Une nouvelle entrée visiteurs de fort mauvais goût prévue pour 2028
La presse et, avec elle, les défenseurs du patrimoine, ont appris à la mi-juin le projet couvé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et validé par les questeurs un an auparavant dans le plus grand secret. De quoi rêvent nos députés ? D’une nouvelle entrée pour les visiteurs du Palais-Bourbon. Le rêve est grand, de mauvais goût et va surtout à l’encontre de toutes les règles patrimoniales. Mais ils peuvent se le permettre : la colonnade de l’Assemblée construite par Bernard Poyet en 1806 a beau se trouver dans un site inscrit, un site du patrimoine mondial de l’Unesco soumis à un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), elle n’est pas classée monument historique ! Donc non protégée. Aussi, l’agence d’architecture Moatti & Rivière qui a remporté le concours a pu laisser libre cours à son inspiration. En lieu et place de l’actuel pavillon d’accueil à droite de la colonnade – sans intérêt, mais qui a le mérite de se fondre dans le paysage –, l’Assemblée espère ériger un immeuble d’un étage de plus de 4 000 mètres carrés afin d’abriter « un parcours citoyen, immersif, participatif et pédagogique » et, bien sûr, un restaurant panoramique. Selon nos élus bâtisseurs, « ce nouvel accueil, qui respectera l’identité du site et les dimensions du pavillon actuel, s’ouvrira sur la ville et mettra en valeur l’emblématique colonnade, comme un message de bienvenue ». Ladite mise en valeur est une façade de verre et de laiton qui peut, au choix, faire penser à celle d’un aéroport ou de la Samaritaine, rue de Rivoli, ou encore à un distributeur de bonbons géant. Qu’importe, puisque le projet vise à « ouvrir encore plus grand les portes de la démocratie ». Pour voir le jour d’ici 2028, ce symbole de « transparence » devra être validé dans la plus grande opacité. Rachida Dati et les services de la Rue de Valois sauront-ils s’y opposer ?





