Chaque été, Lisa, Lucas et Ethan passent leurs vacances chez leurs grands-parents, pour le plaisir relatif de ces derniers. Bouzard met en scène avec brio ce à quoi peuvent ressembler les longs étés chez les grands-parents, rythmés par les parties de belote, les non-évènements de la vie du village, les excursions à la mer ou à la montagne… le tout avec un humour décalé et grotesque à souhait.

Guillaume Bouzard n’est pas un débutant. Né en 1968, auteur de nombreux albums chez Dargaud, aux Requins Marteaux, chez Fluide glacial (qu’il a rejoint en 2002), il dessine notamment dans Spirou, L’Express, Libération et So Foot. Il nous propose aujourd’hui l’hilarant Les Vacances chez Pépé-Mémé, qu’il ancre dans les Deux-Sèvres, son département natal, où il réside.
Nul doute qu’il s’est inspiré de ses propres souvenirs d’enfance pour réaliser ce bidonnant opus. Comme le précise l’éditeur : « À coup sûr, ça rappellera des souvenirs à certains… (…) Un album qui sent bon l’huile de tracteur, la liberté et la rigolade » ; surtout aux quinquagénaires et aux sexagénaires car, est-il nécessaire de préciser que l’époque a changé.
Pineau
Ethan et son petit frère qui ne fait que chouiner, se paient une bonne tranche de plein air en pleine cambrousse auprès de leurs grands-parents agriculteurs. Il leur en arrive autant de vertes que de pas mûres. Le gentil cochon Cassoulet qu’il faut saigner pour faire du boudin ; la grosse bestiole ne l’entend pas de cette oreille et se carapate. Devront-ils se rabattre sur le boudin blanc ? La promenade des enfants passe inexorablement par le chemin des Pendus avec ses arbres lestés de douces histoires : à cette branche, c’est Vivien, l’ancien facteur cocu, qui s’est accroché ; un peu plus loin, c’est le chêne au Gros François (la branche a cassé sous son poids mais heureusement, en tombant, il s’est brisé le cou) ; et comment oublier l’arbre aux Boches auquel les Résistants avaient pendu huit soldats allemands ?… On savourera les propos philosophiques et libidineux de Paulo, en fauteuil roulant, qui, les bourses trop pleines, le fait savoir à tue-tête : « Colette, je veux ton gros cul ! », « Marie-Claude, reviens là que je te défonce ! », « Colette, je veux lécher ta chatte ! » … Pendant ce temps, les deux commères commentent les derniers faits d’armes de Thérèse, la saute-aux-prunes qui vient de se taper le très jeune facteur. Et, comme le précise encore l’éditeur, « les toilettes au fond du jardin, les petits chatons qu’il faut noyer, les frayeurs en forêt, la scie à bois, les parties de pêche (pas trop) miraculeuses et les parties de cartes avec Pépé qui fait que tricher… »
Le tout est arrosé par une sacrée dose de Pineau des Charentes que tous picolent avec force et vigueur. Non, on ne s’ennuie jamais pendant Les vacances chez Pépé-Mémé.
Les vacances chez Pépé-Mémé, Guillaume Bouzard (scénario, dessin et couleurs) ; Fluide Glacial ; 64 p.