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Un personnel politique bien terne pour des temps obscurs

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Le retour de l’antisémitisme, très commenté dans la classe politique, à droite, et dans une bonne partie de la presse, apparait comme un nouveau révélateur de la crise française, observe la philosophe et politologue Renée Fregosi.


Tandis qu’en France se profile une nouvelle crise politique, qui devrait éclater le 8 septembre prochain à l’Assemblée nationale lors de la question de confiance au gouvernement, l’ensemble du landerneau politique se perd en calculs mesquins et en manœuvres stériles. Pourtant, des menaces bien plus graves continuent de nous parvenir de toutes parts – Moyen-Orient, Chine, Russie, États-Unis – et surgissent aussi du cœur même de notre société. Mais parce que notre personnel politique, dans son ensemble, se révèle trop médiocre et relâché pour y faire face, il se réfugie dans le déni, les analyses sociologisantes hors-sol ou les visions complotistes. Ce sentiment de délitement, de fuite en avant vers l’abîme, n’est pas nouveau, mais il s’est considérablement aggravé et pèse de manière oppressante depuis plusieurs mois.

La suppression en 2020 de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a certes rendu plus difficile et contestable le suivi statistique des crimes et délits, mais la montée de la violence au quotidien – agressions, trafics, attentats – est ressentie directement par la population. Des instituts réputés comme la Fondapol publient régulièrement des rapports alarmants. Comme le rappelait déjà Dominique Reynié en 2022, « à travers l’enjeu de la sécurité, les Français perçoivent le délitement de la souveraineté nationale ». Le narcotrafic qui met en coupe réglée des quartiers entiers, la multiplication des agressions contre les femmes et les personnes âgées, la recrudescence des tentatives d’attentats menées par des individus de plus en plus jeunes, la hausse constante des actes antijuifs – qui ont explosé depuis le 7 octobre 2023 – composent un tableau inquiétant. La montée d’un « nouvel antisémitisme » est d’ailleurs emblématique de la perte de contrôle du politique sur la société.

On parle désormais d’« antisémitisme décomplexé » ou d’« antisémitisme d’atmosphère », comme si le pogrom génocidaire du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, avait légitimé la libération de la parole et des actes antijuifs. De Beyrouth au Caire, de Téhéran à Jakarta, en passant par Tunis, Damas ou Istanbul, mais aussi à New York, Londres ou Paris, des rassemblements se tiennent depuis ce jour funeste aux cris de « Israël assassin » ou du sinistre « Allahu akbar ». Les Juifs, assimilés à des « complices » d’Israël, y sont insultés, discriminés, attaqués physiquement, en France comme en Espagne, aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Royaume-Uni. Le Hamas, branche palestinienne des Frères musulmans et instrumentalisé par l’Iran, est devenu le porte-drapeau de la lutte mondiale contre Israël en particulier, et contre l’Occident en général. Il est désormais présenté comme le héros de la « résistance palestinienne », et même, plus largement, comme un symbole de la lutte contre la prétendue « domination blanche » dans le monde.

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Sous couvert d’une posture soi-disant « équilibrée » renvoyant dos-à-dos Israéliens et Palestiniens, c’est en réalité le narratif pro-palestinien qui domine dans les grands médias et dans une partie de la classe politique. En France, LFI – avec Rima Hassan, Mathilde Panot, Sébastien Delogu ou Danielle Obono – ainsi que les écologistes, en particulier par la voix d’Aymeric Caron, reprennent cette ligne, renouant avec ce qu’August Bebel appelait le « socialisme des imbéciles » pour qualifier l’antisémitisme de gauche. Mais ils ne sont pas seuls : à droite, Dominique de Villepin reste prompt à accuser Israël de tous les maux, et certains élus, par électoralisme, nient ou minimisent l’antisémitisme musulman. Le plus préoccupant reste cependant la complaisance observée au sommet de l’État.

En refusant de participer à la marche nationale contre l’antisémitisme en novembre 2023, au nom d’un prétendu souci de « ne pas diviser les Français », le président de la République a accrédité l’idée que l’antisémitisme pouvait constituer une position politique, présentée comme symétrique de la supposée « islamophobie » dont seraient victimes les musulmans en France. De fait, Emmanuel Macron a ainsi semblé prendre parti pour les musulmans contre les Juifs. Il a réitéré cette faute politique et morale le 9 avril 2025, en annonçant la reconnaissance par la France d’un « État palestinien » – entité encore fantasmatique, sans frontières ni institutions définies – sans poser aucune condition, pas même la libération des otages encore retenus par le Hamas. L’argument avancé, selon lequel ce geste contribuerait à mettre fin à la guerre à Gaza et favoriserait la paix, relève d’une illusion dangereuse.

Une telle position résonne comme une menace à l’égard d’Israël, clairement assumée par ailleurs par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a annoncé le 29 juillet que son pays reconnaîtrait la Palestine à l’ONU « sauf si Israël prenait une série d’engagements ». Or, l’histoire récente du Moyen-Orient montre le contraire : c’est en écartant la question palestinienne et en privilégiant les enjeux sécuritaires et économiques que la normalisation avec Israël a progressé, depuis l’Égypte (1979) et la Jordanie (1994), jusqu’au Maroc, aux Émirats arabes unis et au Bahreïn (2020), et même l’Arabie saoudite, qui, à la veille du 7 octobre 2023, s’apprêtait à rejoindre les accords d’Abraham.

Plutôt qu’un président qui multiplie les polémiques avec Benyamin Netanyahou et l’ambassadeur des États-Unis à Paris, sans parvenir à peser réellement sur les affaires du monde, la France aurait besoin d’un chef d’État digne de respect, déterminé et porteur d’une haute exigence morale. Mais, ailleurs non plus, le monde n’offre guère de modèles : où que l’on regarde, ce ne sont que potentats paranoïaques, régimes corrompus ou faillis, autocrates sans vision, narco-États ou pouvoirs islamistes sanguinaires. Face à ce panorama détestable et dangereux, la question reste entière : comment retrouver le chemin de la démocratie, non seulement comme méthode, mais comme finalité de l’action politique, alors que les responsables eux-mêmes ne sont peut-être, en fin de compte, que le reflet de leurs peuples et de leur époque ?

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Sommet de l’OCS à Tianjin: une étape supplémentaire de l’expansionnisme russo-chinois

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Entouré notamment du Russe Poutine et du Nord-Coréen Kim Jong-un, le dirigeant chinois Xi Jinping a présidé hier une grande parade militaire et exhibé toute sa nouvelle force diplomatique. Reste que les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai réécrivent l’histoire. Seule l’Inde, également présente, garde ses distances. «Que le président Xi et le merveilleux peuple chinois passent une excellente journée de célébrations», a écrit de son côté le président américain Trump, avant de se faire railleur: «Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong Un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique…»


Front anti-occidental ? Anti-américain ? Ces derniers jours, on cherche à qualifier la séquence diplomatico-médiatique orchestrée par Pékin et ses partenaires les plus proches, dont la Russie de Vladimir Poutine. Elle a débuté en Chine, à Tianjin, dimanche 31 août dernier avec le sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et s’est achevée à Pékin hier, en grande pompe, à la gloire des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale… du moins sur son front oriental.

Mauvaise passe pour Donald Trump

La conduite erratique de l’administration Trump en matière de politique étrangère a offert un boulevard communicationnel à l’hôte chinois qui a su chorégraphier les attributs de la superpuissance qu’elle est devenue.

Place Tian’anmen, Pékin, hier.

Cette opération de communication a aussi consisté à transmettre des signaux favorables pour un élargissement du club des pays de l’OCS, composé de dix États fondateurs (dont la Russie et la Chine) et désormais dix-sept pays « partenaires », avec l’entrée toute récente du Laos. Ses différentes déclarations jointes font étalage, sous la forme d’une liste à la Prévert, des points de consensus entre membres pour la construction d’une gouvernance mondiale plus respectueuse et égalitaire, faisant la part belle aux pays en voie de développement (PVD) et les moins avancés (PMA), prétendument délaissés par les pays occidentaux et leurs institutions.

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Mais la signification profonde de cette séquence savamment marketée ne doit pas nous échapper. Car le basculement qu’elle met en scène pose les bases idéologiques d’une confrontation future majeure avec les grandes démocraties, y compris militaire. Dans son discours du 3 septembre tenu à l’occasion d’une parade militaire commémorative, Xi Jinping présente son pays victorieux lors du second conflit mondial dans la lutte contre le « fascisme mondial », une expression utilisée en son temps par l’URSS de Joseph Staline pour désigner le combat « des forces démocratiques et progressistes » contre une idéologie fasciste anti-communiste, incarnée notamment par le camp du social-libéralisme[1]. Le concept de fascisme fournit aujourd’hui aux régimes russe et chinois une référence idéologique commune. Il sert aussi à effacer de la mémoire collective les crimes perpétrés par les régimes totalitaires communistes chinois, soviétique et, accessoirement nord-coréen… jusqu’à aujourd’hui.

Déclaration finale lunaire

Pas un mot en effet sur la guerre d’agression de la Russie dans la Déclaration jointe finale, tandis qu’elle dénonce avec force Israël et les États-Unis pour leur « invasion militaire » en Iran qui, selon le texte, viole « les principes de la Charte des Nations unies, porte atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iran, compromet la sécurité régionale et internationale et a de graves conséquences pour la paix et la stabilité dans le monde ». Il y aurait ainsi, selon ce narratif, des démocraties coupables de leurs crimes, passés et présents, et d’autres États, leurs victimes, jouissant d’un droit de tirage spécial devant l’histoire, se plaçant au-dessus du droit international et de leur responsabilité devant les peuples.

La rhétorique d’un « fascisme » assimilé au camp libéral reprend les termes de la propagande russe paranoïde voyant dans les élites ukrainiennes une réincarnation imaginaire du nazisme d’hier. Elle fait aussi des émules sur la scène politique taiwanaise où des responsables du parti pro-Pékin, le KMT, ont accusé récemment le parti au pouvoir, le DPP, de « fasciste ». Elle pourrait s’abattre sur toute société démocratique libre.

Par ailleurs, cette entreprise de travestissement de l’histoire peine à dissimuler ses vrais buts de guerre : opérer un double hold-up sur les institutions onusiennes et du multilatéralisme de l’OMC comme autant de marchepieds d’une politique d’expansion planétaire. C’est, en outre, la teneur de la nouvelle proposition chinoise pour une « gouvernance globale » dans laquelle Pékin se présente comme « le plus grand pays en développement du monde » capable de guider le « Sud global » sur la voie de la croissance. On voit se préciser toute l’utilité pratique de l’attelage sino-russe dont l’idéologie commune anti-occidentale sert de bélier pour faire progresser leurs intérêts stratégiques et économiques et, dans le même temps, faire reculer les positions des économies libérales avancées.

Création d’une banque de développement pour l’OCS

L’économie est probablement le domaine d’action où les avancées sont les plus concrètes. A cet égard, le Sommet de Tianjin marque un tournant institutionnel dans le prolongement du sommet précédent de l’OCS, à Astana, au mois de juillet 2024. Il met en œuvre la stratégie de développement économique et financière qui avait été arrêtée. L’organisation tente désormais de faire coïncider les attendus économiques et stratégiques de sa feuille de route globale, quitte à fragiliser l’utilité ou la pertinence de l’aéropage des « BRICS ». Ce qui laisserait à penser que l’OCS est pour leurs fondateurs devenue la seule plateforme susceptible de faire contrepoids aux institutions de Bretton Woods et de réformer l’architecture et les traités de sécurité internationale hérités de l’après Seconde Guerre mondiale. La Chine manifeste déjà clairement sa volonté de mettre en place une réforme des marchés financiers internationaux. L’annonce de la création d’une nouvelle banque rattachée à l’OCS constitue en l’espèce un pas supplémentaire dans cette direction.

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Cependant, pour ce qui concerne les futurs développements de l’OCS, une superpuissance en devenir pourrait ralentir le projet politique et économique emmené par la Chine : l’Inde de Narendra Modi. Alors que Pékin ne cesse d’exhorter l’Europe à mettre en œuvre son « autonomie stratégique » pour la désarimer durablement de l’orbite des États-Unis, elle ne pousse pas l’Inde à développer sa stratégie diplomatique du multi-alignement. Et pour cause : une lecture comparée des comptes-rendus séparés de Delhi et de Pékin au sujet du Sommet de Tianjin fait apparaître le fossé stratégique qui sépare les deux géants asiatiques. Pékin y prône l’avènement d’un monde multipolaire affichant la priorité qu’il accorde à remettre en cause le leadership américain. Mais la diplomatie indienne rectifie la focale du tir en appelant de ses vœux l’avènement, avant toute chose, d’une Asie multipolaire… La gouvernance est une affaire trop sérieuse pour la laisser entre les seules mains chinoises, semble-t-elle suggérer.


[1] A partir du VIème congrès de la Comintern en 1928, la direction stalinienne a promu la thèse selon laquelle la social-démocratie était souvent un « fascisme sous une autre forme » – façonnant une sorte de continuité entre la social-démocratie et le fascisme, les deux étant présentés comme des ennemis du communisme.

Le Hamas, vaincu sur le terrain, triomphant dans les esprits

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Exploits, dévoiements et aveuglements. Israël poursuit avec efficacité l’élimination de chefs et de combattants ennemis. Mais la puissance de la propagande du Hamas et la gravité de la crise humanitaire à Gaza relèguent ses succès militaires au second plan.


Le 28 aout, l’armée de l’Air israélienne a mené une attaque ciblée sur un immeuble de la ville de Sanaa, à 2000 km de Jérusalem, tuant entre autres le Premier ministre des houthis, son ministre de la Défense et son chef d’état-major. Même si Abdul Malik al-Houthi, le Guide Suprême incontesté du mouvement houthi ne participait pas à cette réunion, une telle attaque est d’autant plus impressionnante qu’il semble que jusque en 2023, le monde des houthis était quasi inconnu des Israéliens et que ceux-ci ne disposaient même pas de personnels capables de comprendre le dialecte des montagnes du Nord Yemen que ceux-ci utilisaient. On a vu, avec l’affaire des beepers du Hezbollah, l’élimination de Nasrallah et les frappes sur l’Iran l’efficacité des services israéliens. On imagine ce qu’aurait fait l’aviation israélienne si elle avait vraiment reçu des instructions génocidaires…

Trois jours plus tard, le 31 aout, l’armée annonçait l’élimination de Abou Obeida par un bombardement ciblé dans la ville de Gaza. Abou Obeida était cet homme mystérieux, masqué et ganté, au keffieh rouge et blanc, qui depuis la capture de Gilad Shalit en 2006 était le porte-parole militaire du Hamas. Mais il était, disent les experts, bien plus que cela, le responsable de la propagande, l’homme qui décidait des opérations de communication, des slogans à transmettre, des vidéos à monter et à montrer, des cérémonies à organiser. Le Goebbels du Hamas?  Bien sûr, il y a des différences…

Les nazis, avec leur idéologie de suprématisme racial, ne pouvaient a priori recueillir de sympathie que de la part d’Européens se croyant de la même aristocratie aryenne qu’eux. Ils ont su pourtant se créer des alliances bien au-delà de cette frange limitée. 

La haine contre les Juifs a été un excellent ciment, par exemple avec le mufti de Jérusalem, recruteur de la division  musulmane de la Waffen SS et modèle admiré de Hassan el Banna, le fondateur des Frères musulmans, dont le Hamas est la branche palestinienne. Une sorte d’intersectionnalité des luttes avant la lettre conduisant à des alliances baroques sur la base efficace d’une haine commune…

Pour les nazis, même  s’ils prétendaient que leur combat n’était rien d’autre qu’une lutte  contre la diabolique emprise juive, ils étaient trop arrogants pour adopter, même pendant leurs défaites, une posture victimaire. Le Hamas, lui, a fait coup double. 

Mots-mensonge

En diffusant ses massacres du 7-Octobre il a rempli ses militants de fierté. Mais en manipulant médiatiquement la réaction israélienne, il s’est transformé en résistant contre l’oppression et est parvenu à faire du palestinisme la religion anti-impérialiste contemporaine, celle qui remplace le marxisme, le léninisme, le stalinisme, le trotskisme, le castrisme, le maoïsme, tous ces -ismes dans lesquels les parents et grands-parents idéalistes des jeunes d’aujourd’hui avaient baigné et s’étaient parfois précipités tête baissée.

Il fallait au Hamas détourner l’attention du public loin des souterrains qu’il avait construits avec une amplitude gigantesque et qu’il n’avait évidemment pas conçus comme des lieux de protection de la population, et la transférer vers les scènes de destruction extérieure. Il lui fallait faire état de beaucoup de morts dans sa propre population, pour qu’il puisse remporter l’autre guerre, celle que le faible peut gagner contre le fort, la guerre de l’opinion publique, que le régime soviétique et des stratèges militaires avaient déjà théorisée dans le passé et qui a changé le cours de nombreuses guerres comme celle d’Algérie ou du Vietnam.

Grâce à  ses sympathisants compassionnels ou repentants, ou simplement antisionistes, à ses idiots utiles ou ses soutiens soudoyés par son inépuisable tiroir-caisse qatari, le Hamas est parvenu à imposer un discours truffé des mots mensongers de génocide, apartheid, et famine. 

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Goebbels s’est suicidé parce que le Reich s’était effondré. Abou Obeida est liquidé alors que la propagande du Hamas triomphe. Il n’est probablement qu’un symbole, car l’essentiel du travail a été fait dans nos propres pays.

Les rédactions, les services diplomatiques, les agences de l’ONU savaient que le Ministère de la Santé de Gaza qui diffuse les chiffres de mortalité n’est qu’une fiction, que les journalistes gazaouis envoyant leurs reportages à la presse mondiale travaillaient sous le contrôle de Abou Obeida et de ses services, que les employés de l’UNWRA chargés des distributions alimentaires dépendaient du Hamas, que les directeurs des hôpitaux, nommés par le Hamas, étaient parfaitement au courant de l’usage militaire qui en était fait. Les responsables de l’IPC[1] savaient aussi que les statistiques nutritionnelles qui leur ont fait déclarer la famine à Gaza provenaient de chiffres invérifiables préparés par des correspondants qui avaient tout intérêt à les noircir…

Enfants élevés dans la haine

Par idéologie, par émotion, par routine, par intérêt, par négligence, par peur, par ambition, par calcul politique ou par antisémitisme, le discours anti-israélien s’est généralisé, insensible à la vérité. Lorsque Fatah Sharif a été éliminé par une frappe israélienne en septembre 2024, le Hamas lui-même a déclaré qu’il avait perdu son chef au Liban. Il était aussi directeur d’école et responsable du syndicat des enseignants de l’UNRWA dans ce pays, mais aucun pays européen n’a alors arrêté ses subventions à cette organisation, qui porte une lourde responsabilité dans la catastrophe éducative des enfants palestiniens.

Que ce soit  sous la houlette du Hamas ou celle de l’Autorité Palestinienne, les enfants ont été élevés dans la haine depuis leur plus jeune âge. La complaisance de l’UNWRA a été criminelle. Il ne s’agit pas seulement de la haine d’un ennemi conjoncturel, qui pourrait se retourner une fois la paix survenue. Il s’agit d’une haine incrustée dès la plus jeune enfance par une éducation systématique déshumanisant l’adversaire et mettant en avant des impératifs religieux impitoyables et indisputables. Ce n’est pas seulement une haine d’Israël. La célèbre militante palestinienne Ahed Tamimi, 24 ans aujourd’hui, l’a proclamé ces jours-ci à la radio: c’est une haine contre les Juifs en général, celle qui s’exprime dans ce hadith célèbre appelant à l’extermination des Juifs, que le Hamas a inséré dans l’article 7 de sa charte. 

Considérer qu’il s’agit là d’éléments marginaux qui seraient solubles dans la reconnaissance d’un État palestinien, imaginer que la reconnaissance d’un tel Etat aux contours fantomatiques mais à l’idéologie malheureusement explicite serait un atout pour la paix n’est pas seulement une gifle envers les victimes du 7-Octobre. Ce n’est pas seulement la preuve d’une ignorance volontaire de l’histoire des relations israélo-palestiniennes. Ce n’est pas seulement une incroyable méconnaissance de ce qu’est l’Autorité palestinienne, une entité faussement modérée, méprisée et profondément hypocrite. C’est un témoignage de docilité envers une idéologie islamiste qu’on n’ose pas nommer. C’est apparemment le cadeau que prévoit le président de la République à la communauté juive française pour la nouvelle année…


[1] Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est un outil de référence supposément neutre, employé par les agences des Nations unies et les ONG pour analyser et suivre les situations de malnutrition NDLR.

Citroën C15, les lendemains qui chantent!

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Dans une rentrée sociale agitée, ce modèle populaire, disparu il y a presque 20 ans de la circulation, est à la fois annonciateur d’une prise de conscience politique et le creuset de tous les réenchantements…


Depuis plusieurs mois, la colère gronde. Comme souvent dans notre pays, c’est loin des villes, dans les campagnes évincées, sur des terres exsangues où les industries ont déserté et où la puissance publique a failli que la cristallisation s’est opérée. Au début, les politologues salonnards sont passés, comme de bien entendu, à côté du phénomène. Les sondeurs manquaient de capteurs sur place ; hors des périphéries actives et des centres décisionnels, une zone blanche s’étalait devant leurs ordinateurs blêmes. Tout un monde jadis organisé en bourgs et en cantons ne répondait plus à aucun signal. Dans cette carte du vide, on pouvait se demander si le cœur de la nation battait encore ? Les statistiques étaient formelles, les sociologues catégoriques, les médias à la ramasse, la ruralité était un concept aussi dépassé que le Solex et la brillantine. Les sociétés modernes se projetaient dès lors, loin des fenaisons d’antan et des comices agricoles, de l’école communale et du Gaffiot. Rappelons pour mémoire que tous ces experts patentés n’avaient pas vu arriver les « Gilets Jaunes », ils ne verront pas non plus des colonnes de C15 se diriger gaiement vers les Champs-Élysées et croiser le fer sur les pistes cyclables au milieu des taxis électriques et des vélos-cargos muletiers. L’aveuglement des « élites » (peut-on encore les qualifier ainsi ?) est une maladie incurable qui tient autant du déni que de l’incapacité physique à voir le réel. Je ne dis pas le comprendre, l’analyser ou y répondre par des actes, seulement le discerner dans la brume technocratique, constater les peurs et les errances de tout un peuple perdu, salement lâché, accepter l’état d’hébétement d’une population arrivée à son terme, à bout, ne croyant plus en rien et n’attendant plus rien. Et pourtant, il suffisait de se promener un peu partout sur notre territoire, en dehors des autoroutes et des rails TGV, en empruntant les remplaçants du « Corail » et en privilégiant les routes bordées de platanes. Et là, stupeur et tremblement, d’année en année, leur nombre s’est multiplié. La tache avec ou sans accent circonflexe sur le a grossissait à vue d’œil. Car leur prolifération ne faisait pas plaisir aux puissances marchandes, elle était même perçue comme une menace à la virtualité et à la technologie-reine. Un frein à la compétitivité et à l’obsolescence programmée. En somme, un méchant retour en arrière. Loin des oukases et des instances extraterritoriales, les Citroën C15 fédéraient les inadaptés, les reclus, les passifs du progrès. Elles faisaient corps. Au début, il n’y avait que quelques réfractaires au bonheur lyophilisé, des chasseurs et des pêcheurs, des artisans en pré-retraite et des exfiltrés des Domaines pour succomber au charme débonnaire et rustique de cet utilitaire léger produit principalement dans la péninsule ibérique entre 1984 et 2006. Une lame de fond s’est emparée de nos départements sans haine ni violence, du Finistère à la Moselle, des Ardennes aux Pyrénées-Orientales. Les réseaux sociaux en sont babas. Plus ou moins fatiguées, dans leur jus mais vaillantes, la carrosserie grignotée et la mécanique sonore, les cicatrices du temps apparentes, les C15 sont nées au siècle dernier en plein tournant de la rigueur, Fabius était alors Premier ministre et Léo Ferré chantait à l’Olympia.

A lire aussi: Bienvenue chez les Routiers!

De la raillerie à l’affection, il n’y a qu’un tour de clé. Rouler avec cet objet solide et résistant, c’est l’adopter. Les C15 sont alors devenues un visage familier des marchés de primeurs et des chemins boueux. La météo ne semble pas les atteindre, ni les accabler. Elles affrontent l’hiver en Balagne et les étés chauds du Gard. Dans un climat déglingué, face à une classe politique défaite, dans un pays à la dérive, elles sont là. Indestructibles et chaleureuses. Populaires et angéliques. Rabelaisiennes et charpentées. Logeables et corvéables à merci. Elles nous redonnent un peu d’espoir. Elles ne trichent pas sur leur CV et leurs immenses mérites. On peut compter sur elles en cas de coup dur ! Leur persévérance, leur frugalité, leur sens du partage les rendent belles dans les yeux des Français à la recherche d’un amour éternel. Les Français en ont assez des promesses. Elles nous rappellent le sens des priorités : transporter à moindre frais, sans chichis et sans prêchas. Elles permettent de rouler économiquement et sans supporter des coûts excessifs de réparation. Elles conquièrent ainsi chaque jour de nouvelles cibles comme disent les marketeurs, leur cote grimpe. On se les arrache sur le marché de l’occasion. Elles ont même une mission pacificatrice, elles peuvent, par leur entremise miraculeuse, réconcilier des profils éloignés. Leur arc de la raison court des conservateurs aux antisystèmes, elles dessinent une autre France, celle du labeur, du coup de main et d’une indépendance d’esprit. Toutes les radicalités convergent aujourd’hui vers cette automobile déclassée qui arbore les chevrons victorieux comme un signe de réappropriation de notre destinée.

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Malades, go home!

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À six jours du très risqué vote de confiance réclamé par François Bayrou, le gouvernement a sorti de son chapeau un thème qui fait battre le cœur de la droite et de nombreux électeurs : il envisage de « réajuster » — comprenez restreindre — les soins couverts par l’Aide médicale d’État, ce fameux dispositif réservé aux clandestins. Analyse.


Le gouvernement veut réformer l’AME par décret. Il était temps. Après une tentative avortée en 2024, Bruno Retailleau avait promis la réforme de ce dispositif réservé aux immigrés clandestins en janvier. Six jours avant la chute programmée du gouvernement, Bayrou envoie dans les tuyaux quatre décrets durcissant mollement ce système unique. Un des plus généreux au monde, il coûte seulement 1,2 milliards mais contribue à l’attractivité migratoire.

Certains soins exclus

Deux textes concernent la gestion administrative (par exemple, on exigera désormais des pièces d’identité avec photos). Deux autres décrets restreignent l’accès en instaurant la prise en compte du revenu du conjoint, ou en excluant certains soins comme le traitement des oreilles décollées et la balnéothérapie.

Donc, jusque-là, un étranger en situation irrégulière pouvait se faire payer une balnéothérapie en présentant des papiers bidon. D’accord, c’est une caricature. Il n’est pas sûr qu’il y ait vraiment eu des cas de balnéothérapie, et, d’après Le Point, on ne décompte que 35 décollements – ce qui fait 70 oreilles. Autre innovation : l’accès à certains soins est soumis à une durée minimale de présence. Plus vous restez (illégalement), mieux vous êtes soigné. Curieux message, mais passons… Au final, l’économie est estimée à environ 400 000 euros annuels. Peanuts. C’est peut-être symbolique, mais cela va dans le bon sens.

A lire ensuite, Raphaël Piastra: OQTF: la France, championne du surplace

Tapage politique

Reste que la ficelle est un peu grosse. Des «mesures financièrement dérisoires mais politiquement tapageuses », résume Le Point[1]. Si l’on ajoute à cela la dissolution de l’Institut Européen des Sciences Humaines, sévissant depuis une trentaine d’années près de Château-Chinon[2], on pourrait dire que François Bayrou tente de cajoler le RN et LR, comme s’il espérait sauver sa tête avec quelques mesurettes qu’il aurait dû prendre depuis des mois. Il avait jusque-là préféré soigner son centre plutôt que sa droite… Et ignoré les attentes de ces millions d’électeurs qui pensent et à raison que la France fabrique sa propre destruction, en accueillant trop et en accueillant n’importe qui, sans se demander si les arrivants contribueront positivement à la société – on pense au Tunisien de Marseille en situation parfaitement légale.

Immigration : la prudence partout ailleurs en Europe

Au même moment, la Première ministre danoise Mette Frederiksen refuse l’accueil de tout Gazaoui. Pourquoi ? Par le jeu de la démographie et du regroupement familial, les quelques dizaines de ressortissants accueillis il y a trente ans dans son pays sont maintenant des milliers et pour l’essentiel ne travaillent pas.

De son côté, l’Allemagne expulse des déboutés du droit d’asile et des étrangers condamnés.

Enfin, en Grande-Bretagne, alors que des forêts de drapeaux envahissent les rues[3], le Premier ministre travailliste Keir Starmer lance la réforme du regroupement familial. Il est vrai qu’il y a eu en Angleterre de véritables ratonnades, sur fond de crimes commis par des immigrés et de mensonges gouvernementaux. Cela ne se passe pas chez nous, tant mieux.

Au diable toutes ces chicayas politiques qui commencent à ennuyer tout le monde: les Français ne sont pas racistes, ils ne veulent simplement pas être étrangers dans leur pays, devenir culturellement minoritaires. Avec notre gauche folle et notre droite molle, on n’est pas rendus.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez notre directrice de la rédaction dans la matinale de Patrick Roger


[1] https://www.lepoint.fr/societe/ame-le-tres-symbolique-coup-de-poker-de-francois-bayrou-03-09-2025-2597743_23.php

[2] L’institut qui formait des imams était dans le viseur de Bruno Retailleau depuis le fameux rapport sur l’emprise des Frères musulmans en France déclassifié en mai NDLR

[3] À ce sujet, relire https://www.causeur.fr/starmer-face-a-la-revolte-des-drapeaux-raise-the-colours-migrants-315487

L’an prochain à Jérusalem?

Antisémitisme d’atmosphère, intimidations, agressions, attentats islamistes… les menaces qui pèsent sur les Français juifs sont nombreuses et alimentées par l’extrême gauche qui nazifie les « sionistes » depuis le 7-Octobre. Conséquence : beaucoup de juifs fuient la France pour Israël malgré les difficultés d’intégration.


Les juifs ont-ils un avenir en France ? Il y a encore quelques années, une telle question pouvait paraître absurde. Mais aujourd’hui, à l’heure où l’antisémitisme est redevenu dans notre pays un levier politique puissant, elle se pose de façon pressante.

Pour y répondre, Dov Maïmon, conseiller du gouvernement israélien, et Didier Long, théologien spécialiste des liens entre judaïsme et christianisme, ont rencontré durant des mois de nombreux acteurs de la communauté juive de France, mais aussi des politiques, des policiers, des figures du renseignement ainsi que des juges antiterroristes. Ils ont aussi compilé toutes les statistiques disponibles.

Le résultat de leur enquête n’est guère enthousiasmant. Mais comme le rappelle Maïmon, citant Billy Wilder, le réalisateur américain de Certains l’aiment chaud, à propos des juifs d’Europe avant la Shoah : « Les optimistes ont fini à Auschwitz, les pessimistes à Hollywood. » Le décor est planté.

Matière explosive

Premier constat : dans la France du xxie siècle, ce sont des leaders soi-disant « antifascistes » qui sont les plus prompts à manipuler la matière explosive de l’antisémitisme. Deuxième constat : la haine contemporaine envers les juifs a été régénérée par les préjugés qui circulent abondamment dans la communauté musulmane. Troisième constat : ces préjugés ont été renforcés par le narratif mensonger – et rassembleur au-delà de la seule rue arabe – selon lequel la barbarie du 7-Octobre constitue une réponse logique à une « colonisation ». « Comme tout immigré est censé descendre d’ancêtres victimes de la violence coloniale, sa propre violence ne peut être conçue que comme une réaction légitime à l’oppression, explique Didier Long. Dans ce cadre, se dresser contre l’antisémitisme en France, c’est se moquer de la souffrance des enfants palestiniens et soutenir le colonialisme. »

Résultat, la propagande portraiturant les juifs en nazis a porté en France ses fruits au-delà même des attentes des extrémistes qui l’ont imaginée. Pire encore, elle est devenue également nécessaire à la survie politique de la gauche et du centre. Si les partis progressistes changeaient miraculeusement de discours et osaient nommer les véritables causes de l’antisémitisme, une partie de leur électorat les répudierait au nom d’un pseudo-antiracisme acoquiné au déni (vous stigmatisez les musulmans et oubliez les enfants de Gaza), et une autre comprendrait que leur silence coupable s’explique par le clientélisme électoral. Conclusion de Didier Long : « Les juifs doivent donc être coupables pour qu’Emmanuel Macron et une partie du spectre politique puissent rester innocents. »

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Dans leur enquête, les auteurs montrent aussi qu’en France le ressentiment communautaire s’exerce surtout dans un sens, et que ce sont les juifs – visés par 68 % des agressions racistes recensées en 2024 – qui en sont les principales victimes. En 2018, ils encouraient déjà 25 fois plus de risques d’être agressés que des musulmans. Depuis deux ans, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, ce risque est 72 fois supérieur. Cette vertigineuse inflation explique pourquoi plusieurs experts du renseignement et de la sécurité redoutent un 7-Octobre dans notre pays.

Le viol d’une fillette juive à Courbevoie en juin 2024 résonne à cet égard comme une terrible alerte. « Le Hamas n’est pas vu par les anti-juifs comme monstrueux, mais comme puissant, estime Didier Long. Son inhumanité fascine. C’est pourquoi une enfant juive de 12 ans a été violée au nom de la Palestine par des camarades de son âge. Ils obéissaient à un modèle. Le problème c’est que leurs références sont des terroristes et leur chemin initiatique, le crime contre l’humanité du 7-Octobre. »

Avenir cauchemardesque

Autre menace : les islamistes sortis de prison ou en passe d’en sortir. À ce jour, 486 sont déjà libres. Et 371 sont encore détenus, dont certains qui présentent des profils particulièrement dangereux. Cela sans compter le retour du Proche-Orient des femmes affiliées à Daech ou à Al-Qaïda et de leurs enfants. Un avenir qui promet bien des cauchemars.

Voilà pourquoi l’« alya », l’immigration en Israël, est dans l’esprit de tant de juifs de France. Dov Maïmon suit justement les dossiers de ceux qui franchissent ce pas. Selon lui, la première déconvenue que beaucoup rencontrent survient quand ils se rendent compte que l’État hébreu n’a pas un modèle aussi redistributif que notre pays : « Israël est une société qui compte beaucoup sur la débrouillardise de ses habitants, les aides sont rares. Pour un Français juif de milieu populaire, dont 30 à 40 % du revenu est issu de l’aide sociale, le départ peut s’avérer matériellement impossible. » Autre point d’achoppement : le travail. « Difficile de trouver sa place quand on exerce une profession liée à sa langue d’origine, indique Maïmon. Si en France, votre seule compétence est administrative ou réglementaire et que vous ne parlez pas l’hébreu, vos connaissances auront peu de valeur en Israël. Tandis qu’un boulanger ou un ingénieur sont toujours utiles, où qu’ils aillent. »

Exode inquiétant

Ceux pour qui la transplantation fonctionne le mieux sont les plus jeunes, qui viennent en majorité avec le projet de vivre leur judaïsme. Célibataires, ils ont pour la plupart (70 % des cas) un profil traditionaliste. Les 30 % restants sont au contraire des juifs très sécularisés, avec une forte proportion de LGBT. Viennent ensuite les familles avec de jeunes enfants. C’est souvent à travers leur progéniture que l’assimilation est facilitée. Le retraité aisé représente aussi un cas fréquent, mais souvent en s’organisant une vie à cheval entre la France et Israël. La situation est en revanche plus délicate pour ceux qui émigrent entre 35 ans et 65 ans : une fois sur place, la dépendance aux seuls réseaux francophones locaux et les difficultés en hébreu rendent l’intégration très compliquée.

Depuis l’an 2000, 51 455 Français juifs se sont ainsi installés en Israël, formant le premier contingent d’immigrés des nations occidentales. Tous les Français devraient s’inquiéter de cet exode. Car les juifs sont souvent les premiers sur la liste, mais jamais les derniers. Ceux qui les ont nazifiés n’en pensent pas moins au sujet des autres Occidentaux. Derrière l’accusation de colonialisme, s’instruit le genre de procès en inhumanité qui prélude au massacre. Alors si les juifs sont le canari dans la mine, nous devrions commencer à nous alarmer : depuis le 7 octobre 2023, le canari ne chante plus et le désastre arrive.

La Fin des juifs de France ? Didier Long et Dov Maïmon, Le Cherche midi, 2025. 208 pages.

La Fin des Juifs de France ?

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Lady Bail

La travailliste Rushanara Ali contrainte de démissionner du gouvernement britannique, pour une raison plutôt cocasse


C’est une pratique peu glorieuse, quoique parfaitement autorisée. Au Royaume-Uni, les bailleurs de logement ont parfois recours à une méthode un rien sournoise quand ils veulent profiter de la hausse des prix de l’immobilier et encaisser des loyers plus élevés. Le plan se déroule en deux étapes.

Tout d’abord il s’agit de se débarrasser du locataire en place, en lui notifiant qu’on a l’intention de vendre l’appartement ou la maison habitée par celui-ci. Puis, une fois les lieux vidés, il suffit de changer d’avis, comme la loi le permet, et de se mettre en quête d’un nouvel occupant prêt à payer plus cher. Cet été, on a appris que la députée travailliste de Bow, à l’est de Londres, Rushanara Ali, avait employé cet efficace stratagème pour doper le revenu que lui procure un bien dont elle est propriétaire dans sa circonscription. En novembre dernier, elle a donné congé à ses quatre colocataires, qui arrivaient en fin de bail. Une fois leur départ acté, prétextant ne pas arriver à trouver acheteur, la jeune femme a remis le logement sur le marché locatif pour 4 000 livres par mois, contre 3 300 auparavant. Seul hic : Rushanara Ali, première femme d’origine bangladaise à siéger au Parlement britannique, était, quand elle a eu recours à cette ruse quelque peu hypocrite, la sous-ministre… des sans domicile fixe ! Face au tollé des associations de défense des mal-logés et aux railleries cruelles de l’opposition, la diplômée d’Oxford n’a eu d’autre choix que d’annoncer sa démission du gouvernement le 7 août en rappelant toutefois, à juste titre, qu’elle n’avait commis aucune infraction. Pas sûr qu’elle trouve beaucoup de soutiens dans ses rangs.

La très remuante Jess Barnard, figure de la nouvelle génération woke dans le comité national du Parti travailliste, suggère même à présent qu’Ali rende carrément son mandat à Westminster.

« Le moment semble opportun pour affirmer que les députés du Labour ne devraient pas être des bailleurs immobiliers et que les bailleurs immobiliers ne devraient pas être députés du Labour », a-t-elle déclaré dans un tweet partagé des centaines de milliers de fois.

À décolonial, décolonial et demi

Wokisme. «Vous êtes tous racistes» : au festival Les Résistantes de Saint-Hilaire-de-Briouze (Orne), tout ne s’est pas passé comme prévu.


Organisé pour « penser l’avenir des luttes écologistes » en lien avec « les luttes sociales, féministes, antiracistes et décoloniales », le festival Les Résistantes s’est déroulé du 7 au 10 août, rapporte le média Reporterre. Tout le monde a semblé satisfait. Les ateliers – « Déconstruire le patriarcat », « Savoir se préparer à une garde à vue », « La place des animaux non humains dans les luttes écologistes », « Comment riposter contre Bolloré et Stérin »… – et les stands merguez végétales et apéros tofu ont connu un grand succès. Bref, tout s’est bien passé.

Enfin, presque tout… Des « militants racisés, la voix tremblante d’émotion et de colère », ont en effet manifesté leur mécontentement lors de la cérémonie de clôture. Motif : le racisme des écolos blancs. Une preuve parmi dix : lors d’une table ronde « consacrée aux pesticides comme forme de colonialisme chimique », la discussion sur le chlordécone (pesticide utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles) a été évincée au profit d’une autre sur la loi Duplomb et l’acétamipride. « Nos histoires douloureuses ne sont pas écoutées par les Blancs qui se disent antiracistes décoloniaux » se sont plaints ces militants avant de recommander aux festivaliers de s’informer sur la notion de « privilège blanc ». L’un d’entre eux sanglote : « Moi, ce que j’aurais voulu, c’est des excuses, qu’on me dise : “Pardon, je n’ai pas prêté attention à ce que tu as dit ou à la personne que tu es” ». Tourneboulé, Victor Vauquois, cofondateur du collectif Terres de luttes, a déclaré que les promoteurs du festival allaient « prendre le sujet à bras-le-corps et voir comment réparer et apprendre de leurs erreurs ». C’est un bon début, mais les « militants racisés » préfèrent prévenir : même si les écolos reconnaissent leurs erreurs, il est hors de question que « les personnes racisées rassurent les personnes blanches », car soulager les Blancs du poids de leur culpabilité ne ferait qu’ajouter à la « charge raciale » qu’elles subissent déjà.

Les organisateurs ont d’ores et déjà prévu un stock d’anti-migraineux pour la prochaine édition des Résistantes…

Architecture: une verrue à l’Assemblée

Une nouvelle entrée visiteurs de fort mauvais goût prévue pour 2028


La presse et, avec elle, les défenseurs du patrimoine, ont appris à la mi-juin le projet couvé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et validé par les questeurs un an auparavant dans le plus grand secret. De quoi rêvent nos députés ? D’une nouvelle entrée pour les visiteurs du Palais-Bourbon. Le rêve est grand, de mauvais goût et va surtout à l’encontre de toutes les règles patrimoniales. Mais ils peuvent se le permettre : la colonnade de l’Assemblée construite par Bernard Poyet en 1806 a beau se trouver dans un site inscrit, un site du patrimoine mondial de l’Unesco soumis à un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), elle n’est pas classée monument historique ! Donc non protégée. Aussi, l’agence d’architecture Moatti & Rivière qui a remporté le concours a pu laisser libre cours à son inspiration. En lieu et place de l’actuel pavillon d’accueil à droite de la colonnade – sans intérêt, mais qui a le mérite de se fondre dans le paysage –, l’Assemblée espère ériger un immeuble d’un étage de plus de 4 000 mètres carrés afin d’abriter « un parcours citoyen, immersif, participatif et pédagogique » et, bien sûr, un restaurant panoramique. Selon nos élus bâtisseurs, « ce nouvel accueil, qui respectera l’identité du site et les dimensions du pavillon actuel, s’ouvrira sur la ville et mettra en valeur l’emblématique colonnade, comme un message de bienvenue ». Ladite mise en valeur est une façade de verre et de laiton qui peut, au choix, faire penser à celle d’un aéroport ou de la Samaritaine, rue de Rivoli, ou encore à un distributeur de bonbons géant. Qu’importe, puisque le projet vise à « ouvrir encore plus grand les portes de la démocratie ». Pour voir le jour d’ici 2028, ce symbole de « transparence » devra être validé dans la plus grande opacité. Rachida Dati et les services de la Rue de Valois sauront-ils s’y opposer ?

La culpabilité des enfants gâtés de la gauche et la fabrication de l’ennemi


Ils sont les rejetons maladifs d’une Europe qui ne sait plus vieillir, enfants d’un monde repu qui croit avoir dompté l’Histoire, nourris de lait tiède et de discours maternels, assis dès la naissance dans le velours du confort, et pourtant rongés par une angoisse sourde, héritée des ventres possessifs qui les ont portés. Car leurs mères, trop présentes, trop aimantes en apparence, n’ont cessé de les accabler d’une tendresse conditionnelle : amour distribué comme une aumône, à la mesure de la soumission affective exigée. On leur a tout donné, mais avec cette insinuation empoisonnée : « tu n’en feras jamais assez ». Ainsi furent-ils comblés de biens et de soins, mais dépossédés d’eux-mêmes, saturés de culpabilité et de dette.

Histoire criminelle et parodie de croisade

De cette éducation sentimentale est née une colère muette, un ressentiment qu’ils ne parviennent pas à nommer et qu’ils projettent sur le monde extérieur. Incapables d’affronter la Mère, ils cherchent partout une figure de domination à abattre : l’État, la patrie, l’armée, l’Église, les colonisateurs, les pères symboliques. Ils se sont faits les orphelins volontaires d’une histoire qu’ils jugent criminelle. Et comme ils ont besoin d’aimer, mais qu’ils ne savent plus qui aimer, ils se précipitent du côté des « victimes » : les damnés de la terre, les peuples lointains, les révoltés de service, les insurgés dont la violence leur semble pure parce qu’elle s’oppose à l’ordre. Leur compassion est une liturgie, leur révolte une parodie de croisade.

Ils rêvent d’un monde sans frontière, d’une fusion planétaire où les antagonismes seraient dissous, d’un amour universel qui viendrait enfin combler le vide matriciel. Mais ce rêve est un délire de maternité manquée. Ils sacralisent l’Autre, jusqu’à lui prêter une innocence immaculée. Ils ferment les yeux sur la cruauté, l’humiliation, la haine pourtant palpables. Ils préfèrent exalter une humanité imaginaire plutôt que de reconnaître la violence réelle, comme si toute lucidité équivalait à une trahison de l’amour.

Leur culpabilité est sans fond. Coupables de leurs privilèges, coupables de ne pas aimer assez, coupables de haïr en secret, ils se rachètent en fabriquant un nouvel ennemi. L’Occident devient l’incarnation du mal, et avec lui ses satellites honnis : le capitalisme, les élites, Israël. Ils pleurent sur les juifs assassinés dans les camps, mais méprisent ceux qui, aujourd’hui, osent se défendre les armes à la main. Auschwitz leur inspire une compassion abstraite ; Tel-Aviv les révulse comme un scandale moral. C’est ainsi que, par un retournement d’une ironie diabolique, l’antiracisme d’Occident ressuscite la vieille figure du juif dominateur, l’éternel persécuteur, pourvu que ce juif soit israélien. Le mythe antisémite, loin d’avoir disparu, s’habille à nouveau des couleurs de la vertu.

Plus jamais ça… jusqu’à la prochaine

Car l’idéologie dominante est née de la cendre et du sang : « Plus jamais ça », répète-t-elle comme une prière expiatoire. L’Europe, honteuse de ses crimes, a fait du rejet du racisme et du vivre-ensemble les piliers de sa nouvelle religion. Le péché originel, désormais, c’est la peur. Il ne faut plus craindre. Il faut aimer sans condition, célébrer la diversité, accueillir l’étranger comme un frère. L’Autre est devenu le saint d’un catéchisme séculier.

Mais la peur n’est pas un vice, elle est une vérité de la chair. Elle est ce frisson ancestral qui avertit du danger, cette vigilance née de siècles de violence et de mémoire. Le moine bouddhiste en robe safran, dans le métro, ne suscite nulle crainte, car il ne porte pas en lui la menace. Mais le jeune homme agressif, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, fait trembler non parce qu’il est autre, mais parce qu’il incarne la possibilité du coup, de l’humiliation, de la haine. L’Occident a désappris cette distinction élémentaire : ce n’est pas l’altérité qui effraie, mais la violence.

Le mensonge du vivre-ensemble consiste à croire que la paix naît du consensus. Non. La paix naît du conflit reconnu, assumé, traversé. Refuser le conflit, c’est préparer l’explosion, l’irrationnel, le chaos. Il est légitime d’avoir peur de perdre son pays, sa langue, son emploi, sa dignité. Il est légitime d’interroger les pratiques religieuses qui contredisent les principes démocratiques. Il est légitime d’aimer son sol, ses morts, ses ancêtres, et de craindre leur effacement.

Il faut donc réhabiliter la peur, non comme un fantasme maladif, mais comme un signal vital. Il faut réhabiliter le conflit, non comme une guerre, mais comme un espace de vérité. La société sans tension est une fiction mortifère, un mensonge éducatif qui engendre le morcellement et la haine rentrée. Seul le conflit civilisé permet de regarder l’adversaire en face et de lui reconnaître une part d’humanité.

Culpabilité sans fin

Ils croient aimer, mais leur amour n’est qu’un miroir brisé. Ils croient lutter, mais leur lutte n’est qu’un théâtre moral, une pièce où ils tiennent le rôle du juste en condamnant des oppresseurs imaginaires. Car au fond d’eux-mêmes, ils savent qu’ils n’ont rien risqué, qu’ils vivent dans la sécurité douillette des métropoles, que leur rébellion se consomme comme une distraction, à l’ombre d’institutions qu’ils vilipendent mais qui les protègent encore.

C’est pourquoi leur culpabilité n’a pas de fin. Elle est la vraie jouissance de l’enfant gâté : se haïr soi-même, se flageller par procuration, déléguer au Palestinien, au migrant, à l’ennemi d’Israël, la violence qu’ils n’osent pas assumer. Ils jouissent du sang versé, à condition qu’il ne soit pas le leur ; ils jouissent de la haine, pourvu qu’elle soit exprimée par d’autres. Le monde devient pour eux une scène sacrificielle où ils se lavent de leur honte par l’offrande des victimes lointaines.

L’Europe, fatiguée d’elle-même, leur fournit le décor : une civilisation qui ne sait plus transmettre que la mémoire de sa faute, qui se croit condamnée à expier son histoire coloniale et son génocide fondateur. Elle n’enseigne plus la grandeur, mais la repentance. Elle ne produit plus de héros, mais des accusés permanents. Elle ne croit plus à son avenir, seulement à l’utopie d’un vivre-ensemble qui ressemble à une salle d’attente cosmopolite avant la disparition.

Le tragique, dès lors, n’est plus vécu : il est sublimé en moraline. On ne meurt plus pour sa patrie; on crie contre Israël. On ne se bat plus pour son peuple ; on brandit des pancartes au nom de l’Autre sacralisé. Le sang, le vrai, celui qui rappelle que l’histoire est tragique, on le nie ; mais le sang rêvé, celui de Gaza ou d’ailleurs, devient une drogue, un rituel d’innocence retrouvée.

Ainsi s’avance la fin de l’Europe, non pas dans le tumulte d’une guerre épique, mais dans le soupir honteux d’une civilisation qui se suicide à petit feu, en inventant sans cesse des ennemis de substitution pour donner sens à sa culpabilité. Ses enfants gâtés ne connaissent plus la joie tragique de vivre et de mourir ; ils ne connaissent que la jouissance morbide d’accuser et de condamner.

Il y a là l’image exacte de notre crépuscule : des générations assises sur les ruines, accusant les vivants d’être des bourreaux, célébrant les morts pour mieux mépriser ceux qui survivent. Et pendant qu’ils rêvent d’un amour universel, le monde réel se fracture, se durcit, se prépare à la guerre. L’Europe, elle, s’endort dans sa liturgie expiatoire, confondant l’ennemi et l’adversaire, abolissant le tragique dans la moraline, et s’abandonnant au luxe morbide de sa propre disparition.

Un personnel politique bien terne pour des temps obscurs

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Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron à Paris, le 4 septembre 2025 © Matthieu Mirville/ZUMA/SIPA

Le retour de l’antisémitisme, très commenté dans la classe politique, à droite, et dans une bonne partie de la presse, apparait comme un nouveau révélateur de la crise française, observe la philosophe et politologue Renée Fregosi.


Tandis qu’en France se profile une nouvelle crise politique, qui devrait éclater le 8 septembre prochain à l’Assemblée nationale lors de la question de confiance au gouvernement, l’ensemble du landerneau politique se perd en calculs mesquins et en manœuvres stériles. Pourtant, des menaces bien plus graves continuent de nous parvenir de toutes parts – Moyen-Orient, Chine, Russie, États-Unis – et surgissent aussi du cœur même de notre société. Mais parce que notre personnel politique, dans son ensemble, se révèle trop médiocre et relâché pour y faire face, il se réfugie dans le déni, les analyses sociologisantes hors-sol ou les visions complotistes. Ce sentiment de délitement, de fuite en avant vers l’abîme, n’est pas nouveau, mais il s’est considérablement aggravé et pèse de manière oppressante depuis plusieurs mois.

La suppression en 2020 de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a certes rendu plus difficile et contestable le suivi statistique des crimes et délits, mais la montée de la violence au quotidien – agressions, trafics, attentats – est ressentie directement par la population. Des instituts réputés comme la Fondapol publient régulièrement des rapports alarmants. Comme le rappelait déjà Dominique Reynié en 2022, « à travers l’enjeu de la sécurité, les Français perçoivent le délitement de la souveraineté nationale ». Le narcotrafic qui met en coupe réglée des quartiers entiers, la multiplication des agressions contre les femmes et les personnes âgées, la recrudescence des tentatives d’attentats menées par des individus de plus en plus jeunes, la hausse constante des actes antijuifs – qui ont explosé depuis le 7 octobre 2023 – composent un tableau inquiétant. La montée d’un « nouvel antisémitisme » est d’ailleurs emblématique de la perte de contrôle du politique sur la société.

On parle désormais d’« antisémitisme décomplexé » ou d’« antisémitisme d’atmosphère », comme si le pogrom génocidaire du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, avait légitimé la libération de la parole et des actes antijuifs. De Beyrouth au Caire, de Téhéran à Jakarta, en passant par Tunis, Damas ou Istanbul, mais aussi à New York, Londres ou Paris, des rassemblements se tiennent depuis ce jour funeste aux cris de « Israël assassin » ou du sinistre « Allahu akbar ». Les Juifs, assimilés à des « complices » d’Israël, y sont insultés, discriminés, attaqués physiquement, en France comme en Espagne, aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Royaume-Uni. Le Hamas, branche palestinienne des Frères musulmans et instrumentalisé par l’Iran, est devenu le porte-drapeau de la lutte mondiale contre Israël en particulier, et contre l’Occident en général. Il est désormais présenté comme le héros de la « résistance palestinienne », et même, plus largement, comme un symbole de la lutte contre la prétendue « domination blanche » dans le monde.

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Sous couvert d’une posture soi-disant « équilibrée » renvoyant dos-à-dos Israéliens et Palestiniens, c’est en réalité le narratif pro-palestinien qui domine dans les grands médias et dans une partie de la classe politique. En France, LFI – avec Rima Hassan, Mathilde Panot, Sébastien Delogu ou Danielle Obono – ainsi que les écologistes, en particulier par la voix d’Aymeric Caron, reprennent cette ligne, renouant avec ce qu’August Bebel appelait le « socialisme des imbéciles » pour qualifier l’antisémitisme de gauche. Mais ils ne sont pas seuls : à droite, Dominique de Villepin reste prompt à accuser Israël de tous les maux, et certains élus, par électoralisme, nient ou minimisent l’antisémitisme musulman. Le plus préoccupant reste cependant la complaisance observée au sommet de l’État.

En refusant de participer à la marche nationale contre l’antisémitisme en novembre 2023, au nom d’un prétendu souci de « ne pas diviser les Français », le président de la République a accrédité l’idée que l’antisémitisme pouvait constituer une position politique, présentée comme symétrique de la supposée « islamophobie » dont seraient victimes les musulmans en France. De fait, Emmanuel Macron a ainsi semblé prendre parti pour les musulmans contre les Juifs. Il a réitéré cette faute politique et morale le 9 avril 2025, en annonçant la reconnaissance par la France d’un « État palestinien » – entité encore fantasmatique, sans frontières ni institutions définies – sans poser aucune condition, pas même la libération des otages encore retenus par le Hamas. L’argument avancé, selon lequel ce geste contribuerait à mettre fin à la guerre à Gaza et favoriserait la paix, relève d’une illusion dangereuse.

Une telle position résonne comme une menace à l’égard d’Israël, clairement assumée par ailleurs par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a annoncé le 29 juillet que son pays reconnaîtrait la Palestine à l’ONU « sauf si Israël prenait une série d’engagements ». Or, l’histoire récente du Moyen-Orient montre le contraire : c’est en écartant la question palestinienne et en privilégiant les enjeux sécuritaires et économiques que la normalisation avec Israël a progressé, depuis l’Égypte (1979) et la Jordanie (1994), jusqu’au Maroc, aux Émirats arabes unis et au Bahreïn (2020), et même l’Arabie saoudite, qui, à la veille du 7 octobre 2023, s’apprêtait à rejoindre les accords d’Abraham.

Plutôt qu’un président qui multiplie les polémiques avec Benyamin Netanyahou et l’ambassadeur des États-Unis à Paris, sans parvenir à peser réellement sur les affaires du monde, la France aurait besoin d’un chef d’État digne de respect, déterminé et porteur d’une haute exigence morale. Mais, ailleurs non plus, le monde n’offre guère de modèles : où que l’on regarde, ce ne sont que potentats paranoïaques, régimes corrompus ou faillis, autocrates sans vision, narco-États ou pouvoirs islamistes sanguinaires. Face à ce panorama détestable et dangereux, la question reste entière : comment retrouver le chemin de la démocratie, non seulement comme méthode, mais comme finalité de l’action politique, alors que les responsables eux-mêmes ne sont peut-être, en fin de compte, que le reflet de leurs peuples et de leur époque ?

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Sommet de l’OCS à Tianjin: une étape supplémentaire de l’expansionnisme russo-chinois

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Vladimir Poutine, Narendra Modi et Xi Jinping, Tianjin, 1er septembre 2025 © AP/SIPA

Entouré notamment du Russe Poutine et du Nord-Coréen Kim Jong-un, le dirigeant chinois Xi Jinping a présidé hier une grande parade militaire et exhibé toute sa nouvelle force diplomatique. Reste que les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai réécrivent l’histoire. Seule l’Inde, également présente, garde ses distances. «Que le président Xi et le merveilleux peuple chinois passent une excellente journée de célébrations», a écrit de son côté le président américain Trump, avant de se faire railleur: «Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong Un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique…»


Front anti-occidental ? Anti-américain ? Ces derniers jours, on cherche à qualifier la séquence diplomatico-médiatique orchestrée par Pékin et ses partenaires les plus proches, dont la Russie de Vladimir Poutine. Elle a débuté en Chine, à Tianjin, dimanche 31 août dernier avec le sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et s’est achevée à Pékin hier, en grande pompe, à la gloire des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale… du moins sur son front oriental.

Mauvaise passe pour Donald Trump

La conduite erratique de l’administration Trump en matière de politique étrangère a offert un boulevard communicationnel à l’hôte chinois qui a su chorégraphier les attributs de la superpuissance qu’elle est devenue.

Place Tian’anmen, Pékin, hier.

Cette opération de communication a aussi consisté à transmettre des signaux favorables pour un élargissement du club des pays de l’OCS, composé de dix États fondateurs (dont la Russie et la Chine) et désormais dix-sept pays « partenaires », avec l’entrée toute récente du Laos. Ses différentes déclarations jointes font étalage, sous la forme d’une liste à la Prévert, des points de consensus entre membres pour la construction d’une gouvernance mondiale plus respectueuse et égalitaire, faisant la part belle aux pays en voie de développement (PVD) et les moins avancés (PMA), prétendument délaissés par les pays occidentaux et leurs institutions.

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Mais la signification profonde de cette séquence savamment marketée ne doit pas nous échapper. Car le basculement qu’elle met en scène pose les bases idéologiques d’une confrontation future majeure avec les grandes démocraties, y compris militaire. Dans son discours du 3 septembre tenu à l’occasion d’une parade militaire commémorative, Xi Jinping présente son pays victorieux lors du second conflit mondial dans la lutte contre le « fascisme mondial », une expression utilisée en son temps par l’URSS de Joseph Staline pour désigner le combat « des forces démocratiques et progressistes » contre une idéologie fasciste anti-communiste, incarnée notamment par le camp du social-libéralisme[1]. Le concept de fascisme fournit aujourd’hui aux régimes russe et chinois une référence idéologique commune. Il sert aussi à effacer de la mémoire collective les crimes perpétrés par les régimes totalitaires communistes chinois, soviétique et, accessoirement nord-coréen… jusqu’à aujourd’hui.

Déclaration finale lunaire

Pas un mot en effet sur la guerre d’agression de la Russie dans la Déclaration jointe finale, tandis qu’elle dénonce avec force Israël et les États-Unis pour leur « invasion militaire » en Iran qui, selon le texte, viole « les principes de la Charte des Nations unies, porte atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iran, compromet la sécurité régionale et internationale et a de graves conséquences pour la paix et la stabilité dans le monde ». Il y aurait ainsi, selon ce narratif, des démocraties coupables de leurs crimes, passés et présents, et d’autres États, leurs victimes, jouissant d’un droit de tirage spécial devant l’histoire, se plaçant au-dessus du droit international et de leur responsabilité devant les peuples.

La rhétorique d’un « fascisme » assimilé au camp libéral reprend les termes de la propagande russe paranoïde voyant dans les élites ukrainiennes une réincarnation imaginaire du nazisme d’hier. Elle fait aussi des émules sur la scène politique taiwanaise où des responsables du parti pro-Pékin, le KMT, ont accusé récemment le parti au pouvoir, le DPP, de « fasciste ». Elle pourrait s’abattre sur toute société démocratique libre.

Par ailleurs, cette entreprise de travestissement de l’histoire peine à dissimuler ses vrais buts de guerre : opérer un double hold-up sur les institutions onusiennes et du multilatéralisme de l’OMC comme autant de marchepieds d’une politique d’expansion planétaire. C’est, en outre, la teneur de la nouvelle proposition chinoise pour une « gouvernance globale » dans laquelle Pékin se présente comme « le plus grand pays en développement du monde » capable de guider le « Sud global » sur la voie de la croissance. On voit se préciser toute l’utilité pratique de l’attelage sino-russe dont l’idéologie commune anti-occidentale sert de bélier pour faire progresser leurs intérêts stratégiques et économiques et, dans le même temps, faire reculer les positions des économies libérales avancées.

Création d’une banque de développement pour l’OCS

L’économie est probablement le domaine d’action où les avancées sont les plus concrètes. A cet égard, le Sommet de Tianjin marque un tournant institutionnel dans le prolongement du sommet précédent de l’OCS, à Astana, au mois de juillet 2024. Il met en œuvre la stratégie de développement économique et financière qui avait été arrêtée. L’organisation tente désormais de faire coïncider les attendus économiques et stratégiques de sa feuille de route globale, quitte à fragiliser l’utilité ou la pertinence de l’aéropage des « BRICS ». Ce qui laisserait à penser que l’OCS est pour leurs fondateurs devenue la seule plateforme susceptible de faire contrepoids aux institutions de Bretton Woods et de réformer l’architecture et les traités de sécurité internationale hérités de l’après Seconde Guerre mondiale. La Chine manifeste déjà clairement sa volonté de mettre en place une réforme des marchés financiers internationaux. L’annonce de la création d’une nouvelle banque rattachée à l’OCS constitue en l’espèce un pas supplémentaire dans cette direction.

A lire aussi, Thierry Martin: Starmer face à la révolte des drapeaux

Cependant, pour ce qui concerne les futurs développements de l’OCS, une superpuissance en devenir pourrait ralentir le projet politique et économique emmené par la Chine : l’Inde de Narendra Modi. Alors que Pékin ne cesse d’exhorter l’Europe à mettre en œuvre son « autonomie stratégique » pour la désarimer durablement de l’orbite des États-Unis, elle ne pousse pas l’Inde à développer sa stratégie diplomatique du multi-alignement. Et pour cause : une lecture comparée des comptes-rendus séparés de Delhi et de Pékin au sujet du Sommet de Tianjin fait apparaître le fossé stratégique qui sépare les deux géants asiatiques. Pékin y prône l’avènement d’un monde multipolaire affichant la priorité qu’il accorde à remettre en cause le leadership américain. Mais la diplomatie indienne rectifie la focale du tir en appelant de ses vœux l’avènement, avant toute chose, d’une Asie multipolaire… La gouvernance est une affaire trop sérieuse pour la laisser entre les seules mains chinoises, semble-t-elle suggérer.


[1] A partir du VIème congrès de la Comintern en 1928, la direction stalinienne a promu la thèse selon laquelle la social-démocratie était souvent un « fascisme sous une autre forme » – façonnant une sorte de continuité entre la social-démocratie et le fascisme, les deux étant présentés comme des ennemis du communisme.

Le Hamas, vaincu sur le terrain, triomphant dans les esprits

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Abou Obeida, propagandiste du Hamas, photographié à Gaza en novembre 2019 © Ahmad Hasaballah/ZUMA/SIPA

Exploits, dévoiements et aveuglements. Israël poursuit avec efficacité l’élimination de chefs et de combattants ennemis. Mais la puissance de la propagande du Hamas et la gravité de la crise humanitaire à Gaza relèguent ses succès militaires au second plan.


Le 28 aout, l’armée de l’Air israélienne a mené une attaque ciblée sur un immeuble de la ville de Sanaa, à 2000 km de Jérusalem, tuant entre autres le Premier ministre des houthis, son ministre de la Défense et son chef d’état-major. Même si Abdul Malik al-Houthi, le Guide Suprême incontesté du mouvement houthi ne participait pas à cette réunion, une telle attaque est d’autant plus impressionnante qu’il semble que jusque en 2023, le monde des houthis était quasi inconnu des Israéliens et que ceux-ci ne disposaient même pas de personnels capables de comprendre le dialecte des montagnes du Nord Yemen que ceux-ci utilisaient. On a vu, avec l’affaire des beepers du Hezbollah, l’élimination de Nasrallah et les frappes sur l’Iran l’efficacité des services israéliens. On imagine ce qu’aurait fait l’aviation israélienne si elle avait vraiment reçu des instructions génocidaires…

Trois jours plus tard, le 31 aout, l’armée annonçait l’élimination de Abou Obeida par un bombardement ciblé dans la ville de Gaza. Abou Obeida était cet homme mystérieux, masqué et ganté, au keffieh rouge et blanc, qui depuis la capture de Gilad Shalit en 2006 était le porte-parole militaire du Hamas. Mais il était, disent les experts, bien plus que cela, le responsable de la propagande, l’homme qui décidait des opérations de communication, des slogans à transmettre, des vidéos à monter et à montrer, des cérémonies à organiser. Le Goebbels du Hamas?  Bien sûr, il y a des différences…

Les nazis, avec leur idéologie de suprématisme racial, ne pouvaient a priori recueillir de sympathie que de la part d’Européens se croyant de la même aristocratie aryenne qu’eux. Ils ont su pourtant se créer des alliances bien au-delà de cette frange limitée. 

La haine contre les Juifs a été un excellent ciment, par exemple avec le mufti de Jérusalem, recruteur de la division  musulmane de la Waffen SS et modèle admiré de Hassan el Banna, le fondateur des Frères musulmans, dont le Hamas est la branche palestinienne. Une sorte d’intersectionnalité des luttes avant la lettre conduisant à des alliances baroques sur la base efficace d’une haine commune…

Pour les nazis, même  s’ils prétendaient que leur combat n’était rien d’autre qu’une lutte  contre la diabolique emprise juive, ils étaient trop arrogants pour adopter, même pendant leurs défaites, une posture victimaire. Le Hamas, lui, a fait coup double. 

Mots-mensonge

En diffusant ses massacres du 7-Octobre il a rempli ses militants de fierté. Mais en manipulant médiatiquement la réaction israélienne, il s’est transformé en résistant contre l’oppression et est parvenu à faire du palestinisme la religion anti-impérialiste contemporaine, celle qui remplace le marxisme, le léninisme, le stalinisme, le trotskisme, le castrisme, le maoïsme, tous ces -ismes dans lesquels les parents et grands-parents idéalistes des jeunes d’aujourd’hui avaient baigné et s’étaient parfois précipités tête baissée.

Il fallait au Hamas détourner l’attention du public loin des souterrains qu’il avait construits avec une amplitude gigantesque et qu’il n’avait évidemment pas conçus comme des lieux de protection de la population, et la transférer vers les scènes de destruction extérieure. Il lui fallait faire état de beaucoup de morts dans sa propre population, pour qu’il puisse remporter l’autre guerre, celle que le faible peut gagner contre le fort, la guerre de l’opinion publique, que le régime soviétique et des stratèges militaires avaient déjà théorisée dans le passé et qui a changé le cours de nombreuses guerres comme celle d’Algérie ou du Vietnam.

Grâce à  ses sympathisants compassionnels ou repentants, ou simplement antisionistes, à ses idiots utiles ou ses soutiens soudoyés par son inépuisable tiroir-caisse qatari, le Hamas est parvenu à imposer un discours truffé des mots mensongers de génocide, apartheid, et famine. 

A lire aussi: Sommet de l’OCS à Tianjin: une étape supplémentaire de l’expansionnisme russo-chinois

Goebbels s’est suicidé parce que le Reich s’était effondré. Abou Obeida est liquidé alors que la propagande du Hamas triomphe. Il n’est probablement qu’un symbole, car l’essentiel du travail a été fait dans nos propres pays.

Les rédactions, les services diplomatiques, les agences de l’ONU savaient que le Ministère de la Santé de Gaza qui diffuse les chiffres de mortalité n’est qu’une fiction, que les journalistes gazaouis envoyant leurs reportages à la presse mondiale travaillaient sous le contrôle de Abou Obeida et de ses services, que les employés de l’UNWRA chargés des distributions alimentaires dépendaient du Hamas, que les directeurs des hôpitaux, nommés par le Hamas, étaient parfaitement au courant de l’usage militaire qui en était fait. Les responsables de l’IPC[1] savaient aussi que les statistiques nutritionnelles qui leur ont fait déclarer la famine à Gaza provenaient de chiffres invérifiables préparés par des correspondants qui avaient tout intérêt à les noircir…

Enfants élevés dans la haine

Par idéologie, par émotion, par routine, par intérêt, par négligence, par peur, par ambition, par calcul politique ou par antisémitisme, le discours anti-israélien s’est généralisé, insensible à la vérité. Lorsque Fatah Sharif a été éliminé par une frappe israélienne en septembre 2024, le Hamas lui-même a déclaré qu’il avait perdu son chef au Liban. Il était aussi directeur d’école et responsable du syndicat des enseignants de l’UNRWA dans ce pays, mais aucun pays européen n’a alors arrêté ses subventions à cette organisation, qui porte une lourde responsabilité dans la catastrophe éducative des enfants palestiniens.

Que ce soit  sous la houlette du Hamas ou celle de l’Autorité Palestinienne, les enfants ont été élevés dans la haine depuis leur plus jeune âge. La complaisance de l’UNWRA a été criminelle. Il ne s’agit pas seulement de la haine d’un ennemi conjoncturel, qui pourrait se retourner une fois la paix survenue. Il s’agit d’une haine incrustée dès la plus jeune enfance par une éducation systématique déshumanisant l’adversaire et mettant en avant des impératifs religieux impitoyables et indisputables. Ce n’est pas seulement une haine d’Israël. La célèbre militante palestinienne Ahed Tamimi, 24 ans aujourd’hui, l’a proclamé ces jours-ci à la radio: c’est une haine contre les Juifs en général, celle qui s’exprime dans ce hadith célèbre appelant à l’extermination des Juifs, que le Hamas a inséré dans l’article 7 de sa charte. 

Considérer qu’il s’agit là d’éléments marginaux qui seraient solubles dans la reconnaissance d’un État palestinien, imaginer que la reconnaissance d’un tel Etat aux contours fantomatiques mais à l’idéologie malheureusement explicite serait un atout pour la paix n’est pas seulement une gifle envers les victimes du 7-Octobre. Ce n’est pas seulement la preuve d’une ignorance volontaire de l’histoire des relations israélo-palestiniennes. Ce n’est pas seulement une incroyable méconnaissance de ce qu’est l’Autorité palestinienne, une entité faussement modérée, méprisée et profondément hypocrite. C’est un témoignage de docilité envers une idéologie islamiste qu’on n’ose pas nommer. C’est apparemment le cadeau que prévoit le président de la République à la communauté juive française pour la nouvelle année…


[1] Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est un outil de référence supposément neutre, employé par les agences des Nations unies et les ONG pour analyser et suivre les situations de malnutrition NDLR.

Citroën C15, les lendemains qui chantent!

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Citroën C15, increvable ! DR.

Dans une rentrée sociale agitée, ce modèle populaire, disparu il y a presque 20 ans de la circulation, est à la fois annonciateur d’une prise de conscience politique et le creuset de tous les réenchantements…


Depuis plusieurs mois, la colère gronde. Comme souvent dans notre pays, c’est loin des villes, dans les campagnes évincées, sur des terres exsangues où les industries ont déserté et où la puissance publique a failli que la cristallisation s’est opérée. Au début, les politologues salonnards sont passés, comme de bien entendu, à côté du phénomène. Les sondeurs manquaient de capteurs sur place ; hors des périphéries actives et des centres décisionnels, une zone blanche s’étalait devant leurs ordinateurs blêmes. Tout un monde jadis organisé en bourgs et en cantons ne répondait plus à aucun signal. Dans cette carte du vide, on pouvait se demander si le cœur de la nation battait encore ? Les statistiques étaient formelles, les sociologues catégoriques, les médias à la ramasse, la ruralité était un concept aussi dépassé que le Solex et la brillantine. Les sociétés modernes se projetaient dès lors, loin des fenaisons d’antan et des comices agricoles, de l’école communale et du Gaffiot. Rappelons pour mémoire que tous ces experts patentés n’avaient pas vu arriver les « Gilets Jaunes », ils ne verront pas non plus des colonnes de C15 se diriger gaiement vers les Champs-Élysées et croiser le fer sur les pistes cyclables au milieu des taxis électriques et des vélos-cargos muletiers. L’aveuglement des « élites » (peut-on encore les qualifier ainsi ?) est une maladie incurable qui tient autant du déni que de l’incapacité physique à voir le réel. Je ne dis pas le comprendre, l’analyser ou y répondre par des actes, seulement le discerner dans la brume technocratique, constater les peurs et les errances de tout un peuple perdu, salement lâché, accepter l’état d’hébétement d’une population arrivée à son terme, à bout, ne croyant plus en rien et n’attendant plus rien. Et pourtant, il suffisait de se promener un peu partout sur notre territoire, en dehors des autoroutes et des rails TGV, en empruntant les remplaçants du « Corail » et en privilégiant les routes bordées de platanes. Et là, stupeur et tremblement, d’année en année, leur nombre s’est multiplié. La tache avec ou sans accent circonflexe sur le a grossissait à vue d’œil. Car leur prolifération ne faisait pas plaisir aux puissances marchandes, elle était même perçue comme une menace à la virtualité et à la technologie-reine. Un frein à la compétitivité et à l’obsolescence programmée. En somme, un méchant retour en arrière. Loin des oukases et des instances extraterritoriales, les Citroën C15 fédéraient les inadaptés, les reclus, les passifs du progrès. Elles faisaient corps. Au début, il n’y avait que quelques réfractaires au bonheur lyophilisé, des chasseurs et des pêcheurs, des artisans en pré-retraite et des exfiltrés des Domaines pour succomber au charme débonnaire et rustique de cet utilitaire léger produit principalement dans la péninsule ibérique entre 1984 et 2006. Une lame de fond s’est emparée de nos départements sans haine ni violence, du Finistère à la Moselle, des Ardennes aux Pyrénées-Orientales. Les réseaux sociaux en sont babas. Plus ou moins fatiguées, dans leur jus mais vaillantes, la carrosserie grignotée et la mécanique sonore, les cicatrices du temps apparentes, les C15 sont nées au siècle dernier en plein tournant de la rigueur, Fabius était alors Premier ministre et Léo Ferré chantait à l’Olympia.

A lire aussi: Bienvenue chez les Routiers!

De la raillerie à l’affection, il n’y a qu’un tour de clé. Rouler avec cet objet solide et résistant, c’est l’adopter. Les C15 sont alors devenues un visage familier des marchés de primeurs et des chemins boueux. La météo ne semble pas les atteindre, ni les accabler. Elles affrontent l’hiver en Balagne et les étés chauds du Gard. Dans un climat déglingué, face à une classe politique défaite, dans un pays à la dérive, elles sont là. Indestructibles et chaleureuses. Populaires et angéliques. Rabelaisiennes et charpentées. Logeables et corvéables à merci. Elles nous redonnent un peu d’espoir. Elles ne trichent pas sur leur CV et leurs immenses mérites. On peut compter sur elles en cas de coup dur ! Leur persévérance, leur frugalité, leur sens du partage les rendent belles dans les yeux des Français à la recherche d’un amour éternel. Les Français en ont assez des promesses. Elles nous rappellent le sens des priorités : transporter à moindre frais, sans chichis et sans prêchas. Elles permettent de rouler économiquement et sans supporter des coûts excessifs de réparation. Elles conquièrent ainsi chaque jour de nouvelles cibles comme disent les marketeurs, leur cote grimpe. On se les arrache sur le marché de l’occasion. Elles ont même une mission pacificatrice, elles peuvent, par leur entremise miraculeuse, réconcilier des profils éloignés. Leur arc de la raison court des conservateurs aux antisystèmes, elles dessinent une autre France, celle du labeur, du coup de main et d’une indépendance d’esprit. Toutes les radicalités convergent aujourd’hui vers cette automobile déclassée qui arbore les chevrons victorieux comme un signe de réappropriation de notre destinée.

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Malades, go home!

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DR.

À six jours du très risqué vote de confiance réclamé par François Bayrou, le gouvernement a sorti de son chapeau un thème qui fait battre le cœur de la droite et de nombreux électeurs : il envisage de « réajuster » — comprenez restreindre — les soins couverts par l’Aide médicale d’État, ce fameux dispositif réservé aux clandestins. Analyse.


Le gouvernement veut réformer l’AME par décret. Il était temps. Après une tentative avortée en 2024, Bruno Retailleau avait promis la réforme de ce dispositif réservé aux immigrés clandestins en janvier. Six jours avant la chute programmée du gouvernement, Bayrou envoie dans les tuyaux quatre décrets durcissant mollement ce système unique. Un des plus généreux au monde, il coûte seulement 1,2 milliards mais contribue à l’attractivité migratoire.

Certains soins exclus

Deux textes concernent la gestion administrative (par exemple, on exigera désormais des pièces d’identité avec photos). Deux autres décrets restreignent l’accès en instaurant la prise en compte du revenu du conjoint, ou en excluant certains soins comme le traitement des oreilles décollées et la balnéothérapie.

Donc, jusque-là, un étranger en situation irrégulière pouvait se faire payer une balnéothérapie en présentant des papiers bidon. D’accord, c’est une caricature. Il n’est pas sûr qu’il y ait vraiment eu des cas de balnéothérapie, et, d’après Le Point, on ne décompte que 35 décollements – ce qui fait 70 oreilles. Autre innovation : l’accès à certains soins est soumis à une durée minimale de présence. Plus vous restez (illégalement), mieux vous êtes soigné. Curieux message, mais passons… Au final, l’économie est estimée à environ 400 000 euros annuels. Peanuts. C’est peut-être symbolique, mais cela va dans le bon sens.

A lire ensuite, Raphaël Piastra: OQTF: la France, championne du surplace

Tapage politique

Reste que la ficelle est un peu grosse. Des «mesures financièrement dérisoires mais politiquement tapageuses », résume Le Point[1]. Si l’on ajoute à cela la dissolution de l’Institut Européen des Sciences Humaines, sévissant depuis une trentaine d’années près de Château-Chinon[2], on pourrait dire que François Bayrou tente de cajoler le RN et LR, comme s’il espérait sauver sa tête avec quelques mesurettes qu’il aurait dû prendre depuis des mois. Il avait jusque-là préféré soigner son centre plutôt que sa droite… Et ignoré les attentes de ces millions d’électeurs qui pensent et à raison que la France fabrique sa propre destruction, en accueillant trop et en accueillant n’importe qui, sans se demander si les arrivants contribueront positivement à la société – on pense au Tunisien de Marseille en situation parfaitement légale.

Immigration : la prudence partout ailleurs en Europe

Au même moment, la Première ministre danoise Mette Frederiksen refuse l’accueil de tout Gazaoui. Pourquoi ? Par le jeu de la démographie et du regroupement familial, les quelques dizaines de ressortissants accueillis il y a trente ans dans son pays sont maintenant des milliers et pour l’essentiel ne travaillent pas.

De son côté, l’Allemagne expulse des déboutés du droit d’asile et des étrangers condamnés.

Enfin, en Grande-Bretagne, alors que des forêts de drapeaux envahissent les rues[3], le Premier ministre travailliste Keir Starmer lance la réforme du regroupement familial. Il est vrai qu’il y a eu en Angleterre de véritables ratonnades, sur fond de crimes commis par des immigrés et de mensonges gouvernementaux. Cela ne se passe pas chez nous, tant mieux.

Au diable toutes ces chicayas politiques qui commencent à ennuyer tout le monde: les Français ne sont pas racistes, ils ne veulent simplement pas être étrangers dans leur pays, devenir culturellement minoritaires. Avec notre gauche folle et notre droite molle, on n’est pas rendus.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez notre directrice de la rédaction dans la matinale de Patrick Roger


[1] https://www.lepoint.fr/societe/ame-le-tres-symbolique-coup-de-poker-de-francois-bayrou-03-09-2025-2597743_23.php

[2] L’institut qui formait des imams était dans le viseur de Bruno Retailleau depuis le fameux rapport sur l’emprise des Frères musulmans en France déclassifié en mai NDLR

[3] À ce sujet, relire https://www.causeur.fr/starmer-face-a-la-revolte-des-drapeaux-raise-the-colours-migrants-315487

L’an prochain à Jérusalem?

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Manifestation contre l’antisémitisme, Paris, 19 juin 2024 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Antisémitisme d’atmosphère, intimidations, agressions, attentats islamistes… les menaces qui pèsent sur les Français juifs sont nombreuses et alimentées par l’extrême gauche qui nazifie les « sionistes » depuis le 7-Octobre. Conséquence : beaucoup de juifs fuient la France pour Israël malgré les difficultés d’intégration.


Les juifs ont-ils un avenir en France ? Il y a encore quelques années, une telle question pouvait paraître absurde. Mais aujourd’hui, à l’heure où l’antisémitisme est redevenu dans notre pays un levier politique puissant, elle se pose de façon pressante.

Pour y répondre, Dov Maïmon, conseiller du gouvernement israélien, et Didier Long, théologien spécialiste des liens entre judaïsme et christianisme, ont rencontré durant des mois de nombreux acteurs de la communauté juive de France, mais aussi des politiques, des policiers, des figures du renseignement ainsi que des juges antiterroristes. Ils ont aussi compilé toutes les statistiques disponibles.

Le résultat de leur enquête n’est guère enthousiasmant. Mais comme le rappelle Maïmon, citant Billy Wilder, le réalisateur américain de Certains l’aiment chaud, à propos des juifs d’Europe avant la Shoah : « Les optimistes ont fini à Auschwitz, les pessimistes à Hollywood. » Le décor est planté.

Matière explosive

Premier constat : dans la France du xxie siècle, ce sont des leaders soi-disant « antifascistes » qui sont les plus prompts à manipuler la matière explosive de l’antisémitisme. Deuxième constat : la haine contemporaine envers les juifs a été régénérée par les préjugés qui circulent abondamment dans la communauté musulmane. Troisième constat : ces préjugés ont été renforcés par le narratif mensonger – et rassembleur au-delà de la seule rue arabe – selon lequel la barbarie du 7-Octobre constitue une réponse logique à une « colonisation ». « Comme tout immigré est censé descendre d’ancêtres victimes de la violence coloniale, sa propre violence ne peut être conçue que comme une réaction légitime à l’oppression, explique Didier Long. Dans ce cadre, se dresser contre l’antisémitisme en France, c’est se moquer de la souffrance des enfants palestiniens et soutenir le colonialisme. »

Résultat, la propagande portraiturant les juifs en nazis a porté en France ses fruits au-delà même des attentes des extrémistes qui l’ont imaginée. Pire encore, elle est devenue également nécessaire à la survie politique de la gauche et du centre. Si les partis progressistes changeaient miraculeusement de discours et osaient nommer les véritables causes de l’antisémitisme, une partie de leur électorat les répudierait au nom d’un pseudo-antiracisme acoquiné au déni (vous stigmatisez les musulmans et oubliez les enfants de Gaza), et une autre comprendrait que leur silence coupable s’explique par le clientélisme électoral. Conclusion de Didier Long : « Les juifs doivent donc être coupables pour qu’Emmanuel Macron et une partie du spectre politique puissent rester innocents. »

A lire aussi, Gil Mihaely et Jean-Baptiste Roques: Crise politique: la résistible ascension de Jean-Luc Mélenchon

Dans leur enquête, les auteurs montrent aussi qu’en France le ressentiment communautaire s’exerce surtout dans un sens, et que ce sont les juifs – visés par 68 % des agressions racistes recensées en 2024 – qui en sont les principales victimes. En 2018, ils encouraient déjà 25 fois plus de risques d’être agressés que des musulmans. Depuis deux ans, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, ce risque est 72 fois supérieur. Cette vertigineuse inflation explique pourquoi plusieurs experts du renseignement et de la sécurité redoutent un 7-Octobre dans notre pays.

Le viol d’une fillette juive à Courbevoie en juin 2024 résonne à cet égard comme une terrible alerte. « Le Hamas n’est pas vu par les anti-juifs comme monstrueux, mais comme puissant, estime Didier Long. Son inhumanité fascine. C’est pourquoi une enfant juive de 12 ans a été violée au nom de la Palestine par des camarades de son âge. Ils obéissaient à un modèle. Le problème c’est que leurs références sont des terroristes et leur chemin initiatique, le crime contre l’humanité du 7-Octobre. »

Avenir cauchemardesque

Autre menace : les islamistes sortis de prison ou en passe d’en sortir. À ce jour, 486 sont déjà libres. Et 371 sont encore détenus, dont certains qui présentent des profils particulièrement dangereux. Cela sans compter le retour du Proche-Orient des femmes affiliées à Daech ou à Al-Qaïda et de leurs enfants. Un avenir qui promet bien des cauchemars.

Voilà pourquoi l’« alya », l’immigration en Israël, est dans l’esprit de tant de juifs de France. Dov Maïmon suit justement les dossiers de ceux qui franchissent ce pas. Selon lui, la première déconvenue que beaucoup rencontrent survient quand ils se rendent compte que l’État hébreu n’a pas un modèle aussi redistributif que notre pays : « Israël est une société qui compte beaucoup sur la débrouillardise de ses habitants, les aides sont rares. Pour un Français juif de milieu populaire, dont 30 à 40 % du revenu est issu de l’aide sociale, le départ peut s’avérer matériellement impossible. » Autre point d’achoppement : le travail. « Difficile de trouver sa place quand on exerce une profession liée à sa langue d’origine, indique Maïmon. Si en France, votre seule compétence est administrative ou réglementaire et que vous ne parlez pas l’hébreu, vos connaissances auront peu de valeur en Israël. Tandis qu’un boulanger ou un ingénieur sont toujours utiles, où qu’ils aillent. »

Exode inquiétant

Ceux pour qui la transplantation fonctionne le mieux sont les plus jeunes, qui viennent en majorité avec le projet de vivre leur judaïsme. Célibataires, ils ont pour la plupart (70 % des cas) un profil traditionaliste. Les 30 % restants sont au contraire des juifs très sécularisés, avec une forte proportion de LGBT. Viennent ensuite les familles avec de jeunes enfants. C’est souvent à travers leur progéniture que l’assimilation est facilitée. Le retraité aisé représente aussi un cas fréquent, mais souvent en s’organisant une vie à cheval entre la France et Israël. La situation est en revanche plus délicate pour ceux qui émigrent entre 35 ans et 65 ans : une fois sur place, la dépendance aux seuls réseaux francophones locaux et les difficultés en hébreu rendent l’intégration très compliquée.

Depuis l’an 2000, 51 455 Français juifs se sont ainsi installés en Israël, formant le premier contingent d’immigrés des nations occidentales. Tous les Français devraient s’inquiéter de cet exode. Car les juifs sont souvent les premiers sur la liste, mais jamais les derniers. Ceux qui les ont nazifiés n’en pensent pas moins au sujet des autres Occidentaux. Derrière l’accusation de colonialisme, s’instruit le genre de procès en inhumanité qui prélude au massacre. Alors si les juifs sont le canari dans la mine, nous devrions commencer à nous alarmer : depuis le 7 octobre 2023, le canari ne chante plus et le désastre arrive.

La Fin des juifs de France ? Didier Long et Dov Maïmon, Le Cherche midi, 2025. 208 pages.

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Lady Bail

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DR.

La travailliste Rushanara Ali contrainte de démissionner du gouvernement britannique, pour une raison plutôt cocasse


C’est une pratique peu glorieuse, quoique parfaitement autorisée. Au Royaume-Uni, les bailleurs de logement ont parfois recours à une méthode un rien sournoise quand ils veulent profiter de la hausse des prix de l’immobilier et encaisser des loyers plus élevés. Le plan se déroule en deux étapes.

Tout d’abord il s’agit de se débarrasser du locataire en place, en lui notifiant qu’on a l’intention de vendre l’appartement ou la maison habitée par celui-ci. Puis, une fois les lieux vidés, il suffit de changer d’avis, comme la loi le permet, et de se mettre en quête d’un nouvel occupant prêt à payer plus cher. Cet été, on a appris que la députée travailliste de Bow, à l’est de Londres, Rushanara Ali, avait employé cet efficace stratagème pour doper le revenu que lui procure un bien dont elle est propriétaire dans sa circonscription. En novembre dernier, elle a donné congé à ses quatre colocataires, qui arrivaient en fin de bail. Une fois leur départ acté, prétextant ne pas arriver à trouver acheteur, la jeune femme a remis le logement sur le marché locatif pour 4 000 livres par mois, contre 3 300 auparavant. Seul hic : Rushanara Ali, première femme d’origine bangladaise à siéger au Parlement britannique, était, quand elle a eu recours à cette ruse quelque peu hypocrite, la sous-ministre… des sans domicile fixe ! Face au tollé des associations de défense des mal-logés et aux railleries cruelles de l’opposition, la diplômée d’Oxford n’a eu d’autre choix que d’annoncer sa démission du gouvernement le 7 août en rappelant toutefois, à juste titre, qu’elle n’avait commis aucune infraction. Pas sûr qu’elle trouve beaucoup de soutiens dans ses rangs.

La très remuante Jess Barnard, figure de la nouvelle génération woke dans le comité national du Parti travailliste, suggère même à présent qu’Ali rende carrément son mandat à Westminster.

« Le moment semble opportun pour affirmer que les députés du Labour ne devraient pas être des bailleurs immobiliers et que les bailleurs immobiliers ne devraient pas être députés du Labour », a-t-elle déclaré dans un tweet partagé des centaines de milliers de fois.

À décolonial, décolonial et demi

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DR.

Wokisme. «Vous êtes tous racistes» : au festival Les Résistantes de Saint-Hilaire-de-Briouze (Orne), tout ne s’est pas passé comme prévu.


Organisé pour « penser l’avenir des luttes écologistes » en lien avec « les luttes sociales, féministes, antiracistes et décoloniales », le festival Les Résistantes s’est déroulé du 7 au 10 août, rapporte le média Reporterre. Tout le monde a semblé satisfait. Les ateliers – « Déconstruire le patriarcat », « Savoir se préparer à une garde à vue », « La place des animaux non humains dans les luttes écologistes », « Comment riposter contre Bolloré et Stérin »… – et les stands merguez végétales et apéros tofu ont connu un grand succès. Bref, tout s’est bien passé.

Enfin, presque tout… Des « militants racisés, la voix tremblante d’émotion et de colère », ont en effet manifesté leur mécontentement lors de la cérémonie de clôture. Motif : le racisme des écolos blancs. Une preuve parmi dix : lors d’une table ronde « consacrée aux pesticides comme forme de colonialisme chimique », la discussion sur le chlordécone (pesticide utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles) a été évincée au profit d’une autre sur la loi Duplomb et l’acétamipride. « Nos histoires douloureuses ne sont pas écoutées par les Blancs qui se disent antiracistes décoloniaux » se sont plaints ces militants avant de recommander aux festivaliers de s’informer sur la notion de « privilège blanc ». L’un d’entre eux sanglote : « Moi, ce que j’aurais voulu, c’est des excuses, qu’on me dise : “Pardon, je n’ai pas prêté attention à ce que tu as dit ou à la personne que tu es” ». Tourneboulé, Victor Vauquois, cofondateur du collectif Terres de luttes, a déclaré que les promoteurs du festival allaient « prendre le sujet à bras-le-corps et voir comment réparer et apprendre de leurs erreurs ». C’est un bon début, mais les « militants racisés » préfèrent prévenir : même si les écolos reconnaissent leurs erreurs, il est hors de question que « les personnes racisées rassurent les personnes blanches », car soulager les Blancs du poids de leur culpabilité ne ferait qu’ajouter à la « charge raciale » qu’elles subissent déjà.

Les organisateurs ont d’ores et déjà prévu un stock d’anti-migraineux pour la prochaine édition des Résistantes…

Architecture: une verrue à l’Assemblée

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© Moatti & Rivière

Une nouvelle entrée visiteurs de fort mauvais goût prévue pour 2028


La presse et, avec elle, les défenseurs du patrimoine, ont appris à la mi-juin le projet couvé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et validé par les questeurs un an auparavant dans le plus grand secret. De quoi rêvent nos députés ? D’une nouvelle entrée pour les visiteurs du Palais-Bourbon. Le rêve est grand, de mauvais goût et va surtout à l’encontre de toutes les règles patrimoniales. Mais ils peuvent se le permettre : la colonnade de l’Assemblée construite par Bernard Poyet en 1806 a beau se trouver dans un site inscrit, un site du patrimoine mondial de l’Unesco soumis à un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), elle n’est pas classée monument historique ! Donc non protégée. Aussi, l’agence d’architecture Moatti & Rivière qui a remporté le concours a pu laisser libre cours à son inspiration. En lieu et place de l’actuel pavillon d’accueil à droite de la colonnade – sans intérêt, mais qui a le mérite de se fondre dans le paysage –, l’Assemblée espère ériger un immeuble d’un étage de plus de 4 000 mètres carrés afin d’abriter « un parcours citoyen, immersif, participatif et pédagogique » et, bien sûr, un restaurant panoramique. Selon nos élus bâtisseurs, « ce nouvel accueil, qui respectera l’identité du site et les dimensions du pavillon actuel, s’ouvrira sur la ville et mettra en valeur l’emblématique colonnade, comme un message de bienvenue ». Ladite mise en valeur est une façade de verre et de laiton qui peut, au choix, faire penser à celle d’un aéroport ou de la Samaritaine, rue de Rivoli, ou encore à un distributeur de bonbons géant. Qu’importe, puisque le projet vise à « ouvrir encore plus grand les portes de la démocratie ». Pour voir le jour d’ici 2028, ce symbole de « transparence » devra être validé dans la plus grande opacité. Rachida Dati et les services de la Rue de Valois sauront-ils s’y opposer ?

La culpabilité des enfants gâtés de la gauche et la fabrication de l’ennemi

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La militante Greta Thunberg à Barcelone, le 31 août 2025 © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Ils sont les rejetons maladifs d’une Europe qui ne sait plus vieillir, enfants d’un monde repu qui croit avoir dompté l’Histoire, nourris de lait tiède et de discours maternels, assis dès la naissance dans le velours du confort, et pourtant rongés par une angoisse sourde, héritée des ventres possessifs qui les ont portés. Car leurs mères, trop présentes, trop aimantes en apparence, n’ont cessé de les accabler d’une tendresse conditionnelle : amour distribué comme une aumône, à la mesure de la soumission affective exigée. On leur a tout donné, mais avec cette insinuation empoisonnée : « tu n’en feras jamais assez ». Ainsi furent-ils comblés de biens et de soins, mais dépossédés d’eux-mêmes, saturés de culpabilité et de dette.

Histoire criminelle et parodie de croisade

De cette éducation sentimentale est née une colère muette, un ressentiment qu’ils ne parviennent pas à nommer et qu’ils projettent sur le monde extérieur. Incapables d’affronter la Mère, ils cherchent partout une figure de domination à abattre : l’État, la patrie, l’armée, l’Église, les colonisateurs, les pères symboliques. Ils se sont faits les orphelins volontaires d’une histoire qu’ils jugent criminelle. Et comme ils ont besoin d’aimer, mais qu’ils ne savent plus qui aimer, ils se précipitent du côté des « victimes » : les damnés de la terre, les peuples lointains, les révoltés de service, les insurgés dont la violence leur semble pure parce qu’elle s’oppose à l’ordre. Leur compassion est une liturgie, leur révolte une parodie de croisade.

Ils rêvent d’un monde sans frontière, d’une fusion planétaire où les antagonismes seraient dissous, d’un amour universel qui viendrait enfin combler le vide matriciel. Mais ce rêve est un délire de maternité manquée. Ils sacralisent l’Autre, jusqu’à lui prêter une innocence immaculée. Ils ferment les yeux sur la cruauté, l’humiliation, la haine pourtant palpables. Ils préfèrent exalter une humanité imaginaire plutôt que de reconnaître la violence réelle, comme si toute lucidité équivalait à une trahison de l’amour.

Leur culpabilité est sans fond. Coupables de leurs privilèges, coupables de ne pas aimer assez, coupables de haïr en secret, ils se rachètent en fabriquant un nouvel ennemi. L’Occident devient l’incarnation du mal, et avec lui ses satellites honnis : le capitalisme, les élites, Israël. Ils pleurent sur les juifs assassinés dans les camps, mais méprisent ceux qui, aujourd’hui, osent se défendre les armes à la main. Auschwitz leur inspire une compassion abstraite ; Tel-Aviv les révulse comme un scandale moral. C’est ainsi que, par un retournement d’une ironie diabolique, l’antiracisme d’Occident ressuscite la vieille figure du juif dominateur, l’éternel persécuteur, pourvu que ce juif soit israélien. Le mythe antisémite, loin d’avoir disparu, s’habille à nouveau des couleurs de la vertu.

Plus jamais ça… jusqu’à la prochaine

Car l’idéologie dominante est née de la cendre et du sang : « Plus jamais ça », répète-t-elle comme une prière expiatoire. L’Europe, honteuse de ses crimes, a fait du rejet du racisme et du vivre-ensemble les piliers de sa nouvelle religion. Le péché originel, désormais, c’est la peur. Il ne faut plus craindre. Il faut aimer sans condition, célébrer la diversité, accueillir l’étranger comme un frère. L’Autre est devenu le saint d’un catéchisme séculier.

Mais la peur n’est pas un vice, elle est une vérité de la chair. Elle est ce frisson ancestral qui avertit du danger, cette vigilance née de siècles de violence et de mémoire. Le moine bouddhiste en robe safran, dans le métro, ne suscite nulle crainte, car il ne porte pas en lui la menace. Mais le jeune homme agressif, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, fait trembler non parce qu’il est autre, mais parce qu’il incarne la possibilité du coup, de l’humiliation, de la haine. L’Occident a désappris cette distinction élémentaire : ce n’est pas l’altérité qui effraie, mais la violence.

Le mensonge du vivre-ensemble consiste à croire que la paix naît du consensus. Non. La paix naît du conflit reconnu, assumé, traversé. Refuser le conflit, c’est préparer l’explosion, l’irrationnel, le chaos. Il est légitime d’avoir peur de perdre son pays, sa langue, son emploi, sa dignité. Il est légitime d’interroger les pratiques religieuses qui contredisent les principes démocratiques. Il est légitime d’aimer son sol, ses morts, ses ancêtres, et de craindre leur effacement.

Il faut donc réhabiliter la peur, non comme un fantasme maladif, mais comme un signal vital. Il faut réhabiliter le conflit, non comme une guerre, mais comme un espace de vérité. La société sans tension est une fiction mortifère, un mensonge éducatif qui engendre le morcellement et la haine rentrée. Seul le conflit civilisé permet de regarder l’adversaire en face et de lui reconnaître une part d’humanité.

Culpabilité sans fin

Ils croient aimer, mais leur amour n’est qu’un miroir brisé. Ils croient lutter, mais leur lutte n’est qu’un théâtre moral, une pièce où ils tiennent le rôle du juste en condamnant des oppresseurs imaginaires. Car au fond d’eux-mêmes, ils savent qu’ils n’ont rien risqué, qu’ils vivent dans la sécurité douillette des métropoles, que leur rébellion se consomme comme une distraction, à l’ombre d’institutions qu’ils vilipendent mais qui les protègent encore.

C’est pourquoi leur culpabilité n’a pas de fin. Elle est la vraie jouissance de l’enfant gâté : se haïr soi-même, se flageller par procuration, déléguer au Palestinien, au migrant, à l’ennemi d’Israël, la violence qu’ils n’osent pas assumer. Ils jouissent du sang versé, à condition qu’il ne soit pas le leur ; ils jouissent de la haine, pourvu qu’elle soit exprimée par d’autres. Le monde devient pour eux une scène sacrificielle où ils se lavent de leur honte par l’offrande des victimes lointaines.

L’Europe, fatiguée d’elle-même, leur fournit le décor : une civilisation qui ne sait plus transmettre que la mémoire de sa faute, qui se croit condamnée à expier son histoire coloniale et son génocide fondateur. Elle n’enseigne plus la grandeur, mais la repentance. Elle ne produit plus de héros, mais des accusés permanents. Elle ne croit plus à son avenir, seulement à l’utopie d’un vivre-ensemble qui ressemble à une salle d’attente cosmopolite avant la disparition.

Le tragique, dès lors, n’est plus vécu : il est sublimé en moraline. On ne meurt plus pour sa patrie; on crie contre Israël. On ne se bat plus pour son peuple ; on brandit des pancartes au nom de l’Autre sacralisé. Le sang, le vrai, celui qui rappelle que l’histoire est tragique, on le nie ; mais le sang rêvé, celui de Gaza ou d’ailleurs, devient une drogue, un rituel d’innocence retrouvée.

Ainsi s’avance la fin de l’Europe, non pas dans le tumulte d’une guerre épique, mais dans le soupir honteux d’une civilisation qui se suicide à petit feu, en inventant sans cesse des ennemis de substitution pour donner sens à sa culpabilité. Ses enfants gâtés ne connaissent plus la joie tragique de vivre et de mourir ; ils ne connaissent que la jouissance morbide d’accuser et de condamner.

Il y a là l’image exacte de notre crépuscule : des générations assises sur les ruines, accusant les vivants d’être des bourreaux, célébrant les morts pour mieux mépriser ceux qui survivent. Et pendant qu’ils rêvent d’un amour universel, le monde réel se fracture, se durcit, se prépare à la guerre. L’Europe, elle, s’endort dans sa liturgie expiatoire, confondant l’ennemi et l’adversaire, abolissant le tragique dans la moraline, et s’abandonnant au luxe morbide de sa propre disparition.