Accueil Édition Abonné La gauche médiatico-politique respire: les «heures les plus sombres» sont de retour.

La gauche médiatico-politique respire: les «heures les plus sombres» sont de retour.

Nomenklatura médiatico-gauchiste: bienvenue à Tartuffeland.


La gauche médiatico-politique respire: les «heures les plus sombres» sont de retour.
Représentation de Tartuffe à Londres, le 14/04/2020 / PHOTO: Alastair Muir/REX/SIPA / Shutterstock40760137_000003

Les grands remous autour de Grégoire de Fournas font la part belle à la gauche politico-médiatique qui ne manque pas d’exprimer théâtralement ses indignations.


« Qu’ils retournent en Afrique ! », telle est la phrase qu’a lancée dans l’hémicycle le député Rassemblement National, Grégoire de Fournas, lorsqu’il a entendu le député La France insoumise, Carlos Martens Bilongo, se demander ce que le bateau Ocean Viking et ses 234 migrants allaient devenir. Le « ils » désignait, a précisé le député Rassemblement National, le bateau et les migrants clandestins. Mais les artificieux députés La France insoumise ont immédiatement compris qu’ils tenaient là l’occasion de faire oublier leurs récents déboires internes et politiques et de se redorer un peu la pilule. « Qu’ils retournent en Afrique ! » est devenu « Retourne en Afrique ! », et le député Rassemblement National aurait visé directement le député La France insoumise. Cris d’orfraie et d’autres rapaces politicards, Clémentine Autain en état quasi-apoplectique, Danielle Simonnet sémaphorant son indignation, interruption de séance, communiqué de la NUPES, communiqué de presse du député Carlos Martens Bilongo, rassemblement de soutien à ce dernier immédiatement organisé, Jean-Luc Mélenchon quittant son appartement pour rejoindre les députés La France insoumise demandant l’exclusion de Grégoire de Fournas : fumée, fumée, fumée. Mélenchon, sans doute excité par la particule patronymique du coupable, a fait gronder des tonnerres robespierristes dans sa bouche avant que de réclamer la « sanction la plus sévère » pour Grégoire de Fournas. Mathilde Panot a désespérément tenté d’imiter le chef de la meute et a jappé quelques sentences qu’elle aurait sûrement souhaité plus cinglantes, mais bon, on fait avec ce qu’on a. Carlos Martens Bilongo a magnifiquement joué son rôle de martyr en tenant un discours lénifiant sur ses origines et sur les « millions de Français » victimes de racisme. Le rachitique rassemblement sera filmé en « plans (très) serrés » par des médias complaisants pour faire croire à un remake des grands matins révolutionnaires. Il n’y avait pourtant pas plus de deux cent personnes, journalistes et députés inclus, pour hurler à la mort et réclamer la peau d’un député. Cela a suffi. La propagande médiatique a fait le reste.

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Le gouvernement en général et Gérald Darmanin en particulier, les députés Renaissance et des députés Les Républicains se sont joints à la meute mélenchoniste. Chacun a d’excellentes raisons en ce moment de mentir, de déformer les propos du député accusé de racisme, et profite de cette polémique cousue de fil blanc pour dissimuler des errements récents, des politiques inconséquentes, des affaires encombrantes. Le ministre de l’Intérieur sait que son projet concernant l’immigration – une façon déguisée de régulariser les sans-papiers qui ne remet nullement en question l’essentiel de l’immigration – déçoit la majorité des Français. Les députés de la majorité, assoupis depuis que le gouvernement défouraille le 49.3 sans discernement, sursautent sur leurs bancs, comprennent vaguement qu’il est question du Rassemblement National et de racisme, enfourchent leurs poneys blancs et sonnent la charge dans le plus grand désordre. Les socialistes profitent de l’occasion pour essayer de rappeler qu’ils sont là, quelque part, au sein de la vampirique NUPES mélenchoniste. Les responsables Les Républicains sont plus partagés mais restent majoritairement ces politiciens frileux ne quittant pas le confort d’une moraline antiraciste-antifasciste dès lors qu’elle leur permet de dissimuler leur inutilité comme force d’opposition au gouvernement et leur absence de vision pour la France. « L’extrême-droite sera toujours l’extrême-droite », tweete le toujours aussi captivant président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. C’est dire le niveau. La députée européenne Nadine Morano sort du lot et, courageusement, dit le plus important : « Racisme, racisme… l’arme grossière et puissante pour bâtir un sketch politique pour mieux éluder le fond du sujet qui mériterait d’évoquer les milliers de morts en Méditerranée et la responsabilité de l’Union Africaine qui s’en lave les mains ! » Elle avait elle-même réclamé, la veille de la manipulation organisée par La France insoumise, que l’Ocean Viking « reparte en Afrique ! », et accusé l’organisation de l’Union Africaine d’ignorer le sort de ces migrants tentant d’entrer illégalement en Europe. Cette question primordiale disparaît sous la polémique.

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Rappelons un propos véritablement raciste, passé totalement inaperçu, et qui n’a valu à sa conceptrice ni réprimande, ni sanction, ni rappel à l’ordre. La députée La France insoumise Danièle Obono aime parfois à verdir son langage. Elle utilise alors une langue ad hoc, moitié argot des cités, moitié sabir manouche, avec parfois une pointe de racisme. En 2019, suite à un préavis de grève dans les transports, elle écrivait poétiquement, à propos du Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe : « Le mec il a tellement l’seum & les chocottes de la grève ». Dernièrement, elle a gracieusement demandé à ses adversaires d’aller « manger leurs morts ». Lors de la nomination de Jean Castex à la fonction de Premier ministre, la députée a pu écrire un tweet raciste en toute impunité : « Nom : Jean Castex. Profil : homme blanc de droite bien techno & gros cumulard ». Il n’y a aucune ambiguïté : désigner une personnalité politique par sa couleur de peau relève purement et simplement du racisme. Sur France Inter, la journaliste Carine Bécard, dont nous allons reparler dans un instant, ne s’est pas émue de cette phrase ouvertement raciste. Aucune des belles âmes prêtes à s’évanouir au moindre écart n’a frémi devant cette incontestable phrase raciste. Quelques très légers frémissements ici, un murmure là, et puis plus rien. Imaginons un instant, après l’élection de Mme Obono, le tweet d’un député libellé ainsi : « Nom : Danièle Obono. Profil : femme noire bien doctrinaire & grosse politicarde ». Après un tel message, on peut subodorer le tsunami de l’indignation qui aurait ravagé les arrières-boutiques politico-médiatiques. En l’occurence, dans la vraie vie, c’est bien la députée et « racialiste » Danièle Obono qui a précisé la couleur de peau d’un adversaire politique. La bêtise idéologique et la lâcheté de certains médias ont permis l’occultation de ce racisme anti-blanc qui, depuis, a pris d’autres proportions que les mêmes médias ne prennent pas plus en considération.

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Comme attendu, le bureau de l’Assemblée nationale a voté, comme un seul mouton homme, la sanction la plus sévère à l’encontre de Grégoire de Fournas. Le Monde rapporte cette information en se pourléchant les babines – lui qui a été aux abonnés absents pendant les trois jours qui ont suivi la découverte du corps supplicié de la petite Lola, retrouve ici toute sa vigueur et sa spontanéité. L’antiracisme est son credo. Surtout s’il permet d’aboyer avec la meute hétérogène qui réunit tout ce que la classe médiatico-politique française compte de tartuffes et de « belles âmes ». Quant à Danièle Obono, toute honte bue, elle exulte sur son compte twitter : « Décision aussitôt exécutée. Pas de raciste à l’Assemblée ! » Elle déclare sur France Info que cette sanction « ne lavera pas ce [qu’elle] considère être comme une souillure […] et un acte grave ». Rassurez-vous, le journaliste ne lui rappellera aucun de ses propos injurieux ou racistes. Le pouvoir de nuisance de la faction politico-mélenchoniste reste intact. Cette faction sait pouvoir jouir de la collaboration des médias mainstream. D’une simple phrase qui, bien que discutable, n’était nullement raciste, les vociférateurs sont parvenus à faire un tract du Ku Klux Klan, un brûlot fasciste, une ordurerie raciste. Et tout le petit monde médiatique gauchisant a suivi, par lâcheté, par idéologie, par envie de se faire peur et de pouvoir ressortir de vieilles lunes sémantiques. Patrick Cohen, Ali Baddou, Jean-Michel Aphatie, etc., ils sont venus, ils sont tous là. Pour comprendre dans quel monde médiatique nous vivons, en particulier dans le service public, il suffisait d’écouter Carine Bécard sur France Inter, samedi 5 novembre 2022. Recevant Laurent Jacobelli, le porte-parole du groupe Rassemblement National de l’Assemblée nationale, la journaliste de la radio publique n’a pas hésité à enfourcher le grand cheval du mensonge : « Votre collègue, le député du RN Grégoire de Fournas, a été exclu hier pour 15 jours pour avoir tenu des propos racistes en plein cœur de l’hémicycle ». Faux. Le député en question, précise Laurent Jacobelli, a été exclu pour avoir provoqué « une scène tumultueuse » à l’Assemblée nationale – le bureau de l’Assemblée nationale, sous la pression de La France insoumise, a choisi la sanction la plus sévère pour un « tumulte » dans l’hémicycle ?! En toute logique jurisprudentielle, nous ne sommes donc qu’au début d’une succession de sanctions extrêmement dures envers certains députés réputés pour les « scènes tumultueuses » qu’ils provoquent. Carine Bécard continue de mentir sans vergogne : « On a un député qui a donc dit à un député noir : “Retourne en Afrique” ». Faux. Le compte-rendu de séance est parfaitement clair, Grégoire de Fournas a dit : « Qu’il retourne en Afrique » (ou « Qu’ils retournent en Afrique »). Le député Rassemblement National parlait des bateaux et des migrants. Tout au long de cet entretien que Jacobelli a jugé à juste titre « très orienté », Carine Bécard a démontré que notre radio publique est entre les mains de journalistes n’ayant plus qu’une très vague notion de leur métier, de militants prêts à remplir les plus basses besognes propagandistes de la nomenklatura médiatico-gauchiste. À la fin de ce qu’il faut bien appeler un interrogatoire dirigé, Eric Delvaux prend sa voix la plus grave pour conclure l’émission et nous arracher un éclat de rire (jaune) : « Permettez-moi, en tant que rédacteur en chef du 6/9 week-end, de vous dire, monsieur Jacobelli, qu’il n’y a pas de questions orientées dans cette matinale, pas plus que sur l’antenne de France Inter. Nous le prouvons tous les jours ». Bienvenue à Tartuffeland.




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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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