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Vivre en sang

Les faits divers sanglants impliquant l’immigration qui se sont multipliés ces dernières années mettent à mal notre fameux « vivre ensemble », et rendent peu désirable la fameuse « créolisation » vantée par l’extrême gauche.


Il est des mots qui résonnent comme des programmes, des prophéties ou des menaces. « Créolisation », voilà le dernier totem agité par ceux qui rêvent de dissoudre la France dans un grand bain de diversité heureuse. Un mot doux pour une réalité brutale. Une idéologie de substitution, où l’identité doit se fondre, s’abolir, s’oublier — dans le brassage des cultures, dans l’abandon des frontières, dans la repentance sans fin.

On vous dit : « Créolisation, c’est l’avenir ! »
Mais l’avenir qu’on nous promet ressemble de plus en plus à Crépol. Ce petit village paisible de la Drôme, où un adolescent de seize ans, Thomas, a été poignardé à mort, un soir de fête. Une rixe, dit-on. Une bagarre qui tourne mal. Mais la vérité suinte à travers les silences officiels : des jeunes venus de la ville, extérieurs à la commune, reviennent armés pour “reprendre la fierté”. Une vengeance importée. Une brutalité gratuite. Un coup de couteau dans le flanc d’une France qu’on croyait encore un peu protégée.

Et Thomas n’est pas un cas isolé.

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Souvenez-vous de Lola, cette fillette de douze ans, retrouvée dans une malle, violée, torturée, massacrée par une clandestine déjà sous obligation de quitter le territoire. Un crime d’une sauvagerie indicible, qui n’a suscité qu’un malaise gêné chez les défenseurs de l’“ouverture”.
Souvenez-vous d’Axelle Dorier, traînée sur 800 mètres à Lyon après avoir tenté de rappeler à l’ordre deux hommes au volant d’une voiture. Tuée pour un regard, pour un mot, pour une réprimande de trop.
Souvenez-vous de Mathis, poignardé à Châteauroux. Ou de Samuel, qui a fini décapité pour avoir voulu enseigner la liberté d’expression.
Souvenez-vous enfin d’Adrien, à Grenoble, 19 ans, poignardé a mort, pour rien. Pour le malheur d’avoir croisé la mauvaise personne, au mauvais moment.

Dans tous ces cas, toujours le même cérémonial : le silence médiatique, la minimisation, la sociologisation, l’oubli organisé. Et surtout : pas de récupération ! Surtout ne pas voir ce qui crève les yeux. Surtout ne pas tirer de leçons. Ne pas faire de lien entre l’effondrement des frontières, la perte du contrôle migratoire, l’ensauvagement du quotidien et ces drames répétés.

La créolisation, nous dit-on, c’est la richesse du mélange. Mais le peuple ne goûte guère aux promesses de cette gastronomie idéologique. Ce qu’il vit, ce qu’il endure, ce qu’il enterre chaque semaine, c’est la crépolisation.
Un nouveau mot pour un nouveau fléau : l’irruption de la violence gratuite, la haine du “Français”, le racisme inversé qu’on n’a pas le droit de nommer. Crépolisation, c’est la mort de Thomas, mais aussi la mise en accusation de son village, de ses amis, de sa communauté, coupables d’être trop blancs, trop enracinés, trop français.

La créolisation sans consentement, sans réciprocité, sans amour véritable de la France, devient une arme. Une arme douce en apparence — culturelle, médiatique, administrative. Une arme dure dans ses effets — exclusion, inversion des normes, humiliation des hôtes. Et parfois, l’arme devient arme tout court. Couteau, barre de fer, véhicule bélier.

On efface les noms, on floute les visages, on étouffe les mots. On transforme les victimes en agresseurs, les alertes en fantasmes, les faits en amalgames. Tout est inversé, tout est nié. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

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Mais le peuple commence à comprendre. Il devine que derrière les mots doux se cache une entreprise d’effacement. Effacement des frontières, des appartenances, des héritages. Effacement des prénoms, des visages, des mémoires. Effacement jusqu’au meurtre.

Et ceux qui voient clair — ces maires menacés, ces familles brisées, ces professeurs insultés, ces adolescents poignardés — n’en peuvent plus d’attendre qu’on les écoute. Ils refusent de mourir en silence, de disparaître dans l’indifférence. Ils refusent que leur pays soit livré au chaos sous couvert de modernité.

La créolisation heureuse est un slogan de tribune. La Crépolisation réelle est un cimetière. L’histoire jugera ceux qui ont préféré les mots aux vies.

Mais avant cela, le peuple pourrait bien les juger lui-même. Le vivre ensemble promis ressemble de plus en plus à un vivre en sang.

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Podcast: Diplomatie, finances publiques, politique énergétique: E. Macron cumule les échecs

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Avec Ivan Rioufol et Jeremy Stubbs.


Emmanuel Macron a eu une conversation téléphonique de deux heures avec Vladimir Poutine. La première depuis 2022. Avec quel objectif? On ne sait pas, mais on dirait qu’il cherche un rôle à jouer sur la scène internationale à un moment où tout le monde parle de Trump et de Netanyahou, mais pas de lui. Jusqu’à présent, la diplomatie française n’a pas réussi à faire grand-chose pour Boualem Sansal, qui vient d’être condamné en appel à cinq ans de prison. En même temps, un élu de la République, Sébastien Delogu, est allé à Alger faire des salamalecs aux autorités, sans dire un mot de cette condamnation, ni de celle du journaliste Christophe Gleizes, accusé d' »apologie de terrorisme ». À moins que Boualem Sansal ne soit gracié dans les jours qui viennent, la seule conclusion, c’est que, sous M. Macron, l’influence géopolitique de la France est au plus bas.

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La dette publique française explose. Le Premier ministre lui-même a parlé de « Himalaya » à escalader pour maîtriser les finances de l’État. Pourtant, en 2017 Emmanuel Macron avait promis que, lui président, le budget serait maîtrisé. Au cours de ses deux mandats, la France a perdu totalement le contrôle de ses finances.

Enfin, là où le gouvernement veut bien investir, c’est dans les éoliennes. Non seulement ces dernières défigurent les paysages et les côtes pittoresques de la France, mais elles restent aussi le symbole du rejet de la France périphérique pour qui le prix de l’électricité, toujours en hausse, représente un facteur d’appauvrissement constant.

Dans les coulisses de la guerre – Israël de l’intérieur

Un entracte à la mode israélienne…


Vivre en Israël, c’est vivre sans le savoir, chaque jour, chaque heure, le livre ouvert de la grande Histoire. Dans l’histoire récente, c’est la guerre déclenchée par la journée du 7-Octobre qui incarne le mieux ce phénomène. Cette journée-là, chaque habitant peut en dérouler le fil heure par heure. Du moment où la première alerte aura retenti, sur les coups de six heures du matin, jusqu’au coucher et bien au-delà, dans les jours suivants. Depuis le 7-Octobre, la perception du temps s’est brouillée. Une année ne ressemble plus vraiment à une année. Elle semble compter double, triple ou alors, à l’inverse, ne plus compter du tout. Nos vies ont perdu l’insouciance qu’elles faisaient semblant d’avoir. Nos projets ont été balayés par une crise de sens. Nos croyances ont vacillé, certains ont changé de bord politique, d’autres sont revenus au pays après une longue expatriation, tandis que certains ont quitté le pays pour trouver un peu de répit.

D’une guerre à une autre

Tels des ouvriers de l’ombre, les Israéliens sont les acteurs inconscients d’une pièce qui s’écrit au-dessus de leurs têtes. Des exploits les plus éclatants aux gestes les plus discrets, tout concourt à soutenir ce collectif, que l’on disait si fragmenté avant le 7-Octobre, et qui pourtant tient encore.

À la guerre du 7-Octobre qui n’est pas encore finie, à la douleur des otages qui sont encore retenus, au deuil des victimes civiles et militaires qui n’a pas de durée, s’est ajoutée « la guerre des douze jours » avec l’Iran.

À peine une semaine après le cessez le feu officiel, nos villes affichent encore des dégâts importants. Nos quotidiens sont encore perturbés, pris dans une sorte de confusion entre un semblant de normalité et une impossibilité d’y parvenir réellement. Un grand nombre de personnes a été déplacé, leurs appartements sont dévastés, leurs commerces ont fermé, leurs vies séparées entre le jour d’avant le bombardement et le jour d’après. Et pourtant, il faut donner à la vie le moyen de l’emporter sur le chaos.

La date avait été posée bien avant cette guerre.

Il s’agissait pour moi et la troupe de comédiens à laquelle j’appartiens de se rendre dans une petite ville située entre Tel Aviv et Ashdod.

Ce soir-là marquerait la fin d’année pour une communauté de bénévoles, réunis pour l’occasion de notre venue. Le buffet était dressé, la scène ornée d’un grand rideau noir, installé pour le spectacle.

Ils nous avaient choisis pour animer cette soirée car notre spécificité est de pratiquer un théâtre d’improvisation dit théâtre playback, qui met en scène les histoires vécues et racontées.

Nous arrivons sur place, nous aiguisons nos voix, nos gestes, nos esprits, nous nous échauffons pour affuter nos outils émotionnels, pour qu’ils s’accrochent à chaque histoire, à chaque détail, et pour que l’histoire partagée, racontée, porte en elle la résonnance la plus universelle possible.

Vera monte sur scène, elle nous remercie d’être venus. Cela fait un mois que nous n’avons pas joué. Un mois que nous sommes privés d’entrainement tandis qu’eux, ces retraités transformés en bénévoles, n’ont pas chômé. Les besoins de la population civile ont explosé, il faut redoubler d’efforts auprès des populations vulnérables, visiter les personnes âgées à domicile, veiller aux troubles émotionnels des enfants, surveiller les signes de post-trauma…

La lumière se tamise, nous nous asseyons sur les chaises disposées sur la scène et nous nous rendons présents aux histoires.

Rina brode chaque jour avec son groupe des poupées anti-stress pour enfants et adultes. De petites poupées qu’on peut glisser dans un sac ou dans sa poche, et qu’on peut toucher pour trouver du réconfort quand on se trouve dans les abris.

Sultana lit des contes aux enfants, un moment privilégié pour préserver leur imaginaire.

Rose-Hélène anime un groupe de bénévoles qui vont visiter les personnes âgées à domicile. Les alertes à répétition ont aggravé leur isolement. Elles se coupent du monde et n’ont même plus la force de descendre et de monter les escaliers menant aux abris publics.

Rempart invisible

À travers ces visages, leurs prénoms, et leurs histoires, c’est la colonne vertébrale du pays qui se dresse devant nous. Ce rempart invisible, tissé au sein de la société civile, reste pourtant largement ignoré.

Au cœur de leurs histoires mêlées, on parvient à entendre ce qui ne se dit pas, ou alors si bas, une fatigue profonde, une tension diffuse, fruit de cette guerre, que dis-je, de ces guerres simultanées qui s’additionnent et mettent à mal notre santé mentale individuelle et collective.

Investis d’une responsabilité immense, nous nous levons. Nous allons jouer sans préparation, sans concertation, à travers un simple échange de regard, leurs histoires, mais en allant au-delà de leurs mots.

Noa, Amir, Oren et moi, plongeons dans le jeu. La mission est folle, mais elle nous venge de ces semaines sans art, sans joie. L’hébreu me vient, accolé à mon accent français indélébile, il est l’enfant que j’appelle dans le noir, à la rescousse, pour me traduire de l’intérieur.

Les histoires s’incarnent devant leurs yeux de vieux enfants.

Ils rient, ils pleurent.

Nous entrons dans leurs vies, dans la force de ce qu’ils ont su énoncer. Dans la confusion de leurs sentiments, l’épuisement, l’espoir, les traumatismes.

Je me sens soudain légère, j’oublie mon hébreu bancal, j’oublie mes approximations de jeu et de langage, je me détache de ce qui me manque pour faire honneur à ce qui existe, ici et maintenant, sur cette scène communale.

Nous sommes leurs vies. Nous donnons des couleurs, des voix à ces soldats de l’ombre.

L’improvisation s’envole.

Elle prend une tournure amusante, nos inconscients forment au-dessus de nos têtes des scénarios inattendus qui nous dépassent.

Nous retrouvons la puissance qui nous avait quittée.

La joie du jeu. La légèreté de la voix créative qui nous ressource et nous porte vers l’avant.

Et puis, soudain, une fuite, l’énergie de la salle qui s’en va.

Une agitation, quelque chose qui se dissipe, qui nous retire brutalement l’attention de la salle.

Je me risque à tourner la tête, je veux comprendre.

Ils ouvrent en hâte leurs sacs, leurs téléphones vibrent de partout, leurs doigts glissent sur les écrans.

Leurs regards sont désolés.

C’est l’appel auquel nous n’avons pas le droit de manquer.

C’est l’alerte.

Nous l’avions déjà oubliée.

Car ici, il suffit d’une semaine de répit pour que nos esprits résilients parviennent déjà à ensevelir des souvenirs douloureux.

Nous n’avons plus de public.

La salle s’est brutalement vidée. Ils se sont levés dans le calme comme un seul homme, celui que les épreuves de l’Histoire leur ont appris à devenir.

Les vieux s’agrippent aux plus jeunes. Les déambulateurs s’arrêtent en haut des marches. Nous descendons tous, spectateurs et acteurs unis dans un même sort, un même silence. Certains nous sourient, nous remercient déjà. « C’était beau », « vous êtes Française ? », « tout ça, sans préparation ».

L’intensité de ce qui vient de se dérouler me parcourt et m’extraie encore de cette scène, somme toutes banale.

Et puis, nous remontons vers la salle. Le spectacle reprend. Il avait seulement été mis sur pause. Je m’en amuse. Un entracte à la mode israélienne. Et sans mot, nos yeux disent ce que nos bouches taisent : la guerre n’est toujours pas finie.

Le chanteur antisioniste, la canicule et l’ex-petite copine juive

À Amsterdam, une rencontre sportive et familiale juive a dégénéré en âpres discussions sur la signification du mot « sionisme » et avec la fuite de l’artiste qui devait s’y produire et qui le tient en horreur.


Le chanteur en question s’appelle Douwe Bob, Amstellodamois trentenaire fort en gueule qui n’a pas hésité à se qualifier de « garçon juif, en quelque sorte ». Contre toute évidence généalogique, d’ailleurs.

Coup de chaud

Dimanche 29 juin, Douwe Bob était l’invité de la fête annuelle Jom Ha Voetbal1 sur les terrains du club de football AFC dans le sud d’Amsterdam. Autour d’un tournoi de foot pour de très jeunes garçons et filles y convergent traditionnellement de nombreux membres de la communauté juive de la capitale néerlandaise et d’ailleurs, toutes tendances politiques et religieuses confondues.

Sous un soleil de plomb, des fans de Douwe Bob, souvent en tenue sportive, attendaient avec impatience l’arrivée, en retard, comme sied à une vedette, du chanteur qui cependant les saluait avec les propos suivants: « Bonjour, j’ai vu ici tant de manifestations de sentiments que j’abhorre, que j’ai décidé d’annuler mon concert. Votre fête a été séquestrée par des organisations politiques, avec leurs slogans et leurs pamphlets. Je suis un garçon juif d’Amsterdam, en quelque sorte, mais je m’oppose au sionisme. »

Après leur avoir souhaité une bonne continuation, il a tendu son micro à un technicien et s’est hâté, avec son guitariste, vers la sortie où l’attendait sa moto.

Les jeunes fans n’y ont pas compris grand-chose, à en croire des parents présents et forcés d’expliquer les propos sibyllins. L’hebdomadaire Nieuw Israëlitiesch Weekblad cite une mère qui, jugeant sa fille de 10 ans trop jeune pour une dissertation sur le sionisme, lui a menti et a affirmé que Douwe Bob avait eu un coup de chaleur et, de ce fait, était incapable de chanter… Un père de famille, journaliste et intellectuel connu, s’est creusé les méninges sur l’explication qu’il se devait de donner à son gamin, à savoir que pendant une fête juive un chanteur avait boudé de jeunes Juifs sur un thème qui les dépasse totalement.

Le poster de la discorde

Il paraît qu’un poster près de la scène d’une organisation de jeunes Juifs, Netzer, où figure le mot néerlandais « zionistisch » ait éveillé le courroux du chanteur. Netzer se tient cependant éloigné des controverses sur la politique de Benyamin Nétanyahou. Un autre stand, plus éloigné de la scène, chantait cependant les louanges de Tsahal, a en revanche constaté un journaliste du journal AD.

Le fait divers n’a pas manqué de se répandre comme une trainée de poudre dans le petit monde politico-journalistique pendant ce dimanche caniculaire. Des politiciens israélophiles de haut niveau s’en sont mêlés, comme la dirigeante liberale Dilan Yesilgöz, qui a accusé Douwe Bob de « haine contre les Juifs ».

J’ai un très bon ami juif…

Le soir même, dans un programme d’actualités à la télévision, le chanteur a affirmé que ses propos lui avaient valu des menaces de mort. Il s’est défendu maladroitement en disant qu’une de ses (nombreuses) ex-copines était juive, Israélienne même. Laquelle ex ne manqua pas de manifester sa désapprobation d’être ainsi utilisée comme alibi… Douwe Bob a rappelé aussi que, l’année dernière, il avait chanté une chanson lors de l’ouverture du musée de l’Holocauste à Amsterdam, tandis que, dehors, des manifestants hurlaient leur haine contre la présence du président israélien Isaac Herzog.

L’affaire passionne les médias néerlandais, où de doctes digressions sur la signification du mot sionisme alternent avec des rappels des nombreux cas d’infidélité conjugale de Douwe Bob, qui représenta les Pays-Bas à l’Eurovision de 2016, ou il termina onzième.

Mercredi matin, le 2 juin, Douwe Bob a annoncé sa fuite sur Instagram, en voiture avec femme et enfant, hors des Pays-Bas suite à des menaces de mort. A l’en croire, sous escorte policière, ce que nient les autorités. Sera-t-il de retour le week-end prochain, alors qu’il est attendu à d’autres festivals d’été, sans sionistes cette fois-ci ?

  1. https://www.jomhavoetbal.nl/ ↩︎

Manuel Ostermann: le cri d’un flic dans une Allemagne à la dérive

Dans un pays où 12 attentats islamistes ont causé 20 morts et 118 blessés entre 2016 et 2024, le livre Deutschland ist nicht mehr sicher du policier est en tête des ventes en librairie. Nous l’avons lu.


Manuel Ostermann n’a jamais été du genre à plier devant les tabous. Policier dans la Ruhr, il a vu son pays se fracturer de l’intérieur, miné par une insécurité galopante. Dans son livre « Deutschland ist nicht mehr sicher » (« L’Allemagne n’est plus sûre »), publié en juin 2025 et déjà propulsé best-seller (n°1 sur Amazon), il vide son sac avec une franchise brutale : criminalité hors de contrôle, immigration débordante, police transformée en punching-ball…

Simbach am Inn : l’illusion migratoire de 2015

En 2015, Manuel Ostermann, jeune policier fédéral, est envoyé à Simbach am Inn, petite ville bavaroise à la frontière autrichienne, en plein cœur de la crise migratoire. Lui qui n’avait vu la guerre qu’à la télévision s’attendait à encadrer des familles syriennes brisées mais reconnaissantes. Quelle désillusion ! Il découvre une vague humaine, massive, indomptable, accueillie par des Bavarois en liesse brandissant des ours en peluche. Mais les bons sentiments s’effritent vite face à la réalité. Les Syriens aux regards hagards ? Quasi introuvables. À leur place, des hommes arabes qui jettent leurs passeports avant la frontière pour brouiller leur identité et éviter l’expulsion. Leur première exigence, assénée avec une assurance sidérante : « Où est le Wi-Fi ? ». Les policiers réalisent alors qu’ils n’ont pas affaire à des réfugiés fuyant la guerre, mais à des opportunistes venus chercher fortune en Allemagne, sans intention de s’intégrer.

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Ostermann, sonné, se retrouve à placarder des affiches expliquant comment utiliser des toilettes – sinon, c’est la nature qui fait office de latrines. À l’heure des repas, le spectacle est plus cruel encore : les hommes s’accaparent la nourriture, engloutissant les rations sous les yeux de femmes et d’enfants affamés. Le policier saisit alors une réalité brutale : cette vague humaine, ces dizaines de milliers de nouveaux arrivants, seront incapables d’adopter les us et coutumes européens. Une bombe à retardement vient de franchir la frontière.

De retour dans la Ruhr, Ostermann gravit les échelons, devient officier, s’engage dans le syndicalisme policier et rejoint la CDU. Il écoute ses collègues, recueille leurs récits. Tous convergent vers une même conclusion : l’Allemagne fonce tête baissée vers le chaos. La crise migratoire a planté les graines d’une fracture durable, dont les effets se font sentir dix ans plus tard.

Une Allemagne qui renie ses couleurs

L’Euro 2024 fait vibrer l’Allemagne, et dans les rangs des flics, on ose rêver d’un sursaut patriotique. Un écusson noir-rouge-or sur l’uniforme, une voiture de patrouille aux couleurs nationales : juste un signe pour dire « nous sommes là, pour l’Allemagne ». Mais l’État, sous Olaf Scholz, oppose un « verboten » cinglant. Neutralité, qu’ils disent. La fierté nationale ? Suspecte, dangereuse, trop chargée du poids de l’histoire. Dans une Allemagne qui se flagelle depuis 1945, brandir le drapeau noir-rouge-or reste un crime de lèse-mémoire.

Mais que vienne la Gay Pride, et tout change. Exit la neutralité. Les commissariats ont pour consigne de se parer d’arcs-en-ciel, les voitures de police deviennent des chars de parade. L’État, si pudibond face à sa propre identité, devient prêt à placarder son engagement progressiste jusqu’au Reichstag. Le summum ? Qatar 2022, match Allemagne-Japon. Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur, trône en tribune, sans l’ombre d’un drapeau allemand. Mais sur son bras, bien visible, le brassard « One Love », étendard des minorités sexuelles.

Dans les commissariats, il est désormais interdit de demander le « dead name », le nom de naissance des suspects transgenres, de peur d’offenser les sensibilités. Les procédures s’évanouissent, la priorité absolue étant de ne heurter personne. La justice s’efface, et le drapeau arc-en-ciel impose sa loi.

Wokisme et islamisme : une alliance contre-nature

Ostermann dresse un constat alarmant : l’Allemagne est rongée par un mélange explosif de wokisme et d’islamisme. Prenons les « Omas gegen Rechts »[1], ces « Mamies contre la droite », un groupe de militantes âgées de 50 à 90 ans, drapées dans leur vertu progressiste. Subventionnées à hauteur de 5 000 euros pour « promouvoir la démocratie », ces féministes autoproclamées s’acharnent contre l’extrême droite. Pourtant, on les retrouve dans des manifestations pro-palestiniennes, keffieh au cou, défilant main dans la main avec des islamistes, parfois proches du Hamas. Une alliance paradoxale, comme le souligne Ostermann : comment des championnes de l’égalité des genres peuvent-elles fraterniser avec les tenants d’une idéologie qui opprime les femmes ?

Au cœur de ce mouvement, une figure : Cansın Köktürk, sorte de Rima Hassan allemande. Cette élue de gauche, expulsée du Bundestag en juin 2025[2] pour avoir arboré un tee-shirt « Palestine », incarne cette contradiction. Keffieh en bandoulière, elle scande des slogans anti-Israël. Mais où est son indignation face aux Iraniennes privées d’éducation, voilées de force, ou aux fillettes mariées sous la contrainte ? Silence radio. Pour Ostermann, le wokisme a ses obsessions : vouer l’Occident aux gémonies, brandir le keffieh comme un étendard, vilipender les forces de l’ordre. Ces « mamies » ne réalisent-elles pas qu’une société sans police serait leur propre arrêt de mort, livrée au chaos ?

Les chiffres sont éloquents. Entre 2024 et 2025, les infractions sexuelles bondissent de 9,3 %. La part des agresseurs non-Allemands grimpe de 15,7 %, celle des migrants de 10,3 %. Un sondage de 2025 sur Gayromeo révèle que 30 % des homosexuels interrogés envisagent de voter pour l’AfD[3], en réaction aux agressions attribuées à des populations arabo-musulmanes. La radicalisation de la gauche alimente celle de la droite, chaque extrême nourrissant son opposé.

Une police à l’agonie

Manuel Ostermann, sollicité pour un poste à la CDU, a choisi de rester sur le terrain, auprès de ses collègues. Les policiers, épuisés, font face à une délinquance juvénile en explosion, des agressions physiques, un sentiment d’abandon et un discrédit généralisé. Équipements vétustes, salaires indignes, lois obsolètes, manque de perspectives : les démissions s’enchaînent. S’ajoutent à cela des campagnes orchestrées sur les réseaux sociaux visant à museler les voix divergentes, entravant le travail des forces de l’ordre. Lors d’un rassemblement de la CDU, 11 policiers sont blessés par des activistes d’Attac et des antifas. Ostermann alerte : « Nous vivons dans un monde où les policiers auront bientôt besoin d’une protection policière. »

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L’extrême gauche, forte de 37 000 membres en 2023 (+1,4 %), dont 11 200 prêts à la violence, rejette structurellement la police, prônant son désarmement, voire son abolition. Une police affaiblie, c’est un pouvoir consolidé pour ces extrémistes. Mais la gauche modérée mesure-t-elle le danger d’un tel projet, qui précipiterait l’Allemagne dans l’anarchie ? Pour Ostermann, la police reste le dernier rempart de la démocratie.

Le drame de Rouven Laur : un symbole tragique

Le drame de Rouven Laur[4] hante Manuel Ostermann. Ce policier de 29 ans, tué en 2024 par un Afghan de 25 ans proche de l’État islamique, incarnait l’engagement des flics allemands. Laur, animé par une volonté d’intégration, avait appris l’arabe pour dialoguer avec les migrants, espérant construire des ponts. Mais son geste d’ouverture n’a pas suffi à le protéger. Poignardé lors d’une intervention, il est devenu un symbole des risques encourus par les forces de l’ordre face à une menace islamiste croissante. Ce meurtre a choqué l’Allemagne, révélant la vulnérabilité des policiers dans un climat de tensions exacerbées.

Les fêtes traditionnelles, telles que le Carnaval ou les marchés de Noël, sont désormais placées sous haute surveillance ou supprimées en raison de la menace terroriste. Entre 2021 et 2025, 365 891 entrées illégales à la frontière sont comptabilisées, un nombre supérieur à la population de Münster. En 2024, 79 crimes sont recensés chaque jour, ainsi que 761 viols collectifs dont 48 % des auteurs sont d’origine étrangère. Depuis 2011, 1 150 Allemands ont rejoint des groupes terroristes en Syrie et en Irak, dont seule la moitié est revenue. De 2016 à 2024, 12 attentats islamistes ont causé 20 morts et 118 blessés.

L’islamisme, menace numéro un

Pour Ostermann, l’islamisme, dopé par les flux migratoires, représente le danger numéro un pour l’Allemagne. Il asphyxie les cultures, fait annuler festivals et événements sportifs, entrave les libertés, et propage des discours anti-chrétiens et anti-israéliens, souvent teintés de soutien au Hamas. Des « territoires perdus », à l’image de ceux observés en France, voient le jour, où règnent la loi des clans et l’anarchie. Ostermann insiste, balayant un préjugé tenace : la police n’abandonne pas ces zones, elle se contente d’obéir aux ordres politiques. Son slogan claque comme une évidence : sans sécurité, ni liberté ni démocratie. Pour Ostermann, l’heure n’est plus aux diagnostics mais à l’ultimatum. L’Allemagne a franchi le seuil, et ce qui vient ne sera pas une crise, mais un basculement. Son livre ? Le dernier avertissement avant l’effondrement.

Manuel Ostermann, Deutschland ist nicht mehr sicher (en allemand), Éditions Deutscher Wirtschaftsbuch, juin 2025. 256 pages


[1] https://www.nouvelobs.com/monde/20250217.OBS100419/elections-en-allemagne-qui-sont-les-omas-gegen-rechts-ces-mamies-qui-se-battent-contre-l-extreme-droite.html

[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/allemagne-une-militante-pro-palestienne-expulsee-du-bundestag-20250604

[3] https://www.causeur.fr/uberraschung-l-arc-en-ciel-vire-a-droite-afd-homosexuels-301862

[4] https://fr.aleteia.org/2024/06/17/sans-lui-cest-moi-qui-serais-mort-le-poignant-hommage-au-policier-poignarde-a-mannheim/

Dans la caravane

Monsieur Nostalgie nous envoie une carte postale du Tour de France et en profite pour louer les vertus des « petites » routes. Il dit oui aux départementales !


Quand les températures grimpent, les villes surchauffent et les esprits s’échauffent ; dans les rues de la capitale, les altercations se multiplient, les incivilités polluent aujourd’hui le quotidien de tous les usagers (automobilistes, cyclistes, piétons, chauffeurs, etc.) comme si la courtoisie avait laissé place à l’insulte et à la menace. La cohabitation est ce rêve devenu impossible face à l’égoïsme de chacun. Un mot de trop, un coup de klaxon éruptif, une main levée en signe de désespoir et la situation peut dégénérer, virer au cauchemar urbain. La peur s’installe au volant ou au guidon. À chaque carrefour, le drame sourd. Nous sommes perpétuellement sur nos gardes. Les éclats de voix sont annonciateurs d’une violence sans filtre, ils n’ont plus le charme et le folklore à la Pagnol.

Bas instincts

Plus personne ne semble être maître de ses nerfs. Les citadins finissent par croire que la route n’est que désolation et embrouilles infinies. Qu’elle serait le théâtre seulement des plus bas instincts, l’expression décomplexée de notre face la plus sombre. Alors qu’à l’approche des vacances, une départementale ombragée est la promesse d’un avenir meilleur. Un doux présage. On s’y engouffre, on s’y prélasse et on s’y sent bien. Que les entrailles de notre pays ont fière allure avec leurs champs et leurs haies, leurs vaches et leurs rivières, leurs calvaires et leurs bornes Michelin. Regardez bien ces paysages du Berry, de la Creuse ou du Béarn, ces volutes à travers la campagne, ces îlots de calme et de fraîcheur, loin du fracas, ils dessinent les coutures de notre vieux pays, son armature des temps immémoriaux. Avec eux, on retrouve un peu d’évasion et d’apaisement. L’estime de soi. Ils sont propices à la rêverie et au temps enfin retrouvé. Cette province des bourgs et des villages a tant à nous apprendre, à nous souvenir, à nous rééduquer sur notre façon de conduire et de profiter de quelques jours arrachés à la virtualité assassine. Donnez-moi, durant une semaine, une Peugeot 404 aux ailes tendues ou une Lambretta fatiguée, un scooter à bout de souffle comme dans la chanson de Voulzy, et une route gendarmée par une rangée de platanes, je serai un homme heureux. Car la route et l’automobile n’ont pas toujours été des frères ennemis. Ces deux-là, ensemble, ont façonné un imaginaire collectif, celui des grands départs, des bouchons et de la famille réunie, tout ce qui manque cruellement aux peuples sans repères.

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Glorieuse Nationale 7

Partout en France, dès l’arrivée des beaux jours, la nostalgie des carrosseries anciennes réenchante l’asphalte. Aucun cœur, même le plus sec, ne peut résister à ces cortèges de voitures, de mobylettes et d’estafettes, à la queuleleu, c’est un peu notre tapisserie de Bayeux des heures mécaniques. Ils étaient encore plus de 800 au 43ème Tour de Bretagne début juin dans les Côtes-d’Armor. Les Français ont soif de cette farandole-là. Elle est pleine de vie et d’une communion d’esprit qui sédimente. Le succès de la Nationale 7 en est la preuve. Désormais, on la vénère, on la panthéonise, on lui restitue ses titres de gloire. Elle fait même de la concurrence à la Route 66, cette starlette américaine. Elle fut comme l’a montré un récent reportage à la télévision, l’épine dorsale gastronomique des Trente Glorieuses, le passage de témoin des mères nourricières aux chefs étoilés. On y mangeait bien et elle faisait partie de la magie du voyage. Elle était Le voyage. La route et les autos, cette longue histoire se perpétuera en juillet dans la caravane publicitaire du Tour de France. Elle passera peut-être par chez vous, avant le peloton et les hélicos de l’organisation. Vous ne la verrez pas dans le poste mais elle attire des milliers de personnes venus assister au dernier spectacle gratuit à retentissement mondial. Avec ses engins déguisés en forme de tasse à café ou de baril de lessive, elle est joyeuse, amusante, désuète, donc essentielle.

Quand elle traverse nos provinces et qu’elle est acclamée par des enfants, l’émotion nous étreint. Ce n’est rien, presque rien, et pourtant l’espoir renaît.

Tendre est la province

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Cinéma: l’envers du décor

Les films nous racontent des histoires. Mais qui nous raconte celles des films ? Journaliste collaborant à Première et Télérama, l’historien du cinéma Olivier Rajchman revient sur des tournages mythiques du 7e art dans son dernier livre. Un ouvrage qui a changé le regard que notre chroniqueur porte sur le cinéma


On se rend dans une salle de cinéma, on regarde un film, on en sort ébloui ou déçu ou, pire, indifférent et on s’imagine peut-être qu’il n’y avait là rien d’extraordinaire. Un spectacle comme un autre. Quand on lit le remarquable livre L’Aventure des films, d’Olivier Rajchman, on comprend tout. Les très grands films sont des tours de force, des miracles.

Une sélection de vingt films

Pour apprécier cet ouvrage critique de haute volée, je l’admets volontiers, il convient d’être un amateur épris de cinéma, attentif à tout ce qu’il a apporté et sensible à son histoire, de l’éclat des stars aux modestes mais irremplaçables contributions des seconds rôles. Mais il est vrai que la connaissance du cinéma devrait faire partie de la culture générale, tant elle permet une vision du monde, de la société et de l’être humain, qui s’ajoute aux formations plus classiques.

Dissipons d’emblée un malentendu qui a failli m’égarer. Olivier Rajchman, dans son choix des vingt films qu’il considère comme emblématiques, ne se prononce pas sur leur excellence, leur supériorité qualitative mais explique parfaitement que chacun d’eux a été décisif dans la création d’un genre et qu’à ce titre il a sa place dans ce panthéon. Aussi bien « Autant en emporte le vent » que « À bout de souffle », « Chinatown » que « Barbie », « Le Dernier métro » que « Chantons sous la pluie » par exemple.

En lisant Olivier Rajchman, j’ai abandonné l’approche superficielle que j’avais du cinéma. J’ai maintenant conscience qu’il s’agit, dans tous les cas, d’un travail colossal et très éprouvant pour les nerfs. Tous ceux qui participent à l’élaboration du film passent par des phases de désespoir, avant d’en être très rarement satisfaits !

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Je n’imaginais pas les épreuves, la minutie, le perfectionnisme, l’ampleur et la fatigue des tâches qui conduisent, dans le meilleur des cas, au sublime, ou au moins imparfait possible. La collaboration constante et infiniment créatrice entre le producteur, le ou les scénaristes et le réalisateur est impressionnante parfois de solidarité, souvent d’antagonismes surmontés, d’écoute, de tolérance, d’échanges puissants et sans concession, d’abandons puis de reprises, de pessimisme amendé par un optimisme que le travail fourni fait surgir.

Éprouvantes entreprises

Je n’aurais garde d’oublier les acteurs qui, choisis pour ce qu’ils vont apporter au film – sans le moindre doute pour certains, pour d’autres après moult hésitations et revirements -, peuvent faire preuve d’un caractère, d’une implication ou non, qui compliquent ou facilitent le processus de création.

Le réalisateur est le personnage central de cette magnifique et éprouvante entreprise, de sa conception à peine esquissée jusqu’à sa diffusion en majesté. On est effaré par le nombre d’incidents techniques, personnels, humains et psychologiques, que doit régler un metteur en scène appelé à se muer en médecin des âmes et des sensibilités avant d’être un maître dans son activité artistique. Et tous les réalisateurs n’ont pas la politesse, la patience et la tranquillité constante d’un François Truffaut !

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On ne peut pas non plus passer sous silence le rôle capital de l’auteur de la musique, qui a son idée se confrontant parfois à celle du réalisateur. Dans les moments de grâce, la musique de film n’est pas un ornement mais une puissance à part entière comme Ennio Morricone l’a toujours voulu.

Il faut rendre justice à l’infinie richesse de ce livre, de ses chapitres qui pour chaque film, mélangeant genèse, construction intellectuelle, détails techniques, approfondissement des personnages, anecdotes de tournage, focalisation sur les acteurs, histoire des rapports entre producteurs, scénaristes, réalisateurs et compositeurs, offre un panorama complet et passionnant de la tâche himalayesque d’une œuvre menée à terme ! Je ne traiterai plus jamais le cinéma à la légère.

448 pages.

L'Aventure des films: Histoire de vingt tournages mythiques

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New York: la plus grande ville juive du monde peut-elle élire maire Zohran Mamdani?

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L’ultra-progressiste Zohran Mamdani est loin d’être uniquement cet opposant « radical » à Trump que nous présente la bonne presse…


Les résultats du vote à la primaire démocrate pour la Mairie de New York ont été connus 48h à peine après un bombardement américain sur l’Iran qui laissait peu de place médiatique à la victoire d’un inconnu à une élection municipale qui ne se tiendrait que six mois plus tard, victoire qui ne fut d’ailleurs officielle que le 1er juillet. Ce délai s’explique par le système de vote utilisé, vote à choix classés dans lequel les voix sont redistribuées en fonction du classement des candidats par chaque électeur. On aboutit à un résultat qui compare les deux candidats les mieux placés, les autres ayant disparu dans les décomptes successifs. Donc Zohran Mamdani, 33 ans, a gagné par 56% des voix contre 44% à Andrew Cuomo, ex-gouverneur de l’État de New York.

Ce système électoral, qui a été étrenné avec succès à New York, mais qui est déjà utilisé en Australie, en Irlande et dans l’État du Maine favorise les candidats les plus consensuels aux dépens de ceux qui sont plus clivants. Ne rêvez pas, il n’est pas près de s’appliquer en France. Est-ce à dire que Zohran Mamdani est un candidat modéré ?

Ennemi virulent d’Israël

Un ennemi virulent d’Israël, disent la plupart des organisations sionistes. Cela signifiait pour moi que New York, la plus grande ville juive du monde, même si le nombre de Juifs, un million environ, y est bien plus réduit qu’il y a cinquante ans, risque d’élire en novembre  un maire antisémite. À des amis New-Yorkais: j’ai demandé comment cela était possible… et leur réponse m’a sidéré…

Ils soutiennent Zohran Mamdani, jeune, intègre et expérimenté. Il défend la justice sociale, les travailleurs étrangers, arbitrairement pourchassés par la police d’immigration de Trump alors qu’ils travaillent et paient leurs impôts, mais qu’ils n’ont pas de permis de séjour à cause des dysfonctionnements administratifs. M. Mamdani réclame plus de crèches, des allocations pour les plus pauvres, un gel des loyers et plus d’inclusion pour les minorités. Et puis, il l’a dit et redit, il n’est absolument pas antisémite…

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Je précise que mes amis sont des Juifs orthodoxes très liés à Israël, que l’épouse a longtemps travaillé dans une grande organisation sioniste et qu’ils habitent West End Manhattan, un des quartiers les plus huppés des États-Unis. 

Alors j’ai essayé d’en savoir un peu plus sur Zahran Mamdani.

Sa mère, Mira Nair, est une célèbre cinéaste indo-américaine. Son père, musulman d’origine indienne, éduqué en Ouganda, est aujourd’hui un des critiques de l’impérialisme les plus influents du monde anglophone. Il est titulaire à Columbia de la chaire de Sciences politiques Herbert Lehman, nommée d’après un homme politique du New Deal, philanthrope juif et sioniste convaincu. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’en est pas de même de Mahmoud Mamdani, qui s’est révélé depuis le 7-Octobre un opposant d’Israël parmi les plus virulents du campus.

Les Talibans, c’est la faute aux néoconservateurs américains !

Ses livres, dont ses partisans disent que certains sont des chefs d’œuvre, reposent sur la thèse que la violence n’est pas culturellement liée à l’islam mais qu’elle provient des choix effectués par les puissances impérialistes dans un désir de domination. Ce sont elles qui dans un but anti-soviétique ont favorisé  en Afghanistan l’islam religieux, elles qui ont fait naitre un Etat juif fondé sur une identité ethno-religieuse, elles aussi qui avaient créé au Rwanda des identités hutu et tutsi artificielles dont le résultat fut un génocide. Mahmoud Mamdani prétend que toute violence est politique et doit être contextualisée. Il plaide en Palestine pour un état non identitaire, post national et post ethnique où Juifs et musulmans se mélangeraient sans accroc. En somme une laïcité à la française de rêve…

Mahmoud Mamdani façonne ses thèses sur ces postulats préétablis, refuse toute culpabilité qui ne serait pas impérialiste, oublie l’expulsion des Juifs du monde arabe comme la charte du Hamas et prône un futur idyllique qui ne pourrait se transformer qu’en cauchemar pour une minorité juive. 

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Son fils reconnait à Israël le droit à exister, mais si on l’interroge mieux, on voit qu’il voudrait que chacun y ait des droits égaux, que l’apartheid qu’il dit exister actuellement disparaisse et que les Palestiniens bénéficient du droit au retour. Le 8 octobre, il a regretté les morts des deux côtés, n’a pas cité le Hamas et a fait porter la responsabilité sur l’occupation israélienne. Inutile d’ajouter que l’existence d’un génocide à Gaza est pour lui une évidence. Il a demandé à mondialiser l’intifada et a répondu aux critiques que intifada, c’est aussi le terme par lequel on traduit en arabe l’insurrection du ghetto de Varsovie, donc un terme indiscutablement honorable. En somme, sous un couvercle universaliste une garantie de destruction d’Israël.

Comme étudiant il avait été au premier rang des manifestations de BDS et de Students for Justice in Palestine. Il accuse aujourd’hui Netanyahu d’être un criminel de guerre génocidaire. Il réserve d’ailleurs les mêmes qualificatifs à l’Indien Modi.

Soutenu par Bernie Sanders

S’il répète la pensée paternelle, il a ajouté son sourire, son charisme, son expertise en réseaux sociaux, ses talents de rappeur et producteur hip-hop ainsi que son expérience personnelle de juriste auprès des mal-logés de New York. Tout cela explique l’engouement auprès des jeunes et le soutien de poids lourds de la gauche progressiste américaine, Alexandria Ocasio‑Cortez, la célèbre  AOC, la pasionaria pro-palestinienne Linda Sarsour et le sénateur Bernie Sanders. Car la victoire de Zharan Mamdani, c’est la victoire d’un parti démocrate progressiste sur un parti démocrate traditionnel tétanisé depuis la victoire de Trump. D’autres établiront peut-être les liens de ce courant progressiste avec un financement qatari dont l’importance n’est plus à démontrer.

Le discours de Zohran Mamdani convient aux mouvements juifs antisionistes  devenus très présents sur la scène américaine tels «Jewish Voice for Peace» ou «IfNotNow», sans compter probablement aux 30 000 familles Satmar de Williamsburg, sensibles aussi aux questions de loyers. Mais sa victoire a été aussi digérée, et parfois même soutenue, par des Juifs sionistes authentiques sensibles aux questions de justice sociale, très soucieux de paix et de morale et souvent aussi très hostiles à Benyamin Nétanyahou. Tels sont Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate au Sénat et Jerry Nadler, inamovible représentant démocrate de Manhattan au Congrès, deux personnalités politiques juives majeures de New York qui, après sa victoire ont félicité Zohran Mamdani, certainement à contre-cœur, mais l’ont félicité quand même.

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Zahran Mamdani a bénéficié du soutien des jeunes, des mal-logés et de tous ceux qui voudraient un parti démocrate plus progressif et qui ont accusé Andrew Cuomo, l’ex-gouverneur de l’Etat de New York, longtemps en tête des sondages, de collusion avec les Républicains. M. Cuomo représentait d’autant plus le «vieux monde», celui des liens avec les syndicats plutôt qu’avec les jeunes, qu’il avait dû démissionner de ses fonctions de gouverneur à la suite d’accusations de harcèlement sexuel. Celles-ci n’ont finalement pas été retenues par la justice mais sa réputation en a été définitivement entachée, d’autant que c’est à l’Etat donc au contribuable new-yorkais de payer les 60 millions de dollars de frais de procédure. Cuomo sera malgré tout encore candidat en novembre sous un autre nom de parti mais ses chances seront très faibles. 

Ce sera aussi le cas du maire actuel Eric Adams, un policier noir dont l’arrivée à la Mairie représentait y a quatre ans une remarquable success story. Sa mandature a été mise à mal par une accusation de corruption liée à des passe-droits sur l’immeuble bâti pour la délégation turque à l’ONU, et sur lequel pesait l’exigence de Erdogan d’inauguration rapide, pour la session d’ouverture de l’ONU. Eric Adams qui n’a pas osé participer à la primaire démocrate se présentera en candidat indépendant, mais on ne donne pas fort de ses chances, même si toute procédure ici encore a été abandonnée, car sur lui pèse la suspicion d’avoir cédé à l’administration Trump et ses exigences d’expulsions en échange d’un non-lieu personnel.

Aussi bien Cuomo que Adams ont d’excellentes relations avec la communauté juive. Je le regrette pour mes amis New-Yorkais, mais je doute qu’il en soit de même pour Zahran Mamdani, désormais favori des sondages. Son élection apporterait une nouvelle fois la démonstration qu’une campagne axée sur d’âpres sujets économiques et sociaux, tels les bons alimentaires et les réductions d’abonnements de transports devient plus plaisante et plus mobilisatrice si elle s’effectue sous un couvercle de détestation d’Israël. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris.

Wimbledon, l’élégance à l’anglaise

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Seul le service-volée, qui tend à disparaitre, manque aux conservateurs et autres esthètes du beau jeu…


En plein cœur d’une époque qui pèche trop souvent par défaut d’élégance, Wimbledon est l’un des tout derniers bastions où la tradition résiste à la modernité. À l’écart d’un monde devenu fou, le All England Club, antre de la compétition, est un havre de paix où les balles que l’on s’échange sont jaunes et n’ont d’autre objectif que celui de tuer les illusions de l’adversaire ; rétif à la déconstruction de tous les repères, le tournoi londonien résiste aux progressistes zélés ; comme pour défier le temps qui défile, la quinzaine pose son ancre sur la vie.

Les tenues blanches tranchent avec les accoutrements criards de l’époque et, dans leurs uniformes immaculés, les joueurs rivalisent d’une classe qu’aucun défilé de mode sans doute n’égalera : a-t-on d’ailleurs jamais vu homme plus élégant que Roger Federer entrant sur le court en costume nivéen ou – pardonnez-moi ce jugement peu dans l’esprit du temps – femme plus belle que Maria Sharapova dans sa robe blanche ? Les rythmes binaires de la musique moderne sont remplacés par le bruit sourd des échanges qui perturbent à peine le flegme des spectateurs. La chaleur pose son dôme en plein cœur d’un été à propos duquel on pense encore naïvement qu’à l’instar de l’enfance ou des moments heureux, il ne terminera jamais. 

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Wimbledon a accouché des plus grands champions de l’histoire du jeu : Fred Perry, avant d’être la marque prisée par les mods et la jeunesse politisée, fut pendant plusieurs décennies le dernier joueur de tennis britannique à inscrire son nom au palmarès avant qu’Andy Murray ne rectifiât l’anomalie ; Stefan Edberg et Boum Boum Becker, l’eau et le feu, les deux héros de mon enfance, jouèrent trois finales consécutives au tournant des années 90 ; l’esthète Roger coiffa les lauriers à huit reprises, une fois de plus que le plus grand joueur de tous les temps, Novak Djokovic, et que Pete Sampras ; chez les femmes, Martina Navratilova vint gagner au filet neuf éditions, Steffi Graff et Serena Williams raflèrent la mise à sept reprises, la Française Suzanne Lenglen remporta le dernier de ses six titres il y a tout juste un siècle.      

Si Wimbledon est le tournoi des traditions, certaines se dérobent toutefois. Pendant longtemps, le service-volée a dicté le rythme des rencontres. Ce coup exercé à la hussarde est le mariage de la puissance et de la finesse, l’esthétisme des guerriers, la preuve que la virilité est une question d’audace plus que de gros coups assénés à la force du bras ; cet enchaînement est l’art des funambules et des voltigeurs ; il est une intrusion aux confins du territoire adverse que l’on pourrait, si l’on n’y prenait garde, confondre avec une déclaration de guerre ; il est la stratégie des impatients qui veulent finir en deux coups là où d’autres usent et abusent des préliminaires. Désormais, prudence oblige, on reste le plus souvent au fond du court. 

Wimbledon restera toutefois Wimbledon tant que les crépuscules de début d’été darderont leurs derniers rayons sur le Central Court, que l’anglais de la BBC nous paraîtra aisé à comprendre, que les Anglais mangeront des fraises accompagnées de crème dans les gradins et que le gazon, martyrisé par le martèlement des pas, finira, comme toutes les chevelures, par se clairsemer au fil de la quinzaine. À la fin de celle-ci, cette année comme toutes les précédentes, un peu de l’été s’en sera allé, les jours et nos vies auront perdu de leur longueur et de nouveaux champions auront inscrit pour l’éternité leur nom à l’auguste palmarès. 

Le créole pour tous!

Le leader de lextrême gauche et chantre de la « Nouvelle France » n’a rien compris au créole. Il le sait, mais, pour prendre le pouvoir, il est un « déconstructeur » prêt à tout qui s’assume.


Jean-Luc Mélenchon a proposé dernièrement de rebaptiser la langue française et de l’appeler désormais « langue créole ». Cela ressemble fortement à une conversion forcée, car la langue française ne répond pas à la définition du créole que donne le Larousse : « langue née du contact d’une langue européenne avec une langue locale ou importée et devenue langue maternelle dans une communauté créole ». Il existe des créoles à base de français, d’anglais, de portugais, etc. ; issus de la colonisation et de l’esclavage, et qu’on trouve historiquement dans les contrées les ayant connus. Si donc, certains créoles se sont constitués à partir du français, c’est qu’il y a bel et bien du français ! Précisons immédiatement que les créoles sont des langues à part entière, qu’il n’y a donc aucune discrimination dans le fait de dire que la langue française n’en est pas ; c’est simplement une question de constitution.

Ben mon côlon (colon)

Jean-Luc Mélenchon a également affirmé que le français, créole ou non cette fois-ci, n’appartenait plus aux Français mais à tous ceux qui le parlaient de par le monde. Ajoutant que ce sont les gens qui vont à la langue et pas la langue qui va à eux. Drôle de formule qui contredit l’Histoire puisque si d’autres que les Français parlent le français, mis à part les amoureux inconditionnels qui ne sont jamais légion, c’est bien parce que la langue française est allée à eux et pas avec des pincettes ! Par ailleurs, le fait qu’une trentaine d’autres pays que la France parlent le français, est une bonne nouvelle dans le globish généralisé, mais cela n’implique aucunement que le français ne serait pas la langue de la France. Quant aux apports des autres langues qu’on trouve dans la nôtre, apports qu’on trouve du reste dans bien d’autres langues, nul n’a jamais songé à les nier, mais ces apports, souvent sous forme de mots, n’ont pas affecté les structures essentielles de la langue française. Enfin, Jean-Luc Mélenchon a introduit sa proposition en affirmant que la langue française était langue coloniale et impériale ; ce qui contredit le principe même de « langue créole » !

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Cela n’a jamais empêché que la langue française dont on semble toujours déplorer je ne sais quelle rigidité d’extrême droite n’est-ce pas, connaisse des rencontres heureuses entre créole précisément et elle-même. Voir les littératures antillaises et africaines qui nous offrent des mixages linguistiques luxuriants et baroques. Mais, précisément, cela s’appelle littérature, laquelle réalise des écarts à la norme que réalisent d’autant mieux ceux qui, précisément, connaissent la norme…

Les derniers seront les premiers

Et Jean-Luc Melenchon le sait parfaitement qui pratique un français souvent savoureux, qui n’hésite pas à nous servir quelques imparfaits du subjonctif etc. Dans le genre : « Je maîtrise la langue », il n’est pas le dernier !

En revanche, le sont tous ceux auxquels on fait croire qu’il n’est en rien nécessaire d’apprendre lexique, grammaire, orthographe, et qu’ils peuvent baragouiner toute leur vie avec deux noms, trois adjectifs et quatre verbes, et que cela profitera à la créolisation mondialisée à laquelle nous serions appelés.

Alain Bentolila, linguiste, s’est exprimé au sujet de ce projet (Marianne du 24 /6 et Le Figaro du 28/6) et je renvoie le lecteur à ce qu’il en dit. Il avance même l’idée que Jean-Luc Mélenchon voudrait être le seul à parler… De fait, vouloir embellir la pauvreté linguistique des jeunes avec l’idée que tout cela serait du créole en devenir est une imposture et permet, effectivement, d’être le seul, au bout du compte, à détenir la parole. On ne peut également s’empêcher de penser qu’il s’agit, une fois de plus, d’un exercice de dépossession nationale tant l’idée d’une « identité française » qui passerait par « la langue française » serait à abattre, et qu’il faudrait derechef lui en substituer une autre. Mais, ironie de l’histoire, cette dépossession touche également les langues créoles qui tiennent à leur particularité et ne veulent pas être noyées dans l’indistinction. Il aura donc réussi à fâcher tout le monde ! 

Bref, il n’y a rien qui va dans cette histoire. Mais on aura compris que si la langue française n’est pas une « langue créole », il s’agit qu’elle le devienne…

Vivre en sang

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Romans-sur-Isère, novembre 2023 © MOURAD ALLILI/SIPA

Les faits divers sanglants impliquant l’immigration qui se sont multipliés ces dernières années mettent à mal notre fameux « vivre ensemble », et rendent peu désirable la fameuse « créolisation » vantée par l’extrême gauche.


Il est des mots qui résonnent comme des programmes, des prophéties ou des menaces. « Créolisation », voilà le dernier totem agité par ceux qui rêvent de dissoudre la France dans un grand bain de diversité heureuse. Un mot doux pour une réalité brutale. Une idéologie de substitution, où l’identité doit se fondre, s’abolir, s’oublier — dans le brassage des cultures, dans l’abandon des frontières, dans la repentance sans fin.

On vous dit : « Créolisation, c’est l’avenir ! »
Mais l’avenir qu’on nous promet ressemble de plus en plus à Crépol. Ce petit village paisible de la Drôme, où un adolescent de seize ans, Thomas, a été poignardé à mort, un soir de fête. Une rixe, dit-on. Une bagarre qui tourne mal. Mais la vérité suinte à travers les silences officiels : des jeunes venus de la ville, extérieurs à la commune, reviennent armés pour “reprendre la fierté”. Une vengeance importée. Une brutalité gratuite. Un coup de couteau dans le flanc d’une France qu’on croyait encore un peu protégée.

Et Thomas n’est pas un cas isolé.

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Souvenez-vous de Lola, cette fillette de douze ans, retrouvée dans une malle, violée, torturée, massacrée par une clandestine déjà sous obligation de quitter le territoire. Un crime d’une sauvagerie indicible, qui n’a suscité qu’un malaise gêné chez les défenseurs de l’“ouverture”.
Souvenez-vous d’Axelle Dorier, traînée sur 800 mètres à Lyon après avoir tenté de rappeler à l’ordre deux hommes au volant d’une voiture. Tuée pour un regard, pour un mot, pour une réprimande de trop.
Souvenez-vous de Mathis, poignardé à Châteauroux. Ou de Samuel, qui a fini décapité pour avoir voulu enseigner la liberté d’expression.
Souvenez-vous enfin d’Adrien, à Grenoble, 19 ans, poignardé a mort, pour rien. Pour le malheur d’avoir croisé la mauvaise personne, au mauvais moment.

Dans tous ces cas, toujours le même cérémonial : le silence médiatique, la minimisation, la sociologisation, l’oubli organisé. Et surtout : pas de récupération ! Surtout ne pas voir ce qui crève les yeux. Surtout ne pas tirer de leçons. Ne pas faire de lien entre l’effondrement des frontières, la perte du contrôle migratoire, l’ensauvagement du quotidien et ces drames répétés.

La créolisation, nous dit-on, c’est la richesse du mélange. Mais le peuple ne goûte guère aux promesses de cette gastronomie idéologique. Ce qu’il vit, ce qu’il endure, ce qu’il enterre chaque semaine, c’est la crépolisation.
Un nouveau mot pour un nouveau fléau : l’irruption de la violence gratuite, la haine du “Français”, le racisme inversé qu’on n’a pas le droit de nommer. Crépolisation, c’est la mort de Thomas, mais aussi la mise en accusation de son village, de ses amis, de sa communauté, coupables d’être trop blancs, trop enracinés, trop français.

La créolisation sans consentement, sans réciprocité, sans amour véritable de la France, devient une arme. Une arme douce en apparence — culturelle, médiatique, administrative. Une arme dure dans ses effets — exclusion, inversion des normes, humiliation des hôtes. Et parfois, l’arme devient arme tout court. Couteau, barre de fer, véhicule bélier.

On efface les noms, on floute les visages, on étouffe les mots. On transforme les victimes en agresseurs, les alertes en fantasmes, les faits en amalgames. Tout est inversé, tout est nié. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

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Mais le peuple commence à comprendre. Il devine que derrière les mots doux se cache une entreprise d’effacement. Effacement des frontières, des appartenances, des héritages. Effacement des prénoms, des visages, des mémoires. Effacement jusqu’au meurtre.

Et ceux qui voient clair — ces maires menacés, ces familles brisées, ces professeurs insultés, ces adolescents poignardés — n’en peuvent plus d’attendre qu’on les écoute. Ils refusent de mourir en silence, de disparaître dans l’indifférence. Ils refusent que leur pays soit livré au chaos sous couvert de modernité.

La créolisation heureuse est un slogan de tribune. La Crépolisation réelle est un cimetière. L’histoire jugera ceux qui ont préféré les mots aux vies.

Mais avant cela, le peuple pourrait bien les juger lui-même. Le vivre ensemble promis ressemble de plus en plus à un vivre en sang.

Ne fais pas ton Français !: Itinéraire d'un bâtard de la République

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Podcast: Diplomatie, finances publiques, politique énergétique: E. Macron cumule les échecs

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Le président Macron à Bruxelles, 15 décembre 2022 © Sipa

Avec Ivan Rioufol et Jeremy Stubbs.


Emmanuel Macron a eu une conversation téléphonique de deux heures avec Vladimir Poutine. La première depuis 2022. Avec quel objectif? On ne sait pas, mais on dirait qu’il cherche un rôle à jouer sur la scène internationale à un moment où tout le monde parle de Trump et de Netanyahou, mais pas de lui. Jusqu’à présent, la diplomatie française n’a pas réussi à faire grand-chose pour Boualem Sansal, qui vient d’être condamné en appel à cinq ans de prison. En même temps, un élu de la République, Sébastien Delogu, est allé à Alger faire des salamalecs aux autorités, sans dire un mot de cette condamnation, ni de celle du journaliste Christophe Gleizes, accusé d' »apologie de terrorisme ». À moins que Boualem Sansal ne soit gracié dans les jours qui viennent, la seule conclusion, c’est que, sous M. Macron, l’influence géopolitique de la France est au plus bas.

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La dette publique française explose. Le Premier ministre lui-même a parlé de « Himalaya » à escalader pour maîtriser les finances de l’État. Pourtant, en 2017 Emmanuel Macron avait promis que, lui président, le budget serait maîtrisé. Au cours de ses deux mandats, la France a perdu totalement le contrôle de ses finances.

Enfin, là où le gouvernement veut bien investir, c’est dans les éoliennes. Non seulement ces dernières défigurent les paysages et les côtes pittoresques de la France, mais elles restent aussi le symbole du rejet de la France périphérique pour qui le prix de l’électricité, toujours en hausse, représente un facteur d’appauvrissement constant.

Dans les coulisses de la guerre – Israël de l’intérieur

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Immeuble résidentiel détruit à Bat Yam après la guerre avec l'Iran, en Israël, le 30 juin 2025 © Eli Basri / SOPA Images/SIPA

Un entracte à la mode israélienne…


Vivre en Israël, c’est vivre sans le savoir, chaque jour, chaque heure, le livre ouvert de la grande Histoire. Dans l’histoire récente, c’est la guerre déclenchée par la journée du 7-Octobre qui incarne le mieux ce phénomène. Cette journée-là, chaque habitant peut en dérouler le fil heure par heure. Du moment où la première alerte aura retenti, sur les coups de six heures du matin, jusqu’au coucher et bien au-delà, dans les jours suivants. Depuis le 7-Octobre, la perception du temps s’est brouillée. Une année ne ressemble plus vraiment à une année. Elle semble compter double, triple ou alors, à l’inverse, ne plus compter du tout. Nos vies ont perdu l’insouciance qu’elles faisaient semblant d’avoir. Nos projets ont été balayés par une crise de sens. Nos croyances ont vacillé, certains ont changé de bord politique, d’autres sont revenus au pays après une longue expatriation, tandis que certains ont quitté le pays pour trouver un peu de répit.

D’une guerre à une autre

Tels des ouvriers de l’ombre, les Israéliens sont les acteurs inconscients d’une pièce qui s’écrit au-dessus de leurs têtes. Des exploits les plus éclatants aux gestes les plus discrets, tout concourt à soutenir ce collectif, que l’on disait si fragmenté avant le 7-Octobre, et qui pourtant tient encore.

À la guerre du 7-Octobre qui n’est pas encore finie, à la douleur des otages qui sont encore retenus, au deuil des victimes civiles et militaires qui n’a pas de durée, s’est ajoutée « la guerre des douze jours » avec l’Iran.

À peine une semaine après le cessez le feu officiel, nos villes affichent encore des dégâts importants. Nos quotidiens sont encore perturbés, pris dans une sorte de confusion entre un semblant de normalité et une impossibilité d’y parvenir réellement. Un grand nombre de personnes a été déplacé, leurs appartements sont dévastés, leurs commerces ont fermé, leurs vies séparées entre le jour d’avant le bombardement et le jour d’après. Et pourtant, il faut donner à la vie le moyen de l’emporter sur le chaos.

La date avait été posée bien avant cette guerre.

Il s’agissait pour moi et la troupe de comédiens à laquelle j’appartiens de se rendre dans une petite ville située entre Tel Aviv et Ashdod.

Ce soir-là marquerait la fin d’année pour une communauté de bénévoles, réunis pour l’occasion de notre venue. Le buffet était dressé, la scène ornée d’un grand rideau noir, installé pour le spectacle.

Ils nous avaient choisis pour animer cette soirée car notre spécificité est de pratiquer un théâtre d’improvisation dit théâtre playback, qui met en scène les histoires vécues et racontées.

Nous arrivons sur place, nous aiguisons nos voix, nos gestes, nos esprits, nous nous échauffons pour affuter nos outils émotionnels, pour qu’ils s’accrochent à chaque histoire, à chaque détail, et pour que l’histoire partagée, racontée, porte en elle la résonnance la plus universelle possible.

Vera monte sur scène, elle nous remercie d’être venus. Cela fait un mois que nous n’avons pas joué. Un mois que nous sommes privés d’entrainement tandis qu’eux, ces retraités transformés en bénévoles, n’ont pas chômé. Les besoins de la population civile ont explosé, il faut redoubler d’efforts auprès des populations vulnérables, visiter les personnes âgées à domicile, veiller aux troubles émotionnels des enfants, surveiller les signes de post-trauma…

La lumière se tamise, nous nous asseyons sur les chaises disposées sur la scène et nous nous rendons présents aux histoires.

Rina brode chaque jour avec son groupe des poupées anti-stress pour enfants et adultes. De petites poupées qu’on peut glisser dans un sac ou dans sa poche, et qu’on peut toucher pour trouver du réconfort quand on se trouve dans les abris.

Sultana lit des contes aux enfants, un moment privilégié pour préserver leur imaginaire.

Rose-Hélène anime un groupe de bénévoles qui vont visiter les personnes âgées à domicile. Les alertes à répétition ont aggravé leur isolement. Elles se coupent du monde et n’ont même plus la force de descendre et de monter les escaliers menant aux abris publics.

Rempart invisible

À travers ces visages, leurs prénoms, et leurs histoires, c’est la colonne vertébrale du pays qui se dresse devant nous. Ce rempart invisible, tissé au sein de la société civile, reste pourtant largement ignoré.

Au cœur de leurs histoires mêlées, on parvient à entendre ce qui ne se dit pas, ou alors si bas, une fatigue profonde, une tension diffuse, fruit de cette guerre, que dis-je, de ces guerres simultanées qui s’additionnent et mettent à mal notre santé mentale individuelle et collective.

Investis d’une responsabilité immense, nous nous levons. Nous allons jouer sans préparation, sans concertation, à travers un simple échange de regard, leurs histoires, mais en allant au-delà de leurs mots.

Noa, Amir, Oren et moi, plongeons dans le jeu. La mission est folle, mais elle nous venge de ces semaines sans art, sans joie. L’hébreu me vient, accolé à mon accent français indélébile, il est l’enfant que j’appelle dans le noir, à la rescousse, pour me traduire de l’intérieur.

Les histoires s’incarnent devant leurs yeux de vieux enfants.

Ils rient, ils pleurent.

Nous entrons dans leurs vies, dans la force de ce qu’ils ont su énoncer. Dans la confusion de leurs sentiments, l’épuisement, l’espoir, les traumatismes.

Je me sens soudain légère, j’oublie mon hébreu bancal, j’oublie mes approximations de jeu et de langage, je me détache de ce qui me manque pour faire honneur à ce qui existe, ici et maintenant, sur cette scène communale.

Nous sommes leurs vies. Nous donnons des couleurs, des voix à ces soldats de l’ombre.

L’improvisation s’envole.

Elle prend une tournure amusante, nos inconscients forment au-dessus de nos têtes des scénarios inattendus qui nous dépassent.

Nous retrouvons la puissance qui nous avait quittée.

La joie du jeu. La légèreté de la voix créative qui nous ressource et nous porte vers l’avant.

Et puis, soudain, une fuite, l’énergie de la salle qui s’en va.

Une agitation, quelque chose qui se dissipe, qui nous retire brutalement l’attention de la salle.

Je me risque à tourner la tête, je veux comprendre.

Ils ouvrent en hâte leurs sacs, leurs téléphones vibrent de partout, leurs doigts glissent sur les écrans.

Leurs regards sont désolés.

C’est l’appel auquel nous n’avons pas le droit de manquer.

C’est l’alerte.

Nous l’avions déjà oubliée.

Car ici, il suffit d’une semaine de répit pour que nos esprits résilients parviennent déjà à ensevelir des souvenirs douloureux.

Nous n’avons plus de public.

La salle s’est brutalement vidée. Ils se sont levés dans le calme comme un seul homme, celui que les épreuves de l’Histoire leur ont appris à devenir.

Les vieux s’agrippent aux plus jeunes. Les déambulateurs s’arrêtent en haut des marches. Nous descendons tous, spectateurs et acteurs unis dans un même sort, un même silence. Certains nous sourient, nous remercient déjà. « C’était beau », « vous êtes Française ? », « tout ça, sans préparation ».

L’intensité de ce qui vient de se dérouler me parcourt et m’extraie encore de cette scène, somme toutes banale.

Et puis, nous remontons vers la salle. Le spectacle reprend. Il avait seulement été mis sur pause. Je m’en amuse. Un entracte à la mode israélienne. Et sans mot, nos yeux disent ce que nos bouches taisent : la guerre n’est toujours pas finie.

Le chanteur antisioniste, la canicule et l’ex-petite copine juive

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Le chanteur hollandais Douwe Bob photographié en 2016 © Martin Meissner/AP/SIPA

À Amsterdam, une rencontre sportive et familiale juive a dégénéré en âpres discussions sur la signification du mot « sionisme » et avec la fuite de l’artiste qui devait s’y produire et qui le tient en horreur.


Le chanteur en question s’appelle Douwe Bob, Amstellodamois trentenaire fort en gueule qui n’a pas hésité à se qualifier de « garçon juif, en quelque sorte ». Contre toute évidence généalogique, d’ailleurs.

Coup de chaud

Dimanche 29 juin, Douwe Bob était l’invité de la fête annuelle Jom Ha Voetbal1 sur les terrains du club de football AFC dans le sud d’Amsterdam. Autour d’un tournoi de foot pour de très jeunes garçons et filles y convergent traditionnellement de nombreux membres de la communauté juive de la capitale néerlandaise et d’ailleurs, toutes tendances politiques et religieuses confondues.

Sous un soleil de plomb, des fans de Douwe Bob, souvent en tenue sportive, attendaient avec impatience l’arrivée, en retard, comme sied à une vedette, du chanteur qui cependant les saluait avec les propos suivants: « Bonjour, j’ai vu ici tant de manifestations de sentiments que j’abhorre, que j’ai décidé d’annuler mon concert. Votre fête a été séquestrée par des organisations politiques, avec leurs slogans et leurs pamphlets. Je suis un garçon juif d’Amsterdam, en quelque sorte, mais je m’oppose au sionisme. »

Après leur avoir souhaité une bonne continuation, il a tendu son micro à un technicien et s’est hâté, avec son guitariste, vers la sortie où l’attendait sa moto.

Les jeunes fans n’y ont pas compris grand-chose, à en croire des parents présents et forcés d’expliquer les propos sibyllins. L’hebdomadaire Nieuw Israëlitiesch Weekblad cite une mère qui, jugeant sa fille de 10 ans trop jeune pour une dissertation sur le sionisme, lui a menti et a affirmé que Douwe Bob avait eu un coup de chaleur et, de ce fait, était incapable de chanter… Un père de famille, journaliste et intellectuel connu, s’est creusé les méninges sur l’explication qu’il se devait de donner à son gamin, à savoir que pendant une fête juive un chanteur avait boudé de jeunes Juifs sur un thème qui les dépasse totalement.

Le poster de la discorde

Il paraît qu’un poster près de la scène d’une organisation de jeunes Juifs, Netzer, où figure le mot néerlandais « zionistisch » ait éveillé le courroux du chanteur. Netzer se tient cependant éloigné des controverses sur la politique de Benyamin Nétanyahou. Un autre stand, plus éloigné de la scène, chantait cependant les louanges de Tsahal, a en revanche constaté un journaliste du journal AD.

Le fait divers n’a pas manqué de se répandre comme une trainée de poudre dans le petit monde politico-journalistique pendant ce dimanche caniculaire. Des politiciens israélophiles de haut niveau s’en sont mêlés, comme la dirigeante liberale Dilan Yesilgöz, qui a accusé Douwe Bob de « haine contre les Juifs ».

J’ai un très bon ami juif…

Le soir même, dans un programme d’actualités à la télévision, le chanteur a affirmé que ses propos lui avaient valu des menaces de mort. Il s’est défendu maladroitement en disant qu’une de ses (nombreuses) ex-copines était juive, Israélienne même. Laquelle ex ne manqua pas de manifester sa désapprobation d’être ainsi utilisée comme alibi… Douwe Bob a rappelé aussi que, l’année dernière, il avait chanté une chanson lors de l’ouverture du musée de l’Holocauste à Amsterdam, tandis que, dehors, des manifestants hurlaient leur haine contre la présence du président israélien Isaac Herzog.

L’affaire passionne les médias néerlandais, où de doctes digressions sur la signification du mot sionisme alternent avec des rappels des nombreux cas d’infidélité conjugale de Douwe Bob, qui représenta les Pays-Bas à l’Eurovision de 2016, ou il termina onzième.

Mercredi matin, le 2 juin, Douwe Bob a annoncé sa fuite sur Instagram, en voiture avec femme et enfant, hors des Pays-Bas suite à des menaces de mort. A l’en croire, sous escorte policière, ce que nient les autorités. Sera-t-il de retour le week-end prochain, alors qu’il est attendu à d’autres festivals d’été, sans sionistes cette fois-ci ?

  1. https://www.jomhavoetbal.nl/ ↩︎

Manuel Ostermann: le cri d’un flic dans une Allemagne à la dérive

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Manuel Ostermann photographié en 2023. DR.

Dans un pays où 12 attentats islamistes ont causé 20 morts et 118 blessés entre 2016 et 2024, le livre Deutschland ist nicht mehr sicher du policier est en tête des ventes en librairie. Nous l’avons lu.


Manuel Ostermann n’a jamais été du genre à plier devant les tabous. Policier dans la Ruhr, il a vu son pays se fracturer de l’intérieur, miné par une insécurité galopante. Dans son livre « Deutschland ist nicht mehr sicher » (« L’Allemagne n’est plus sûre »), publié en juin 2025 et déjà propulsé best-seller (n°1 sur Amazon), il vide son sac avec une franchise brutale : criminalité hors de contrôle, immigration débordante, police transformée en punching-ball…

Simbach am Inn : l’illusion migratoire de 2015

En 2015, Manuel Ostermann, jeune policier fédéral, est envoyé à Simbach am Inn, petite ville bavaroise à la frontière autrichienne, en plein cœur de la crise migratoire. Lui qui n’avait vu la guerre qu’à la télévision s’attendait à encadrer des familles syriennes brisées mais reconnaissantes. Quelle désillusion ! Il découvre une vague humaine, massive, indomptable, accueillie par des Bavarois en liesse brandissant des ours en peluche. Mais les bons sentiments s’effritent vite face à la réalité. Les Syriens aux regards hagards ? Quasi introuvables. À leur place, des hommes arabes qui jettent leurs passeports avant la frontière pour brouiller leur identité et éviter l’expulsion. Leur première exigence, assénée avec une assurance sidérante : « Où est le Wi-Fi ? ». Les policiers réalisent alors qu’ils n’ont pas affaire à des réfugiés fuyant la guerre, mais à des opportunistes venus chercher fortune en Allemagne, sans intention de s’intégrer.

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Ostermann, sonné, se retrouve à placarder des affiches expliquant comment utiliser des toilettes – sinon, c’est la nature qui fait office de latrines. À l’heure des repas, le spectacle est plus cruel encore : les hommes s’accaparent la nourriture, engloutissant les rations sous les yeux de femmes et d’enfants affamés. Le policier saisit alors une réalité brutale : cette vague humaine, ces dizaines de milliers de nouveaux arrivants, seront incapables d’adopter les us et coutumes européens. Une bombe à retardement vient de franchir la frontière.

De retour dans la Ruhr, Ostermann gravit les échelons, devient officier, s’engage dans le syndicalisme policier et rejoint la CDU. Il écoute ses collègues, recueille leurs récits. Tous convergent vers une même conclusion : l’Allemagne fonce tête baissée vers le chaos. La crise migratoire a planté les graines d’une fracture durable, dont les effets se font sentir dix ans plus tard.

Une Allemagne qui renie ses couleurs

L’Euro 2024 fait vibrer l’Allemagne, et dans les rangs des flics, on ose rêver d’un sursaut patriotique. Un écusson noir-rouge-or sur l’uniforme, une voiture de patrouille aux couleurs nationales : juste un signe pour dire « nous sommes là, pour l’Allemagne ». Mais l’État, sous Olaf Scholz, oppose un « verboten » cinglant. Neutralité, qu’ils disent. La fierté nationale ? Suspecte, dangereuse, trop chargée du poids de l’histoire. Dans une Allemagne qui se flagelle depuis 1945, brandir le drapeau noir-rouge-or reste un crime de lèse-mémoire.

Mais que vienne la Gay Pride, et tout change. Exit la neutralité. Les commissariats ont pour consigne de se parer d’arcs-en-ciel, les voitures de police deviennent des chars de parade. L’État, si pudibond face à sa propre identité, devient prêt à placarder son engagement progressiste jusqu’au Reichstag. Le summum ? Qatar 2022, match Allemagne-Japon. Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur, trône en tribune, sans l’ombre d’un drapeau allemand. Mais sur son bras, bien visible, le brassard « One Love », étendard des minorités sexuelles.

Dans les commissariats, il est désormais interdit de demander le « dead name », le nom de naissance des suspects transgenres, de peur d’offenser les sensibilités. Les procédures s’évanouissent, la priorité absolue étant de ne heurter personne. La justice s’efface, et le drapeau arc-en-ciel impose sa loi.

Wokisme et islamisme : une alliance contre-nature

Ostermann dresse un constat alarmant : l’Allemagne est rongée par un mélange explosif de wokisme et d’islamisme. Prenons les « Omas gegen Rechts »[1], ces « Mamies contre la droite », un groupe de militantes âgées de 50 à 90 ans, drapées dans leur vertu progressiste. Subventionnées à hauteur de 5 000 euros pour « promouvoir la démocratie », ces féministes autoproclamées s’acharnent contre l’extrême droite. Pourtant, on les retrouve dans des manifestations pro-palestiniennes, keffieh au cou, défilant main dans la main avec des islamistes, parfois proches du Hamas. Une alliance paradoxale, comme le souligne Ostermann : comment des championnes de l’égalité des genres peuvent-elles fraterniser avec les tenants d’une idéologie qui opprime les femmes ?

Au cœur de ce mouvement, une figure : Cansın Köktürk, sorte de Rima Hassan allemande. Cette élue de gauche, expulsée du Bundestag en juin 2025[2] pour avoir arboré un tee-shirt « Palestine », incarne cette contradiction. Keffieh en bandoulière, elle scande des slogans anti-Israël. Mais où est son indignation face aux Iraniennes privées d’éducation, voilées de force, ou aux fillettes mariées sous la contrainte ? Silence radio. Pour Ostermann, le wokisme a ses obsessions : vouer l’Occident aux gémonies, brandir le keffieh comme un étendard, vilipender les forces de l’ordre. Ces « mamies » ne réalisent-elles pas qu’une société sans police serait leur propre arrêt de mort, livrée au chaos ?

Les chiffres sont éloquents. Entre 2024 et 2025, les infractions sexuelles bondissent de 9,3 %. La part des agresseurs non-Allemands grimpe de 15,7 %, celle des migrants de 10,3 %. Un sondage de 2025 sur Gayromeo révèle que 30 % des homosexuels interrogés envisagent de voter pour l’AfD[3], en réaction aux agressions attribuées à des populations arabo-musulmanes. La radicalisation de la gauche alimente celle de la droite, chaque extrême nourrissant son opposé.

Une police à l’agonie

Manuel Ostermann, sollicité pour un poste à la CDU, a choisi de rester sur le terrain, auprès de ses collègues. Les policiers, épuisés, font face à une délinquance juvénile en explosion, des agressions physiques, un sentiment d’abandon et un discrédit généralisé. Équipements vétustes, salaires indignes, lois obsolètes, manque de perspectives : les démissions s’enchaînent. S’ajoutent à cela des campagnes orchestrées sur les réseaux sociaux visant à museler les voix divergentes, entravant le travail des forces de l’ordre. Lors d’un rassemblement de la CDU, 11 policiers sont blessés par des activistes d’Attac et des antifas. Ostermann alerte : « Nous vivons dans un monde où les policiers auront bientôt besoin d’une protection policière. »

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L’extrême gauche, forte de 37 000 membres en 2023 (+1,4 %), dont 11 200 prêts à la violence, rejette structurellement la police, prônant son désarmement, voire son abolition. Une police affaiblie, c’est un pouvoir consolidé pour ces extrémistes. Mais la gauche modérée mesure-t-elle le danger d’un tel projet, qui précipiterait l’Allemagne dans l’anarchie ? Pour Ostermann, la police reste le dernier rempart de la démocratie.

Le drame de Rouven Laur : un symbole tragique

Le drame de Rouven Laur[4] hante Manuel Ostermann. Ce policier de 29 ans, tué en 2024 par un Afghan de 25 ans proche de l’État islamique, incarnait l’engagement des flics allemands. Laur, animé par une volonté d’intégration, avait appris l’arabe pour dialoguer avec les migrants, espérant construire des ponts. Mais son geste d’ouverture n’a pas suffi à le protéger. Poignardé lors d’une intervention, il est devenu un symbole des risques encourus par les forces de l’ordre face à une menace islamiste croissante. Ce meurtre a choqué l’Allemagne, révélant la vulnérabilité des policiers dans un climat de tensions exacerbées.

Les fêtes traditionnelles, telles que le Carnaval ou les marchés de Noël, sont désormais placées sous haute surveillance ou supprimées en raison de la menace terroriste. Entre 2021 et 2025, 365 891 entrées illégales à la frontière sont comptabilisées, un nombre supérieur à la population de Münster. En 2024, 79 crimes sont recensés chaque jour, ainsi que 761 viols collectifs dont 48 % des auteurs sont d’origine étrangère. Depuis 2011, 1 150 Allemands ont rejoint des groupes terroristes en Syrie et en Irak, dont seule la moitié est revenue. De 2016 à 2024, 12 attentats islamistes ont causé 20 morts et 118 blessés.

L’islamisme, menace numéro un

Pour Ostermann, l’islamisme, dopé par les flux migratoires, représente le danger numéro un pour l’Allemagne. Il asphyxie les cultures, fait annuler festivals et événements sportifs, entrave les libertés, et propage des discours anti-chrétiens et anti-israéliens, souvent teintés de soutien au Hamas. Des « territoires perdus », à l’image de ceux observés en France, voient le jour, où règnent la loi des clans et l’anarchie. Ostermann insiste, balayant un préjugé tenace : la police n’abandonne pas ces zones, elle se contente d’obéir aux ordres politiques. Son slogan claque comme une évidence : sans sécurité, ni liberté ni démocratie. Pour Ostermann, l’heure n’est plus aux diagnostics mais à l’ultimatum. L’Allemagne a franchi le seuil, et ce qui vient ne sera pas une crise, mais un basculement. Son livre ? Le dernier avertissement avant l’effondrement.

Manuel Ostermann, Deutschland ist nicht mehr sicher (en allemand), Éditions Deutscher Wirtschaftsbuch, juin 2025. 256 pages


[1] https://www.nouvelobs.com/monde/20250217.OBS100419/elections-en-allemagne-qui-sont-les-omas-gegen-rechts-ces-mamies-qui-se-battent-contre-l-extreme-droite.html

[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/allemagne-une-militante-pro-palestienne-expulsee-du-bundestag-20250604

[3] https://www.causeur.fr/uberraschung-l-arc-en-ciel-vire-a-droite-afd-homosexuels-301862

[4] https://fr.aleteia.org/2024/06/17/sans-lui-cest-moi-qui-serais-mort-le-poignant-hommage-au-policier-poignarde-a-mannheim/

Dans la caravane

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Le bouchon de Tourves, Nationale 7. Unsplash.

Monsieur Nostalgie nous envoie une carte postale du Tour de France et en profite pour louer les vertus des « petites » routes. Il dit oui aux départementales !


Quand les températures grimpent, les villes surchauffent et les esprits s’échauffent ; dans les rues de la capitale, les altercations se multiplient, les incivilités polluent aujourd’hui le quotidien de tous les usagers (automobilistes, cyclistes, piétons, chauffeurs, etc.) comme si la courtoisie avait laissé place à l’insulte et à la menace. La cohabitation est ce rêve devenu impossible face à l’égoïsme de chacun. Un mot de trop, un coup de klaxon éruptif, une main levée en signe de désespoir et la situation peut dégénérer, virer au cauchemar urbain. La peur s’installe au volant ou au guidon. À chaque carrefour, le drame sourd. Nous sommes perpétuellement sur nos gardes. Les éclats de voix sont annonciateurs d’une violence sans filtre, ils n’ont plus le charme et le folklore à la Pagnol.

Bas instincts

Plus personne ne semble être maître de ses nerfs. Les citadins finissent par croire que la route n’est que désolation et embrouilles infinies. Qu’elle serait le théâtre seulement des plus bas instincts, l’expression décomplexée de notre face la plus sombre. Alors qu’à l’approche des vacances, une départementale ombragée est la promesse d’un avenir meilleur. Un doux présage. On s’y engouffre, on s’y prélasse et on s’y sent bien. Que les entrailles de notre pays ont fière allure avec leurs champs et leurs haies, leurs vaches et leurs rivières, leurs calvaires et leurs bornes Michelin. Regardez bien ces paysages du Berry, de la Creuse ou du Béarn, ces volutes à travers la campagne, ces îlots de calme et de fraîcheur, loin du fracas, ils dessinent les coutures de notre vieux pays, son armature des temps immémoriaux. Avec eux, on retrouve un peu d’évasion et d’apaisement. L’estime de soi. Ils sont propices à la rêverie et au temps enfin retrouvé. Cette province des bourgs et des villages a tant à nous apprendre, à nous souvenir, à nous rééduquer sur notre façon de conduire et de profiter de quelques jours arrachés à la virtualité assassine. Donnez-moi, durant une semaine, une Peugeot 404 aux ailes tendues ou une Lambretta fatiguée, un scooter à bout de souffle comme dans la chanson de Voulzy, et une route gendarmée par une rangée de platanes, je serai un homme heureux. Car la route et l’automobile n’ont pas toujours été des frères ennemis. Ces deux-là, ensemble, ont façonné un imaginaire collectif, celui des grands départs, des bouchons et de la famille réunie, tout ce qui manque cruellement aux peuples sans repères.

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Glorieuse Nationale 7

Partout en France, dès l’arrivée des beaux jours, la nostalgie des carrosseries anciennes réenchante l’asphalte. Aucun cœur, même le plus sec, ne peut résister à ces cortèges de voitures, de mobylettes et d’estafettes, à la queuleleu, c’est un peu notre tapisserie de Bayeux des heures mécaniques. Ils étaient encore plus de 800 au 43ème Tour de Bretagne début juin dans les Côtes-d’Armor. Les Français ont soif de cette farandole-là. Elle est pleine de vie et d’une communion d’esprit qui sédimente. Le succès de la Nationale 7 en est la preuve. Désormais, on la vénère, on la panthéonise, on lui restitue ses titres de gloire. Elle fait même de la concurrence à la Route 66, cette starlette américaine. Elle fut comme l’a montré un récent reportage à la télévision, l’épine dorsale gastronomique des Trente Glorieuses, le passage de témoin des mères nourricières aux chefs étoilés. On y mangeait bien et elle faisait partie de la magie du voyage. Elle était Le voyage. La route et les autos, cette longue histoire se perpétuera en juillet dans la caravane publicitaire du Tour de France. Elle passera peut-être par chez vous, avant le peloton et les hélicos de l’organisation. Vous ne la verrez pas dans le poste mais elle attire des milliers de personnes venus assister au dernier spectacle gratuit à retentissement mondial. Avec ses engins déguisés en forme de tasse à café ou de baril de lessive, elle est joyeuse, amusante, désuète, donc essentielle.

Quand elle traverse nos provinces et qu’elle est acclamée par des enfants, l’émotion nous étreint. Ce n’est rien, presque rien, et pourtant l’espoir renaît.

Tendre est la province

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Cinéma: l’envers du décor

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Le réalisateur Stanley Kubrick, 1er mai 1984 © MARY EVANS/SIPA

Les films nous racontent des histoires. Mais qui nous raconte celles des films ? Journaliste collaborant à Première et Télérama, l’historien du cinéma Olivier Rajchman revient sur des tournages mythiques du 7e art dans son dernier livre. Un ouvrage qui a changé le regard que notre chroniqueur porte sur le cinéma


On se rend dans une salle de cinéma, on regarde un film, on en sort ébloui ou déçu ou, pire, indifférent et on s’imagine peut-être qu’il n’y avait là rien d’extraordinaire. Un spectacle comme un autre. Quand on lit le remarquable livre L’Aventure des films, d’Olivier Rajchman, on comprend tout. Les très grands films sont des tours de force, des miracles.

Une sélection de vingt films

Pour apprécier cet ouvrage critique de haute volée, je l’admets volontiers, il convient d’être un amateur épris de cinéma, attentif à tout ce qu’il a apporté et sensible à son histoire, de l’éclat des stars aux modestes mais irremplaçables contributions des seconds rôles. Mais il est vrai que la connaissance du cinéma devrait faire partie de la culture générale, tant elle permet une vision du monde, de la société et de l’être humain, qui s’ajoute aux formations plus classiques.

Dissipons d’emblée un malentendu qui a failli m’égarer. Olivier Rajchman, dans son choix des vingt films qu’il considère comme emblématiques, ne se prononce pas sur leur excellence, leur supériorité qualitative mais explique parfaitement que chacun d’eux a été décisif dans la création d’un genre et qu’à ce titre il a sa place dans ce panthéon. Aussi bien « Autant en emporte le vent » que « À bout de souffle », « Chinatown » que « Barbie », « Le Dernier métro » que « Chantons sous la pluie » par exemple.

En lisant Olivier Rajchman, j’ai abandonné l’approche superficielle que j’avais du cinéma. J’ai maintenant conscience qu’il s’agit, dans tous les cas, d’un travail colossal et très éprouvant pour les nerfs. Tous ceux qui participent à l’élaboration du film passent par des phases de désespoir, avant d’en être très rarement satisfaits !

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Je n’imaginais pas les épreuves, la minutie, le perfectionnisme, l’ampleur et la fatigue des tâches qui conduisent, dans le meilleur des cas, au sublime, ou au moins imparfait possible. La collaboration constante et infiniment créatrice entre le producteur, le ou les scénaristes et le réalisateur est impressionnante parfois de solidarité, souvent d’antagonismes surmontés, d’écoute, de tolérance, d’échanges puissants et sans concession, d’abandons puis de reprises, de pessimisme amendé par un optimisme que le travail fourni fait surgir.

Éprouvantes entreprises

Je n’aurais garde d’oublier les acteurs qui, choisis pour ce qu’ils vont apporter au film – sans le moindre doute pour certains, pour d’autres après moult hésitations et revirements -, peuvent faire preuve d’un caractère, d’une implication ou non, qui compliquent ou facilitent le processus de création.

Le réalisateur est le personnage central de cette magnifique et éprouvante entreprise, de sa conception à peine esquissée jusqu’à sa diffusion en majesté. On est effaré par le nombre d’incidents techniques, personnels, humains et psychologiques, que doit régler un metteur en scène appelé à se muer en médecin des âmes et des sensibilités avant d’être un maître dans son activité artistique. Et tous les réalisateurs n’ont pas la politesse, la patience et la tranquillité constante d’un François Truffaut !

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On ne peut pas non plus passer sous silence le rôle capital de l’auteur de la musique, qui a son idée se confrontant parfois à celle du réalisateur. Dans les moments de grâce, la musique de film n’est pas un ornement mais une puissance à part entière comme Ennio Morricone l’a toujours voulu.

Il faut rendre justice à l’infinie richesse de ce livre, de ses chapitres qui pour chaque film, mélangeant genèse, construction intellectuelle, détails techniques, approfondissement des personnages, anecdotes de tournage, focalisation sur les acteurs, histoire des rapports entre producteurs, scénaristes, réalisateurs et compositeurs, offre un panorama complet et passionnant de la tâche himalayesque d’une œuvre menée à terme ! Je ne traiterai plus jamais le cinéma à la légère.

448 pages.

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New York: la plus grande ville juive du monde peut-elle élire maire Zohran Mamdani?

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Alexandria Ocasio-Cortez et Zohran Kwame Mamdani, New York, 8 juin 2025 © Europa Newswire/Shutterstock/SIPA

L’ultra-progressiste Zohran Mamdani est loin d’être uniquement cet opposant « radical » à Trump que nous présente la bonne presse…


Les résultats du vote à la primaire démocrate pour la Mairie de New York ont été connus 48h à peine après un bombardement américain sur l’Iran qui laissait peu de place médiatique à la victoire d’un inconnu à une élection municipale qui ne se tiendrait que six mois plus tard, victoire qui ne fut d’ailleurs officielle que le 1er juillet. Ce délai s’explique par le système de vote utilisé, vote à choix classés dans lequel les voix sont redistribuées en fonction du classement des candidats par chaque électeur. On aboutit à un résultat qui compare les deux candidats les mieux placés, les autres ayant disparu dans les décomptes successifs. Donc Zohran Mamdani, 33 ans, a gagné par 56% des voix contre 44% à Andrew Cuomo, ex-gouverneur de l’État de New York.

Ce système électoral, qui a été étrenné avec succès à New York, mais qui est déjà utilisé en Australie, en Irlande et dans l’État du Maine favorise les candidats les plus consensuels aux dépens de ceux qui sont plus clivants. Ne rêvez pas, il n’est pas près de s’appliquer en France. Est-ce à dire que Zohran Mamdani est un candidat modéré ?

Ennemi virulent d’Israël

Un ennemi virulent d’Israël, disent la plupart des organisations sionistes. Cela signifiait pour moi que New York, la plus grande ville juive du monde, même si le nombre de Juifs, un million environ, y est bien plus réduit qu’il y a cinquante ans, risque d’élire en novembre  un maire antisémite. À des amis New-Yorkais: j’ai demandé comment cela était possible… et leur réponse m’a sidéré…

Ils soutiennent Zohran Mamdani, jeune, intègre et expérimenté. Il défend la justice sociale, les travailleurs étrangers, arbitrairement pourchassés par la police d’immigration de Trump alors qu’ils travaillent et paient leurs impôts, mais qu’ils n’ont pas de permis de séjour à cause des dysfonctionnements administratifs. M. Mamdani réclame plus de crèches, des allocations pour les plus pauvres, un gel des loyers et plus d’inclusion pour les minorités. Et puis, il l’a dit et redit, il n’est absolument pas antisémite…

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Je précise que mes amis sont des Juifs orthodoxes très liés à Israël, que l’épouse a longtemps travaillé dans une grande organisation sioniste et qu’ils habitent West End Manhattan, un des quartiers les plus huppés des États-Unis. 

Alors j’ai essayé d’en savoir un peu plus sur Zahran Mamdani.

Sa mère, Mira Nair, est une célèbre cinéaste indo-américaine. Son père, musulman d’origine indienne, éduqué en Ouganda, est aujourd’hui un des critiques de l’impérialisme les plus influents du monde anglophone. Il est titulaire à Columbia de la chaire de Sciences politiques Herbert Lehman, nommée d’après un homme politique du New Deal, philanthrope juif et sioniste convaincu. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’en est pas de même de Mahmoud Mamdani, qui s’est révélé depuis le 7-Octobre un opposant d’Israël parmi les plus virulents du campus.

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Ses livres, dont ses partisans disent que certains sont des chefs d’œuvre, reposent sur la thèse que la violence n’est pas culturellement liée à l’islam mais qu’elle provient des choix effectués par les puissances impérialistes dans un désir de domination. Ce sont elles qui dans un but anti-soviétique ont favorisé  en Afghanistan l’islam religieux, elles qui ont fait naitre un Etat juif fondé sur une identité ethno-religieuse, elles aussi qui avaient créé au Rwanda des identités hutu et tutsi artificielles dont le résultat fut un génocide. Mahmoud Mamdani prétend que toute violence est politique et doit être contextualisée. Il plaide en Palestine pour un état non identitaire, post national et post ethnique où Juifs et musulmans se mélangeraient sans accroc. En somme une laïcité à la française de rêve…

Mahmoud Mamdani façonne ses thèses sur ces postulats préétablis, refuse toute culpabilité qui ne serait pas impérialiste, oublie l’expulsion des Juifs du monde arabe comme la charte du Hamas et prône un futur idyllique qui ne pourrait se transformer qu’en cauchemar pour une minorité juive. 

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Son fils reconnait à Israël le droit à exister, mais si on l’interroge mieux, on voit qu’il voudrait que chacun y ait des droits égaux, que l’apartheid qu’il dit exister actuellement disparaisse et que les Palestiniens bénéficient du droit au retour. Le 8 octobre, il a regretté les morts des deux côtés, n’a pas cité le Hamas et a fait porter la responsabilité sur l’occupation israélienne. Inutile d’ajouter que l’existence d’un génocide à Gaza est pour lui une évidence. Il a demandé à mondialiser l’intifada et a répondu aux critiques que intifada, c’est aussi le terme par lequel on traduit en arabe l’insurrection du ghetto de Varsovie, donc un terme indiscutablement honorable. En somme, sous un couvercle universaliste une garantie de destruction d’Israël.

Comme étudiant il avait été au premier rang des manifestations de BDS et de Students for Justice in Palestine. Il accuse aujourd’hui Netanyahu d’être un criminel de guerre génocidaire. Il réserve d’ailleurs les mêmes qualificatifs à l’Indien Modi.

Soutenu par Bernie Sanders

S’il répète la pensée paternelle, il a ajouté son sourire, son charisme, son expertise en réseaux sociaux, ses talents de rappeur et producteur hip-hop ainsi que son expérience personnelle de juriste auprès des mal-logés de New York. Tout cela explique l’engouement auprès des jeunes et le soutien de poids lourds de la gauche progressiste américaine, Alexandria Ocasio‑Cortez, la célèbre  AOC, la pasionaria pro-palestinienne Linda Sarsour et le sénateur Bernie Sanders. Car la victoire de Zharan Mamdani, c’est la victoire d’un parti démocrate progressiste sur un parti démocrate traditionnel tétanisé depuis la victoire de Trump. D’autres établiront peut-être les liens de ce courant progressiste avec un financement qatari dont l’importance n’est plus à démontrer.

Le discours de Zohran Mamdani convient aux mouvements juifs antisionistes  devenus très présents sur la scène américaine tels «Jewish Voice for Peace» ou «IfNotNow», sans compter probablement aux 30 000 familles Satmar de Williamsburg, sensibles aussi aux questions de loyers. Mais sa victoire a été aussi digérée, et parfois même soutenue, par des Juifs sionistes authentiques sensibles aux questions de justice sociale, très soucieux de paix et de morale et souvent aussi très hostiles à Benyamin Nétanyahou. Tels sont Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate au Sénat et Jerry Nadler, inamovible représentant démocrate de Manhattan au Congrès, deux personnalités politiques juives majeures de New York qui, après sa victoire ont félicité Zohran Mamdani, certainement à contre-cœur, mais l’ont félicité quand même.

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Zahran Mamdani a bénéficié du soutien des jeunes, des mal-logés et de tous ceux qui voudraient un parti démocrate plus progressif et qui ont accusé Andrew Cuomo, l’ex-gouverneur de l’Etat de New York, longtemps en tête des sondages, de collusion avec les Républicains. M. Cuomo représentait d’autant plus le «vieux monde», celui des liens avec les syndicats plutôt qu’avec les jeunes, qu’il avait dû démissionner de ses fonctions de gouverneur à la suite d’accusations de harcèlement sexuel. Celles-ci n’ont finalement pas été retenues par la justice mais sa réputation en a été définitivement entachée, d’autant que c’est à l’Etat donc au contribuable new-yorkais de payer les 60 millions de dollars de frais de procédure. Cuomo sera malgré tout encore candidat en novembre sous un autre nom de parti mais ses chances seront très faibles. 

Ce sera aussi le cas du maire actuel Eric Adams, un policier noir dont l’arrivée à la Mairie représentait y a quatre ans une remarquable success story. Sa mandature a été mise à mal par une accusation de corruption liée à des passe-droits sur l’immeuble bâti pour la délégation turque à l’ONU, et sur lequel pesait l’exigence de Erdogan d’inauguration rapide, pour la session d’ouverture de l’ONU. Eric Adams qui n’a pas osé participer à la primaire démocrate se présentera en candidat indépendant, mais on ne donne pas fort de ses chances, même si toute procédure ici encore a été abandonnée, car sur lui pèse la suspicion d’avoir cédé à l’administration Trump et ses exigences d’expulsions en échange d’un non-lieu personnel.

Aussi bien Cuomo que Adams ont d’excellentes relations avec la communauté juive. Je le regrette pour mes amis New-Yorkais, mais je doute qu’il en soit de même pour Zahran Mamdani, désormais favori des sondages. Son élection apporterait une nouvelle fois la démonstration qu’une campagne axée sur d’âpres sujets économiques et sociaux, tels les bons alimentaires et les réductions d’abonnements de transports devient plus plaisante et plus mobilisatrice si elle s’effectue sous un couvercle de détestation d’Israël. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris.

Wimbledon, l’élégance à l’anglaise

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Londres, 2 juillet 2025 © Shutterstock/SIPA

Seul le service-volée, qui tend à disparaitre, manque aux conservateurs et autres esthètes du beau jeu…


En plein cœur d’une époque qui pèche trop souvent par défaut d’élégance, Wimbledon est l’un des tout derniers bastions où la tradition résiste à la modernité. À l’écart d’un monde devenu fou, le All England Club, antre de la compétition, est un havre de paix où les balles que l’on s’échange sont jaunes et n’ont d’autre objectif que celui de tuer les illusions de l’adversaire ; rétif à la déconstruction de tous les repères, le tournoi londonien résiste aux progressistes zélés ; comme pour défier le temps qui défile, la quinzaine pose son ancre sur la vie.

Les tenues blanches tranchent avec les accoutrements criards de l’époque et, dans leurs uniformes immaculés, les joueurs rivalisent d’une classe qu’aucun défilé de mode sans doute n’égalera : a-t-on d’ailleurs jamais vu homme plus élégant que Roger Federer entrant sur le court en costume nivéen ou – pardonnez-moi ce jugement peu dans l’esprit du temps – femme plus belle que Maria Sharapova dans sa robe blanche ? Les rythmes binaires de la musique moderne sont remplacés par le bruit sourd des échanges qui perturbent à peine le flegme des spectateurs. La chaleur pose son dôme en plein cœur d’un été à propos duquel on pense encore naïvement qu’à l’instar de l’enfance ou des moments heureux, il ne terminera jamais. 

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Wimbledon a accouché des plus grands champions de l’histoire du jeu : Fred Perry, avant d’être la marque prisée par les mods et la jeunesse politisée, fut pendant plusieurs décennies le dernier joueur de tennis britannique à inscrire son nom au palmarès avant qu’Andy Murray ne rectifiât l’anomalie ; Stefan Edberg et Boum Boum Becker, l’eau et le feu, les deux héros de mon enfance, jouèrent trois finales consécutives au tournant des années 90 ; l’esthète Roger coiffa les lauriers à huit reprises, une fois de plus que le plus grand joueur de tous les temps, Novak Djokovic, et que Pete Sampras ; chez les femmes, Martina Navratilova vint gagner au filet neuf éditions, Steffi Graff et Serena Williams raflèrent la mise à sept reprises, la Française Suzanne Lenglen remporta le dernier de ses six titres il y a tout juste un siècle.      

Si Wimbledon est le tournoi des traditions, certaines se dérobent toutefois. Pendant longtemps, le service-volée a dicté le rythme des rencontres. Ce coup exercé à la hussarde est le mariage de la puissance et de la finesse, l’esthétisme des guerriers, la preuve que la virilité est une question d’audace plus que de gros coups assénés à la force du bras ; cet enchaînement est l’art des funambules et des voltigeurs ; il est une intrusion aux confins du territoire adverse que l’on pourrait, si l’on n’y prenait garde, confondre avec une déclaration de guerre ; il est la stratégie des impatients qui veulent finir en deux coups là où d’autres usent et abusent des préliminaires. Désormais, prudence oblige, on reste le plus souvent au fond du court. 

Wimbledon restera toutefois Wimbledon tant que les crépuscules de début d’été darderont leurs derniers rayons sur le Central Court, que l’anglais de la BBC nous paraîtra aisé à comprendre, que les Anglais mangeront des fraises accompagnées de crème dans les gradins et que le gazon, martyrisé par le martèlement des pas, finira, comme toutes les chevelures, par se clairsemer au fil de la quinzaine. À la fin de celle-ci, cette année comme toutes les précédentes, un peu de l’été s’en sera allé, les jours et nos vies auront perdu de leur longueur et de nouveaux champions auront inscrit pour l’éternité leur nom à l’auguste palmarès. 

Le créole pour tous!

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© Stephane Lemouton-POOL/SIPA

Le leader de lextrême gauche et chantre de la « Nouvelle France » n’a rien compris au créole. Il le sait, mais, pour prendre le pouvoir, il est un « déconstructeur » prêt à tout qui s’assume.


Jean-Luc Mélenchon a proposé dernièrement de rebaptiser la langue française et de l’appeler désormais « langue créole ». Cela ressemble fortement à une conversion forcée, car la langue française ne répond pas à la définition du créole que donne le Larousse : « langue née du contact d’une langue européenne avec une langue locale ou importée et devenue langue maternelle dans une communauté créole ». Il existe des créoles à base de français, d’anglais, de portugais, etc. ; issus de la colonisation et de l’esclavage, et qu’on trouve historiquement dans les contrées les ayant connus. Si donc, certains créoles se sont constitués à partir du français, c’est qu’il y a bel et bien du français ! Précisons immédiatement que les créoles sont des langues à part entière, qu’il n’y a donc aucune discrimination dans le fait de dire que la langue française n’en est pas ; c’est simplement une question de constitution.

Ben mon côlon (colon)

Jean-Luc Mélenchon a également affirmé que le français, créole ou non cette fois-ci, n’appartenait plus aux Français mais à tous ceux qui le parlaient de par le monde. Ajoutant que ce sont les gens qui vont à la langue et pas la langue qui va à eux. Drôle de formule qui contredit l’Histoire puisque si d’autres que les Français parlent le français, mis à part les amoureux inconditionnels qui ne sont jamais légion, c’est bien parce que la langue française est allée à eux et pas avec des pincettes ! Par ailleurs, le fait qu’une trentaine d’autres pays que la France parlent le français, est une bonne nouvelle dans le globish généralisé, mais cela n’implique aucunement que le français ne serait pas la langue de la France. Quant aux apports des autres langues qu’on trouve dans la nôtre, apports qu’on trouve du reste dans bien d’autres langues, nul n’a jamais songé à les nier, mais ces apports, souvent sous forme de mots, n’ont pas affecté les structures essentielles de la langue française. Enfin, Jean-Luc Mélenchon a introduit sa proposition en affirmant que la langue française était langue coloniale et impériale ; ce qui contredit le principe même de « langue créole » !

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Cela n’a jamais empêché que la langue française dont on semble toujours déplorer je ne sais quelle rigidité d’extrême droite n’est-ce pas, connaisse des rencontres heureuses entre créole précisément et elle-même. Voir les littératures antillaises et africaines qui nous offrent des mixages linguistiques luxuriants et baroques. Mais, précisément, cela s’appelle littérature, laquelle réalise des écarts à la norme que réalisent d’autant mieux ceux qui, précisément, connaissent la norme…

Les derniers seront les premiers

Et Jean-Luc Melenchon le sait parfaitement qui pratique un français souvent savoureux, qui n’hésite pas à nous servir quelques imparfaits du subjonctif etc. Dans le genre : « Je maîtrise la langue », il n’est pas le dernier !

En revanche, le sont tous ceux auxquels on fait croire qu’il n’est en rien nécessaire d’apprendre lexique, grammaire, orthographe, et qu’ils peuvent baragouiner toute leur vie avec deux noms, trois adjectifs et quatre verbes, et que cela profitera à la créolisation mondialisée à laquelle nous serions appelés.

Alain Bentolila, linguiste, s’est exprimé au sujet de ce projet (Marianne du 24 /6 et Le Figaro du 28/6) et je renvoie le lecteur à ce qu’il en dit. Il avance même l’idée que Jean-Luc Mélenchon voudrait être le seul à parler… De fait, vouloir embellir la pauvreté linguistique des jeunes avec l’idée que tout cela serait du créole en devenir est une imposture et permet, effectivement, d’être le seul, au bout du compte, à détenir la parole. On ne peut également s’empêcher de penser qu’il s’agit, une fois de plus, d’un exercice de dépossession nationale tant l’idée d’une « identité française » qui passerait par « la langue française » serait à abattre, et qu’il faudrait derechef lui en substituer une autre. Mais, ironie de l’histoire, cette dépossession touche également les langues créoles qui tiennent à leur particularité et ne veulent pas être noyées dans l’indistinction. Il aura donc réussi à fâcher tout le monde ! 

Bref, il n’y a rien qui va dans cette histoire. Mais on aura compris que si la langue française n’est pas une « langue créole », il s’agit qu’elle le devienne…