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La recherche asséchée

Le déclin de la recherche française s’explique en un mot : la politique. Alors que nos voisins européens augmentent leurs budgets, nous ne cessons de les baisser. Aussi, laboratoires et universités sont obligés de se livrer à une compétition économique qui les affaiblit.


La crise sanitaire a été un grand déniaisement collectif. En France, nous nous sommes couchés start-up nation et nous nous sommes réveillés pays du tiers-monde, dépourvus de protections et réduits au confinement, un moyen de la lutte contre la pandémie datant du Moyen Âge. Ultime humiliation, le pays de Pasteur, celui qui se vantait d’avoir la « meilleure médecine du monde », n’a pas été capable de mettre au point un vaccin. En cause, l’état de la recherche en France : sous-financée, croulant sous les injonctions bureaucratiques, soumise à une véritable précarité, elle est depuis quinze ans dans un état dramatique. Le Nobel de physique attribué début octobre à Alain Aspect est l’arbre de la réussite qui cache la forêt du déclassement.

La France est passée entre 2005 et 2018 du sixième au neuvième rang des pays publiant des articles scientifiques, et de la cinquième à la huitième place des publications les plus citées. Depuis 2014, la part des dépenses de recherche et développement dans le PIB français ne cesse de diminuer. Avec 2,2 % du PIB, elle n’atteint pas les 3 % fixés comme objectif par l’Union européenne. Entre 2011 et 2018, les dépenses de recherche publique en santé ont chuté de 28 % en France. Elles ont augmenté de 11 et 16 % en Allemagne et au Royaume-Uni. Le plus exaspérant dans l’histoire, c’est que les lois censées, entre autres, remédier à ce constat sont parties prenantes du problème. Mais elles n’ont jamais été remises en cause, quand bien même les classements internationaux montrent leur échec. Comme les lois sur l’hôpital, chaque nouvelle mouture augmente à la fois les inégalités entre établissements et les déficits constatés.

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La loi sur l’autonomie des universités par exemple, votée en 2007, a accéléré le déclin de la recherche française tant elle s’est accompagnée de lourdes difficultés financières au sein du monde universitaire et donc du sacrifice des ressources propres, au bénéfice d’une quête effrénée de subventions extérieures. Pour parer au plus pressé et contrôler le déficit, deux variables d’ajustement ont été trouvées par les conseils d’administration des universités : le gel des recrutements et la baisse des budgets recherche. Tout comme l’Union européenne a choisi de saborder toute capacité d’être une puissance qui compte en organisant la compétition économique entre ses membres, affaiblissant chaque nation sans pour autant faire gagner le collectif ; le remplacement d’un écosystème stable par une logique dominante d’appels à projets a induit une concurrence exacerbée entre labos. Or un tel système détruit les conditions de la création intellectuelle qui demande temps, sérénité et liberté. Il a conduit en 2004 et 2008 à une révolte des universitaires, à tel point qu’en 2004 plusieurs directeurs de laboratoire du CNRS ont démissionné de leurs fonctions administratives. Cela ne servira à rien. En 2005, on a créé l’ANR (Agence nationale de la Recherche). Quintessence de la logique court-termiste, celle-ci ne finance que des projets à court terme déterminés par le ministère. L’autonomisation des universités aura réussi ce tour de force de soumettre totalement la recherche aux objectifs politiques et de rendre très difficile toute recherche fondamentale.

« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; des chercheurs qui trouvent, on en cherche » : attribuée à Charles de Gaulle, la citation a servi, dans le discours politique, à justifier une politique conjuguant privatisation de la recherche et contrôle bureaucratique tatillon, en délégitimant par avance le discours des enseignants-chercheurs, réduits à l’image de fainéants subventionnés… Pourtant, outre que la phrase est apocryphe, elle est surtout parfaitement trompeuse : Charles de Gaulle a massivement investi dans la recherche scientifique, augmentant de plus de 75 % le budget du CNRS entre 1958 et 1960, et accroissant notablement les postes de chercheurs. Il considérait que l’État avait « le devoir d’entretenir dans la nation un climat favorable à la recherche et à l’enseignement ». Son premier septennat est d’ailleurs considéré comme l’âge d’or de la recherche en France. Pour le général de Gaulle, la recherche est un atout pour l’indépendance nationale et le rayonnement de la France. Pour cela, il est conscient de la nécessité de doter les chercheurs d’un environnement sécurisé. Même si l’État effectue des choix stratégiques, il sait donner suffisamment de dotation générale pour permettre aux crédits ciblés de jouer leur rôle, sans dépouiller les labos de moyens de fonctionnement dans la durée.

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En 2020, instruit par le Covid, le gouvernement a fait voter la loi de programmation sur la recherche (LPR). Le contexte est clairement posé : il s’agit de prendre acte de la situation de décrochage et de perte d’attractivité de la France. Hélas, si l’objectif est cohérent, la loi ignore délibérément le moteur essentiel du développement d’une économie de l’intelligence et de la créativité, autrement dit un niveau suffisant de financement de la recherche, indépendant des appels à projets. La LPR prévoit une augmentation de 5 milliards du budget de la recherche entre 2020 et 2030. Sauf que selon le syndicat SNCS-FSU, « c’est au budget 2020 qu’il manquait 5 milliards ». À l’époque, la ministre Frédérique Vidal se vantait « d’un effort sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale ». Mais outre que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, au vu du niveau de l’inflation, il n’est pas sûr qu’à euros constants, la progression soit notable et donc apte à changer la donne. Mais surtout la loi a évacué la question de la sécurisation des crédits de base et continue à donner priorité aux crédits compétitifs. On connaît la définition de la folie attribuée à Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Au vu des décisions politiques prises, notre déclin en matière de recherche ne peut que s’accentuer. La tiers-mondisation, c’est l’incapacité de préparer l’avenir parce que le mode survie envahit tout. L’état de la recherche en France en témoigne.

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Phryge et la femme olympique

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Toujours à l’avant-garde des sans-culottes, combats féministes, corps libérés, Libération s’enthousiasme pour la mascotte des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 : une joyeuse Phryge, rouge tomate, en forme de bonnet phrygien. Identification d’une flamme.


On ne la fait pas à Quentin Girard, Sextus Emplirictus Wokus, qui touche au but du premier coup. Il a lu Freud, connait les rhizomes, s’est fendu d’un édito encomiastique et désirant, le 14 novembre. En français dans le sexe, la desfesses de la pensée : « JO 2024 : vive les Phryges, les mascottes clitoris qui en mettent plein la vulve ». « Si les mascottes officielles des Jeux de Paris évoquent le bonnet phrygien porté par Marianne, nous sommes nombreux à y avoir vu autre chose : un clitoris. Et c’est une bonne nouvelle. […] Tout rouge et tout mignon. D’un point de vue anatomique il semblerait que, collectivement, on ait enfin compris à quoi cela ressemble… L’assurance de jeux plus joyeux. D’un point de vue politique, il n’est ainsi pas désagréable que Paris se détache de sa sempiternelle tour Eiffel phallique. Mettons enfin de côté son bout piquant, pour une représentation de la capitale à la fois révolutionnaire, féministe et sensiblement plus collective… ». La bonne nouvelle et les jeux joyeux ravissent la Mère Duchesne, Madame Sans-Gêne, Olympe de Gouges, Marie-Antoinette, le comte de Fersen et Alfred Kinsey.

Les statistiques de Brassens, – vieux célibataire non déconstruit, sensible aux charmes des Dames du temps jadis, des belles passantes entrevues, de Jeanne et Fernande – invitent à la modestie: « La femme qui possède tout en elle ; Pour donner le goût des fêtes charnelles ; La femme qui suscite en nous tant de passion brutale ; La femme est avant tout sentimentale ; Main dans la main les longues promenades ; Les fleurs, les billets doux, les sérénades ; Les crimes, les folies que pour ses beaux yeux l’on commet ; La transportent, mais… Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s’emmerde en baisant ; Qu’elle le taise ou le confesse ; C’est pas tous les jours qu’on lui déride les fesses… ».

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Les misandres macastratristes, Érinyes, spécieuses ridicules, poussent le bouchon plus loin. Alice Coffin court deux lèvres à la fois, célèbre le génie lesbien descendu et aimerait que Phryge nous délivre du porc de l’angoisse, du mâle. Attention – Mes filles, ma bataille – à ne pas mélanger les organes sans corps, les Corps sans Organes (chers à Deleuze et Artaud) et les Cons sans Orgasmes. Les déclics, les extases, épectases, transverbérations, le Château intérieur, se nichent aussi dans la tête, dans le cœur d’Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria, à Rome.

Les Latins ne pensent qu’à cela et les Françaises ont une réputation à défendre. Après Brigitte, célébrée au faîte de sa gloire il y a soixante ans par Dario Moreno, en 2024 : « Phrygide Bardot, Bardot… ». Le désir s’accroît quand l’effet se recule. Les Monologues du vagin sont célèbres, Ramón Gómez De La Serna honore les Seins, mais l’organe féminin triomphateur, aujourd’hui, c’est le clitoris. Pas un jour sans une nouvelle grande enquête approfondie de Marie-Claire, la Revanche du clitoris, son Histoire politique, une cartographie de l’intime dans Maxi, Modes et Travaux, moult analyses spectrographiques en 5 dimensions des milliers de capteurs sensoriels du petit magicien, très innervé et vascularisé : ses ramifications s’étendent du lobe de l’oreille aux doigts de pieds, pour le plus grand plaisir de Phryge, ses copines, les vaincus de son cœur, les Dieux du stade O, A, G.

La première mascotte olympique – non officielle – c’était le skieur Schuss, aux JO de Grenoble, en 1968. Depuis cinquante ans, Misha, Bing Dwen Dwen, Phevos et Athena, Haakon et Kristin, une farandole de Marsupilamis improbables, ratons laveurs iroquois, pandas bienveillants, castors sympas, grizzlis végétariens, transmettent les valeurs de l’esprit olympique : l’excellence, l’amitié, le respect, le fairplay, d’Athènes à Chamonix, en passant par Berlin, Moscou et Pékin. L’essentiel, c’est de participer.

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On doit la célèbre devise olympique Citius, Altius, Fortius au prêtre dominicain, Henri Didon. Le patronyme oblige. Reprise par le baron de Coubertin en 1894, elle a été complétée l’an dernier : « Plus vite, plus haut, plus fort ensemble ». L’école des flammes : 10/10 et médailles d’or pour tous aux Jeux olympiques divers.

Après l’effort, le réconfort. En apothéose de la cérémonie de clôture de 2024, java inclusive, tango fusionnel, explosif, entre Phryge l’allumeuse et le flambeau olympique. La forme phalloïde de ce dernier n’aura échappé à personne. Est-ce une bonne nouvelle ? Cœurs lourds, corps sourds, doigts gourds, les fillettes et les hommes s’abusent. Ils ont pâle mine. L’érogène est fatigué, les mâles en panne n’ont plus la forme olympique. La concentration moyenne de gamètes dans le sperme a diminué de moitié depuis cinquante ans. Moins vite, moins haut, moins fort… « Tout s’en va, les plaisirs et les mœurs d’un autre âge ; Les rois, les Dieux vaincus, le hasard triomphant, Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage… » (Musset). Il faut entretenir la flamme du compromis historique, allumer le feu, un rien, un geste, un mot d’amour…

– Mary (Slim) « If you want me, just whistle. You know how to whistle, don’t you, Steve ? You just put your lips together and blow » (To have and have not, Bacall, Bogard, Hawks).

Écologie: arrêtez de nous polluer…

Sophie de Menthon s’insurge contre les injonctions pléthoriques et souvent contradictoires censées servir la cause écologique. Sans parler de la multiplication des différents « pass » et « chèques » inventés par le gouvernement.


Mais qui n’en a pas par-dessus la tête des semonces, des menaces, des amendes, des avertissements, des agressions, des hystéries et des représailles au nom de la planète ? A entendre les imprécateurs, nous sommes tous individuellement responsables : ici, en France, chez vous, d’un réchauffement planétaire, du CO2, des particules fines, des gaz à effet de serre, de la pollution des mers et j’en passe ! On va jusqu’à accuser le président de la République de « manquement dans la lutte contre le réchauffement climatique ». On est tombé sur la tête. Nous vivons entre nouveaux impôts et culpabilité multi-sectorielle.

Alors oui, l’été a été chaud ! Oui réchauffement il y a, oui l’activité humaine a sa part de responsabilité. Mais STOP ! d’abord félicitons-nous, car en France nous sommes exemplaires par rapport au reste du monde. La Chine, l’Inde, les États-Unis ont un poids prépondérant (99%) dans cette fameuse agression de la planète et du climat.

On ne peut pas continuer à se ronger les ongles devant nos poubelles pour savoir dans laquelle on met la barquette plastique recyclable (pas dans le bac papier parce qu’elle est souillée par des déchets alimentaires, mais pas dans les déchets biodégradables…) alors que l’Inde ressemble à une poubelle à ciel ouvert. Alors oui, il faut continuer nos efforts mais en cessant aussi les injonctions contradictoires. Nous devons, par exemple, relocaliser nos industries et nos entrepreneurs s’y appliquent, sauf qu’à l’occasion des Jeux Olympiques en France on sous-traite des millions de « mascottes » en Chine !? Il paraît que nous ne savons pas faire, mais depuis le temps que les Jeux Olympiques sont annoncés, nos industriels avaient le temps de trouver de solutions, eux ! Une gifle au passage à tous les industriels français. Ces mêmes industriels sont les seuls qui trouveront toutes les solutions pour améliorer le sort de la planète, sauf que lorsqu’ils veulent s’installer et relocaliser dans une région française, contrôles et interdictions de toutes sortes leur tombent dessus, écolos en tête, le doigt sur la gâchette et puis on n’en veut pas dans notre commune…

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Alors, pour nous remonter le moral en berne au volant de notre voiture polluante, nous fustigeons les jets privés, on les trace, on les espionne et c’est très agréable car cela renforce notre anticapitalisme primaire et notre détestation des riches.

Heureusement, le gouvernement a eu une idée de génie de plus : « le Pass carbone » (sans E à cause du franglais). En France, on pollue paraît-il mais on a des idées énergétiques : dès qu’il y a une petite usine à gaz à monter nous sommes les meilleurs. Le principe de base est de diviser les Français, entre ceux qui doivent payer et ceux qui ne doivent pas ; si l’on arrive bien à discriminer on compense alors avec une ribambelle de « chèques » sur mesure.

Il y a le chèque énergie prévu pour la fin d’année (gaz électricité chaleur), le chèque alimentaire (le seul qui ne soit pas sans provisions !), le chèque fioul ; pour les hommes déconstruits, il y a la prime réparation pour réparer les appareils ménagers sans oublier « l’aide chauffage, bois, pellets » (en plus du chèque fioul et du chèque énergie), « MaPrimeRénov’» (prime branchée), pour la transition énergétique est une bérézina totale tant c’est compliqué à mettre en place ; sans oublier la prime de rentrée scolaire, la prime de Noël, la prime d’activité (car il faut quand même bien récompenser ceux qui reprennent du boulot en gagnant moins qu’à Pôle Emploi). On attend bientôt la prime des primes ? Ce qui ne nous empêche pas de déprimer.

Il faut surtout éviter que certains ne revêtent leurs gilets jaunes (il y a du plastique dans la fabrication du gilet). Le principe des primes est avant tout une antidote gilet jaune. C’est d’ailleurs grâce aux Gilets jaunes que nous venons d’éviter la limitation de vitesse sur les autoroutes à 110 km/heure ; à notre grand étonnement, la Première ministre a dit renoncer à la contrainte (sic), une première.

Alors oui, il faut bien sûr faire preuve d’une sobriété énergétique mais il faut arrêter de démotiver les Français, de faire peser sur eux la responsabilité de tous les désastres ; ni responsables ni coupables, simplement concernés ! Sachons résister à « l’obscurantisme vert»[1] et à l’inflation du manque de bon sens.


[1] Assistez au colloque d’ETHIC en partenariat avec WebRadios sur « Apocalyspe now ou obscurantisme vert » le mercredi 14 décembre de 9h à 12h sur www.ethic.fr

Warner Bros s’oppose à l’inquisition woke d’Emma Watson

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JK Rowling est victime d’une chasse aux sorcières lancée par Emma Watson qui ne lui ne pardonne pas ses opinions sur la question transgenre. La société de production Warner Bros semble avoir définitivement choisi son camp.


Harry Potter pourrait enfin faire son grand retour ! Les fans de la célèbre saga sont en pleine effervescence depuis l’annonce d’une potentielle suite. Début novembre, le PDG de Warner Bros David Zaslav, a formulé le vœu de « voir s’il peut faire quelque chose sur Harry Potter avec J.K Rowling à l’avenir ». Le Hollywood Reporter a révélé que celui-ci souhaite « se concentrer sur les franchises » pour ses prochaines productions.

Cet été déjà, Chris Colombus, le réalisateur des deux premiers volets de la série fantastique a confié dans une interview qu’« une version de l’Enfant maudit avec Dan, Rupert et Emma au bon âge serait un rêve cinématographique ».

Le 24 juin, le média EwwFeed a révélé qu’Emma Watson aurait confessé à son entourage être prête à ressortir sa cape de sorcière. Seulement, elle a posé une condition: que J.K. Rowling, la créatrice même d’Harry Potter, soit écartée du projet ! Avec sa baguette de wokiste, elle souhaite ainsi « cancel » la glorieuse écrivaine, en raison de ses positions controversées sur les transgenres.

Si Emma Watson est sa plus féroce détractrice, elle n’est pas l’unique. Daniel Radcliff et Ruper Grint, acteurs phares de la saga, l’ont également  attaquée à plusieurs reprises sur ses propos jugés «transphobes »…

« Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé ».

J.K. Rowling a depuis des années développé une vision critique de la transidentité, qui lui vaut d’être harcelée sur les réseaux sociaux et régulièrement menacée de mort.

En juin 2020, son cyberharcèlement a pris une dimension mondiale quand elle a osé contester la pertinence du terme « personnes menstruées ». Celui-ci est utilisé par nombre de transactivistes pour sa portée dite inclusive. « Je suis sûre qu’on devait avoir un mot pour ces gens. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ? » a alors ironisé l’auteure britannique. Il n’en fallait pas plus pour que pleuvent les accusations de transphobie !

Dans un billet publié par la suite sur son blog, J.K. Rowling estime que cette expression « hostile et aliénante » contribue à l’invisibilisation des femmes de l’espace public. Quoi de plus déshumanisant précisément que de réduire une femme à son appareil génital ? Un énième paradoxe pour des militants qui prônent la suprématie du genre sur le biologique… Dès lors, il lui paraît essentiel de rappeler l’existence de la binarité des sexes et les spécificités biologiques des femmes. « Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé », a-t-elle dénoncé sur Twitter.

Depuis, elle n’a eu de cesse d’alerter sur la dangerosité des hormones et des opérations de changement de sexe face à la montée en flèche des détransitions. Dans sa ligne de mire également, l’apathie des féministes face à l’arrivée des femmes transgenres dans les compétitions féminines sportives. Celles-ci sont les grandes perdantes de l’égalitarisme tant vanté par nos sociétés libérales, puisqu’elles voient leurs prix raflés par des hommes ayant transitionné… 

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Ses sorties lui ont dès lors attiré les foudres d’Emma Watson qui s’est déjà en 2020 inscrite contre ces propos sur Twitter. Le 13 mars 2022, lors la 75e cérémonie des BAFTA – les British Academy Film Awards – à Londres, l’actrice a profité de sa montée sur scène pour lui lancer un subtil tacle : « Je suis là pour toutes les sorcières au passage ». 

L’interprète d’Hermione Granger devrait ranger sa baguette magique puisque Warner Bros a pris, dès fin juin, le parti de J.K. Rowling : « Elle est l’une des conteuses les plus accomplies au monde, et nous sommes fiers d’être le studio qui amène sa vision, ses personnages et ses histoires à la vie maintenant – et pour les décennies à venir». Les récentes déclarations du PDG de la compagnie vont en outre dans le même sens.

Evanesco[1] ! L’ancien casting s’étant vautré dans le wokisme à outrance pourrait bien disparaître des prochains Harry Potter…


[1] Evanesco est la formule du sortilège de disparition utilisée dans Harry Potter

Range ton voile

Merci François-Xavier Bellamy ! Le mercredi 19 octobre, le Parlement européen a voté l’interdiction pour la Commission européenne de financer des campagnes de promotion du hijab.


C’est probablement la plus grande victoire remportée contre l’islamisme depuis longtemps. Malgré l’opposition de la gauche, des écologistes et d’une bonne part des « progressistes » (dont Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, ex-LREM, proche d’Emmanuel Macron), tous désireux de continuer à offrir de l’argent public au prosélytisme islamique, le mercredi 19 octobre, le Parlement européen a voté l’interdiction pour la Commission européenne de financer des campagnes de promotion du hijab. Plus jamais l’Europe ne devra se compromettre en soutenant cette propagande indigne, affirmant par exemple que « La liberté est dans le hijab » ou « Apportez de la joie, acceptez le hijab », alors même qu’en Iran et ailleurs des femmes sont torturées et assassinées parce qu’elles refusent de porter ce drapeau du totalitarisme théocratique. C’est la victoire d’un homme, François-Xavier Bellamy, qui s’est dépensé sans compter pour concevoir et porter cet amendement. Il a eu mille raisons de croire la tâche impossible, mille raisons de se décourager, mille occasions d’abandonner, mais il a incarné dans son engagement politique son enseignement de philosophe : « Tenez bon, tenez ferme, soyez fidèles », et il a triomphé. C’est la victoire d’une mobilisation citoyenne de dizaines de milliers de messages de soutien et d’une pétition qui, en quelques jours, ont aidé à convaincre plusieurs indécis. C’est la victoire de l’union des droites, toutes les droites dans leur éventail politique avec notamment le Parti populaire européen (alliance de partis à laquelle appartient LR) et Identité et Démocratie (groupe du RN), toutes les droites européennes rassemblées à l’échelle du continent pour défendre notre civilisation et son message à la fois unique et universel – instant de grâce où Strasbourg a été la digne héritière d’Athènes.

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Nantes terre d’asile

En dix ans, le «modèle nantais» a volé en éclats. Le paradis socio-économique des bobos a été dynamité par l’extrême gauche qui, outre l’esprit zadiste, a fait prospérer le marché de la drogue, les filières d’immigration clandestine et la délinquance qui en découle.


Autrefois, on les appelait villes de province. Dans le langage techno de l’époque, ce sont des « métropoles régionales » – implantées au cœur des « territoires ». Angers, Nice, Montpellier et bien d’autres, des noms qui, il y a encore quelques années, étaient synonymes de douceur de vivre.

Depuis les années 1990, elles se tirent la bourre pour obtenir des ressources nationales et attirer entreprises et populations. Dans cette compétition, Nantes a souvent été classée en tête. Célébrée en 2003 comme la « meilleure ville de France » par L’Express et comme le « meilleur endroit pour vivre » par Le Point, elle a été consacrée l’année suivante par Time Magazine comme « The most liveable city in Europe » avant d’être désignée en 2013 « capitale verte de l’Europe » par la Commission européenne.

L’hallali sur la ci-devant reine de la classe a été lancé par Le Point dont la « une » du 2 décembre 2021 posait une question contenant la réponse : « Faut-il quitter Nantes ? » Depuis c’est la descente aux enfers, notamment autour de la sécurité ou plutôt de son absence. Et il ne s’agit pas d’un simple « sentiment d’insécurité », les faits sont bien là. En quelques semaines, plusieurs crimes se sont invités à la « une ». Une femme de 47 ans qui se rendait à son travail a été tuée à l’arme blanche dans la rue. Une quadragénaire a été importunée alors qu’elle rentrait seule chez elle après une sortie, avant d’être frappée, violée. Un jeune homme a été tué d’une balle dans la tête à Saint-Herblain, à proximité immédiate de Nantes. Le nombre d’agressions sexuelles a augmenté de 70 % en cinq ans (428 en 2017, 728 en 2022). À ces crimes, il faut ajouter des délits, certes moins violents mais qui pourrissent la vie des Nantais.  ? Exemple parmi d’autres, dans la nuit du 19 au 20 octobre, un homme de 22 ans, en état d’ivresse, a dégradé les rétroviseurs et les essuie-glaces d’une vingtaine de voitures avant d’être interpellé en flagrant délit. On comprend bien que des femmes aient peur de sortir et que les parents se fassent du mouron quand leurs enfants sont dehors.

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Comment expliquer cette chute ? En fait, le déclin a commencé depuis longtemps, mais il a été camouflé par d’épaisses couches de com’. Car Nantes paie aujourd’hui aussi en excès d’indignité l’excès d’honneurs dont elle a longtemps bénéficié. C’est que les majorités municipales successives ont fait preuve d’un talent particulier pour ripoliner le réel à travers d’habiles campagnes qui ont planqué sous le tapis de la boboïsation culturelle des réalités urbaines douloureuses et anciennes. Bref, aujourd’hui, elle ressemble peut-être à l’enfer, mais cela fait plusieurs années que ce n’est plus le paradis.

Depuis les années 1970, Nantes a été métamorphosée. La petite ville se trouve aujourd’hui au cœur d’un vaste ensemble, Nantes Métropole, connectée à Paris depuis 1989 par le TGV et dotée depuis 1985 d’un tramway. Elle gagne presque 4 500 habitants pendant les années 1980, et plus de 25 000 habitants entre 1990 et 1999. À la fin du XXe siècle, Nantes attire plus que la plupart des grandes villes françaises. L’élan démographique se poursuit au XXIe siècle. Avec plus de 300 000 habitants, Nantes se situe actuellement au sixième rang des villes de France, derrière Nice et devant Strasbourg.

Nantes attire avant tout les jeunes et les actifs, des étudiants et des cadres. Ils s’installent dans les quartiers centraux qui offrent de nouvelles possibilités de logement à la suite de grands programmes immobiliers. Les familles avec enfants s’installent dans la couronne périurbaine, ou bien dans des quartiers comme Sainte-Anne. Ce dynamisme démographique repose sur un dynamisme économique : depuis la fin du XXe siècle, Nantes est la quatrième ville de France pour la croissance des emplois.

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D’une ville ouvrière (industries agroalimentaires, constructions navales), elle devient une ville de cadres supérieurs et de professions intermédiaires. Nantes est bien pourvue en commerces et agences bancaires, y compris des banques étrangères, de même que de grands établissements financiers. Elle est aussi championne en matière de logements sociaux : avec un parc HLM représentant 20 % des résidences principales, elle n’est devancée que par Strasbourg et Lille. Enfin, politiquement, la démocratie correspondant à la démographie, la ville longtemps plutôt de droite s’est ancrée vers la gauche, comme en témoigne le parcours politique de Jean-Marc Ayrault : en 1977, il bat le maire RPR de Saint-Herblain (ville populaire devenue partie intégrante du tissu urbain nantais), Michel Chauty. Ce dernier est ensuite élu maire de Nantes, mais perd sa place en 1989, battu par… Jean-Marc Ayrault. Bien utilisée par des politiciens habiles, l’attribution des HLM est un levier redoutablement efficace et les majorités municipales nantaises ne s’en sont pas privées.

Toutes ces dynamiques difficilement visibles ont été merveilleusement et habilement emballées à Nantes par une politique culturelle volontariste à la Jack Lang. Cette stratégie a aidé Jean-Marc Ayrault à conquérir la ville de Nantes, puis de lui donner le lustre et l’image dont la presse nationale fait ses choux gras. La chute de Michel Chauty s’explique largement par sa politique culturelle, notamment la censure d’un spectacle théâtral et l’arrêt de subventions à la maison de la culture de Nantes (MCN). Les protestations contre Chauty cristallisent l’opposition entre la ville-centre et plusieurs communes de l’agglomération, gouvernées à gauche et devenues « terre d’asile » pour les initiatives culturelles en disgrâce. Pour Alain Besson, ancien journaliste de Ouest-France, Michel Chauty était « un capitaine Fracasse qui s’était mis à dos les cultureux nantais en réduisant d’une manière drastique les subventions attribuées à la culture. Ces derniers le qualifieront de “sécateur-maire”, surnom qu’il traînera comme un boulet. »

Pendant cette « guéguerre culturelle », des alliances se tissent autour de Jean-Marc Ayrault, jeune maire socialiste de Saint-Herblain (1977-1989), et l’argent public permet de lancer le Centre de recherche et de développement culturel (CRDC), ainsi qu’un festival de théâtre. Ces initiatives, présentées par la liste Ayrault comme la quintessence de son action et sa vision de l’avenir de Nantes, ont largement contribué à la victoire de la gauche aux municipales nantaises de 1989. Une fois élue, la majorité en a fait la pierre angulaire de sa politique municipale et un instrument bien efficace pour assoir une hégémonie politique toujours intacte. Dans le cas de Jean-Marc Ayrault, le succès supposé du « modèle nantais » explique largement la décision de le choisir comme Premier ministre en 2012. C’est d’ailleurs à ce moment-là, au début de l’été 2012, que l’image de la ville commence à se dégrader. En effet, bien que converti au « jack-langisme », Jean-Marc Ayrault conservait quelques restes de la gauche présociétale, en particulier son soutien au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Or, si la gauchisation qui a accompagné la gentrification de Nantes a permis au Parti socialiste de conquérir la ville, elle se mue progressivement en extrême gauchisation, préfigurant avec une décennie d’avance la Nupes : une alliance entre écolos radicaux, anticapitalistes et « jeunes des quartiers ». Un aéroport avec sa logique de croissance économique à l’ancienne, le rêve d’Ayrault, est leur cauchemar. En quelques mois, il devient aussi le cauchemar d’Ayrault, Hollande et Valls. Le rêve nantais a accouché de la ZAD. Ces jeunes qui prennent au sérieux tout le fatras sur la « culture », l’« art » et la « rebellitude » s’emploient surtout, avec succès, à dynamiter le modèle économique de Nantes, le vrai secret de son succès. Leurs violences répétées contre les acteurs de la réussite nantaise (banques, commerces et restaurants) transforment le centre-ville en Beyrouth. Elles cassent une mécanique profonde : les dizaines de milliers de cadres et de jeunes qui se sont endettés à vie pour vivre à Nantes rêvaient de balades à vélo au bord du fleuve et peut-être de spectacles antisystèmes pour le supplément d’âme, mais certainement pas du retour des Jean-Baptiste Carrier[1]. Et ce n’est pas tout. Cette jeunesse merveilleuse qui se dévoue pour trouver un modèle alternatif à notre société de consommation renonce à beaucoup de choses, mais pas à ses pétards. Breizh-Info du 24 avril 2018 nous apprend que « jamais la vente de drogue n’a aussi bien marché dans les banlieues nantaises, et ce grâce aux défenseurs de la ZAD qui consomment beaucoup et font des allers-retours entre la ZAD et Nantes pour ravitailler leurs camarades.» Et ces braves gens ne se contentent pas de beuh (herbe de cannabis) et de shit (résine). Selon Breizh-Info toujours, ils consomment aussi des substances qu’on ne peut pas faire pousser dans son jardin bio : « Des drogues dures circulent sur la ZAD, y compris de l’ecstasy, des métamphétamines ou de l’héroïne. »

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Et c’est ainsi que ces rebelles alternativo-radicaux créent un marché ultralibéral, comme Monsieur Jourdain de la prose ! En se fournissant en substances désinhibantes, ils alimentent un marché de deal qui donne à certains quartiers nantais des airs de « 9-3 ». Il est vrai que ces zadistes ne sont pas les seuls. Jeunes, cadres, étudiants, intermittents du spectacle, serveurs et serveuses de restaurants et bars, festivaliers : toute la faune nantaise attirée par les majorités municipales successives de Jean-Marc Ayrault à sa protégée Johanna Rolland à coups d’éléphant mécanique[2] et de pistes cyclables consomme énormément ! Et pour s’approvisionner, tout le monde se tourne vers… les quartiers où une autre jeunesse, très dynamique elle aussi, les attend 24h/24 et 7j/7 (y compris, désormais, pendant le ramadan, preuve que certains secteurs économiques savent privilégier l’efficacité).

Les Dervallières. Selon Wikipédia c’est « un grand quartier d’habitat social situé à l’ouest de Nantes. Construit entre 1955 et 1965, c’est un des plus anciens quartiers HLM de la ville. Il comptait 4 884 habitants en 2006. » Aujourd’hui, 30,1 % des Dervalleriens et Dervalleriennes sont des immigrés. Taux d’emploi, 40,2 % (73 % au niveau national). Dans les années 1960, c’était toujours un quartier populaire, bastion du FC Nantes, avec une intense vie sociale animée par des associations comme Femmes chefs de famille (FCF), la Confédération syndicale des familles (CSF), l’Amicale laïque des Dervallières. On organisait des kermesses. Mais ça, c’était avant. Depuis, la population change et malgré des investissements importants, les Dervallières ainsi que d’autres quartiers (Le Breil, Bellevue), complètement intégrés (contrairement au cas parisien par exemple) dans le tissu urbain nantais, sont devenus « chauds ». Ainsi, les Dervallières s’embrase pendant les émeutes de 2005, preuve de la forte implantation d’une société et d’une économie parallèles fondées sur l’islam et le trafic de drogue, les deux éléments constitutifs d’un séparatisme culturel et géographique.

Distribution de nourriture à un groupe de migrants occupant le square Jean-Baptiste-Daviais, à Nantes, 3 juillet 2019 / Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Plus tard, le quartier adopte tous les attributs des « quartiers » : rodéos de scooters (volés), attaques contre les forces de l’ordre pour établir un « équilibre de dissuasion » et sanctuariser des zones de deal et autres activités illicites, renforçant la dynamique séparatiste islamo-criminelle. Pour couronner le tout, le 21 septembre la police a arrêté Bilal Benyoucef, connu comme le « roi des Dervallières » (condamné à 24 reprises avant son 20e anniversaire), qui tenait d’une main de fer le 38, rue Watteau, point de deal le plus rémunérateur de l’agglomération. Et, malgré cet échec patent de la « politique de la ville », quand éclate la crise des migrants en 2015, le discours officiel de la majorité met en avant l’« accueil ».

À côté du mot « culture », « accueil » est devenu le deuxième « buzzword » associé à l’image jeune-dynamique-ouverte de Nantes. Il est difficile de trouver des chiffres fiables sur le nombre de sans-papiers, mais Philippe Guibert, ancien directeur du service d’information du gouvernement (SIG), remarque que « c’est la réputation de la préfecture de Nantes, d’accorder des papiers plus facilement qu’ailleurs. D’où un afflux de personnes d’origine étrangère. » Il faut aussi mentionner le tissu étoffé d’associations et la bienveillance de la mairie. Sans oublier les attraits de l’« économie parallèle » : selon Christophe Rouget, commandant de police et secrétaire général du Syndicat des cadres de sécurité intérieure, à Nantes « des filières de migrants génèrent plus de 50 % de la délinquance de voie publique ». Pas besoin de faire un dessin : le cocktail de bons sentiments, clientélisme et aveuglement idéologique produit les conséquences que l’on sait.

Pendant des décennies Nantes a été présentée comme la réussite emblématique d’un PS moderne, innovant, « cultureux » et festif. Ce papier peint ne cache plus le réel.


[1]. Révolutionnaire, très actif pendant la Terreur, qui entre décembre 1793 et février 1794 a ordonné massacres, fusillades et noyades à Nantes.

[2]. Attraction emblématique de Nantes.

Amsterdam : des réfugiés sèment le trouble dans les cités

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Suite à une politique d’insertion des réfugiés à Amsterdam proposant une mixité culturelle dans des immeubles, le nombre de plaintes augmente et le sentiment d’insécurité est de plus en plus fort.


Le projet de cohabitation entre de jeunes Néerlandais et des réfugiés arabes et africains a péri dans les cendres de l’incendie qui a ravagé leurs modestes demeures à Amsterdam.

Le dimanche 13 novembre, la police a arrêté un des habitants suspecté d’avoir volontairement incendié son propre appartement dans l’immeuble de trois étages, vite dévoré par les flammes. La nationalité du suspect de 27 ans n’a pas été divulguée, donc on peut supposer qu’il ne s’agit pas d’un Néerlandais de souche. Six chats périrent dans les flammes. Parmi les jeunes il n’y a pas de victimes à regretter, mais environ 135 d’entre eux n’ont plus de logement.

«L’autre jour, il [le suspect] jetait ses meubles par la fenêtre, ce n’était pas la première fois que ce type donnait des signes de graves problèmes d’ordre psychotique. Je suis bien placée pour le savoir, car j’habitais dans l’appartement face au sien», constatait une étudiante de 23 ans contemplant, un gobelet de café dans une main, un nounours dans l’autre, le spectacle désolant de son immeuble calciné.

La jeune femme, qui préférait taire son nom, confia à un reporter du journal amstellodamois Het Parool, que dans sa fuite, elle avait laissé toutes ses possessions dans l’appartement.

Ce ne serait qu’un triste fait divers, s’il ne prouvait pas l’échec du projet de la municipalité de gauche d’Amsterdam d’inciter des jeunes d’origines différentes à vivre ensemble. Car depuis belle lurette, les témoignages pleuvaient que la réalité multi-ethnique se soucie peu des projets mijotés dans la mairie on ne peut plus woke. Engueulades nocturnes, rixes, vols, brimades envers les homos et filles agressées étaient le lot quasi quotidien dans la cité en partie brûlée dimanche.

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L’étudiante sus-mentionnée: «Dimanche matin, je croyais que c’était le boucan habituel dans les corridors et je tentais de ne pas y prêter trop d’attention, quand des policiers cognaient sur ma porte, m’ ordonnant de déguerpir au plus vite. Si seulement j’avais pensé à prendre mes affaires…»

Les torts sont-ils partagés entre jeunes Néerlandais et leurs pairs de plusieurs pays à problèmes qu’ils sont censés accompagner vers une existence digne, comme l’ont réussi tant d’immigrés avant eux ? Eh bien non, les nombreux témoignages de jeunes Néerlandaises pointent uniquement vers des Africains et des Arabes qui font régner si ce n’est pas la terreur, en tout cas l’insécurité.

Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’elles accusent les mêmes personnes qu’au départ elles voulaient aider à mieux connaître leur pays d’accueil. Jusqu’à ce qu’elles se rendent compte que ce n’étaient pas les classes de langue et de civilisation néerlandaises qui les intéressaient, mais de les draguer lourdement. «Au lieu de chercher des contacts avec eux, ces intimidations avaient un effet contraire sur moi, je me repliais sur moi-même, rasais les murs, rentrais le soir la peur au ventre», confia récemment l’étudiante Juul de Nijs à la télévision locale AT5. Elle était particulièrement écoeurée par de jeunes hommes érythréens, ordonnant leurs rarissimes compatriotes féminines de se taire.

Juul est loin d’être la seule à être retournée vivre chez ses parents «en province» plutôt que de figurer comme cobaye dans un projet multi-culturaliste. Son réveil a dû être cruel et en plus elle se voit traitée de pauvre cruche sur le principal réseau social de droite.

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Son calvaire se déroulait dans une cité dans l’est d’Amsterdam, l’incendie de dimanche s’était produit à l’ouest. C’est là où, en 2016, le projet de vivre-ensemble avait commencé. Dans un reportage sur le chantier, peu avant l’arrivée des premiers jeunes de toutes les couleurs, la très gaucho-compatible télévision publique en chanta les louanges. Un politicien local vantait un projet «où tout le monde serait gagnant». D’abord grâce au loyer très modeste d’environ 300 euros par mois dans une ville où les logements décents sont de plus en plus réservés aux nantis. Gagnants seraient également ces Néerlandais ayant la possibilité d’aider les jeunes étrangers, tous régularisés, à s’intégrer. Ces Blancs, pour la plupart, étaient sommés de faire preuve d’une attitude proactive et de consacrer au minimum quelques heures par semaine au bien-être des étrangers, ces veinards, à qui, en contrepartie, on demandait de se montrer avides d’apprendre et de se comporter convenablement. Pas tous se montrèrent à la hauteur.

Dans chaque unité étaient logés, pour un maximum de cinq ans, autant de Néerlandais que de Syriens, Erythréens, Afghans, Somaliens et tutti quanti. Ces jours-ci, à Amsterdam et dans sa proche banlieue, il existe une petite vingtaine de ces cités dont le nombre d’habitants varie entre quelques centaines et une quarantaine. Avec leurs «habitations conteneurs», ces blocs ont l’air plutôt tristounet, comme des centres de rétention de clandestins aux abords d’aéroports internationaux.

Les bruits que la fraternisation ne se passait pas sans heurts allaient crescendo à mesure que le nombre de cités augmentait. Les plaintes de harcèlement sexuels pleuvaient, mais aussi sur l’entretien insuffisant et la présence de marchands de drogue, la nuit. La coopérative de logement social répétait comme un mantra que la sécurité des locataires était primordiale et que les fauteurs de trouble seraient expulsés ou signalés à la police. Comme ce jeune homme accusé de six agressions sexuels dans la même cité….

La coopérative et des dirigeants municipaux firent preuve cependant de compréhension envers les malfrats, arguant que plusieurs d’entre eux viennent de pays en guerre et sont de ce fait traumatisés. Que leur comportement imprévisible devraient les tenir à l’écart d’un projet idéaliste n’était pas évident pour les partisans du vivre-ensemble imposé.

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La ville et le bailleur social ont également des comptes à rendre sur la sécurité-incendie, vu qu’un habitant réputé psychotique a réussi à tout cramer autour de lui. Un jeune Syrien désormais sans toit s’écria devant la presse locale: «Ce type s’était ces derniers temps fait taper sur les doigts par la police pour semer la pagaille, mais chaque fois on le renvoya parmi nous. On craignait tous que cela finisse mal un jour».

S’il est établi que le coupable est en effet un étranger, la réputation de demandeurs d’asile en pâtira encore plus dans un pays où de jeunes Nord-Africains se rendent coupables de vols et d’agressions dans et aux abords de centres de réfugiés. Même des bénévoles de la Croix Rouge s’y étaient fait dévaliser…

Il est bien sûr injuste de stigmatiser tous les réfugiés pour des horreurs commises par une minorité d’imposteurs. Et dans les cités en question, bien des jeunes étrangers se montrent reconnaissants de l’accueil et s’efforcent de s’intégrer. Mais au fil des ans, le mot néerlandais asielzoeker, demandeur d’asile, a fini par acquérir une connotation péjorative, du moins dans les cercles conservateurs, tant les abus ont été flagrants.

A Amsterdam, le projet de vivre-ensemble entre jeunes Bataves et non-Européens changera bientôt de fond en comble, prônent ses initiateurs: désormais, les Néerlandais y formeront une majorité d’au moins 70 pour-cent, les supposés bénéfices de l’égalité en nombre s’étant avérés être des leurres aussi naïfs que dangereux.

Ubu à l’ONU

Faire détruire son présumé arsenal nucléaire par Israël est une priorité de l’ONU, avant que l’Iran ait rendu sa bombe opérationnelle : les mollahs ont promis qu’ils la lanceraient aussitôt sur l’État juif. Si jamais ils ne réussissent pas à le détruire du premier coup, les représailles risquent d’entraîner un conflit mondial.


Oyez, oyez, Terriens, dormez bien, l’AIEA veille !

Le 28 octobre 2022, l’ONU a diffusé un communiqué de presse informant le bon peuple que sa Première Commission (Désarmement et sécurité internationale) avait « approuvé 19 projets de résolution et un projet de décision sur les armes nucléaires, dont un projet de résolution intitulé « Désarmement nucléaire », qui a suscité un long débat ».

Au sujet de ce débat, quelques déclarations officielles iraniennes sont à prendre en considération :

En 2005, le président Mahmoud Ahmadinejad : « Comme l’a dit l’imam Khomeiny, Israël doit être rayé de la carte ».

En 2019, le général Mohammad Reza Naqdi, officier supérieur des Gardiens de la révolution, sur la chaîne irakienne Al-Nujaba : « la révolution islamique en Iran n’abandonnera pas l’objectif d’effacer l’État juif ».

En 2020, l’imam Khamenei, guide suprême et leader officieux de la République islamique d’Iran : « Le virus du sionisme ne tardera pas à disparaître et sera anéanti ».

A-t-on les médias qu’on mérite ?

Plutôt que d’aligner les arguments de l’Iran et d’Israël, concernés par ces résolutions, voyons de quelle façon leurs presses respectives ont rendu compte de l’information.

Le 1er novembre 2022, le Tehran Times, dont on ne peut mettre en doute les reportages, puisque sa devise est « La pure vérité » (Straight Truth en V.O.), explicitait le communiqué de l’ONU : « L’Assemblée générale des Nations Unies a voté dimanche par 152 voix contre 5 en faveur d’une résolution qui exige qu’Israël détruise tout son arsenal d’armes nucléaires et permette aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de visiter ses installations nucléaires. Le vote a été effectué par la Première Commission de l’ONU, qui traite du désarmement, des défis mondiaux et des menaces à la paix qui affectent la communauté internationale et cherche des solutions aux défis de la sécurité internationale ».

Le Tehran Times ne précise pas qui préside cette Commission, mais peut-être n’est-ce pas inutile pour les lecteurs français, qui ne sont pas tous sensibles à l’humour onusien. Il s’agit de la Corée du nord, parangon bien connu de la paix dans le monde. La Résolution avait été initiée par Myanmar, née Birmanie, dont la junte au pouvoir partage le pragmatisme iranien et les idéaux nord-coréens, sans bénéficier des mêmes moyens militaires.      

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Communication impopulaire d’un organe populiste

L’Iran s’y connaît en dangers mortels. Son représentant à la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations unies, Heidar Ali Balouji, est champion du monde des pince-sans-rire. Il a critiqué Israël pour ses armes de destruction massive et ses énormes dépenses militaires conventionnelles. D’après lui, Israël utilise les Territoires palestiniens mitoyens (Cisjordanie à l’est, Gaza à l’ouest) comme décharge pour ses déchets nucléaires. Il ne trouve rien d’anormal à ce que les Israéliens soient immunisés contre les cancers innombrables que ces déchets provoquent, d’après lui, chez les Palestiniens. Pourtant, seules des barrières électroniques séparent les trois populations.

Son challenger, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré : « La politique de deux poids, deux mesures est très claire. Lorsqu’il s’agit de mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires, Israël est exempté de toute responsabilité. En tant que signataire du TNP [Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires], l’Iran a un programme pacifique à des fins énergétiques et médicales, et pourtant il est soumis au programme d’inspection le plus strict de l’histoire de l’AIEA ».

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Côté israélien, la presse est moins inventive 

Les habitants du « petit Satan » peuvent lire dans leurs journaux que « L’Iran, membre du TNP, a ouvertement déclaré qu’il enrichissait de l’uranium jusqu’à une pureté proche de celle d’une arme et, selon l’AIEA, la République islamique a commencé à produire de l’uranium métal l’année dernière, bien que cela n’ait aucun but civil. Ce point n’a pas été mentionné dans la résolution ».

Se limitant aux faits, les journalistes hébreux rappellent que l’ambiguïté délibérée sur le statut nucléaire de leur État n’empêche pas « des estimations étrangères » d’évaluer son stock « entre 80 et 400 têtes nucléaires ».

En revanche, l’État juif a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’il « ne serait jamais le premier à introduire de telles armes dans la région ».

Si c’est écrit dans le journal, c’est sûrement vrai

Le problème, c’est que dans nos journaux, ce n’est pas écrit ! En dehors des communiqués de presse de l’ONU, un seul média francophone, Irna[1], a titré sur le sujet : « Armes nucléaires : 152 pays ont voté contre le régime sioniste ».

Téhéran est fervent de la pensée positive, ou alors il prend ses désirs pour des réalité, car sur le site de son agence de presse, « Israël » a déjà été effacé. Mais comme il faut quand même attribuer les malheurs du monde à un responsable, d’innombrables articles sont consacrés à un « régime sioniste » non identifié. Je suis mèreplexe

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[1] Pas Irma-la-douce, mais l’AFP iranienne, en VF.

Daniel Arsand : une éducation sentimentale des années 60

Un livre assez bref, mais intense, Moi qui ai souri le premier, revient sur son enfance de l’auteur et tout particulièrement sur son éducation sentimentale et sexuelle. 


Né en 1950 à Avignon, Daniel Arsand a vécu son enfance à Roanne. Il est le fils unique de deux parents amoureux de manière quasi exclusive l’un de l’autre. Après ses études, il vient s’établir à Paris, travaille comme libraire, commence à écrire et devient éditeur de littérature étrangère. En 1989, il reçoit le prix Femina du premier roman pour La Province des ténèbres.

Le goût de la solitude

Sa vie est alors marquée par l’atmosphère d’une petite ville de province plutôt bourgeoise, dans laquelle il se sent d’abord heureux, avec une passion pour Sylvie Vartan, et le goût, déjà, de la solitude : « Je me bâtissais des fragments de rêve, des morceaux d’imagination, des contrées livresques. Des continents m’appartenaient ». Revers à ce tableau idyllique : il se sent différent : « La pédérastie, attaque-t-il tout de go, pour la plupart des gens d’ici, était inconcevable ». C’est dans cet univers contraint qu’il va tenter de découvrir sa propre identité, à travers trois expériences qui le marqueront à jamais.

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La première (je vous laisse découvrir les deux autres) est un viol qu’il subit de la part d’un garçon un peu plus grand que lui. Les circonstances de cet événement, enfouies dans son souvenir, remontent peu à peu à la surface, grâce à l’écriture. Il se rend compte que, depuis ce temps lointain, sa conscience les avait quasiment censurées. Et pourtant, de par le traumatisme qu’il provoqua en lui, cet événement eut une importance fondatrice dans le déroulement de sa vie. Daniel Arsand décrit longuement ce viol, avec une précision presque insupportable. Il fait ressentir comment une innocence juvénile, la sienne, fut bernée par quelque chose de brutal et de destructeur. En un instant, sa vie sembla s’être brisée. Il en fait le constat suivant, en quelques lignes bouleversantes qui disent tout de sa soudaine détresse morale : « Un viol réduisait en poussière mes aléas scolaires, les potins familiaux, le labeur quotidien de mes parents, un printemps étincelant et chaud, le présent et l’avenir, il dévaluait ce qui constituait la trame de mes jours, ce qui faisait de moi un être humain ».

Une écriture résiliente

Les relations de Daniel Arsand avec les autres êtres humains en ont évidemment été très perturbées. Il note par exemple ce trait, qui s’est ancré en lui : « Mais je suis récalcitrant à construire quoi que ce soit avec un autre, je ne veux pas bâtir une histoire, je ne veux rien projeter, pas d’avenir… » Ce n’est pas pour autant néanmoins qu’il s’est laissé envahir par le ressentiment. Dans l’acte d’écrire, et singulièrement dans ce livre, Daniel Arsand a trouvé une sorte d’exutoire. Il a tout revécu, écrit-il, « sans que je sois percé par la moindre flèche de vengeance, mais une colère parfois se maintenait, revigorante ». Il fait aussi ce très bel aveu : « En écrivant, je ne finis pas de grandir ». Il y a dans Moi qui ai souri le premier de très belles pages sur l’écriture et ses vertus de résilience.

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Écrivain du moi, Daniel Arsand n’a, de ce fait, pas eu besoin de suivre une psychanalyse. C’est à la feuille blanche qu’a été dévolu ce rôle, grâce à une narration autobiographique filtrée par la mémoire, et portée par un style virtuose, où j’ai cru parfois déceler les influences de Maurice Sachs, ou encore du Sartre de « L’enfance d’un chef ». Daniel Arsand, malgré un sujet devenu à la mode depuis quelques années, ne s’inscrit pas de manière conformiste dans la vague #MeToo. Il montre plutôt une manière très réfléchie de répondre au problème des violences sexuelles. Moi qui ai souri le premier n’est pas seulement un témoignage parmi d’autres, mais aussi et avant tout une œuvre littéraire très élaborée. C’est certes une main tendue par Daniel Arsand à d’autres victimes, mais tout aussi bien au lecteur lambda, qui se croirait par hasard exempt de tout mal. Au soir de sa vie, Daniel Arsand a trouvé une nouvelle fois comment se reconsidérer, avec ce pas en avant vers l’intégrité.

Daniel Arsand, Moi qui ai souri le premier, Actes Sud, 2022, 112 pages, 15 €.

Moi qui ai souri le premier

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Art déco go home !

Comment les échanges transatlantiques entre architectes et décorateurs ont façonné l’art de vivre de l’Upper Class américaine.


Je ne me lasse pas du style Art déco. C’est la preuve de mon immobilisme réactionnaire et de mon goût pour l’ordre, critiqueront certains esthètes pointus. L’Art déco, c’est d’un commun, d’un banal, digne d’un esprit obtus particulièrement rétrograde, trop vu, trop copié, trop figé, trop facile, trop clair, trop convenu, trop fluide, trop linéaire, trop acajou, trop smart, trop classique, trop désirable peut-être aussi ? Les touristes Américains dans la capitale en raffolent, c’est dire s’il est dévalué dans les cénacles déconstruits et les galeristes dans le vent. Je me souviens qu’en 2013, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, tout là-haut, perchée au Palais de Chaillot avait déjà consacré une exposition intitulée 1925. Quand l’Art déco séduit le monde.

Audaces stylistiques

Elle récidive cet automne (jusqu’au 6 mars 2023) en refaisant le match France/Amérique du Nord. Qui a influencé qui ? Les buildings, les façades et les meubles sont-ils « made in Brooklyn » ou « made in Pantin » ? Cette rétrospective fait le pont entre l’école des Beaux-Arts de Paris qui, dès la fin du XIXème siècle, a formé nombre d’architectes américains et canadiens et l’élévation d’immeubles aux lignes épurées dans toutes les grandes villes des Etats-Unis. Ce va-et-vient transatlantique fut accentué par ce que les organisateurs appellent « le ciment amical de la Grande Guerre ». Il fut un temps où la « French Touch » était étudiée, appréciée, disséquée et propagée dans les terres du Nouveau Monde. La France était le berceau de toutes les audaces stylistiques, elle faisait corps avec la modernité de son époque, elle acceptait la vitesse et le progrès scientifique, s’inspirait de la gestuelle sportive et de l’élégance des aéroplanes, de l’automobile racée et des paquebots-palaces, tout en ne sabordant pas son héritage académique. Cette leçon d’équilibre pourrait encore aujourd’hui nous servir dans de nombreux domaines.

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Les milliardaires new-yorkais s’arrachaient alors les services de nos muralistes, ensembliers, décorateurs, designers, affichistes, joaillers ou ébénistes pour briller en société. Hollywood et les grands magasins leur ouvraient les portes. La Cité de l’Architecture revient sur quelques temps forts de cette amitié esthétique comme la création en 1919 de l’American Training Center, une école d’art située à Meudon où des sammies, dans l’attente de leur rapatriement, avaient la possibilité de se former en seulement quelques mois « très intenses » aux proportions idéales. Ils furent près de 400 à visiter les ateliers de Kees Van Dongen ou d’Antoine Bourdelle. De retour au pays, leur œil avait un air de « Paris, reine du monde » comme le chantait Maurice Chevalier.

Entre les palmiers et la plage

Dans cette même dynamique, quelques années plus tard, l’École des beaux-arts de Fontainebleau accueillit, chaque été, 70 étudiants américains qui avaient comme professeur d’architecture, le célèbre Jacques Carlu. Avant que la crise de 1929 ne referme cette parenthèse enchantée, des traces de France ont essaimé un peu partout en Amérique du Nord et la « patte US » est toujours visible au Trocadéro. Le Palais de Chaillot n’a-t-il pas un cousinage avec Washington D.C. ? Et que dire des salons de l’Ambassade du Mexique, temple de l’Art déco du XVIème arrondissement avec leurs imposantes toiles du peintre Angel Zárraga. Pour moi, c’est l’une des plus belles expositions du moment par la richesse des œuvres présentées et leur mise en scène. Le visiteur est poussé par un souffle Art déco dans des environnements très différents ; il se retrouve au milieu des gratte-ciels, dans un navire luxueux, à la vitrine de Macy’s & Co ou dans le décor « Tropical déco » d’une villa de Miami Beach. L’affiche de l’événement est en soi un appel au voyage, elle montre une locomotive bicolore « Atlantic Coast Line » à l’aérodynamique sensuelle, traçant sa route entre les palmiers et la plage.

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Comment ne pas s’incliner devant la commode à vantaux en ébène de Macassar et incrustation d’ivoire signée par le maître Jacques-Émile Ruhlmann, mais aussi tous les objets plus tardifs, de la période « Streamline », qu’il s’agisse d’un aspirateur Hoover de 1934 aussi beau qu’une sculpture antique ou d’un four à pomme de terre en aluminium qui ressemble à une fusée interstellaire. J’aurais voulu repartir avec ce juke-box de table en acier chromé ou avec la photographie d’une caravane Airstream Liner tractée par le cycliste Alfred Letourneur. Montez à Chaillot voir ce que l’Amérique et la France ont produit de plus beau !

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La recherche asséchée

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Le déclin de la recherche française s’explique en un mot : la politique. Alors que nos voisins européens augmentent leurs budgets, nous ne cessons de les baisser. Aussi, laboratoires et universités sont obligés de se livrer à une compétition économique qui les affaiblit.


La crise sanitaire a été un grand déniaisement collectif. En France, nous nous sommes couchés start-up nation et nous nous sommes réveillés pays du tiers-monde, dépourvus de protections et réduits au confinement, un moyen de la lutte contre la pandémie datant du Moyen Âge. Ultime humiliation, le pays de Pasteur, celui qui se vantait d’avoir la « meilleure médecine du monde », n’a pas été capable de mettre au point un vaccin. En cause, l’état de la recherche en France : sous-financée, croulant sous les injonctions bureaucratiques, soumise à une véritable précarité, elle est depuis quinze ans dans un état dramatique. Le Nobel de physique attribué début octobre à Alain Aspect est l’arbre de la réussite qui cache la forêt du déclassement.

La France est passée entre 2005 et 2018 du sixième au neuvième rang des pays publiant des articles scientifiques, et de la cinquième à la huitième place des publications les plus citées. Depuis 2014, la part des dépenses de recherche et développement dans le PIB français ne cesse de diminuer. Avec 2,2 % du PIB, elle n’atteint pas les 3 % fixés comme objectif par l’Union européenne. Entre 2011 et 2018, les dépenses de recherche publique en santé ont chuté de 28 % en France. Elles ont augmenté de 11 et 16 % en Allemagne et au Royaume-Uni. Le plus exaspérant dans l’histoire, c’est que les lois censées, entre autres, remédier à ce constat sont parties prenantes du problème. Mais elles n’ont jamais été remises en cause, quand bien même les classements internationaux montrent leur échec. Comme les lois sur l’hôpital, chaque nouvelle mouture augmente à la fois les inégalités entre établissements et les déficits constatés.

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La loi sur l’autonomie des universités par exemple, votée en 2007, a accéléré le déclin de la recherche française tant elle s’est accompagnée de lourdes difficultés financières au sein du monde universitaire et donc du sacrifice des ressources propres, au bénéfice d’une quête effrénée de subventions extérieures. Pour parer au plus pressé et contrôler le déficit, deux variables d’ajustement ont été trouvées par les conseils d’administration des universités : le gel des recrutements et la baisse des budgets recherche. Tout comme l’Union européenne a choisi de saborder toute capacité d’être une puissance qui compte en organisant la compétition économique entre ses membres, affaiblissant chaque nation sans pour autant faire gagner le collectif ; le remplacement d’un écosystème stable par une logique dominante d’appels à projets a induit une concurrence exacerbée entre labos. Or un tel système détruit les conditions de la création intellectuelle qui demande temps, sérénité et liberté. Il a conduit en 2004 et 2008 à une révolte des universitaires, à tel point qu’en 2004 plusieurs directeurs de laboratoire du CNRS ont démissionné de leurs fonctions administratives. Cela ne servira à rien. En 2005, on a créé l’ANR (Agence nationale de la Recherche). Quintessence de la logique court-termiste, celle-ci ne finance que des projets à court terme déterminés par le ministère. L’autonomisation des universités aura réussi ce tour de force de soumettre totalement la recherche aux objectifs politiques et de rendre très difficile toute recherche fondamentale.

« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve ; des chercheurs qui trouvent, on en cherche » : attribuée à Charles de Gaulle, la citation a servi, dans le discours politique, à justifier une politique conjuguant privatisation de la recherche et contrôle bureaucratique tatillon, en délégitimant par avance le discours des enseignants-chercheurs, réduits à l’image de fainéants subventionnés… Pourtant, outre que la phrase est apocryphe, elle est surtout parfaitement trompeuse : Charles de Gaulle a massivement investi dans la recherche scientifique, augmentant de plus de 75 % le budget du CNRS entre 1958 et 1960, et accroissant notablement les postes de chercheurs. Il considérait que l’État avait « le devoir d’entretenir dans la nation un climat favorable à la recherche et à l’enseignement ». Son premier septennat est d’ailleurs considéré comme l’âge d’or de la recherche en France. Pour le général de Gaulle, la recherche est un atout pour l’indépendance nationale et le rayonnement de la France. Pour cela, il est conscient de la nécessité de doter les chercheurs d’un environnement sécurisé. Même si l’État effectue des choix stratégiques, il sait donner suffisamment de dotation générale pour permettre aux crédits ciblés de jouer leur rôle, sans dépouiller les labos de moyens de fonctionnement dans la durée.

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En 2020, instruit par le Covid, le gouvernement a fait voter la loi de programmation sur la recherche (LPR). Le contexte est clairement posé : il s’agit de prendre acte de la situation de décrochage et de perte d’attractivité de la France. Hélas, si l’objectif est cohérent, la loi ignore délibérément le moteur essentiel du développement d’une économie de l’intelligence et de la créativité, autrement dit un niveau suffisant de financement de la recherche, indépendant des appels à projets. La LPR prévoit une augmentation de 5 milliards du budget de la recherche entre 2020 et 2030. Sauf que selon le syndicat SNCS-FSU, « c’est au budget 2020 qu’il manquait 5 milliards ». À l’époque, la ministre Frédérique Vidal se vantait « d’un effort sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale ». Mais outre que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, au vu du niveau de l’inflation, il n’est pas sûr qu’à euros constants, la progression soit notable et donc apte à changer la donne. Mais surtout la loi a évacué la question de la sécurisation des crédits de base et continue à donner priorité aux crédits compétitifs. On connaît la définition de la folie attribuée à Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Au vu des décisions politiques prises, notre déclin en matière de recherche ne peut que s’accentuer. La tiers-mondisation, c’est l’incapacité de préparer l’avenir parce que le mode survie envahit tout. L’état de la recherche en France en témoigne.

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Phryge et la femme olympique

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Présentation des mascottes à la conférence de presse du 14 novembre 2022 / PHOTO : Gabrielle CEZARD / SIPA/SIPA / 01094203_000018

Toujours à l’avant-garde des sans-culottes, combats féministes, corps libérés, Libération s’enthousiasme pour la mascotte des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 : une joyeuse Phryge, rouge tomate, en forme de bonnet phrygien. Identification d’une flamme.


On ne la fait pas à Quentin Girard, Sextus Emplirictus Wokus, qui touche au but du premier coup. Il a lu Freud, connait les rhizomes, s’est fendu d’un édito encomiastique et désirant, le 14 novembre. En français dans le sexe, la desfesses de la pensée : « JO 2024 : vive les Phryges, les mascottes clitoris qui en mettent plein la vulve ». « Si les mascottes officielles des Jeux de Paris évoquent le bonnet phrygien porté par Marianne, nous sommes nombreux à y avoir vu autre chose : un clitoris. Et c’est une bonne nouvelle. […] Tout rouge et tout mignon. D’un point de vue anatomique il semblerait que, collectivement, on ait enfin compris à quoi cela ressemble… L’assurance de jeux plus joyeux. D’un point de vue politique, il n’est ainsi pas désagréable que Paris se détache de sa sempiternelle tour Eiffel phallique. Mettons enfin de côté son bout piquant, pour une représentation de la capitale à la fois révolutionnaire, féministe et sensiblement plus collective… ». La bonne nouvelle et les jeux joyeux ravissent la Mère Duchesne, Madame Sans-Gêne, Olympe de Gouges, Marie-Antoinette, le comte de Fersen et Alfred Kinsey.

Les statistiques de Brassens, – vieux célibataire non déconstruit, sensible aux charmes des Dames du temps jadis, des belles passantes entrevues, de Jeanne et Fernande – invitent à la modestie: « La femme qui possède tout en elle ; Pour donner le goût des fêtes charnelles ; La femme qui suscite en nous tant de passion brutale ; La femme est avant tout sentimentale ; Main dans la main les longues promenades ; Les fleurs, les billets doux, les sérénades ; Les crimes, les folies que pour ses beaux yeux l’on commet ; La transportent, mais… Quatre-vingt-quinze fois sur cent, La femme s’emmerde en baisant ; Qu’elle le taise ou le confesse ; C’est pas tous les jours qu’on lui déride les fesses… ».

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Les misandres macastratristes, Érinyes, spécieuses ridicules, poussent le bouchon plus loin. Alice Coffin court deux lèvres à la fois, célèbre le génie lesbien descendu et aimerait que Phryge nous délivre du porc de l’angoisse, du mâle. Attention – Mes filles, ma bataille – à ne pas mélanger les organes sans corps, les Corps sans Organes (chers à Deleuze et Artaud) et les Cons sans Orgasmes. Les déclics, les extases, épectases, transverbérations, le Château intérieur, se nichent aussi dans la tête, dans le cœur d’Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria, à Rome.

Les Latins ne pensent qu’à cela et les Françaises ont une réputation à défendre. Après Brigitte, célébrée au faîte de sa gloire il y a soixante ans par Dario Moreno, en 2024 : « Phrygide Bardot, Bardot… ». Le désir s’accroît quand l’effet se recule. Les Monologues du vagin sont célèbres, Ramón Gómez De La Serna honore les Seins, mais l’organe féminin triomphateur, aujourd’hui, c’est le clitoris. Pas un jour sans une nouvelle grande enquête approfondie de Marie-Claire, la Revanche du clitoris, son Histoire politique, une cartographie de l’intime dans Maxi, Modes et Travaux, moult analyses spectrographiques en 5 dimensions des milliers de capteurs sensoriels du petit magicien, très innervé et vascularisé : ses ramifications s’étendent du lobe de l’oreille aux doigts de pieds, pour le plus grand plaisir de Phryge, ses copines, les vaincus de son cœur, les Dieux du stade O, A, G.

La première mascotte olympique – non officielle – c’était le skieur Schuss, aux JO de Grenoble, en 1968. Depuis cinquante ans, Misha, Bing Dwen Dwen, Phevos et Athena, Haakon et Kristin, une farandole de Marsupilamis improbables, ratons laveurs iroquois, pandas bienveillants, castors sympas, grizzlis végétariens, transmettent les valeurs de l’esprit olympique : l’excellence, l’amitié, le respect, le fairplay, d’Athènes à Chamonix, en passant par Berlin, Moscou et Pékin. L’essentiel, c’est de participer.

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On doit la célèbre devise olympique Citius, Altius, Fortius au prêtre dominicain, Henri Didon. Le patronyme oblige. Reprise par le baron de Coubertin en 1894, elle a été complétée l’an dernier : « Plus vite, plus haut, plus fort ensemble ». L’école des flammes : 10/10 et médailles d’or pour tous aux Jeux olympiques divers.

Après l’effort, le réconfort. En apothéose de la cérémonie de clôture de 2024, java inclusive, tango fusionnel, explosif, entre Phryge l’allumeuse et le flambeau olympique. La forme phalloïde de ce dernier n’aura échappé à personne. Est-ce une bonne nouvelle ? Cœurs lourds, corps sourds, doigts gourds, les fillettes et les hommes s’abusent. Ils ont pâle mine. L’érogène est fatigué, les mâles en panne n’ont plus la forme olympique. La concentration moyenne de gamètes dans le sperme a diminué de moitié depuis cinquante ans. Moins vite, moins haut, moins fort… « Tout s’en va, les plaisirs et les mœurs d’un autre âge ; Les rois, les Dieux vaincus, le hasard triomphant, Rosafinde et Suzon qui me trouvent trop sage… » (Musset). Il faut entretenir la flamme du compromis historique, allumer le feu, un rien, un geste, un mot d’amour…

– Mary (Slim) « If you want me, just whistle. You know how to whistle, don’t you, Steve ? You just put your lips together and blow » (To have and have not, Bacall, Bogard, Hawks).

Écologie: arrêtez de nous polluer…

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Pexels / Lara Jameson

Sophie de Menthon s’insurge contre les injonctions pléthoriques et souvent contradictoires censées servir la cause écologique. Sans parler de la multiplication des différents « pass » et « chèques » inventés par le gouvernement.


Mais qui n’en a pas par-dessus la tête des semonces, des menaces, des amendes, des avertissements, des agressions, des hystéries et des représailles au nom de la planète ? A entendre les imprécateurs, nous sommes tous individuellement responsables : ici, en France, chez vous, d’un réchauffement planétaire, du CO2, des particules fines, des gaz à effet de serre, de la pollution des mers et j’en passe ! On va jusqu’à accuser le président de la République de « manquement dans la lutte contre le réchauffement climatique ». On est tombé sur la tête. Nous vivons entre nouveaux impôts et culpabilité multi-sectorielle.

Alors oui, l’été a été chaud ! Oui réchauffement il y a, oui l’activité humaine a sa part de responsabilité. Mais STOP ! d’abord félicitons-nous, car en France nous sommes exemplaires par rapport au reste du monde. La Chine, l’Inde, les États-Unis ont un poids prépondérant (99%) dans cette fameuse agression de la planète et du climat.

On ne peut pas continuer à se ronger les ongles devant nos poubelles pour savoir dans laquelle on met la barquette plastique recyclable (pas dans le bac papier parce qu’elle est souillée par des déchets alimentaires, mais pas dans les déchets biodégradables…) alors que l’Inde ressemble à une poubelle à ciel ouvert. Alors oui, il faut continuer nos efforts mais en cessant aussi les injonctions contradictoires. Nous devons, par exemple, relocaliser nos industries et nos entrepreneurs s’y appliquent, sauf qu’à l’occasion des Jeux Olympiques en France on sous-traite des millions de « mascottes » en Chine !? Il paraît que nous ne savons pas faire, mais depuis le temps que les Jeux Olympiques sont annoncés, nos industriels avaient le temps de trouver de solutions, eux ! Une gifle au passage à tous les industriels français. Ces mêmes industriels sont les seuls qui trouveront toutes les solutions pour améliorer le sort de la planète, sauf que lorsqu’ils veulent s’installer et relocaliser dans une région française, contrôles et interdictions de toutes sortes leur tombent dessus, écolos en tête, le doigt sur la gâchette et puis on n’en veut pas dans notre commune…

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Alors, pour nous remonter le moral en berne au volant de notre voiture polluante, nous fustigeons les jets privés, on les trace, on les espionne et c’est très agréable car cela renforce notre anticapitalisme primaire et notre détestation des riches.

Heureusement, le gouvernement a eu une idée de génie de plus : « le Pass carbone » (sans E à cause du franglais). En France, on pollue paraît-il mais on a des idées énergétiques : dès qu’il y a une petite usine à gaz à monter nous sommes les meilleurs. Le principe de base est de diviser les Français, entre ceux qui doivent payer et ceux qui ne doivent pas ; si l’on arrive bien à discriminer on compense alors avec une ribambelle de « chèques » sur mesure.

Il y a le chèque énergie prévu pour la fin d’année (gaz électricité chaleur), le chèque alimentaire (le seul qui ne soit pas sans provisions !), le chèque fioul ; pour les hommes déconstruits, il y a la prime réparation pour réparer les appareils ménagers sans oublier « l’aide chauffage, bois, pellets » (en plus du chèque fioul et du chèque énergie), « MaPrimeRénov’» (prime branchée), pour la transition énergétique est une bérézina totale tant c’est compliqué à mettre en place ; sans oublier la prime de rentrée scolaire, la prime de Noël, la prime d’activité (car il faut quand même bien récompenser ceux qui reprennent du boulot en gagnant moins qu’à Pôle Emploi). On attend bientôt la prime des primes ? Ce qui ne nous empêche pas de déprimer.

Il faut surtout éviter que certains ne revêtent leurs gilets jaunes (il y a du plastique dans la fabrication du gilet). Le principe des primes est avant tout une antidote gilet jaune. C’est d’ailleurs grâce aux Gilets jaunes que nous venons d’éviter la limitation de vitesse sur les autoroutes à 110 km/heure ; à notre grand étonnement, la Première ministre a dit renoncer à la contrainte (sic), une première.

Alors oui, il faut bien sûr faire preuve d’une sobriété énergétique mais il faut arrêter de démotiver les Français, de faire peser sur eux la responsabilité de tous les désastres ; ni responsables ni coupables, simplement concernés ! Sachons résister à « l’obscurantisme vert»[1] et à l’inflation du manque de bon sens.


[1] Assistez au colloque d’ETHIC en partenariat avec WebRadios sur « Apocalyspe now ou obscurantisme vert » le mercredi 14 décembre de 9h à 12h sur www.ethic.fr

Warner Bros s’oppose à l’inquisition woke d’Emma Watson

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Emma Watson remet un prix à la 75ème édition des BAFTA le 13 mars 2022, la cérémonie annuelle du cinéma britannique. Elle en profite pour adresser une pique à l'écrivain J.K. Rowling © Guy Levy/Shutterstock for BAFTA/SIPA

JK Rowling est victime d’une chasse aux sorcières lancée par Emma Watson qui ne lui ne pardonne pas ses opinions sur la question transgenre. La société de production Warner Bros semble avoir définitivement choisi son camp.


Harry Potter pourrait enfin faire son grand retour ! Les fans de la célèbre saga sont en pleine effervescence depuis l’annonce d’une potentielle suite. Début novembre, le PDG de Warner Bros David Zaslav, a formulé le vœu de « voir s’il peut faire quelque chose sur Harry Potter avec J.K Rowling à l’avenir ». Le Hollywood Reporter a révélé que celui-ci souhaite « se concentrer sur les franchises » pour ses prochaines productions.

Cet été déjà, Chris Colombus, le réalisateur des deux premiers volets de la série fantastique a confié dans une interview qu’« une version de l’Enfant maudit avec Dan, Rupert et Emma au bon âge serait un rêve cinématographique ».

Le 24 juin, le média EwwFeed a révélé qu’Emma Watson aurait confessé à son entourage être prête à ressortir sa cape de sorcière. Seulement, elle a posé une condition: que J.K. Rowling, la créatrice même d’Harry Potter, soit écartée du projet ! Avec sa baguette de wokiste, elle souhaite ainsi « cancel » la glorieuse écrivaine, en raison de ses positions controversées sur les transgenres.

Si Emma Watson est sa plus féroce détractrice, elle n’est pas l’unique. Daniel Radcliff et Ruper Grint, acteurs phares de la saga, l’ont également  attaquée à plusieurs reprises sur ses propos jugés «transphobes »…

« Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé ».

J.K. Rowling a depuis des années développé une vision critique de la transidentité, qui lui vaut d’être harcelée sur les réseaux sociaux et régulièrement menacée de mort.

En juin 2020, son cyberharcèlement a pris une dimension mondiale quand elle a osé contester la pertinence du terme « personnes menstruées ». Celui-ci est utilisé par nombre de transactivistes pour sa portée dite inclusive. « Je suis sûre qu’on devait avoir un mot pour ces gens. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ? » a alors ironisé l’auteure britannique. Il n’en fallait pas plus pour que pleuvent les accusations de transphobie !

Dans un billet publié par la suite sur son blog, J.K. Rowling estime que cette expression « hostile et aliénante » contribue à l’invisibilisation des femmes de l’espace public. Quoi de plus déshumanisant précisément que de réduire une femme à son appareil génital ? Un énième paradoxe pour des militants qui prônent la suprématie du genre sur le biologique… Dès lors, il lui paraît essentiel de rappeler l’existence de la binarité des sexes et les spécificités biologiques des femmes. « Si le sexe n’est pas une réalité, alors ce que vivent réellement les femmes à travers le monde est effacé », a-t-elle dénoncé sur Twitter.

Depuis, elle n’a eu de cesse d’alerter sur la dangerosité des hormones et des opérations de changement de sexe face à la montée en flèche des détransitions. Dans sa ligne de mire également, l’apathie des féministes face à l’arrivée des femmes transgenres dans les compétitions féminines sportives. Celles-ci sont les grandes perdantes de l’égalitarisme tant vanté par nos sociétés libérales, puisqu’elles voient leurs prix raflés par des hommes ayant transitionné… 

A lire aussi : Enquête sur le lobby trans: l’argent n’a pas de sexe

Ses sorties lui ont dès lors attiré les foudres d’Emma Watson qui s’est déjà en 2020 inscrite contre ces propos sur Twitter. Le 13 mars 2022, lors la 75e cérémonie des BAFTA – les British Academy Film Awards – à Londres, l’actrice a profité de sa montée sur scène pour lui lancer un subtil tacle : « Je suis là pour toutes les sorcières au passage ». 

L’interprète d’Hermione Granger devrait ranger sa baguette magique puisque Warner Bros a pris, dès fin juin, le parti de J.K. Rowling : « Elle est l’une des conteuses les plus accomplies au monde, et nous sommes fiers d’être le studio qui amène sa vision, ses personnages et ses histoires à la vie maintenant – et pour les décennies à venir». Les récentes déclarations du PDG de la compagnie vont en outre dans le même sens.

Evanesco[1] ! L’ancien casting s’étant vautré dans le wokisme à outrance pourrait bien disparaître des prochains Harry Potter…


[1] Evanesco est la formule du sortilège de disparition utilisée dans Harry Potter

Range ton voile

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Merci François-Xavier Bellamy ! Le mercredi 19 octobre, le Parlement européen a voté l’interdiction pour la Commission européenne de financer des campagnes de promotion du hijab.


C’est probablement la plus grande victoire remportée contre l’islamisme depuis longtemps. Malgré l’opposition de la gauche, des écologistes et d’une bonne part des « progressistes » (dont Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, ex-LREM, proche d’Emmanuel Macron), tous désireux de continuer à offrir de l’argent public au prosélytisme islamique, le mercredi 19 octobre, le Parlement européen a voté l’interdiction pour la Commission européenne de financer des campagnes de promotion du hijab. Plus jamais l’Europe ne devra se compromettre en soutenant cette propagande indigne, affirmant par exemple que « La liberté est dans le hijab » ou « Apportez de la joie, acceptez le hijab », alors même qu’en Iran et ailleurs des femmes sont torturées et assassinées parce qu’elles refusent de porter ce drapeau du totalitarisme théocratique. C’est la victoire d’un homme, François-Xavier Bellamy, qui s’est dépensé sans compter pour concevoir et porter cet amendement. Il a eu mille raisons de croire la tâche impossible, mille raisons de se décourager, mille occasions d’abandonner, mais il a incarné dans son engagement politique son enseignement de philosophe : « Tenez bon, tenez ferme, soyez fidèles », et il a triomphé. C’est la victoire d’une mobilisation citoyenne de dizaines de milliers de messages de soutien et d’une pétition qui, en quelques jours, ont aidé à convaincre plusieurs indécis. C’est la victoire de l’union des droites, toutes les droites dans leur éventail politique avec notamment le Parti populaire européen (alliance de partis à laquelle appartient LR) et Identité et Démocratie (groupe du RN), toutes les droites européennes rassemblées à l’échelle du continent pour défendre notre civilisation et son message à la fois unique et universel – instant de grâce où Strasbourg a été la digne héritière d’Athènes.

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Nantes terre d’asile

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En dix ans, le «modèle nantais» a volé en éclats. Le paradis socio-économique des bobos a été dynamité par l’extrême gauche qui, outre l’esprit zadiste, a fait prospérer le marché de la drogue, les filières d’immigration clandestine et la délinquance qui en découle.


Autrefois, on les appelait villes de province. Dans le langage techno de l’époque, ce sont des « métropoles régionales » – implantées au cœur des « territoires ». Angers, Nice, Montpellier et bien d’autres, des noms qui, il y a encore quelques années, étaient synonymes de douceur de vivre.

Depuis les années 1990, elles se tirent la bourre pour obtenir des ressources nationales et attirer entreprises et populations. Dans cette compétition, Nantes a souvent été classée en tête. Célébrée en 2003 comme la « meilleure ville de France » par L’Express et comme le « meilleur endroit pour vivre » par Le Point, elle a été consacrée l’année suivante par Time Magazine comme « The most liveable city in Europe » avant d’être désignée en 2013 « capitale verte de l’Europe » par la Commission européenne.

L’hallali sur la ci-devant reine de la classe a été lancé par Le Point dont la « une » du 2 décembre 2021 posait une question contenant la réponse : « Faut-il quitter Nantes ? » Depuis c’est la descente aux enfers, notamment autour de la sécurité ou plutôt de son absence. Et il ne s’agit pas d’un simple « sentiment d’insécurité », les faits sont bien là. En quelques semaines, plusieurs crimes se sont invités à la « une ». Une femme de 47 ans qui se rendait à son travail a été tuée à l’arme blanche dans la rue. Une quadragénaire a été importunée alors qu’elle rentrait seule chez elle après une sortie, avant d’être frappée, violée. Un jeune homme a été tué d’une balle dans la tête à Saint-Herblain, à proximité immédiate de Nantes. Le nombre d’agressions sexuelles a augmenté de 70 % en cinq ans (428 en 2017, 728 en 2022). À ces crimes, il faut ajouter des délits, certes moins violents mais qui pourrissent la vie des Nantais.  ? Exemple parmi d’autres, dans la nuit du 19 au 20 octobre, un homme de 22 ans, en état d’ivresse, a dégradé les rétroviseurs et les essuie-glaces d’une vingtaine de voitures avant d’être interpellé en flagrant délit. On comprend bien que des femmes aient peur de sortir et que les parents se fassent du mouron quand leurs enfants sont dehors.

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Comment expliquer cette chute ? En fait, le déclin a commencé depuis longtemps, mais il a été camouflé par d’épaisses couches de com’. Car Nantes paie aujourd’hui aussi en excès d’indignité l’excès d’honneurs dont elle a longtemps bénéficié. C’est que les majorités municipales successives ont fait preuve d’un talent particulier pour ripoliner le réel à travers d’habiles campagnes qui ont planqué sous le tapis de la boboïsation culturelle des réalités urbaines douloureuses et anciennes. Bref, aujourd’hui, elle ressemble peut-être à l’enfer, mais cela fait plusieurs années que ce n’est plus le paradis.

Depuis les années 1970, Nantes a été métamorphosée. La petite ville se trouve aujourd’hui au cœur d’un vaste ensemble, Nantes Métropole, connectée à Paris depuis 1989 par le TGV et dotée depuis 1985 d’un tramway. Elle gagne presque 4 500 habitants pendant les années 1980, et plus de 25 000 habitants entre 1990 et 1999. À la fin du XXe siècle, Nantes attire plus que la plupart des grandes villes françaises. L’élan démographique se poursuit au XXIe siècle. Avec plus de 300 000 habitants, Nantes se situe actuellement au sixième rang des villes de France, derrière Nice et devant Strasbourg.

Nantes attire avant tout les jeunes et les actifs, des étudiants et des cadres. Ils s’installent dans les quartiers centraux qui offrent de nouvelles possibilités de logement à la suite de grands programmes immobiliers. Les familles avec enfants s’installent dans la couronne périurbaine, ou bien dans des quartiers comme Sainte-Anne. Ce dynamisme démographique repose sur un dynamisme économique : depuis la fin du XXe siècle, Nantes est la quatrième ville de France pour la croissance des emplois.

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D’une ville ouvrière (industries agroalimentaires, constructions navales), elle devient une ville de cadres supérieurs et de professions intermédiaires. Nantes est bien pourvue en commerces et agences bancaires, y compris des banques étrangères, de même que de grands établissements financiers. Elle est aussi championne en matière de logements sociaux : avec un parc HLM représentant 20 % des résidences principales, elle n’est devancée que par Strasbourg et Lille. Enfin, politiquement, la démocratie correspondant à la démographie, la ville longtemps plutôt de droite s’est ancrée vers la gauche, comme en témoigne le parcours politique de Jean-Marc Ayrault : en 1977, il bat le maire RPR de Saint-Herblain (ville populaire devenue partie intégrante du tissu urbain nantais), Michel Chauty. Ce dernier est ensuite élu maire de Nantes, mais perd sa place en 1989, battu par… Jean-Marc Ayrault. Bien utilisée par des politiciens habiles, l’attribution des HLM est un levier redoutablement efficace et les majorités municipales nantaises ne s’en sont pas privées.

Toutes ces dynamiques difficilement visibles ont été merveilleusement et habilement emballées à Nantes par une politique culturelle volontariste à la Jack Lang. Cette stratégie a aidé Jean-Marc Ayrault à conquérir la ville de Nantes, puis de lui donner le lustre et l’image dont la presse nationale fait ses choux gras. La chute de Michel Chauty s’explique largement par sa politique culturelle, notamment la censure d’un spectacle théâtral et l’arrêt de subventions à la maison de la culture de Nantes (MCN). Les protestations contre Chauty cristallisent l’opposition entre la ville-centre et plusieurs communes de l’agglomération, gouvernées à gauche et devenues « terre d’asile » pour les initiatives culturelles en disgrâce. Pour Alain Besson, ancien journaliste de Ouest-France, Michel Chauty était « un capitaine Fracasse qui s’était mis à dos les cultureux nantais en réduisant d’une manière drastique les subventions attribuées à la culture. Ces derniers le qualifieront de “sécateur-maire”, surnom qu’il traînera comme un boulet. »

Pendant cette « guéguerre culturelle », des alliances se tissent autour de Jean-Marc Ayrault, jeune maire socialiste de Saint-Herblain (1977-1989), et l’argent public permet de lancer le Centre de recherche et de développement culturel (CRDC), ainsi qu’un festival de théâtre. Ces initiatives, présentées par la liste Ayrault comme la quintessence de son action et sa vision de l’avenir de Nantes, ont largement contribué à la victoire de la gauche aux municipales nantaises de 1989. Une fois élue, la majorité en a fait la pierre angulaire de sa politique municipale et un instrument bien efficace pour assoir une hégémonie politique toujours intacte. Dans le cas de Jean-Marc Ayrault, le succès supposé du « modèle nantais » explique largement la décision de le choisir comme Premier ministre en 2012. C’est d’ailleurs à ce moment-là, au début de l’été 2012, que l’image de la ville commence à se dégrader. En effet, bien que converti au « jack-langisme », Jean-Marc Ayrault conservait quelques restes de la gauche présociétale, en particulier son soutien au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Or, si la gauchisation qui a accompagné la gentrification de Nantes a permis au Parti socialiste de conquérir la ville, elle se mue progressivement en extrême gauchisation, préfigurant avec une décennie d’avance la Nupes : une alliance entre écolos radicaux, anticapitalistes et « jeunes des quartiers ». Un aéroport avec sa logique de croissance économique à l’ancienne, le rêve d’Ayrault, est leur cauchemar. En quelques mois, il devient aussi le cauchemar d’Ayrault, Hollande et Valls. Le rêve nantais a accouché de la ZAD. Ces jeunes qui prennent au sérieux tout le fatras sur la « culture », l’« art » et la « rebellitude » s’emploient surtout, avec succès, à dynamiter le modèle économique de Nantes, le vrai secret de son succès. Leurs violences répétées contre les acteurs de la réussite nantaise (banques, commerces et restaurants) transforment le centre-ville en Beyrouth. Elles cassent une mécanique profonde : les dizaines de milliers de cadres et de jeunes qui se sont endettés à vie pour vivre à Nantes rêvaient de balades à vélo au bord du fleuve et peut-être de spectacles antisystèmes pour le supplément d’âme, mais certainement pas du retour des Jean-Baptiste Carrier[1]. Et ce n’est pas tout. Cette jeunesse merveilleuse qui se dévoue pour trouver un modèle alternatif à notre société de consommation renonce à beaucoup de choses, mais pas à ses pétards. Breizh-Info du 24 avril 2018 nous apprend que « jamais la vente de drogue n’a aussi bien marché dans les banlieues nantaises, et ce grâce aux défenseurs de la ZAD qui consomment beaucoup et font des allers-retours entre la ZAD et Nantes pour ravitailler leurs camarades.» Et ces braves gens ne se contentent pas de beuh (herbe de cannabis) et de shit (résine). Selon Breizh-Info toujours, ils consomment aussi des substances qu’on ne peut pas faire pousser dans son jardin bio : « Des drogues dures circulent sur la ZAD, y compris de l’ecstasy, des métamphétamines ou de l’héroïne. »

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Et c’est ainsi que ces rebelles alternativo-radicaux créent un marché ultralibéral, comme Monsieur Jourdain de la prose ! En se fournissant en substances désinhibantes, ils alimentent un marché de deal qui donne à certains quartiers nantais des airs de « 9-3 ». Il est vrai que ces zadistes ne sont pas les seuls. Jeunes, cadres, étudiants, intermittents du spectacle, serveurs et serveuses de restaurants et bars, festivaliers : toute la faune nantaise attirée par les majorités municipales successives de Jean-Marc Ayrault à sa protégée Johanna Rolland à coups d’éléphant mécanique[2] et de pistes cyclables consomme énormément ! Et pour s’approvisionner, tout le monde se tourne vers… les quartiers où une autre jeunesse, très dynamique elle aussi, les attend 24h/24 et 7j/7 (y compris, désormais, pendant le ramadan, preuve que certains secteurs économiques savent privilégier l’efficacité).

Les Dervallières. Selon Wikipédia c’est « un grand quartier d’habitat social situé à l’ouest de Nantes. Construit entre 1955 et 1965, c’est un des plus anciens quartiers HLM de la ville. Il comptait 4 884 habitants en 2006. » Aujourd’hui, 30,1 % des Dervalleriens et Dervalleriennes sont des immigrés. Taux d’emploi, 40,2 % (73 % au niveau national). Dans les années 1960, c’était toujours un quartier populaire, bastion du FC Nantes, avec une intense vie sociale animée par des associations comme Femmes chefs de famille (FCF), la Confédération syndicale des familles (CSF), l’Amicale laïque des Dervallières. On organisait des kermesses. Mais ça, c’était avant. Depuis, la population change et malgré des investissements importants, les Dervallières ainsi que d’autres quartiers (Le Breil, Bellevue), complètement intégrés (contrairement au cas parisien par exemple) dans le tissu urbain nantais, sont devenus « chauds ». Ainsi, les Dervallières s’embrase pendant les émeutes de 2005, preuve de la forte implantation d’une société et d’une économie parallèles fondées sur l’islam et le trafic de drogue, les deux éléments constitutifs d’un séparatisme culturel et géographique.

Distribution de nourriture à un groupe de migrants occupant le square Jean-Baptiste-Daviais, à Nantes, 3 juillet 2019 / Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Plus tard, le quartier adopte tous les attributs des « quartiers » : rodéos de scooters (volés), attaques contre les forces de l’ordre pour établir un « équilibre de dissuasion » et sanctuariser des zones de deal et autres activités illicites, renforçant la dynamique séparatiste islamo-criminelle. Pour couronner le tout, le 21 septembre la police a arrêté Bilal Benyoucef, connu comme le « roi des Dervallières » (condamné à 24 reprises avant son 20e anniversaire), qui tenait d’une main de fer le 38, rue Watteau, point de deal le plus rémunérateur de l’agglomération. Et, malgré cet échec patent de la « politique de la ville », quand éclate la crise des migrants en 2015, le discours officiel de la majorité met en avant l’« accueil ».

À côté du mot « culture », « accueil » est devenu le deuxième « buzzword » associé à l’image jeune-dynamique-ouverte de Nantes. Il est difficile de trouver des chiffres fiables sur le nombre de sans-papiers, mais Philippe Guibert, ancien directeur du service d’information du gouvernement (SIG), remarque que « c’est la réputation de la préfecture de Nantes, d’accorder des papiers plus facilement qu’ailleurs. D’où un afflux de personnes d’origine étrangère. » Il faut aussi mentionner le tissu étoffé d’associations et la bienveillance de la mairie. Sans oublier les attraits de l’« économie parallèle » : selon Christophe Rouget, commandant de police et secrétaire général du Syndicat des cadres de sécurité intérieure, à Nantes « des filières de migrants génèrent plus de 50 % de la délinquance de voie publique ». Pas besoin de faire un dessin : le cocktail de bons sentiments, clientélisme et aveuglement idéologique produit les conséquences que l’on sait.

Pendant des décennies Nantes a été présentée comme la réussite emblématique d’un PS moderne, innovant, « cultureux » et festif. Ce papier peint ne cache plus le réel.


[1]. Révolutionnaire, très actif pendant la Terreur, qui entre décembre 1793 et février 1794 a ordonné massacres, fusillades et noyades à Nantes.

[2]. Attraction emblématique de Nantes.

Amsterdam : des réfugiés sèment le trouble dans les cités

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Capture d'écran d'une vidéo Twitter

Suite à une politique d’insertion des réfugiés à Amsterdam proposant une mixité culturelle dans des immeubles, le nombre de plaintes augmente et le sentiment d’insécurité est de plus en plus fort.


Le projet de cohabitation entre de jeunes Néerlandais et des réfugiés arabes et africains a péri dans les cendres de l’incendie qui a ravagé leurs modestes demeures à Amsterdam.

Le dimanche 13 novembre, la police a arrêté un des habitants suspecté d’avoir volontairement incendié son propre appartement dans l’immeuble de trois étages, vite dévoré par les flammes. La nationalité du suspect de 27 ans n’a pas été divulguée, donc on peut supposer qu’il ne s’agit pas d’un Néerlandais de souche. Six chats périrent dans les flammes. Parmi les jeunes il n’y a pas de victimes à regretter, mais environ 135 d’entre eux n’ont plus de logement.

«L’autre jour, il [le suspect] jetait ses meubles par la fenêtre, ce n’était pas la première fois que ce type donnait des signes de graves problèmes d’ordre psychotique. Je suis bien placée pour le savoir, car j’habitais dans l’appartement face au sien», constatait une étudiante de 23 ans contemplant, un gobelet de café dans une main, un nounours dans l’autre, le spectacle désolant de son immeuble calciné.

La jeune femme, qui préférait taire son nom, confia à un reporter du journal amstellodamois Het Parool, que dans sa fuite, elle avait laissé toutes ses possessions dans l’appartement.

Ce ne serait qu’un triste fait divers, s’il ne prouvait pas l’échec du projet de la municipalité de gauche d’Amsterdam d’inciter des jeunes d’origines différentes à vivre ensemble. Car depuis belle lurette, les témoignages pleuvaient que la réalité multi-ethnique se soucie peu des projets mijotés dans la mairie on ne peut plus woke. Engueulades nocturnes, rixes, vols, brimades envers les homos et filles agressées étaient le lot quasi quotidien dans la cité en partie brûlée dimanche.

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L’étudiante sus-mentionnée: «Dimanche matin, je croyais que c’était le boucan habituel dans les corridors et je tentais de ne pas y prêter trop d’attention, quand des policiers cognaient sur ma porte, m’ ordonnant de déguerpir au plus vite. Si seulement j’avais pensé à prendre mes affaires…»

Les torts sont-ils partagés entre jeunes Néerlandais et leurs pairs de plusieurs pays à problèmes qu’ils sont censés accompagner vers une existence digne, comme l’ont réussi tant d’immigrés avant eux ? Eh bien non, les nombreux témoignages de jeunes Néerlandaises pointent uniquement vers des Africains et des Arabes qui font régner si ce n’est pas la terreur, en tout cas l’insécurité.

Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’elles accusent les mêmes personnes qu’au départ elles voulaient aider à mieux connaître leur pays d’accueil. Jusqu’à ce qu’elles se rendent compte que ce n’étaient pas les classes de langue et de civilisation néerlandaises qui les intéressaient, mais de les draguer lourdement. «Au lieu de chercher des contacts avec eux, ces intimidations avaient un effet contraire sur moi, je me repliais sur moi-même, rasais les murs, rentrais le soir la peur au ventre», confia récemment l’étudiante Juul de Nijs à la télévision locale AT5. Elle était particulièrement écoeurée par de jeunes hommes érythréens, ordonnant leurs rarissimes compatriotes féminines de se taire.

Juul est loin d’être la seule à être retournée vivre chez ses parents «en province» plutôt que de figurer comme cobaye dans un projet multi-culturaliste. Son réveil a dû être cruel et en plus elle se voit traitée de pauvre cruche sur le principal réseau social de droite.

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Son calvaire se déroulait dans une cité dans l’est d’Amsterdam, l’incendie de dimanche s’était produit à l’ouest. C’est là où, en 2016, le projet de vivre-ensemble avait commencé. Dans un reportage sur le chantier, peu avant l’arrivée des premiers jeunes de toutes les couleurs, la très gaucho-compatible télévision publique en chanta les louanges. Un politicien local vantait un projet «où tout le monde serait gagnant». D’abord grâce au loyer très modeste d’environ 300 euros par mois dans une ville où les logements décents sont de plus en plus réservés aux nantis. Gagnants seraient également ces Néerlandais ayant la possibilité d’aider les jeunes étrangers, tous régularisés, à s’intégrer. Ces Blancs, pour la plupart, étaient sommés de faire preuve d’une attitude proactive et de consacrer au minimum quelques heures par semaine au bien-être des étrangers, ces veinards, à qui, en contrepartie, on demandait de se montrer avides d’apprendre et de se comporter convenablement. Pas tous se montrèrent à la hauteur.

Dans chaque unité étaient logés, pour un maximum de cinq ans, autant de Néerlandais que de Syriens, Erythréens, Afghans, Somaliens et tutti quanti. Ces jours-ci, à Amsterdam et dans sa proche banlieue, il existe une petite vingtaine de ces cités dont le nombre d’habitants varie entre quelques centaines et une quarantaine. Avec leurs «habitations conteneurs», ces blocs ont l’air plutôt tristounet, comme des centres de rétention de clandestins aux abords d’aéroports internationaux.

Les bruits que la fraternisation ne se passait pas sans heurts allaient crescendo à mesure que le nombre de cités augmentait. Les plaintes de harcèlement sexuels pleuvaient, mais aussi sur l’entretien insuffisant et la présence de marchands de drogue, la nuit. La coopérative de logement social répétait comme un mantra que la sécurité des locataires était primordiale et que les fauteurs de trouble seraient expulsés ou signalés à la police. Comme ce jeune homme accusé de six agressions sexuels dans la même cité….

La coopérative et des dirigeants municipaux firent preuve cependant de compréhension envers les malfrats, arguant que plusieurs d’entre eux viennent de pays en guerre et sont de ce fait traumatisés. Que leur comportement imprévisible devraient les tenir à l’écart d’un projet idéaliste n’était pas évident pour les partisans du vivre-ensemble imposé.

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La ville et le bailleur social ont également des comptes à rendre sur la sécurité-incendie, vu qu’un habitant réputé psychotique a réussi à tout cramer autour de lui. Un jeune Syrien désormais sans toit s’écria devant la presse locale: «Ce type s’était ces derniers temps fait taper sur les doigts par la police pour semer la pagaille, mais chaque fois on le renvoya parmi nous. On craignait tous que cela finisse mal un jour».

S’il est établi que le coupable est en effet un étranger, la réputation de demandeurs d’asile en pâtira encore plus dans un pays où de jeunes Nord-Africains se rendent coupables de vols et d’agressions dans et aux abords de centres de réfugiés. Même des bénévoles de la Croix Rouge s’y étaient fait dévaliser…

Il est bien sûr injuste de stigmatiser tous les réfugiés pour des horreurs commises par une minorité d’imposteurs. Et dans les cités en question, bien des jeunes étrangers se montrent reconnaissants de l’accueil et s’efforcent de s’intégrer. Mais au fil des ans, le mot néerlandais asielzoeker, demandeur d’asile, a fini par acquérir une connotation péjorative, du moins dans les cercles conservateurs, tant les abus ont été flagrants.

A Amsterdam, le projet de vivre-ensemble entre jeunes Bataves et non-Européens changera bientôt de fond en comble, prônent ses initiateurs: désormais, les Néerlandais y formeront une majorité d’au moins 70 pour-cent, les supposés bénéfices de l’égalité en nombre s’étant avérés être des leurres aussi naïfs que dangereux.

Ubu à l’ONU

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Siège de l'ONU à New York, le 16/08/2021 / PHOTO: Sergi Reboredo / VWPics/SIPA / 01053701_000063

Faire détruire son présumé arsenal nucléaire par Israël est une priorité de l’ONU, avant que l’Iran ait rendu sa bombe opérationnelle : les mollahs ont promis qu’ils la lanceraient aussitôt sur l’État juif. Si jamais ils ne réussissent pas à le détruire du premier coup, les représailles risquent d’entraîner un conflit mondial.


Oyez, oyez, Terriens, dormez bien, l’AIEA veille !

Le 28 octobre 2022, l’ONU a diffusé un communiqué de presse informant le bon peuple que sa Première Commission (Désarmement et sécurité internationale) avait « approuvé 19 projets de résolution et un projet de décision sur les armes nucléaires, dont un projet de résolution intitulé « Désarmement nucléaire », qui a suscité un long débat ».

Au sujet de ce débat, quelques déclarations officielles iraniennes sont à prendre en considération :

En 2005, le président Mahmoud Ahmadinejad : « Comme l’a dit l’imam Khomeiny, Israël doit être rayé de la carte ».

En 2019, le général Mohammad Reza Naqdi, officier supérieur des Gardiens de la révolution, sur la chaîne irakienne Al-Nujaba : « la révolution islamique en Iran n’abandonnera pas l’objectif d’effacer l’État juif ».

En 2020, l’imam Khamenei, guide suprême et leader officieux de la République islamique d’Iran : « Le virus du sionisme ne tardera pas à disparaître et sera anéanti ».

A-t-on les médias qu’on mérite ?

Plutôt que d’aligner les arguments de l’Iran et d’Israël, concernés par ces résolutions, voyons de quelle façon leurs presses respectives ont rendu compte de l’information.

Le 1er novembre 2022, le Tehran Times, dont on ne peut mettre en doute les reportages, puisque sa devise est « La pure vérité » (Straight Truth en V.O.), explicitait le communiqué de l’ONU : « L’Assemblée générale des Nations Unies a voté dimanche par 152 voix contre 5 en faveur d’une résolution qui exige qu’Israël détruise tout son arsenal d’armes nucléaires et permette aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de visiter ses installations nucléaires. Le vote a été effectué par la Première Commission de l’ONU, qui traite du désarmement, des défis mondiaux et des menaces à la paix qui affectent la communauté internationale et cherche des solutions aux défis de la sécurité internationale ».

Le Tehran Times ne précise pas qui préside cette Commission, mais peut-être n’est-ce pas inutile pour les lecteurs français, qui ne sont pas tous sensibles à l’humour onusien. Il s’agit de la Corée du nord, parangon bien connu de la paix dans le monde. La Résolution avait été initiée par Myanmar, née Birmanie, dont la junte au pouvoir partage le pragmatisme iranien et les idéaux nord-coréens, sans bénéficier des mêmes moyens militaires.      

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Communication impopulaire d’un organe populiste

L’Iran s’y connaît en dangers mortels. Son représentant à la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations unies, Heidar Ali Balouji, est champion du monde des pince-sans-rire. Il a critiqué Israël pour ses armes de destruction massive et ses énormes dépenses militaires conventionnelles. D’après lui, Israël utilise les Territoires palestiniens mitoyens (Cisjordanie à l’est, Gaza à l’ouest) comme décharge pour ses déchets nucléaires. Il ne trouve rien d’anormal à ce que les Israéliens soient immunisés contre les cancers innombrables que ces déchets provoquent, d’après lui, chez les Palestiniens. Pourtant, seules des barrières électroniques séparent les trois populations.

Son challenger, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré : « La politique de deux poids, deux mesures est très claire. Lorsqu’il s’agit de mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires, Israël est exempté de toute responsabilité. En tant que signataire du TNP [Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires], l’Iran a un programme pacifique à des fins énergétiques et médicales, et pourtant il est soumis au programme d’inspection le plus strict de l’histoire de l’AIEA ».

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Côté israélien, la presse est moins inventive 

Les habitants du « petit Satan » peuvent lire dans leurs journaux que « L’Iran, membre du TNP, a ouvertement déclaré qu’il enrichissait de l’uranium jusqu’à une pureté proche de celle d’une arme et, selon l’AIEA, la République islamique a commencé à produire de l’uranium métal l’année dernière, bien que cela n’ait aucun but civil. Ce point n’a pas été mentionné dans la résolution ».

Se limitant aux faits, les journalistes hébreux rappellent que l’ambiguïté délibérée sur le statut nucléaire de leur État n’empêche pas « des estimations étrangères » d’évaluer son stock « entre 80 et 400 têtes nucléaires ».

En revanche, l’État juif a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’il « ne serait jamais le premier à introduire de telles armes dans la région ».

Si c’est écrit dans le journal, c’est sûrement vrai

Le problème, c’est que dans nos journaux, ce n’est pas écrit ! En dehors des communiqués de presse de l’ONU, un seul média francophone, Irna[1], a titré sur le sujet : « Armes nucléaires : 152 pays ont voté contre le régime sioniste ».

Téhéran est fervent de la pensée positive, ou alors il prend ses désirs pour des réalité, car sur le site de son agence de presse, « Israël » a déjà été effacé. Mais comme il faut quand même attribuer les malheurs du monde à un responsable, d’innombrables articles sont consacrés à un « régime sioniste » non identifié. Je suis mèreplexe

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[1] Pas Irma-la-douce, mais l’AFP iranienne, en VF.

Daniel Arsand : une éducation sentimentale des années 60

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Daniel Arsand à Paris le 22 juin 2006 ANDERSEN ULF/SIPA SIPAUSA30061761_000008

Un livre assez bref, mais intense, Moi qui ai souri le premier, revient sur son enfance de l’auteur et tout particulièrement sur son éducation sentimentale et sexuelle. 


Né en 1950 à Avignon, Daniel Arsand a vécu son enfance à Roanne. Il est le fils unique de deux parents amoureux de manière quasi exclusive l’un de l’autre. Après ses études, il vient s’établir à Paris, travaille comme libraire, commence à écrire et devient éditeur de littérature étrangère. En 1989, il reçoit le prix Femina du premier roman pour La Province des ténèbres.

Le goût de la solitude

Sa vie est alors marquée par l’atmosphère d’une petite ville de province plutôt bourgeoise, dans laquelle il se sent d’abord heureux, avec une passion pour Sylvie Vartan, et le goût, déjà, de la solitude : « Je me bâtissais des fragments de rêve, des morceaux d’imagination, des contrées livresques. Des continents m’appartenaient ». Revers à ce tableau idyllique : il se sent différent : « La pédérastie, attaque-t-il tout de go, pour la plupart des gens d’ici, était inconcevable ». C’est dans cet univers contraint qu’il va tenter de découvrir sa propre identité, à travers trois expériences qui le marqueront à jamais.

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La première (je vous laisse découvrir les deux autres) est un viol qu’il subit de la part d’un garçon un peu plus grand que lui. Les circonstances de cet événement, enfouies dans son souvenir, remontent peu à peu à la surface, grâce à l’écriture. Il se rend compte que, depuis ce temps lointain, sa conscience les avait quasiment censurées. Et pourtant, de par le traumatisme qu’il provoqua en lui, cet événement eut une importance fondatrice dans le déroulement de sa vie. Daniel Arsand décrit longuement ce viol, avec une précision presque insupportable. Il fait ressentir comment une innocence juvénile, la sienne, fut bernée par quelque chose de brutal et de destructeur. En un instant, sa vie sembla s’être brisée. Il en fait le constat suivant, en quelques lignes bouleversantes qui disent tout de sa soudaine détresse morale : « Un viol réduisait en poussière mes aléas scolaires, les potins familiaux, le labeur quotidien de mes parents, un printemps étincelant et chaud, le présent et l’avenir, il dévaluait ce qui constituait la trame de mes jours, ce qui faisait de moi un être humain ».

Une écriture résiliente

Les relations de Daniel Arsand avec les autres êtres humains en ont évidemment été très perturbées. Il note par exemple ce trait, qui s’est ancré en lui : « Mais je suis récalcitrant à construire quoi que ce soit avec un autre, je ne veux pas bâtir une histoire, je ne veux rien projeter, pas d’avenir… » Ce n’est pas pour autant néanmoins qu’il s’est laissé envahir par le ressentiment. Dans l’acte d’écrire, et singulièrement dans ce livre, Daniel Arsand a trouvé une sorte d’exutoire. Il a tout revécu, écrit-il, « sans que je sois percé par la moindre flèche de vengeance, mais une colère parfois se maintenait, revigorante ». Il fait aussi ce très bel aveu : « En écrivant, je ne finis pas de grandir ». Il y a dans Moi qui ai souri le premier de très belles pages sur l’écriture et ses vertus de résilience.

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Écrivain du moi, Daniel Arsand n’a, de ce fait, pas eu besoin de suivre une psychanalyse. C’est à la feuille blanche qu’a été dévolu ce rôle, grâce à une narration autobiographique filtrée par la mémoire, et portée par un style virtuose, où j’ai cru parfois déceler les influences de Maurice Sachs, ou encore du Sartre de « L’enfance d’un chef ». Daniel Arsand, malgré un sujet devenu à la mode depuis quelques années, ne s’inscrit pas de manière conformiste dans la vague #MeToo. Il montre plutôt une manière très réfléchie de répondre au problème des violences sexuelles. Moi qui ai souri le premier n’est pas seulement un témoignage parmi d’autres, mais aussi et avant tout une œuvre littéraire très élaborée. C’est certes une main tendue par Daniel Arsand à d’autres victimes, mais tout aussi bien au lecteur lambda, qui se croirait par hasard exempt de tout mal. Au soir de sa vie, Daniel Arsand a trouvé une nouvelle fois comment se reconsidérer, avec ce pas en avant vers l’intégrité.

Daniel Arsand, Moi qui ai souri le premier, Actes Sud, 2022, 112 pages, 15 €.

Moi qui ai souri le premier

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Art déco go home !

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Comment les échanges transatlantiques entre architectes et décorateurs ont façonné l’art de vivre de l’Upper Class américaine.


Je ne me lasse pas du style Art déco. C’est la preuve de mon immobilisme réactionnaire et de mon goût pour l’ordre, critiqueront certains esthètes pointus. L’Art déco, c’est d’un commun, d’un banal, digne d’un esprit obtus particulièrement rétrograde, trop vu, trop copié, trop figé, trop facile, trop clair, trop convenu, trop fluide, trop linéaire, trop acajou, trop smart, trop classique, trop désirable peut-être aussi ? Les touristes Américains dans la capitale en raffolent, c’est dire s’il est dévalué dans les cénacles déconstruits et les galeristes dans le vent. Je me souviens qu’en 2013, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, tout là-haut, perchée au Palais de Chaillot avait déjà consacré une exposition intitulée 1925. Quand l’Art déco séduit le monde.

Audaces stylistiques

Elle récidive cet automne (jusqu’au 6 mars 2023) en refaisant le match France/Amérique du Nord. Qui a influencé qui ? Les buildings, les façades et les meubles sont-ils « made in Brooklyn » ou « made in Pantin » ? Cette rétrospective fait le pont entre l’école des Beaux-Arts de Paris qui, dès la fin du XIXème siècle, a formé nombre d’architectes américains et canadiens et l’élévation d’immeubles aux lignes épurées dans toutes les grandes villes des Etats-Unis. Ce va-et-vient transatlantique fut accentué par ce que les organisateurs appellent « le ciment amical de la Grande Guerre ». Il fut un temps où la « French Touch » était étudiée, appréciée, disséquée et propagée dans les terres du Nouveau Monde. La France était le berceau de toutes les audaces stylistiques, elle faisait corps avec la modernité de son époque, elle acceptait la vitesse et le progrès scientifique, s’inspirait de la gestuelle sportive et de l’élégance des aéroplanes, de l’automobile racée et des paquebots-palaces, tout en ne sabordant pas son héritage académique. Cette leçon d’équilibre pourrait encore aujourd’hui nous servir dans de nombreux domaines.

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Les milliardaires new-yorkais s’arrachaient alors les services de nos muralistes, ensembliers, décorateurs, designers, affichistes, joaillers ou ébénistes pour briller en société. Hollywood et les grands magasins leur ouvraient les portes. La Cité de l’Architecture revient sur quelques temps forts de cette amitié esthétique comme la création en 1919 de l’American Training Center, une école d’art située à Meudon où des sammies, dans l’attente de leur rapatriement, avaient la possibilité de se former en seulement quelques mois « très intenses » aux proportions idéales. Ils furent près de 400 à visiter les ateliers de Kees Van Dongen ou d’Antoine Bourdelle. De retour au pays, leur œil avait un air de « Paris, reine du monde » comme le chantait Maurice Chevalier.

Entre les palmiers et la plage

Dans cette même dynamique, quelques années plus tard, l’École des beaux-arts de Fontainebleau accueillit, chaque été, 70 étudiants américains qui avaient comme professeur d’architecture, le célèbre Jacques Carlu. Avant que la crise de 1929 ne referme cette parenthèse enchantée, des traces de France ont essaimé un peu partout en Amérique du Nord et la « patte US » est toujours visible au Trocadéro. Le Palais de Chaillot n’a-t-il pas un cousinage avec Washington D.C. ? Et que dire des salons de l’Ambassade du Mexique, temple de l’Art déco du XVIème arrondissement avec leurs imposantes toiles du peintre Angel Zárraga. Pour moi, c’est l’une des plus belles expositions du moment par la richesse des œuvres présentées et leur mise en scène. Le visiteur est poussé par un souffle Art déco dans des environnements très différents ; il se retrouve au milieu des gratte-ciels, dans un navire luxueux, à la vitrine de Macy’s & Co ou dans le décor « Tropical déco » d’une villa de Miami Beach. L’affiche de l’événement est en soi un appel au voyage, elle montre une locomotive bicolore « Atlantic Coast Line » à l’aérodynamique sensuelle, traçant sa route entre les palmiers et la plage.

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Comment ne pas s’incliner devant la commode à vantaux en ébène de Macassar et incrustation d’ivoire signée par le maître Jacques-Émile Ruhlmann, mais aussi tous les objets plus tardifs, de la période « Streamline », qu’il s’agisse d’un aspirateur Hoover de 1934 aussi beau qu’une sculpture antique ou d’un four à pomme de terre en aluminium qui ressemble à une fusée interstellaire. J’aurais voulu repartir avec ce juke-box de table en acier chromé ou avec la photographie d’une caravane Airstream Liner tractée par le cycliste Alfred Letourneur. Montez à Chaillot voir ce que l’Amérique et la France ont produit de plus beau !

Art déco France/Amérique du Nord, Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Jusqu’au 6 mars 2023.

Et maintenant, voici venir un long hiver...

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