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Malheur au peuple qui a besoin de héros

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Après la cabale des islamistes contre Samuel Paty, un professeur de philosophie, René Chiche, propose de soumettre un amendement simple, mais capital…


C’est désormais officiel : la classe politique française aurait rendu hommage à Samuel Paty. Chacun y va de son couplet sur Jules Ferry ou sur la nécessité de combattre avec fermeté l’islamo-gauchisme, mais personne n’a l’air d’être choqué par la structure administrative qui a rendu ce meurtre possible.

Quand on donne aux parents d’élèves le pouvoir, non seulement de remettre en cause l’enseignement d’un professeur, mais de menacer sa carrière, quand un responsable d’établissement a désormais pour mission de trouver un terrain d’entente entre les deux partis, quand on dépêche un inspecteur pour recadrer, non pas l’islamiste, mais l’enseignant, il ne faut pas s’étonner si les plus violents en profitent. À quoi peut bien servir, face aux prêcheurs de haine qui veulent la peau de notre modèle républicain, une minute de silence ? À rien.

Dans ce concert d’hypocrisie institutionnelle et de bouffonnerie belliqueuse, un professeur de philosophie, René Chiche, propose de soumettre un amendement simple, mais capital. Au lieu de conditionner l’instruction publique au bon comportement du professeur (article 1 de la loi pour une école dite de la “confiance”), conditionner celle-ci au bon comportement des élèves, et de leurs parents. Cet “amendement Paty” paraît découler du bon sens, il relève aujourd’hui du courage. Sera-t-il entendu, et dans le cas contraire, aura-t-il l’énergie de poursuivre le combat à la mémoire de son collègue assassiné ? Malheur au peuple qui a besoin de héros, disait Brecht.

Biden assure être en «bonne voie pour gagner»

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Alors que les élections américaines restent indécises, Joe Biden affiche sa confiance pour la victoire. À l’instar de Donald Trump ! Le bras de fer redouté entre républicains et démocrates s’engage…


Joe Biden n’a pas attendu le résultat des élections pour laisser entendre qu’il avait gagné. À minuit et demi dans le Delaware, le candidat démocrate a déclaré qu’il était « en bonne voie pour gagner » la présidentielle. « Gardez la foi, nous allons gagner », avait d’abord assuré le septuagénaire devant ses sympathisants. Même s’il a admis que les résultats allaient « prendre du temps »…

© AP/ SIPA Numéro de reportage : AP22448821_000005
© AP/ SIPA Numéro de reportage : AP22448821_000005

A lire aussi, Alexandre Mendel: Derrière les émeutes, une cible: l’Amérique de Trump

Et pour cause, même si Donald Trump a perdu l’Arizona, un swing state solidement républicain depuis près de 25 ans, il s’est assuré la victoire en Floride et au Texas notamment.

Le résultat final reste indécis. Tout va désormais se jouer dans les États industriels du Nord (Michigan, Wisconsin et surtout Pennsylvanie), mais aussi en Géorgie. 

Trump accuse Joe Biden de vouloir « voler l’élection »

La guerre des nerfs est aussi intense que celle des urnes entre les deux candidats à la Maison-Blanche. Donald Trump a accusé Joe Biden de vouloir « voler » l’élection, après que ce dernier se soit dit confiant sur sa victoire. « On est devant de loin », a-t-il garanti sur Twitter. Le réseau social au piaf bleu a immédiatement mis en garde ses utilisateurs, estimant que le tweet pouvait être « trompeur ». À défaut d’être loin en tête, le président américain semble toujours en position de contredire la confiance de Joe Biden en sa victoire.

Causeur attendra que la situation américaine se décante avant de proposer à ses lecteurs des analyses plus… fournies. À suivre dans quelque temps donc.

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Non, cette élection n’est pas un référendum pro ou anti-Trump!

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Le véritable enjeu des élections américaines: la défense du monde libre


Il est très difficile de trouver un article favorable à Donald Trump dans la presse française. Il est tout aussi difficile d’y trouver un article décrivant la réalité des États-Unis sous la présidence Trump. Il est plus difficile encore d’y trouver un article décrivant de manière pertinente les enjeux de l’élection qui oppose Donald Trump à Joe Biden ce 3 novembre 2020. 

Dès le moment où Donald Trump a déclaré sa candidature en 2015, l’ensemble des médias français a dépeint Donald Trump de manière négative et insultante. Cela n’a pas cessé depuis. Il importe en ce contexte, de rétablir les faits, rien que les faits.  

L’élection n’oppose pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays

Son bilan au bout de quatre ans est très loin d’être aussi négatif que les commentateurs ne le répètent partout. En février 2020, juste avant l’éclosion du Covid-19, les États-Unis étaient dans la meilleure situation économique qu’ils aient connu depuis plus de cinquante ans. L’immigration clandestine était largement jugulée. Les salaires montaient, sans que le pays ne connaisse d’inflation. Les minorités noire et hispanique avaient connu, en trois ans, la plus forte hausse de niveau de vie qu’elles aient connu depuis que ces statistiques existent. Cela explique que la proportion d’Américains qui disent aujourd’hui que leur vie est meilleure qu’il y a quatre ans s’élève à 56%. À la fin de la présidence Obama, en octobre 2012, ce chiffre était bien plus faible, 45 %. Cela explique aussi que Donald Trump va recevoir cette année beaucoup plus de voix de noirs et d’hispaniques qu’en 2016.

En politique étrangère, il a contribué à détruire l’État Islamique en moins d’un an, le terrorisme islamique de masse a quasiment disparu du monde occidental, même si des djihadistes isolés frappent encore comme on a pu le voir encore très récemment en France. Trump a endigué l’Iran des mollahs qui déstabilisait tout le Proche-Orient, il a ouvert les yeux du monde sur la nature hégémonique et oppressive de la Chine, il a enclenché la première avancée fructueuse vers la paix au Proche-Orient depuis bien longtemps : la signature de l’accord entre Israël, le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis n’étant qu’une première étape.

A lire aussi, Leonid Berkovich: Paix Emirati-Israélienne, devoir d’émotion

La pandémie a frappé les États-Unis comme elle a frappé l’Europe occidentale, et quand les discours de propagande anti-Trump seront dissipés, on verra qu’il a pleinement et efficacement joué son rôle de président pendant la pandémie : il a, conformément à la Constitution des États-Unis laissé la gestion concrète de la situation aux gouverneurs de chacun des cinquante États. Certains ont bien géré la situation, d’autres pas ; ceux qui l’ont très mal gérée sont majoritairement des gouverneurs démocrates.

Tout ce que Trump a accompli a été effectué malgré les obstacles qui ont été mis, jour après jour, sur son chemin, et aussi malgré ce que la gauche américaine est devenue aujourd’hui. Celle-ci n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au temps de Bill Clinton. C’est une gauche beaucoup plus radicale, qui déteste les États-Unis tels qu’ils sont, et qui entend transformer radicalement le pays. Cette gauche a utilisé une stratégie d’infiltration des institutions et l’a menée depuis la fin des années 1960. Elle a pris le pouvoir dans les universités, dans les lycées, dans les médias, dans le monde de la culture, puis dans le parti démocrate dont elle tient désormais les rennes. L’élection de Barack Obama l’a conduite à penser qu’elle pouvait désormais mener la transformation radicale du pays qui n’avait cessé d’être son but. Hillary Clinton devait parachever ce que Barack Obama avait fait et rendre la transformation irréversible. Donald Trump s’est présenté pour contrer ce mouvement. Dès qu’il est apparu qu’il avait une chance d’être élu président, il est devenu pour la gauche américaine l’homme à abattre. Depuis qu’il est président, il est, pour elle, l’ennemi absolu. Et il a contre lui toutes les forces de la gauche américaine, dans tous les secteurs qu’elle contrôle. Tous les médias américains lui sont hostiles, à l’exception partielle de Fox News. Il en va de même pour l’essentiel des enseignants et des célébrités. Le parti démocrate s’est juré de l’abattre, et il est regrettable qu’aucun média en France n’ait parlé des manœuvres frauduleuses menées par l’administration Obama en 2016 pour tenter de le faire chuter : les dessous de l’inexistante « collusion avec la Russie » ressemblent à un mauvais roman d’espionnage, et il en va de même pour ce qui a été appelé, un temps, l’Ukrainegate. La procédure de destitution contre lui a été menée en violation de toutes les règles de droit, et a même suscité l’indignation d’éminents juristes démocrates (cf. Alan Dershowitz).

La désinformation sur la gestion de la pandémie par Trump a atteint les sommets de l’infamie. La désinformation sur ce qu’ont été les émeutes du mois de juin 2020 a été complète et, à ce jour, le parti démocrate n’a désavoué ni le mouvement Antifa ni Black Lives Matter, qui n’est pas une organisation antiraciste, mais un mouvement qui se donne explicitement pour but la destruction des institutions du pays, que la charte de l’organisation décrit comme « structurellement raciste » et « profondément vicié ».

A lire aussi, Lucien Rabouille: Donald Trump aura été un peu plus qu’on ne le croit 

L’élection du 3 novembre 2020 n’oppose donc pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays. Joe Biden a été choisi parce qu’il est dans la politique depuis longtemps (47 ans) et peut donner l’impression d’incarner ce qu’était le parti démocrate avant que la gauche américaine n’en prenne les rennes. Ceux qui l’ont choisi savent qu’il est sénile et entendent qu’il soit vite remplacé par Kamala Harris qui est la candidate de leur choix, et qui, par ses votes et ses propositions, est la sénatrice la plus à gauche du Sénat aujourd’hui. Le programme que porte Joe Biden est pour l’essentiel le programme qui était celui de Bernie Sanders pendant les élections primaires : c’est un programme qui prévoit une forte hausse des impôts et une multiplication des réglementations, un arrêt presque total de la production d’énergies fossiles, une régularisation immédiate et l’accès à la nationalité de millions d’immigrants illégaux, une transformation très profonde des institutions américaines, une coupe très nette dans les budgets militaires et, en politique étrangère, l’abolition des sanctions pesant sur l’Iran des mollahs, une politique beaucoup plus conciliante avec la Chine et le retour à des positions résolument très anti-israéliennes.

Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP
Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP

Les centaines de milliers d’Américains qui se pressent depuis des mois aux réunions publiques de Donald Trump pensent que le futur de la démocratie et de la prospérité américaines, et sans doute le futur du pays lui-même, sont en jeu. Ils pensent que les mesures économiques proposées par les démocrates provoqueraient une récession durable, que la transformation des institutions prévue par les démocrates briserait celles-ci, et que tout ce qui renforcerait l’Iran et la Chine rendrait le monde moins libre et bien plus dangereux. 

Joe Biden n’attire personne et ses réunions publiques sont quasiment vides. Il en est même réduit depuis deux semaines à sortir Obama du placard pour s’attirer un peu de lumière après avoir mené campagne du fond de sa cave. Ceux qui votent pour Biden votent contre Donald Trump et, pour une large partie d’entre eux, ne connaissent pas le programme démocrate. La plupart d’entre eux sont les idiots utiles de la transformation radicale et gauchiste qui risque de frapper le pays si Trump venait à être battu. En termes français, cela correspondrait à voter Strauss-Kahn et à confier le pouvoir à Jadot et Mélenchon.

Des turbulences sont à craindre au soir du 3 novembre et sans doute dans les jours qui suivront. La gauche américaine veut chasser Donald Trump de la Maison Blanche à n’importe quel prix. S’il est réélu, des émeutes sont probables. S’il est battu, des émeutes sont probables aussi : pour la gauche américaine telle qu’elle est aujourd’hui, l’éviction de Donald Trump n’est qu’une étape. La gauche américaine veut bien davantage. C’est aujourd’hui une gauche révolutionnaire.

Ceux qui en Europe souhaitent la victoire de Joe Biden et de la gauche américaine savent-ils vraiment ce qui les attend en cas de victoire de leur champion ? 

Aujourd’hui, en 2020, il n’y a que deux puissances majeures dans le monde : les États-Unis et la Chine. Un affaiblissement des Etats-Unis, qui serait une certitude avec la victoire de Joe Biden, signifierait un renforcement de la Chine. Aux dernières nouvelles, la Chine n’est pas du tout démocratique et toujours très totalitaire. Mais peut-être est-ce leur objectif final ? N’étant pas parvenu à détruire le monde libre avec le communisme dans la seconde moitié du 20ème siècle, ils ont essayé avec l’islamisme qui semble décliner – le basculement de l’Arabie Saoudite et l’affaiblissement de l’Iran en sont des signes patents – ils semblent donc porter tous leurs espoirs sur la Chine communiste et dictatoriale. Ne les laissons pas faire. Ne les laissons pas gagner.

Guy Millière est écrivain, est l’auteur d’Après Trump ? éditions Balland.
Philippe Karsenty est homme d’affaires et éditeur. Porte-parole du Parti Républicain américain en France.

Causeur: la France face à l’offensive islamiste

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La liberté : si Paul Éluard a écrit son nom sur ses cahiers d’écolier, nous disons qu’il faut l’aimer ou nous quitter ! Présentant notre dossier, Elisabeth Lévy voit dans l’assassinat de Samuel Paty un ultime signal d’alarme. Il est urgent et encore temps de contrer la progression islamiste dans le cadre de l’Etat de droit. Sinon, on risque de faire face à ce « spectre de la guerre civile qui hante les esprits. » Pour Alain Finkielkraut, se confiant à notre directrice de la rédaction, cet événement révèle crûment ce que trop d’observateurs persistent à ne pas voir : la continuité entre l’islamisme ordinaire et l’ultraviolence. Et l’Académicien de nous rappeler que « les territoires perdus de la République sont autant de territoires conquis par la haine de la France. »

causeur.#84.bd.couvCôté sociologie, Hala Oukili et Gil Mihaely nous racontent comment chaque attentat met en évidence une cascade de complicités allant de la relativisation à l’apologie, le tout enrobé d’un complotisme victimaire. Côté droit, Michel Bouleau dénonce la manière dont la Cour de Strasbourg a imprégné la magistrature française de sa culture multiculturelle en matière d’immigration ; tandis que l’ancien préfet, Michel Auboin, qui connaît de l’intérieur le système administratif chargé de l’expulsion des étrangers dangereux, livre un témoignage accablant sur les rouages de ce système, grippés par un transfert de pouvoir des élus et des fonctionnaires vers les juges.  Côté politique, saluons Aurélien Taché pour la constance de ses prises de position et pour ne pas rechigner à porter la contradiction chez nous, ses adversaires. À Elisabeth Lévy, le député du Val-d’Oise explique que la France est largement responsable de la montée de l’islamisme parmi ses citoyens musulmans, relégués dans des quartiers pourris désertés par les pouvoirs publics.

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Nous subissons actuellement une double peine: au terrorisme s’ajoute le retour du confinement. Dans son édito, notre directrice de la rédaction, tout en saluant le dévouement des soignants, se révolte contre des mesures sanitaires conçues principalement en fonction des effets de la pandémie sur le secteur médical, sans égards pour d’autres secteurs durement éprouvés par la crise. Si l’efficacité et la justification scientifique de ces mesures sont sujettes à caution, le médecin Lydia Pouga souligne qu’elles servent surtout à nous montrer que nos gouvernants agissent. 

Quels sont les effets de tout cela sur notre état mental ? Frédéric Ferney interroge la longue histoire d’amour entre les Français et… leur colère. Si celle-ci représente une forme de catharsis, elle provoque quand même des dégâts : « C’est excellent pour la santé, mais mauvais pour le commerce. » La dépression a elle aussi ses bienfaits: Peggy la Science nous révèle qu’un coup de blues n’est souvent que la manière dont l’évolution darwinienne nous invite à ralentir et à cultiver la sagesse.

À l’international, Gil Mihaely décrypte les faits et dires du président turc Erdogan, l’ancien petit caïd qui rêve de devenir un nouveau calife. Quant à moi, j’ai pris un thé (purement virtuel) avec mon compatriote britannique, David Goodhart, dont le bestseller, Les Deux Clans, avait mis en lumière la nouvelle lutte des classes entre les « quelque part » (somewheres) et les « partout » (anywheres). Aujourd’hui, il revient à la charge avec La Tête, la main et le cœur, qui dresse un bilan implacable de nos systèmes d’éducation et de récompenses professionnelles, systèmes qui survalorisent les « têtes » – les surdiplômés des métropoles – aux dépens des ouvriers et des soignants.  Pour Bérénice Levet, le nouveau livre de Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait, constitue « un grand coup de pied dans la fourmilière » des idéologies diversitaires qui ont pour objet la destruction de notre civilisation, à commencer par l’homme blanc qui l’incarne, et « un énergique appel à nous réveiller. »

À l’heure où les librairies, musées et cinémas ferment leurs portes, celles de Causeur restent résolument ouvertes à la culture. Tandis que Frédéric Ferney dialogue avec le fantôme du génial écrivain new-yorkais, Philip Roth, qui – même mort – a toujours des choses à nous dire sur la littérature, le sexe et l’Amérique, Patrick Mandon interroge un Patrice Leconte, bien vivant, sur ses succès et – plus fascinants encore – ses échecs. Saura-t-on restaurer sans le dénaturer le Grand Palais, ce joyau néobaroque ? se demande Pierre Lamalattie. Il se peut bien que nous trouvions que les temps qui courent ont des relents de cauchemar.  Consolons-nous en lisant les nouvelles de Philip K. Dick. Car Jérôme Leroy trouve que cet auteur de sci-fi nous révèle tous les pièges de l’existence, pièges auxquels il est impossible, finalement, d’échapper.

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Le syndrome de Buridan

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À ne pas choisir entre l’économique et le sanitaire, Macron va finir par tuer les deux.


On connaît la fable de l’âne de Buridan, le philosophe médiéval qui avait imaginé une pauvre bête assoiffée et affamée qui faute de choisir entre le seau d’eau et le picotin finissait par mourir de faim et de soif. Comment ne pas y penser en voyant le pilotage à vue du gouvernement ?

Le très brouillon Castex

L’économie ou la santé ? On comprend qu’ils hésitent. Ou plutôt on ne comprend pas. Si choisir la santé, c’est-à-dire sauver le maximum de vies dans un système hospitalier épuisé et ruiné, signifie l’ « effondrement » économique dont parlait Edouard Philippe qui n’aura pas mis longtemps à se faire regretter en comparaison du très brouillon Castex, ce n’est effectivement pas une bonne chose.

Mais le problème dont les plus lucides s’aperçoivent déjà, c’est que choisir l’économie, – choix cynique mais qui aurait le mérite de la clarté – quand on a été rigoureusement incapable de déconfiner correctement et qu’on a laissé circuler le virus dans des proportions pour le moins inquiétantes, cela finit un jour où l’autre par faire aussi s’effondrer l’économie elle-même. Pour cela il suffit de comprendre une chose simple. Si le virus tue ces temps-ci 400 personnes par jours, il en rend malades beaucoup plus. Se retrouver positif, sauf pour les asymptomatiques, cela signifie quand même rester sur le flanc une bonne quinzaine de jours dans le meilleur des cas. Sans compter les séquelles, cela aboutit assez logiquement à une désorganisation plus ou moins importante du fonctionnement des entreprises et des administrations et, à terme, à la désorganisation ou au ralentissement économique. 

Sinon, pourquoi croyez-vous que la plupart des pays se sont confinés au printemps et se reconfinent aujourd’hui ? Contrairement à ce que disait Lénine, les capitalistes ne sont pas idiots au point de vendre la corde qui les pendra. Il vaut mieux, pour eux, perdre beaucoup que tout perdre. 

Choisir de ne pas choisir

Seulement à l’Élysée, on choisit de ne pas choisir et on risque bientôt de finir comme le pauvre âne imaginé par Buridan. On peut toujours se payer de mots. On peut parler de couvre-feu, de confinement : quand le mot ne désigne plus la chose, en politique, on appelle ça de l’hypocrisie. Il y a tout de même quelque chose de paradoxal qu’Emmanuel Macron n’ait jamais employé le mot confinement lors de son discours de la mi-mars pour ce qui était vraiment un confinement alors qu’il l’a employé en octobre pour désigner ce qui est tout sauf un confinement.

Disons que c’est plutôt une assignation à résidence pour les personnes âgées qui sont les plus vulnérables et pour les étudiants qui ne sont pas pour rien dans les clusters de la rentrée. Il y a deux jours, c’était encore des étudiants, ceux de l’école de police de Nîmes, qui montraient leur civisme et leur sens des responsabilités en ayant organisé une nouba du feu de dieu.

A lire ensuite, Corinne Berger: Fabrique du crétin, mode d’emploi

Casser les courbes de contamination pour reprendre une politique de test et d’isolement, ça va demander un certain temps si, malgré le télétravail, il y a encore des salariés qui prennent des transports en commun et surtout des écoles restées ouvertes pour les y aider. Si on peut encore discuter sur les écoles maternelles et les écoles primaires, peuplées de minots peu contagieux, cela devient franchement problématique en ce qui concerne les lycées et les collèges. 

Le cas Blanquer

C’est Blanquer qui devrait être premier ministre, il manie beaucoup mieux le déni, le mépris et le court-termisme que Castex, et ainsi se retrouve bien plus proche du monde selon Macron. Un monde où l’on utilise une parole que l’on croit performative, c’est-à-dire une parole à elle seule qui changerait le cours des choses. Mais comme le disait encore Lénine qui, cette fois, ne se trompait pas, « les faits sont têtus ». Le « protocole sanitaire renforcé », notamment dans les lycées, est une vaste blague potentiellement mortifère. Les salles sont bondées par de jeunes adultes aussi contaminants que vous et moi qui sont dans l’impossibilité de garder les distances sociales. L’aération des salles est plutôt difficultueuse en hiver, surtout quand on a bêtement omis, sauf semble-t-il dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, de penser à équiper comme en Allemagne les classes avec des purificateurs d’air. 

Faut-il rajouter que le brassage est monnaie courante : non seulement pour des raisons de locaux exigus mais aussi… pédagogiques. La réforme Blanquer du bac a multiplié les groupes optionnels qui viennent de différentes classes pour mieux se mélanger. Bref, non seulement les profs finiront par être contaminés (ça, finalement, ce n’est pas très grave, les profs on les célèbre seulement quand ils sont morts) mais les lycéens rapporteront le virus à la maison. 

Vive le masque à la maison

L’ancien directeur général de la santé, un certain monsieur Dab, a néanmoins une solution à nous proposer : que le lycéen garde son masque à la maison. Gageons que Blanquer ne tardera pas à ressortir cette brillante idée plutôt que d’appliquer le protocole qu’il a lui-même défini en juillet en cas de circulation intense du virus : des demis-groupes, des semaines A et B et du téléenseignement.

Ce serait sans doute trop simple. Ou ça ressemblerait trop à un confinement. Ou ça nuirait à l’économie. 

L’économie qui y passera quand même à la fin, comme l’âne de Buridan.

Trump, la rage du clown blanc

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La leçon de Trump? Une claque! A l’heure où l’on écrit, on ne sait pas encore si c’est lui qui l’a reçue ou si c’est lui qui l’a donnée…


La foule et les pleins feux l’affolent – les tweets vengeurs, c’est son dada. Le tyran aime qu’on le flatte, qu’on le caresse comme un fauve prêt à mordre, s’il est contrarié. Le tyran aime qu’on l’aime… un tyran? mais il a été élu en 2017, non? C’est vrai, il en a seulement les vices. Il est fanfaron, mégalo, affreusement susceptible. 

Son modèle, c’est Néron dans Britannicus – en mieux.

On sait qu’il dirige un grand pays, fût-il en déliquescence. Ce qu’on aurait rêvé, c’est qu’à 74 ans il se retirât majestueusement, entouré de l’affection des siens et fier du travail accompli, enfin sage, rassasié de secousses, comme George Washington ou Cincinnatus! Ce qui nous pend au nez, c’est qu’il reste, qu’il récidive, aïe!… Four more years ! À moins qu’une majorité d’Américains se pose enfin la question: mais que fait-il encore là? 

De Trump on pourrait dire bien des choses en somme:

1- Ce n’est pas un de ces démagogues timides et sournois dont la vieille Europe fournit des exemples. Il est politiquement incorrect et il s’en glorifie – c’est un faux modeste. 

2- La complexité l’ennuie, les nuances le rebutent. Son langage est succinct, grossier, infantile. Il lui suffit d’environ 300 mots pour décrire le monde comme il est. Morceaux choisis: « La torture, ça marche… les immigrés mexicains sont des violeurs… les femmes, il faut les traiter comme de la merde ».
Ce n’est pas de la politique, c’est du bon sens.

3- Il n’est ni sectaire, ni raciste, ni misogyne, il est juste extrêmement sincère – ça nous change de tous ces hypocrites.
C’est le monde qui est dégueulasse, pas lui.

4- Il se pose en défenseur impavide de l’ordre et de la loi.
Il ne va tout de même pas condamner l’usage de la violence légitime d’État à cause de quelques bavures insignifiantes et sous prétexte qu’elle est exercée par des policiers blancs et dévoués (good guys) contre des Noirs irascibles et drogués (bad guys)!
Notez bien, mieux vaut un lynchage réussi qu’un procès bâclé.

5- Il a un avis supérieur sur tout. Le réchauffement climatique, l’Union européenne, le Covid-19, c’est quoi, ces bêtises? Il sait qu’on recueille pieusement chaque miette qui tombe de sa bouche. Il a le droit de se contredire si le vent tourne, l’important, c’est que son pays soit fermement instruit et guidé.
Le gaz de schiste? Excellent pour la santé du pays, donc pour l’avenir de la planète! “Cela va augmenter le PIB de plus de cent milliards de dollars et créer plus de 500 000 nouveaux emplois par an” – et ça vous dérange!

6- Quand il lève son verre en douce à la santé de ceux – guildes d’illettrés, ploucs hargneux ou suprémacistes à nuque rose, entre autres – qui, las d’être silencieux, votent de préférence pour lui, il nous nargue: “Vous me trouvez vulgaire, je suis seulement vivant” – tout le contraire de M. Biden!

7- Il est patriote.
God bless America and myself! Si c’est bon pour lui, c’est bon pour l’Amérique. Son arme favorite: le pavé dans la mare. Il ne s’oppose pas à ses adversaires, il les dénonce, il les injurie, il les écrabouille. Des idiots, des traîtres, des espions au service de la Chine! Des ennemis jurés des États-Unis – il faut les éliminer par tous les moyens. 

8- Il est mauvais joueur.
Quand il a perdu, il se vante d’avoir gagné, ou il renverse la table. On applaudit son arrogance, on salue son génie mystificateur et sorcier, sauf que cette fois il est au pied du mur. S’il est battu le 3 novembre, même d’un cheveu, il devra partir, tête basse. “You’re fired!” (“Vous êtes viré!”) – c’était le mantra de l’émission de télé-réalité qu’il animait jadis sur la chaîne NBC, The Apprentice.

9- Il se croit providentiel, élu de Dieu. Dès lors, il ne craint ni l’émeute ni la contradiction. Si tant de gens manifestent contre lui, s’ils deviennent violents, c’est bien la preuve qu’il a raison! Son programme audacieux suscite une haine exemplaire chez les imbéciles.

10- Il n’est pas fou. Il ne croit aux statistiques que s’il les a falsifiées lui-même.

11- En affaires, il est pragmatique. Est vil ce qui est à vendre, ce qui ne vaut pas cher. Comme tout s’achète, il suffit d’être là au bon moment – sauf que ces maudits Chinetoques le savent mieux que lui.

12- Il est résolument de son époque, c’est-à-dire brutal, clivant – et connecté.
À Washington, on se scandalise. Le New York Times ne cache pas sa gêne. Nancy Pelosi s’étouffe. Michelle Obama s’afflige. Les grenouilles démocrates s’offensent ou s’indignent. Il s’en félicite, il fédère les siens. Le Parti Rébublicain? Non, tous les autres, les naufragés de la mondialisation, les oubliés de la lower- lower-middle-class, les frustrés de la croissance, le prolétariat rural, les petits Blancs, les vaillants reporters de Fox News, les “vrais gens” quoi!
Coiffé à l’ange, la bouche en cœur, le front nimbé d’or (grâce à un fixateur capillaire miraculeux dont la marque est classée secret défense), il est l’oracle de son temps et de son peuple. S’il est battu en novembre, il est convaincu que son empreinte dans le pays restera mémorable: sa voix suave et douce résonnera demain comme une nostalgie – ou un cuisant remords – dans le chœur des ménagères délaissées de l’Ohio. 

13- Il fait le sentencieux, il fait l’enfant, il fait l’idiot. S’il feint la candeur, il y a toujours du calcul dans ses apartés. Ses déclarations ne sont pas toujours pesées, loin de là, mais elles acquièrent aussitôt la pertinence effarée d’un lapsus. Ce ne sont pas des bourdes, ce sont des signaux.
Plus c’est parodique, plus c’est réel.
Plus c’est bas, oups! plus c’est vrai.
Vous captez ou pas?  

14- La politique? Un show, un business, une affaire de clic et d’écran. 

15- La diplomatie? Ha! Ha! 

Qu’en conclure?

C’est quand il est ridicule qu’il est le plus dangereux. 

Et quand il sourit ou quand il blague, on frémit. 

On dirait un clown. Un clown blanc – le clown blanc, c’est le pitre quand il devient méchant. 

Dans la grammaire du cirque, c’est celui qui provoque le rire et l’effroi, celui qui ose tout, celui qui fait peur aux enfants, brrr! 

C’est aussi celui qu’on rappelle quand le lion a dévoré le dompteur. Un éternel recours en cas de malheur.

Au revoir les zinfints!

Kaddich (prière juive pour les morts)

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Nous sommes tous des Juifs viennois et tous les Juifs viennois sont des « sales Français » ! Une fraternité scellée par le sang versé.


Le 12 mars 1938 des loups entrèrent dans Vienne. Leur chef les suivit peu de temps après. Et subjuguées les foules autrichiennes crièrent « Heil Hitler ». Commença alors pour les Juifs de la ville un long calvaire. On les humilia en leur faisant nettoyer les trottoirs avec une brosse à dents.

Puis comme des millions d’autres, ils prirent le chemin des chambres à gaz. Vienne n’a pas oublié le 12 mars 1938. Elle n’a pas oublié non plus que le chef des loups était autrichien.

En ce 2 novembre 2020, d’autres loups sont entrés dans Vienne. Comme ceux d’il y a 80 ans il leur faut tuer, ou essayer de tuer des Juifs. Ils sont d’une souche qui prospère dans le monde arabo-musulman. Ils tuent des Juifs, des mécréants, des chrétiens, des Français car ils ne sont pas très regardant dans le choix des agneaux à dévorer.

On assassine devant une synagogue à Vienne, on égorge dans une basilique à Nice. L’occasion de se rappeler que l’Église est fille de la Synagogue. Pas sûr que nos évêques aient envie d’en témoigner.

Les loups en France portent les noms de Kouachi, de Coulibaly, d’Azorov. Ceux de Vienne portent des noms qui sonnent pareil. Ils sont frères. Et en nous tuant, ils nous rendent frères.

Et maintenant pendant quelques instants, récitons le kaddich. « Ô gardien d’Israël qui ne dort et ne s’assoupie pas, nous sommes le peuple de tes pâturages et l’agneau qui mange de ta main. Protège-nous par ton amour. Et si dans notre deuil, notre solitude et nos moments de désolation nous perdons notre chemin, ne nous abandonne pas ».

Ces paroles auraient pu accompagner le colonel Beltrame et Samuel Paty.

P.-S. Une information de dernière minute : 600 migrants viennent de débarquer à Lampedusa. A votre avis ça n’a rien à voir avec Vienne ?

IN-TRA-DUI-SIBLE !

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Un bon contradicteur a toujours plus d’un joker dans sa manche. L’argument de la contextualisation n’ayant pas fonctionné, le défenseur autoproclamé du Coran répondra à vos critiques en vous disant que ce livre, qu’il déclarera d’une incomparable subtilité, serait IN-TRA-DUI-SIBLE ! Ce qu’il ne sait pas, parce qu’il ne veut pas le savoir, c’est que ça ne marche pas mieux que la contextualisation pour rendre acceptable l’inacceptable. Voici pourquoi.


Traduttore, traditore disent les Italiens. « Traducteur, traître » plus généralement traduit (!) par « traduire, c’est trahir », l’expression est connue au moins depuis le 16ème siècle. Personne ne niera que traduire est un exercice difficile. J’ai moi-même passé assez de temps à étudier des textes grecs pour savoir que certains mots n’ont pas d’équivalent exact dans d’autres langues (du moins dans celles que je connais). Ainsi de la phronèsis, φρόνησις, souvent rendue en français par « prudence » alors que les deux notions sont en réalité très différentes.

Mais « exercice difficile » ne veut pas dire « impossible ». Il me faudra peut-être dix pages de digressions et de notes, mais je peux expliquer ce qu’est la phronèsis, pourquoi les Romains l’ont traduite par prudentia, et en quoi cette prudentia est différente de notre moderne prudence.

À lire aussi : Islam: enfin une analyse historico-critique du Coran en langue française

Pour le lecteur curieux, la phronèsis est le sens de l’action juste, dans la double acception de justice et de justesse, parfaite adéquation avec les circonstances. Il n’y a pas en français de terme correspondant exactement à cette idée, mais elle n’est pas pour autant intraduisible puisqu’il est possible de l’exprimer dans notre langue, même s’il faut pour cela une phrase et non un mot unique.

Et toujours pour le lecteur curieux, la divinité entre toutes associée à la phronèsis est Athéna, pensée agissante, parfaite harmonie de la pensée et de l’action. À la fois gardienne de la philosophie et des arts, guerrière fougueuse aux décisions rapides et aux gestes précis, sachant saisir l’instant. Ce qui enrichit et explique encore l’idée que recouvre le mot que nous évoquons.

Illustration de mon propos : la traduction peut s’accompagner de l’explicitation des références, des connotations, des étymologies, et il est parfaitement possible d’exposer et d’expliquer une idée dans une autre langue que celle avec laquelle elle fut pour la première fois exprimée.

Le Coran des historiens, que j’ai déjà évoqué, fait justement ce travail d’explicitation pour le texte coranique. Il consacre deux tomes, soit 2386 pages (excusez du peu !) à l’analyse des sourates verset par verset. On voit qu’il s’agit là d’une œuvre d’une toute autre ampleur que « le petit Coran de poche », ou la traduction disponible sur le site oumma.com (qui, ceci dit, reste de bonne qualité et a le double avantage d’être conforme à la tradition religieuse la plus courante, et difficilement soupçonnable « d’islamophobie »).

D’innombrables ouvrages consacrés au message du Coran ont été écrits

De plus, nous disposons de tonnes (au sens littéral : le papier pèse lourd) d’ouvrages consacrés au message du Coran, dans des dizaines et des dizaines de langues, et de 14 siècles de retour d’expérience sur la manière dont les musulmans comprennent leur propre texte sacré. Rien n’interdit d’imaginer 14 siècles d’erreurs, mais du point de vue de la religion il faudrait alors en fournir une explication théologique sérieuse, d’autant que le Coran lui-même insiste sur le fait qu’il est un texte explicite, et qu’Allah ne permet pas qu’il soit falsifié.

Par ailleurs, si comme le prétendent certains les versets qui inspirent les crimes commis au nom de l’islam n’inspirent ces horreurs que parce qu’ils sont mal traduits, il est plus qu’urgent d’en proposer une bonne traduction, et de convaincre la communauté musulmane qu’il s’agit bien de la bonne. Voilà donc à quoi devraient s’atteler ceux qui pensent sincèrement que l’islam est « une religion de paix et d’amour », plutôt que de répéter en boucle ce slogan hélas quotidiennement démenti par le comportement de trop de musulmans.

Et ils devront garder à l’esprit deux constats douloureux. D’abord, que ces « mauvaises traductions » sont étonnamment cohérentes entre elles dans toutes les langues dans lesquelles le Coran a été traduit, du français au japonais en passant par l’anglais et le russe. Ensuite, qu’Oussama Ben Laden et Abu Bakr al-Baghdadi lisaient leur livre saint en version originale.

Les plus obscurantistes théoriciens de l’islam théocratiques sont arabophones

À ce sujet, on remarquera plus généralement que les pays arabophones, et notamment les pays arabes, ne se distinguent pas franchement par leur compréhension humaniste du Coran et de l’islam. Et que les plus obscurantistes des théoriciens de l’islam théocratique, d’Ibn Hanbal à Al-Qaradâwî en passant par Al-Ghazâlî, Ibn Hazm, Ibn Abdelwahhab et Qutb, ne sauraient être soupçonnés d’une mauvaise maîtrise de la langue du Coran, ni d’avoir consacré un temps insuffisant à l’étude de ce texte et de la religion musulmane.

Est-ce à dire que leur lecture du Coran serait nécessairement la bonne ? À tout le moins, ayons l’honnêteté et le courage de l’admettre, elle est conforme à la lettre du texte, et conforme à l’éclairage qu’en donnent les hadiths ainsi que le « bel exemple » de la vie du prophète telle que l’imagine la tradition islamique.

Ils ont cependant des contradicteurs, dont la maîtrise de la langue arabe et de ses subtilités n’a rien à envier à la leur. Ainsi de l’approche spirituelle de Sohrawardî, ou des travaux actuels de Mohammed Louizi. Et cela suffit à prouver le point qui nous occupe : la traduction est un faux problème. Le vrai problème, c’est que depuis le début plusieurs métaphysiques concurrentes s’affrontent au sein même de l’islam, comme l’a bien montré Souâd Ayada (qui n’a d’ailleurs elle non plus aucun problème pour analyser toutes les subtilités du Coran en arabe). Le vrai problème, c’est que parmi ces métaphysiques celle qui est aujourd’hui largement dominante, notamment en termes d’influence normative, est celle qui découle d’une lecture littérale du Coran, et qui aboutit à la vénération d’un dieu-tyran avide de substituer sa volonté arbitraire à toute aspiration éthique et à toute conscience morale.

À lire aussi : « Le Coran des historiens », un nécessaire retour aux origines du texte 

Jouer sur les subtilités de traductions pour combattre cette tendance théocratique totalitaire, pourquoi pas. Mais jouer sur ces mêmes subtilités pour nier cette tendance, pour tenter d’endormir la méfiance de ceux (musulmans et non-musulmans) auxquels elle veut imposer sa loi, et qui devraient la combattre de toutes les forces, c’est se mettre au service de l’horreur.

Judith Bernard sur arte: fallait pas l’inviter!

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Quelques heures après l’attentat islamiste de Nice, Judith Bernard, auteur de Un désir de communisme (Textuel), n’avait pas de mots assez durs contre la France.


Depuis l’assassinat de Samuel Paty, notre pays vit au rythme de la litanie sanglante et morbide des attentats islamistes qui nous propulsent dans l’antichambre de l’Algérie des années quatre-vingt-dix. Vendredi dernier sur le plateau de 28 minutes sur Arte, la chroniqueuse, metteur en scène et ex-enseignante Judith Bernard a perpétré un attentat contre la décence et le respect auxquels ont droit les morts !

Cette gauche qui pense qu’il faut écouter les demandes des terroristes du Bataclan

Sous l’œil médusé de Renaud Dély et celui furibard de Brice Couturier, l’ex-chroniqueuse d’Arrêt sur Images (qui symbolisait la prof de gauche énervée mais surtout énervante) s’est transformée en kalachnikov en mitraillant, les yeux baissés et les lèvres pincées, des propos plus qu’islamo complaisants, jusqu’à la limite de l’apologie du terrorisme. Après avoir prononcé le discours désormais rabâché de l’islamophobie d’État et de l’ingérence française au Proche-Orient, surexcitée, elle lâcha « les assaillants du Bataclan, que demandent-ils ? ». Brice Couturier en perdit son flegme britannique, déjà bien entamé, et cela fit même l’objet de signalements au CSA de la part d’internautes. La France est à cran.

Mais le cœur du problème est, à mon sens, ailleurs.

La façon dont elle a débité ces poncifs de l’islamo-gauchisme le plus chimiquement pur, l’air buté, le débit se faisant de plus en plus rapide, la voix de plus en plus grinçante, dit beaucoup de choses : elle a été à mon sens, envoyée au casse-pipe. Mais par qui ?

Les pauvres associations musulmanes qui n’y sont jamais pour rien

La réponse se trouve sur sa page Facebook, le neuvième cercle de l’Enfer de Dante, pour nous réacs et laïques. Houria Bouteldja y est omniprésente. Bon sang mais c’est bien sûr ! C’est une porte-parole, un sous-marin du PIR, voire une espionne si je me laisse emporter par mon sens prononcé du romanesque… La Mata Hari du PIR.

En plus d’Houria, toutes les stars de la sphère que nous appellerons islamo-gauchiste (et que je tenterai de définir) défilent sur sa page. C’est le festival de Paris 8 ! Visiblement pour Bernard, le plus grave ce n’est pas la décapitation de Samuel Paty mais la réaction de la classe politique qui selon elle : « se livre à un activisme halluciné, persécutant des associations musulmanes qui n’y sont strictement pour rien. Équipant les établissements de brochures gorgées de caricatures moches et ridicules devenues le symbole racorni d’une liberté d’expression réduite à sa propre caricature… » Bien évidemment la dame se désole aussi de la dissolution de Baraka City, ces inoffensifs humanitaires.

Islamo-gauchisme

Entre deux diatribes sur les musulmans persécutés, et les tribunes des sociologues Jean-François Bayart et Samuel Hayat qui tentent de prouver que l’islamo-gauchisme n’existe pas (je fais durer le suspense mais je tenterai de le définir avant la fin de cet article), elle fait la promotion de son dernier spectacle à la manufacture des Abbesses : « Saccages ». Dans cette pièce de théâtre dont elle est l’auteur, on s’éloigne un peu des délires délétères du PIR pour aborder le versant plus doux, presque rassurant d’un activisme communiste vintage à base d’Université de Vincennes et de Notre Dame des Landes, victimes du méchant État à la solde du capital.

Islamo-gauchisme donc, car le mot fut lâché sur le plateau par Brice Couturier, excédé par les déblatérations de sa voisine. Judith telle son homonyme biblique, infiltre le camp ennemi et dégaine l’argument massue : « ça n’existe pas ». Et Couturier de répliquer en illustrant son propos de l’excellent documentaire d’Yves Azeroual « Islamo-gauchisme la trahison du rêve européen », maintenant disponible sur YouTube. Ce docu est bien évidement l’inverse de la page Facebook de Bernard. C’est le défilé laïque : Caroline Fourest, Céline Pina, Raphaël Enthoven et surtout les interventions extrêmement éclairantes de l’historien Jean-François Colosimo, bien connu de nos lecteurs, qui nous explique que les accointances entre la gauche et l’islam ne datent pas d’hier. En effet au début du XXème siécle, les marxistes lorgnaient déjà sur l’islam dans lequel la communauté prévaut largement sur l’individu.

Vinrent l’engagement de la gauche auprès du FLN (sorte d’ancêtre du PIR) et l’épisode bien connu de la Révolution iranienne dans lequel Michel Foucault s’illustra particulièrement. Autrefois, on appelait cette fascination des intellectuels occidentaux pour les langueurs orientales et maghrébines le tiers-mondisme. D’après Raphaël Enthoven, l’islamo-gauchisme contemporain, par sa complaisance envers le voile à l’école, son antisémitisme sous-jacent et par sa proximité avec les Frères Musulmans, est aujourd’hui « un syncrétisme hideux ».

L’anti-quart d’heure warholien

Ce documentaire d’une heure et demie repose sur des faits précis mais Judith Bernard refusera toujours de le visionner, c’est dommage. Mais le regarderait-elle qu’elle ne voudrait pas comprendre, bercée qu’elle est par les mantras rassurants de l’islamophobie d’État et du “racisme systémique”.

Judith Bernard a bénéficié de son anti-quart d’heure warholien, puisque selon elle, elle est devenue la cible de la fachosphère. Colosimo dit à raison que les islamo-gauchistes tentent d’empêcher le débat. Voyez-vous Judith, la représentante de la fachosphère que je représente sûrement à vos yeux, à qui votre discours donne des palpitations cardiaques, se battra toujours pour que vous puissiez malgré tout nous l’asséner avec votre débit de mitraillette.

Le travail, c’est aussi la santé!

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Une tribune d’Alain Fabre, économiste et de Sophie de Menthon, présidente d’ETHIC.


Comment en sommes-nous arrivés à un nouveau confinement, moins de six mois après la sortie du premier ? Pourquoi n’avons-nous pas plus de lits de réanimation qu’au mois de mars ? Pourquoi ce climat d’hystérie et de panique face à une nouvelle vague épidémique hors de contrôle, au point d’acculer le gouvernement à choisir à nouveau le suicide collectif ?

Une défaite française

Et si c’était non la vague épidémique, la responsable de notre situation, mais l’incapacité de notre administration de la santé ? Engoncé dans ses certitudes, son centralisme, sa rigidité, souffrant de sa sur-syndicalisation, notre système de santé – le meilleur mondial quand il soigne, héroïque face aux souffrances et aux maladies – est incapable de manager et d’administrer. Nous dépensons plus de 80 Md€ pour les hôpitaux, dont un tiers en personnel administratif. Un monde qui renvoie l’image de l’armée française de 1940 telle que Marc Bloch en fait le portrait amer dans L’étrange défaite.

Face à la sclérose de l’administration de la santé dans la lutte contre l’épidémie, les entreprises ne sont pas le problème, elles sont la solution. Ce que le président de la République a fort heureusement rappelé, dans son allocution de mercredi soir, en refusant d’opposer la santé à l’économie. Ce n’est pas dans les entreprises que la deuxième vague de Covid a pris son essor, ni trouvé les ressorts de sa montée irrésistible. Au contraire, les entreprises, y compris les restaurants et les commerces, ont mis en œuvre avec rigueur, à commencer pour leurs personnels dont la santé est prioritaire – comment pourrait-il en être autrement ? – les règles de sécurité sanitaire. Les entreprises ont donc contribué à freiner la montée de l’épidémie, non à l’accélérer.

L’épidémie suit la crise des gilets jaunes

Dans ces conditions, le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux a eu raison d’alerter le gouvernement sur les risques d’écroulement de l’économie en cas de nouveau confinement. D’abord, parce ce qu’il faut bien l’avouer, nous n’en avons pas les moyens ! A la différence de nos voisins européens, les entreprises – pensons avant tout aux commerçants et aux TPE – ont affronté l’année 2020 après avoir subi les gilets jaunes, puis les grèves contre la réforme des retraites. Ainsi quand l’Allemagne lutte contre l’épidémie, elle puise dans la tirelire de son épargne qu’elle accumule au rythme de 250 Md€ annuels d’excédent commercial. La France continue à poursuivre une politique de fonctionnement permanent à crédit. Le Covid a fait exploser sa dette à plus de 115% de son PIB.

A lire aussi: Terrorisme et Covid-19: une atmosphère de fin du monde

Gardons-nous de céder au mirage de l’endettement indéfini et sans pleurs. Ne cédons pas aux illusions du maintsream libertaire et utopiste d’une BCE prêtant sans limite. Si Christine Lagarde peut faire tourner la planche à billets, c’est non pas parce qu’elle peut prêter sans limite comme la Federal Reserve qui émet la monnaie mondiale, mais bien parce que le réassureur du système, c’est l’épargne accumulée par une Allemagne qui a fait les réformes que nous continuons à ne pas vouloir faire.

La meilleure façon d’affronter la pandémie, ce n’est donc pas l’argent du « quoi qu’il en coûte », même si à court terme, nul n’en conteste la nécessité, c’est d’abord de préserver au maximum la poursuite de l’activité des commerces, des TPE, des PME.

Il serait préférable de renforcer les règles sanitaires

Contraindre, de fait ou de droit, les entreprises, commerces – « non essentiels » ? – à fermer est donc une lourde erreur. La bonne solution est d’imposer des règles sanitaires renforcées – ce que l’Allemagne vient de faire pour la circulation de la clientèle dans les commerces. Pourquoi obliger les théâtres à fermer alors que les règles sanitaires ont bien fonctionné ?

Il faut accélérer les réformes qui apportent du muscle dans les entreprises, poursuivre dans la voie ouverte par la baisse de 10 Md€ (sur 78 Md€) des impôts de  production. Il faut baisser les charges sociales sur les entreprises, mais aussi sur les salariés, pour augmenter leur rémunération nette, permettre aux patrons de PME, comme Bruno Le Maire en a ouvert la voie, d’apporter des fonds à leur entreprise en franchise d’impôt sur le revenu. L’administration est efficace quand il faut organiser le soutien financier de Air France, malheureusement pas quand il faut financer 10 000 € dans un restaurant ou un fleuriste !

Et d’ailleurs, qui remboursera les dettes que l’État accumule avec si peu de complexes ? Qui permettra aux professionnels de santé de disposer des vaccins, des lits, d’augmenter les salaires des personnels ? Qui ? Les entreprises! Et surtout ces TPE, ces PME, ces commerçants qui veulent travailler et produire en France et qui apportent la solution à, à peu près tous nos problèmes : la baisse du niveau de vie, le chômage, la précarité sociale, l’intégration, etc…

Aujourd’hui le risque est réel, que sous l’effet du désespoir de ceux qui n’ont plus rien à espérer, la crise sanitaire, après avoir muté en crise économique, mute en crise politique : 79% des Français sont déjà tentés par un vote protestataire.

Mais enfin ! Faites confiance au privé, aux entrepreneurs, aux négociations intra-entreprise au lieu de laisser des ronds de cuir bloquer la France par manque de bon sens. L’entreprise, c’est la vie.

Alain Fabre, économiste ;
Sophie de Menthon, présidente d’ ETHIC.

Malheur au peuple qui a besoin de héros

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Minute de silence à Conflans Sainte Honorine, le 2 novembre 2020, Jean Castex et Jean-Michel Blanquer © THOMAS COEX-POOL/SIPA Numéro de reportage: 00989012_000011

Après la cabale des islamistes contre Samuel Paty, un professeur de philosophie, René Chiche, propose de soumettre un amendement simple, mais capital…


C’est désormais officiel : la classe politique française aurait rendu hommage à Samuel Paty. Chacun y va de son couplet sur Jules Ferry ou sur la nécessité de combattre avec fermeté l’islamo-gauchisme, mais personne n’a l’air d’être choqué par la structure administrative qui a rendu ce meurtre possible.

Quand on donne aux parents d’élèves le pouvoir, non seulement de remettre en cause l’enseignement d’un professeur, mais de menacer sa carrière, quand un responsable d’établissement a désormais pour mission de trouver un terrain d’entente entre les deux partis, quand on dépêche un inspecteur pour recadrer, non pas l’islamiste, mais l’enseignant, il ne faut pas s’étonner si les plus violents en profitent. À quoi peut bien servir, face aux prêcheurs de haine qui veulent la peau de notre modèle républicain, une minute de silence ? À rien.

Dans ce concert d’hypocrisie institutionnelle et de bouffonnerie belliqueuse, un professeur de philosophie, René Chiche, propose de soumettre un amendement simple, mais capital. Au lieu de conditionner l’instruction publique au bon comportement du professeur (article 1 de la loi pour une école dite de la “confiance”), conditionner celle-ci au bon comportement des élèves, et de leurs parents. Cet “amendement Paty” paraît découler du bon sens, il relève aujourd’hui du courage. Sera-t-il entendu, et dans le cas contraire, aura-t-il l’énergie de poursuivre le combat à la mémoire de son collègue assassiné ? Malheur au peuple qui a besoin de héros, disait Brecht.

Biden assure être en «bonne voie pour gagner»

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Supportice de Donald Trump à Beverly Hills en Californie, le 3 novembre 2020 © Jay L Clendenin/Los Angeles Times/Shutterstock/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40803215_000005.

Alors que les élections américaines restent indécises, Joe Biden affiche sa confiance pour la victoire. À l’instar de Donald Trump ! Le bras de fer redouté entre républicains et démocrates s’engage…


Joe Biden n’a pas attendu le résultat des élections pour laisser entendre qu’il avait gagné. À minuit et demi dans le Delaware, le candidat démocrate a déclaré qu’il était « en bonne voie pour gagner » la présidentielle. « Gardez la foi, nous allons gagner », avait d’abord assuré le septuagénaire devant ses sympathisants. Même s’il a admis que les résultats allaient « prendre du temps »…

© AP/ SIPA Numéro de reportage : AP22448821_000005
© AP/ SIPA Numéro de reportage : AP22448821_000005

A lire aussi, Alexandre Mendel: Derrière les émeutes, une cible: l’Amérique de Trump

Et pour cause, même si Donald Trump a perdu l’Arizona, un swing state solidement républicain depuis près de 25 ans, il s’est assuré la victoire en Floride et au Texas notamment.

Le résultat final reste indécis. Tout va désormais se jouer dans les États industriels du Nord (Michigan, Wisconsin et surtout Pennsylvanie), mais aussi en Géorgie. 

Trump accuse Joe Biden de vouloir « voler l’élection »

La guerre des nerfs est aussi intense que celle des urnes entre les deux candidats à la Maison-Blanche. Donald Trump a accusé Joe Biden de vouloir « voler » l’élection, après que ce dernier se soit dit confiant sur sa victoire. « On est devant de loin », a-t-il garanti sur Twitter. Le réseau social au piaf bleu a immédiatement mis en garde ses utilisateurs, estimant que le tweet pouvait être « trompeur ». À défaut d’être loin en tête, le président américain semble toujours en position de contredire la confiance de Joe Biden en sa victoire.

Causeur attendra que la situation américaine se décante avant de proposer à ses lecteurs des analyses plus… fournies. À suivre dans quelque temps donc.

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Non, cette élection n’est pas un référendum pro ou anti-Trump!

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A Washington pendant les émeutes de Black lives matter, le président Trump se rend à l'église Saint John, bâtiment emblématique proche de la Maison Blanche qui a été dégradé, juin 2020 © Semansky/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22460519_000005.

 


Le véritable enjeu des élections américaines: la défense du monde libre


Il est très difficile de trouver un article favorable à Donald Trump dans la presse française. Il est tout aussi difficile d’y trouver un article décrivant la réalité des États-Unis sous la présidence Trump. Il est plus difficile encore d’y trouver un article décrivant de manière pertinente les enjeux de l’élection qui oppose Donald Trump à Joe Biden ce 3 novembre 2020. 

Dès le moment où Donald Trump a déclaré sa candidature en 2015, l’ensemble des médias français a dépeint Donald Trump de manière négative et insultante. Cela n’a pas cessé depuis. Il importe en ce contexte, de rétablir les faits, rien que les faits.  

L’élection n’oppose pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays

Son bilan au bout de quatre ans est très loin d’être aussi négatif que les commentateurs ne le répètent partout. En février 2020, juste avant l’éclosion du Covid-19, les États-Unis étaient dans la meilleure situation économique qu’ils aient connu depuis plus de cinquante ans. L’immigration clandestine était largement jugulée. Les salaires montaient, sans que le pays ne connaisse d’inflation. Les minorités noire et hispanique avaient connu, en trois ans, la plus forte hausse de niveau de vie qu’elles aient connu depuis que ces statistiques existent. Cela explique que la proportion d’Américains qui disent aujourd’hui que leur vie est meilleure qu’il y a quatre ans s’élève à 56%. À la fin de la présidence Obama, en octobre 2012, ce chiffre était bien plus faible, 45 %. Cela explique aussi que Donald Trump va recevoir cette année beaucoup plus de voix de noirs et d’hispaniques qu’en 2016.

En politique étrangère, il a contribué à détruire l’État Islamique en moins d’un an, le terrorisme islamique de masse a quasiment disparu du monde occidental, même si des djihadistes isolés frappent encore comme on a pu le voir encore très récemment en France. Trump a endigué l’Iran des mollahs qui déstabilisait tout le Proche-Orient, il a ouvert les yeux du monde sur la nature hégémonique et oppressive de la Chine, il a enclenché la première avancée fructueuse vers la paix au Proche-Orient depuis bien longtemps : la signature de l’accord entre Israël, le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis n’étant qu’une première étape.

A lire aussi, Leonid Berkovich: Paix Emirati-Israélienne, devoir d’émotion

La pandémie a frappé les États-Unis comme elle a frappé l’Europe occidentale, et quand les discours de propagande anti-Trump seront dissipés, on verra qu’il a pleinement et efficacement joué son rôle de président pendant la pandémie : il a, conformément à la Constitution des États-Unis laissé la gestion concrète de la situation aux gouverneurs de chacun des cinquante États. Certains ont bien géré la situation, d’autres pas ; ceux qui l’ont très mal gérée sont majoritairement des gouverneurs démocrates.

Tout ce que Trump a accompli a été effectué malgré les obstacles qui ont été mis, jour après jour, sur son chemin, et aussi malgré ce que la gauche américaine est devenue aujourd’hui. Celle-ci n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au temps de Bill Clinton. C’est une gauche beaucoup plus radicale, qui déteste les États-Unis tels qu’ils sont, et qui entend transformer radicalement le pays. Cette gauche a utilisé une stratégie d’infiltration des institutions et l’a menée depuis la fin des années 1960. Elle a pris le pouvoir dans les universités, dans les lycées, dans les médias, dans le monde de la culture, puis dans le parti démocrate dont elle tient désormais les rennes. L’élection de Barack Obama l’a conduite à penser qu’elle pouvait désormais mener la transformation radicale du pays qui n’avait cessé d’être son but. Hillary Clinton devait parachever ce que Barack Obama avait fait et rendre la transformation irréversible. Donald Trump s’est présenté pour contrer ce mouvement. Dès qu’il est apparu qu’il avait une chance d’être élu président, il est devenu pour la gauche américaine l’homme à abattre. Depuis qu’il est président, il est, pour elle, l’ennemi absolu. Et il a contre lui toutes les forces de la gauche américaine, dans tous les secteurs qu’elle contrôle. Tous les médias américains lui sont hostiles, à l’exception partielle de Fox News. Il en va de même pour l’essentiel des enseignants et des célébrités. Le parti démocrate s’est juré de l’abattre, et il est regrettable qu’aucun média en France n’ait parlé des manœuvres frauduleuses menées par l’administration Obama en 2016 pour tenter de le faire chuter : les dessous de l’inexistante « collusion avec la Russie » ressemblent à un mauvais roman d’espionnage, et il en va de même pour ce qui a été appelé, un temps, l’Ukrainegate. La procédure de destitution contre lui a été menée en violation de toutes les règles de droit, et a même suscité l’indignation d’éminents juristes démocrates (cf. Alan Dershowitz).

La désinformation sur la gestion de la pandémie par Trump a atteint les sommets de l’infamie. La désinformation sur ce qu’ont été les émeutes du mois de juin 2020 a été complète et, à ce jour, le parti démocrate n’a désavoué ni le mouvement Antifa ni Black Lives Matter, qui n’est pas une organisation antiraciste, mais un mouvement qui se donne explicitement pour but la destruction des institutions du pays, que la charte de l’organisation décrit comme « structurellement raciste » et « profondément vicié ».

A lire aussi, Lucien Rabouille: Donald Trump aura été un peu plus qu’on ne le croit 

L’élection du 3 novembre 2020 n’oppose donc pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays. Joe Biden a été choisi parce qu’il est dans la politique depuis longtemps (47 ans) et peut donner l’impression d’incarner ce qu’était le parti démocrate avant que la gauche américaine n’en prenne les rennes. Ceux qui l’ont choisi savent qu’il est sénile et entendent qu’il soit vite remplacé par Kamala Harris qui est la candidate de leur choix, et qui, par ses votes et ses propositions, est la sénatrice la plus à gauche du Sénat aujourd’hui. Le programme que porte Joe Biden est pour l’essentiel le programme qui était celui de Bernie Sanders pendant les élections primaires : c’est un programme qui prévoit une forte hausse des impôts et une multiplication des réglementations, un arrêt presque total de la production d’énergies fossiles, une régularisation immédiate et l’accès à la nationalité de millions d’immigrants illégaux, une transformation très profonde des institutions américaines, une coupe très nette dans les budgets militaires et, en politique étrangère, l’abolition des sanctions pesant sur l’Iran des mollahs, une politique beaucoup plus conciliante avec la Chine et le retour à des positions résolument très anti-israéliennes.

Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP
Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP

Les centaines de milliers d’Américains qui se pressent depuis des mois aux réunions publiques de Donald Trump pensent que le futur de la démocratie et de la prospérité américaines, et sans doute le futur du pays lui-même, sont en jeu. Ils pensent que les mesures économiques proposées par les démocrates provoqueraient une récession durable, que la transformation des institutions prévue par les démocrates briserait celles-ci, et que tout ce qui renforcerait l’Iran et la Chine rendrait le monde moins libre et bien plus dangereux. 

Joe Biden n’attire personne et ses réunions publiques sont quasiment vides. Il en est même réduit depuis deux semaines à sortir Obama du placard pour s’attirer un peu de lumière après avoir mené campagne du fond de sa cave. Ceux qui votent pour Biden votent contre Donald Trump et, pour une large partie d’entre eux, ne connaissent pas le programme démocrate. La plupart d’entre eux sont les idiots utiles de la transformation radicale et gauchiste qui risque de frapper le pays si Trump venait à être battu. En termes français, cela correspondrait à voter Strauss-Kahn et à confier le pouvoir à Jadot et Mélenchon.

Des turbulences sont à craindre au soir du 3 novembre et sans doute dans les jours qui suivront. La gauche américaine veut chasser Donald Trump de la Maison Blanche à n’importe quel prix. S’il est réélu, des émeutes sont probables. S’il est battu, des émeutes sont probables aussi : pour la gauche américaine telle qu’elle est aujourd’hui, l’éviction de Donald Trump n’est qu’une étape. La gauche américaine veut bien davantage. C’est aujourd’hui une gauche révolutionnaire.

Ceux qui en Europe souhaitent la victoire de Joe Biden et de la gauche américaine savent-ils vraiment ce qui les attend en cas de victoire de leur champion ? 

Aujourd’hui, en 2020, il n’y a que deux puissances majeures dans le monde : les États-Unis et la Chine. Un affaiblissement des Etats-Unis, qui serait une certitude avec la victoire de Joe Biden, signifierait un renforcement de la Chine. Aux dernières nouvelles, la Chine n’est pas du tout démocratique et toujours très totalitaire. Mais peut-être est-ce leur objectif final ? N’étant pas parvenu à détruire le monde libre avec le communisme dans la seconde moitié du 20ème siècle, ils ont essayé avec l’islamisme qui semble décliner – le basculement de l’Arabie Saoudite et l’affaiblissement de l’Iran en sont des signes patents – ils semblent donc porter tous leurs espoirs sur la Chine communiste et dictatoriale. Ne les laissons pas faire. Ne les laissons pas gagner.

Guy Millière est écrivain, est l’auteur d’Après Trump ? éditions Balland.
Philippe Karsenty est homme d’affaires et éditeur. Porte-parole du Parti Républicain américain en France.

Causeur: la France face à l’offensive islamiste

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La liberté : si Paul Éluard a écrit son nom sur ses cahiers d’écolier, nous disons qu’il faut l’aimer ou nous quitter ! Présentant notre dossier, Elisabeth Lévy voit dans l’assassinat de Samuel Paty un ultime signal d’alarme. Il est urgent et encore temps de contrer la progression islamiste dans le cadre de l’Etat de droit. Sinon, on risque de faire face à ce « spectre de la guerre civile qui hante les esprits. » Pour Alain Finkielkraut, se confiant à notre directrice de la rédaction, cet événement révèle crûment ce que trop d’observateurs persistent à ne pas voir : la continuité entre l’islamisme ordinaire et l’ultraviolence. Et l’Académicien de nous rappeler que « les territoires perdus de la République sont autant de territoires conquis par la haine de la France. »

causeur.#84.bd.couvCôté sociologie, Hala Oukili et Gil Mihaely nous racontent comment chaque attentat met en évidence une cascade de complicités allant de la relativisation à l’apologie, le tout enrobé d’un complotisme victimaire. Côté droit, Michel Bouleau dénonce la manière dont la Cour de Strasbourg a imprégné la magistrature française de sa culture multiculturelle en matière d’immigration ; tandis que l’ancien préfet, Michel Auboin, qui connaît de l’intérieur le système administratif chargé de l’expulsion des étrangers dangereux, livre un témoignage accablant sur les rouages de ce système, grippés par un transfert de pouvoir des élus et des fonctionnaires vers les juges.  Côté politique, saluons Aurélien Taché pour la constance de ses prises de position et pour ne pas rechigner à porter la contradiction chez nous, ses adversaires. À Elisabeth Lévy, le député du Val-d’Oise explique que la France est largement responsable de la montée de l’islamisme parmi ses citoyens musulmans, relégués dans des quartiers pourris désertés par les pouvoirs publics.

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Nous subissons actuellement une double peine: au terrorisme s’ajoute le retour du confinement. Dans son édito, notre directrice de la rédaction, tout en saluant le dévouement des soignants, se révolte contre des mesures sanitaires conçues principalement en fonction des effets de la pandémie sur le secteur médical, sans égards pour d’autres secteurs durement éprouvés par la crise. Si l’efficacité et la justification scientifique de ces mesures sont sujettes à caution, le médecin Lydia Pouga souligne qu’elles servent surtout à nous montrer que nos gouvernants agissent. 

Quels sont les effets de tout cela sur notre état mental ? Frédéric Ferney interroge la longue histoire d’amour entre les Français et… leur colère. Si celle-ci représente une forme de catharsis, elle provoque quand même des dégâts : « C’est excellent pour la santé, mais mauvais pour le commerce. » La dépression a elle aussi ses bienfaits: Peggy la Science nous révèle qu’un coup de blues n’est souvent que la manière dont l’évolution darwinienne nous invite à ralentir et à cultiver la sagesse.

À l’international, Gil Mihaely décrypte les faits et dires du président turc Erdogan, l’ancien petit caïd qui rêve de devenir un nouveau calife. Quant à moi, j’ai pris un thé (purement virtuel) avec mon compatriote britannique, David Goodhart, dont le bestseller, Les Deux Clans, avait mis en lumière la nouvelle lutte des classes entre les « quelque part » (somewheres) et les « partout » (anywheres). Aujourd’hui, il revient à la charge avec La Tête, la main et le cœur, qui dresse un bilan implacable de nos systèmes d’éducation et de récompenses professionnelles, systèmes qui survalorisent les « têtes » – les surdiplômés des métropoles – aux dépens des ouvriers et des soignants.  Pour Bérénice Levet, le nouveau livre de Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait, constitue « un grand coup de pied dans la fourmilière » des idéologies diversitaires qui ont pour objet la destruction de notre civilisation, à commencer par l’homme blanc qui l’incarne, et « un énergique appel à nous réveiller. »

À l’heure où les librairies, musées et cinémas ferment leurs portes, celles de Causeur restent résolument ouvertes à la culture. Tandis que Frédéric Ferney dialogue avec le fantôme du génial écrivain new-yorkais, Philip Roth, qui – même mort – a toujours des choses à nous dire sur la littérature, le sexe et l’Amérique, Patrick Mandon interroge un Patrice Leconte, bien vivant, sur ses succès et – plus fascinants encore – ses échecs. Saura-t-on restaurer sans le dénaturer le Grand Palais, ce joyau néobaroque ? se demande Pierre Lamalattie. Il se peut bien que nous trouvions que les temps qui courent ont des relents de cauchemar.  Consolons-nous en lisant les nouvelles de Philip K. Dick. Car Jérôme Leroy trouve que cet auteur de sci-fi nous révèle tous les pièges de l’existence, pièges auxquels il est impossible, finalement, d’échapper.

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Le syndrome de Buridan

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L'âne de Buridan © Auteurs : MARY EVANS/SIPA Numéro de reportage: 51063321_000001.

À ne pas choisir entre l’économique et le sanitaire, Macron va finir par tuer les deux.


On connaît la fable de l’âne de Buridan, le philosophe médiéval qui avait imaginé une pauvre bête assoiffée et affamée qui faute de choisir entre le seau d’eau et le picotin finissait par mourir de faim et de soif. Comment ne pas y penser en voyant le pilotage à vue du gouvernement ?

Le très brouillon Castex

L’économie ou la santé ? On comprend qu’ils hésitent. Ou plutôt on ne comprend pas. Si choisir la santé, c’est-à-dire sauver le maximum de vies dans un système hospitalier épuisé et ruiné, signifie l’ « effondrement » économique dont parlait Edouard Philippe qui n’aura pas mis longtemps à se faire regretter en comparaison du très brouillon Castex, ce n’est effectivement pas une bonne chose.

Mais le problème dont les plus lucides s’aperçoivent déjà, c’est que choisir l’économie, – choix cynique mais qui aurait le mérite de la clarté – quand on a été rigoureusement incapable de déconfiner correctement et qu’on a laissé circuler le virus dans des proportions pour le moins inquiétantes, cela finit un jour où l’autre par faire aussi s’effondrer l’économie elle-même. Pour cela il suffit de comprendre une chose simple. Si le virus tue ces temps-ci 400 personnes par jours, il en rend malades beaucoup plus. Se retrouver positif, sauf pour les asymptomatiques, cela signifie quand même rester sur le flanc une bonne quinzaine de jours dans le meilleur des cas. Sans compter les séquelles, cela aboutit assez logiquement à une désorganisation plus ou moins importante du fonctionnement des entreprises et des administrations et, à terme, à la désorganisation ou au ralentissement économique. 

Sinon, pourquoi croyez-vous que la plupart des pays se sont confinés au printemps et se reconfinent aujourd’hui ? Contrairement à ce que disait Lénine, les capitalistes ne sont pas idiots au point de vendre la corde qui les pendra. Il vaut mieux, pour eux, perdre beaucoup que tout perdre. 

Choisir de ne pas choisir

Seulement à l’Élysée, on choisit de ne pas choisir et on risque bientôt de finir comme le pauvre âne imaginé par Buridan. On peut toujours se payer de mots. On peut parler de couvre-feu, de confinement : quand le mot ne désigne plus la chose, en politique, on appelle ça de l’hypocrisie. Il y a tout de même quelque chose de paradoxal qu’Emmanuel Macron n’ait jamais employé le mot confinement lors de son discours de la mi-mars pour ce qui était vraiment un confinement alors qu’il l’a employé en octobre pour désigner ce qui est tout sauf un confinement.

Disons que c’est plutôt une assignation à résidence pour les personnes âgées qui sont les plus vulnérables et pour les étudiants qui ne sont pas pour rien dans les clusters de la rentrée. Il y a deux jours, c’était encore des étudiants, ceux de l’école de police de Nîmes, qui montraient leur civisme et leur sens des responsabilités en ayant organisé une nouba du feu de dieu.

A lire ensuite, Corinne Berger: Fabrique du crétin, mode d’emploi

Casser les courbes de contamination pour reprendre une politique de test et d’isolement, ça va demander un certain temps si, malgré le télétravail, il y a encore des salariés qui prennent des transports en commun et surtout des écoles restées ouvertes pour les y aider. Si on peut encore discuter sur les écoles maternelles et les écoles primaires, peuplées de minots peu contagieux, cela devient franchement problématique en ce qui concerne les lycées et les collèges. 

Le cas Blanquer

C’est Blanquer qui devrait être premier ministre, il manie beaucoup mieux le déni, le mépris et le court-termisme que Castex, et ainsi se retrouve bien plus proche du monde selon Macron. Un monde où l’on utilise une parole que l’on croit performative, c’est-à-dire une parole à elle seule qui changerait le cours des choses. Mais comme le disait encore Lénine qui, cette fois, ne se trompait pas, « les faits sont têtus ». Le « protocole sanitaire renforcé », notamment dans les lycées, est une vaste blague potentiellement mortifère. Les salles sont bondées par de jeunes adultes aussi contaminants que vous et moi qui sont dans l’impossibilité de garder les distances sociales. L’aération des salles est plutôt difficultueuse en hiver, surtout quand on a bêtement omis, sauf semble-t-il dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, de penser à équiper comme en Allemagne les classes avec des purificateurs d’air. 

Faut-il rajouter que le brassage est monnaie courante : non seulement pour des raisons de locaux exigus mais aussi… pédagogiques. La réforme Blanquer du bac a multiplié les groupes optionnels qui viennent de différentes classes pour mieux se mélanger. Bref, non seulement les profs finiront par être contaminés (ça, finalement, ce n’est pas très grave, les profs on les célèbre seulement quand ils sont morts) mais les lycéens rapporteront le virus à la maison. 

Vive le masque à la maison

L’ancien directeur général de la santé, un certain monsieur Dab, a néanmoins une solution à nous proposer : que le lycéen garde son masque à la maison. Gageons que Blanquer ne tardera pas à ressortir cette brillante idée plutôt que d’appliquer le protocole qu’il a lui-même défini en juillet en cas de circulation intense du virus : des demis-groupes, des semaines A et B et du téléenseignement.

Ce serait sans doute trop simple. Ou ça ressemblerait trop à un confinement. Ou ça nuirait à l’économie. 

L’économie qui y passera quand même à la fin, comme l’âne de Buridan.

Trump, la rage du clown blanc

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Image d'archive, 2017 © Shealah Craighead/White H/SIPA Numéro de reportage: 00805976_000068.

La leçon de Trump? Une claque! A l’heure où l’on écrit, on ne sait pas encore si c’est lui qui l’a reçue ou si c’est lui qui l’a donnée…


La foule et les pleins feux l’affolent – les tweets vengeurs, c’est son dada. Le tyran aime qu’on le flatte, qu’on le caresse comme un fauve prêt à mordre, s’il est contrarié. Le tyran aime qu’on l’aime… un tyran? mais il a été élu en 2017, non? C’est vrai, il en a seulement les vices. Il est fanfaron, mégalo, affreusement susceptible. 

Son modèle, c’est Néron dans Britannicus – en mieux.

On sait qu’il dirige un grand pays, fût-il en déliquescence. Ce qu’on aurait rêvé, c’est qu’à 74 ans il se retirât majestueusement, entouré de l’affection des siens et fier du travail accompli, enfin sage, rassasié de secousses, comme George Washington ou Cincinnatus! Ce qui nous pend au nez, c’est qu’il reste, qu’il récidive, aïe!… Four more years ! À moins qu’une majorité d’Américains se pose enfin la question: mais que fait-il encore là? 

De Trump on pourrait dire bien des choses en somme:

1- Ce n’est pas un de ces démagogues timides et sournois dont la vieille Europe fournit des exemples. Il est politiquement incorrect et il s’en glorifie – c’est un faux modeste. 

2- La complexité l’ennuie, les nuances le rebutent. Son langage est succinct, grossier, infantile. Il lui suffit d’environ 300 mots pour décrire le monde comme il est. Morceaux choisis: « La torture, ça marche… les immigrés mexicains sont des violeurs… les femmes, il faut les traiter comme de la merde ».
Ce n’est pas de la politique, c’est du bon sens.

3- Il n’est ni sectaire, ni raciste, ni misogyne, il est juste extrêmement sincère – ça nous change de tous ces hypocrites.
C’est le monde qui est dégueulasse, pas lui.

4- Il se pose en défenseur impavide de l’ordre et de la loi.
Il ne va tout de même pas condamner l’usage de la violence légitime d’État à cause de quelques bavures insignifiantes et sous prétexte qu’elle est exercée par des policiers blancs et dévoués (good guys) contre des Noirs irascibles et drogués (bad guys)!
Notez bien, mieux vaut un lynchage réussi qu’un procès bâclé.

5- Il a un avis supérieur sur tout. Le réchauffement climatique, l’Union européenne, le Covid-19, c’est quoi, ces bêtises? Il sait qu’on recueille pieusement chaque miette qui tombe de sa bouche. Il a le droit de se contredire si le vent tourne, l’important, c’est que son pays soit fermement instruit et guidé.
Le gaz de schiste? Excellent pour la santé du pays, donc pour l’avenir de la planète! “Cela va augmenter le PIB de plus de cent milliards de dollars et créer plus de 500 000 nouveaux emplois par an” – et ça vous dérange!

6- Quand il lève son verre en douce à la santé de ceux – guildes d’illettrés, ploucs hargneux ou suprémacistes à nuque rose, entre autres – qui, las d’être silencieux, votent de préférence pour lui, il nous nargue: “Vous me trouvez vulgaire, je suis seulement vivant” – tout le contraire de M. Biden!

7- Il est patriote.
God bless America and myself! Si c’est bon pour lui, c’est bon pour l’Amérique. Son arme favorite: le pavé dans la mare. Il ne s’oppose pas à ses adversaires, il les dénonce, il les injurie, il les écrabouille. Des idiots, des traîtres, des espions au service de la Chine! Des ennemis jurés des États-Unis – il faut les éliminer par tous les moyens. 

8- Il est mauvais joueur.
Quand il a perdu, il se vante d’avoir gagné, ou il renverse la table. On applaudit son arrogance, on salue son génie mystificateur et sorcier, sauf que cette fois il est au pied du mur. S’il est battu le 3 novembre, même d’un cheveu, il devra partir, tête basse. “You’re fired!” (“Vous êtes viré!”) – c’était le mantra de l’émission de télé-réalité qu’il animait jadis sur la chaîne NBC, The Apprentice.

9- Il se croit providentiel, élu de Dieu. Dès lors, il ne craint ni l’émeute ni la contradiction. Si tant de gens manifestent contre lui, s’ils deviennent violents, c’est bien la preuve qu’il a raison! Son programme audacieux suscite une haine exemplaire chez les imbéciles.

10- Il n’est pas fou. Il ne croit aux statistiques que s’il les a falsifiées lui-même.

11- En affaires, il est pragmatique. Est vil ce qui est à vendre, ce qui ne vaut pas cher. Comme tout s’achète, il suffit d’être là au bon moment – sauf que ces maudits Chinetoques le savent mieux que lui.

12- Il est résolument de son époque, c’est-à-dire brutal, clivant – et connecté.
À Washington, on se scandalise. Le New York Times ne cache pas sa gêne. Nancy Pelosi s’étouffe. Michelle Obama s’afflige. Les grenouilles démocrates s’offensent ou s’indignent. Il s’en félicite, il fédère les siens. Le Parti Rébublicain? Non, tous les autres, les naufragés de la mondialisation, les oubliés de la lower- lower-middle-class, les frustrés de la croissance, le prolétariat rural, les petits Blancs, les vaillants reporters de Fox News, les “vrais gens” quoi!
Coiffé à l’ange, la bouche en cœur, le front nimbé d’or (grâce à un fixateur capillaire miraculeux dont la marque est classée secret défense), il est l’oracle de son temps et de son peuple. S’il est battu en novembre, il est convaincu que son empreinte dans le pays restera mémorable: sa voix suave et douce résonnera demain comme une nostalgie – ou un cuisant remords – dans le chœur des ménagères délaissées de l’Ohio. 

13- Il fait le sentencieux, il fait l’enfant, il fait l’idiot. S’il feint la candeur, il y a toujours du calcul dans ses apartés. Ses déclarations ne sont pas toujours pesées, loin de là, mais elles acquièrent aussitôt la pertinence effarée d’un lapsus. Ce ne sont pas des bourdes, ce sont des signaux.
Plus c’est parodique, plus c’est réel.
Plus c’est bas, oups! plus c’est vrai.
Vous captez ou pas?  

14- La politique? Un show, un business, une affaire de clic et d’écran. 

15- La diplomatie? Ha! Ha! 

Qu’en conclure?

C’est quand il est ridicule qu’il est le plus dangereux. 

Et quand il sourit ou quand il blague, on frémit. 

On dirait un clown. Un clown blanc – le clown blanc, c’est le pitre quand il devient méchant. 

Dans la grammaire du cirque, c’est celui qui provoque le rire et l’effroi, celui qui ose tout, celui qui fait peur aux enfants, brrr! 

C’est aussi celui qu’on rappelle quand le lion a dévoré le dompteur. Un éternel recours en cas de malheur.

Au revoir les zinfints!

Kaddich (prière juive pour les morts)

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La police déployée dans Vienne au matin du 3 novembre 2020 © Ronald Zak/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22509494_000011.

Nous sommes tous des Juifs viennois et tous les Juifs viennois sont des « sales Français » ! Une fraternité scellée par le sang versé.


Le 12 mars 1938 des loups entrèrent dans Vienne. Leur chef les suivit peu de temps après. Et subjuguées les foules autrichiennes crièrent « Heil Hitler ». Commença alors pour les Juifs de la ville un long calvaire. On les humilia en leur faisant nettoyer les trottoirs avec une brosse à dents.

Puis comme des millions d’autres, ils prirent le chemin des chambres à gaz. Vienne n’a pas oublié le 12 mars 1938. Elle n’a pas oublié non plus que le chef des loups était autrichien.

En ce 2 novembre 2020, d’autres loups sont entrés dans Vienne. Comme ceux d’il y a 80 ans il leur faut tuer, ou essayer de tuer des Juifs. Ils sont d’une souche qui prospère dans le monde arabo-musulman. Ils tuent des Juifs, des mécréants, des chrétiens, des Français car ils ne sont pas très regardant dans le choix des agneaux à dévorer.

On assassine devant une synagogue à Vienne, on égorge dans une basilique à Nice. L’occasion de se rappeler que l’Église est fille de la Synagogue. Pas sûr que nos évêques aient envie d’en témoigner.

Les loups en France portent les noms de Kouachi, de Coulibaly, d’Azorov. Ceux de Vienne portent des noms qui sonnent pareil. Ils sont frères. Et en nous tuant, ils nous rendent frères.

Et maintenant pendant quelques instants, récitons le kaddich. « Ô gardien d’Israël qui ne dort et ne s’assoupie pas, nous sommes le peuple de tes pâturages et l’agneau qui mange de ta main. Protège-nous par ton amour. Et si dans notre deuil, notre solitude et nos moments de désolation nous perdons notre chemin, ne nous abandonne pas ».

Ces paroles auraient pu accompagner le colonel Beltrame et Samuel Paty.

P.-S. Une information de dernière minute : 600 migrants viennent de débarquer à Lampedusa. A votre avis ça n’a rien à voir avec Vienne ?

IN-TRA-DUI-SIBLE !

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Un imam palestinien lit le Coran dans une mosquée à Gaza, le 24 avril.© Ashraf Amra/Apaimages/SIPA Numéro de reportage 00958166_000022

Un bon contradicteur a toujours plus d’un joker dans sa manche. L’argument de la contextualisation n’ayant pas fonctionné, le défenseur autoproclamé du Coran répondra à vos critiques en vous disant que ce livre, qu’il déclarera d’une incomparable subtilité, serait IN-TRA-DUI-SIBLE ! Ce qu’il ne sait pas, parce qu’il ne veut pas le savoir, c’est que ça ne marche pas mieux que la contextualisation pour rendre acceptable l’inacceptable. Voici pourquoi.


Traduttore, traditore disent les Italiens. « Traducteur, traître » plus généralement traduit (!) par « traduire, c’est trahir », l’expression est connue au moins depuis le 16ème siècle. Personne ne niera que traduire est un exercice difficile. J’ai moi-même passé assez de temps à étudier des textes grecs pour savoir que certains mots n’ont pas d’équivalent exact dans d’autres langues (du moins dans celles que je connais). Ainsi de la phronèsis, φρόνησις, souvent rendue en français par « prudence » alors que les deux notions sont en réalité très différentes.

Mais « exercice difficile » ne veut pas dire « impossible ». Il me faudra peut-être dix pages de digressions et de notes, mais je peux expliquer ce qu’est la phronèsis, pourquoi les Romains l’ont traduite par prudentia, et en quoi cette prudentia est différente de notre moderne prudence.

À lire aussi : Islam: enfin une analyse historico-critique du Coran en langue française

Pour le lecteur curieux, la phronèsis est le sens de l’action juste, dans la double acception de justice et de justesse, parfaite adéquation avec les circonstances. Il n’y a pas en français de terme correspondant exactement à cette idée, mais elle n’est pas pour autant intraduisible puisqu’il est possible de l’exprimer dans notre langue, même s’il faut pour cela une phrase et non un mot unique.

Et toujours pour le lecteur curieux, la divinité entre toutes associée à la phronèsis est Athéna, pensée agissante, parfaite harmonie de la pensée et de l’action. À la fois gardienne de la philosophie et des arts, guerrière fougueuse aux décisions rapides et aux gestes précis, sachant saisir l’instant. Ce qui enrichit et explique encore l’idée que recouvre le mot que nous évoquons.

Illustration de mon propos : la traduction peut s’accompagner de l’explicitation des références, des connotations, des étymologies, et il est parfaitement possible d’exposer et d’expliquer une idée dans une autre langue que celle avec laquelle elle fut pour la première fois exprimée.

Le Coran des historiens, que j’ai déjà évoqué, fait justement ce travail d’explicitation pour le texte coranique. Il consacre deux tomes, soit 2386 pages (excusez du peu !) à l’analyse des sourates verset par verset. On voit qu’il s’agit là d’une œuvre d’une toute autre ampleur que « le petit Coran de poche », ou la traduction disponible sur le site oumma.com (qui, ceci dit, reste de bonne qualité et a le double avantage d’être conforme à la tradition religieuse la plus courante, et difficilement soupçonnable « d’islamophobie »).

D’innombrables ouvrages consacrés au message du Coran ont été écrits

De plus, nous disposons de tonnes (au sens littéral : le papier pèse lourd) d’ouvrages consacrés au message du Coran, dans des dizaines et des dizaines de langues, et de 14 siècles de retour d’expérience sur la manière dont les musulmans comprennent leur propre texte sacré. Rien n’interdit d’imaginer 14 siècles d’erreurs, mais du point de vue de la religion il faudrait alors en fournir une explication théologique sérieuse, d’autant que le Coran lui-même insiste sur le fait qu’il est un texte explicite, et qu’Allah ne permet pas qu’il soit falsifié.

Par ailleurs, si comme le prétendent certains les versets qui inspirent les crimes commis au nom de l’islam n’inspirent ces horreurs que parce qu’ils sont mal traduits, il est plus qu’urgent d’en proposer une bonne traduction, et de convaincre la communauté musulmane qu’il s’agit bien de la bonne. Voilà donc à quoi devraient s’atteler ceux qui pensent sincèrement que l’islam est « une religion de paix et d’amour », plutôt que de répéter en boucle ce slogan hélas quotidiennement démenti par le comportement de trop de musulmans.

Et ils devront garder à l’esprit deux constats douloureux. D’abord, que ces « mauvaises traductions » sont étonnamment cohérentes entre elles dans toutes les langues dans lesquelles le Coran a été traduit, du français au japonais en passant par l’anglais et le russe. Ensuite, qu’Oussama Ben Laden et Abu Bakr al-Baghdadi lisaient leur livre saint en version originale.

Les plus obscurantistes théoriciens de l’islam théocratiques sont arabophones

À ce sujet, on remarquera plus généralement que les pays arabophones, et notamment les pays arabes, ne se distinguent pas franchement par leur compréhension humaniste du Coran et de l’islam. Et que les plus obscurantistes des théoriciens de l’islam théocratique, d’Ibn Hanbal à Al-Qaradâwî en passant par Al-Ghazâlî, Ibn Hazm, Ibn Abdelwahhab et Qutb, ne sauraient être soupçonnés d’une mauvaise maîtrise de la langue du Coran, ni d’avoir consacré un temps insuffisant à l’étude de ce texte et de la religion musulmane.

Est-ce à dire que leur lecture du Coran serait nécessairement la bonne ? À tout le moins, ayons l’honnêteté et le courage de l’admettre, elle est conforme à la lettre du texte, et conforme à l’éclairage qu’en donnent les hadiths ainsi que le « bel exemple » de la vie du prophète telle que l’imagine la tradition islamique.

Ils ont cependant des contradicteurs, dont la maîtrise de la langue arabe et de ses subtilités n’a rien à envier à la leur. Ainsi de l’approche spirituelle de Sohrawardî, ou des travaux actuels de Mohammed Louizi. Et cela suffit à prouver le point qui nous occupe : la traduction est un faux problème. Le vrai problème, c’est que depuis le début plusieurs métaphysiques concurrentes s’affrontent au sein même de l’islam, comme l’a bien montré Souâd Ayada (qui n’a d’ailleurs elle non plus aucun problème pour analyser toutes les subtilités du Coran en arabe). Le vrai problème, c’est que parmi ces métaphysiques celle qui est aujourd’hui largement dominante, notamment en termes d’influence normative, est celle qui découle d’une lecture littérale du Coran, et qui aboutit à la vénération d’un dieu-tyran avide de substituer sa volonté arbitraire à toute aspiration éthique et à toute conscience morale.

À lire aussi : « Le Coran des historiens », un nécessaire retour aux origines du texte 

Jouer sur les subtilités de traductions pour combattre cette tendance théocratique totalitaire, pourquoi pas. Mais jouer sur ces mêmes subtilités pour nier cette tendance, pour tenter d’endormir la méfiance de ceux (musulmans et non-musulmans) auxquels elle veut imposer sa loi, et qui devraient la combattre de toutes les forces, c’est se mettre au service de l’horreur.

Judith Bernard sur arte: fallait pas l’inviter!

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Judith Bernard le 30 octobre 2020 sur le plateau d'arte Image: Capture d'écran arte.tv

Quelques heures après l’attentat islamiste de Nice, Judith Bernard, auteur de Un désir de communisme (Textuel), n’avait pas de mots assez durs contre la France.


Depuis l’assassinat de Samuel Paty, notre pays vit au rythme de la litanie sanglante et morbide des attentats islamistes qui nous propulsent dans l’antichambre de l’Algérie des années quatre-vingt-dix. Vendredi dernier sur le plateau de 28 minutes sur Arte, la chroniqueuse, metteur en scène et ex-enseignante Judith Bernard a perpétré un attentat contre la décence et le respect auxquels ont droit les morts !

Cette gauche qui pense qu’il faut écouter les demandes des terroristes du Bataclan

Sous l’œil médusé de Renaud Dély et celui furibard de Brice Couturier, l’ex-chroniqueuse d’Arrêt sur Images (qui symbolisait la prof de gauche énervée mais surtout énervante) s’est transformée en kalachnikov en mitraillant, les yeux baissés et les lèvres pincées, des propos plus qu’islamo complaisants, jusqu’à la limite de l’apologie du terrorisme. Après avoir prononcé le discours désormais rabâché de l’islamophobie d’État et de l’ingérence française au Proche-Orient, surexcitée, elle lâcha « les assaillants du Bataclan, que demandent-ils ? ». Brice Couturier en perdit son flegme britannique, déjà bien entamé, et cela fit même l’objet de signalements au CSA de la part d’internautes. La France est à cran.

Mais le cœur du problème est, à mon sens, ailleurs.

La façon dont elle a débité ces poncifs de l’islamo-gauchisme le plus chimiquement pur, l’air buté, le débit se faisant de plus en plus rapide, la voix de plus en plus grinçante, dit beaucoup de choses : elle a été à mon sens, envoyée au casse-pipe. Mais par qui ?

Les pauvres associations musulmanes qui n’y sont jamais pour rien

La réponse se trouve sur sa page Facebook, le neuvième cercle de l’Enfer de Dante, pour nous réacs et laïques. Houria Bouteldja y est omniprésente. Bon sang mais c’est bien sûr ! C’est une porte-parole, un sous-marin du PIR, voire une espionne si je me laisse emporter par mon sens prononcé du romanesque… La Mata Hari du PIR.

En plus d’Houria, toutes les stars de la sphère que nous appellerons islamo-gauchiste (et que je tenterai de définir) défilent sur sa page. C’est le festival de Paris 8 ! Visiblement pour Bernard, le plus grave ce n’est pas la décapitation de Samuel Paty mais la réaction de la classe politique qui selon elle : « se livre à un activisme halluciné, persécutant des associations musulmanes qui n’y sont strictement pour rien. Équipant les établissements de brochures gorgées de caricatures moches et ridicules devenues le symbole racorni d’une liberté d’expression réduite à sa propre caricature… » Bien évidemment la dame se désole aussi de la dissolution de Baraka City, ces inoffensifs humanitaires.

Islamo-gauchisme

Entre deux diatribes sur les musulmans persécutés, et les tribunes des sociologues Jean-François Bayart et Samuel Hayat qui tentent de prouver que l’islamo-gauchisme n’existe pas (je fais durer le suspense mais je tenterai de le définir avant la fin de cet article), elle fait la promotion de son dernier spectacle à la manufacture des Abbesses : « Saccages ». Dans cette pièce de théâtre dont elle est l’auteur, on s’éloigne un peu des délires délétères du PIR pour aborder le versant plus doux, presque rassurant d’un activisme communiste vintage à base d’Université de Vincennes et de Notre Dame des Landes, victimes du méchant État à la solde du capital.

Islamo-gauchisme donc, car le mot fut lâché sur le plateau par Brice Couturier, excédé par les déblatérations de sa voisine. Judith telle son homonyme biblique, infiltre le camp ennemi et dégaine l’argument massue : « ça n’existe pas ». Et Couturier de répliquer en illustrant son propos de l’excellent documentaire d’Yves Azeroual « Islamo-gauchisme la trahison du rêve européen », maintenant disponible sur YouTube. Ce docu est bien évidement l’inverse de la page Facebook de Bernard. C’est le défilé laïque : Caroline Fourest, Céline Pina, Raphaël Enthoven et surtout les interventions extrêmement éclairantes de l’historien Jean-François Colosimo, bien connu de nos lecteurs, qui nous explique que les accointances entre la gauche et l’islam ne datent pas d’hier. En effet au début du XXème siécle, les marxistes lorgnaient déjà sur l’islam dans lequel la communauté prévaut largement sur l’individu.

Vinrent l’engagement de la gauche auprès du FLN (sorte d’ancêtre du PIR) et l’épisode bien connu de la Révolution iranienne dans lequel Michel Foucault s’illustra particulièrement. Autrefois, on appelait cette fascination des intellectuels occidentaux pour les langueurs orientales et maghrébines le tiers-mondisme. D’après Raphaël Enthoven, l’islamo-gauchisme contemporain, par sa complaisance envers le voile à l’école, son antisémitisme sous-jacent et par sa proximité avec les Frères Musulmans, est aujourd’hui « un syncrétisme hideux ».

L’anti-quart d’heure warholien

Ce documentaire d’une heure et demie repose sur des faits précis mais Judith Bernard refusera toujours de le visionner, c’est dommage. Mais le regarderait-elle qu’elle ne voudrait pas comprendre, bercée qu’elle est par les mantras rassurants de l’islamophobie d’État et du “racisme systémique”.

Judith Bernard a bénéficié de son anti-quart d’heure warholien, puisque selon elle, elle est devenue la cible de la fachosphère. Colosimo dit à raison que les islamo-gauchistes tentent d’empêcher le débat. Voyez-vous Judith, la représentante de la fachosphère que je représente sûrement à vos yeux, à qui votre discours donne des palpitations cardiaques, se battra toujours pour que vous puissiez malgré tout nous l’asséner avec votre débit de mitraillette.

Le travail, c’est aussi la santé!

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Sophie de Menthon © IBO/SIPA Numéro de reportage: 00725460_000001.

Une tribune d’Alain Fabre, économiste et de Sophie de Menthon, présidente d’ETHIC.


Comment en sommes-nous arrivés à un nouveau confinement, moins de six mois après la sortie du premier ? Pourquoi n’avons-nous pas plus de lits de réanimation qu’au mois de mars ? Pourquoi ce climat d’hystérie et de panique face à une nouvelle vague épidémique hors de contrôle, au point d’acculer le gouvernement à choisir à nouveau le suicide collectif ?

Une défaite française

Et si c’était non la vague épidémique, la responsable de notre situation, mais l’incapacité de notre administration de la santé ? Engoncé dans ses certitudes, son centralisme, sa rigidité, souffrant de sa sur-syndicalisation, notre système de santé – le meilleur mondial quand il soigne, héroïque face aux souffrances et aux maladies – est incapable de manager et d’administrer. Nous dépensons plus de 80 Md€ pour les hôpitaux, dont un tiers en personnel administratif. Un monde qui renvoie l’image de l’armée française de 1940 telle que Marc Bloch en fait le portrait amer dans L’étrange défaite.

Face à la sclérose de l’administration de la santé dans la lutte contre l’épidémie, les entreprises ne sont pas le problème, elles sont la solution. Ce que le président de la République a fort heureusement rappelé, dans son allocution de mercredi soir, en refusant d’opposer la santé à l’économie. Ce n’est pas dans les entreprises que la deuxième vague de Covid a pris son essor, ni trouvé les ressorts de sa montée irrésistible. Au contraire, les entreprises, y compris les restaurants et les commerces, ont mis en œuvre avec rigueur, à commencer pour leurs personnels dont la santé est prioritaire – comment pourrait-il en être autrement ? – les règles de sécurité sanitaire. Les entreprises ont donc contribué à freiner la montée de l’épidémie, non à l’accélérer.

L’épidémie suit la crise des gilets jaunes

Dans ces conditions, le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux a eu raison d’alerter le gouvernement sur les risques d’écroulement de l’économie en cas de nouveau confinement. D’abord, parce ce qu’il faut bien l’avouer, nous n’en avons pas les moyens ! A la différence de nos voisins européens, les entreprises – pensons avant tout aux commerçants et aux TPE – ont affronté l’année 2020 après avoir subi les gilets jaunes, puis les grèves contre la réforme des retraites. Ainsi quand l’Allemagne lutte contre l’épidémie, elle puise dans la tirelire de son épargne qu’elle accumule au rythme de 250 Md€ annuels d’excédent commercial. La France continue à poursuivre une politique de fonctionnement permanent à crédit. Le Covid a fait exploser sa dette à plus de 115% de son PIB.

A lire aussi: Terrorisme et Covid-19: une atmosphère de fin du monde

Gardons-nous de céder au mirage de l’endettement indéfini et sans pleurs. Ne cédons pas aux illusions du maintsream libertaire et utopiste d’une BCE prêtant sans limite. Si Christine Lagarde peut faire tourner la planche à billets, c’est non pas parce qu’elle peut prêter sans limite comme la Federal Reserve qui émet la monnaie mondiale, mais bien parce que le réassureur du système, c’est l’épargne accumulée par une Allemagne qui a fait les réformes que nous continuons à ne pas vouloir faire.

La meilleure façon d’affronter la pandémie, ce n’est donc pas l’argent du « quoi qu’il en coûte », même si à court terme, nul n’en conteste la nécessité, c’est d’abord de préserver au maximum la poursuite de l’activité des commerces, des TPE, des PME.

Il serait préférable de renforcer les règles sanitaires

Contraindre, de fait ou de droit, les entreprises, commerces – « non essentiels » ? – à fermer est donc une lourde erreur. La bonne solution est d’imposer des règles sanitaires renforcées – ce que l’Allemagne vient de faire pour la circulation de la clientèle dans les commerces. Pourquoi obliger les théâtres à fermer alors que les règles sanitaires ont bien fonctionné ?

Il faut accélérer les réformes qui apportent du muscle dans les entreprises, poursuivre dans la voie ouverte par la baisse de 10 Md€ (sur 78 Md€) des impôts de  production. Il faut baisser les charges sociales sur les entreprises, mais aussi sur les salariés, pour augmenter leur rémunération nette, permettre aux patrons de PME, comme Bruno Le Maire en a ouvert la voie, d’apporter des fonds à leur entreprise en franchise d’impôt sur le revenu. L’administration est efficace quand il faut organiser le soutien financier de Air France, malheureusement pas quand il faut financer 10 000 € dans un restaurant ou un fleuriste !

Et d’ailleurs, qui remboursera les dettes que l’État accumule avec si peu de complexes ? Qui permettra aux professionnels de santé de disposer des vaccins, des lits, d’augmenter les salaires des personnels ? Qui ? Les entreprises! Et surtout ces TPE, ces PME, ces commerçants qui veulent travailler et produire en France et qui apportent la solution à, à peu près tous nos problèmes : la baisse du niveau de vie, le chômage, la précarité sociale, l’intégration, etc…

Aujourd’hui le risque est réel, que sous l’effet du désespoir de ceux qui n’ont plus rien à espérer, la crise sanitaire, après avoir muté en crise économique, mute en crise politique : 79% des Français sont déjà tentés par un vote protestataire.

Mais enfin ! Faites confiance au privé, aux entrepreneurs, aux négociations intra-entreprise au lieu de laisser des ronds de cuir bloquer la France par manque de bon sens. L’entreprise, c’est la vie.

Alain Fabre, économiste ;
Sophie de Menthon, présidente d’ ETHIC.