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Le travail, c’est aussi la santé!


Le travail, c’est aussi la santé!
Sophie de Menthon © IBO/SIPA Numéro de reportage: 00725460_000001.

Une tribune d’Alain Fabre, économiste et de Sophie de Menthon, présidente d’ETHIC.


Comment en sommes-nous arrivés à un nouveau confinement, moins de six mois après la sortie du premier ? Pourquoi n’avons-nous pas plus de lits de réanimation qu’au mois de mars ? Pourquoi ce climat d’hystérie et de panique face à une nouvelle vague épidémique hors de contrôle, au point d’acculer le gouvernement à choisir à nouveau le suicide collectif ?

Une défaite française

Et si c’était non la vague épidémique, la responsable de notre situation, mais l’incapacité de notre administration de la santé ? Engoncé dans ses certitudes, son centralisme, sa rigidité, souffrant de sa sur-syndicalisation, notre système de santé – le meilleur mondial quand il soigne, héroïque face aux souffrances et aux maladies – est incapable de manager et d’administrer. Nous dépensons plus de 80 Md€ pour les hôpitaux, dont un tiers en personnel administratif. Un monde qui renvoie l’image de l’armée française de 1940 telle que Marc Bloch en fait le portrait amer dans L’étrange défaite.

Face à la sclérose de l’administration de la santé dans la lutte contre l’épidémie, les entreprises ne sont pas le problème, elles sont la solution. Ce que le président de la République a fort heureusement rappelé, dans son allocution de mercredi soir, en refusant d’opposer la santé à l’économie. Ce n’est pas dans les entreprises que la deuxième vague de Covid a pris son essor, ni trouvé les ressorts de sa montée irrésistible. Au contraire, les entreprises, y compris les restaurants et les commerces, ont mis en œuvre avec rigueur, à commencer pour leurs personnels dont la santé est prioritaire – comment pourrait-il en être autrement ? – les règles de sécurité sanitaire. Les entreprises ont donc contribué à freiner la montée de l’épidémie, non à l’accélérer.

L’épidémie suit la crise des gilets jaunes

Dans ces conditions, le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux a eu raison d’alerter le gouvernement sur les risques d’écroulement de l’économie en cas de nouveau confinement. D’abord, parce ce qu’il faut bien l’avouer, nous n’en avons pas les moyens ! A la différence de nos voisins européens, les entreprises – pensons avant tout aux commerçants et aux TPE – ont affronté l’année 2020 après avoir subi les gilets jaunes, puis les grèves contre la réforme des retraites. Ainsi quand l’Allemagne lutte contre l’épidémie, elle puise dans la tirelire de son épargne qu’elle accumule au rythme de 250 Md€ annuels d’excédent commercial. La France continue à poursuivre une politique de fonctionnement permanent à crédit. Le Covid a fait exploser sa dette à plus de 115% de son PIB.

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Gardons-nous de céder au mirage de l’endettement indéfini et sans pleurs. Ne cédons pas aux illusions du maintsream libertaire et utopiste d’une BCE prêtant sans limite. Si Christine Lagarde peut faire tourner la planche à billets, c’est non pas parce qu’elle peut prêter sans limite comme la Federal Reserve qui émet la monnaie mondiale, mais bien parce que le réassureur du système, c’est l’épargne accumulée par une Allemagne qui a fait les réformes que nous continuons à ne pas vouloir faire.

La meilleure façon d’affronter la pandémie, ce n’est donc pas l’argent du « quoi qu’il en coûte », même si à court terme, nul n’en conteste la nécessité, c’est d’abord de préserver au maximum la poursuite de l’activité des commerces, des TPE, des PME.

Il serait préférable de renforcer les règles sanitaires

Contraindre, de fait ou de droit, les entreprises, commerces – « non essentiels » ? – à fermer est donc une lourde erreur. La bonne solution est d’imposer des règles sanitaires renforcées – ce que l’Allemagne vient de faire pour la circulation de la clientèle dans les commerces. Pourquoi obliger les théâtres à fermer alors que les règles sanitaires ont bien fonctionné ?

Il faut accélérer les réformes qui apportent du muscle dans les entreprises, poursuivre dans la voie ouverte par la baisse de 10 Md€ (sur 78 Md€) des impôts de  production. Il faut baisser les charges sociales sur les entreprises, mais aussi sur les salariés, pour augmenter leur rémunération nette, permettre aux patrons de PME, comme Bruno Le Maire en a ouvert la voie, d’apporter des fonds à leur entreprise en franchise d’impôt sur le revenu. L’administration est efficace quand il faut organiser le soutien financier de Air France, malheureusement pas quand il faut financer 10 000 € dans un restaurant ou un fleuriste !

Et d’ailleurs, qui remboursera les dettes que l’État accumule avec si peu de complexes ? Qui permettra aux professionnels de santé de disposer des vaccins, des lits, d’augmenter les salaires des personnels ? Qui ? Les entreprises! Et surtout ces TPE, ces PME, ces commerçants qui veulent travailler et produire en France et qui apportent la solution à, à peu près tous nos problèmes : la baisse du niveau de vie, le chômage, la précarité sociale, l’intégration, etc…

Aujourd’hui le risque est réel, que sous l’effet du désespoir de ceux qui n’ont plus rien à espérer, la crise sanitaire, après avoir muté en crise économique, mute en crise politique : 79% des Français sont déjà tentés par un vote protestataire.

Mais enfin ! Faites confiance au privé, aux entrepreneurs, aux négociations intra-entreprise au lieu de laisser des ronds de cuir bloquer la France par manque de bon sens. L’entreprise, c’est la vie.

Alain Fabre, économiste ;
Sophie de Menthon, présidente d’ ETHIC.



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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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