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Moldavie: quand 2,5 millions d’habitants tiennent en haleine Moscou et Bruxelles

Le parti de la présidente pro-intégration européenne et le Bloc Patriotique tourné vers la Russie sont à touche-touche dans les derniers sondages. Analyse des enjeux.


La Moldavie est un pays minuscule par la taille – à peine 2,5 millions d’habitants présents sur le territoire (beaucoup plus si l’on compte sa diaspora disséminée entre l’Italie, la Roumanie, la France ou l’Allemagne). Mais depuis quelques années, ce pays, coincé entre l’Ukraine et la Roumanie, est devenu un laboratoire à ciel ouvert des nouvelles formes de guerre hybride menées par Moscou.

Dimanche 28 septembre 2025, les Moldaves se rendent aux urnes pour élire les 101 députés de leur Parlement. Un scrutin banal ? Non. L’enjeu est immense : il s’agit de savoir si le pays restera arrimé au projet européen défendu par la présidente Maia Sandu et son Parti d’Action et de Solidarité (PAS), ou s’il basculera dans l’orbite russe par le biais d’une opposition pro-Moscou regroupée dans le Bloc Patriotique et ses alliés. Comme souvent en Europe centrale, les élections ne se jouent pas seulement sur des programmes économiques ou
sociaux : elles incarnent un choix de civilisation.

Une campagne sous haute tension

Les dernières semaines ont été marquées par une avalanche d’incidents inquiétants. En effet, des cyberattaques massives ont visé les institutions publiques, certaines étant attribuées à des groupes affiliés aux services russes. Parallèlement, des dizaines de suspects accusés de préparer des « actions violentes » destinées à troubler le scrutin ont été arrêtés. Dans ce contexte tendu, le Premier ministre Dorin Recean a porté des accusations directes, affirmant que Moscou ne cherche pas seulement à influencer l’élection, mais bien à « prendre le pouvoir » à travers elle. Enfin, les tensions se sont également manifestées sur le plan diplomatique : la Moldavie a refusé d’accréditer des observateurs russes, invoquant un risque de manipulation, tandis que Moscou a dénoncé une « violation des standards démocratiques ».

À quelques jours du vote, un sondage publié par l’institut CBS-AXA donnait le PAS à 30% des intentions de vote et le Bloc Patriotique à 28%. L’écart est infime, d’autant que près de 20 % des électeurs se déclarent encore indécis. Dans un système proportionnel, tout peut basculer.

La désinformation, arme de guerre

Ce qui frappe dans cette campagne, c’est l’ampleur des campagnes de désinformation. Rien de nouveau sous le soleil : dès 2014, lors de la crise ukrainienne, la Russie avait utilisé les réseaux sociaux et les médias « relais » pour semer la confusion. Mais en Moldavie, l’offensive est systématique, multiforme, et technologiquement avancée.

On retrouve :
– Des réseaux de bots et de faux comptes diffusant en boucle des messages hostiles au gouvernement.
– Des vidéos truquées à l’IA faisant parler Maia Sandu avec des phrases inventées.
– Des sites clonés de médias occidentaux, publiant de faux articles annonçant, par exemple, que l’Union européenne exigerait la fermeture des églises orthodoxes.
– Des prêtres proches du Patriarcat de Moscou martelant depuis la chaire des sermons où l’UE est assimilée à Sodome et Gomorrhe.

Le tout est amplifié par des chaînes de télé russophones captées légalement ou illégalement en Moldavie, qui déversent un flot constant de récits anxiogènes : « Si vous votez pro-européen, vous serez envoyés à la guerre », « Bruxelles vous privera de votre religion », « l’OTAN occupera votre pays ».

Une société fracturée

Pour comprendre l’efficacité de cette propagande, il faut examiner la société moldave elle-même. C’est un pays fragile, traversé par de multiples clivages. Sur le plan linguistique, une majorité roumanophone, parlant le moldave très proche du roumain, coexiste avec une minorité russophone, héritage de l’époque soviétique, concentrée notamment en Transnistrie et en Gagaouzie. À cela s’ajoute un clivage religieux: si 90 % de la population se revendique orthodoxe, une partie dépend du Patriarcat de Moscou, tandis que l’autre se rattache au Patriarcat de Roumanie. Les fractures sont également économiques : les villes et la diaspora soutiennent massivement l’Europe, alors que les zones rurales, pauvres et vieillissantes, se montrent plus réceptives aux sirènes russes.

Enfin, une réalité brutale pèse sur l’ensemble du pays : la Moldavie demeure l’État le plus pauvre d’Europe, avec un PIB par habitant d’environ 6 000 dollars, et la moitié des familles ne survit que grâce aux envois de fonds de la diaspora. Dans ce contexte, toute promesse de stabilité – fût-elle trompeuse – séduit.

Témoignages du terrain

Dans un village du nord, Maria, 67 ans, confiait au Monde1 : « Je ne comprends pas bien la politique. Tout ce que je vois, c’est que ma pension ne suffit pas. À la télévision russe, ils disent que l’Europe nous prendra tout et qu’avec la Russie, la vie sera moins chère. Je veux seulement vivre en paix. » À Chisinau, en revanche, Ana, 24 ans, étudiante, dit l’inverse : « La Russie, pour moi, c’est le passé, c’est la peur. J’ai envie de voyager, d’avoir des opportunités. Si on s’éloigne de l’Europe, je partirai à l’étranger. » Deux mondes coexistent dans le même pays, deux mémoires, deux horizons.

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En Moldavie, la Russie ne se contente pas de faire campagne : elle expérimente. Les laboratoires de l’influence moscovite testent ici toutes les formes modernes de manipulation :
– Bots automatisés capables de publier plusieurs millions de messages par jour.
– Vidéos truquées à l’IA où Maia Sandu appelle prétendument à envoyer les jeunes Moldaves mourir en Ukraine.
– Spoofing médiatique : de faux sites copient l’apparence de médias occidentaux.

L’objectif est double : affaiblir la confiance dans les institutions et démobiliser l’électeur pro-européen en le plongeant dans la confusion.

Les fragilités internes : un terreau fertile

La pauvreté chronique est l’alliée objective de Moscou. Dans un pays où la moitié des familles dépend des transferts de la diaspora, la promesse russe de « gaz pas cher » ou d’« ouverture des marchés » sonne comme une bouée de sauvetage. Autre plaie : la corruption endémique. Même si Maia Sandu incarne une volonté de rupture, la défiance reste immense. Moscou joue sur cette corde : « L’Europe vous parle de transparence, mais vos élites volent », répètent les relais pro-russes.

Identité et mémoire

Est-elle roumaine ? Moldave autonome ? Un pont entre l’Est et l’Ouest ? Les Russes exploitent ce flou. « Défendre la langue russe » ou « protéger la foi orthodoxe » sont autant de slogans qui résonnent.

Géopolitiquement, la Moldavie constitue un maillon stratégique. Elle représente d’abord un levier supplémentaire contre l’Ukraine à travers la Transnistrie, mais aussi une brèche potentielle dans le projet européen. Par ailleurs, elle envoie un signal aux Balkans en montrant que Moscou peut encore espérer retourner certains pays. À l’inverse, un succès électoral du parti de Mme Sandu constituerait une victoire symbolique majeure pour l’Occident.

La Moldavie apparaît comme un miroir grossissant de vulnérabilités européennes. On peut en effet établir plusieurs comparaisons : en Slovaquie, la victoire de Robert Fico en 2023 avait été précédée par une vague de deepfakes à caractère anti-européen ; en Bulgarie, l’instabilité chronique s’alimente à la fois de l’influence russe et de la corruption ; en France enfin, si des campagnes de désinformation ont bien été détectées, elles ont été largement amorties par la solidité des institutions.

Une lecture conservatrice: ordre, souveraineté, vérité

Pour un esprit conservateur, l’affaire moldave ne se réduit pas à une question géopolitique : elle touche aussi à des principes fondamentaux. L’ordre d’abord, car le mensonge engendre le chaos. La souveraineté ensuite, puisqu’une élection manipulée cesse d’être l’expression de la nation. Enfin, la vérité, sans laquelle la démocratie ne peut survivre. Dans cette perspective, Maia Sandu apparaît moins comme une simple technocrate européiste que comme une véritable résistante. Reste alors la question de l’après-28 septembre, qui ouvre trois scénarios possibles. Le premier serait une victoire claire du PAS, permettant la poursuite de la route vers l’Union européenne, mais au prix de réformes douloureuses. Le deuxième verrait le triomphe du Bloc Patriotique, marquant un retour à la dépendance russe. Le troisième, enfin, serait celui d’un résultat serré et contesté, débouchant sur le chaos, des troubles internes et une exploitation immédiate par Moscou. En définitive, ce scrutin s’impose comme un test pour l’Europe entière.

La Moldavie n’est pas une curiosité aux marges de l’Europe. Elle est un test grandeur nature. Si ce petit pays réussit à organiser une élection libre malgré l’assaut de la désinformation, ce sera un signe d’espoir. Si elle échoue, ce sera un précédent inquiétant.


  1. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/05/a-chisinau-en-moldavie-la-hantise-de-la-guerre_6124863_3210.html ↩︎

Douche froide pour le Duce

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La fin est connue : le dictateur pendu par les pieds, livré en pâture à la piétaille, avec sa maîtresse Clara Petacci, sur la Piazzale Loreto de Milan. Les Derniers jours de Mussolini élude ce dénouement abject : le film se conclut sur l’exécution du couple, fusillé devant la jolie grille en fer forgé de la villa Belmonte, riveraine du lac de Côme, le 28 avril 1945. Carlo Lizzani (1922-2013), cinéaste transalpin durablement porté sur la période fasciste – cf. La chronique des pauvres amants (1954), Traqués par la Gestapo (1961) et j’en passe – exhume en 1974 la page finale de la République de Salo, soit près de trente ans après la défaite, dans une Italie alors dominée par la Démocratie chrétienne, mais où le Parti communiste joue cyniquement les arbitres.

Fin de partie

Dans ce long métrage au casting cosmopolite, les stars étasuniennes se taillent la part du lion :  le grassouillet Rod Steiger (1925-2002), celui-là même qui quatre ans plus tôt jouait Napoléon dans Waterloo, de l’éminent soviétique Bondartchouk, y campe un Benito dont l’imitation de ses mimiques confine au burlesque, tandis que le légendaire Henri Fonda (1905-1982) revêt la pourpre cardinalice d’Alfredo Schuster, ce prélat qui tenta en vain de ménager au Duce une fin de partie moins dégradante que la fuite. Tout ce contexte est fort bien expliqué par le très érudit Jean-François Rauger, le directeur bien connu de la programmation à la Cinémathèque française, dans le passionnant entretien de 26 minutes proposé en supplément, sous le titre Noir Dessein.

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Fidèle à la réalité historique

Ponctué de flash-backs grevés d’images d’archives en noir et blanc pour mieux attester la portée documentaire du film, montrant aussi le puissant tribun au menton levé, par contraste à l’homme bouffi, mortifié, terrassé qui rumine pathétiquement l’amertume de sa gloire défunte, Les Derniers jours de Mussolini reste fidèle, en gros, à la réalité historique – l’insurrection de l’Italie du Nord, les tractations entre Alliés sur le sort du vaincu, le rôle de la Résistance, la cavale erratique vers la Suisse sous escorte SS, la capture par les partisans, alors que le chef des Chemises noires en pleine débandade est reconnu sous son déguisement de fantassin du Reich, la décision de l’exécuter prise par l’aile dure de la Résistance (les beaux yeux bleus de Franco Nero idéalisant à dessein l’inexpiable forfait de cette justice sommaire) non sans y ajouter cette touche romanesque qu’accuse la fidélité ardente et jalouse de l’amante Clara Petacci (Lisa Gastoni dans le rôle) jusque dans le martyre… Il revient au maestro Morricone de napper la triste épopée de la sauce orchestrale propre à parfaire l’édification cathartique.


Les Derniers jours de Mussolini. Film de Carlo Lizzani. Avec Rod Steiger, Franco Nero, Lisa Gastoni, Lino Capolicchio, Henri Fonda. Italie, 1974, noir et blanc et couleur.

Durée : 2h10
Supplément : Noir dessein. Entretien avec Jean-François Rauger. Durée : 26mn.
Bluray Carlotta (restauration 4K) disponible le 23 septembre

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Les hommes, ces indésirables

Une offensive propagandiste sans précédent vise à déviriliser les hommes dès le plus jeune âge : ne sont-ils pas porteurs d’une « masculinité toxique » pour la société ? Partout en Occident, éducateurs, politiques, universitaires et militants prétendent les laver du péché originel qu’est leur naissance.


Quel modèle idéal de masculinité peut-on proposer aux jeunes ? Churchill, le chef de guerre ? Arnaud Beltrame, le gendarme qui se sacrifie ? Pelé, grand sportif et gentleman ? Que nenni ! Selon la directrice d’une école primaire londonienne, le meilleur modèle est Elliot Page, jusqu’en 2020 une actrice canadienne prénommée Ellen, devenue, après une double mastectomie, un homme trans. Silhouette filiforme, visage de pré-ado imberbe, l’exemple de Page montrerait, selon la pédagogue britannique, que la masculinité peut allier « douceur et courage » et aiderait à combattre les stéréotypes toxiques en promouvant « l’empathie, la gentillesse, l’expression des émotions, l’écoute de points de vue opposés ». Elle cite également le chanteur anglais au sexe ambigu, Harry Styles, typique d’une série de minets chétifs qui sont souvent présentés comme incarnant une masculinité « positive ». En France, la féministe Aline Laurent-Mayard a consacré tout un livre à son béguin pour l’acteur Timothée Chalamet qui, pour elle, ringardise la virilité. Autrement dit, l’homme idéal s’incarne désormais dans des figures efféminées, voire émasculées. Cette tentative de déviriliser le mâle n’est pas inédite. Ce qui est nouveau, c’est que cette offensive propagandiste gagne du terrain à une époque où l’environnement général n’a jamais été aussi peu propice au développement des garçons et des hommes.

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Dans le domaine de l’éducation, les garçons sont largement distancés par les filles à tous les niveaux. Les statistiques américaines sont représentatives d’une tendance générale en Occident. À la maternelle, les filles battent les garçons dans tous les tests. Après le lycée, 57 % des hommes vont à l’université, comparé à 54 % en 1960. Pour les femmes, c’est 66 %, comparé à 38 %. En France en 2018, 86 % des filles ont obtenu le bac, contre 76 % des garçons. Les femmes sont majoritaires à l’université dans tous les pays de l’OCDE. Certes, il y a eu une accélération chez les filles grâce au mouvement pour l’égalité, mais le cadre pédagogique n’est pas adapté à un grand nombre de garçons. Le retard de ces derniers commence à la maternelle où le programme est de plus en plus académique, avec un accent sur les progrès en lecture. Les petits garçons ont initialement plus de mal à se tenir en place et à se concentrer. Même plus tard, ils ont plus besoin d’apprendre par l’activité pratique que par l’apprentissage des connaissances abstraites. Seul domaine où les mâles conservent une avance : les maths. Tout au long du parcours scolaire, les garçons présentent nettement plus de problèmes disciplinaires que les filles.

Intelligence émotionnelle

Aujourd’hui, le marché de l’emploi offre moins d’opportunités à ce sexe qui favorise l’action et l’effort physique. La désindustrialisation en Occident, provoquée par la mondialisation et l’automatisation du travail, a éliminé nombre des emplois traditionnels des hommes. Beaucoup de ces derniers commencent la vie professionnelle sans perspectives et incapables de subvenir aux besoins d’une future famille. Ainsi, outre-Atlantique, plus de jeunes hommes que de jeunes femmes continuent à habiter chez leurs parents. 89 % des hommes ont un emploi ou en recherchent un, un déclin de 5 % par rapport à 1975. En revanche, la proportion des femmes est montée de 55 % à 78 %. L’écart des salaires se resserre, et si les hommes sont certes surreprésentés en haut de la pyramide, dans les conseils d’administration, ils le sont aussi en bas avec les emplois subalternes.

En matière de santé, 28 % des garçons entre 3 et 17 ans ont un problème comportemental ou émotionnel, comparé à 23 % des filles. Deux fois plus de garçons que de filles sont diagnostiqués pour autisme ou TDAH. Les hommes adultes développent plus de problèmes d’addiction et ils sont presque quatre fois plus nombreux que les femmes à se suicider. Une campagne d’endoctrinement menée par les organisations internationales et dans les médias cherche à les persuader qu’ils n’ont plus les qualités adaptées à la direction des entreprises ou des États. Désormais, grâce à leur intelligence émotionnelle, les femmes seraient plus qualifiées pour le leadership. La préférence des parents pour des garçons, qui a dominé tout autour de la planète pendant des siècles, est en déclin. Dans certains pays – le Japon, la Corée, la Scandinavie et les États-Unis – il y a même une préférence pour les filles. Il coûte plus cher d’adopter une fille plutôt qu’un garçon, et là où il est permis de choisir le sexe d’un bébé à naître par FIV, opter pour une fille coûte également plus cher. Certains commentateurs prétendent que la notion de « crise de la masculinité » est un mythe inventé par le patriarcat pour dénoncer les progrès du féminisme. Pourtant, les données sont claires : la crise est réelle.

Daisy Letourneur interviewée par le média Madmoizelle à l’occasion de la sortie de son livre On ne naît pas mec, juillet 2022. DR.

C’est dans ce contexte que les adversaires des mâles essaient de leur porter le coup de grâce en les persuadant que la masculinité elle-même est un péché originel. L’adjectif « toxique » est si souvent accolé au substantif que l’expression « masculinité toxique » est devenue une tautologie. Ce terme a été forgé il y a une trentaine d’années par des psychothérapeutes masculins pour distinguer entre une « bonne » virilité d’hommes mûrs et une « mauvaise » de jeunes écervelés. Vers 2015, il a été approprié par des féministes pour évoquer toutes les qualités des hommes considérées comme répréhensibles : tendance à la violence, volonté de domination, mépris des femmes, homophobie. Le premier problème ici, c’est que, avec ces mauvaises tendances, on jette aussi des qualités potentiellement positives : la compétitivité, la capacité à prendre des risques, le courage, la maîtrise de soi, le stoïcisme et l’esprit de décision. Le deuxième problème consiste à vouloir généraliser la notion à tous les hommes, et le troisième à en faire le fondement d’un projet pour les détoxifier. Il s’agit de démoraliser les hommes, en les culpabilisant, et de transformer les garçons, avant qu’ils grandissent, en clones des Chalamet et Page et autres gringalets à la mode.

Programme délétère

Ici, nous avons affaire à un véritable programme d’ingénierie sociale, par lequel éducateurs, politiques, universitaires et militants prétendent ouvrir, en quelque sorte, le capot du cerveau et reprogrammer l’être humain, sans considération aucune pour les bases physiologiques et évolutionnaires des différences entre les sexes. Car pour ces apprentis sorciers, la masculinité est une pure construction sociale. C’est le message d’un ensemble de recommandations de l’Association américaine de psychologie publiées en 2018. La rengaine est reprise par d’innombrables féministes contemporaines à prétentions quasi scientifiques, comme Daisy Letourneur dans son best-seller On ne naît pas mec (2022). De ce point de vue, il n’y a pas de biologie, il n’y a que des constructions artificielles dont le destin est d’être déconstruites. Personne ne voudrait nier les influences sociales dans le développement des sexes, ni faire de la biologie une fatalité, mais toute tentative pour changer nos comportements sans prendre en compte notre réalité biologique reste vouée à l’échec et destinée à augmenter la détresse de tous, hommes et femmes.

Pourtant, ce programme délétère est en marche. Outre-Manche, un tiers des écoles ont déjà organisé des cours sur la masculinité toxique. Un organisme comme Beyond Equality vend aux établissements des ateliers où les garçons sont invités à se défaire de « l’armure contraignante et encombrante » de la masculinité. Côté culpabilité, on répète aux hommes qu’ils sont responsables des guerres, du colonialisme, du capitalisme et du réchauffement climatique, sans parler du fait qu’ils accomplissent moins de tâches ménagères. Côté féminisation, on répète des expériences ratées de certaines écoles new-yorkaises des années 1970, consistant à obliger les garçons à jouer avec des poupées, pour qu’ils acquièrent une dimension plus nourricière, et les filles à faire de la menuiserie. Des organismes comme le Britannique Pinkstinks font pression sur les fabricants et les détaillants pour vendre de plus en plus de jouets qui ne sont pas destinés à un genre ou un autre (non-gender-specific). Le grand spécialiste américain des jouets, Mattel, a sorti une poupée « sans genre » pour Noël 2019. Toute une littérature pour enfants met en avant des héros masculins qui pleurent abondamment, parlent de leurs émotions, évitent les affrontements et fabriquent des fleurs en papier. Pour les grands, il y a des livres comme l’essai autobiographique de Ben Névert, sorti en 2021, dont le titre dit tout : Je ne suis pas viril. Encore un minet chétif, à qui le « carcan » de sa masculinité aurait fait autant de mal qu’aux femmes. Mais la plupart des femmes hétéros voudraient-elles d’une telle mauviette ?

Un premier terrain où le dénigrement de la masculinité se joue, c’est celui, traditionnel, des émotions. Les femmes exprimeraient les leurs à merveille et sympathiseraient parfaitement avec celles des autres personnes. Les hommes seraient incapables d’exprimer les leurs et se ficheraient royalement de celles des autres. En réalité, aucune étude scientifique ne prouve que les femmes aient vraiment plus d’empathie que les hommes, et si les hommes contiennent souvent leurs émotions – comme la colère –, c’est un avantage pour tout le monde.

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Toutefois, le front principal de la lutte contre la masculinité, c’est la sexualité. L’idée que tous les hommes sont des violeurs en puissance se débat depuis les années 1970, quand on l’a attribuée (à tort) aux féministes américaines, Marilyn French et Andrea Dworkin. Aujourd’hui, cette généralisation plus que hâtive a trouvé un nouveau souffle, en partie grâce à la publicité mondiale donnée à l’affaire Pelicot qui a vu une cinquantaine d’hommes dits « ordinaires » condamnés pour viol sur la personne d’une femme droguée à son insu. Selon la doxa féministe actuelle, toute tentative de prétendre que tous les hommes ne sont pas des violeurs (comme dans le hashtag #NotAllMen) est frappée de mauvaise foi. Pour une intransigeante comme Giulia Foïs, qui a publié un essai au titre ironique, « Pas tous les hommes quand même ! » (2025), refuser de généraliser la charge de viol, c’est négliger le côté systémique de ce crime, c’est nier que le viol soit rendu possible par une culture du viol, qui domine toute la société et est tacitement soutenue par tous les hommes. En ce cas, objectera-t-on, pourquoi la majorité des hommes ne passe-t-elle pas à l’acte ? Le problème, en réalité, est que cette idéologie est incapable de faire la distinction entre les individus. Pour elle, la masculinité est un bloc, qu’il faut traiter comme tel afin d’en purger la société. À l’appui de ce méga-amalgame, les contempteurs de la masculinité pointent l’importance apparente des communautés en ligne d’« incels » et la cote de popularité d’influenceurs masculinistes franchement misogynes, comme l’Anglo-Américain Andrew Tate, accusé aujourd’hui de viol et de trafic d’êtres humains. Mais ces phénomènes masculinistes sont plutôt des réactions au dénigrement de la masculinité.

On fait grand cas aussi de l’écart électoral entre les jeunes femmes, plutôt orientées à gauche, et les jeunes hommes, plutôt orientés à droite – le mâle vote mal. Il se peut bien que ces derniers, se comprenant instinctivement mieux que ne le font les idéologues féministes, soient pleinement conscients des remèdes aux débordements de la masculinité développés par ce qu’on appelle la civilisation. Tandis que les partisans de l’homme nouveau s’évertuent en vain à extirper les instincts des hommes, la civilisation – que ce soit par le sport, la chasse, la galanterie, le code du gentleman ou la morale – cherche à les canaliser. Selon le poème de Rudyard Kipling, If (« Si »), maintes fois traduit en français, autrefois considéré comme un résumé de l’éducation masculine idéale, celui qui arrive à faire preuve de courage, de maîtrise de soi et d’une responsabilité sans faille sera – enfin – « un homme ».

Super-Donald contre Dark-UN!

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La plupart des journaux ont critiqué le ton agressif de l’allocution de Donald Trump, mardi 23 septembre, à l’ONU, dénonçant une rhétorique populiste et des attaques virulentes contre les instances supranationales, le changement climatique et les pays européens. Elisabeth Lévy n’est pas de cet avis. Nous vous proposons de l’écouter.


Le discours de Donald Trump à l’ONU a secoué les chancelleries. Et plus encore les médias convenables qui ont trouvé de quoi nourrir leur détestation. Moi, je n’ai pas du tout été gênée par sa leçon aux Européens sur l’immigration incontrôlée, « question politique numéro un de notre époque ». C’est ce que pense la plus grande partie de la population. « Vos pays sont en train d’être détruits et vous ne faites rien » a-t-il dit. La maison craque et vous regardez ailleurs… Il a raison. Et il est visionnaire quand il dit que l’avenir appartient aux patriotes et pas aux mondialistes.

Pied de nez à la doxa multilatéraliste

Une grande partie de ses critiques de l’ONU devenue le bureau politique du Sud global sont justifiées. Je pourrais même adhérer à sa dénonciation de la religion climatique et des décisions absurdes qu’elle nous impose, comme tuer l’industrie automobile européenne. Le problème, c’est que ces propos raisonnables voire stimulants de mon point de vue sont contaminés par le reste. Quand l’homme le plus puissant du monde déclare que le réchauffement climatique est une escroquerie inventée par la gauche, c’est complotiste, c’est une négation pure et simple de la vérité. On peut discuter des origines et des réponses (on devrait pouvoir le faire, même), pas du phénomène.

Et puis, il y a le style de bateleur de Donald Trump, le mépris de ses adversaires et cette façon de parler de lui-même comme d’un super-héros. Quand on l’écoute, on se croirait par moments face au dirigeant d’un pays totalitaire. Il crache sur son prédécesseur Joe Biden pour expliquer que depuis que Super-Donald est là, tout a changé – c’est vraiment inélégant.

Trump a sifflé la fin de la récréation woke

C’est faux, et c’est un propos de campagne électorale. On se demande ce que cela venait faire devant l’Assemblée générale des Nations Unies. L’Amérique n’est évidemment pas passée de l’ombre à la lumière. Mais elle n’est pas non plus passée de la lumière à l’ombre : Donald Trump a réussi des choses. Sur l’économie, voyez avec Éric Revel ! Sur l’immigration, sa fermeté semble payer. Et puis, surtout, il a redonné de la voix et de l’espoir à une Amérique méprisée et ignorée par l’élite démocrate. Le wokisme était dominant dans les universités et influent dans le capitalisme; il était menaçant et réduisait ses adversaires au silence.

À relire: Panique dans le camp du bien: la tech passe à droite

Seulement, on ne voudrait pas que ça recommence dans l’autre sens et qu’une cancel culture de droite se substitue à la cancel culture de gauche.

Signes inquiétants

Après l’assassinat de Charlie Kirk, les MAGA ont traqué ceux qui ne communiaient pas voire ironisaient. Je n’approuve pas ces derniers, mais c’était pourtant bien leur droit, c’est la liberté d’expression. Puis est survenue la fameuse affaire Jimmy Kimmel, cet humoriste dont le late show a été suspendu par la chaîne ABC après qu’il eut accusé les MAGA d’exploiter la mort de Kirk. Il est finalement revenu à l’antenne après une mobilisation de célébrités indignées. Le bras de fer entre Trump et cet humoriste continue : Trump en fureur menace ABC d’un procès. Trump a été élu sur la défense de la liberté d’expression. Elle n’a aucun sens si elle ne bénéficie pas à ses détracteurs. On ne peut pas défendre le blasphème quand il vise Mahomet et l’interdire quand il s’attaque à Charlie Kirk.


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio

https://twitter.com/SudRadio/status/1971098132625711258

Retrouvez notre directrice dans la matinale de Patrick Roger

Matignon ou la théorie du bunker

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Sébastien Lecornu est enfermé dans son bureau.


Cela fait maintenant bientôt quinze jours que Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon. Non seulement on attend toujours la composition de son gouvernement, mais on constate également que le nouveau locataire des lieux (« le bail le plus précaire de Paris », disait Michel Rocard !) reste comme cloîtré dans son bureau.

Premiers jours au 57, rue de Varenne

Tout juste après sa nomination, Le Figaro et Paris Match révèlent que Sébastien Lecornu a rendu visite à l’ancien président Nicolas Sarkozy dans ses bureaux du 8ᵉ arrondissement de Paris, lequel lui a assuré son amitié et son soutien. En tant qu’anciens de l’UMP, cela paraissait logique ! Par la suite, le nouveau Premier ministre s’est rendu le samedi 13 septembre au matin dans un centre de santé de Mâcon (71). Il y a déclaré viser, pour 2027, 5 000 maisons conçues sur le modèle « France Services », proposant un guichet unique pour diverses démarches administratives. C’est une excellente initiative, mais manquant encore de moyens.

A lire aussi: Comment le «progressisme» peut désinformer et attiser les haines

Le même jour, dans un entretien accordé à la presse quotidienne régionale, M. Lecornu a annoncé une série de projets de réformes, notamment le renoncement à la suppression de deux jours fériés (mesure aussi impopulaire que symbolique) et la fin du SNU, jugé inutile. Puis, le 15 septembre, il a annoncé la fin des « avantages à vie » pour les anciens membres du gouvernement à partir du 1er janvier 2026. Là encore, on reste dans le registre du symbolique.

Taxe Zucman : tout le monde en parle

Attendu au tournant, mais toujours au calme dans ses bureaux, Sébastien Lecornu avance sur l’idée d’une contribution des plus riches à l’effort budgétaire. Mais, face à la réaction unanimement défavorable des patrons, ce ne sera évidemment pas la fameuse « taxe Zucman ». De leur côté, les syndicats maintiennent la pression avec des grèves qui se multiplient. Les Insoumis, les écologistes, les communistes et les socialistes, à peine sortis du bureau de Lecornu, ont annoncé qu’ils s’associeraient à un nouvel appel à la mobilisation le jeudi 2 octobre.

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L’équation est ténue pour le Premier ministre : cette taxation des « riches » doit se faire, c’est une évidence, mais elle ne doit pas handicaper les investissements ni les embauches, et ne pas concerner les entreprises dont la majorité de la valeur est boursière, comme les start-up telles que Mistral AI. On dit que, dans le secret de son bureau, Lecornu envisagerait également le retour d’un Impôt sur la fortune…

Calendrier serré

Le nouveau Premier ministre est probablement le plus discret depuis 1958. Mais peut-il réussir là où Michel Barnier et François Bayrou ont échoué ? Dans une France profondément marquée par la colère et l’envie de « renverser la table », et dans un paysage politique fragmenté comme jamais, sa mission principale — bâtir un budget pour 2026 capable d’échapper à la censure — semble hors de portée.

La tâche est ardue. Sans majorité à l’Assemblée nationale, sous la menace d’une censure immédiate du Rassemblement national et de La France insoumise (LFI), Sébastien Lecornu doit faire des concessions à la gauche sans perdre la droite, et inversement. Le temps lui est compté : contraint par le calendrier constitutionnel, il doit déposer au plus tard le 13 octobre le projet de loi de finances sur le bureau de l’Assemblée nationale. « En choisissant le vote de confiance, François Bayrou a rendu l’exercice plus périlleux pour son successeur », regrette Manuel Valls.

Pour œuvrer, tel Pompidou en 1968, M. Lecornu multiplie les concertations avec le monde politique et syndical. « Il écoute beaucoup et parle peu », d’après un élu parisien. Il sort peu, voire pas. Il téléphone beaucoup, envoie des e-mails et des SMS. Comme c’est un proche du président, il le consulte également régulièrement. « Il est à la manœuvre », confie un conseiller proche. De mémoire d’analyste, on n’a jamais observé un tel ascétisme dans l’exercice de la fonction. Cette fonction est tout sauf une sinécure : former un gouvernement tout en élaborant un budget, dans un contexte social tendu, est un défi bien plus grand que celui rencontré par ses prédécesseurs immédiats. Mais le Premier ministre est présenté comme opiniâtre et endurant.

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Rappelons que, selon le Larousse :

  • Bunker n.m. : Casemate servant de réduit fortifié ou d’abri.
  • Bunker n.m. : Obstacle artificiel (creux rempli de sable) d’un parcours de golf.

Le terme bunker, issu de l’anglais, désignait initialement un coffre ou une soute à charbon dans un navire ou un immeuble. Par la suite, il a désigné un abri pouvant être la cible d’obus ou de bombes, et servant à s’en protéger. Londres en avait, Berlin aussi. Matignon semble être devenu un peu cela depuis l’arrivée de son nouveau locataire. À un Bayrou qui parlait et communiquait souvent à tort et à travers, a succédé son exact contraire ! Le souci, c’est qu’un jour ou l’autre, il faut bien sortir du bunker. Un Premier ministre, a fortiori de crise, doit s’exposer. C’est la règle immuable, implacable même, de la Ve. Le général de Gaulle estimait que « le Premier ministre est là pour durer et endurer ». Sébastien Lecornu devra essayer de se contenter de la seconde partie de la phrase !

Sophia Chikirou la possédée

Dans ce portrait sévère, la députée de Paris LFI Sophia Chikirou est dépeinte comme une jolie poupée russe politique. Mutine et opaque à l’extérieur, mais remplie à craquer d’un bolchévisme prêt à vous sauter à la figure! (Avec M. Mélenchon pour assurer la sécurité). Si la France révolutionnaire se décide demain à organiser un nouveau «feu de joie» citoyen, elle compte jouer les premiers rôles…


On raconte les pires horreurs sur Sophia Chikirou. Son rapport à l’argent. Son autoritarisme. Son goût pour l’empoisonnement de quiconque travaillerait pour elle. Les casseroles que l’on entend tintinnabuler sur son passage. Elle fait un peu peur. Et puis, le chien de garde Mélenchon veille sur elle, quoi qu’il lui arrive. Propriété bolchévique, défense d’approcher ! On aimerait en savoir davantage, tout de même…
Qui est cette très proche conseillère ? Jolie, mutine, aussi habile qu’opaque, et, finalement, nous l’allons voir, dangereuse.

Heureux hasard

La pensée communiste est de nature fractale, ou autosimilaire : prise séparément, chaque partie, même infinitésimale, a exactement la même forme que le tout. Un heureux hasard veut que le meilleur moyen de comprendre ce qu’est une fractale soit d’imaginer des poupées russes: la plus petite est la parfaite reproduction de la plus grande, dimensions mises à part. Seules les couleurs varient. L’utilité de comparer l’idéologie communiste aux fractales est que cela nous permet d’étudier sa structure générale en concentrant notre regard sur un de leurs détails. Le micro peut ainsi nous livrer la définition du macro : étudié avec soin, un simple dazibao placardé en 1968 sur le mur d’une université chinoise nous livre l’essentiel des très volumineuses et fastidieuses œuvres complètes de Mao.
Mais revenons-en à Sophia Chikirou. Car justement, lors d’une rapide interview effectuée par Quotidien, elle nous a récemment gratifiés de quelques phrases permettant de saisir d’un coup, comme en un flash décisif, à la fois la nature du régime communiste chinois et l’âme de la conseillère du camarade Jean-Luc. Soyons tout ouïe, car si une partie de la presse française a relevé ce propos, et s’en est même parfois indignée, personne n’a eu la prudence de le disséquer sous un microscope.

La Chine, pas une dictature ?

« Je ne considère pas que la Chine est une dictature. La Chine est un système politique à parti… (Ici, elle hésite une seconde et se reprend bien vite.) D’ailleurs, il y a huit partis, donc ce n’est même pas un parti unique, mais un parti dominant, qui est le Parti Communiste Chinois. Il y a un système politique où il n’y a pas un seul homme qui dirige la Chine. La critique du Parti Communiste Chinois est impossible, mais après, vous pouvez critiquer des mesures qui sont prises, des propositions politiques qui sont faites. La liberté d’expression en Chine est aussi menacée que celle qu’on a en France. »
Que dit Sophia Chikirou ? Que la Chine n’est pas une dictature. On pourrait s’en tenir là, fermer le ban, éclater de rire ou partir en courant, tant l’assertion relève de la contre-vérité sans vergogne. Mais nous sommes ici d’emblée confrontés à du communisme pur et dur, et comme nous l’a démontré le XXème siècle, la dernière chose à faire est de prendre ce genre de matériau à la légère. Continuons donc.
Sophia Chikirou nous assène donc également que le système politique chinois serait multipartite. Huit partis, rien que ça ! On rappellera, si besoin est, que le Parti communiste compte plus de 100 millions de membres encartés, qu’il dirige d’une main de fer toute la société chinoise du sol au plafond – entreprises prétendument libres incluses -, que le système concentrationnaire local, tentaculaire, esclavagise jusqu’à la dernière goutte de sueur et de sang ses innombrables bagnards – dont il lui arrive plus qu’à son tour de vendre les organes sans leur assentiment – et, pour mémoire, que le même Parti a été l’organisateur du plus grand holocauste jamais vu (le Grand Bond en Avant, 50 millions de morts) et se garde bien d’en éprouver la moindre culpabilité. Et les sept autres partis, donc ? Le journaliste qui interroge Chikirou oublie de lui en demander les noms et les positionnements politiques. Quel dommage. Ces sept plaisanteries sont des pseudo-partis dont la seule utilité est de faire croire aux imbéciles que le PCC n’est pas seul maître à bord. Le PCC est « dominant », dit-elle. Oui, admettons, si l’on considère que la SS est « autoritaire »
Passons sur les deux sinistres galéjades selon lesquelles la Chine ne serait pas dirigée par un autocrate et, surtout, sur l’idée que, si l’on ne peut pas critiquer le Parti, on pourrait néanmoins critiquer ses décisions — au mieux, cela vaudra à la petite Sophia une fessée au tribunal de l’Histoire. Filons à l’essentiel : l’extraordinaire affirmation « La liberté d’expression en Chine est aussi menacée que celle que l’on a en France. » Relisez bien cette phrase et notez l’inversion complète de la logique. Il n’est même pas question d’affirmer que la liberté d’expression est aussi menacée en France, ce qui constituerait déjà un gigantesque mensonge, mais qu’elle l’est autant en Chine qu’en France, ce qui relève du crime contre l’évidence le plus féroce possible. On n’est plus confronté à une intox communiste basique, comparable au « bilan globalement positif » de feu Georges Marchais, mais à une monstruosité idéologique de toute première grandeur, qui déshonore définitivement quiconque la croit. Un gardien de camp nazi, qui avait pour coutume d’appeler chaque juif « chien », avait baptisé son chien « juif ». Là est l’aboutissement de toute idéologie : la signification du monde bascule cul-par-dessus tête et une nuit inexplicable tombe sur le langage.

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Déraison

Alors, pourquoi ? Pourquoi Chikirou outrepasse-t-elle toutes les limites du verbe politique pour s’aventurer ainsi dans le cloaque de l’absurde assumé ? Pourquoi nous dit-elle que la Chine du PCC est presque aussi antidémocratique que la France ? Par provocation ? Par cynisme tactique ? Par immoralisme décadent ? Non. Son cas nous semble plus grave que cela. Il ne relève pas des catégories partisanes traditionnelles. Il tient en un mot : possession.
Le communiste – ou ses cousins en totalitarisme, le nazi et l’islamiste – lorsqu’il se livre totalement au mal idéologique, est comparable aux esprits étudiés par la démonologie chrétienne, et rendus génialement romanesques par Dostoïevski dans son chef-d’œuvre, le bien-nommé Les Possédés. Symptômes de leur dérangement : la raison est complètement déréglée, toute empathie disparaît, une rage d’un genre nouveau surgit.
Sergueï Netchaïev, adolescent terroriste proche de Bakounine, décrit fièrement sa mentalité : « Le révolutionnaire est un homme condamné d’avance : il n’a ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments ni attachements, ni propriété, ni même de nom. Au fond de lui-même, non seulement en paroles mais en pratique, il a rompu tout lien avec l’ordre public et avec le monde civilisé, avec toute loi, toute convention et condition acceptée, ainsi qu’avec toute moralité. En ce qui concerne ce monde civilisé, il en est un ennemi implacable, et s’il continue à y vivre, ce n’est qu’afin de le détruire plus complètement. »
Voici notre Sophia. Une révolutionnaire, une vraie, exacte et profonde, complète. Une fractale du bolchévisme le plus aveugle, capable de vanter les charmes de la tyrannie chinoise, et de la préférer à notre médiocrité, et de le déclarer face caméra, et de ricaner si l’on s’interroge. « Vous êtes des morts », nous lance-t-elle en substance, comme le milicien de 1984. On a toujours tendance à croire que la nouvelle génération de communistes français, les Insoumis, est une cohorte d’imbéciles et de truqueurs. Loin s’en faut. Il y a parmi eux des hommes nouveaux bien plus désordonnés que de simples punks à chiens, et bien plus contagieux que les bobos lecteurs de Piketty. Structurés comme seuls les leaders révolutionnaires savent l’être. Ils sont les patients zéro de la pandémie à venir. L’islamimo-gauchisme en écharpe tels des maires de la guerre civile, le léninisme pour catéchisme, disposés à toutes les émeutes parce que l’incendie est leur rituel, ils ne te feront, cher lecteur, aucun cadeau, car leurs cerveaux ne fonctionnent pas comme le tien. Ils ne s’embarrassent pas de la crédibilité, pensent vraiment que Xi Jinping vaut mieux que Bruno Retailleau. Admets-le, au lieu de croire que le pire s’écrit au passé. Sophia Chikirou a quelque chose de parfait, la crise porte sa horde.
Un premier mai, à Paris, par curiosité, je me suis glissé dans un cortège de Lutte Ouvrière. J’ai discuté avec une porte-pancarte en me faisant passer pour un des leurs. Je lui ai demandé : « Et serais-tu prête à tuer des riches pour réussir la révolution ? » Elle m’a répondu : « Ils ne nous laisseront pas le choix. Ce sera eux ou nous. »
Cette brave fille inquiète était une fractale de la colère rouge qui monte dans le pays. Elle était la base dont Sophia Chikirou voudrait peut-être être le sommet. Trotskistes, staliniens, maoïstes, anarchistes, black-blocs, anticapitalistes antisémites, et tous leurs casseurs free-lance, néo-sans-culotte de toutes obédiences, attendent leur heure. Et si cette heure ne vient jamais, si Sophia Chikirou n’accède jamais aux commandes de notre pays en ruine, eh bien, l’on pourra dire qu’on l’a échappé belle.
« Je ne baisserai pas les yeux. Pour me les faire baisser, il faudra les crever. » Sophia Chikirou.

À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse

Giorgia Meloni parviendra-t-elle à transformer l’Italie en élève modèle de l’économie européenne ? Des chiffres encourageants le laissent penser. Mais la botte reste sous la menace des éventuels contrôles surprises appelés «agences de notation»  ou «instabilité politique».


Après trois ans au pouvoir, le gouvernement de Giorgia Meloni affiche des résultats économiques surprenants. La France traverse des changements gouvernementaux imprévisibles et une instabilité croissante, tandis que l’Allemagne s’enfonce dans une récession profonde. L’Italie, elle, se distingue par une trajectoire plus solide, envoyant des signaux positifs tant sur la stabilité politique que sur l’amélioration économique. Les mots d’ordre du gouvernement restent « stabilité », « rigueur » dans la gestion des finances publiques et « relance » de l’économie.

Des résultats économiques solides

En 2024, l’Italie s’impose comme l’exception européenne. Seul pays du G7 à afficher un excédent primaire (+9,6 milliards, 0,44 % du PIB), elle a réduit son déficit de 7,2 % à 3,4 % en un an, avec une nouvelle baisse attendue en 2025. Sur le plan du commerce extérieur, l’excédent commercial a bondi à 54,9 milliards d’euros. Hors énergie, il atteint un record de 104,5 milliards, tandis que les ventes hors UE culminent à 305,3 milliards, un niveau inédit depuis dix ans.

L’amélioration économique italienne résulte d’une combinaison de facteurs : un leadership politique pragmatique et innovant, la résilience et le dynamisme des entreprises italiennes, et l’élan structurel laissé par les politiques et réformes mises en œuvre sous Mario Draghi. Aucun de ces éléments ne peut être considéré isolément comme déterminant ; le succès provient de la synergie entre des politiques publiques efficaces et des initiatives entrepreneuriales concrètes.

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Ces améliorations se reflètent également sur le marché de l’emploi. En juillet 2025, le nombre de personnes en emploi a atteint environ 24,2 millions, avec une augmentation de 218 000 postes par rapport à juillet 2024 (+0,9 %) et 51 000 nouveaux emplois créés seulement au cours du trimestre mai-juillet 2025 (+0,2 %). Le taux d’emploi s’est établi à 62,8 % en juillet 2025, enregistrant une amélioration constante depuis le début du mandat de Mme Meloni.

L’instabilité politique : le talon d’Achille de l’Italie ?

Pendant longtemps, l’instabilité politique a pesé sur la crédibilité financière de l’Italie aux yeux des agences de notation. Cette vulnérabilité s’est traduite par une dégradation progressive du rating souverain italien : après plusieurs déclassements depuis les années 2000, l’Italie a atteint en 2014 le niveau BBB, soit le dernier échelon de l’«investment grade », confirmant en décembre 2021 ce statut fragile. Ce positionnement demeure un signal d’alerte permanent, rappelant que toute instabilité politique ou dérive budgétaire pourrait entraîner une nouvelle perte de crédibilité sur les marchés.

Toutefois, les récentes évaluations marquent un changement significatif : Fitch a récompensé l’Italie pour ses efforts de réduction du déficit et de maîtrise des dépenses publiques, saluant une trajectoire budgétaire plus solide et une confiance accrue des investisseurs. Les spreads souverains italiens ont ainsi atteint leur plus bas niveau depuis quinze ans, soutenus par une forte demande tant étrangère que nationale. Selon une grande banque d’investissement américaine, le déficit devrait tomber durablement sous la barre des 3% du PIB à partir de 2026. Cette reconnaissance souligne qu’une combinaison de discipline fiscale rigoureuse et de stabilité politique renforce la crédibilité de l’Italie sur les marchés internationaux, accroît la confiance des investisseurs et garantit la soutenabilité de la dette à moyen et long terme.

Les défis clés pour l’avenir du pays

Malgré les progrès économiques réalisés ces trois dernières années, les défis pour le gouvernement Meloni restent complexes et structurels. La fuite des jeunes talents à l’étranger, le décalage entre l’offre et la demande dans les secteurs innovants – non compensé ni par la main-d’œuvre italienne ni par l’immigration – et le persistant écart de productivité et de richesse entre le Nord et le Sud demeurent des enjeux cruciaux.

Le succès futur du pays dépendra de sa capacité à traiter ces inégalités par des politiques ciblées et des stratégies de développement équilibrées. Si les résultats obtenus d’ici la fin du mandat sont convaincants, une reconduction pourrait consolider la trajectoire de croissance et apporter une nette amélioration économique et sociale.

Il faut des contradicteurs: c’est dans l’intérêt médiatique…

À l’occasion de l’hommage à Charlie Kirk rendu en Amérique, très commenté chez nous, notre chroniqueur a regretté que le service public confonde pluralisme avec entre-soi, et débats avec récital d’indignations convenues.


La liberté d’expression de chacun est une source de pensées et de propos qu’on peut approuver, partiellement ou totalement, ou contester. Il ne me viendrait pas à l’idée de discuter ce droit fondamental. Au contraire, c’est parce que j’use de cette liberté dans sa plénitude, notamment sur les plateaux médiatiques, que je reconnais évidemment à quiconque la même faculté. On ne peut se plaindre, dès lors que la courtoisie de la forme est respectée, de voir l’autre s’engager sur des chemins que vous pratiquez vous-même. Ce n’est jamais la liberté qui pose un problème mais son abus ou parfois, quand elle prend un tour infiniment discutable, le fait qu’on ne lui oppose aucune contradiction. Rien de pire, à la télévision, que ces plateaux homogènes qui se félicitent d’être totalement accordés.

La haine

Comment ne pas songer à cette dérive quand, dans l’émission C Politique, animée par Thomas Snégaroff sur France 5[1], on a eu droit à une soirée peu ou prou consacrée à fustiger l’Amérique de Donald Trump et Donald Trump lui-même ?

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Le comble de la partialité médiatique, déguisée en fausse objectivité historique et sociologique, a été atteint lorsqu’il s’est agi de l’immense hommage collectif rendu à Charlie Kirk en présence du président des États-Unis. Après une présentation ironique du public présent par Thomas Snégaroff se demandant si c’était « du beau monde », Judith Perrignon est intervenue pour livrer une analyse selon laquelle le rassemblement pour honorer la mémoire du débatteur conservateur assassiné lui avait fait penser aux réunions américaines nazies des années 30. Cette comparaison est d’une totale absurdité, tant l’objet et les modalités de ce qui a rassemblé il y a peu l’Amérique conservatrice étaient à l’évidence aux antipodes de cette configuration du nazisme américain, sauf à vouloir, à toute force, complaire à une tonalité intellectuelle, politique et médiatique visant à assimiler Donald Trump à un nazi et l’Amérique l’ayant élu à un électorat sans morale et odieux.

Je suis sans doute naïf sur ce sujet mais je n’aurais jamais attendu de cette journaliste infiniment brillante, dans les portraits fins et remarquables qu’elle a publiés dans Le Monde, une telle approche aberrante et trompeuse.

D’autant plus que je sais par Geoffroy Lejeune, dont je n’ai jamais eu à suspecter la sincérité, que les cinq heures de cet hommage n’ont parlé que d’amour, au point que la veuve de la victime est allée jusqu’à déclarer qu’elle pardonnait à son assassin, la seule contradiction émanant évidemment de Donald Trump affirmant que lui  « détestait ses adversaires et qu’il ne voulait pas le meilleur pour eux », tel que c’est rapporté dans un bel article de Laure Mandeville[2].

D’un côté l’amour, et de l’autre, de la part de tous ceux qui crachaient et dégradaient ce rassemblement, la haine. Quoi de commun avec un quelconque nazisme ?

Le manque de pluralisme de France télévisions critiqué

La liberté d’expression de Judith Perrignon et de tous ceux qui participaient à cette émission, d’un même registre réprobateur, était naturellement entière, et comment ne pas s’en féliciter ? Le scandale ne résidait pas dans les analyses et les propos – la liberté charrie le pire et le meilleur – mais dans l’absence absolue de contradiction dans l’ensemble des séquences. On aurait pu attendre, espérer, une ou des voix dissonantes, discordantes, pour venir apporter un autre point de vue, un regard différent, des amendements souhaitables. Non, rien, le déroulement d’une implacable et constante partialité homogène. Comme si l’on cherchait à nous faire croire que cette mutilation du réel pouvait être la réalité tout entière et que nous en serions dupes. Et c’était sur France 5, chaîne de l’audiovisuel public payé par tous pour aboutir à une vision destinée à quelques-uns !

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Je me suis toujours passionné pour la liberté d’expression et, en démocratie, pour la contradiction et les débats antagonistes qu’elle implique, qu’elle doit inclure nécessairement.

Je me sens d’autant plus concerné que, sans me pousser du col, sur CNews je suis amené à me camper parfois en contradicteur, je l’espère utile, par exemple récemment, sur la reconnaissance de l’État palestinien. Au sortir de ces émissions, je reçois des tombereaux d’injures sur X, mais ils m’apparaissent comme la rançon de la liberté d’expression dont j’use et qui ne m’est jamais mégotée sur les plateaux de CNews et, sur un autre plan, à Sud Radio. On me permettra de conclure ainsi : oui, il est d’intérêt médiatique, pour ne pas dire public, qu’il y ait des contradicteurs dans l’audiovisuel public…


[1] https://www.france.tv/france-5/c-politique/saison-17/7500095-emission-du-dimanche-21-septembre-2025.html

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/laure-mandeville-quand-le-pardon-chretien-s-oppose-a-la-vengeance-trumpiste-20250922

Intégration: mot piégé

A l’ONU, les propos excessifs de Trump sur le changement climatique, «la plus grande arnaque jamais menée contre le monde», occultent un peu ses réflexions moins faciles à écarter sur l’immigration incontrôlée déferlant en Europe. S’adressant aux nations européennes, le président américain a affirmé: «il est temps de mettre fin à l’expérience ratée des frontières ouvertes. Vous devez y mettre fin dès maintenant (…) Vos pays vont droit en enfer!» Analyse.


Donald Trump vient de lancer un avertissement sans détour à l’Europe : en poursuivant une politique migratoire « délirante », le Vieux Continent court droit vers « l’enfer » et la « destruction de sa civilisation ». Le président américain, fidèle à son style brutal, met des mots simples sur une inquiétude que beaucoup d’Européens ressentent mais n’osent plus formuler. Car derrière l’idéologie de l’accueil illimité, ce sont nos nations qui vacillent. De la Suède à la France, de la Belgique à l’Allemagne, l’expérience démontre que loin de renforcer nos sociétés, l’immigration de masse a ouvert la voie à une sorte de ségrégation, à la criminalité et à la fragmentation culturelle. Le diagnostic est sévère : ce n’est pas l’intégration qui triomphe, mais la désintégration des peuples européens.

Les élites européennes ont cru pouvoir dissoudre les identités nationales dans un grand bain social et multiculturaliste. Mais la réalité, de Malmö à Molenbeek, de Londres à Paris, montre que l’immigration est devenue moins un défi qu’un instrument au service de la désintégration des peuples.

La générosité suédoise comme pari d’universalité

La Suède a longtemps fasciné l’Europe par son modèle social-démocrate, pensé comme la vitrine d’un humanisme appliqué. Dans ce pays qui semblait avoir dépassé les fractures de l’histoire, la conviction dominante était qu’il suffisait de redistribuer équitablement les richesses et de garantir le confort matériel pour que les tensions sociales disparaissent. L’État-providence, étendu à l’extrême, devait agir comme un dissolvant universel des conflits et des crispations identitaires.

C’est dans cet esprit que la Suède a ouvert largement ses portes aux réfugiés du Moyen-Orient, notamment Palestiniens. Les dirigeants suédois ont cru qu’en construisant des logements modernes, en offrant des écoles gratuites et bien dotées, des soins médicaux de haut niveau et des allocations généreuses, l’intégration adviendrait d’elle-même. Le Million Program, gigantesque plan de construction lancé dans les années 1970, traduisait cette ambition : il ne s’agissait pas de reléguer les nouveaux arrivants, mais de leur offrir le meilleur du progrès social-démocrate.

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Mieux encore : l’État a été jusqu’à effacer certains de ses propres repères culturels pour ne pas heurter les sensibilités des nouveaux venus. Symboles chrétiens retirés de certaines écoles, tolérance accrue pour le voile porté par des enfants, menus adaptés aux prescriptions religieuses : tout a été fait pour accueillir. Les contribuables suédois ont accepté une pression fiscale élevée au nom de cet universalisme. Peu de sociétés ont consenti un tel effort.

L’échec d’un modèle et l’illusion sociale

Or, malgré cette générosité sans équivalent, l’intégration n’a pas eu lieu. Non seulement elle a échoué, mais elle a produit son contraire : une auto-ségrégation volontaire. Loin de s’ouvrir à la culture du pays d’accueil, beaucoup de familles immigrées ont choisi de recréer leur univers d’origine. Les mariages sont restés assez largement endogames, les commerces communautaires ont prospéré, les écoles se sont peuplées d’élèves parlant majoritairement arabe à la maison. Même les familles qui n’étaient pas hostiles à la Suède se sont trouvées prises dans la logique du groupe, soumises à la solidarité clanique. On ne s’émancipe pas sans se couper de ses proches, et rares sont ceux qui ont osé franchir cette barrière.

Les conséquences sont aujourd’hui visibles. En vingt ans, les viols signalés ont augmenté de plus de 600%, parfois 700% selon les séries statistiques. Et les études criminologiques montrent une surreprésentation massive des hommes issus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord dans les crimes violents. La Suède, jadis considérée comme l’un des pays les plus sûrs du monde, figure désormais parmi ceux qui connaissent le plus de fusillades mortelles liées aux gangs ! Malmö, Göteborg, Stockholm ont vu se multiplier les règlements de comptes, les explosions, les assassinats commandités par des réseaux criminels.

Malmö, Suède, 17 avril 2022 © Johan Nilsson/AP/SIPA

Ce constat pulvérise un mythe commode, très répandu en France : celui qui veut que la violence des quartiers vienne avant tout de la relégation sociale, du chômage, de l’absence de moyens publics. C’est un discours confortable, mais démenti par l’expérience suédoise. Là-bas, tout a été donné. Logements modernes, écoles gratuites, soins universels, allocations généreuses : le modèle social-démocrate a offert le meilleur de lui-même. Si le social suffisait, la Suède serait un modèle d’intégration. Elle est devenue un modèle d’auto-ségrégation.

Un phénomène européen

La Suède n’est pas une exception. Elle est simplement le miroir grossissant de ce qui se joue dans d’autres pays européens.

En France, des milliards d’euros ont été engloutis depuis quarante ans dans la politique de la ville. Rénovation urbaine, subventions associatives, programmes de rattrapage éducatif : tout a été tenté. Mais cette dépense colossale s’est révélée un véritable tonneau des Danaïdes, incapable d’enrayer le séparatisme. La preuve est là: selon un sondage IFOP, 57% des jeunes musulmans de moins de 25 ans estiment que la charia est supérieure aux lois de la République. C’est dire que le problème n’est pas social mais culturel et politique, et qu’aucune politique de ravalement urbain ne pourra y répondre.

En Grande-Bretagne, le choix assumé du multiculturalisme a consacré le droit de chaque communauté à vivre selon ses normes. Le résultat est visible : quartiers pakistanais, bangladais ou somaliens où l’anglais recule, où la charia officieuse régit les mariages et les héritages. Mais surtout, le scandale des grooming gangs a révélé l’ampleur du désastre.

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Pendant plus de vingt ans, de jeunes filles britanniques ont été droguées, violées, prostituées par des réseaux de prédateurs composés majoritairement d’hommes pakistanais musulmans. À Rotherham, Rochdale, Oxford, Huddersfield, Newcastle, les autorités locales et la police ont fermé les yeux. Certaines familles qui voulaient porter plainte ont subi des pressions : on craignait qu’exposer ces crimes ne fasse « le jeu de l’extrême droite » et ne jette une mauvaise image sur l’immigration musulmane. Lors des procès, certains agresseurs l’ont dit sans détour : pour eux, les jeunes filles blanches « n’avaient aucune valeur », elles pouvaient être violées impunément.

Posons la question : aurait-on accepté plus de six mois que des adolescentes issues de l’immigration soient violées en masse ? Aurait-on toléré que des filles de quartiers bourgeois soient ainsi offertes à la barbarie ? Non. Mais parce qu’il s’agissait de jeunes filles prolétaires, d’ouvriers, blanches et sans pouvoir, on les a abandonnées. Le prix du multiculturalisme a été payé par les plus vulnérables.

La Belgique offre un tableau encore plus alarmant. Des quartiers de Bruxelles, de Charleroi, de Molenbeek fonctionnent comme des territoires d’extraterritorialité culturelle. C’est de ces enclaves qu’ont émergé plusieurs commandos terroristes, notamment ceux des attentats de 2015-2016 à Paris et Bruxelles. Là encore, les aides sociales sont abondantes, les logements modernes, mais l’État a renoncé à imposer son autorité. Le clientélisme politique a favorisé le séparatisme religieux et criminel.

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Molenbeek, 2015. Sipa. Numéro de reportage : SIPAUSA30138087_000003.

En Allemagne, l’accueil des travailleurs turcs dans les années 1960 puis celui des réfugiés syriens et afghans plus récemment a créé des poches de communautarisme turcophone et arabophone. Duisbourg, Neukölln à Berlin ou certaines villes de la Ruhr connaissent une criminalité endémique et des zones où l’État recule. Même un pays qui avait limité l’accès à la citoyenneté découvre qu’il a nourri, en son sein, des communautés étrangères à sa culture.

La flambée de l’antisémitisme

À ce constat s’ajoute un paradoxe cruel. Ces pays européens – la Suède, la France, la Belgique, l’Allemagne – ont souvent adopté une ligne diplomatique favorable à la cause palestinienne. Ils ont multiplié les aides financières, soutenu les résolutions de l’ONU contre Israël, critiqué publiquement la politique israélienne. Mais en retour, ils n’ont pas reçu la gratitude espérée. Au contraire, une partie non négligeable des populations issues de l’immigration moyen-orientale a développé une hostilité croissante envers ses pays d’accueil, accusés d’incarner l’Occident impie et arrogant.

Cette hostilité a pris dernièrement la forme d’une flambée de l’antisémitisme. Les attaques contre des synagogues, les insultes dans les écoles, les menaces contre des commerçants juifs sont devenues monnaie courante. À Malmö, à Bruxelles, à Paris ou à Berlin, la vie juive est désormais plus compliquée. Dans des pays qui se voulaient protecteurs des Palestiniens, la haine des Juifs s’est doublée d’une haine du pays hôte. L’Europe a cru acheter la paix en soutenant la cause palestinienne : elle a importé sur son sol les conflits et les haines du Moyen-Orient.

Un manifeste pour l’assimilation et la francisation

Ce que l’expérience suédoise met en lumière avec une force implacable, c’est que la redistribution matérielle ne suffit pas. Ce qui échoue aujourd’hui, ce n’est pas un modèle social, c’est un modèle de naïveté : celui qui a cru que l’universalisme abstrait pouvait effacer d’un trait les appartenances claniques, les réflexes religieux et les logiques identitaires.

Ce ne sont pas des entités désincarnées comme « l’Europe » qui doivent choisir, mais bien les nations, chacune avec son histoire, ses racines et ses lois. Or, depuis des décennies, leurs élites se sont souvent comportées comme si l’immigration pouvait servir de levier, voire de bélier, pour dissoudre les identités nationales et accélérer une construction européenne hors-sol. Au lieu de défendre la continuité des peuples, elles ont fait des citoyens des cobayes sociaux au nom d’un idéal abstrait.

C’est ainsi que s’est installée une forme de préférence diversitaire, où l’Autre avec un grand « A » a été sacralisé au détriment du citoyen concret, de chair et de sang. On a remplacé les droits de l’homme universels par une hiérarchie inversée où les droits de l’homme européen, enraciné dans son propre pays, pèsent moins que les droits proclamés des nouveaux venus.

Il faut donc le dire sans détour : l’intégration est un mot piégé, qui a produit la désintégration de nos nations. Ce n’est pas d’intégration dont nous avons besoin, mais d’assimilation. Et en France, cela a un nom plus clair encore : la francisation. C’est-à-dire l’adhésion sans réserve à notre langue, à nos mœurs, à nos lois, et à ce vouloir-vivre commun qui fait de nous un peuple.

Car au fond, la mécanique est limpide : le bloc élitaire a instrumentalisé le bloc diversitaire pour contenir, fragmenter et neutraliser le bloc populaire historique. Tant que cette logique perdurera, les nations européennes continueront de se dissoudre. Seule l’assimilation, assumée et ferme, peut briser ce cycle et restaurer l’unité nécessaire à toute civilisation durable.

Ne fais pas ton Français !: Itinéraire d'un bâtard de la République

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Podcast: La France reconnaît un Etat palestinien; Etats-Unis, l’hommage à Charlie Kirk

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Avec Céline Pina, Eliott Mamane et Jeremy Stubbs.


Emmanuel Macron annonce que la France reconnaît un Etat palestinien: pour Céline Pina, c’est légitimer et récompenser les atrocités du 7-octobre commises par le Hamas, qui n’a toujours pas rendu tous les otages pris ce jour-là.

Grande cérémonie d’hommage à la mémoire de Charlie Kirk, dimanche, à Glendale dans l’Arizona: sa mort va-t-elle aggraver les tensions qui divisent l’Amérique ou provoquer un sursaut en faveur du dialogue apaisé? L’analyse d’Eliott Mamane.

Moldavie: quand 2,5 millions d’habitants tiennent en haleine Moscou et Bruxelles

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Maia Sandu, présidente de la République depuis 2020, photographiée ici le 27 août à Chișinău © Kay Nietfeld/DPA/SIPA

Le parti de la présidente pro-intégration européenne et le Bloc Patriotique tourné vers la Russie sont à touche-touche dans les derniers sondages. Analyse des enjeux.


La Moldavie est un pays minuscule par la taille – à peine 2,5 millions d’habitants présents sur le territoire (beaucoup plus si l’on compte sa diaspora disséminée entre l’Italie, la Roumanie, la France ou l’Allemagne). Mais depuis quelques années, ce pays, coincé entre l’Ukraine et la Roumanie, est devenu un laboratoire à ciel ouvert des nouvelles formes de guerre hybride menées par Moscou.

Dimanche 28 septembre 2025, les Moldaves se rendent aux urnes pour élire les 101 députés de leur Parlement. Un scrutin banal ? Non. L’enjeu est immense : il s’agit de savoir si le pays restera arrimé au projet européen défendu par la présidente Maia Sandu et son Parti d’Action et de Solidarité (PAS), ou s’il basculera dans l’orbite russe par le biais d’une opposition pro-Moscou regroupée dans le Bloc Patriotique et ses alliés. Comme souvent en Europe centrale, les élections ne se jouent pas seulement sur des programmes économiques ou
sociaux : elles incarnent un choix de civilisation.

Une campagne sous haute tension

Les dernières semaines ont été marquées par une avalanche d’incidents inquiétants. En effet, des cyberattaques massives ont visé les institutions publiques, certaines étant attribuées à des groupes affiliés aux services russes. Parallèlement, des dizaines de suspects accusés de préparer des « actions violentes » destinées à troubler le scrutin ont été arrêtés. Dans ce contexte tendu, le Premier ministre Dorin Recean a porté des accusations directes, affirmant que Moscou ne cherche pas seulement à influencer l’élection, mais bien à « prendre le pouvoir » à travers elle. Enfin, les tensions se sont également manifestées sur le plan diplomatique : la Moldavie a refusé d’accréditer des observateurs russes, invoquant un risque de manipulation, tandis que Moscou a dénoncé une « violation des standards démocratiques ».

À quelques jours du vote, un sondage publié par l’institut CBS-AXA donnait le PAS à 30% des intentions de vote et le Bloc Patriotique à 28%. L’écart est infime, d’autant que près de 20 % des électeurs se déclarent encore indécis. Dans un système proportionnel, tout peut basculer.

La désinformation, arme de guerre

Ce qui frappe dans cette campagne, c’est l’ampleur des campagnes de désinformation. Rien de nouveau sous le soleil : dès 2014, lors de la crise ukrainienne, la Russie avait utilisé les réseaux sociaux et les médias « relais » pour semer la confusion. Mais en Moldavie, l’offensive est systématique, multiforme, et technologiquement avancée.

On retrouve :
– Des réseaux de bots et de faux comptes diffusant en boucle des messages hostiles au gouvernement.
– Des vidéos truquées à l’IA faisant parler Maia Sandu avec des phrases inventées.
– Des sites clonés de médias occidentaux, publiant de faux articles annonçant, par exemple, que l’Union européenne exigerait la fermeture des églises orthodoxes.
– Des prêtres proches du Patriarcat de Moscou martelant depuis la chaire des sermons où l’UE est assimilée à Sodome et Gomorrhe.

Le tout est amplifié par des chaînes de télé russophones captées légalement ou illégalement en Moldavie, qui déversent un flot constant de récits anxiogènes : « Si vous votez pro-européen, vous serez envoyés à la guerre », « Bruxelles vous privera de votre religion », « l’OTAN occupera votre pays ».

Une société fracturée

Pour comprendre l’efficacité de cette propagande, il faut examiner la société moldave elle-même. C’est un pays fragile, traversé par de multiples clivages. Sur le plan linguistique, une majorité roumanophone, parlant le moldave très proche du roumain, coexiste avec une minorité russophone, héritage de l’époque soviétique, concentrée notamment en Transnistrie et en Gagaouzie. À cela s’ajoute un clivage religieux: si 90 % de la population se revendique orthodoxe, une partie dépend du Patriarcat de Moscou, tandis que l’autre se rattache au Patriarcat de Roumanie. Les fractures sont également économiques : les villes et la diaspora soutiennent massivement l’Europe, alors que les zones rurales, pauvres et vieillissantes, se montrent plus réceptives aux sirènes russes.

Enfin, une réalité brutale pèse sur l’ensemble du pays : la Moldavie demeure l’État le plus pauvre d’Europe, avec un PIB par habitant d’environ 6 000 dollars, et la moitié des familles ne survit que grâce aux envois de fonds de la diaspora. Dans ce contexte, toute promesse de stabilité – fût-elle trompeuse – séduit.

Témoignages du terrain

Dans un village du nord, Maria, 67 ans, confiait au Monde1 : « Je ne comprends pas bien la politique. Tout ce que je vois, c’est que ma pension ne suffit pas. À la télévision russe, ils disent que l’Europe nous prendra tout et qu’avec la Russie, la vie sera moins chère. Je veux seulement vivre en paix. » À Chisinau, en revanche, Ana, 24 ans, étudiante, dit l’inverse : « La Russie, pour moi, c’est le passé, c’est la peur. J’ai envie de voyager, d’avoir des opportunités. Si on s’éloigne de l’Europe, je partirai à l’étranger. » Deux mondes coexistent dans le même pays, deux mémoires, deux horizons.

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En Moldavie, la Russie ne se contente pas de faire campagne : elle expérimente. Les laboratoires de l’influence moscovite testent ici toutes les formes modernes de manipulation :
– Bots automatisés capables de publier plusieurs millions de messages par jour.
– Vidéos truquées à l’IA où Maia Sandu appelle prétendument à envoyer les jeunes Moldaves mourir en Ukraine.
– Spoofing médiatique : de faux sites copient l’apparence de médias occidentaux.

L’objectif est double : affaiblir la confiance dans les institutions et démobiliser l’électeur pro-européen en le plongeant dans la confusion.

Les fragilités internes : un terreau fertile

La pauvreté chronique est l’alliée objective de Moscou. Dans un pays où la moitié des familles dépend des transferts de la diaspora, la promesse russe de « gaz pas cher » ou d’« ouverture des marchés » sonne comme une bouée de sauvetage. Autre plaie : la corruption endémique. Même si Maia Sandu incarne une volonté de rupture, la défiance reste immense. Moscou joue sur cette corde : « L’Europe vous parle de transparence, mais vos élites volent », répètent les relais pro-russes.

Identité et mémoire

Est-elle roumaine ? Moldave autonome ? Un pont entre l’Est et l’Ouest ? Les Russes exploitent ce flou. « Défendre la langue russe » ou « protéger la foi orthodoxe » sont autant de slogans qui résonnent.

Géopolitiquement, la Moldavie constitue un maillon stratégique. Elle représente d’abord un levier supplémentaire contre l’Ukraine à travers la Transnistrie, mais aussi une brèche potentielle dans le projet européen. Par ailleurs, elle envoie un signal aux Balkans en montrant que Moscou peut encore espérer retourner certains pays. À l’inverse, un succès électoral du parti de Mme Sandu constituerait une victoire symbolique majeure pour l’Occident.

La Moldavie apparaît comme un miroir grossissant de vulnérabilités européennes. On peut en effet établir plusieurs comparaisons : en Slovaquie, la victoire de Robert Fico en 2023 avait été précédée par une vague de deepfakes à caractère anti-européen ; en Bulgarie, l’instabilité chronique s’alimente à la fois de l’influence russe et de la corruption ; en France enfin, si des campagnes de désinformation ont bien été détectées, elles ont été largement amorties par la solidité des institutions.

Une lecture conservatrice: ordre, souveraineté, vérité

Pour un esprit conservateur, l’affaire moldave ne se réduit pas à une question géopolitique : elle touche aussi à des principes fondamentaux. L’ordre d’abord, car le mensonge engendre le chaos. La souveraineté ensuite, puisqu’une élection manipulée cesse d’être l’expression de la nation. Enfin, la vérité, sans laquelle la démocratie ne peut survivre. Dans cette perspective, Maia Sandu apparaît moins comme une simple technocrate européiste que comme une véritable résistante. Reste alors la question de l’après-28 septembre, qui ouvre trois scénarios possibles. Le premier serait une victoire claire du PAS, permettant la poursuite de la route vers l’Union européenne, mais au prix de réformes douloureuses. Le deuxième verrait le triomphe du Bloc Patriotique, marquant un retour à la dépendance russe. Le troisième, enfin, serait celui d’un résultat serré et contesté, débouchant sur le chaos, des troubles internes et une exploitation immédiate par Moscou. En définitive, ce scrutin s’impose comme un test pour l’Europe entière.

La Moldavie n’est pas une curiosité aux marges de l’Europe. Elle est un test grandeur nature. Si ce petit pays réussit à organiser une élection libre malgré l’assaut de la désinformation, ce sera un signe d’espoir. Si elle échoue, ce sera un précédent inquiétant.


  1. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/05/a-chisinau-en-moldavie-la-hantise-de-la-guerre_6124863_3210.html ↩︎

Douche froide pour le Duce

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Les Derniers jours de Mussolini, de Carlo Lizzani (1974) © Carlotta Films

La fin est connue : le dictateur pendu par les pieds, livré en pâture à la piétaille, avec sa maîtresse Clara Petacci, sur la Piazzale Loreto de Milan. Les Derniers jours de Mussolini élude ce dénouement abject : le film se conclut sur l’exécution du couple, fusillé devant la jolie grille en fer forgé de la villa Belmonte, riveraine du lac de Côme, le 28 avril 1945. Carlo Lizzani (1922-2013), cinéaste transalpin durablement porté sur la période fasciste – cf. La chronique des pauvres amants (1954), Traqués par la Gestapo (1961) et j’en passe – exhume en 1974 la page finale de la République de Salo, soit près de trente ans après la défaite, dans une Italie alors dominée par la Démocratie chrétienne, mais où le Parti communiste joue cyniquement les arbitres.

Fin de partie

Dans ce long métrage au casting cosmopolite, les stars étasuniennes se taillent la part du lion :  le grassouillet Rod Steiger (1925-2002), celui-là même qui quatre ans plus tôt jouait Napoléon dans Waterloo, de l’éminent soviétique Bondartchouk, y campe un Benito dont l’imitation de ses mimiques confine au burlesque, tandis que le légendaire Henri Fonda (1905-1982) revêt la pourpre cardinalice d’Alfredo Schuster, ce prélat qui tenta en vain de ménager au Duce une fin de partie moins dégradante que la fuite. Tout ce contexte est fort bien expliqué par le très érudit Jean-François Rauger, le directeur bien connu de la programmation à la Cinémathèque française, dans le passionnant entretien de 26 minutes proposé en supplément, sous le titre Noir Dessein.

A lire aussi: À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse

Fidèle à la réalité historique

Ponctué de flash-backs grevés d’images d’archives en noir et blanc pour mieux attester la portée documentaire du film, montrant aussi le puissant tribun au menton levé, par contraste à l’homme bouffi, mortifié, terrassé qui rumine pathétiquement l’amertume de sa gloire défunte, Les Derniers jours de Mussolini reste fidèle, en gros, à la réalité historique – l’insurrection de l’Italie du Nord, les tractations entre Alliés sur le sort du vaincu, le rôle de la Résistance, la cavale erratique vers la Suisse sous escorte SS, la capture par les partisans, alors que le chef des Chemises noires en pleine débandade est reconnu sous son déguisement de fantassin du Reich, la décision de l’exécuter prise par l’aile dure de la Résistance (les beaux yeux bleus de Franco Nero idéalisant à dessein l’inexpiable forfait de cette justice sommaire) non sans y ajouter cette touche romanesque qu’accuse la fidélité ardente et jalouse de l’amante Clara Petacci (Lisa Gastoni dans le rôle) jusque dans le martyre… Il revient au maestro Morricone de napper la triste épopée de la sauce orchestrale propre à parfaire l’édification cathartique.


Les Derniers jours de Mussolini. Film de Carlo Lizzani. Avec Rod Steiger, Franco Nero, Lisa Gastoni, Lino Capolicchio, Henri Fonda. Italie, 1974, noir et blanc et couleur.

Durée : 2h10
Supplément : Noir dessein. Entretien avec Jean-François Rauger. Durée : 26mn.
Bluray Carlotta (restauration 4K) disponible le 23 septembre

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Les hommes, ces indésirables

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Le chanteur Harry Styles pour son album Fine Line (2019) © Sony

Une offensive propagandiste sans précédent vise à déviriliser les hommes dès le plus jeune âge : ne sont-ils pas porteurs d’une « masculinité toxique » pour la société ? Partout en Occident, éducateurs, politiques, universitaires et militants prétendent les laver du péché originel qu’est leur naissance.


Quel modèle idéal de masculinité peut-on proposer aux jeunes ? Churchill, le chef de guerre ? Arnaud Beltrame, le gendarme qui se sacrifie ? Pelé, grand sportif et gentleman ? Que nenni ! Selon la directrice d’une école primaire londonienne, le meilleur modèle est Elliot Page, jusqu’en 2020 une actrice canadienne prénommée Ellen, devenue, après une double mastectomie, un homme trans. Silhouette filiforme, visage de pré-ado imberbe, l’exemple de Page montrerait, selon la pédagogue britannique, que la masculinité peut allier « douceur et courage » et aiderait à combattre les stéréotypes toxiques en promouvant « l’empathie, la gentillesse, l’expression des émotions, l’écoute de points de vue opposés ». Elle cite également le chanteur anglais au sexe ambigu, Harry Styles, typique d’une série de minets chétifs qui sont souvent présentés comme incarnant une masculinité « positive ». En France, la féministe Aline Laurent-Mayard a consacré tout un livre à son béguin pour l’acteur Timothée Chalamet qui, pour elle, ringardise la virilité. Autrement dit, l’homme idéal s’incarne désormais dans des figures efféminées, voire émasculées. Cette tentative de déviriliser le mâle n’est pas inédite. Ce qui est nouveau, c’est que cette offensive propagandiste gagne du terrain à une époque où l’environnement général n’a jamais été aussi peu propice au développement des garçons et des hommes.

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Dans le domaine de l’éducation, les garçons sont largement distancés par les filles à tous les niveaux. Les statistiques américaines sont représentatives d’une tendance générale en Occident. À la maternelle, les filles battent les garçons dans tous les tests. Après le lycée, 57 % des hommes vont à l’université, comparé à 54 % en 1960. Pour les femmes, c’est 66 %, comparé à 38 %. En France en 2018, 86 % des filles ont obtenu le bac, contre 76 % des garçons. Les femmes sont majoritaires à l’université dans tous les pays de l’OCDE. Certes, il y a eu une accélération chez les filles grâce au mouvement pour l’égalité, mais le cadre pédagogique n’est pas adapté à un grand nombre de garçons. Le retard de ces derniers commence à la maternelle où le programme est de plus en plus académique, avec un accent sur les progrès en lecture. Les petits garçons ont initialement plus de mal à se tenir en place et à se concentrer. Même plus tard, ils ont plus besoin d’apprendre par l’activité pratique que par l’apprentissage des connaissances abstraites. Seul domaine où les mâles conservent une avance : les maths. Tout au long du parcours scolaire, les garçons présentent nettement plus de problèmes disciplinaires que les filles.

Intelligence émotionnelle

Aujourd’hui, le marché de l’emploi offre moins d’opportunités à ce sexe qui favorise l’action et l’effort physique. La désindustrialisation en Occident, provoquée par la mondialisation et l’automatisation du travail, a éliminé nombre des emplois traditionnels des hommes. Beaucoup de ces derniers commencent la vie professionnelle sans perspectives et incapables de subvenir aux besoins d’une future famille. Ainsi, outre-Atlantique, plus de jeunes hommes que de jeunes femmes continuent à habiter chez leurs parents. 89 % des hommes ont un emploi ou en recherchent un, un déclin de 5 % par rapport à 1975. En revanche, la proportion des femmes est montée de 55 % à 78 %. L’écart des salaires se resserre, et si les hommes sont certes surreprésentés en haut de la pyramide, dans les conseils d’administration, ils le sont aussi en bas avec les emplois subalternes.

En matière de santé, 28 % des garçons entre 3 et 17 ans ont un problème comportemental ou émotionnel, comparé à 23 % des filles. Deux fois plus de garçons que de filles sont diagnostiqués pour autisme ou TDAH. Les hommes adultes développent plus de problèmes d’addiction et ils sont presque quatre fois plus nombreux que les femmes à se suicider. Une campagne d’endoctrinement menée par les organisations internationales et dans les médias cherche à les persuader qu’ils n’ont plus les qualités adaptées à la direction des entreprises ou des États. Désormais, grâce à leur intelligence émotionnelle, les femmes seraient plus qualifiées pour le leadership. La préférence des parents pour des garçons, qui a dominé tout autour de la planète pendant des siècles, est en déclin. Dans certains pays – le Japon, la Corée, la Scandinavie et les États-Unis – il y a même une préférence pour les filles. Il coûte plus cher d’adopter une fille plutôt qu’un garçon, et là où il est permis de choisir le sexe d’un bébé à naître par FIV, opter pour une fille coûte également plus cher. Certains commentateurs prétendent que la notion de « crise de la masculinité » est un mythe inventé par le patriarcat pour dénoncer les progrès du féminisme. Pourtant, les données sont claires : la crise est réelle.

Daisy Letourneur interviewée par le média Madmoizelle à l’occasion de la sortie de son livre On ne naît pas mec, juillet 2022. DR.

C’est dans ce contexte que les adversaires des mâles essaient de leur porter le coup de grâce en les persuadant que la masculinité elle-même est un péché originel. L’adjectif « toxique » est si souvent accolé au substantif que l’expression « masculinité toxique » est devenue une tautologie. Ce terme a été forgé il y a une trentaine d’années par des psychothérapeutes masculins pour distinguer entre une « bonne » virilité d’hommes mûrs et une « mauvaise » de jeunes écervelés. Vers 2015, il a été approprié par des féministes pour évoquer toutes les qualités des hommes considérées comme répréhensibles : tendance à la violence, volonté de domination, mépris des femmes, homophobie. Le premier problème ici, c’est que, avec ces mauvaises tendances, on jette aussi des qualités potentiellement positives : la compétitivité, la capacité à prendre des risques, le courage, la maîtrise de soi, le stoïcisme et l’esprit de décision. Le deuxième problème consiste à vouloir généraliser la notion à tous les hommes, et le troisième à en faire le fondement d’un projet pour les détoxifier. Il s’agit de démoraliser les hommes, en les culpabilisant, et de transformer les garçons, avant qu’ils grandissent, en clones des Chalamet et Page et autres gringalets à la mode.

Programme délétère

Ici, nous avons affaire à un véritable programme d’ingénierie sociale, par lequel éducateurs, politiques, universitaires et militants prétendent ouvrir, en quelque sorte, le capot du cerveau et reprogrammer l’être humain, sans considération aucune pour les bases physiologiques et évolutionnaires des différences entre les sexes. Car pour ces apprentis sorciers, la masculinité est une pure construction sociale. C’est le message d’un ensemble de recommandations de l’Association américaine de psychologie publiées en 2018. La rengaine est reprise par d’innombrables féministes contemporaines à prétentions quasi scientifiques, comme Daisy Letourneur dans son best-seller On ne naît pas mec (2022). De ce point de vue, il n’y a pas de biologie, il n’y a que des constructions artificielles dont le destin est d’être déconstruites. Personne ne voudrait nier les influences sociales dans le développement des sexes, ni faire de la biologie une fatalité, mais toute tentative pour changer nos comportements sans prendre en compte notre réalité biologique reste vouée à l’échec et destinée à augmenter la détresse de tous, hommes et femmes.

Pourtant, ce programme délétère est en marche. Outre-Manche, un tiers des écoles ont déjà organisé des cours sur la masculinité toxique. Un organisme comme Beyond Equality vend aux établissements des ateliers où les garçons sont invités à se défaire de « l’armure contraignante et encombrante » de la masculinité. Côté culpabilité, on répète aux hommes qu’ils sont responsables des guerres, du colonialisme, du capitalisme et du réchauffement climatique, sans parler du fait qu’ils accomplissent moins de tâches ménagères. Côté féminisation, on répète des expériences ratées de certaines écoles new-yorkaises des années 1970, consistant à obliger les garçons à jouer avec des poupées, pour qu’ils acquièrent une dimension plus nourricière, et les filles à faire de la menuiserie. Des organismes comme le Britannique Pinkstinks font pression sur les fabricants et les détaillants pour vendre de plus en plus de jouets qui ne sont pas destinés à un genre ou un autre (non-gender-specific). Le grand spécialiste américain des jouets, Mattel, a sorti une poupée « sans genre » pour Noël 2019. Toute une littérature pour enfants met en avant des héros masculins qui pleurent abondamment, parlent de leurs émotions, évitent les affrontements et fabriquent des fleurs en papier. Pour les grands, il y a des livres comme l’essai autobiographique de Ben Névert, sorti en 2021, dont le titre dit tout : Je ne suis pas viril. Encore un minet chétif, à qui le « carcan » de sa masculinité aurait fait autant de mal qu’aux femmes. Mais la plupart des femmes hétéros voudraient-elles d’une telle mauviette ?

Un premier terrain où le dénigrement de la masculinité se joue, c’est celui, traditionnel, des émotions. Les femmes exprimeraient les leurs à merveille et sympathiseraient parfaitement avec celles des autres personnes. Les hommes seraient incapables d’exprimer les leurs et se ficheraient royalement de celles des autres. En réalité, aucune étude scientifique ne prouve que les femmes aient vraiment plus d’empathie que les hommes, et si les hommes contiennent souvent leurs émotions – comme la colère –, c’est un avantage pour tout le monde.

A lire aussi: Jeunes hommes: tous tueurs nés, vraiment?

Toutefois, le front principal de la lutte contre la masculinité, c’est la sexualité. L’idée que tous les hommes sont des violeurs en puissance se débat depuis les années 1970, quand on l’a attribuée (à tort) aux féministes américaines, Marilyn French et Andrea Dworkin. Aujourd’hui, cette généralisation plus que hâtive a trouvé un nouveau souffle, en partie grâce à la publicité mondiale donnée à l’affaire Pelicot qui a vu une cinquantaine d’hommes dits « ordinaires » condamnés pour viol sur la personne d’une femme droguée à son insu. Selon la doxa féministe actuelle, toute tentative de prétendre que tous les hommes ne sont pas des violeurs (comme dans le hashtag #NotAllMen) est frappée de mauvaise foi. Pour une intransigeante comme Giulia Foïs, qui a publié un essai au titre ironique, « Pas tous les hommes quand même ! » (2025), refuser de généraliser la charge de viol, c’est négliger le côté systémique de ce crime, c’est nier que le viol soit rendu possible par une culture du viol, qui domine toute la société et est tacitement soutenue par tous les hommes. En ce cas, objectera-t-on, pourquoi la majorité des hommes ne passe-t-elle pas à l’acte ? Le problème, en réalité, est que cette idéologie est incapable de faire la distinction entre les individus. Pour elle, la masculinité est un bloc, qu’il faut traiter comme tel afin d’en purger la société. À l’appui de ce méga-amalgame, les contempteurs de la masculinité pointent l’importance apparente des communautés en ligne d’« incels » et la cote de popularité d’influenceurs masculinistes franchement misogynes, comme l’Anglo-Américain Andrew Tate, accusé aujourd’hui de viol et de trafic d’êtres humains. Mais ces phénomènes masculinistes sont plutôt des réactions au dénigrement de la masculinité.

On fait grand cas aussi de l’écart électoral entre les jeunes femmes, plutôt orientées à gauche, et les jeunes hommes, plutôt orientés à droite – le mâle vote mal. Il se peut bien que ces derniers, se comprenant instinctivement mieux que ne le font les idéologues féministes, soient pleinement conscients des remèdes aux débordements de la masculinité développés par ce qu’on appelle la civilisation. Tandis que les partisans de l’homme nouveau s’évertuent en vain à extirper les instincts des hommes, la civilisation – que ce soit par le sport, la chasse, la galanterie, le code du gentleman ou la morale – cherche à les canaliser. Selon le poème de Rudyard Kipling, If (« Si »), maintes fois traduit en français, autrefois considéré comme un résumé de l’éducation masculine idéale, celui qui arrive à faire preuve de courage, de maîtrise de soi et d’une responsabilité sans faille sera – enfin – « un homme ».

Super-Donald contre Dark-UN!

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Open AI / Causeur.

La plupart des journaux ont critiqué le ton agressif de l’allocution de Donald Trump, mardi 23 septembre, à l’ONU, dénonçant une rhétorique populiste et des attaques virulentes contre les instances supranationales, le changement climatique et les pays européens. Elisabeth Lévy n’est pas de cet avis. Nous vous proposons de l’écouter.


Le discours de Donald Trump à l’ONU a secoué les chancelleries. Et plus encore les médias convenables qui ont trouvé de quoi nourrir leur détestation. Moi, je n’ai pas du tout été gênée par sa leçon aux Européens sur l’immigration incontrôlée, « question politique numéro un de notre époque ». C’est ce que pense la plus grande partie de la population. « Vos pays sont en train d’être détruits et vous ne faites rien » a-t-il dit. La maison craque et vous regardez ailleurs… Il a raison. Et il est visionnaire quand il dit que l’avenir appartient aux patriotes et pas aux mondialistes.

Pied de nez à la doxa multilatéraliste

Une grande partie de ses critiques de l’ONU devenue le bureau politique du Sud global sont justifiées. Je pourrais même adhérer à sa dénonciation de la religion climatique et des décisions absurdes qu’elle nous impose, comme tuer l’industrie automobile européenne. Le problème, c’est que ces propos raisonnables voire stimulants de mon point de vue sont contaminés par le reste. Quand l’homme le plus puissant du monde déclare que le réchauffement climatique est une escroquerie inventée par la gauche, c’est complotiste, c’est une négation pure et simple de la vérité. On peut discuter des origines et des réponses (on devrait pouvoir le faire, même), pas du phénomène.

Et puis, il y a le style de bateleur de Donald Trump, le mépris de ses adversaires et cette façon de parler de lui-même comme d’un super-héros. Quand on l’écoute, on se croirait par moments face au dirigeant d’un pays totalitaire. Il crache sur son prédécesseur Joe Biden pour expliquer que depuis que Super-Donald est là, tout a changé – c’est vraiment inélégant.

Trump a sifflé la fin de la récréation woke

C’est faux, et c’est un propos de campagne électorale. On se demande ce que cela venait faire devant l’Assemblée générale des Nations Unies. L’Amérique n’est évidemment pas passée de l’ombre à la lumière. Mais elle n’est pas non plus passée de la lumière à l’ombre : Donald Trump a réussi des choses. Sur l’économie, voyez avec Éric Revel ! Sur l’immigration, sa fermeté semble payer. Et puis, surtout, il a redonné de la voix et de l’espoir à une Amérique méprisée et ignorée par l’élite démocrate. Le wokisme était dominant dans les universités et influent dans le capitalisme; il était menaçant et réduisait ses adversaires au silence.

À relire: Panique dans le camp du bien: la tech passe à droite

Seulement, on ne voudrait pas que ça recommence dans l’autre sens et qu’une cancel culture de droite se substitue à la cancel culture de gauche.

Signes inquiétants

Après l’assassinat de Charlie Kirk, les MAGA ont traqué ceux qui ne communiaient pas voire ironisaient. Je n’approuve pas ces derniers, mais c’était pourtant bien leur droit, c’est la liberté d’expression. Puis est survenue la fameuse affaire Jimmy Kimmel, cet humoriste dont le late show a été suspendu par la chaîne ABC après qu’il eut accusé les MAGA d’exploiter la mort de Kirk. Il est finalement revenu à l’antenne après une mobilisation de célébrités indignées. Le bras de fer entre Trump et cet humoriste continue : Trump en fureur menace ABC d’un procès. Trump a été élu sur la défense de la liberté d’expression. Elle n’a aucun sens si elle ne bénéficie pas à ses détracteurs. On ne peut pas défendre le blasphème quand il vise Mahomet et l’interdire quand il s’attaque à Charlie Kirk.


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio

https://twitter.com/SudRadio/status/1971098132625711258

Retrouvez notre directrice dans la matinale de Patrick Roger

Matignon ou la théorie du bunker

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Le Premier ministre de la France Sébastien Lecornu, image d'archive © CHINE NOUVELLE/SIPA

Sébastien Lecornu est enfermé dans son bureau.


Cela fait maintenant bientôt quinze jours que Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon. Non seulement on attend toujours la composition de son gouvernement, mais on constate également que le nouveau locataire des lieux (« le bail le plus précaire de Paris », disait Michel Rocard !) reste comme cloîtré dans son bureau.

Premiers jours au 57, rue de Varenne

Tout juste après sa nomination, Le Figaro et Paris Match révèlent que Sébastien Lecornu a rendu visite à l’ancien président Nicolas Sarkozy dans ses bureaux du 8ᵉ arrondissement de Paris, lequel lui a assuré son amitié et son soutien. En tant qu’anciens de l’UMP, cela paraissait logique ! Par la suite, le nouveau Premier ministre s’est rendu le samedi 13 septembre au matin dans un centre de santé de Mâcon (71). Il y a déclaré viser, pour 2027, 5 000 maisons conçues sur le modèle « France Services », proposant un guichet unique pour diverses démarches administratives. C’est une excellente initiative, mais manquant encore de moyens.

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Le même jour, dans un entretien accordé à la presse quotidienne régionale, M. Lecornu a annoncé une série de projets de réformes, notamment le renoncement à la suppression de deux jours fériés (mesure aussi impopulaire que symbolique) et la fin du SNU, jugé inutile. Puis, le 15 septembre, il a annoncé la fin des « avantages à vie » pour les anciens membres du gouvernement à partir du 1er janvier 2026. Là encore, on reste dans le registre du symbolique.

Taxe Zucman : tout le monde en parle

Attendu au tournant, mais toujours au calme dans ses bureaux, Sébastien Lecornu avance sur l’idée d’une contribution des plus riches à l’effort budgétaire. Mais, face à la réaction unanimement défavorable des patrons, ce ne sera évidemment pas la fameuse « taxe Zucman ». De leur côté, les syndicats maintiennent la pression avec des grèves qui se multiplient. Les Insoumis, les écologistes, les communistes et les socialistes, à peine sortis du bureau de Lecornu, ont annoncé qu’ils s’associeraient à un nouvel appel à la mobilisation le jeudi 2 octobre.

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L’équation est ténue pour le Premier ministre : cette taxation des « riches » doit se faire, c’est une évidence, mais elle ne doit pas handicaper les investissements ni les embauches, et ne pas concerner les entreprises dont la majorité de la valeur est boursière, comme les start-up telles que Mistral AI. On dit que, dans le secret de son bureau, Lecornu envisagerait également le retour d’un Impôt sur la fortune…

Calendrier serré

Le nouveau Premier ministre est probablement le plus discret depuis 1958. Mais peut-il réussir là où Michel Barnier et François Bayrou ont échoué ? Dans une France profondément marquée par la colère et l’envie de « renverser la table », et dans un paysage politique fragmenté comme jamais, sa mission principale — bâtir un budget pour 2026 capable d’échapper à la censure — semble hors de portée.

La tâche est ardue. Sans majorité à l’Assemblée nationale, sous la menace d’une censure immédiate du Rassemblement national et de La France insoumise (LFI), Sébastien Lecornu doit faire des concessions à la gauche sans perdre la droite, et inversement. Le temps lui est compté : contraint par le calendrier constitutionnel, il doit déposer au plus tard le 13 octobre le projet de loi de finances sur le bureau de l’Assemblée nationale. « En choisissant le vote de confiance, François Bayrou a rendu l’exercice plus périlleux pour son successeur », regrette Manuel Valls.

Pour œuvrer, tel Pompidou en 1968, M. Lecornu multiplie les concertations avec le monde politique et syndical. « Il écoute beaucoup et parle peu », d’après un élu parisien. Il sort peu, voire pas. Il téléphone beaucoup, envoie des e-mails et des SMS. Comme c’est un proche du président, il le consulte également régulièrement. « Il est à la manœuvre », confie un conseiller proche. De mémoire d’analyste, on n’a jamais observé un tel ascétisme dans l’exercice de la fonction. Cette fonction est tout sauf une sinécure : former un gouvernement tout en élaborant un budget, dans un contexte social tendu, est un défi bien plus grand que celui rencontré par ses prédécesseurs immédiats. Mais le Premier ministre est présenté comme opiniâtre et endurant.

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Rappelons que, selon le Larousse :

  • Bunker n.m. : Casemate servant de réduit fortifié ou d’abri.
  • Bunker n.m. : Obstacle artificiel (creux rempli de sable) d’un parcours de golf.

Le terme bunker, issu de l’anglais, désignait initialement un coffre ou une soute à charbon dans un navire ou un immeuble. Par la suite, il a désigné un abri pouvant être la cible d’obus ou de bombes, et servant à s’en protéger. Londres en avait, Berlin aussi. Matignon semble être devenu un peu cela depuis l’arrivée de son nouveau locataire. À un Bayrou qui parlait et communiquait souvent à tort et à travers, a succédé son exact contraire ! Le souci, c’est qu’un jour ou l’autre, il faut bien sortir du bunker. Un Premier ministre, a fortiori de crise, doit s’exposer. C’est la règle immuable, implacable même, de la Ve. Le général de Gaulle estimait que « le Premier ministre est là pour durer et endurer ». Sébastien Lecornu devra essayer de se contenter de la seconde partie de la phrase !

Sophia Chikirou la possédée

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© Stephane Lemouton/SIPA

Dans ce portrait sévère, la députée de Paris LFI Sophia Chikirou est dépeinte comme une jolie poupée russe politique. Mutine et opaque à l’extérieur, mais remplie à craquer d’un bolchévisme prêt à vous sauter à la figure! (Avec M. Mélenchon pour assurer la sécurité). Si la France révolutionnaire se décide demain à organiser un nouveau «feu de joie» citoyen, elle compte jouer les premiers rôles…


On raconte les pires horreurs sur Sophia Chikirou. Son rapport à l’argent. Son autoritarisme. Son goût pour l’empoisonnement de quiconque travaillerait pour elle. Les casseroles que l’on entend tintinnabuler sur son passage. Elle fait un peu peur. Et puis, le chien de garde Mélenchon veille sur elle, quoi qu’il lui arrive. Propriété bolchévique, défense d’approcher ! On aimerait en savoir davantage, tout de même…
Qui est cette très proche conseillère ? Jolie, mutine, aussi habile qu’opaque, et, finalement, nous l’allons voir, dangereuse.

Heureux hasard

La pensée communiste est de nature fractale, ou autosimilaire : prise séparément, chaque partie, même infinitésimale, a exactement la même forme que le tout. Un heureux hasard veut que le meilleur moyen de comprendre ce qu’est une fractale soit d’imaginer des poupées russes: la plus petite est la parfaite reproduction de la plus grande, dimensions mises à part. Seules les couleurs varient. L’utilité de comparer l’idéologie communiste aux fractales est que cela nous permet d’étudier sa structure générale en concentrant notre regard sur un de leurs détails. Le micro peut ainsi nous livrer la définition du macro : étudié avec soin, un simple dazibao placardé en 1968 sur le mur d’une université chinoise nous livre l’essentiel des très volumineuses et fastidieuses œuvres complètes de Mao.
Mais revenons-en à Sophia Chikirou. Car justement, lors d’une rapide interview effectuée par Quotidien, elle nous a récemment gratifiés de quelques phrases permettant de saisir d’un coup, comme en un flash décisif, à la fois la nature du régime communiste chinois et l’âme de la conseillère du camarade Jean-Luc. Soyons tout ouïe, car si une partie de la presse française a relevé ce propos, et s’en est même parfois indignée, personne n’a eu la prudence de le disséquer sous un microscope.

La Chine, pas une dictature ?

« Je ne considère pas que la Chine est une dictature. La Chine est un système politique à parti… (Ici, elle hésite une seconde et se reprend bien vite.) D’ailleurs, il y a huit partis, donc ce n’est même pas un parti unique, mais un parti dominant, qui est le Parti Communiste Chinois. Il y a un système politique où il n’y a pas un seul homme qui dirige la Chine. La critique du Parti Communiste Chinois est impossible, mais après, vous pouvez critiquer des mesures qui sont prises, des propositions politiques qui sont faites. La liberté d’expression en Chine est aussi menacée que celle qu’on a en France. »
Que dit Sophia Chikirou ? Que la Chine n’est pas une dictature. On pourrait s’en tenir là, fermer le ban, éclater de rire ou partir en courant, tant l’assertion relève de la contre-vérité sans vergogne. Mais nous sommes ici d’emblée confrontés à du communisme pur et dur, et comme nous l’a démontré le XXème siècle, la dernière chose à faire est de prendre ce genre de matériau à la légère. Continuons donc.
Sophia Chikirou nous assène donc également que le système politique chinois serait multipartite. Huit partis, rien que ça ! On rappellera, si besoin est, que le Parti communiste compte plus de 100 millions de membres encartés, qu’il dirige d’une main de fer toute la société chinoise du sol au plafond – entreprises prétendument libres incluses -, que le système concentrationnaire local, tentaculaire, esclavagise jusqu’à la dernière goutte de sueur et de sang ses innombrables bagnards – dont il lui arrive plus qu’à son tour de vendre les organes sans leur assentiment – et, pour mémoire, que le même Parti a été l’organisateur du plus grand holocauste jamais vu (le Grand Bond en Avant, 50 millions de morts) et se garde bien d’en éprouver la moindre culpabilité. Et les sept autres partis, donc ? Le journaliste qui interroge Chikirou oublie de lui en demander les noms et les positionnements politiques. Quel dommage. Ces sept plaisanteries sont des pseudo-partis dont la seule utilité est de faire croire aux imbéciles que le PCC n’est pas seul maître à bord. Le PCC est « dominant », dit-elle. Oui, admettons, si l’on considère que la SS est « autoritaire »
Passons sur les deux sinistres galéjades selon lesquelles la Chine ne serait pas dirigée par un autocrate et, surtout, sur l’idée que, si l’on ne peut pas critiquer le Parti, on pourrait néanmoins critiquer ses décisions — au mieux, cela vaudra à la petite Sophia une fessée au tribunal de l’Histoire. Filons à l’essentiel : l’extraordinaire affirmation « La liberté d’expression en Chine est aussi menacée que celle que l’on a en France. » Relisez bien cette phrase et notez l’inversion complète de la logique. Il n’est même pas question d’affirmer que la liberté d’expression est aussi menacée en France, ce qui constituerait déjà un gigantesque mensonge, mais qu’elle l’est autant en Chine qu’en France, ce qui relève du crime contre l’évidence le plus féroce possible. On n’est plus confronté à une intox communiste basique, comparable au « bilan globalement positif » de feu Georges Marchais, mais à une monstruosité idéologique de toute première grandeur, qui déshonore définitivement quiconque la croit. Un gardien de camp nazi, qui avait pour coutume d’appeler chaque juif « chien », avait baptisé son chien « juif ». Là est l’aboutissement de toute idéologie : la signification du monde bascule cul-par-dessus tête et une nuit inexplicable tombe sur le langage.

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Déraison

Alors, pourquoi ? Pourquoi Chikirou outrepasse-t-elle toutes les limites du verbe politique pour s’aventurer ainsi dans le cloaque de l’absurde assumé ? Pourquoi nous dit-elle que la Chine du PCC est presque aussi antidémocratique que la France ? Par provocation ? Par cynisme tactique ? Par immoralisme décadent ? Non. Son cas nous semble plus grave que cela. Il ne relève pas des catégories partisanes traditionnelles. Il tient en un mot : possession.
Le communiste – ou ses cousins en totalitarisme, le nazi et l’islamiste – lorsqu’il se livre totalement au mal idéologique, est comparable aux esprits étudiés par la démonologie chrétienne, et rendus génialement romanesques par Dostoïevski dans son chef-d’œuvre, le bien-nommé Les Possédés. Symptômes de leur dérangement : la raison est complètement déréglée, toute empathie disparaît, une rage d’un genre nouveau surgit.
Sergueï Netchaïev, adolescent terroriste proche de Bakounine, décrit fièrement sa mentalité : « Le révolutionnaire est un homme condamné d’avance : il n’a ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments ni attachements, ni propriété, ni même de nom. Au fond de lui-même, non seulement en paroles mais en pratique, il a rompu tout lien avec l’ordre public et avec le monde civilisé, avec toute loi, toute convention et condition acceptée, ainsi qu’avec toute moralité. En ce qui concerne ce monde civilisé, il en est un ennemi implacable, et s’il continue à y vivre, ce n’est qu’afin de le détruire plus complètement. »
Voici notre Sophia. Une révolutionnaire, une vraie, exacte et profonde, complète. Une fractale du bolchévisme le plus aveugle, capable de vanter les charmes de la tyrannie chinoise, et de la préférer à notre médiocrité, et de le déclarer face caméra, et de ricaner si l’on s’interroge. « Vous êtes des morts », nous lance-t-elle en substance, comme le milicien de 1984. On a toujours tendance à croire que la nouvelle génération de communistes français, les Insoumis, est une cohorte d’imbéciles et de truqueurs. Loin s’en faut. Il y a parmi eux des hommes nouveaux bien plus désordonnés que de simples punks à chiens, et bien plus contagieux que les bobos lecteurs de Piketty. Structurés comme seuls les leaders révolutionnaires savent l’être. Ils sont les patients zéro de la pandémie à venir. L’islamimo-gauchisme en écharpe tels des maires de la guerre civile, le léninisme pour catéchisme, disposés à toutes les émeutes parce que l’incendie est leur rituel, ils ne te feront, cher lecteur, aucun cadeau, car leurs cerveaux ne fonctionnent pas comme le tien. Ils ne s’embarrassent pas de la crédibilité, pensent vraiment que Xi Jinping vaut mieux que Bruno Retailleau. Admets-le, au lieu de croire que le pire s’écrit au passé. Sophia Chikirou a quelque chose de parfait, la crise porte sa horde.
Un premier mai, à Paris, par curiosité, je me suis glissé dans un cortège de Lutte Ouvrière. J’ai discuté avec une porte-pancarte en me faisant passer pour un des leurs. Je lui ai demandé : « Et serais-tu prête à tuer des riches pour réussir la révolution ? » Elle m’a répondu : « Ils ne nous laisseront pas le choix. Ce sera eux ou nous. »
Cette brave fille inquiète était une fractale de la colère rouge qui monte dans le pays. Elle était la base dont Sophia Chikirou voudrait peut-être être le sommet. Trotskistes, staliniens, maoïstes, anarchistes, black-blocs, anticapitalistes antisémites, et tous leurs casseurs free-lance, néo-sans-culotte de toutes obédiences, attendent leur heure. Et si cette heure ne vient jamais, si Sophia Chikirou n’accède jamais aux commandes de notre pays en ruine, eh bien, l’on pourra dire qu’on l’a échappé belle.
« Je ne baisserai pas les yeux. Pour me les faire baisser, il faudra les crever. » Sophia Chikirou.

À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse

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Rome, 4 septembre 2025 © Filippo Attili/Palazzo Chigi/AP/SIPA

Giorgia Meloni parviendra-t-elle à transformer l’Italie en élève modèle de l’économie européenne ? Des chiffres encourageants le laissent penser. Mais la botte reste sous la menace des éventuels contrôles surprises appelés «agences de notation»  ou «instabilité politique».


Après trois ans au pouvoir, le gouvernement de Giorgia Meloni affiche des résultats économiques surprenants. La France traverse des changements gouvernementaux imprévisibles et une instabilité croissante, tandis que l’Allemagne s’enfonce dans une récession profonde. L’Italie, elle, se distingue par une trajectoire plus solide, envoyant des signaux positifs tant sur la stabilité politique que sur l’amélioration économique. Les mots d’ordre du gouvernement restent « stabilité », « rigueur » dans la gestion des finances publiques et « relance » de l’économie.

Des résultats économiques solides

En 2024, l’Italie s’impose comme l’exception européenne. Seul pays du G7 à afficher un excédent primaire (+9,6 milliards, 0,44 % du PIB), elle a réduit son déficit de 7,2 % à 3,4 % en un an, avec une nouvelle baisse attendue en 2025. Sur le plan du commerce extérieur, l’excédent commercial a bondi à 54,9 milliards d’euros. Hors énergie, il atteint un record de 104,5 milliards, tandis que les ventes hors UE culminent à 305,3 milliards, un niveau inédit depuis dix ans.

L’amélioration économique italienne résulte d’une combinaison de facteurs : un leadership politique pragmatique et innovant, la résilience et le dynamisme des entreprises italiennes, et l’élan structurel laissé par les politiques et réformes mises en œuvre sous Mario Draghi. Aucun de ces éléments ne peut être considéré isolément comme déterminant ; le succès provient de la synergie entre des politiques publiques efficaces et des initiatives entrepreneuriales concrètes.

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Ces améliorations se reflètent également sur le marché de l’emploi. En juillet 2025, le nombre de personnes en emploi a atteint environ 24,2 millions, avec une augmentation de 218 000 postes par rapport à juillet 2024 (+0,9 %) et 51 000 nouveaux emplois créés seulement au cours du trimestre mai-juillet 2025 (+0,2 %). Le taux d’emploi s’est établi à 62,8 % en juillet 2025, enregistrant une amélioration constante depuis le début du mandat de Mme Meloni.

L’instabilité politique : le talon d’Achille de l’Italie ?

Pendant longtemps, l’instabilité politique a pesé sur la crédibilité financière de l’Italie aux yeux des agences de notation. Cette vulnérabilité s’est traduite par une dégradation progressive du rating souverain italien : après plusieurs déclassements depuis les années 2000, l’Italie a atteint en 2014 le niveau BBB, soit le dernier échelon de l’«investment grade », confirmant en décembre 2021 ce statut fragile. Ce positionnement demeure un signal d’alerte permanent, rappelant que toute instabilité politique ou dérive budgétaire pourrait entraîner une nouvelle perte de crédibilité sur les marchés.

Toutefois, les récentes évaluations marquent un changement significatif : Fitch a récompensé l’Italie pour ses efforts de réduction du déficit et de maîtrise des dépenses publiques, saluant une trajectoire budgétaire plus solide et une confiance accrue des investisseurs. Les spreads souverains italiens ont ainsi atteint leur plus bas niveau depuis quinze ans, soutenus par une forte demande tant étrangère que nationale. Selon une grande banque d’investissement américaine, le déficit devrait tomber durablement sous la barre des 3% du PIB à partir de 2026. Cette reconnaissance souligne qu’une combinaison de discipline fiscale rigoureuse et de stabilité politique renforce la crédibilité de l’Italie sur les marchés internationaux, accroît la confiance des investisseurs et garantit la soutenabilité de la dette à moyen et long terme.

Les défis clés pour l’avenir du pays

Malgré les progrès économiques réalisés ces trois dernières années, les défis pour le gouvernement Meloni restent complexes et structurels. La fuite des jeunes talents à l’étranger, le décalage entre l’offre et la demande dans les secteurs innovants – non compensé ni par la main-d’œuvre italienne ni par l’immigration – et le persistant écart de productivité et de richesse entre le Nord et le Sud demeurent des enjeux cruciaux.

Le succès futur du pays dépendra de sa capacité à traiter ces inégalités par des politiques ciblées et des stratégies de développement équilibrées. Si les résultats obtenus d’ici la fin du mandat sont convaincants, une reconduction pourrait consolider la trajectoire de croissance et apporter une nette amélioration économique et sociale.

Il faut des contradicteurs: c’est dans l’intérêt médiatique…

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Le journaliste Thomas Snégaroff, ici photographié en 2024, anime actuellement l'émission C politique sur France 5 © Laurent VU/SIPA

À l’occasion de l’hommage à Charlie Kirk rendu en Amérique, très commenté chez nous, notre chroniqueur a regretté que le service public confonde pluralisme avec entre-soi, et débats avec récital d’indignations convenues.


La liberté d’expression de chacun est une source de pensées et de propos qu’on peut approuver, partiellement ou totalement, ou contester. Il ne me viendrait pas à l’idée de discuter ce droit fondamental. Au contraire, c’est parce que j’use de cette liberté dans sa plénitude, notamment sur les plateaux médiatiques, que je reconnais évidemment à quiconque la même faculté. On ne peut se plaindre, dès lors que la courtoisie de la forme est respectée, de voir l’autre s’engager sur des chemins que vous pratiquez vous-même. Ce n’est jamais la liberté qui pose un problème mais son abus ou parfois, quand elle prend un tour infiniment discutable, le fait qu’on ne lui oppose aucune contradiction. Rien de pire, à la télévision, que ces plateaux homogènes qui se félicitent d’être totalement accordés.

La haine

Comment ne pas songer à cette dérive quand, dans l’émission C Politique, animée par Thomas Snégaroff sur France 5[1], on a eu droit à une soirée peu ou prou consacrée à fustiger l’Amérique de Donald Trump et Donald Trump lui-même ?

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Le comble de la partialité médiatique, déguisée en fausse objectivité historique et sociologique, a été atteint lorsqu’il s’est agi de l’immense hommage collectif rendu à Charlie Kirk en présence du président des États-Unis. Après une présentation ironique du public présent par Thomas Snégaroff se demandant si c’était « du beau monde », Judith Perrignon est intervenue pour livrer une analyse selon laquelle le rassemblement pour honorer la mémoire du débatteur conservateur assassiné lui avait fait penser aux réunions américaines nazies des années 30. Cette comparaison est d’une totale absurdité, tant l’objet et les modalités de ce qui a rassemblé il y a peu l’Amérique conservatrice étaient à l’évidence aux antipodes de cette configuration du nazisme américain, sauf à vouloir, à toute force, complaire à une tonalité intellectuelle, politique et médiatique visant à assimiler Donald Trump à un nazi et l’Amérique l’ayant élu à un électorat sans morale et odieux.

Je suis sans doute naïf sur ce sujet mais je n’aurais jamais attendu de cette journaliste infiniment brillante, dans les portraits fins et remarquables qu’elle a publiés dans Le Monde, une telle approche aberrante et trompeuse.

D’autant plus que je sais par Geoffroy Lejeune, dont je n’ai jamais eu à suspecter la sincérité, que les cinq heures de cet hommage n’ont parlé que d’amour, au point que la veuve de la victime est allée jusqu’à déclarer qu’elle pardonnait à son assassin, la seule contradiction émanant évidemment de Donald Trump affirmant que lui  « détestait ses adversaires et qu’il ne voulait pas le meilleur pour eux », tel que c’est rapporté dans un bel article de Laure Mandeville[2].

D’un côté l’amour, et de l’autre, de la part de tous ceux qui crachaient et dégradaient ce rassemblement, la haine. Quoi de commun avec un quelconque nazisme ?

Le manque de pluralisme de France télévisions critiqué

La liberté d’expression de Judith Perrignon et de tous ceux qui participaient à cette émission, d’un même registre réprobateur, était naturellement entière, et comment ne pas s’en féliciter ? Le scandale ne résidait pas dans les analyses et les propos – la liberté charrie le pire et le meilleur – mais dans l’absence absolue de contradiction dans l’ensemble des séquences. On aurait pu attendre, espérer, une ou des voix dissonantes, discordantes, pour venir apporter un autre point de vue, un regard différent, des amendements souhaitables. Non, rien, le déroulement d’une implacable et constante partialité homogène. Comme si l’on cherchait à nous faire croire que cette mutilation du réel pouvait être la réalité tout entière et que nous en serions dupes. Et c’était sur France 5, chaîne de l’audiovisuel public payé par tous pour aboutir à une vision destinée à quelques-uns !

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Je me suis toujours passionné pour la liberté d’expression et, en démocratie, pour la contradiction et les débats antagonistes qu’elle implique, qu’elle doit inclure nécessairement.

Je me sens d’autant plus concerné que, sans me pousser du col, sur CNews je suis amené à me camper parfois en contradicteur, je l’espère utile, par exemple récemment, sur la reconnaissance de l’État palestinien. Au sortir de ces émissions, je reçois des tombereaux d’injures sur X, mais ils m’apparaissent comme la rançon de la liberté d’expression dont j’use et qui ne m’est jamais mégotée sur les plateaux de CNews et, sur un autre plan, à Sud Radio. On me permettra de conclure ainsi : oui, il est d’intérêt médiatique, pour ne pas dire public, qu’il y ait des contradicteurs dans l’audiovisuel public…


[1] https://www.france.tv/france-5/c-politique/saison-17/7500095-emission-du-dimanche-21-septembre-2025.html

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/laure-mandeville-quand-le-pardon-chretien-s-oppose-a-la-vengeance-trumpiste-20250922

Intégration: mot piégé

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New York, 23 septembre 2025 © Sipa USA/SIPA

A l’ONU, les propos excessifs de Trump sur le changement climatique, «la plus grande arnaque jamais menée contre le monde», occultent un peu ses réflexions moins faciles à écarter sur l’immigration incontrôlée déferlant en Europe. S’adressant aux nations européennes, le président américain a affirmé: «il est temps de mettre fin à l’expérience ratée des frontières ouvertes. Vous devez y mettre fin dès maintenant (…) Vos pays vont droit en enfer!» Analyse.


Donald Trump vient de lancer un avertissement sans détour à l’Europe : en poursuivant une politique migratoire « délirante », le Vieux Continent court droit vers « l’enfer » et la « destruction de sa civilisation ». Le président américain, fidèle à son style brutal, met des mots simples sur une inquiétude que beaucoup d’Européens ressentent mais n’osent plus formuler. Car derrière l’idéologie de l’accueil illimité, ce sont nos nations qui vacillent. De la Suède à la France, de la Belgique à l’Allemagne, l’expérience démontre que loin de renforcer nos sociétés, l’immigration de masse a ouvert la voie à une sorte de ségrégation, à la criminalité et à la fragmentation culturelle. Le diagnostic est sévère : ce n’est pas l’intégration qui triomphe, mais la désintégration des peuples européens.

Les élites européennes ont cru pouvoir dissoudre les identités nationales dans un grand bain social et multiculturaliste. Mais la réalité, de Malmö à Molenbeek, de Londres à Paris, montre que l’immigration est devenue moins un défi qu’un instrument au service de la désintégration des peuples.

La générosité suédoise comme pari d’universalité

La Suède a longtemps fasciné l’Europe par son modèle social-démocrate, pensé comme la vitrine d’un humanisme appliqué. Dans ce pays qui semblait avoir dépassé les fractures de l’histoire, la conviction dominante était qu’il suffisait de redistribuer équitablement les richesses et de garantir le confort matériel pour que les tensions sociales disparaissent. L’État-providence, étendu à l’extrême, devait agir comme un dissolvant universel des conflits et des crispations identitaires.

C’est dans cet esprit que la Suède a ouvert largement ses portes aux réfugiés du Moyen-Orient, notamment Palestiniens. Les dirigeants suédois ont cru qu’en construisant des logements modernes, en offrant des écoles gratuites et bien dotées, des soins médicaux de haut niveau et des allocations généreuses, l’intégration adviendrait d’elle-même. Le Million Program, gigantesque plan de construction lancé dans les années 1970, traduisait cette ambition : il ne s’agissait pas de reléguer les nouveaux arrivants, mais de leur offrir le meilleur du progrès social-démocrate.

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Mieux encore : l’État a été jusqu’à effacer certains de ses propres repères culturels pour ne pas heurter les sensibilités des nouveaux venus. Symboles chrétiens retirés de certaines écoles, tolérance accrue pour le voile porté par des enfants, menus adaptés aux prescriptions religieuses : tout a été fait pour accueillir. Les contribuables suédois ont accepté une pression fiscale élevée au nom de cet universalisme. Peu de sociétés ont consenti un tel effort.

L’échec d’un modèle et l’illusion sociale

Or, malgré cette générosité sans équivalent, l’intégration n’a pas eu lieu. Non seulement elle a échoué, mais elle a produit son contraire : une auto-ségrégation volontaire. Loin de s’ouvrir à la culture du pays d’accueil, beaucoup de familles immigrées ont choisi de recréer leur univers d’origine. Les mariages sont restés assez largement endogames, les commerces communautaires ont prospéré, les écoles se sont peuplées d’élèves parlant majoritairement arabe à la maison. Même les familles qui n’étaient pas hostiles à la Suède se sont trouvées prises dans la logique du groupe, soumises à la solidarité clanique. On ne s’émancipe pas sans se couper de ses proches, et rares sont ceux qui ont osé franchir cette barrière.

Les conséquences sont aujourd’hui visibles. En vingt ans, les viols signalés ont augmenté de plus de 600%, parfois 700% selon les séries statistiques. Et les études criminologiques montrent une surreprésentation massive des hommes issus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord dans les crimes violents. La Suède, jadis considérée comme l’un des pays les plus sûrs du monde, figure désormais parmi ceux qui connaissent le plus de fusillades mortelles liées aux gangs ! Malmö, Göteborg, Stockholm ont vu se multiplier les règlements de comptes, les explosions, les assassinats commandités par des réseaux criminels.

Malmö, Suède, 17 avril 2022 © Johan Nilsson/AP/SIPA

Ce constat pulvérise un mythe commode, très répandu en France : celui qui veut que la violence des quartiers vienne avant tout de la relégation sociale, du chômage, de l’absence de moyens publics. C’est un discours confortable, mais démenti par l’expérience suédoise. Là-bas, tout a été donné. Logements modernes, écoles gratuites, soins universels, allocations généreuses : le modèle social-démocrate a offert le meilleur de lui-même. Si le social suffisait, la Suède serait un modèle d’intégration. Elle est devenue un modèle d’auto-ségrégation.

Un phénomène européen

La Suède n’est pas une exception. Elle est simplement le miroir grossissant de ce qui se joue dans d’autres pays européens.

En France, des milliards d’euros ont été engloutis depuis quarante ans dans la politique de la ville. Rénovation urbaine, subventions associatives, programmes de rattrapage éducatif : tout a été tenté. Mais cette dépense colossale s’est révélée un véritable tonneau des Danaïdes, incapable d’enrayer le séparatisme. La preuve est là: selon un sondage IFOP, 57% des jeunes musulmans de moins de 25 ans estiment que la charia est supérieure aux lois de la République. C’est dire que le problème n’est pas social mais culturel et politique, et qu’aucune politique de ravalement urbain ne pourra y répondre.

En Grande-Bretagne, le choix assumé du multiculturalisme a consacré le droit de chaque communauté à vivre selon ses normes. Le résultat est visible : quartiers pakistanais, bangladais ou somaliens où l’anglais recule, où la charia officieuse régit les mariages et les héritages. Mais surtout, le scandale des grooming gangs a révélé l’ampleur du désastre.

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Pendant plus de vingt ans, de jeunes filles britanniques ont été droguées, violées, prostituées par des réseaux de prédateurs composés majoritairement d’hommes pakistanais musulmans. À Rotherham, Rochdale, Oxford, Huddersfield, Newcastle, les autorités locales et la police ont fermé les yeux. Certaines familles qui voulaient porter plainte ont subi des pressions : on craignait qu’exposer ces crimes ne fasse « le jeu de l’extrême droite » et ne jette une mauvaise image sur l’immigration musulmane. Lors des procès, certains agresseurs l’ont dit sans détour : pour eux, les jeunes filles blanches « n’avaient aucune valeur », elles pouvaient être violées impunément.

Posons la question : aurait-on accepté plus de six mois que des adolescentes issues de l’immigration soient violées en masse ? Aurait-on toléré que des filles de quartiers bourgeois soient ainsi offertes à la barbarie ? Non. Mais parce qu’il s’agissait de jeunes filles prolétaires, d’ouvriers, blanches et sans pouvoir, on les a abandonnées. Le prix du multiculturalisme a été payé par les plus vulnérables.

La Belgique offre un tableau encore plus alarmant. Des quartiers de Bruxelles, de Charleroi, de Molenbeek fonctionnent comme des territoires d’extraterritorialité culturelle. C’est de ces enclaves qu’ont émergé plusieurs commandos terroristes, notamment ceux des attentats de 2015-2016 à Paris et Bruxelles. Là encore, les aides sociales sont abondantes, les logements modernes, mais l’État a renoncé à imposer son autorité. Le clientélisme politique a favorisé le séparatisme religieux et criminel.

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Molenbeek, 2015. Sipa. Numéro de reportage : SIPAUSA30138087_000003.

En Allemagne, l’accueil des travailleurs turcs dans les années 1960 puis celui des réfugiés syriens et afghans plus récemment a créé des poches de communautarisme turcophone et arabophone. Duisbourg, Neukölln à Berlin ou certaines villes de la Ruhr connaissent une criminalité endémique et des zones où l’État recule. Même un pays qui avait limité l’accès à la citoyenneté découvre qu’il a nourri, en son sein, des communautés étrangères à sa culture.

La flambée de l’antisémitisme

À ce constat s’ajoute un paradoxe cruel. Ces pays européens – la Suède, la France, la Belgique, l’Allemagne – ont souvent adopté une ligne diplomatique favorable à la cause palestinienne. Ils ont multiplié les aides financières, soutenu les résolutions de l’ONU contre Israël, critiqué publiquement la politique israélienne. Mais en retour, ils n’ont pas reçu la gratitude espérée. Au contraire, une partie non négligeable des populations issues de l’immigration moyen-orientale a développé une hostilité croissante envers ses pays d’accueil, accusés d’incarner l’Occident impie et arrogant.

Cette hostilité a pris dernièrement la forme d’une flambée de l’antisémitisme. Les attaques contre des synagogues, les insultes dans les écoles, les menaces contre des commerçants juifs sont devenues monnaie courante. À Malmö, à Bruxelles, à Paris ou à Berlin, la vie juive est désormais plus compliquée. Dans des pays qui se voulaient protecteurs des Palestiniens, la haine des Juifs s’est doublée d’une haine du pays hôte. L’Europe a cru acheter la paix en soutenant la cause palestinienne : elle a importé sur son sol les conflits et les haines du Moyen-Orient.

Un manifeste pour l’assimilation et la francisation

Ce que l’expérience suédoise met en lumière avec une force implacable, c’est que la redistribution matérielle ne suffit pas. Ce qui échoue aujourd’hui, ce n’est pas un modèle social, c’est un modèle de naïveté : celui qui a cru que l’universalisme abstrait pouvait effacer d’un trait les appartenances claniques, les réflexes religieux et les logiques identitaires.

Ce ne sont pas des entités désincarnées comme « l’Europe » qui doivent choisir, mais bien les nations, chacune avec son histoire, ses racines et ses lois. Or, depuis des décennies, leurs élites se sont souvent comportées comme si l’immigration pouvait servir de levier, voire de bélier, pour dissoudre les identités nationales et accélérer une construction européenne hors-sol. Au lieu de défendre la continuité des peuples, elles ont fait des citoyens des cobayes sociaux au nom d’un idéal abstrait.

C’est ainsi que s’est installée une forme de préférence diversitaire, où l’Autre avec un grand « A » a été sacralisé au détriment du citoyen concret, de chair et de sang. On a remplacé les droits de l’homme universels par une hiérarchie inversée où les droits de l’homme européen, enraciné dans son propre pays, pèsent moins que les droits proclamés des nouveaux venus.

Il faut donc le dire sans détour : l’intégration est un mot piégé, qui a produit la désintégration de nos nations. Ce n’est pas d’intégration dont nous avons besoin, mais d’assimilation. Et en France, cela a un nom plus clair encore : la francisation. C’est-à-dire l’adhésion sans réserve à notre langue, à nos mœurs, à nos lois, et à ce vouloir-vivre commun qui fait de nous un peuple.

Car au fond, la mécanique est limpide : le bloc élitaire a instrumentalisé le bloc diversitaire pour contenir, fragmenter et neutraliser le bloc populaire historique. Tant que cette logique perdurera, les nations européennes continueront de se dissoudre. Seule l’assimilation, assumée et ferme, peut briser ce cycle et restaurer l’unité nécessaire à toute civilisation durable.

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Podcast: La France reconnaît un Etat palestinien; Etats-Unis, l’hommage à Charlie Kirk

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Dimanche 21 septembre, à la veille de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France, le drapeau palestinien pavoise au fronton de l'hotel de ville de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, malgré l'interdiction prononcée par le tribunal administratif. HOUPLINE-RENARD/SIPA

Avec Céline Pina, Eliott Mamane et Jeremy Stubbs.


Emmanuel Macron annonce que la France reconnaît un Etat palestinien: pour Céline Pina, c’est légitimer et récompenser les atrocités du 7-octobre commises par le Hamas, qui n’a toujours pas rendu tous les otages pris ce jour-là.

Grande cérémonie d’hommage à la mémoire de Charlie Kirk, dimanche, à Glendale dans l’Arizona: sa mort va-t-elle aggraver les tensions qui divisent l’Amérique ou provoquer un sursaut en faveur du dialogue apaisé? L’analyse d’Eliott Mamane.