violence, lorsque celle-ci sert ses desseins. Très tôt, une branche armée a ainsi vu le jour. Et en 1981, c’est un groupe djihadiste affilié aux Frères musulmans qui assassine le président Sadate, coupable d’avoir signé la paix avec « l’État juif » — un crime de lèse-islam pour ces fanatiques.
Même dans des pays arabes, pourtant, les Frères musulmans sont désormais classés comme organisation terroriste — que ce soit en Égypte, en Arabie Saoudite ou aux Émirats arabes unis.
Aujourd’hui, le Hamas à Gaza — que certains en France continuent de qualifier de mouvement de « résistance » — n’est rien d’autre que la progéniture directe de ce même terreau idéologique. En Turquie, l’AKP d’Erdogan en est, lui aussi, une excroissance plus policée mais tout aussi dangereuse, jouant sur les ressorts démocratiques pour mieux les vider de leur sens.
En Occident, la stratégie des Frères musulmans est subtile : infiltration des associations caritatives, mosquées, et visages souriants sur les réseaux sociaux… Sous couvert de spiritualité, c’est un projet politique global qui avance masqué. L’aveuglement occidental lui déroule le tapis rouge • La rédaction.

On vient de le lire, ce rapport discret, à peine relayé, soigneusement enfoui sous les banalités diplomatiques : les Frères musulmans, nés en 1928 dans une Égypte en décomposition coloniale, ont parachevé leur long travail d’infiltration. Jadis prédicateurs marginaux, ils sont devenus stratèges du désordre moral, architectes d’un islam politique capable de parler la langue de ses ennemis pour mieux les manipuler.

Le conflit israélo-palestinien, pour eux, n’est pas une tragédie : c’est une opportunité. Un levier. Une scène où le Hamas, leur branche palestinienne officielle, joue le rôle du martyr sacré. Tandis que les bombes pleuvent sur Gaza, leurs agents d’influence s’activent dans les universités à Londres, à Paris, à Genève, dans les ONG, dans les syndicats. Ils pleurent à Gaza, mais c’est à Bruxelles qu’ils gagnent la guerre.

Le mensonge de la propagande islamiste

Ils parlent de génocide. Ils parlent de massacre. Ils parlent, toujours. L’Occident écoute, le cœur gonflé de honte, comme un vieillard sénile qui tend l’oreille à son bourreau. À Gaza, le sang coule — oui, comme il a coulé à Stalingrad, à Varsovie, à Grozny. Mais là-bas, le sang ne sert pas la vérité. Il sert un mensonge. Un mensonge parfait. Un mensonge islamiste.

Il faut un certain génie pour retourner le réel comme on retourne un gant ensanglanté. Le Hamas a ce génie. Ce n’est pas un génie de civilisation. C’est un génie de destruction. Il a pris le langage de l’Occident, l’a dépouillé, l’a vidé, et s’en est servi comme d’un masque.

Derrière ce masque : une barbarie qui se dit victime. Une terreur qui se maquille en martyr. Une armée d’ombres qui dit : « Regardez ce qu’ils nous font. » Alors qu’elle tire, poignarde, viole, et filme.

Ce n’est pas nouveau. Ce ne l’est jamais. Le totalitarisme islamiste a des maîtres anciens. Il a appris chez les meilleurs. Le nazisme lui a enseigné la haine méthodique, le communisme, la dialectique victimaire, et le monde post-colonial, l’art du chantage à l’humiliation. Ce qu’il produit n’est pas une idéologie : c’est une fabrique de cadavres et de récits. Les enfants morts deviennent des projectiles médiatiques. Les écoles bombardées sont des scènes de théâtre. Le deuil est un spectacle. Le deuil est un alibi.

A lire ensuite, Pierre Vermeren: Islamistes honoris causa

À Tel-Aviv, on pleure en silence. À Gaza, on crie devant les caméras. Le mort israélien est une statistique. Le mort palestinien est un spot publicitaire.

Ils parlent de « génocide ». Ils répètent ce mot comme on agite une torche dans un entrepôt de poudre. Mais un génocide, c’est Auschwitz. Un génocide, c’est Treblinka, c’est la fosse commune, c’est le silence glacé des bourreaux qui notent chaque train, chaque convoi. Ce n’est pas une guerre urbaine où une organisation terroriste — qui déclare vouloir tuer chaque Juif sur terre — se dissimule dans des hôpitaux, lance ses roquettes depuis les berceaux, et filme ses martyrs pour TikTok.

Il y a là une perversion sublime. Le bourreau qui se fait passer pour la victime. Le kamikaze qui porte un doudou. Le sniper qui prie avant de tirer sur une crèche.

L’endoctrinement idéologique dans les universités occidentales

Mais le pire n’est pas là. Le pire, c’est l’Occident. Cet Occident ramolli, masochiste, qui s’excuse d’exister, qui aime ses bourreaux et hait ses alliés. Dans les universités, on apprend que l’Histoire est une colonisation permanente, que l’oppresseur est toujours blanc, occidental, sioniste. On y récite Marx comme d’autres récitent la shahada. On y croit que tuer est justifié quand on le fait au nom des opprimés. Le sang des innocents y est soluble dans la dialectique.

On enseigne à la jeunesse que la vérité n’existe pas, que tout est récit, que la violence est une réponse à l’humiliation. C’est ainsi qu’on produit des militants. Des idiots utiles. Des collabos à selfie.

Le Hamas et la guerre psychologique

Le Hamas connaît son audience. Il sait que l’Occident aime les faibles, même quand les faibles sont des bourreaux. Il sait que le mot « Israël » provoque des haut-le-cœur dans les salons parisiens, qu’il suffit d’un drapeau palestinien pour faire oublier une décapitation. Il sait qu’un cri de douleur bien cadré vaut plus qu’un millier de faits.

Et il sait que le totalitarisme d’aujourd’hui n’a plus besoin de chars. Il a TikTok, Instagram, les conférences intersectionnelles. Il infiltre les esprits comme un gaz. Il asphyxie le doute. Il transforme les campus en madrasas molles où l’on récite les dogmes de la lutte des races et des genres, pendant que dans les souterrains de Rafah, des otages juifs crèvent dans le noir.

Le totalitarisme islamiste, héritier du nazisme

Mais ce n’est pas un accident. C’est un projet. Un vieux projet. Le totalitarisme islamiste est le cousin d’un autre monstre : le national-socialisme. Ils se sont rencontrés dans les années 30. Dans les salons du Mufti de Jérusalem, ami intime d’Hitler, recruteur pour la Waffen-SS, ils ont scellé une alliance de haine. Une haine du Juif, du Moderne, du Libre. Aujourd’hui encore, les sermons des mollahs charrient l’écho de Goebbels. La radio islamiste hurle comme jadis le Völkischer Beobachter. L’ennemi est le même. Il s’appelle toujours « le Juif ».

Le rôle des relais occidentaux

Et nous ? Que faisons-nous ? Nous signons des pétitions. Nous parlons d’« apartheid ». Nous accusons Israël de faire ce que nos grands-pères ont laissé faire aux Juifs d’Europe. Cette inversion est une obscénité. Elle est aussi une complicité.

A lire aussi, Richard Prasquier: Mahmoud Abbas, négationniste multicartes

Il y a dans cette époque une beauté tragique. Celle des démocraties qui tendent la main à ceux qui veulent les égorger. Celle des intellectuels qui pleurent Auschwitz le matin et défendent le Hamas l’après-midi. Celle des humanistes qui rêvent de paix, mais ne comprennent pas qu’il n’y a pas de paix possible avec ceux qui veulent votre mort.

La matrice Frères musulmans

Tout part de là.

Des années 1920, d’un instituteur égyptien, Hassan al-Banna, qui rêvait d’un empire islamique mondial et comprit avant tout le monde que la guerre moderne ne se gagnerait plus à la baïonnette, mais dans les cerveaux. Les Frères musulmansfurent cette invention géniale : un totalitarisme qui prie, qui éduque, qui pleure, et qui tue. Leur Coran n’est pas celui des mystiques. C’est un manuel de conquête.

Le Hamas n’est pas un corps étranger. Il est leur enfant. Leur modèle abouti. Il conjugue la kalachnikov à la caméra, la prière à la bombe humaine, l’orphelin à la stratégie médiatique. Et pendant qu’à Gaza, on fait sauter les écoles, à Oxford, à Sciences Po, à Harvard, leurs héritiers diffusent leur message sous les oripeaux de l’antiracisme, du progressisme, de la libération des peuples. Le vocabulaire change. L’idéologie, jamais.

Les Frères musulmans ont compris ce que Hitler, Staline, et même Mao n’ont jamais totalement saisi : qu’il n’est plus nécessaire de contrôler un État pour conquérir une civilisation. Il suffit de coloniser ses mots. Ses culpabilités. Ses morts.

C’est ainsi qu’ils avancent. En silence. Dans la pénombre des ONG, des colloques, des associations estudiantines. Ils ne veulent pas votre mort. Pas tout de suite. Ils veulent votre consentement. Et ils l’obtiennent. Jour après jour. Mots après mots. Mensonge après mensonge.

Procès Le Pen en appel av. 2027: «Ce que certains appellent une faveur s’avère être un piège diabolique pour la défense»

Rodolphe Bosselut © Hannah Assouline

L’avocat de Marine Le Pen estime que le procès des attachés parlementaires du FN est purement politique : les motivations écrites des juges en témoignent. Rodolphe Bosselut dénonce aussi le non-respect du droit de la défense, son interprétation des faits reprochés ayant été retenue comme une circonstance aggravante.


Causeur. Quel est l’état d’esprit est votre cliente depuis qu’elle a appris sa condamnation en première instance ?
Rodolphe Bosselut. Celui d’une femme qui a fait appel et qui est combative.

Avez-vous été surpris par la décision du tribunal ?
Plutôt choqué. Je rappelle que j’ai plaidé la relaxe mais que, dans l’hypothèse d’une condamnation, des peines sévères étaient envisageables puisqu’elles avaient été requises par le parquet. Seulement, celles prononcées par le tribunal n’en sont pas moins choquantes. D’abord en raison de leur nature vexatoire. Ensuite et surtout parce que l’exécution provisoire d’inéligibilité, telle qu’elle a été prononcée, nous prive de toute possibilité de recours en attendant l’arrêt à venir de la cour d’appel de Paris.

N’est-ce pas le lot commun de tout justiciable de devoir attendre sagement sa décision d’appel ?
Certes, lorsque cet appel est suspensif. Généralement, quand vous êtes condamné en première instance à une peine avec exécution provisoire, par exemple une peine de détention provisoire, vous avez la possibilité, durant le délai qui vous sépare de l’audience d’appel au fond, de solliciter auprès de cette même cour d’appel une mise en liberté. Malheureusement, dans le cas spécifique d’une exécution provisoire assortissant une peine d’inéligibilité, rien de tel n’est prévu par le Code de procédure pénale. C’est une anomalie du droit. Et cela pose un vrai problème au regard des principes généraux du droit.

Diriez-vous que ce jugement est politique ?
Assurément. Et pas seulement parce qu’il frappe une personnalité politique de premier plan et donc interfère, par ce simple fait, dans la vie politique du pays de façon majeure. Mais aussi parce qu’il comporte dans ses motivations écrites au moins deux considérations proprement politiques et pas simplement juridiques. Tout d’abord, il est reproché noir sur blanc à Marine Le Pen et à sa formation d’avoir des opinions hostiles à la construction européenne, autrement dit il est clairement indiqué que les charges retenues contre le parti qui s’appelait alors « Front national » seraient moins lourdes s’il s’était agi d’un mouvement fédéraliste. C’est insensé ! Deuxièmement, le tribunal parle du risque de « trouble à l’ordre public démocratique » que représenterait, selon lui, la possibilité que Marine Le Pen se présente à l’élection présidentielle avant d’être jugée en appel. De mémoire judiciaire, on n’a jamais vu des spéculations de ce type dans un jugement…

La cour d’appel de Paris a fait savoir qu’elle jugerait votre affaire en urgence, donc avant la prochaine présidentielle. Cette faveur ne montre-t-elle pas qu’on partage votre point de vue en haut lieu ?
Quelle faveur ? Moi j’y vois plutôt un retour à la normale et un désaveu cinglant pour le tribunal correctionnel : on contraint le parquet général et la présidence de la cour d’appel à précipiter le calendrier judiciaire tant l’exécution provisoire prononcée est disproportionnée.

Peut-on parler, comme Jordan Bardella, de tyrannie des juges ?
Je n’emploie pas ce terme. Mais je constate qu’une décision de justice, en prononçant une inéligibilité immédiatement applicable sans possibilité d’un recours spécifique, bouscule le cours de la vie démocratique. Et cette irruption est justifiée par un risque de récidive qui tiendrait notamment à l’exercice par Marine Le Pen de son droit à la défense…

Comment cela ?
Le tribunal écrit qu’elle est une « récidiviste » en puissance au motif qu’elle a osé recourir à un « système de défense » consistant à minimiser la gravité de sa faute. Mais n’est-ce pas le droit le plus élémentaire d’un prévenu de défendre une lecture juridique différente de celle du ministère public ?

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Nombre de commentateurs pensent qu’il ne s’agit pas de divergences d’interprétation, mais que vous niez purement et simplement les faits qui vous sont reprochés.
Nuance, nous nions que ces faits puissent constituer une infraction. Nous affirmons, arguments à l’appui, que Marine Le Pen avait une pratique parlementaire courante et connue de tous au moment des faits. Pratique qui n’a jamais été reprochée à personne. À cette époque, une seule chose était expressément interdite aux assistants parlementaires « locaux » du Parlement européen, c’est-à-dire ceux qui assistent un élu sur sa terre d’élection et donc qui ne vont jamais ni à Bruxelles ni à Strasbourg : ils n’avaient pas le droit d’accomplir des tâches relevant de la sphère privée. Or aucun assistant parlementaire mis en cause dans cette affaire n’a travaillé pour la sphère privée de qui que ce soit. Cela a été rappelé à de nombreuses reprises, il n’y a dans ce dossier aucun enrichissement personnel. Toutes les activités pour lesquelles des condamnations ont été prononcées avaient un lien direct avec la vie militante du Front national.

Certes, mais pour le tribunal, même les tâches effectuées dans le cadre militant sont illégales…
C’est une mauvaise interprétation du règlement en vigueur, qui ne prohibe textuellement que les activités militantes au sein des partis européens, pas nationaux. Or les parlementaires de Strasbourg sont élus sur des listes partisanes nationales en défendant des programmes partisans nationaux. Si bien que nous affirmons qu’un eurodéputé reste assurément dans le cadre de son mandat électif quand il œuvre à la progression de son parti national.

Parmi les condamnés, il y a le fameux chauffeur-garde du corps dont on se demande quel rapport il avait avec l’engagement partisan.
Contrairement à ce qu’on a pu lire dans de nombreux journaux, les textes européens prévoient de façon tout à fait claire qu’un chauffeur peut être employé avec un contrat d’assistant parlementaire. Les textes européens parlent d’une fonction d’appui technique, qui est autant celle d’un garde du corps que d’un chauffeur. La seule différence est que le chauffeur s’arrête au pied du Parlement alors que le garde du corps poursuit sa mission à l’intérieur des bâtiments de Strasbourg ou de Bruxelles. Marine Le Pen avait hélas des raisons objectives de demander une assistance rapprochée au regard des nombreuses menaces et prises à partie qu’elle subit. Sans cette protection, elle n’aurait pas pu mener son mandat d’élue sereinement.

Il y avait aussi le majordome de Jean-Marie Le Pen…
Nous avons établi devant le tribunal que cette personne effectuait des tâches d’assistant parlementaire pour d’autres députés européens. Ensuite, il est vrai qu’il rendait par ailleurs des services au père de Marine Le Pen en tant qu’homme à tout faire, pas comme Nestor en livrée au château de Moulinsart ! Et cela ne l’empêchait pas d’accomplir parallèlement son travail d’assistant.

Comment se fait-il que ces pratiques, que vous dîtes courantes, n’aient pas été constatées dans d’autres formations comme le PS ou LR ?
Les grands partis ont un nombre suffisant d’élus pour atteindre le seuil de constitution d’un groupe parlementaire, qui donne droit à une enveloppe financière plus conséquente, permettant d’embaucher davantage d’assistants avec des fiches de poste plus spécifiques. Les groupes plus restreints, comme ceux du FN, du Modem ou du Parti de gauche, mais aussi de Podemos en Espagne, étaient quant à eux obligés de confier à leurs assistants des tâches plus variées et de les mutualiser. Je remarque d’ailleurs qu’en Espagne, Podemos n’a eu aucun problème avec la justice.

Que dit la justice européenne de votre affaire ?
J’ai plaidé le volet proprement civil de l’affaire, ayant trait à ce qu’on appelle la « répétition de l’indu », à Luxembourg, qui est le tribunal compétent pour les affaires de trop-perçu au Parlement européen. La procédure devant les juridictions européennes est pour le moins surprenante puisqu’il n’y a pas de double degré de juridiction. Il est piquant de savoir que l’Union européenne, donc le Parlement européen, n’est pas signataire de la convention qui régit la CEDH ! C’est lunaire…

Marine Le Pen arrive au tribunal de Paris pour le verdict de son procès sur des soupçons de détournement de fonds publics européens, 31 mars 2025 © Thomas Hubert/SIPA

Et pourtant, vous pourriez porter l’affaire devant cette CEDH, non ?
C’est effectivement une possibilité. Nous pourrions d’ailleurs, sans attendre d’avoir épuisé toutes les voies de recours de la justice française, réfléchir à demander une « mesure d’urgence » auprès de la CEDH. Je suis cependant très circonspect puisqu’il semble que le fait de se défendre soit dorénavant retenu comme une circonstance aggravante. Je rappelle à cet égard notre demande d’une « question préjudicielle » à la Cour de justice des communautés européennes sur la compatibilité du règlement interne du Parlement européen encadrant l’activité d’assistants parlementaires avec les principes de sécurité juridique et de prévisibilité. Or non seulement cette requête nous a été refusée, mais les juges français ont estimé qu’il s’agissait d’une manœuvre confirmant la thèse selon laquelle Marine Le Pen serait dans le déni…

Marine Le Pen n’aurait-elle pas été mieux avisée de se battre davantage la coulpe ? Peut-être aurait-elle été dispensée du soupçon de récidive et épargnée par l’exécution provisoire…
Autrement dit n’est-il pas plus judicieux pour tout prévenu innocent de reconnaître ce qu’on lui reproche pour s’attirer une éventuelle mansuétude ? Franchement, comme avocat, je ne me résous pas à ce genre de raisonnement. Mais je vous rappelle que, pour justifier l’exécution provisoire, les juges ne se sont pas contentés d’invoquer un risque de récidive. Ils ont aussi agité celui de « trouble à l’ordre public démocratique ». Et ce malgré la mise en garde formulée deux jours avant par le Conseil constitutionnel, qui, interrogé sur une affaire comparable, avait indiqué que les atteintes à la « liberté du vote » des Français devaient être proportionnées.

À vous entendre, l’affaire était perdue d’avance et il fallait, au moins pour sauver l’honneur, ne pas plier l’échine…
C’est une interprétation romantique à laquelle l’homme de droit que je suis ne saurait souscrire.

Diriez-vous toutefois, comme Marine Le Pen, que le « système a sorti la bombe nucléaire » ?
Je me garderai bien de faire des commentaires politiques. Je note toutefois que durant les audiences, les seules personnes qui ont prononcé le mot « système » sont les magistrats, qui ont, dès les premiers jours, allégué qu’on jugeait dans cette affaire un « système ». Quand j’ai entendu cela, je me suis immédiatement inscrit en faux en m’indignant de l’emploi de ce terme évidemment porteur de préjugés. Il y a eu un incident à l’audience au terme duquel le tribunal a consenti à ne plus employer le terme « système » et à le remplacer durant les débats par celui de « gestion centralisée des enveloppes parlementaires ». En fin de compte, c’est bien un « système » qui est retenu dans le jugement… Chassez le naturel, il revient au galop.

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En attendant, Marine Le Pen admet que le chemin qui lui permettrait de se présenter est très étroit…
C’est hélas le cas. Tout le paradoxe de la situation procédurale actuelle est que l’exécution provisoire qui assortit la peine d’inéligibilité entraîne une accélération du calendrier pour qu’une décision puisse être rendue avant les présidentielles prévues en 2027. Ce que certains appellent une « faveur » s’avère être un piège diabolique pour la défense. En effet, tout recours, par exemple une question prioritaire de constitutionnalité, dont on pourrait légitimement envisager l’emploi, devra être mûrement réfléchi, le risque étant de rallonger ou de perturber le calendrier judiciaire et donc politique. Nous sommes symboliquement dans une seringue et cela n’est évidemment pas satisfaisant.

On pouvait s’attendre à ce que le jugement suscite des protestations, voire un scandale, dans l’opinion. Comment expliquez-vous que ce ne soit pas le cas ?
J’ai le sentiment d’une anesthésie générale du débat public. Quand, en 2017, François Fillon a été mis en examen dans une affaire d’assistant parlementaire, beaucoup de gens ont dit que l’élection avait été escamotée. En l’espèce, la situation me semble beaucoup plus grave puisqu’il existe un risque que Marine Le Pen, à la différence de François Fillon, ne puisse pas se présenter à l’élection.

Est-on allé trop loin dans la moralisation de la vie politique ?
On a eu sans doute raison de vouloir punir plus lourdement les élus qui s’enrichissent personnellement en détournant des fonds publics ou en trafiquant leur influence. Mais dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, il ne s’agit absolument pas de cela ! D’ailleurs le tribunal l’a bien compris puisqu’il a inventé le nouveau concept d’« enrichissement militant » pour qualifier le prétendu mésusage commis par ma cliente. Autrement dit, il s’agirait, au pire, d’un financement illicite d’activité politique française par l’Europe. Infraction sans commune mesure avec le détournement de fonds publics dont l’énoncé à lui seul est infâmant.

Mais ne faut-il pas être exemplaire pour être un bon élu ou un bon gouvernant ?
Je me méfie de ces considérations morales. Sauf erreur de ma part, la notion d’exemplarité n’est pas inscrite dans notre droit. En revanche, le droit à l’erreur y figure, depuis 2018.

Vous avez mené un combat si long et fatigant qui s’est conclu par une décision si décevante. Cela a-t-il affecté votre moral ?
Ce procès n’a pas modifié le regard que je porte sur le monde et sur mon métier. J’ai toujours été, et je reste, un pessimiste qui garde l’espoir.

L’album rigolard de Bouzard

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Guillaume Bouzard

Chaque été, Lisa, Lucas et Ethan passent leurs vacances chez leurs grands-parents, pour le plaisir relatif de ces derniers. Bouzard met en scène avec brio ce à quoi peuvent ressembler les longs étés chez les grands-parents, rythmés par les parties de belote, les non-évènements de la vie du village, les excursions à la mer ou à la montagne… le tout avec un humour décalé et grotesque à souhait.


Guillaume Bouzard n’est pas un débutant. Né en 1968, auteur de nombreux albums chez Dargaud, aux Requins Marteaux, chez Fluide glacial (qu’il a rejoint en 2002), il dessine notamment dans Spirou, L’Express, Libération et So Foot. Il nous propose aujourd’hui l’hilarant Les Vacances chez Pépé-Mémé, qu’il ancre dans les Deux-Sèvres, son département natal, où il réside.

Nul doute qu’il s’est inspiré de ses propres souvenirs d’enfance pour réaliser ce bidonnant opus. Comme le précise l’éditeur : « À coup sûr, ça rappellera des souvenirs à certains… (…) Un album qui sent bon l’huile de tracteur, la liberté et la rigolade » ; surtout aux quinquagénaires et aux sexagénaires car, est-il nécessaire de préciser que l’époque a changé.

Pineau

Ethan et son petit frère qui ne fait que chouiner, se paient une bonne tranche de plein air en pleine cambrousse auprès de leurs grands-parents agriculteurs. Il leur en arrive autant de vertes que de pas mûres. Le gentil cochon Cassoulet qu’il faut saigner pour faire du boudin ; la grosse bestiole ne l’entend pas de cette oreille et se carapate. Devront-ils se rabattre sur le boudin blanc ? La promenade des enfants passe inexorablement par le chemin des Pendus avec ses arbres lestés de douces histoires : à cette branche, c’est Vivien, l’ancien facteur cocu, qui s’est accroché ; un peu plus loin, c’est le chêne au Gros François (la branche a cassé sous son poids mais heureusement, en tombant, il s’est brisé le cou) ; et comment oublier l’arbre aux Boches auquel les Résistants avaient pendu huit soldats allemands ?… On savourera les propos philosophiques et libidineux de Paulo, en fauteuil roulant, qui, les bourses trop pleines, le fait savoir à tue-tête : « Colette, je veux ton gros cul ! », « Marie-Claude, reviens là que je te défonce ! », « Colette, je veux lécher ta chatte ! » … Pendant ce temps, les deux commères commentent les derniers faits d’armes de Thérèse, la saute-aux-prunes qui vient de se taper le très jeune facteur. Et, comme le précise encore l’éditeur, « les toilettes au fond du jardin, les petits chatons qu’il faut noyer, les frayeurs en forêt, la scie à bois, les parties de pêche (pas trop) miraculeuses et les parties de cartes avec Pépé qui fait que tricher… »

Le tout est arrosé par une sacrée dose de Pineau des Charentes que tous picolent avec force et vigueur. Non, on ne s’ennuie jamais pendant Les vacances chez Pépé-Mémé.


Les vacances chez Pépé-Mémé, Guillaume Bouzard (scénario, dessin et couleurs) ; Fluide Glacial ; 64 p.

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Cherki retenu en équipe de France: Deschamps a-t-il cédé à la pression?

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Rayan Cherki à la 33ᵉ éditions du trophée UNFP, Paris, 11 mai 2025 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Mercredi 21 mai, le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps a dévoilé la liste des joueurs retenus pour affronter l’Espagne le 5 juin. Et parmi les heureux élus, Rayan Cherki, un choix sportif, mais aussi politique… Dicté par le lobby algérien et ses affidés ?

Didier Deschamps, c’est Bruno Retailleau

S’il n’avait pas intégré ce joueur franco-algérien de Lyon (doué, mais inexpérimenté), Deschamps aurait probablement été taxé de racisme, par ceux-là mêmes qui l’avaient accusé d’avoir écarté Benzema pour des raisons religieuses, par ceux-là mêmes qui depuis des années réclament son départ et demandent l’arrivée de Zidane… Récemment encore, Karim Zeribi, ancien élu EELV, cofondateur du conseil mondial de la diaspora algérienne, avait remis de l’harissa dans le couscous en déclarant : « Didier Deschamps, c’est Bruno Retailleau, il a un problème avec les Algériens. » C’est plutôt les Algériens qui auraient un problème avec Dédé, le surnom du sélectionneur.

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Pour pousser un peu plus Dédé dans les orties, Cherki avait habilement fait savoir, par le téléphone arabe, que s’il était recalé en équipe de France, il endosserait le maillot vert de l’équipe d’Algérie. Une forme de chantage qui a finalement abouti… avec sa convocation chez les Bleus.

FAF

Si toutefois Cherki regagnait un jour les Fennecs (surnom des joueurs de l’équipe d’Algérie), il ne serait pas le premier… En 2019, lorsque l’Algérie est devenue championne d’Afrique, sur les 24 joueurs de la sélection, 14 étaient nés en France. Et depuis, la FAF (Fédération algérienne) a renforcé le dispositif, en créant la  »Cellule Radar », avec pour mission de recenser et contacter tous les jeunes Franco-algériens évoluant en France, opération confiée à Karim Idir, président du FC Dammarie-les-Lys, club d’Île-de-France, très bien introduit dans les instances fédérales du foot français. En s’appuyant dans tout l’Hexagone sur un réseau de techniciens binationaux qui « ont la fibre nationale », il a ainsi constitué un fichier de joueurs à la disposition de l’Algérie.

Les anciens joueurs algériens résidant en France ont également été mobilisés pour embrigader la jeunesse.

Ainsi les instances françaises forment des footballeurs qui ensuite, recrutés par des agents doubles, s’enrôlent sous un drapeau dont le croissant est enrichi au beur.

Interdiction des puffs et sachets de nicotine: un aveu d’impuissance face à l’industrie du tabac

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Un jeune homme vapote avec une cigarette électronique jetable Puff le 11 avril 2024 à Toulouse © FRED SCHEIBER/SIPA

L’interdiction des « puffs » est désormais en vigueur, officiellement pour protéger la jeunesse. Pourtant, ces dispositifs représentent une alternative au tabac traditionnel moins nocive. En les bannissant, on prive donc certains fumeurs d’un outil de sevrage potentiel, au bénéfice, une fois de plus, des cigarettiers qui ne peuvent que se frotter les mains après cette décision


L’interdiction des puffs (cigarettes électroniques jetables) en février 2025 et la volonté affirmée en octobre 2024 par Geneviève Darrieussecq, alors ministre de la Santé, du bannissement des sachets de nicotine, appelés pouches, sont présentées comme des mesures pour protéger la jeunesse et l’environnement. Pourtant, en ciblant ces alternatives au tabac plutôt que l’industrie du tabac elle-même, le gouvernement français révèle plutôt une étonnante incapacité à s’attaquer au tabagisme traditionnel, qui reste un véritable enjeu de santé publique puisqu’il cause 75 000 décès annuels en France. De plus, cette politique prohibitionniste semble paradoxalement renforcer les cigarettiers, alimenter la contrebande et compromettre la réduction des méfaits du tabac.

L’argument majeur avancé par le gouvernement pour justifier l’interdiction des puffs et pouches repose sur leur attrait supposé pour les jeunes. Et ce, même, une étude de 2022 dans Nicotine & Tobacco Research montre que les pouches sont surtout utilisées par des fumeurs existants, pas par des novices. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) note aussi que les puffs servent souvent aux fumeurs pour réduire leur consommation de tabac, même si cela ne réduit pas l’accoutumance à la nicotine. En les bannissant totalement, le gouvernement retire donc une « béquille » aux personnes souhaitant sortir du tabagisme, tout en limitant la demande de nicotine à la cigarette traditionnelle, bien plus nocive et qui pèse lourdement sur les dépenses de santé publique. Chaque année, le tabac coûte 1,6 milliard à l’Etat, soit 2,3% du déficit public français.

Pourtant, les mesures contre les cigarettes se limitent à des hausses de taxes, comme celle de 2025 portant le prix moyen d’un paquet à 12,50 €. Ces augmentations n’ont pas enrayé la consommation, puisqu’en 2023, 31,3 % des adultes français fumaient quotidiennement, un chiffre stable depuis 2019, comme le souligne la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). Et pendant ce temps, l’industrie du tabac prospère. En 2023, Philip Morris International a généré 35,2 milliards de dollars de revenus, et British American Tobacco 27,3 milliards. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFTD), le marché national du tabac représentait 20,2 milliards d’euros en 2022, contre 21,6 Md€ en 2021 et 18,1 Md€ en 2017.

Les buralistes : un lobby intouchable

Les 22 800 bureaux de tabac détiennent un monopole sur la vente de tabac, soutenu par des subventions publiques. En plus de 20 ans, ce sont plus de 4,4 milliards d’euros de financements publics qui ont été accordés à la profession. Et contrairement à ce qu’ils affirment, les débitants de tabac tirent largement profit de la hausse régulière de la fiscalité. En 16 ans, les gains issus des ventes de produits du tabac ont triplé, passant de 30 000 € par buraliste en 2007 à 90 000 € pour chacun en 2023.

Cette influence est renforcée par la Confédération des buralistes, qui exerce un lobbying actif, comme le montre une récente étude publiée par le Comité national contre le tabagisme (CNCT).

Avant leur interdiction, les puffs et pouches étaient vendus dans des boutiques spécialisées ou en ligne, sous des réglementations européennes strictes. Leur bannissement va donc à l’encontre des législations européennes tout en renforçant le monopole des buralistes, qui ne montrent aucun intérêt à promouvoir des alternatives moins nocives. Mais surtout, on peut penser que les cigarettiers exploitent consciemment ces monopoles pour marginaliser les produits de réduction des risques.

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Les alternatives sacrifiées : un cadeau aux cigarettiers

Les puffs et pouches semblaient pourtant offrir une opportunité pour réduire les méfaits du tabagisme. Ainsi, la Suède, seul pays de l’UE à ne pas interdire les pouches, voit ce produit, prisé surtout par les hommes, supplanter le tabac fumé. Avec 6 % de fumeurs quotidiens en 2021, la Suède approche le statut de premier pays « sans fumée » de l’UE, c’est-à-dire avec une prévalence de fumeurs égale ou inférieure à 5 % de la population. Un article publié par la revue scientifique Harm Reduction Journal montre que ce mode de consommation du tabac, alternative viable aux cigarettes, est accepté par les consommateurs, qu’il ne poussa pas au tabagisme, et réduit les risques de cancers du poumon et de maladies cardiovasculaires, offrant des bénéfices significatifs en santé publique. En clair, les différents modes de consommation de tabac sans combustion se révèlent bien moins dangereuses que les cigarettes. Une étude britannique montre également que les e-cigarettes ont réduit le tabagisme de 20 % au Royaume-Uni.

L’apparition de ces produits sans combustion, ni fumée s’apparente à une évolution majeure du tabagisme, impactant de facto le marché traditionnel de la cigarette. Ces produits semblent offrir l’opportunité d’aligner les envies des consommateurs et celles des autorités publiques qui souhaitent limiter les méfaits du tabac. Cependant, en interdisant ces nouveautés, l’Etat intervient directement sur l’évolution naturelle d’un marché, confortant ainsi la position dominante de ses acteurs majeurs. Il est alors peu étonnant de constater qu’en 2024, le cigarettier britannique Imperial Brands, dont Seita est la filiale française depuis 2008, a vu ses résultats marqués d’une forte croissance en Europe.

Une contrebande dopée par la prohibition

Les grands groupes de cigarettes ne sont pas les seuls à trouver des avantages dans cette situation. L’interdiction des puffs et pouches alimente de facto la contrebande. Les données spécifiques sur les saisies de ces produits illégaux par les douanes françaises ne sont pas explicitement détaillées dans les sources disponibles. Les rapports officiels ne mentionnent que les saisies globale de tabac de contrebande. Mais les rubriques de faits divers pullulent d’articles plus précis sur la question : saisies à St-Ouenà Toulon, à Gap, à Cambrai, à Valenciennes… Aucune région française ne semble épargnée, malgré l’impressionnant travail des douanes qui a saisi, l’an dernier, 489 tonnes de produits nicotiniques. Un chiffre impressionnant et qui pourtant en représentent pas l’ampleur réel du problème.

Le mécanisme est pourtant connu depuis longtemps. La prohibition légale d’un produit augmente la demande sur le marché noir, car elle crée une rareté artificielle et des prix élevés. Cela incite les réseaux de contrebande à s’organiser pour répondre à cette demande, souvent via des importations illégales ou des contrefaçons. De plus, la contrebande de tabac sert souvent de porte d’entrée et de soutien logistique/financier à d’autres activités illégales, renforçant les réseaux criminels transnationaux.

L’interdiction des puffs et sachets de nicotine renforce donc les buralistes et les cigarettiers tout en dopant la contrebande. Une régulation intelligente – normes strictes sur les alternatives, contrôles sur les ventes aux mineurs, campagnes éducatives – et une offensive contre le tabac combustible, défiant le lobby des buralistes, seraient plus efficaces. Sans ce changement, la France continuera de payer un lourd tribut, tandis que les géants du tabac prospèrent.