Accueil Site Page 808

Trahison de la gauche républicaine par Macron: les signes avant-coureurs

La gauche laïque-et-republicaine, qui s’offusque ces derniers jours des récentes trahisons de Macron II, est en réalité d’une rare hypocrisie.


Jean-Pierre Chevènement a récemment critiqué la nomination de Pap Ndiaye, estimant qu’elle pourrait « désorienter l’Éducation nationale ». Quant au Printemps républicain, comme nous l’indiquions dans ces colonnes il y a quelques jours, il a en quelque sorte été cocufié par Emmanuel Macron, ne récupérant qu’une malheureuse investiture aux élections législatives.
Ah ! mais quelles indignations surjouées de la part de cette gauche « laïque et républicaine » ces temps-ci ! Des indignations hypocrites. Doublement hypocrites, même ! D’abord parce que le wokisme teinté de décolonialisme du nouveau ministre est dans la droite ligne du projeeeeet macronien que cette gauche a férocement soutenu, ensuite parce qu’il est l’enfant de cette gauche, la conséquence inévitable de ce qu’elle défend depuis des décennies.

Notre numéro en kiosques: Macron II: Que la fête commence!

On vous l’avait bien dit

Ce n’est pas faute de l’avoir alertée, la gauche « laïque et républicaine ». 
Tous les signes étaient là : Macron niant l’existence de la culture française, Macron évoquant les « mâles Blancs », Macron choisissant pour ministres Castaner (prêt à s’agenouiller devant le gang Traoré en rêvant d’un « BLM à la Française ») ou Moreno (qui affirme que le « privilège blanc » existe). Mais non, elle ne voulait ni voir ni entendre, tout ce qui comptait c’était de se draper dans la vertu, de dénoncer en hurlant l’éternel retour des zeurléplusombres, d’invoquer les vérités révélées des infaillibles pontifes de la tenaille identitaire. Et les esprits chagrins ajouteront : d’espérer recevoir sa part de prébendes, entre députations faciles et secrétariats d’État confortables. Oups, raté ! Pas d’entrisme, pas de prébendes, et plus aucune crédibilité. Vous faisiez barrage, j’en suis fort aise, et bien assumez, maintenant.

A lire aussi, du même auteur: L’erreur de Zineb, les fautes de Macron

Mais le mal est plus profond, et sans doute notre gauche laïque et républicaine, malgré son aveuglement bien connu, malgré l’affirmation toujours répétée (quoi que toujours contredite par le réel) de sa supériorité morale, en éprouve-t-elle comme un vague sentiment de gêne.
« D’où parles-tu, camarade ? » est la source du principe woke selon lequel seuls les « concernés » pourraient s’exprimer, confusion entre témoignage et connaissance, avoir un cancer et être cancérologue, et aboutit naturellement à la déclaration de Maboula Soumahoro selon laquelle « un homme Blanc ne peut pas avoir raison contre une femme Noire ». Le socio-traître préfigure le « traître à sa race », « bounty » ou « collabeur » – et on se souvient que c’est aussi dans les rangs de cette gauche « laïque et républicaine » qu’on a cru bon de traiter Zemmour de « Juif de négation »

Le relativisme pernicieux de la gauche

Le refus de la « science bourgeoise » prépare fort logiquement au refus de la « science blanche ». Les délires de la « déconstruction » affirmant que « le langage est fasciste » et que « toute communication est un mot d’ordre » sont l’origine de la subjectivité envahissante et tyrannique des minorités vagissantes qui refusent toute objectivité factuelle pour imposer leurs ressentis. « Du passé faisons table rase », la détestation de « l’ordre bourgeois » et le mépris de l’élitisme contiennent toute la cancel culture, c’est bien le même relativisme moral qui a permis jadis l’exaltation de la pédophilie et autorise aujourd’hui la promotion du hijab et du burqini prétendument féministes et émancipateurs – Eric Piolle ne disant rien d’autre que ce qu’affirma Macron à Strasbourg pendant l’entre-deux-tours. Le dogmatisme idéologique est le même : ceux qui, hier, chantaient les louanges de Staline, de Mao, de Pol Pot, ont toujours autant de mal à se remettre en cause et accusent leurs contradicteurs d’être fascistes comme ils en accusaient De Gaulle, ayant passé la campagne présidentielle à expliquer qu’eux seuls sont véritablement républicains et de ce fait légitimes pour participer au débat public.
Le besoin frénétique des gauchistes de réduire le monde à des rapports de domination se retrouve à l’identique chez les wokes, tout comme l’incapacité à penser les individus libres et responsables (ah, la culture de l’excuse !) pour ne voir en eux que les émanations de groupes – que ces groupes soient « classes sociales » ou « races » est totalement secondaire.

Capture d’écran BFMTV

Et s’il n’y avait que ça ! La défense acharnée de flux migratoires débridés, le droit à la différence et le rejet de l’assimilation pour ne garder que la seule intégration, ne pouvaient conduire qu’à la « créolisation », à la « différence des droits », au multiculturalisme et à l’islamisation – sinon « vous allez créer la guerre civile », pour citer Emmanuel Macron du temps où la gauche « laïque et républicaine » le soutenait sans réserve… Comme quoi, et on ne le dira jamais assez, entre l’immigration massive et la République, il faut choisir.

A lire aussi, Nicolas Lévine: Chevènement chez Macron: misère du souverainisme de gauche

Quant à la laïcité, il a longtemps que la gauche « laïque et républicaine » l’a sacrifiée tout comme elle a sacrifié l’idéal républicain, à la cause supérieure de l’ouverture à l’Autre et de la « tolérance ». Macron n’a fait qu’entériner le fait que la gauche a enterré la laïcité. Son refus d’affirmer les fondements anthropologiques et métaphysiques de la laïcité aboutissent inéluctablement à l’absurde « laïcité ouverte » à la mode Baubérot, Cadène, Bianco et CoeXisTer. 
Car n’en déplaise à ceux qui aiment se prétendre les gardiens du temple de la laïcité, celle-ci n’est pas un hypothétique état naturel de l’homme libéré de toute croyance, hors sol et pleinement émancipé, mais au contraire la croyance fermement proclamée en l’inviolabilité du for intérieur et en la dignité ontologique de l’homme. Croyance qui n’est pas du tout une évidence, mais le choix d’un « saut dans la foi » sans lequel l’idée même de liberté de conscience n’a aucun sens – et croyance qu’il faut assumer d’imposer comme fondement de l’ordre social et des normes collectives.
Loin d’être un rempart contre l’extrême-gauche de la NUPES et la déconstruction/destruction « progressiste » qu’incarne le macronisme, la gauche « laïque et républicaine » ne fait que leur ouvrir la route – sans le vouloir, peut-être, mais avec une constance jamais démentie depuis au moins un demi-siècle. Peut-être aura-t-elle de nouveau un jour des choses à apporter au débat public, mais il lui faudra d’abord reconnaître ses erreurs et ses fautes, et découvrir l’humilité. Autant dire qu’elle a un long, un très long chemin à parcourir…

Le dernier virus cronenbergien n’a pas réussi à contaminer la Croisette!

Loin du chef-d’œuvre annoncé, mais pas honteux pour autant, le dernier opus du maître incontesté du « body horror » et des lectures tératologiques les plus déviantes se veut davantage un best-of de ses œuvres les plus emblématiques qu’une réelle réflexion innovante sur l’état de nos sociétés postmodernes et exsangues. Dommage… 


Déjà-vu ?

Quoi de neuf sous le soleil noir et crépusculaire du roi de l’oxymore, de l’as du bistouri aiguisé, de l’esthète visionnaire (et/ou dystopique) cronenbergien ? Un fâcheux air de déjà-vu, hélas… et de grosse fatigue physiologique qui contamine progressivement les protagonistes et l’écran dans son entièreté mais qui pourrait également préfigurer le stade terminal de notre civilisation décrépite, arrivée à un point de non-retour… Avant une hypothétique lueur d’espoir symbolisée par le versement d’une larmichette par le héros du film à la toute dernière seconde du métrage !    

Poursuivant ses profondes réflexions métaphysiques et biologiques sur la fusion des textures organiques et synthétiques (en l’occurrence ici plastiques suite à des pollutions industrielles grandissantes), Cronenberg pousse très loin le curseur de la fameuse « nouvelle chair » développée jadis dans des films bien plus enlevés et plus inspirés tels que le cultissime “Videodrome” (1983), le très pervers “Faux-semblants” (1988, Grand Prix Festival d’Avoriaz), ou encore le fascinant thriller “Existenz” (1999), trois bombes que l’on vous conseille chaudement de (re)visionner sans délai.

Existenz, 1999 D.R.

Mutations corporelles

La scène d’ouverture de “Crimes of the Future”, la plus lumineuse, est sans doute la plus belle et la plus forte du métrage. Dans un avenir proche qui pourrait être notre monde demain matin, sur une plage déserte, un petit garçon contemple la carcasse d’un bateau échoué non loin de la côte en remplissant machinalement son sceau de sable. Sa mère que l’on devine séparée et célibataire l’appelle pour le repas, puis c’est le drame. Le petit être se réfugie dans une austère salle de bain et mange instinctivement la corbeille poubelle en matières plastiques ! Sa génitrice surgit puis commet l’irréparable dans une scène asphyxiante et très émouvante.

A lire aussi: La loi du désir

Ce drame inaugural servira de fil conducteur à une sombre et tortueuse intrigue qui mettra en scène un étrange couple de « body performers » constitué d’un très vieillissant Viggo Mortensen en parfait sosie de Cronenberg à l’automne de sa vie ainsi que notre Léa Seydoux nationale qui, pour une fois, n’en fait pas des tonnes et prend enfin la mesure d’un rôle tout en subtilité et en nuances.

© Metropolitan FilmExport

Par la puissance de sa volonté, l’artiste malade Viggo / Saul Tenser parvient à développer des tumeurs et excroissances corporelles inédites qu’il parvient à sublimer / mettre en scène dans des spectacles extrêmes et voyeuristes, posant clairement la question de ce qu’est devenu l’entertainment dans nos sociétés dites démocratiques et libérales.

Des performances où la douleur se mêle au plaisir, Eros rejoignant les ténèbres de Thanatos dans des chorégraphies plastiques et esthétiques plutôt réussies et parfois impressionnantes avec effets gore garantis – Âmes sensibles s’abstenir. Une « hype » qui va bientôt susciter la curiosité du Bureau du Registre National des Organes, co-dirigé par une énigmatique Kristen Stewart, mais également celle d’une étrange organisation secrète sans doute avide de provoquer la fin de notre monde afin de basculer dans une nouvelle ère postmoderne et nihiliste.

A lire aussi: “Annihilation”, le film qui ne met personne d’accord

Film référentiel

Ceci étant posé, il convient bien entendu de préciser que Cronenberg entend directement rendre hommage et dialoguer avec son deuxième film d’auteur professionnel et très expérimental baptisé également “Crimes of the Future” (réalisé en 1970). Dans une société futuriste (en fait 1997 !), l’usage massif des produits cosmétiques avait provoqué l’extinction des femmes sur terre ! Dans une étrange clinique à l’architecture froide et soviétique, un ancien cadre médical menait une enquête afin de comprendre les causes de la disparition d’un certain Antoine Rouge, dermatologue devenu fou ainsi que les phénomènes d’excroissances d’organes développées jadis par certaines patientes…

Pour un Cronenberg athée réfutant toute transcendance, le corps est clairement l’unique réalité indépassable, objet de toutes les émotions sensibles et psychiques. Par conséquent, ce qui importe dans la vie ici-bas est de chercher et de trouver en toutes choses la « beauté intérieure », tel l’artiste qui va peaufiner, sculpter, polir son œuvre sans relâche afin d’en extraire les trésors les plus enfouis, fussent-ils ensevelis sous de la boue ou du plomb comme eût dit Baudelaire.

Les références aux plasticiens légendaires Picasso, Duchamp ou encore Bacon sont explicites dans le film, et montrent clairement de quel côté se situe notre artiste-peintre cronenbergien. Les corps monstrueux (du latin monstrare : désigner, rendre visible), mutilés, tuméfiés, stigmatisés, éclatés, recomposés, anamorphosés, en mutation ou en déliquescence peuvent revêtir une certaine beauté, un certain charme et magnétisme, selon la posture et le regard de l’artiste. Cronenberg place à plusieurs reprises dans la bouche de ses personnages les termes de « jouissance », « plaisir » et, sacrilège suprême, de « nouvelle épiphanie » !

Impossible évidemment de ne pas établir de parallèle entre ce synopsis et cet immense artiste bientôt octogénaire confronté à son tour à la maladie et aux drames personnels et intimes qui l’affectent forcément de plus en plus.

A lire aussi: Frank Darcel: année 2030

L’on pourra alors lire cette fable écologique comme son film-somme testamentaire tout en regrettant le côté rabâché de tous ses grands thèmes de prédilection qui ont jadis assuré sa renommée et ses scandales.

Il est peut-être dommage qu’il n’ait pas persisté dans une voie plus originale et sans concession, dans le sillage de ses deux très bons derniers films dont les potentialités de lecture et d’interprétation paraissent vertigineuses, “Cosmopolis” (adapté du roman de Don DeLillo, 2012) et surtout “Maps to the Stars” (2014), déconstruction en règle du système actuel hollywoodien, mercantile, individualiste et profondément hypocrite, vaniteux et totalement creux.

Reste la question centrale et plutôt angoissante posée par ces “Crimes du Futur” : comment résister (retarder ? anticiper ? accompagner ? s’adapter ?) à l’avènement de cette « nouvelle chair » dans une société post-industrielle submergée par des pollutions plastiques et synthétiques qui auront raison de « l’être humain » digne de ce nom et connu jusqu’ici…

Cronenberg, un oracle néo-païen ? Peut-être trop puissant et cryptique pour les adorateurs d’idoles de Cannes !   

Videodrome

Price: 36,15 €

10 used & new available from 14,48 €

Cosmopolis

Price: 5,90 €

37 used & new available from 1,18 €

La loi du désir

Deux films de femmes, Maria Schrader et Nathalie Álvarez Mesén, explorent la sexualité sans s’enfermer dans le néoféminisme.


Les Germains des jeunes générations étant très majoritairement polyglottes, on ne s’étonnera pas que le nouvel opus de la réalisatrice, comédienne et scénariste allemande Maria Schrader conserve son titre en anglais, « I’m your Man », pour sa sortie en France, de préférence à « Ich bin dein Mensch ». « Je suis ton homme » eût été encore plus plat –  si c’est Dieu possible.  

I’m your man de Maria Schrader, en salles le 29 juin 2022 © Haut et court Christine Fenzl

Priape du troisième type

À Maria Schrader l’on doit, entre autres, en 2016 le film « Stefan Zweig, adieu l’Europe » et, en 2019, une série à succès sur Netflix :  « Unorthodox » –  tropisme judaïque affirmé ! Cette fois, rien à voir.  Alma (Maren Eggert), chercheuse berlinoise entre deux âges d’aspect quelque peu frigide, se voit recrutée par Terrareca, une entreprise high tech qui a développé un prototype de robot humanoïde, pour se prêter, à ses heures perdues trois semaines durant, à une expérience de couple avec Tom (campé par l’acteur britannique – mais parfaitement bilingue anglais-allemand – Dan Stevens), prototype d’automate programmé pour être l’amant idéal. Elle devra rendre son rapport. Le calcul algorithmique inspirant au séducteur de fabrication artificielle ce genre de compliments : « Tes yeux sont deux lacs alpins où je veux me noyer », on comprend que le courant passe mal avec Alma, rapidement excédée par la perfection cybernétique de ce Golem ultra sophistiqué, serviteur multitâches à l’aménité tête-à-claques, doté de méninges si performantes qu’il bande à la demande tel un Priape du troisième type.

S’être gardé de la tentation dystopique pour choisir, sur un registre de comédie légère, de maintenir l’action dans le cadre concret d’une métropole contemporaine, est une excellente idée. La fable y gagne en piquant et en véracité. Morale de l’histoire : à l’heure du sexe virtuel et du développement exponentiel de l’intelligence artificielle, autant étancher sa légitime lubricité dans une créature faillible, mais bien réelle.  Si la machine a ses règles, le désir a sa loi : celle d’un corps fait de chair. Qu’on le veuille ou non.   

Clara et les sales types

La chair ?  Elle traverse « Clara sola », autre film que le dossier de presse résume ainsi : « dans un village reculé du Costa-Rica, une femme de quarante ans renfermée sur elle-même entreprend de se libérer des conventions religieuses et sociales qui ont dominé sa vie, la menant à un éveil sexuel et spiritue». On croirait lire une brochure de propagande féministe !

© Epicentre Films

À dire vrai, ce premier long métrage d’une réalisatrice à moitié Suédoise, née au Costa-Rica d’un père Uruguayen, et qui a fait toutes ses classes en Europe, est bien plus riche, étrange et ambigu que ne le laisse supposer cet énoncé performatif. Le film a été tourné à Vara Blanca, à 1500 mètres d’altitude – paysages fantastiques. Site idéal pour un trip exotique dans cette jungle rurale hors du temps. Clara, vieille fille un peu simplette, guérisseuse à ses heures sous les auspices de la Sainte Vierge, et vénérée comme une madone par les autochtones confits en dévotion, parle aux plantes, aux insectes et à sa superbe jument de robe blanche. Dans ce village reculé où, la nuit, vacillent les lucioles, elle partage avec sa sœur adolescente une maison de bric et de broc que régente une grand-mère follement castratrice –  allez donc vous masturber avec les doigts imbibés de purée de piment !

A lire aussi, Sophie Bachat: Depardieu, sous le signe de la «maudissure»

Affligée d’une déformation des cervicales, Clara, infirme de corps et d’esprit au comportement imprévisible ne voit pas sans envie sa ravissante petite sœur nubile, qui va sur ses quinze ans, folâtrer avec un jeune fermier (le seul mâle du film), par ailleurs bienveillant avec elle jusqu’à l’abnégation. Se palucher à outrance ne sera jamais pour personne un exutoire à la frustration libidinale. Tenaillée par la chair, Clara tentera (sans succès) de violer le viril campesino qui sous son regard empale à loisir sa jeune sœur : par une crise d’hystérie, elle en gâchera la grandiose fête d’anniversaire. Bref, en fait d’éveil sexuel et spirituel, le parcours solitaire de Clara « sola » n’est pas de tout repos, ni pour elle, ni pour les autres.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs l’an passé, ce récit singulier, traversé de bout en bout par ce qu’il est convenu de baptiser du nom de « réalisme magique », captive par une sorte de primitivisme sensoriel. Ce qui en fait une œuvre curieusement habitée. Faut-il à tout prix lui coller une étiquette « féministe » pour avoir le droit d’en dire du bien ?

I’am your Man. Film de Maria Schrader, avec Dan Stevens, Maren Eggert. Allemagne, couleur, 2021.  Durée : 2h01. En salles le 29 juin. 

Clara sola. Film de Nathalie Alvarez Mesen. Avec Wendy Chinchilla Araya, Daniel Castaneda Rincon.  Suède/Costa Rica/ Belgique/ Allemagne/ Espagne. Couleur, 2021. Durée : 1h46. En salles le 1er juin.  

Afrique du Sud: d’oppresseur à opprimé?

L’afrikaans, langue germanique issue du néerlandais, indigène à l’Afrique du Sud, est désormais malmenée par le pouvoir…


Le ministre sud-africain de l’Education Blade Nzimande a déclenché un tollé après avoir décidé de reclasser l’afrikaans comme une « langue étrangère ». Parlée par plus de 10 millions de personnes en Afrique australe, elle est souvent assimilée à l’histoire de l’Apartheid, en raison de son enseignement obligatoire.

Bien qu’elle soit protégée par la constitution, Blade Nzimande, a décidé qu’il était temps de mettre fin à ce qu’il considère comme une « hégémonie linguistique issue du colonialisme européen ». Il a déposé un projet de loi visant à contraindre les universités sud-africaines à introduire davantage de cours en langues noires plutôt marginalisées. Les dirigeants de la communauté Afrikaner ont déposé plainte devant tribunaux compétents, la commission des droits de l’Homme et l’Organisation des Nations Unies afin de dénoncer cette nouvelle discrimination à l’encontre de la minorité afrikaner. « C’est un racisme inversé dégoûtant » a déclaré Leon Schreiber, un député de l’opposition qui a accusé le gouvernement de sectarisme et de haine.

« C’est le comble de la discrimination myope. L’afrikaans a été inventée en Afrique du Sud, pas en Europe ni aux Pays-Bas » a déclaré de son côté Alana Bailey, membre d’Afriforum, un mouvement qui défend les droits des Afrikaners. « La droite blanche est trop occupée par la suprématie de la langue afrikaans et ignore continuellement les neuf autres langues de l’Afrique du Sud postcoloniale. Nous sommes maintenant une Afrique du Sud diversifiée et démocratique, et l’afrikaans n’a pas d’avance particulière sur les autres langues » a rétorqué sèchement Blade Nzimande.

Pris à la gorge par l’ampleur de la polémique, le parti de Nelson Mandela a fini par réagir. « Il est évident que la Cour constitutionnelle considère l’afrikaans comme une langue africaine et indigène en Afrique du Sud » ont déclaré les avocats de l’ANC face à un ministre désavoué, contraint de présenter ses excuses à la communauté afrikaner après deux ans d’intenses procédures juridiques.

Stade de (non)-France: notre fierté nationale outragée


France, où es-tu ? Ce qui s’est passé dans la soirée du 28 mai au Stade de France et surtout dans ses abords, à l’occasion du match Real Madrid contre Liverpool, n’est pas loin d’une honte absolue même si une triste réalité quasiment quotidienne, à Paris ou ailleurs, nous conduit à relativiser ce constat extrême. Offensant la fierté des Français comme elle a dégradé l’image de la France en Europe.

Étrangement, Emmanuel Macron se tait et ne tweete même pas contrairement à son habitude, comme s’il n’y avait que la belle victoire de La Rochelle qui méritait une réaction de sa part !

Dans un excellent édito, ce 30 mai, Pascal Praud a dénoncé une « pauvre France » dans un mélange d’indignation et de dérision (vidéo ci-dessous). D’une certaine manière, il admettait que la France constituait encore une identité que sa faiblesse et ses errements mettaient à mal.

Pour ma part, je me demande si la France telle que nous la voulons et la rêvons existe toujours. Si à force de contredire ce qu’on attend et qu’on espère d’elle, elle n’a pas disparu dans une sorte de brouillard qui laisse le citoyen au mieux stupéfait, au pire catastrophé.

Il n’y a pas besoin d’être le général de Gaulle pour que nous ayons le droit, chacun de nous, d’avoir notre idée de la France.

Je n’ai jamais pu m’empêcher de l’imaginer libre, responsable, courageuse, conciliant l’autorité nécessaire avec le souci prioritaire de la majorité des honnêtes gens, orgueilleuse, consciente de ses devoirs envers tous ses concitoyens, jamais en retard d’une protection, humaniste mais sans naïveté.

Pour le désastre du 29 mai, on pourrait multiplier « défaillances en chaîne » qui, toutes ensemble, ont permis cet opprobre national et abîmé la réputation de notre nation au regard de l’organisation impeccable qu’on attend d’elle dans le futur, pour le rugby comme pour les Jeux olympiques.

Le président de la République, Saint-Pétersbourg ayant été ostracisé, avait fait peser son influence pour que la France accueille cette finale de la Coupe d’Europe dans un délai très bref de trois mois, alors qu’en général il faut au moins un an, voire davantage, pour préparer une telle manifestation. Il est clair que personne n’a été à la hauteur et, bien évidemment, que personne ne sera sanctionné.

Une commission d’enquête parlementaire sera sans doute mise en place, elle prendra du temps, elle dégagera des responsabilités mais je fais le pari que tout s’arrêtera là. Comme d’habitude. Parce que les commissions ne sont pas instituées pour formuler des mises en cause mais pour faire oublier que dans l’immédiateté, aucune démission n’aura été demandée, préfet de police en place, ministres contents d’eux comme s’ils n’étaient concernés par rien, faux billets ou fraudeurs, tout a été perpétré en Angleterre, les coupables sont là-bas… La France est sauve, chez nous l’incurie est patriotique et l’impuissance nationale. Les voyous qui sont venus en razzia, eux, étaient bien de chez nous, ils ont détroussé, volé, agressé les supporteurs anglais mais il paraît que le ministre Darmanin a son plan : on ne les verra plus lors de la coupe du monde du rugby !

Je ne suis pas de ceux qui crient « immigration » comme la cause de tous nos maux, comme chez Molière on invoquait le « poumon ». Tout ce qui a été commis dans la soirée du 29 mai n’a été que le paroxysme, la lamentable synthèse de ce qu’on peut constater ailleurs, par exemple à Saint-Etienne le 30 mai. Rien ne m’étonne plus des fiascos français puisque chaque jour on les subit. L’insécurité augmente de manière effrayante sur tout le territoire, pas seulement à Paris, mais pourquoi s’en émouvoir puisqu’il serait indécent de réclamer le départ de tous ceux qui ont participé au processus de cette honte, de cette soirée prévue pour être festive et devenue le symbole d’un pays qui ne se respecte plus.

Pourquoi ce pouvoir pousserait-il le masochisme jusqu’à s’accabler lui-même puisqu’en toute logique, il devrait tirer les conséquences de son amateurisme, de son impuissance, de cette manie qu’il a de faire porter sur l’étranger, sur les opposants, sur les faibles et les modestes la charge de ses errements ? Faute d’avoir le courage de s’incriminer, il se rengorge.

France, où es-tu ? Cette question n’est pas vaine. Je ne peux pas croire que la France se trouve mêlée à ce délitement, à cette médiocrité. Quand jour après jour le pire ici ou là surgit, qu’il multiplie ses poisons, qu’il blesse et tue, qu’il fait honte aux Français, qu’on est moqué par d’autres pays, la France, ce miracle qui a tenu, a résisté et a brillé, ne peut qu’être absente.

Ne m’appelez plus France pour l’instant.

Poupée de silicone, poupée d’enfants

En août 2020, Amazon proposait à la vente des poupées sexuelles à l’effigie d’enfants…


En 2020, des poupées en vente sur Internet avaient provoqué la mobilisation d’associations de lutte contre la pédocriminalité. Adrien Taquet, Secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, était monté au créneau. Amazon avait rapidement retiré les « articles », en promettant une plus grande vigilance à l’avenir.

Mais en France, l’affaire ne s’est pas arrêtée là. En effet, une fédération d’associations, la Voix de l’enfant, a porté plainte contre le géant de la vente en ligne et une enquête a permis de retrouver un acheteur qui doit répondre de son acte devant la justice ; il s’agit d’un Français de 34 ans résidant en Seine-Maritime.

Le vendeur immatriculé en Chine

Le lundi 16 mai, il comparaissait au tribunal de Dieppe où son avocat a plaidé l’isolement physique et sentimental lors du confinement. Six mois de prison et une obligation de soins ont été requis contre lui, mais la présidente du tribunal a refusé d’homologuer cette peine, considérant celle-ci trop légère par rapport à la gravité des faits. Le jugement a été reporté et la prochaine audience sera publique. Cependant, le parquet a décidé de ne pas poursuivre Amazon, en raison de l’absence d’élément intentionnel de commettre une infraction.

À lire aussi: Prostitution: plongée dans la maison de poupées

Si l’avocat de l’association s’est dit soulagé par la décision de la présidente, en revanche il regrette que l’affaire soit classée sans suite pour Amazon. Néanmoins, une procédure est en cours pour remonter jusqu’au vendeur des poupées, immatriculé en Chine, qui proposait donc sa marchandise par le truchement d’Amazon via sa marketplace.

De quelle manière devons-nous considérer ces poupées?

De simples poupées ? Non, car elles étaient référencées dans la rubrique des sex-toys du site marchand.

Cette affaire nous amène à réfléchir à la fois sur la sexualisation des enfants à notre époque et aux limites que la société impose non seulement aux actes des citoyens mais aussi à leurs désirs. À travers ces poupées en silicone, qui étaient vendues entre 100 et 1000 euros, les corps des enfants sont bel et bien transformés en objets sexuels. Car il est clair que, dans cette affaire, la justice considère que ces poupées ne sont pas des objets permettant à certains d’assouvir leurs fantasmes sans nuire à une personne en chair et en os, mais que leur usage constitue les prémices d’un passage à l’acte.

L’islamiste et le progressiste

L’ancienne rappeuse, qui prétend s’être retirée de la scène médiatique, est sur tous les écrans pour promouvoir son documentaire. Quand elle chantait, sa musique populaire n’intéressait pas Télérama ou France inter, mais sa conversion captive désormais toute cette bonne presse progressiste. Sur « Brut », le journaliste de France inter Augustin Trapenard évite soigneusement les questions qui fâchent.


Quand l’ancienne chanteuse se plaint du harcèlement en ligne, il n’estime pas pertinent de lui parler de Mila. Quand elle se crispe à l’idée que ses enfants puissent être attirés par la musique, le journaliste n’estime pas non plus pertinent de demander à cette « maman » radicalisée si elle irait jusqu’à leur en interdire l’écoute ou la pratique. Analyse.

L’interview de Diam’s par Augustin Trapenard est une opération de prosélytisme au sens le plus basique du terme. Réalisée à l’occasion de la sortie à Cannes du documentaire « Salam » qui met en scène la vie merveilleuse de l’ancienne chanteuse depuis sa conversion, il s’agit d’essayer de rendre désirable et de banaliser un choix de vie radical. Lequel se manifeste par une restriction très forte de toute liberté. Ici c’est la conversion à l’islam le plus sectaire qui est montrée comme une solution pour guérir de la souffrance et de la maladie mentale.

L’exhibition choquante d’une dérive sectaire

Pour vendre une telle caricature, mieux vaut faire fi de toute déontologie journalistique et pour échapper à toute critique, autant revêtir l’absence du professionnalisme du manteau de la bienveillance. Cela permet de plaider l’empathie et de ne pas regarder en face sa propre instrumentalisation au service d’une dérive sectaire. C’est ainsi qu’Augustin Trapenard à aucun moment n’interroge son interlocutrice sur son apparence. Très soucieux de montrer qu’être choqué par une femme revêtue de pied en cape d’un linceul noir qui ne lui laisse que le contour du visage apparent n’est pas au niveau de la gauche progressiste qu’il incarne, jamais Augustin Trapenard n’évoquera le fait que la foi peut être quelque chose de spirituel qui ne s’exhibe pas. Une quête intérieure n’implique pas forcément que l’on jette sa conversion au visage de l’autre en choisissant de porter un vêtement qui est un étendard et qui a été l’uniforme des femmes de Daesh. Mais le « journaliste » a choisi de se crever les yeux et de ne pas voir ce qui est sous son nez. Il banalise l’uniforme que porte Diams et le message qu’il envoie de soumission et d’impureté de la femme. Le fait d’obliger une femme à cacher son corps et ses cheveux est présenté comme normal tant le journaliste fait comme si cette tenue n’appelait aucun commentaire.

A lire aussi, du même auteur: Tariq Ramadan se relance avec… un slam indigéniste

En étalant son empathie, Augustin Trapenard veut montrer qu’une réaction gênée face à la déclaration d’adhésion à l’islamisme que proclame la façon dont est vêtue Mélanie Georgiades ne saurait être vue comme un attachement à la liberté, mais comme une déclaration d’appartenance à la fachosphère. Toute cette interview montre comment le progressisme est devenu le passe-plat de l’islamisme. Ainsi Diam’s n’est jamais interrogée sur le mal être dont elle parle, sur la maladie mentale qu’elle évoque. Pourtant le terme de maladie mentale revient souvent dans l’interview. Elle parle d’elle comme une « survivante », « moi normalement, je suis morte ». Mais on ne saura jamais d’où vient la sensation de vide dont elle parle. En 35 mn d’alignement de clichés, jamais nous n’entendrons quelque chose de personnel, une véritable histoire, jamais rien de profond sur les manques et les difficultés qui ont généré un tel mal-être. Diam’s était malheureuse et suicidaire, l’islam l’a fait renaître, fin de l’histoire.

Toute l’interview est ainsi conçue comme l’accompagnement geignard d’une opération de propagande en faveur de l’islamisme comme possibilité de rédemption. Diam’s est présentée avant tout comme une victime : « cette parole on vous l’a prise, on vous l’a volée » déclare Augustin Trapenard, « ça change quoi de prendre en charge son propre récit ? ». Or à partir du moment où le journaliste se positionne ainsi, comment peut-il ensuite porter la plume dans la plaie ? Pourtant le fait est que la parole de Diams n’a jamais été censurée ni volée. La rappeuse avait décidé de se taire tout en faisant le choix d’une bigoterie qui ne pouvait que surprendre. C’était son droit et d’ailleurs elle ne rebondit guère sur la victimisation que le « journaliste » lui sert sur un plateau, préférant évoquer le vide abyssal qu’elle ressentait à l’époque. C’est à ce moment que l’ancienne rappeuse évoque au-delà d’une paix intérieure qui la fuit, sa peur de n’être plus aimée et cette compensation que l’affection du public lui apportait. Elle raconte que pour certains « elle en faisait trop avec son public » et qu’elle s’est rendue compte que la chaleur de la foule lors des concerts n’empêchait pas la solitude et ne préservait pas de la dépression. Certes l’affirmation n’a rien de révolutionnaire, mais jamais Augustin Trapenard n’évoque la peur du désamour, de l’abandon que l’on ressent derrière cette rare anecdote et qui peut expliquer le refuge vers une version particulièrement stricte de la religion. Autre moment surréaliste, lorsqu’Augustin Trapenard évoque la photo de Diam’s, voilée, sortant d’une mosquée en 2009. Cette photo, qui la montre portant déjà un voile noir qui la recouvre des pieds à la tête, interpelle. Mais pas question d’en parler, d’après lui cela aurait créé tellement de souffrance à la jeune femme qu’il ne souhaite pas revenir sur ce moment. On se demande là si on est en thérapie ou encore dans le cadre d’une interview. Entre la complaisance du passeur de plats et l’agressivité déplacée de celui qui veut créer le buzz à tout prix, il y avait tout de même la possibilité de juste faire un travail honnête. Mais non, de ce qui fait basculer Diam’s dans l’islamisme, même quiétiste, il ne sera jamais question.

« Diam’s pose une question à la France », quelle tarte à la crème !

L’homme préfère expliquer que « Diam’s malgré elle pose une question à la France ». Comme tous les artistes, elle est un « thermomètre de la société ». Celle-ci met alors en avant la violence et la haine qu’elle a suscitée suite à cette photo, expliquant que le thermomètre indiquait « quelque chose que l’on n’avait pas réalisé ». Ce qui permet à Augustin Trapenard, non de lui poser une question, mais d’abonder dans son sens : « pourquoi quand on se tourne vers la religion, c’est qu’on a forcément pété les plombs par exemple ? ». Le ton indique clairement que seuls les imbéciles raisonnent ainsi, sauf que, ce qui est involontairement drôle c’est que Diam’s a effectivement « pété les plombs » avant de se tourner vers la religion. Elle est l’exacte illustration de ce qu’il prend comme contre-exemple. Là, la réponse de Diam’s est un concentré de l’interview, creuse et verbeuse. « Après mon mari vous dira que c’est l’histoire et qu’il faut que les gens se rappellent de l’histoire et que finalement cela a toujours été comme ça. Ça l’était avant, bien avant que le problème soit les musulmans ». On ne voit guère à quoi la rappeuse et son mari font allusion mais vous pouvez compter sur Augustin Trapenard pour ne rien éclaircir. Ni lui demander si le problème, quand on s’exhibe en voile intégral est moins lié au rapport aux musulmans, qu’au fait d’exhiber un marqueur islamiste. Il préfère insister sur « le rapport de la France à la religion ».

Là, on a droit à la théologie à hauteur de vue des amibes : « la religion vous en parlez toujours au pluriel. Du fait que toutes les grandes religions sont liées et que ça on ne le sait pas forcément, on ne le dit pas, on ne le comprend pas ». Visiblement l’homme n’est pas au courant que le monothéisme est déjà un lien particulièrement fort, connu et reconnu mais surtout il parait ignorer que, selon les islamistes, l’islam étant la dernière religion, elle est censée englober les autres, les parfaire… Pour un islamiste, l’islam amène la vérité et les autres religions lui sont liées car elles doivent s’incliner devant sa vérité et admettre sa supériorité. Pas de respect et de tolérance là-dedans, mais une volonté d’élimination par absorption.

À lire aussi, Céline Pina: LFI: La France islamo-gauchiste?

Un autre passage est révélateur de cette absence de tout travail sur le fond : à la fin de l’entretien Diam’s explique qu’elle n’écoute plus de rap, que l’on ne peut « réduire sa carrière musicale à du rap », que ce serait ne « pas avoir compris qu’[elle]était juste en quête ». De quoi, on ne le saura pas. Elle parle aussi du fait qu’elle espère que ses enfants ne seront pas attirés par une carrière musicale. Mais il ne vient jamais à l’esprit du journaliste d’interroger l’ex rappeuse sur le fait que l’intégrisme islamiste interdit la musique et qu’elle se fait le relais de ces interdits, tout en évitant de le dire explicitement. 

Ne reste que 35 mn de banalités et d’ennui pendant lesquelles tout est fait pour nous convaincre que lorsque l’on souffre trop, se voiler, disparaitre, se taire permet la renaissance. L’échange est aussi creux intellectuellement que basique, le vocabulaire employé est peu élaboré et la pensée très limitée. En revanche qu’un « journaliste » par complaisance et absence de travail se fasse le relais d’une idéologie obscurantiste en banalisant le voile intégral et l’idéologie islamiste dont il est le principal marqueur devrait être un problème déontologique pour une presse qui se respecte.

Ensauvagement: les supporters anglais ont bon dos!

La finale de la Ligue des Champions au Stade de France, dont la France avait voulu l’organisation, a donné lieu à de graves débordements et violences. Le coup d’envoi du match a été retardé, provoquant la colère de l’UEFA, et une forte sidération internationale devant l’incapacité de la France à assurer la sécurité. Les images de l’ensauvagement de la jeunesse faisant le tour des réseaux sociaux, après avoir accusé des supporters anglais munis de faux billets, les autorités françaises ont été contraintes de reconnaitre que des bandes de jeunes gens de la Seine-Saint-Denis ont semé le chaos samedi soir. Une réunion de crise est prévue à 11 heures. «Gérald Darmanin sera là avec moi. Le but est d’établir les responsabilités qui sont plurielles» a affirmé ce matin la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur RTL.


Ah, Saint-Denis, cette « Californie à la française » devant laquelle s’extasiait Emmanuel Macron ! Ah, cette vitrine du vivre-ensemble et de la créolisation, cette préfiguration de la France de demain (à moins de changement radicaux dans notre politique migratoire) ! Ah, sa diversité qui est une chance ! Ah, ses supporters anglais arborant des maillots du PSG et déclarant vouloir « niquer la France, et vive l’Algérie et vive le Maroc ! » Pardon ? « Supporters anglais » avez-vous dit, monsieur Darmanin ? À ce stade (de France), c’est le mensonge et le déni élevés au rang des beaux-arts…

Le 28 mai, le match Liverpool / Real Madrid organisé au stade de France a été l’occasion d’un fiasco sans précédent. Des hordes escaladant les barrières pour entrer de force, des supporters anglais (les vrais) empêchés d’accéder au match malgré leurs billets en règle et hors de prix, quand ils n’étaient pas méthodiquement agressés et dépouillés par les « chances pour la France » du département, des familles et des enfants aspergés de lacrymogènes par les forces du Préfet Lallement, des journalistes étrangers effarés témoignant de désordres à leurs yeux inconcevables, et deux ministres insupportablement satisfaits d’eux-mêmes, mentant sans vergogne en accusant les « supporters anglais » qui pour l’essentiel n’y étaient pour rien, au lieu de dénoncer les racailles, les organisateurs, les responsables du maintien de l’ordre, et par-dessus tout leur propre incompétence.

Indécence odieuse, étalée à la face du monde entier, qui préfère accuser les victimes plutôt que d’affronter les coupables.

Une fouille efficace prend du temps

Un peu de contexte. La sécurisation d’un match de foot de grande ampleur présente des difficultés évidentes. Que certains sports engendrent des mouvements de foules violents n’a rien d’une nouveauté : à Byzance, déjà, des émeutes parfois mortelles opposaient les « verts » et les « bleus », supporters des courses de chars. Le hooliganisme est une réalité bien connue, tout comme les bagarres et autres saccages de TGV à l’occasion de « rencontres » PSG/OM, sans oublier les attentats toujours possibles. Il faut donc fouiller correctement ceux qui entrent dans le stade, pour éviter l’introduction d’armes, de projectiles, de bombes au poivre ou que sais-je. Or, une fouille efficace prend du temps, et fouiller des dizaines de milliers de personnes prend beaucoup de temps. Les spectateurs ont l’impression d’arriver tôt s’ils se présentent deux heures avant le début du match ? Ils se trompent : ces deux heures sont techniquement insuffisantes pour tous les contrôler avant de les laisser rentrer.

A lire aussi: Scandale de l’Opéra de Paris: la gauche décomplexée

Seulement voilà : ce problème existe depuis des décennies, et s’y ajoute depuis au moins vingt ans la prédation systématique et systémique d’une population qui n’a pas grand-chose à voir avec les « factions » des hippodromes byzantins, mais tout à voir avec la chute de cette ville en 1453. Ne pas savoir l’anticiper est une preuve soit d’incompétence, soit de calcul cynique. Ne l’oublions pas, la passivité complice du pouvoir envers les racailles « issues de la diversité qui est une chance » est bien connue, tout comme son mépris envers les citoyens ordinaires, « ceux qui ne sont rien » et autres « Gaulois réfractaires ».

Fouiller prend du temps ? La belle affaire ! Les clubs ont largement les moyens financiers d’investir pour installer plus de points de contrôle, augmenter les effectifs des agents de sécurité, et ainsi réduire les délais.

Dans deux ans, les Jeux olympiques…

Il y a des troubles aux abords ? Le ministère de l’Intérieur a l’autorité nécessaire pour imposer aux organisateurs de faire appel à une sécurité privée étoffée. Bien sûr, la présence des forces de l’ordre est facturée (à un prix loin de couvrir la facture réelle pour l’Etat, mais passons) aux clubs et aux fédérations, mais les effectifs de la police et de la gendarmerie ne sont pas infinis, et ont autre chose à faire que sécuriser les exhibitions de millionnaires jouant à la balle, si médiatiques soient ces exhibitions. Reste que comme n’importe quelle fête de village, un match de foot de grande ampleur est une manifestation soumise à autorisation, et que les entreprises de sécurité privée seraient parfaitement capables d’y engager plus de moyens humains – surtout lorsqu’un match est organisé dans un territoire connu pour présenter des risques particuliers, comme Thierry Henry en avait fort judicieusement fait la remarque. Décidément, les JO 2024 s’annoncent bien…

Anecdote amusante, en réalité les incidents ne se sont pas limités à Saint-Denis. Une journaliste espagnole a fait dans Paris même la rencontre d’un rat, suscitant de fort intéressantes réactions. Le monde entier va-t-il découvrir ce que le progressisme a fait de ce qui fut jadis la Ville Lumière ? Ceci dit, les Japonais n’avaient pas attendu

300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles

Y a-t-il eu des insuffisances lourdes dans l’organisation du match par l’UEFA et consorts ? Oui, assurément. Y a-t-il eu des resquilleurs et/ou des victimes de surbooking parmi les supporters anglais ? Oui, probablement. Sont-ils les responsables du chaos de samedi soir ? Bien sûr que non. Il faut la malhonnêteté du centrisme autoritaire pour faire semblant de prendre des weshwesh du 9-3 pour des hooligans britanniques. Il semble d’ailleurs que les autorités anglaises ne s’y soient pas trompées, et la police de Sa Majesté, qui avait dépêché des forces sur les lieux, a d’ores-et-déjà apporté un ferme démenti aux allégations absurdes de Gérald Darmanin. Même le Préfet de Police a fini par être obligé de nuancer les « explications » du ministre en évoquant « 300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis »….

Dans cette affaire, le pire n’est pas l’échec opérationnel, même s’il est gravissime et s’ajoute à la longue liste des griefs plaidant pour un départ de Didier Lallement. Car, disons-le, soit celui-ci se distingue par une incompétence rare, soit il exécute fidèlement les ordres, auquel cas ce sont ses donneurs d’ordres qui représentent un grave danger pour tous les citoyens, et il serait du devoir d’un Préfet de Police digne de ce nom de les dénoncer publiquement et de refuser de leur obéir.

Le pire, c’est la malhonnêteté du ministre de l’Intérieur et de la ministre des Sports. Le pire, c’est le mépris affiché de ce gouvernement qui ne prend même pas la peine d’essayer de rendre ses mensonges crédibles. Le pire, c’est la manière dont la macronie œuvre à rendre les forces de l’ordre haïssables aux yeux du Français moyen, et à dégoûter de leur métier tous les policiers et les gendarmes encore animés par la volonté de servir le bien commun – et ils sont heureusement encore nombreux (il serait temps, ceci dit, que leurs organisations syndicales et représentatives s’emparent du sujet, au lieu de se contenter de réclamer des mesures catégorielles, si légitimes soient-elles). Le pire, c’est de voir le pouvoir en place se pavaner à la tribune devant les photographes tout en livrant les honnêtes gens, là, en bas, dans la rue, à la sauvagerie de racailles toujours plus agressives et toujours plus ouvertement conquérantes car toujours plus certaines de leur impunité.

Samuel met les woke au Piquet!

Les occasions de rire ne sont pas si nombreuses. Le « roman-pamphlet » de Samuel Piquet, Le Serment sur la moustache, est plus que drôle: il est hilarant. Sauf si vous êtes un enseignant imbu de pédagogisme woke, précise notre commentateur. Et il en reste !


Peut-être vous rappelez-vous cet excellent film de Patrice Leconte intitulé « Ridicule » (1996). Un aristocrate provincial venu quémander à Versailles, en 1780, une aide pour sauver les paysans de ses terres accablés de fièvres y fait l’expérience de la cruauté des gens de sa caste. Jean Rochefort collectionne les traits d’esprit, les sarcasmes, les médisances bien tournées, les jeux de mots blessants. Et, tout à la fin, exilé par la Révolution en Angleterre, il fait l’expérience de l’humour britannique, cette façon de tenir sérieusement, tongue in cheek, un discours tout au second degré.

Je ne saurais traduire en français, sinon par des périphrases compliquées, ce tongue in cheek. C’est ce second degré que l’on explicite désormais en dessinant dans l’air des guillemets, pour signifier à son interlocuteur que l’on n’est pas sérieux : triste époque où l’on craint sans cesse de ne pas être compris des imbéciles. Le second degré est le ton général de Samuel Piquet, qui plutôt que le sarcasme ou la charge caricaturale, choisit de faire table rase sans en avoir l’air. C’est très efficace.

Les deux personnages principaux : un couple extrêmement progressiste

Ainsi Guillaume, l’enseignant anti-héros du Serment, avant de se mettre en ménage avec Louise, chienne de garde castratrice (pléonasme) et également enseignante, doit-il signer un engagement, par lequel il accepte « d’utiliser l’écriture inclusive dans ses propos, d’éviter le « mansplaining » quand elle parle, afin de ne pas « l’invisibiliser dans le couple », de ne pas l’offenser par des propos discriminants envers les minorités, et de s’engager, entre autres, à ne jamais prononcer les mots suivants : « Erik Zéneux », « misérabilisme », « islamogauchisme », néoféminisme » et « racisme anti-Blancs ». » Et qu’elle n’ôte pas son masque FFP2 en faisant l’amour.

Dans une autre vie, Samuel Piquet fut prof de Lettres. Aujourd’hui, il écrit dans Marianne, dont la directrice, Natacha Polony, fit aussi, dans une autre vie, ce même métier. Certains jours je m’aperçois que je suis l’un des rares à ne pas avoir fui. Piquet apparaît souvent à la pénultième page du magazine, livrant de jolis billets corrosifs — en alternance avec Benoît Duteurtre, l’immortel auteur du Retour du général.

Accentuer les dérives de la société actuelle permet d’anticiper celle de demain

Nous étions nombreux à nous demander si Piquet, qui excelle dans le billet court et ravageur, parviendrait à monter la sauce au niveau d’un livre : pari réussi ! Les 158 pages du Serment se lisent comme elles ont été écrites, dans l’urgence et la bonne humeur. Les chapitres sont courts, comme écrits à la volée, à lire dans le métro (un chapitre par station), afin que vos voisins maussades se demandent ce qui vous fait vous esclaffer, et cherchent à connaître le titre de votre livre.

Ce Serment — comment ne pas penser à une dégradation du Sermon sur la montagne (Evangile de Matthieu), où le Christ préconise de ne pas résister à qui nous veut du mal, et enseigne à la foule le Notre Père — est le fait d’un vilain moustachu, Wedy Le Plen, antéchrist de notre modernité, qui vise à contraindre tous les candidats à la présidentielle de signer une pétition piégeuse et aberrante — ce à quoi Valérie Progresse se résout trop tard.

À lire aussi: C’est lui qui le dit: Edwy Plenel est journaliste, pas idéologue

Tous les personnages sont des copies plus vraies que nature de personnalités réelles et leurs noms des dérivés anagrammatiques. Le Plen est sans doute Edwy Plenel, et son alter ego féminin et féministe, Sandrine Cadet-Rouselle, est aussi aisément identifiable, elle qui suggère de remplacer « enculer les mouches » par « circluser les diptères par la deuxième voie ». On songe en lisant cette pochade aux Chroniques du règne de Nicolas Ier, de Patrick Rambaud : même sens de la dérision à travers le sérieux affiché.

Un professeur très éloigné des Hussards Noirs de la République

C’est sans doute dans ses scènes proprement pédagogiques que Samuel Piquet fait très fort. « Guillaume fit part à Louise de sa dernière trouvaille : combattre la grammaire sexiste en émasculant les complétives et les relatives de leur « que » afin de les rendre moins viriles. » Chahuté comme il se doit (parce que les élèves sentent très bien que ces profs pédagos ne leur veulent au fond pas de bien), Guillaume craque et il est hospitalisé à La Verrière — l’Educ-Nat est sans doute le seul service public à avoir sa propre clinique psychiatrique. Là, il fait cours devant des chaises vides : « Jamais au cours de sa carrière Guillaume n’avait pu observer d’élèves aussi attentifs que les chaises de premier rang » — vacherie immédiatement doublée d’une autre, plus plaisante encore : « Cette satisfaction se doublait d’une sorte de griserie d’avoir pu éprouver la même sensation qu’Anne Idéalbo lors de ses meetings. »

A lire aussi : L’école selon Zemmour: finie la «bienveillance»!

La page obligée des « remerciements » n’échappe pas au sarcasme institué en méthode de survie en milieu hostile : « Je préfère, et de loin, remercier la seule et unique personne qui compte à mes yeux, celle qui a toujours été là dans les moments difficiles et dont le génie créateur n’a d’égal que la complexité de la pensée : Gilles Le Gendre. »
J’allais le dire.

À noter que le roman contient son propre anti-poison. Chaque chapitre est précédé d’une citation, et la liste des bons auteurs cités par Piquet (Voltaire, Orwell, Tchékov, Bossuet ou Molière) donne une idée de ce qu’il faudrait faire lire aux élèves — mais on préfère, dans les nouveaux manuels scolaires, leur asséner les œuvres complètes de Philippe Meirieu et d’Eric Fassin. Là est l’enjeu réel : l’accès aux œuvres qui comptent et à la langue qui les sous-tend, et non à l’infâme gloubi-boulga raréfié qui est celui de l’Ecole des pédagos, d’une classe politique d’une pauvreté insigne et d’une culture laminée.

Samuel Piquet, Le Serment sur la moustache, Editions de l’Observatoire, 158p., 16€ — c’est pour rien.

Ridicule

Price: 55,37 €

14 used & new available from 16,06 €

Le Retour du Général

Price: 18,20 €

44 used & new available from 1,40 €

Troubles du voisinage

La Russie vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme, mais la condamnation n’a rien à voir avec l’invasion de l’Ukraine !


Par un singulier arrêt rendu le 10 mai dernier, un requérant a obtenu gain de cause en alléguant qu’une atteinte prolongée à sa vie privée était causée par un cimetière voisin accueillant un nombre immodéré de funestes résidents. Dans ce macabre litige opposant Vladimir Solyanik, ressortissant russe résidant à Vladivostok, et le service funéraire de la ville, la Cour a considéré que l’article 8 de la Convention européenne de Sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales avait été violé à un degré suffisamment caractérisé par les agissements fautifs des pompes funèbres mises en cause.

Depuis l’année 1991, les tombeaux s’accumulaient, conduisant ainsi au repoussement inexorable et continu des limites du cimetière, situation d’expansion qui a conduit les autorités locales à interdire toute nouvelle inhumation dans le cimetière en 1995.

A lire aussi: La Russie, par-delà le bien et l’humiliation

Malgré les injonctions, de nouvelles admissions funéraires se sont continuellement opérées, poussant M. Solyanik à saisir le prétoire en 2013, procédure qui s’est avérée infructueuse avant que l’affaire ne remonte à la Cour de Strasbourg en septembre 2015. Le requérant a ainsi versé aux débats une série d’expertises, lesquelles ont permis de signaler la présence excessive de bactéries pathogènes, de microbes et de produits chimiques pernicieux, qui empoisonnent les sols et les eaux attenants à son domicile. Circonstances loin d’être dépourvues d’effet, le cimetière s’étant approché à un point tel qu’il se trouve à 34 mètres de la maison du requérant, à qui Moscou a été condamné à verser 14 800 euros. L’expansionnisme russe a toujours un prix.

Trahison de la gauche républicaine par Macron: les signes avant-coureurs

0
Image d'archive, 2019 © SEBASTIEN SALOM GOMIS/SIPA

La gauche laïque-et-republicaine, qui s’offusque ces derniers jours des récentes trahisons de Macron II, est en réalité d’une rare hypocrisie.


Jean-Pierre Chevènement a récemment critiqué la nomination de Pap Ndiaye, estimant qu’elle pourrait « désorienter l’Éducation nationale ». Quant au Printemps républicain, comme nous l’indiquions dans ces colonnes il y a quelques jours, il a en quelque sorte été cocufié par Emmanuel Macron, ne récupérant qu’une malheureuse investiture aux élections législatives.
Ah ! mais quelles indignations surjouées de la part de cette gauche « laïque et républicaine » ces temps-ci ! Des indignations hypocrites. Doublement hypocrites, même ! D’abord parce que le wokisme teinté de décolonialisme du nouveau ministre est dans la droite ligne du projeeeeet macronien que cette gauche a férocement soutenu, ensuite parce qu’il est l’enfant de cette gauche, la conséquence inévitable de ce qu’elle défend depuis des décennies.

Notre numéro en kiosques: Macron II: Que la fête commence!

On vous l’avait bien dit

Ce n’est pas faute de l’avoir alertée, la gauche « laïque et républicaine ». 
Tous les signes étaient là : Macron niant l’existence de la culture française, Macron évoquant les « mâles Blancs », Macron choisissant pour ministres Castaner (prêt à s’agenouiller devant le gang Traoré en rêvant d’un « BLM à la Française ») ou Moreno (qui affirme que le « privilège blanc » existe). Mais non, elle ne voulait ni voir ni entendre, tout ce qui comptait c’était de se draper dans la vertu, de dénoncer en hurlant l’éternel retour des zeurléplusombres, d’invoquer les vérités révélées des infaillibles pontifes de la tenaille identitaire. Et les esprits chagrins ajouteront : d’espérer recevoir sa part de prébendes, entre députations faciles et secrétariats d’État confortables. Oups, raté ! Pas d’entrisme, pas de prébendes, et plus aucune crédibilité. Vous faisiez barrage, j’en suis fort aise, et bien assumez, maintenant.

A lire aussi, du même auteur: L’erreur de Zineb, les fautes de Macron

Mais le mal est plus profond, et sans doute notre gauche laïque et républicaine, malgré son aveuglement bien connu, malgré l’affirmation toujours répétée (quoi que toujours contredite par le réel) de sa supériorité morale, en éprouve-t-elle comme un vague sentiment de gêne.
« D’où parles-tu, camarade ? » est la source du principe woke selon lequel seuls les « concernés » pourraient s’exprimer, confusion entre témoignage et connaissance, avoir un cancer et être cancérologue, et aboutit naturellement à la déclaration de Maboula Soumahoro selon laquelle « un homme Blanc ne peut pas avoir raison contre une femme Noire ». Le socio-traître préfigure le « traître à sa race », « bounty » ou « collabeur » – et on se souvient que c’est aussi dans les rangs de cette gauche « laïque et républicaine » qu’on a cru bon de traiter Zemmour de « Juif de négation »

Le relativisme pernicieux de la gauche

Le refus de la « science bourgeoise » prépare fort logiquement au refus de la « science blanche ». Les délires de la « déconstruction » affirmant que « le langage est fasciste » et que « toute communication est un mot d’ordre » sont l’origine de la subjectivité envahissante et tyrannique des minorités vagissantes qui refusent toute objectivité factuelle pour imposer leurs ressentis. « Du passé faisons table rase », la détestation de « l’ordre bourgeois » et le mépris de l’élitisme contiennent toute la cancel culture, c’est bien le même relativisme moral qui a permis jadis l’exaltation de la pédophilie et autorise aujourd’hui la promotion du hijab et du burqini prétendument féministes et émancipateurs – Eric Piolle ne disant rien d’autre que ce qu’affirma Macron à Strasbourg pendant l’entre-deux-tours. Le dogmatisme idéologique est le même : ceux qui, hier, chantaient les louanges de Staline, de Mao, de Pol Pot, ont toujours autant de mal à se remettre en cause et accusent leurs contradicteurs d’être fascistes comme ils en accusaient De Gaulle, ayant passé la campagne présidentielle à expliquer qu’eux seuls sont véritablement républicains et de ce fait légitimes pour participer au débat public.
Le besoin frénétique des gauchistes de réduire le monde à des rapports de domination se retrouve à l’identique chez les wokes, tout comme l’incapacité à penser les individus libres et responsables (ah, la culture de l’excuse !) pour ne voir en eux que les émanations de groupes – que ces groupes soient « classes sociales » ou « races » est totalement secondaire.

Capture d’écran BFMTV

Et s’il n’y avait que ça ! La défense acharnée de flux migratoires débridés, le droit à la différence et le rejet de l’assimilation pour ne garder que la seule intégration, ne pouvaient conduire qu’à la « créolisation », à la « différence des droits », au multiculturalisme et à l’islamisation – sinon « vous allez créer la guerre civile », pour citer Emmanuel Macron du temps où la gauche « laïque et républicaine » le soutenait sans réserve… Comme quoi, et on ne le dira jamais assez, entre l’immigration massive et la République, il faut choisir.

A lire aussi, Nicolas Lévine: Chevènement chez Macron: misère du souverainisme de gauche

Quant à la laïcité, il a longtemps que la gauche « laïque et républicaine » l’a sacrifiée tout comme elle a sacrifié l’idéal républicain, à la cause supérieure de l’ouverture à l’Autre et de la « tolérance ». Macron n’a fait qu’entériner le fait que la gauche a enterré la laïcité. Son refus d’affirmer les fondements anthropologiques et métaphysiques de la laïcité aboutissent inéluctablement à l’absurde « laïcité ouverte » à la mode Baubérot, Cadène, Bianco et CoeXisTer. 
Car n’en déplaise à ceux qui aiment se prétendre les gardiens du temple de la laïcité, celle-ci n’est pas un hypothétique état naturel de l’homme libéré de toute croyance, hors sol et pleinement émancipé, mais au contraire la croyance fermement proclamée en l’inviolabilité du for intérieur et en la dignité ontologique de l’homme. Croyance qui n’est pas du tout une évidence, mais le choix d’un « saut dans la foi » sans lequel l’idée même de liberté de conscience n’a aucun sens – et croyance qu’il faut assumer d’imposer comme fondement de l’ordre social et des normes collectives.
Loin d’être un rempart contre l’extrême-gauche de la NUPES et la déconstruction/destruction « progressiste » qu’incarne le macronisme, la gauche « laïque et républicaine » ne fait que leur ouvrir la route – sans le vouloir, peut-être, mais avec une constance jamais démentie depuis au moins un demi-siècle. Peut-être aura-t-elle de nouveau un jour des choses à apporter au débat public, mais il lui faudra d’abord reconnaître ses erreurs et ses fautes, et découvrir l’humilité. Autant dire qu’elle a un long, un très long chemin à parcourir…

Le dernier virus cronenbergien n’a pas réussi à contaminer la Croisette!

0
Léa Seydoux et Viggo Mortensen dans "Les Crimes du Futur" de David Cronenberg © Metropolitan FilmExport

Loin du chef-d’œuvre annoncé, mais pas honteux pour autant, le dernier opus du maître incontesté du « body horror » et des lectures tératologiques les plus déviantes se veut davantage un best-of de ses œuvres les plus emblématiques qu’une réelle réflexion innovante sur l’état de nos sociétés postmodernes et exsangues. Dommage… 


Déjà-vu ?

Quoi de neuf sous le soleil noir et crépusculaire du roi de l’oxymore, de l’as du bistouri aiguisé, de l’esthète visionnaire (et/ou dystopique) cronenbergien ? Un fâcheux air de déjà-vu, hélas… et de grosse fatigue physiologique qui contamine progressivement les protagonistes et l’écran dans son entièreté mais qui pourrait également préfigurer le stade terminal de notre civilisation décrépite, arrivée à un point de non-retour… Avant une hypothétique lueur d’espoir symbolisée par le versement d’une larmichette par le héros du film à la toute dernière seconde du métrage !    

Poursuivant ses profondes réflexions métaphysiques et biologiques sur la fusion des textures organiques et synthétiques (en l’occurrence ici plastiques suite à des pollutions industrielles grandissantes), Cronenberg pousse très loin le curseur de la fameuse « nouvelle chair » développée jadis dans des films bien plus enlevés et plus inspirés tels que le cultissime “Videodrome” (1983), le très pervers “Faux-semblants” (1988, Grand Prix Festival d’Avoriaz), ou encore le fascinant thriller “Existenz” (1999), trois bombes que l’on vous conseille chaudement de (re)visionner sans délai.

Existenz, 1999 D.R.

Mutations corporelles

La scène d’ouverture de “Crimes of the Future”, la plus lumineuse, est sans doute la plus belle et la plus forte du métrage. Dans un avenir proche qui pourrait être notre monde demain matin, sur une plage déserte, un petit garçon contemple la carcasse d’un bateau échoué non loin de la côte en remplissant machinalement son sceau de sable. Sa mère que l’on devine séparée et célibataire l’appelle pour le repas, puis c’est le drame. Le petit être se réfugie dans une austère salle de bain et mange instinctivement la corbeille poubelle en matières plastiques ! Sa génitrice surgit puis commet l’irréparable dans une scène asphyxiante et très émouvante.

A lire aussi: La loi du désir

Ce drame inaugural servira de fil conducteur à une sombre et tortueuse intrigue qui mettra en scène un étrange couple de « body performers » constitué d’un très vieillissant Viggo Mortensen en parfait sosie de Cronenberg à l’automne de sa vie ainsi que notre Léa Seydoux nationale qui, pour une fois, n’en fait pas des tonnes et prend enfin la mesure d’un rôle tout en subtilité et en nuances.

© Metropolitan FilmExport

Par la puissance de sa volonté, l’artiste malade Viggo / Saul Tenser parvient à développer des tumeurs et excroissances corporelles inédites qu’il parvient à sublimer / mettre en scène dans des spectacles extrêmes et voyeuristes, posant clairement la question de ce qu’est devenu l’entertainment dans nos sociétés dites démocratiques et libérales.

Des performances où la douleur se mêle au plaisir, Eros rejoignant les ténèbres de Thanatos dans des chorégraphies plastiques et esthétiques plutôt réussies et parfois impressionnantes avec effets gore garantis – Âmes sensibles s’abstenir. Une « hype » qui va bientôt susciter la curiosité du Bureau du Registre National des Organes, co-dirigé par une énigmatique Kristen Stewart, mais également celle d’une étrange organisation secrète sans doute avide de provoquer la fin de notre monde afin de basculer dans une nouvelle ère postmoderne et nihiliste.

A lire aussi: “Annihilation”, le film qui ne met personne d’accord

Film référentiel

Ceci étant posé, il convient bien entendu de préciser que Cronenberg entend directement rendre hommage et dialoguer avec son deuxième film d’auteur professionnel et très expérimental baptisé également “Crimes of the Future” (réalisé en 1970). Dans une société futuriste (en fait 1997 !), l’usage massif des produits cosmétiques avait provoqué l’extinction des femmes sur terre ! Dans une étrange clinique à l’architecture froide et soviétique, un ancien cadre médical menait une enquête afin de comprendre les causes de la disparition d’un certain Antoine Rouge, dermatologue devenu fou ainsi que les phénomènes d’excroissances d’organes développées jadis par certaines patientes…

Pour un Cronenberg athée réfutant toute transcendance, le corps est clairement l’unique réalité indépassable, objet de toutes les émotions sensibles et psychiques. Par conséquent, ce qui importe dans la vie ici-bas est de chercher et de trouver en toutes choses la « beauté intérieure », tel l’artiste qui va peaufiner, sculpter, polir son œuvre sans relâche afin d’en extraire les trésors les plus enfouis, fussent-ils ensevelis sous de la boue ou du plomb comme eût dit Baudelaire.

Les références aux plasticiens légendaires Picasso, Duchamp ou encore Bacon sont explicites dans le film, et montrent clairement de quel côté se situe notre artiste-peintre cronenbergien. Les corps monstrueux (du latin monstrare : désigner, rendre visible), mutilés, tuméfiés, stigmatisés, éclatés, recomposés, anamorphosés, en mutation ou en déliquescence peuvent revêtir une certaine beauté, un certain charme et magnétisme, selon la posture et le regard de l’artiste. Cronenberg place à plusieurs reprises dans la bouche de ses personnages les termes de « jouissance », « plaisir » et, sacrilège suprême, de « nouvelle épiphanie » !

Impossible évidemment de ne pas établir de parallèle entre ce synopsis et cet immense artiste bientôt octogénaire confronté à son tour à la maladie et aux drames personnels et intimes qui l’affectent forcément de plus en plus.

A lire aussi: Frank Darcel: année 2030

L’on pourra alors lire cette fable écologique comme son film-somme testamentaire tout en regrettant le côté rabâché de tous ses grands thèmes de prédilection qui ont jadis assuré sa renommée et ses scandales.

Il est peut-être dommage qu’il n’ait pas persisté dans une voie plus originale et sans concession, dans le sillage de ses deux très bons derniers films dont les potentialités de lecture et d’interprétation paraissent vertigineuses, “Cosmopolis” (adapté du roman de Don DeLillo, 2012) et surtout “Maps to the Stars” (2014), déconstruction en règle du système actuel hollywoodien, mercantile, individualiste et profondément hypocrite, vaniteux et totalement creux.

Reste la question centrale et plutôt angoissante posée par ces “Crimes du Futur” : comment résister (retarder ? anticiper ? accompagner ? s’adapter ?) à l’avènement de cette « nouvelle chair » dans une société post-industrielle submergée par des pollutions plastiques et synthétiques qui auront raison de « l’être humain » digne de ce nom et connu jusqu’ici…

Cronenberg, un oracle néo-païen ? Peut-être trop puissant et cryptique pour les adorateurs d’idoles de Cannes !   

Videodrome

Price: 36,15 €

10 used & new available from 14,48 €

Cosmopolis

Price: 5,90 €

37 used & new available from 1,18 €

La loi du désir

0
Clara Sola (2022), film de Nathalie Álvarez Mesén, sortie en France le 1er juin 2022 © Epicentre Films

Deux films de femmes, Maria Schrader et Nathalie Álvarez Mesén, explorent la sexualité sans s’enfermer dans le néoféminisme.


Les Germains des jeunes générations étant très majoritairement polyglottes, on ne s’étonnera pas que le nouvel opus de la réalisatrice, comédienne et scénariste allemande Maria Schrader conserve son titre en anglais, « I’m your Man », pour sa sortie en France, de préférence à « Ich bin dein Mensch ». « Je suis ton homme » eût été encore plus plat –  si c’est Dieu possible.  

I’m your man de Maria Schrader, en salles le 29 juin 2022 © Haut et court Christine Fenzl

Priape du troisième type

À Maria Schrader l’on doit, entre autres, en 2016 le film « Stefan Zweig, adieu l’Europe » et, en 2019, une série à succès sur Netflix :  « Unorthodox » –  tropisme judaïque affirmé ! Cette fois, rien à voir.  Alma (Maren Eggert), chercheuse berlinoise entre deux âges d’aspect quelque peu frigide, se voit recrutée par Terrareca, une entreprise high tech qui a développé un prototype de robot humanoïde, pour se prêter, à ses heures perdues trois semaines durant, à une expérience de couple avec Tom (campé par l’acteur britannique – mais parfaitement bilingue anglais-allemand – Dan Stevens), prototype d’automate programmé pour être l’amant idéal. Elle devra rendre son rapport. Le calcul algorithmique inspirant au séducteur de fabrication artificielle ce genre de compliments : « Tes yeux sont deux lacs alpins où je veux me noyer », on comprend que le courant passe mal avec Alma, rapidement excédée par la perfection cybernétique de ce Golem ultra sophistiqué, serviteur multitâches à l’aménité tête-à-claques, doté de méninges si performantes qu’il bande à la demande tel un Priape du troisième type.

S’être gardé de la tentation dystopique pour choisir, sur un registre de comédie légère, de maintenir l’action dans le cadre concret d’une métropole contemporaine, est une excellente idée. La fable y gagne en piquant et en véracité. Morale de l’histoire : à l’heure du sexe virtuel et du développement exponentiel de l’intelligence artificielle, autant étancher sa légitime lubricité dans une créature faillible, mais bien réelle.  Si la machine a ses règles, le désir a sa loi : celle d’un corps fait de chair. Qu’on le veuille ou non.   

Clara et les sales types

La chair ?  Elle traverse « Clara sola », autre film que le dossier de presse résume ainsi : « dans un village reculé du Costa-Rica, une femme de quarante ans renfermée sur elle-même entreprend de se libérer des conventions religieuses et sociales qui ont dominé sa vie, la menant à un éveil sexuel et spiritue». On croirait lire une brochure de propagande féministe !

© Epicentre Films

À dire vrai, ce premier long métrage d’une réalisatrice à moitié Suédoise, née au Costa-Rica d’un père Uruguayen, et qui a fait toutes ses classes en Europe, est bien plus riche, étrange et ambigu que ne le laisse supposer cet énoncé performatif. Le film a été tourné à Vara Blanca, à 1500 mètres d’altitude – paysages fantastiques. Site idéal pour un trip exotique dans cette jungle rurale hors du temps. Clara, vieille fille un peu simplette, guérisseuse à ses heures sous les auspices de la Sainte Vierge, et vénérée comme une madone par les autochtones confits en dévotion, parle aux plantes, aux insectes et à sa superbe jument de robe blanche. Dans ce village reculé où, la nuit, vacillent les lucioles, elle partage avec sa sœur adolescente une maison de bric et de broc que régente une grand-mère follement castratrice –  allez donc vous masturber avec les doigts imbibés de purée de piment !

A lire aussi, Sophie Bachat: Depardieu, sous le signe de la «maudissure»

Affligée d’une déformation des cervicales, Clara, infirme de corps et d’esprit au comportement imprévisible ne voit pas sans envie sa ravissante petite sœur nubile, qui va sur ses quinze ans, folâtrer avec un jeune fermier (le seul mâle du film), par ailleurs bienveillant avec elle jusqu’à l’abnégation. Se palucher à outrance ne sera jamais pour personne un exutoire à la frustration libidinale. Tenaillée par la chair, Clara tentera (sans succès) de violer le viril campesino qui sous son regard empale à loisir sa jeune sœur : par une crise d’hystérie, elle en gâchera la grandiose fête d’anniversaire. Bref, en fait d’éveil sexuel et spirituel, le parcours solitaire de Clara « sola » n’est pas de tout repos, ni pour elle, ni pour les autres.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs l’an passé, ce récit singulier, traversé de bout en bout par ce qu’il est convenu de baptiser du nom de « réalisme magique », captive par une sorte de primitivisme sensoriel. Ce qui en fait une œuvre curieusement habitée. Faut-il à tout prix lui coller une étiquette « féministe » pour avoir le droit d’en dire du bien ?

I’am your Man. Film de Maria Schrader, avec Dan Stevens, Maren Eggert. Allemagne, couleur, 2021.  Durée : 2h01. En salles le 29 juin. 

Clara sola. Film de Nathalie Alvarez Mesen. Avec Wendy Chinchilla Araya, Daniel Castaneda Rincon.  Suède/Costa Rica/ Belgique/ Allemagne/ Espagne. Couleur, 2021. Durée : 1h46. En salles le 1er juin.  

Afrique du Sud: d’oppresseur à opprimé?

0
Blade Nzimande D.R.

L’afrikaans, langue germanique issue du néerlandais, indigène à l’Afrique du Sud, est désormais malmenée par le pouvoir…


Le ministre sud-africain de l’Education Blade Nzimande a déclenché un tollé après avoir décidé de reclasser l’afrikaans comme une « langue étrangère ». Parlée par plus de 10 millions de personnes en Afrique australe, elle est souvent assimilée à l’histoire de l’Apartheid, en raison de son enseignement obligatoire.

Bien qu’elle soit protégée par la constitution, Blade Nzimande, a décidé qu’il était temps de mettre fin à ce qu’il considère comme une « hégémonie linguistique issue du colonialisme européen ». Il a déposé un projet de loi visant à contraindre les universités sud-africaines à introduire davantage de cours en langues noires plutôt marginalisées. Les dirigeants de la communauté Afrikaner ont déposé plainte devant tribunaux compétents, la commission des droits de l’Homme et l’Organisation des Nations Unies afin de dénoncer cette nouvelle discrimination à l’encontre de la minorité afrikaner. « C’est un racisme inversé dégoûtant » a déclaré Leon Schreiber, un député de l’opposition qui a accusé le gouvernement de sectarisme et de haine.

« C’est le comble de la discrimination myope. L’afrikaans a été inventée en Afrique du Sud, pas en Europe ni aux Pays-Bas » a déclaré de son côté Alana Bailey, membre d’Afriforum, un mouvement qui défend les droits des Afrikaners. « La droite blanche est trop occupée par la suprématie de la langue afrikaans et ignore continuellement les neuf autres langues de l’Afrique du Sud postcoloniale. Nous sommes maintenant une Afrique du Sud diversifiée et démocratique, et l’afrikaans n’a pas d’avance particulière sur les autres langues » a rétorqué sèchement Blade Nzimande.

Pris à la gorge par l’ampleur de la polémique, le parti de Nelson Mandela a fini par réagir. « Il est évident que la Cour constitutionnelle considère l’afrikaans comme une langue africaine et indigène en Afrique du Sud » ont déclaré les avocats de l’ANC face à un ministre désavoué, contraint de présenter ses excuses à la communauté afrikaner après deux ans d’intenses procédures juridiques.

Stade de (non)-France: notre fierté nationale outragée

0
Saint-Denis, 28 mai 2022 © Christophe Ena/AP/SIPA

France, où es-tu ? Ce qui s’est passé dans la soirée du 28 mai au Stade de France et surtout dans ses abords, à l’occasion du match Real Madrid contre Liverpool, n’est pas loin d’une honte absolue même si une triste réalité quasiment quotidienne, à Paris ou ailleurs, nous conduit à relativiser ce constat extrême. Offensant la fierté des Français comme elle a dégradé l’image de la France en Europe.

Étrangement, Emmanuel Macron se tait et ne tweete même pas contrairement à son habitude, comme s’il n’y avait que la belle victoire de La Rochelle qui méritait une réaction de sa part !

Dans un excellent édito, ce 30 mai, Pascal Praud a dénoncé une « pauvre France » dans un mélange d’indignation et de dérision (vidéo ci-dessous). D’une certaine manière, il admettait que la France constituait encore une identité que sa faiblesse et ses errements mettaient à mal.

Pour ma part, je me demande si la France telle que nous la voulons et la rêvons existe toujours. Si à force de contredire ce qu’on attend et qu’on espère d’elle, elle n’a pas disparu dans une sorte de brouillard qui laisse le citoyen au mieux stupéfait, au pire catastrophé.

Il n’y a pas besoin d’être le général de Gaulle pour que nous ayons le droit, chacun de nous, d’avoir notre idée de la France.

Je n’ai jamais pu m’empêcher de l’imaginer libre, responsable, courageuse, conciliant l’autorité nécessaire avec le souci prioritaire de la majorité des honnêtes gens, orgueilleuse, consciente de ses devoirs envers tous ses concitoyens, jamais en retard d’une protection, humaniste mais sans naïveté.

Pour le désastre du 29 mai, on pourrait multiplier « défaillances en chaîne » qui, toutes ensemble, ont permis cet opprobre national et abîmé la réputation de notre nation au regard de l’organisation impeccable qu’on attend d’elle dans le futur, pour le rugby comme pour les Jeux olympiques.

Le président de la République, Saint-Pétersbourg ayant été ostracisé, avait fait peser son influence pour que la France accueille cette finale de la Coupe d’Europe dans un délai très bref de trois mois, alors qu’en général il faut au moins un an, voire davantage, pour préparer une telle manifestation. Il est clair que personne n’a été à la hauteur et, bien évidemment, que personne ne sera sanctionné.

Une commission d’enquête parlementaire sera sans doute mise en place, elle prendra du temps, elle dégagera des responsabilités mais je fais le pari que tout s’arrêtera là. Comme d’habitude. Parce que les commissions ne sont pas instituées pour formuler des mises en cause mais pour faire oublier que dans l’immédiateté, aucune démission n’aura été demandée, préfet de police en place, ministres contents d’eux comme s’ils n’étaient concernés par rien, faux billets ou fraudeurs, tout a été perpétré en Angleterre, les coupables sont là-bas… La France est sauve, chez nous l’incurie est patriotique et l’impuissance nationale. Les voyous qui sont venus en razzia, eux, étaient bien de chez nous, ils ont détroussé, volé, agressé les supporteurs anglais mais il paraît que le ministre Darmanin a son plan : on ne les verra plus lors de la coupe du monde du rugby !

Je ne suis pas de ceux qui crient « immigration » comme la cause de tous nos maux, comme chez Molière on invoquait le « poumon ». Tout ce qui a été commis dans la soirée du 29 mai n’a été que le paroxysme, la lamentable synthèse de ce qu’on peut constater ailleurs, par exemple à Saint-Etienne le 30 mai. Rien ne m’étonne plus des fiascos français puisque chaque jour on les subit. L’insécurité augmente de manière effrayante sur tout le territoire, pas seulement à Paris, mais pourquoi s’en émouvoir puisqu’il serait indécent de réclamer le départ de tous ceux qui ont participé au processus de cette honte, de cette soirée prévue pour être festive et devenue le symbole d’un pays qui ne se respecte plus.

Pourquoi ce pouvoir pousserait-il le masochisme jusqu’à s’accabler lui-même puisqu’en toute logique, il devrait tirer les conséquences de son amateurisme, de son impuissance, de cette manie qu’il a de faire porter sur l’étranger, sur les opposants, sur les faibles et les modestes la charge de ses errements ? Faute d’avoir le courage de s’incriminer, il se rengorge.

France, où es-tu ? Cette question n’est pas vaine. Je ne peux pas croire que la France se trouve mêlée à ce délitement, à cette médiocrité. Quand jour après jour le pire ici ou là surgit, qu’il multiplie ses poisons, qu’il blesse et tue, qu’il fait honte aux Français, qu’on est moqué par d’autres pays, la France, ce miracle qui a tenu, a résisté et a brillé, ne peut qu’être absente.

Ne m’appelez plus France pour l’instant.

Poupée de silicone, poupée d’enfants

0
Capture d'écran.

En août 2020, Amazon proposait à la vente des poupées sexuelles à l’effigie d’enfants…


En 2020, des poupées en vente sur Internet avaient provoqué la mobilisation d’associations de lutte contre la pédocriminalité. Adrien Taquet, Secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, était monté au créneau. Amazon avait rapidement retiré les « articles », en promettant une plus grande vigilance à l’avenir.

Mais en France, l’affaire ne s’est pas arrêtée là. En effet, une fédération d’associations, la Voix de l’enfant, a porté plainte contre le géant de la vente en ligne et une enquête a permis de retrouver un acheteur qui doit répondre de son acte devant la justice ; il s’agit d’un Français de 34 ans résidant en Seine-Maritime.

Le vendeur immatriculé en Chine

Le lundi 16 mai, il comparaissait au tribunal de Dieppe où son avocat a plaidé l’isolement physique et sentimental lors du confinement. Six mois de prison et une obligation de soins ont été requis contre lui, mais la présidente du tribunal a refusé d’homologuer cette peine, considérant celle-ci trop légère par rapport à la gravité des faits. Le jugement a été reporté et la prochaine audience sera publique. Cependant, le parquet a décidé de ne pas poursuivre Amazon, en raison de l’absence d’élément intentionnel de commettre une infraction.

À lire aussi: Prostitution: plongée dans la maison de poupées

Si l’avocat de l’association s’est dit soulagé par la décision de la présidente, en revanche il regrette que l’affaire soit classée sans suite pour Amazon. Néanmoins, une procédure est en cours pour remonter jusqu’au vendeur des poupées, immatriculé en Chine, qui proposait donc sa marchandise par le truchement d’Amazon via sa marketplace.

De quelle manière devons-nous considérer ces poupées?

De simples poupées ? Non, car elles étaient référencées dans la rubrique des sex-toys du site marchand.

Cette affaire nous amène à réfléchir à la fois sur la sexualisation des enfants à notre époque et aux limites que la société impose non seulement aux actes des citoyens mais aussi à leurs désirs. À travers ces poupées en silicone, qui étaient vendues entre 100 et 1000 euros, les corps des enfants sont bel et bien transformés en objets sexuels. Car il est clair que, dans cette affaire, la justice considère que ces poupées ne sont pas des objets permettant à certains d’assouvir leurs fantasmes sans nuire à une personne en chair et en os, mais que leur usage constitue les prémices d’un passage à l’acte.

L’islamiste et le progressiste

0
En 2006, Diam's chante "c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes". En 2022, face à Augustin Trapenard, elle affiche effectivement d'autres "codes" © Captures YouTube

L’ancienne rappeuse, qui prétend s’être retirée de la scène médiatique, est sur tous les écrans pour promouvoir son documentaire. Quand elle chantait, sa musique populaire n’intéressait pas Télérama ou France inter, mais sa conversion captive désormais toute cette bonne presse progressiste. Sur « Brut », le journaliste de France inter Augustin Trapenard évite soigneusement les questions qui fâchent.


Quand l’ancienne chanteuse se plaint du harcèlement en ligne, il n’estime pas pertinent de lui parler de Mila. Quand elle se crispe à l’idée que ses enfants puissent être attirés par la musique, le journaliste n’estime pas non plus pertinent de demander à cette « maman » radicalisée si elle irait jusqu’à leur en interdire l’écoute ou la pratique. Analyse.

L’interview de Diam’s par Augustin Trapenard est une opération de prosélytisme au sens le plus basique du terme. Réalisée à l’occasion de la sortie à Cannes du documentaire « Salam » qui met en scène la vie merveilleuse de l’ancienne chanteuse depuis sa conversion, il s’agit d’essayer de rendre désirable et de banaliser un choix de vie radical. Lequel se manifeste par une restriction très forte de toute liberté. Ici c’est la conversion à l’islam le plus sectaire qui est montrée comme une solution pour guérir de la souffrance et de la maladie mentale.

L’exhibition choquante d’une dérive sectaire

Pour vendre une telle caricature, mieux vaut faire fi de toute déontologie journalistique et pour échapper à toute critique, autant revêtir l’absence du professionnalisme du manteau de la bienveillance. Cela permet de plaider l’empathie et de ne pas regarder en face sa propre instrumentalisation au service d’une dérive sectaire. C’est ainsi qu’Augustin Trapenard à aucun moment n’interroge son interlocutrice sur son apparence. Très soucieux de montrer qu’être choqué par une femme revêtue de pied en cape d’un linceul noir qui ne lui laisse que le contour du visage apparent n’est pas au niveau de la gauche progressiste qu’il incarne, jamais Augustin Trapenard n’évoquera le fait que la foi peut être quelque chose de spirituel qui ne s’exhibe pas. Une quête intérieure n’implique pas forcément que l’on jette sa conversion au visage de l’autre en choisissant de porter un vêtement qui est un étendard et qui a été l’uniforme des femmes de Daesh. Mais le « journaliste » a choisi de se crever les yeux et de ne pas voir ce qui est sous son nez. Il banalise l’uniforme que porte Diams et le message qu’il envoie de soumission et d’impureté de la femme. Le fait d’obliger une femme à cacher son corps et ses cheveux est présenté comme normal tant le journaliste fait comme si cette tenue n’appelait aucun commentaire.

A lire aussi, du même auteur: Tariq Ramadan se relance avec… un slam indigéniste

En étalant son empathie, Augustin Trapenard veut montrer qu’une réaction gênée face à la déclaration d’adhésion à l’islamisme que proclame la façon dont est vêtue Mélanie Georgiades ne saurait être vue comme un attachement à la liberté, mais comme une déclaration d’appartenance à la fachosphère. Toute cette interview montre comment le progressisme est devenu le passe-plat de l’islamisme. Ainsi Diam’s n’est jamais interrogée sur le mal être dont elle parle, sur la maladie mentale qu’elle évoque. Pourtant le terme de maladie mentale revient souvent dans l’interview. Elle parle d’elle comme une « survivante », « moi normalement, je suis morte ». Mais on ne saura jamais d’où vient la sensation de vide dont elle parle. En 35 mn d’alignement de clichés, jamais nous n’entendrons quelque chose de personnel, une véritable histoire, jamais rien de profond sur les manques et les difficultés qui ont généré un tel mal-être. Diam’s était malheureuse et suicidaire, l’islam l’a fait renaître, fin de l’histoire.

Toute l’interview est ainsi conçue comme l’accompagnement geignard d’une opération de propagande en faveur de l’islamisme comme possibilité de rédemption. Diam’s est présentée avant tout comme une victime : « cette parole on vous l’a prise, on vous l’a volée » déclare Augustin Trapenard, « ça change quoi de prendre en charge son propre récit ? ». Or à partir du moment où le journaliste se positionne ainsi, comment peut-il ensuite porter la plume dans la plaie ? Pourtant le fait est que la parole de Diams n’a jamais été censurée ni volée. La rappeuse avait décidé de se taire tout en faisant le choix d’une bigoterie qui ne pouvait que surprendre. C’était son droit et d’ailleurs elle ne rebondit guère sur la victimisation que le « journaliste » lui sert sur un plateau, préférant évoquer le vide abyssal qu’elle ressentait à l’époque. C’est à ce moment que l’ancienne rappeuse évoque au-delà d’une paix intérieure qui la fuit, sa peur de n’être plus aimée et cette compensation que l’affection du public lui apportait. Elle raconte que pour certains « elle en faisait trop avec son public » et qu’elle s’est rendue compte que la chaleur de la foule lors des concerts n’empêchait pas la solitude et ne préservait pas de la dépression. Certes l’affirmation n’a rien de révolutionnaire, mais jamais Augustin Trapenard n’évoque la peur du désamour, de l’abandon que l’on ressent derrière cette rare anecdote et qui peut expliquer le refuge vers une version particulièrement stricte de la religion. Autre moment surréaliste, lorsqu’Augustin Trapenard évoque la photo de Diam’s, voilée, sortant d’une mosquée en 2009. Cette photo, qui la montre portant déjà un voile noir qui la recouvre des pieds à la tête, interpelle. Mais pas question d’en parler, d’après lui cela aurait créé tellement de souffrance à la jeune femme qu’il ne souhaite pas revenir sur ce moment. On se demande là si on est en thérapie ou encore dans le cadre d’une interview. Entre la complaisance du passeur de plats et l’agressivité déplacée de celui qui veut créer le buzz à tout prix, il y avait tout de même la possibilité de juste faire un travail honnête. Mais non, de ce qui fait basculer Diam’s dans l’islamisme, même quiétiste, il ne sera jamais question.

« Diam’s pose une question à la France », quelle tarte à la crème !

L’homme préfère expliquer que « Diam’s malgré elle pose une question à la France ». Comme tous les artistes, elle est un « thermomètre de la société ». Celle-ci met alors en avant la violence et la haine qu’elle a suscitée suite à cette photo, expliquant que le thermomètre indiquait « quelque chose que l’on n’avait pas réalisé ». Ce qui permet à Augustin Trapenard, non de lui poser une question, mais d’abonder dans son sens : « pourquoi quand on se tourne vers la religion, c’est qu’on a forcément pété les plombs par exemple ? ». Le ton indique clairement que seuls les imbéciles raisonnent ainsi, sauf que, ce qui est involontairement drôle c’est que Diam’s a effectivement « pété les plombs » avant de se tourner vers la religion. Elle est l’exacte illustration de ce qu’il prend comme contre-exemple. Là, la réponse de Diam’s est un concentré de l’interview, creuse et verbeuse. « Après mon mari vous dira que c’est l’histoire et qu’il faut que les gens se rappellent de l’histoire et que finalement cela a toujours été comme ça. Ça l’était avant, bien avant que le problème soit les musulmans ». On ne voit guère à quoi la rappeuse et son mari font allusion mais vous pouvez compter sur Augustin Trapenard pour ne rien éclaircir. Ni lui demander si le problème, quand on s’exhibe en voile intégral est moins lié au rapport aux musulmans, qu’au fait d’exhiber un marqueur islamiste. Il préfère insister sur « le rapport de la France à la religion ».

Là, on a droit à la théologie à hauteur de vue des amibes : « la religion vous en parlez toujours au pluriel. Du fait que toutes les grandes religions sont liées et que ça on ne le sait pas forcément, on ne le dit pas, on ne le comprend pas ». Visiblement l’homme n’est pas au courant que le monothéisme est déjà un lien particulièrement fort, connu et reconnu mais surtout il parait ignorer que, selon les islamistes, l’islam étant la dernière religion, elle est censée englober les autres, les parfaire… Pour un islamiste, l’islam amène la vérité et les autres religions lui sont liées car elles doivent s’incliner devant sa vérité et admettre sa supériorité. Pas de respect et de tolérance là-dedans, mais une volonté d’élimination par absorption.

À lire aussi, Céline Pina: LFI: La France islamo-gauchiste?

Un autre passage est révélateur de cette absence de tout travail sur le fond : à la fin de l’entretien Diam’s explique qu’elle n’écoute plus de rap, que l’on ne peut « réduire sa carrière musicale à du rap », que ce serait ne « pas avoir compris qu’[elle]était juste en quête ». De quoi, on ne le saura pas. Elle parle aussi du fait qu’elle espère que ses enfants ne seront pas attirés par une carrière musicale. Mais il ne vient jamais à l’esprit du journaliste d’interroger l’ex rappeuse sur le fait que l’intégrisme islamiste interdit la musique et qu’elle se fait le relais de ces interdits, tout en évitant de le dire explicitement. 

Ne reste que 35 mn de banalités et d’ennui pendant lesquelles tout est fait pour nous convaincre que lorsque l’on souffre trop, se voiler, disparaitre, se taire permet la renaissance. L’échange est aussi creux intellectuellement que basique, le vocabulaire employé est peu élaboré et la pensée très limitée. En revanche qu’un « journaliste » par complaisance et absence de travail se fasse le relais d’une idéologie obscurantiste en banalisant le voile intégral et l’idéologie islamiste dont il est le principal marqueur devrait être un problème déontologique pour une presse qui se respecte.

Ensauvagement: les supporters anglais ont bon dos!

0
Le Real Madrid vainqueur de la Ligue des Champions, Stade de France, Saint-Denis, 28 mai 2022 © Paul Greenwood/Shutterstock/SIPA

La finale de la Ligue des Champions au Stade de France, dont la France avait voulu l’organisation, a donné lieu à de graves débordements et violences. Le coup d’envoi du match a été retardé, provoquant la colère de l’UEFA, et une forte sidération internationale devant l’incapacité de la France à assurer la sécurité. Les images de l’ensauvagement de la jeunesse faisant le tour des réseaux sociaux, après avoir accusé des supporters anglais munis de faux billets, les autorités françaises ont été contraintes de reconnaitre que des bandes de jeunes gens de la Seine-Saint-Denis ont semé le chaos samedi soir. Une réunion de crise est prévue à 11 heures. «Gérald Darmanin sera là avec moi. Le but est d’établir les responsabilités qui sont plurielles» a affirmé ce matin la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur RTL.


Ah, Saint-Denis, cette « Californie à la française » devant laquelle s’extasiait Emmanuel Macron ! Ah, cette vitrine du vivre-ensemble et de la créolisation, cette préfiguration de la France de demain (à moins de changement radicaux dans notre politique migratoire) ! Ah, sa diversité qui est une chance ! Ah, ses supporters anglais arborant des maillots du PSG et déclarant vouloir « niquer la France, et vive l’Algérie et vive le Maroc ! » Pardon ? « Supporters anglais » avez-vous dit, monsieur Darmanin ? À ce stade (de France), c’est le mensonge et le déni élevés au rang des beaux-arts…

Le 28 mai, le match Liverpool / Real Madrid organisé au stade de France a été l’occasion d’un fiasco sans précédent. Des hordes escaladant les barrières pour entrer de force, des supporters anglais (les vrais) empêchés d’accéder au match malgré leurs billets en règle et hors de prix, quand ils n’étaient pas méthodiquement agressés et dépouillés par les « chances pour la France » du département, des familles et des enfants aspergés de lacrymogènes par les forces du Préfet Lallement, des journalistes étrangers effarés témoignant de désordres à leurs yeux inconcevables, et deux ministres insupportablement satisfaits d’eux-mêmes, mentant sans vergogne en accusant les « supporters anglais » qui pour l’essentiel n’y étaient pour rien, au lieu de dénoncer les racailles, les organisateurs, les responsables du maintien de l’ordre, et par-dessus tout leur propre incompétence.

Indécence odieuse, étalée à la face du monde entier, qui préfère accuser les victimes plutôt que d’affronter les coupables.

Une fouille efficace prend du temps

Un peu de contexte. La sécurisation d’un match de foot de grande ampleur présente des difficultés évidentes. Que certains sports engendrent des mouvements de foules violents n’a rien d’une nouveauté : à Byzance, déjà, des émeutes parfois mortelles opposaient les « verts » et les « bleus », supporters des courses de chars. Le hooliganisme est une réalité bien connue, tout comme les bagarres et autres saccages de TGV à l’occasion de « rencontres » PSG/OM, sans oublier les attentats toujours possibles. Il faut donc fouiller correctement ceux qui entrent dans le stade, pour éviter l’introduction d’armes, de projectiles, de bombes au poivre ou que sais-je. Or, une fouille efficace prend du temps, et fouiller des dizaines de milliers de personnes prend beaucoup de temps. Les spectateurs ont l’impression d’arriver tôt s’ils se présentent deux heures avant le début du match ? Ils se trompent : ces deux heures sont techniquement insuffisantes pour tous les contrôler avant de les laisser rentrer.

A lire aussi: Scandale de l’Opéra de Paris: la gauche décomplexée

Seulement voilà : ce problème existe depuis des décennies, et s’y ajoute depuis au moins vingt ans la prédation systématique et systémique d’une population qui n’a pas grand-chose à voir avec les « factions » des hippodromes byzantins, mais tout à voir avec la chute de cette ville en 1453. Ne pas savoir l’anticiper est une preuve soit d’incompétence, soit de calcul cynique. Ne l’oublions pas, la passivité complice du pouvoir envers les racailles « issues de la diversité qui est une chance » est bien connue, tout comme son mépris envers les citoyens ordinaires, « ceux qui ne sont rien » et autres « Gaulois réfractaires ».

Fouiller prend du temps ? La belle affaire ! Les clubs ont largement les moyens financiers d’investir pour installer plus de points de contrôle, augmenter les effectifs des agents de sécurité, et ainsi réduire les délais.

Dans deux ans, les Jeux olympiques…

Il y a des troubles aux abords ? Le ministère de l’Intérieur a l’autorité nécessaire pour imposer aux organisateurs de faire appel à une sécurité privée étoffée. Bien sûr, la présence des forces de l’ordre est facturée (à un prix loin de couvrir la facture réelle pour l’Etat, mais passons) aux clubs et aux fédérations, mais les effectifs de la police et de la gendarmerie ne sont pas infinis, et ont autre chose à faire que sécuriser les exhibitions de millionnaires jouant à la balle, si médiatiques soient ces exhibitions. Reste que comme n’importe quelle fête de village, un match de foot de grande ampleur est une manifestation soumise à autorisation, et que les entreprises de sécurité privée seraient parfaitement capables d’y engager plus de moyens humains – surtout lorsqu’un match est organisé dans un territoire connu pour présenter des risques particuliers, comme Thierry Henry en avait fort judicieusement fait la remarque. Décidément, les JO 2024 s’annoncent bien…

Anecdote amusante, en réalité les incidents ne se sont pas limités à Saint-Denis. Une journaliste espagnole a fait dans Paris même la rencontre d’un rat, suscitant de fort intéressantes réactions. Le monde entier va-t-il découvrir ce que le progressisme a fait de ce qui fut jadis la Ville Lumière ? Ceci dit, les Japonais n’avaient pas attendu

300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles

Y a-t-il eu des insuffisances lourdes dans l’organisation du match par l’UEFA et consorts ? Oui, assurément. Y a-t-il eu des resquilleurs et/ou des victimes de surbooking parmi les supporters anglais ? Oui, probablement. Sont-ils les responsables du chaos de samedi soir ? Bien sûr que non. Il faut la malhonnêteté du centrisme autoritaire pour faire semblant de prendre des weshwesh du 9-3 pour des hooligans britanniques. Il semble d’ailleurs que les autorités anglaises ne s’y soient pas trompées, et la police de Sa Majesté, qui avait dépêché des forces sur les lieux, a d’ores-et-déjà apporté un ferme démenti aux allégations absurdes de Gérald Darmanin. Même le Préfet de Police a fini par être obligé de nuancer les « explications » du ministre en évoquant « 300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis »….

Dans cette affaire, le pire n’est pas l’échec opérationnel, même s’il est gravissime et s’ajoute à la longue liste des griefs plaidant pour un départ de Didier Lallement. Car, disons-le, soit celui-ci se distingue par une incompétence rare, soit il exécute fidèlement les ordres, auquel cas ce sont ses donneurs d’ordres qui représentent un grave danger pour tous les citoyens, et il serait du devoir d’un Préfet de Police digne de ce nom de les dénoncer publiquement et de refuser de leur obéir.

Le pire, c’est la malhonnêteté du ministre de l’Intérieur et de la ministre des Sports. Le pire, c’est le mépris affiché de ce gouvernement qui ne prend même pas la peine d’essayer de rendre ses mensonges crédibles. Le pire, c’est la manière dont la macronie œuvre à rendre les forces de l’ordre haïssables aux yeux du Français moyen, et à dégoûter de leur métier tous les policiers et les gendarmes encore animés par la volonté de servir le bien commun – et ils sont heureusement encore nombreux (il serait temps, ceci dit, que leurs organisations syndicales et représentatives s’emparent du sujet, au lieu de se contenter de réclamer des mesures catégorielles, si légitimes soient-elles). Le pire, c’est de voir le pouvoir en place se pavaner à la tribune devant les photographes tout en livrant les honnêtes gens, là, en bas, dans la rue, à la sauvagerie de racailles toujours plus agressives et toujours plus ouvertement conquérantes car toujours plus certaines de leur impunité.

Samuel met les woke au Piquet!

0
L'essayiste Samuel Piquet © Hannah Assouline

Les occasions de rire ne sont pas si nombreuses. Le « roman-pamphlet » de Samuel Piquet, Le Serment sur la moustache, est plus que drôle: il est hilarant. Sauf si vous êtes un enseignant imbu de pédagogisme woke, précise notre commentateur. Et il en reste !


Peut-être vous rappelez-vous cet excellent film de Patrice Leconte intitulé « Ridicule » (1996). Un aristocrate provincial venu quémander à Versailles, en 1780, une aide pour sauver les paysans de ses terres accablés de fièvres y fait l’expérience de la cruauté des gens de sa caste. Jean Rochefort collectionne les traits d’esprit, les sarcasmes, les médisances bien tournées, les jeux de mots blessants. Et, tout à la fin, exilé par la Révolution en Angleterre, il fait l’expérience de l’humour britannique, cette façon de tenir sérieusement, tongue in cheek, un discours tout au second degré.

Je ne saurais traduire en français, sinon par des périphrases compliquées, ce tongue in cheek. C’est ce second degré que l’on explicite désormais en dessinant dans l’air des guillemets, pour signifier à son interlocuteur que l’on n’est pas sérieux : triste époque où l’on craint sans cesse de ne pas être compris des imbéciles. Le second degré est le ton général de Samuel Piquet, qui plutôt que le sarcasme ou la charge caricaturale, choisit de faire table rase sans en avoir l’air. C’est très efficace.

Les deux personnages principaux : un couple extrêmement progressiste

Ainsi Guillaume, l’enseignant anti-héros du Serment, avant de se mettre en ménage avec Louise, chienne de garde castratrice (pléonasme) et également enseignante, doit-il signer un engagement, par lequel il accepte « d’utiliser l’écriture inclusive dans ses propos, d’éviter le « mansplaining » quand elle parle, afin de ne pas « l’invisibiliser dans le couple », de ne pas l’offenser par des propos discriminants envers les minorités, et de s’engager, entre autres, à ne jamais prononcer les mots suivants : « Erik Zéneux », « misérabilisme », « islamogauchisme », néoféminisme » et « racisme anti-Blancs ». » Et qu’elle n’ôte pas son masque FFP2 en faisant l’amour.

Dans une autre vie, Samuel Piquet fut prof de Lettres. Aujourd’hui, il écrit dans Marianne, dont la directrice, Natacha Polony, fit aussi, dans une autre vie, ce même métier. Certains jours je m’aperçois que je suis l’un des rares à ne pas avoir fui. Piquet apparaît souvent à la pénultième page du magazine, livrant de jolis billets corrosifs — en alternance avec Benoît Duteurtre, l’immortel auteur du Retour du général.

Accentuer les dérives de la société actuelle permet d’anticiper celle de demain

Nous étions nombreux à nous demander si Piquet, qui excelle dans le billet court et ravageur, parviendrait à monter la sauce au niveau d’un livre : pari réussi ! Les 158 pages du Serment se lisent comme elles ont été écrites, dans l’urgence et la bonne humeur. Les chapitres sont courts, comme écrits à la volée, à lire dans le métro (un chapitre par station), afin que vos voisins maussades se demandent ce qui vous fait vous esclaffer, et cherchent à connaître le titre de votre livre.

Ce Serment — comment ne pas penser à une dégradation du Sermon sur la montagne (Evangile de Matthieu), où le Christ préconise de ne pas résister à qui nous veut du mal, et enseigne à la foule le Notre Père — est le fait d’un vilain moustachu, Wedy Le Plen, antéchrist de notre modernité, qui vise à contraindre tous les candidats à la présidentielle de signer une pétition piégeuse et aberrante — ce à quoi Valérie Progresse se résout trop tard.

À lire aussi: C’est lui qui le dit: Edwy Plenel est journaliste, pas idéologue

Tous les personnages sont des copies plus vraies que nature de personnalités réelles et leurs noms des dérivés anagrammatiques. Le Plen est sans doute Edwy Plenel, et son alter ego féminin et féministe, Sandrine Cadet-Rouselle, est aussi aisément identifiable, elle qui suggère de remplacer « enculer les mouches » par « circluser les diptères par la deuxième voie ». On songe en lisant cette pochade aux Chroniques du règne de Nicolas Ier, de Patrick Rambaud : même sens de la dérision à travers le sérieux affiché.

Un professeur très éloigné des Hussards Noirs de la République

C’est sans doute dans ses scènes proprement pédagogiques que Samuel Piquet fait très fort. « Guillaume fit part à Louise de sa dernière trouvaille : combattre la grammaire sexiste en émasculant les complétives et les relatives de leur « que » afin de les rendre moins viriles. » Chahuté comme il se doit (parce que les élèves sentent très bien que ces profs pédagos ne leur veulent au fond pas de bien), Guillaume craque et il est hospitalisé à La Verrière — l’Educ-Nat est sans doute le seul service public à avoir sa propre clinique psychiatrique. Là, il fait cours devant des chaises vides : « Jamais au cours de sa carrière Guillaume n’avait pu observer d’élèves aussi attentifs que les chaises de premier rang » — vacherie immédiatement doublée d’une autre, plus plaisante encore : « Cette satisfaction se doublait d’une sorte de griserie d’avoir pu éprouver la même sensation qu’Anne Idéalbo lors de ses meetings. »

A lire aussi : L’école selon Zemmour: finie la «bienveillance»!

La page obligée des « remerciements » n’échappe pas au sarcasme institué en méthode de survie en milieu hostile : « Je préfère, et de loin, remercier la seule et unique personne qui compte à mes yeux, celle qui a toujours été là dans les moments difficiles et dont le génie créateur n’a d’égal que la complexité de la pensée : Gilles Le Gendre. »
J’allais le dire.

À noter que le roman contient son propre anti-poison. Chaque chapitre est précédé d’une citation, et la liste des bons auteurs cités par Piquet (Voltaire, Orwell, Tchékov, Bossuet ou Molière) donne une idée de ce qu’il faudrait faire lire aux élèves — mais on préfère, dans les nouveaux manuels scolaires, leur asséner les œuvres complètes de Philippe Meirieu et d’Eric Fassin. Là est l’enjeu réel : l’accès aux œuvres qui comptent et à la langue qui les sous-tend, et non à l’infâme gloubi-boulga raréfié qui est celui de l’Ecole des pédagos, d’une classe politique d’une pauvreté insigne et d’une culture laminée.

Samuel Piquet, Le Serment sur la moustache, Editions de l’Observatoire, 158p., 16€ — c’est pour rien.

Ridicule

Price: 55,37 €

14 used & new available from 16,06 €

Le Retour du Général

Price: 18,20 €

44 used & new available from 1,40 €

Troubles du voisinage

0
Image d'illustration Unsplash

La Russie vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme, mais la condamnation n’a rien à voir avec l’invasion de l’Ukraine !


Par un singulier arrêt rendu le 10 mai dernier, un requérant a obtenu gain de cause en alléguant qu’une atteinte prolongée à sa vie privée était causée par un cimetière voisin accueillant un nombre immodéré de funestes résidents. Dans ce macabre litige opposant Vladimir Solyanik, ressortissant russe résidant à Vladivostok, et le service funéraire de la ville, la Cour a considéré que l’article 8 de la Convention européenne de Sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales avait été violé à un degré suffisamment caractérisé par les agissements fautifs des pompes funèbres mises en cause.

Depuis l’année 1991, les tombeaux s’accumulaient, conduisant ainsi au repoussement inexorable et continu des limites du cimetière, situation d’expansion qui a conduit les autorités locales à interdire toute nouvelle inhumation dans le cimetière en 1995.

A lire aussi: La Russie, par-delà le bien et l’humiliation

Malgré les injonctions, de nouvelles admissions funéraires se sont continuellement opérées, poussant M. Solyanik à saisir le prétoire en 2013, procédure qui s’est avérée infructueuse avant que l’affaire ne remonte à la Cour de Strasbourg en septembre 2015. Le requérant a ainsi versé aux débats une série d’expertises, lesquelles ont permis de signaler la présence excessive de bactéries pathogènes, de microbes et de produits chimiques pernicieux, qui empoisonnent les sols et les eaux attenants à son domicile. Circonstances loin d’être dépourvues d’effet, le cimetière s’étant approché à un point tel qu’il se trouve à 34 mètres de la maison du requérant, à qui Moscou a été condamné à verser 14 800 euros. L’expansionnisme russe a toujours un prix.