Après la tuerie sur la plage de Bondi, le Premier ministre travailliste australien Anthony Albanese croule sous les reproches. Il lui est reproché d’avoir été flou sur l’antisémitisme en adressant, dans un premier temps, ses « pensées à toutes les personnes touchées » ; son gouvernement aurait ignoré les avertissements de la communauté juive ; et il aurait cédé à la rue en reconnaissant la Palestine cet été. Notre contributrice craint que d’autres pays comme la France puissent également être touchés par des retours de boomerang terribles liés aux concessions faites aux excités de la cause palestinienne.
Le 14 décembre 2025, c’était le premier jour de Hannouka, la fête juive des lumières, rappelant un miracle ancien : la victoire des Maccabées qui, au IIe siècle avant notre ère, ont lutté contre l’Empire grec d’Antiochos IV, afin de conserver leur religion et de restaurer le Temple de Jérusalem vandalisé par les envahisseurs.
Obscurantisme 1, Lumières 0
À Sydney, une grande fête avait été organisée pour l’allumage de la première bougie de Hannouka sur la plage de Bondi Beach, la… Mecque des surfeurs. Cette célébration de la victoire de la capitale des Hébreux sur le colon hellène s’est transformée en une victoire de l’obscurantisme sur la paix et la joie : deux terroristes armés de mitraillettes ont tiré sur des civils australiens, dont le seul crime était d’être nés Juifs. L’un des assaillants a été tué (qui ne figure pas dans le décompte des « victimes » puisqu’il en est le bourreau) et son complice est gravement blessé. La police espère en obtenir des informations sur leur éventuelle meute de loups solitaires et ses éventuels fournisseurs, car des engins explosifs ont été trouvés dans le véhicule d’un des tueurs.
15 victimes (dont un Français de 27 ans), 40 blessés et une indignation modulée
Pour Mme anti-antisémitisme australienne, Jillian Segal, cette attaque « n’était pas sans précédent. (…) Les railleries depuis les marches de l’Opéra, les synagogues incendiées et maintenant les massacres lors d’une célébration forment un schéma clair. » De son côté, le président israélien, Isaac Herzog, a dit avoir « averti à maintes reprises le gouvernement australien de la nécessité d’éradiquer l’antisémitisme criminel et croissant dans leur pays ». Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a vu là les « conséquences du déchaînement antisémite dans les rues australiennes ces deux dernières années, avec les appels à la ’globalisation de l’Intifada’ qui se sont concrétisés aujourd’hui ». En août dernier, la mobilisation propalestinienne avait atteint son niveau de croisière. Selon Josh Lees, de la Socialist Alternative, acteur trotskiste majeur du palestinisme, « avec l’intensification de la politique israélienne de famine à Gaza et le massacre quotidien de civils affamés dans les points d’ »aide » gérés par les mercenaires américains de la Gaza Humanitarian Foundation, un nouveau sentiment d’horreur et d’urgence s’est fait sentir. (…) Le fait que le gouvernement ait annoncé qu’il soutiendrait désormais cette « reconnaissance » (de l’État de Palestine NDLR), alors qu’il l’avait exclue quelques semaines plus tôt, montre qu’il subit une pression importante après l’énorme marche de Sydney. »
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Il n’existe pas d’équivalent australien à LFI, en termes d’hypocrisie et de vénalité électorale, mais l’attentat qui a coûté la vie à plusieurs femmes et à au moins un enfant dimanche ne suscite pas la même horreur chez tous: le Premier ministre australien a d’abord eu des « pensées pour toutes les personnes touchées », en oubliant qui elles étaient et ce qu’elles faisaient à Bondi Beach. Son homologue britannique s’est contenté de son côté de faire savoir qu’il avait reçu « des nouvelles très troublantes d’Australie ». Emmanuel Macron a fait preuve d’une hypocrisie abyssale : il prétend qu’il « continuera[1] de lutter sans faiblesse contre la haine antisémite qui nous meurtrit tous, partout où elle frappe. » Sa lutte sans faiblesse consiste essentiellement à accuser Israël de propager la famine, puis devant des photos d’entrepôts du Hamas pleins de lait maternisé confisqué, à changer de braquet et exiger qu’Israël laisse entrer de quoi l’anéantir : « La France demande également une réduction significative des restrictions portant sur les biens dits à double usage… » Des biens à double usage ? Qu’en termes a minima ces choses-là sont dites ! Un bien à double usage est un produit ou service susceptible d’avoir une utilisation civile autant que militaire : des ULM, de la dynamite, des bulldozers…
Parole parole, parole
Reconnaître un État de Palestine est la dernière posture à la mode des démocraties molles, effrayées par leurs opinions publiques. En effet, aucun chef d’État digne de sa fonction ne peut sérieusement croire que naîtra un État pacifique à partir de deux entités terroristes qui se haïssent autant que les juifs qu’elles veulent exterminer, fût-ce au prix de leurs propres populations. Rappel : lorsque les Israéliens ont conquis ce qui est aujourd’hui revendiqué par les Palestiniens, la bande de Gaza était administrée par l’Égypte et la Judée-Samarie avait été annexée par la Jordanie. Second rappel : dans la première charte de l’OLP rédigée à Moscou en 1964, l’article 24 précisait : « Cette organisation n’exerce aucune souveraineté régionale sur la rive occidentale du royaume hachémite de Jordanie, sur la bande de Gaza ou sur la région de Himmah. » Cet article a été supprimé après la guerre des Six-jours, avec le passage sous administration israélienne des deux seules régions dont l’OLP ne voulait pas : elles sont devenues le lieu exclusif sur lequel se revendique la souveraineté palestinienne.
Le boomerang de l’apaisement palestinophilique
Les dirigeants occidentaux se fichent de la Palestine comme de l’an 48, ou comme de leurs propres électeurs pour certains d’entre eux (suivez mon regard). Mais ils ont peur d’une partie de leur population, aussi lui montrent-ils qu’ils sont du côté des gentils (ceux qui cassent tout à la moindre contradiction) contre les méchants (tous les autres, surtout ceux qui ne cassent rien quand on les attaque). C’est donc dans l’espoir de calmer les plus virulents qu’ils s’aplatissent en reconnaissant un État fantôme constitué de deux bandes rivales, dont la création a été refusée par ses propres dirigeants chaque fois qu’on la leur a proposée. Churchill estimait qu’un: « conciliateur est quelqu’un qui nourrit un crocodile dans l’espoir qu’il le mangera en dernier. »
Ignorant le vainqueur de 1948, nos dirigeants donnent raison à Einstein: « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Ils cherchent à se concilier les Palestinolâtres en semant du génocide et de la famine qu’ils savent imaginaires et ils récoltent des attentats contre des synagogues et des assassinats de juifs.
En 2002, les Français juifs étaient 600 000. Aujourd’hui, ils sont moins de 400 000. La population juive diminue, mais le nombre des attaques antisémites augmente. Le Premier ministre australien déplorera probablement le prochain attentat antisémite en France en citant la religion des victimes. Et Macron, lui, aura-t-il des « pensées pour toutes les personnes touchées » ?
[1] Quand a-t-il commencé ?




