Notre spécialiste des Etats-Unis revient sur la rupture fracassante et les affrontements récents houleux entre le président des États-Unis et le géant de la tech. Le milliardaire aura passé cent-trente jours au sein de l’administration, et contrairement à ce que prévoyaient de mauvaises langues, il en sort plus pauvre que quand il y est entré
C’est un divorce dans la douleur et tout le monde a pu assister aux scènes de ménages. Avec fracas et bris de vaisselles. Mais c’est aussi une leçon de réalisme politique et la première rupture du second mandat de Donald Trump. Il s’agit de la fin de sa collaboration avec Elon Musk, marquée par une furieuse joute verbale sur les réseaux sociaux.
Après une cordiale cérémonie d’adieu dans le bureau ovale le 31 mai, où il s’est vu offrir une clé de la Maison Blanche, Elon Musk s’en est pris à la loi budgétaire actuellement débattue au Sénat, appelant les Républicains à « tuer cette loi », alors qu’elle est essentielle à l’accomplissement du programme et des promesses électorales de Donald Trump. Inévitablement le président s’est offusqué, et a répliqué à son ancien collaborateur. Le ton entre les deux est monté et les pires menaces et insinuations ont été échangées…
Cette fin brutale à une association politique improbable n’est pas en soi une surprise. La séparation couvait depuis des semaines. Sa violence verbale tient en partie aux personnalités hors normes de deux protagonistes, et à leurs égos démesurés. Mais il y a plus.
L’alliance d’un chef d’entreprise visionnaire devenu l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, avec un autre entrepreneur visionnaire devenu président des Etats-Unis et donc l’homme le plus puissant de la planète, Donald Trump, avait quelque chose d’extraordinairement prometteur et totalement irréel à la fois.
Le premier imagine le monde de demain, le second façonne le monde d’aujourd’hui. L’innovation et la haute technologie s’étaient mises au service de la plus puissante démocratie. Cela promettait un feu d’artifice. En fait il y a surtout eu des étincelles, jusqu’à ce que tout cela parte en flammes.
Retour sur une idylle politique inattendue, les raisons de sa fin brutale, et les leçons pour l’avenir.
Un intrigant couple politique
Le rapprochement entre Elon Musk et Donald Trump date de la campagne présidentielle américaine de 2024. Plus précisément de la tentative d’assassinat dont Trump fut la cible le 13 juillet 2024 à Butler en Pennsylvanie.

Jusqu’alors Musk avait plutôt émis des réserves sur le personnage. « Sa personnalité ne donnerait pas une bonne image du pays », avait-il dit en 2016, préférant soutenir Hillary Clinton pour la Maison Blanche. Idem en 2020 où il avait penché pour Joe Biden. Toutefois la campagne présidentielle de 2020 puis la politique de l’administration démocrate à partir de 2021 provoquèrent un déclic chez lui.
Musk observa un détournement de la démocratie doublé d’une attaque contre la liberté d’expression, menés par le parti Démocrate avec la complicité des grands médias et des réseaux sociaux. Ce fut l’affaire des « Twitter files », quand des milliers de comptes d’internautes furent supprimés, et leurs messages bloqués, soient parce qu’ils étaient favorables à Donald Trump, soient parce qu’ils s’opposaient à l’obligation vaccinale dans le cadre du Covid, soit parce qu’ils dénonçaient la corruption du clan Biden et l’existence bien réelle d’un ordinateur appartenant au fils Hunter (le fameux « laptop from hell ») contenant les preuves de cette corruption.
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La dérive « wokiste » de la nouvelle administration acheva de détourner Musk du parti démocrate. « Ce parti était celui-ci de la gentillesse, il est devenu celui de la division, de la haine, et des sales combines dit-il en 2022, Je ne peux plus le soutenir. »
Au soir de l’attentat de Butler, quand il apparut à Musk que les « sales combines » du parti Démocrate pouvaient aller jusqu’à laisser l’ancien président et candidat adverse être assassiné, il prit position, haut et fort en sa faveur.
Dès lors il devint omniprésent dans la campagne de Trump, venant conclure ses réunions publiques en sautant sur scène comme un cabri. Il dépensa aussi 225 millions de dollars dans la campagne du candidat républicain contribuant à attirer un électorat plus jeune, plus urbain et plus branché, que les traditionnels supporters du mouvement « MAGA ».
Ministère Musk
L’élection remportée, Trump et Musk convinrent d’une nouvelle mission pour le génial entrepreneur. Il serait placé à la tête d’un nouveau ministère chargé de faire des économies budgétaires. Avec un déficit de 1,7 milliers de milliards et une dette de 37 mille milliards de dollars, la tâche était facile à justifier. Ce ministère est devenu le DOGE, pour « Department of Government Efficiency », dont la mission est de faire la chasse aux « abus, gaspillages et fraudes » au sein de l’administration. Aux dires de Trump et Musk, des centaines de milliards de dollars, voire des milliers, pouvaient être économisés, simplement en rendant le gouvernement plus efficace.
Musk a foncé tête baissée. Avec un enthousiasme non dissimulé. En appliquant les méthodes de la Silicon Valley. A savoir, « aller vite et casser des choses » (« Move Fast & Break Things »). Il s’agit de déstabiliser délibérément ses interlocuteurs par l’étendue des coupes envisagées et la rapidité d’exécution, pour imposer une nouvelle façon de penser et de d’opérer.

Ce fut un blitzkrieg managérial avec des annulations de postes par dizaines de milliers, des économies budgétaires par dizaines de milliards et la suppression pure et simple de certaines agences, telle l’USAID, l’agence d’aide internationale. Ce faisant Musk réduisait aussi « l’Etat profond », cet Etat dans l’Etat qui vit à travers les dizaines de milliers de fonctionnaires habituellement inamovibles et qui injectent leur idéologie dans leur fonction. Il rendait donc un double service à Trump qui, depuis son arrivée sur la scène politique a juré « d’assécher le marais » (« drain the swamp ») c’est-à-dire d’éliminer l’Etat profond et sa corruption endémique.
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Le choc fut brutal et l’opposition lente à s’organiser tant la méthode était inattendue. C’était néanmoins celle que Musk avait utilisée pour Twitter. Après avoir racheté le réseau social pour une somme colossale (44 milliards de dollars), à l’automne 2022, Musk avait licencié 80% des employés (les effectifs étaient tombés de 7 500 à 1 500). Et l’entreprise avait continué de fonctionner. Pourquoi une telle approche ne fonctionnerait-elle donc pas pour le gouvernement ?
La méthode fut saluée par des hurlements de plaisir chez les militants conservateurs. Au forum CPAC, en février, Musk se vit remettre une tronçonneuse par le président argentin Javier Milei, grand apôtre du libertarisme, pour illustrer son rapport à la bureaucratie…
Mais en coulisse les choses étaient plus houleuses. Plusieurs personnalités de l’administration Trump manifestèrent leur déplaisir face à la brutalité des méthodes de Musk et leur impact sur l’image des Etats-Unis. Notamment Marco Rubio, le secrétaire d’Etat. Pour eux, Musk mettait en danger la réputation et la fiabilité des Etats-Unis voire leurs objectifs stratégiques. Trump prit leur parti et il fut demandé à Musk d’opérer désormais « au scalpel » et non plus « à la tronçonneuse ».
Cette restriction imposée au milliardaire fut le premier clou dans son cercueil. Lui qui était omniprésent et que certains accusaient d’agir comme un « co-président », venait d’être recadré par les membres du cabinet et désavoué par son employeur et patron, le président.
Musk soutint qu’il n’avait pas d’autre choix que de tailler radicalement dans la dépense: « La dette publique n’est pas tenable dit-il. Le gouvernement dépense plus pour financer les seuls intérêts de la dette que pour financer la défense du pays… A ce rythme nous allons à la faillite.»
Musk souligna alors que loin d’être un « co-président », il était « aux ordres » du président. Au journaliste de la chaine Fox News, Sean Hannity, Musk confia en avril : « Le président Trump est le représentant élu du peuple, il représente la volonté du peuple, si la bureaucratie s’oppose à la volonté du président et bloque son action alors la bureaucratie s’oppose à la volonté du peuple et nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes en bureaucratie. »
La bureaucratie, justement s’est aussi rebiffé. Des juges fédéraux Démocrates, prenant la défense des personnes licenciées, ont bloqué l’action de DOGE, arguant de son inconstitutionnalité et de son illégalité. Musk est devenu la tête de turc de l’administration Trump. Il a été vilipendé et caricaturé dans les médias. Ses prises de position politiques – notamment son soutien au parti nationaliste allemand AFD, ont été dénoncées. On l’a accusé de sympathies « nazi » (accusation néanmoins fréquente venant de la gauche envers quiconque ose critiquer le wokisme). Les violences verbales ont débouché sur des violences physiques et des actes terroristes. Des voitures Tesla ont été brulées et des concessionnaires vandalisés. L’action de la compagnie s’est effondrée en bourse. Trump a soutenu son collaborateur et promis d’acheter une Tesla. Début mars, il a convoqué la presse à la Maison Blanche pour mettre en scène la vente.

Aussi spectaculaire fut-elle, l’opération de pub avait quelque chose d’un chant du cygne pour Elon Musk. En quelques semaines, le DOGE avait déjà fait le tour des départements et agences gouvernementales et réalisé 160 milliards de dollars d’économie. C’était énorme, mais loin du millier de milliards envisagé initialement. La montagne avait accouché d’une souris. Certes DOGE avait mis à jour des abus honteux – comme le nombre de personnes décédés percevant toujours une pension de retraite – mais le résultat n’était pas la hauteur des attentes, ni du remue-ménage suscité.
« Kill the bill »
Musk n’était plus la coqueluche de la Maison Blanche. Et Trump avait déjà reporté son attention sur d’autres. A partir d’avril, la question des tarifs devint sa priorité, remplacée début mai par son conflit avec l’université d’Harvard, et début juin par la « Big Beautiful Bill ».
Autant de questions qui, au passage, ont mis en lumière les profondes divergences de vues entre les deux hommes.
Musk s’oppose aux tarifs douaniers. C’est un partisan du libre-échange. Et comme il possède des usines en Chine, l’idée de surtaxer les importations chinoises lui déplait.
Sur l’immigration il a souligné le besoin des entreprises américaines d’avoir les meilleurs ingénieurs sous la main et donc de faire venir encore plus d’étudiants étrangers. Le président et les supporters MAGA s’y opposent.
La « Big Beautiful Bill », surnom de la loi budgétaire à l’étude, contient des dizaines de milliards de dollars de dépenses inutiles à son goût. D’autant qu’elles décrédibilisent sa propre mission. Pourquoi lui demander de faire des économies, si c’est pour dépenser inconsidérément derrière… ?
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Le vote de cette loi, par la Chambre des représentants, fin mai, avec une seule voix de majorité, 215 contre 214, sera la goutte d’eau de trop. Celle qui a fait déborder le vase de ses récriminations.
Trois jours après la cérémonie d’adieu dans le bureau ovale, Musk se lâche sur sa plateforme X : « Désolé, écrit-il, mais je ne peux pas me retenir plus longtemps, cette monstrueuse loi est une abjecte abomination, honte à ceux qui l’ont voté. Vous avez fait du mal et vous le savez ». Ce sont tous les élus Républicains de la chambre qui sont visés.
A présent ce texte est devant le Sénat. Il est capital pour Trump que la loi passe. Il répond instantanément à son ancien collaborateur sur son propre réseau Truth Social. « Cette loi est magnifique » écrit-il « elle va ouvrir la voie au nouvel âge d’or de l’Amérique… Elle va engendrer la prospérité et le retour de la grandeur. » Et de signer « MAGA »
Musk n’en démord pas : « « Appelez votre sénateur, » dit-il à ses millions de suiveurs sur X. « Il faut tuer cette loi. » (Kill the bill)
La guerre des tweets
« Musk est devenu fou », a répondu Trump. J’ai supprimé les subventions aux véhicules électriques et il a pété les plombs. Pourtant il était au courant depuis longtemps. »
Quand un internaute suggère qu’il est temps de destituer Trump (impeach) – une menace habituellement mise en avant par les Démocrates – Musk dit simplement « oui ».
La guerre des tweets ne s’arrête pas là.
« Le meilleur moyen d’économiser des milliards et des milliards de dollars dans le budget est du supprimer les contrats avec Space X et les entreprises d’Elon Musk », écrit Trump.
Musk le prend au mot. « Dès à présent, mon « space-dragon » (la fusée Space X qui approvisionne la station internationale de l’espace) cesse d’être à la disposition de la NASA » écrit-il sur X.
Quelques heures plus tard, il est revenu sur ce tweet. Space X et la NASA vont continuer de coopérer. Starlink aussi. Musk est un acteur incontournable du programme spatial américain, civil et militaire, et quelles ques soient ses relations avec l’homme de la Maison blanche, l’idée d’un rupture entre ses sociétés et le gouvernement est inconcevable.
Il a néanmoins accusé le président « d’ingratitude ». « Sans moi il aurait perdu l’élection. »
« J’aurai gagné même sans lui » répond Trump. « Que Musk se retourne contre moi ne me dérange pas, mais il aurait du le faire plus tôt. Il a tort de critiquer la « big beautfiul bill », c’est une des meilleures lois jamais rédigées, elle va mettre notre pays sur la voie de la grandeur… »
Musk lâche enfin une dernière « bombe » : « Trump est impliqué dans le dossier Epstein, c’est pourquoi ce dossier n’a pas été rendu public » écrit-il sur X. Une accusation qu’il ne peut pas bien sûr prouver, et qui ne convainc personne. Sauf que le dossier Epstein que Trump avait promis de totalement publier, ne l’a pas encore été…
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Cette fois Trump ne répond pas. Quand on lui demande s’il va appeler Musk, il répond « non ». « Je suis déçu de son comportement. Je l’ai beaucoup aidé… » Rien ne sert d’envenimer encore les choses… Il a d’autres priorités plus importantes, dont la fameuse « Big Beautiful Bill ».
C’est bien elle qui est au cœur du divorce. Son passage est essentiel à la réussite du mandat de Donald Trump. Et tant pis si elle contient un peu trop de ce « gras de porc » (« pork barrel » en anglais), nom donné aux petits programmes locaux ne servant qu’à graisser la patte des élus pour garantir leur vote… Elle contient surtout l’ensemble de son programme économique, et de ses promesses de sa campagne. Elle forme un tout cohérent qui comprend la sécurisation de la frontière, la relance des énergies fossiles pour parvenir à une dominance globale, une réforme de l’aide sociale, l’élimination des subventions aux énergies dites vertes, un renforcement du secteur de la défense et la pérennisation de baisses d’impôts votées lors de son premier mandat qui, si elles venaient à ne pas être prolongées, représentaient un surplus de ponction fiscale très pénalisant pour l’économie américaine. Bref, Donald Trump ne peut pas se permettre de voir cette loi rejetée.
Elon s’est trompé…
Elle est bien plus importante que les états d’âme d’Elon Musk. En appelant les élus à « tuer » le texte, Musk a commis une faute inacceptable et impardonnable. Il a tenté de monter une partie du camp républicain contre le président. Alors que les Républicains ont une majorité infiniment étroite au Congrès.
Musk s’est laissé emporter. Il a péché par narcissisme et naïveté. Il a montré sa méconnaissance de la politique. Il s’est trompé sur son rôle, sa place et son pouvoir. Il n’était pas le « roi », mais le « conseiller du roi » agissant au gré de la volonté du roi. Sa présence dans l’entourage du roi était un privilège octroyé par le roi, pas un droit.
Musk a aussi eu la naïveté de croire que sa mission avec le DOGE était la plus importante et le narcissisme de penser qu’il était incontournable. Il a cru que le besoin de combler le déficit budgétaire était la priorité du président Trump. Elle ne l’est pas. Sa priorité est de faire passer son programme. Tout son programme. Les économies budgétaires n’en sont qu’un détail.
Enfin il a été vexé de voir, en effet, les subventions aux véhicules électriques supprimées par cette loi, qui octroie en même temps de nouvelles subventions pour la production d’énergies fossiles. D’où son accusation d’ingratitude envers Trump…
Il n’empêche. Musk aurait dû comprendre que la politique impose des concessions et que Trump avait dû en faire pour espérer voir la « Big Beautiful Bill » passer. L’heure n’était donc pas aux récriminations et aux divisions mais à l’unité. Les griefs de Musk sont survenus au pire moment.
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D’autant que si la croissance économique générée par le passage de ce texte de loi est bien au rendez-vous, le déficit et la dette seront comblés par le haut, c’est-à-dire par des revenus supplémentaires. C’est bien l’un des objectifs de cette loi et du programme de Donald Trump.
C’en est donc fini du binôme du bureau ovale. Ceux qui ont parlé d’une présidence « bicéphale » en sont pour leurs frais. Ceux qui ont dit que Musk était là pour s’enrichir aussi. Le milliardaire aura passé cent-trente jours au sein de l’administration et il en sort plus pauvre que quand il y est entré. Sa compagnie Tesla a perdu près de deux cents milliards de dollars de capitalisation boursière en un an.
Cé départ menace-t-il le reste de la présidence Trump ? N’en déplaise à Elon Musk, non. Au contraire.
Le milliardaire est un trublion incontrôlable. D’un certain côté, Trump est heureux d’en être débarrassé. Son ascension n’avait jamais été vue d’un bon œil par la base MAGA, notamment les militants des premières heures, ceux que Steve Bannon avait rassemblés pour obtenir la victoire surprise de 2016.
L’arrivée des techno-libertariens
Les autres milliardaires de la « Tech » qui se sont ralliés à Donald Trump depuis sa victoire en sont prévenus : on n’achète pas ce président. Et c’est lui seul qui décide. Le dernier grief de Musk a été de voir la candidature de Jared Isaacson, autre milliardaire de la Silicon Valley, pour diriger la NASA, retirée par Trump. Pressenti dès le mois de décembre 2024 pour prendre la tête de l’agence aérospatiale américaine, avec laquelle Musk a de nombreux contrats, Isaacson a été récusé le 31 mai ! Le jour même du départ d’Elon Musk. Motif ? Isaacson a soutenu des candidats Démocrates en 2024. Or Donald Trump ne veut à des postes de responsabilités que des gens à la loyauté indéfectible…

Il est vrai que jusqu’à l’été dernier, tous les « magnats » de la Silicon Valley, ne juraient que par le parti de l’âne, et déclaraient haut et fort leur adhésion au wokisme. Ils ne se sont rangés derrière Donald Trump que lorsque sa victoire électorale s’est dessinée. Marc Zuckerberg, le patron de Facebook, a fait un mea culpa public et déclaré son engagement pour la liberté d’expression. Jeff Bezos, patron d’Amazon et propriétaire du Washington Post s’est contenté de ne pas prendre parti pour un candidat ou l’autre, comme les quotidiens américains le font d’habitude.
Tous cependant étaient présents sous la coupole du Capitole pour l’investiture.
Ces « oligarques » américains ne représentent cependant pas une force politique soudée et homogène. Ils ont juste beaucoup, beaucoup d’argent à leur disposition, ce qui fait inévitablement baver les politiques… Quand à leurs idées, elles divergent, sauf pour une tendance commune à la détestation de la bureaucratie. Cela a suffi pour que les médias les qualifient de « techno-libertariens » et évoquent le spectre d’un gouvernement du monde par ces oligarques soucieux de liberté, d’efficacité et d’opportunité mais certainement pas de justice sociale…
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Toutefois on est très loin de la réalité d’un tel gouvernement. Depuis sa rupture avec Trump, Elon Musk a émis l’idée de fonder un nouveau parti politique, appelé le Parti Américain, et de défier les candidats républicains lors de primaires avant les élections intermédiaires de 2026. C’est un projet sans avenir. Une entreprise mort-née.
En 1992 déjà, Ross Perot, un autre milliardaire de l’informatique, était entré dans la course à la présidence avec la volonté de réduire la dette et le déficit, qui étaient à des niveaux incomparables à ceux d’aujourd’hui mais déjà jugés excessifs. A l’arrivée, il n’avait pas été élu, mais il avait fait perdre George Bush et permis l’élection de Bill Clinton. Dix ans plus tard son mouvement avait disparu, alors que la dette avait progressé de 50%. Si Musk fonde un parti avec le même objectif, il connaîtra le même sort. Il pourrait faire perdre le candidat Républicain en 2028, et quelques autres dès 2026, mais sa formation n’aurait aucune chance de s’imposer sur le long terme.
N’en déplaise à son égo, Musk ne représente qu’une petite cohorte de « geeks » présents dans la Silicon Valley. Ce sont quelques milliers d’électeurs, guère plus. Donald Trump représente 75 millions d’électeurs, d’âges, de milieux, d’origines, de sexes, de religions et de couleurs différents. La lutte n’est pas égale et Musk devrait s’en rendre compte.
Karoline Leavitt, la jeune porte-parole de la Maison Blanche a parfaitement résumé la situation pour ramener de la sérénité dans ce clash : « En tant que chef d’entreprise Elon Musk a le droit de parler pour défendre ses entreprises. En tant que chef de l’Etat, Donald Trump a le devoir de se battre pour le pays. »
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