Accueil Économie À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse

À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse

Avec Meloni, la crédibilité retrouvée ?


À côté d’une France instable et d’une Allemagne entrée en récession, l’Italie se redresse
Rome, 4 septembre 2025 © Filippo Attili/Palazzo Chigi/AP/SIPA

Giorgia Meloni parviendra-t-elle à transformer l’Italie en élève modèle de l’économie européenne ? Des chiffres encourageants le laissent penser. Mais la botte reste sous la menace des éventuels contrôles surprises appelés «agences de notation»  ou «instabilité politique».


Après trois ans au pouvoir, le gouvernement de Giorgia Meloni affiche des résultats économiques surprenants. La France traverse des changements gouvernementaux imprévisibles et une instabilité croissante, tandis que l’Allemagne s’enfonce dans une récession profonde. L’Italie, elle, se distingue par une trajectoire plus solide, envoyant des signaux positifs tant sur la stabilité politique que sur l’amélioration économique. Les mots d’ordre du gouvernement restent « stabilité », « rigueur » dans la gestion des finances publiques et « relance » de l’économie.

Des résultats économiques solides

En 2024, l’Italie s’impose comme l’exception européenne. Seul pays du G7 à afficher un excédent primaire (+9,6 milliards, 0,44 % du PIB), elle a réduit son déficit de 7,2 % à 3,4 % en un an, avec une nouvelle baisse attendue en 2025. Sur le plan du commerce extérieur, l’excédent commercial a bondi à 54,9 milliards d’euros. Hors énergie, il atteint un record de 104,5 milliards, tandis que les ventes hors UE culminent à 305,3 milliards, un niveau inédit depuis dix ans.

L’amélioration économique italienne résulte d’une combinaison de facteurs : un leadership politique pragmatique et innovant, la résilience et le dynamisme des entreprises italiennes, et l’élan structurel laissé par les politiques et réformes mises en œuvre sous Mario Draghi. Aucun de ces éléments ne peut être considéré isolément comme déterminant ; le succès provient de la synergie entre des politiques publiques efficaces et des initiatives entrepreneuriales concrètes.

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Ces améliorations se reflètent également sur le marché de l’emploi. En juillet 2025, le nombre de personnes en emploi a atteint environ 24,2 millions, avec une augmentation de 218 000 postes par rapport à juillet 2024 (+0,9 %) et 51 000 nouveaux emplois créés seulement au cours du trimestre mai-juillet 2025 (+0,2 %). Le taux d’emploi s’est établi à 62,8 % en juillet 2025, enregistrant une amélioration constante depuis le début du mandat de Mme Meloni.

L’instabilité politique : le talon d’Achille de l’Italie ?

Pendant longtemps, l’instabilité politique a pesé sur la crédibilité financière de l’Italie aux yeux des agences de notation. Cette vulnérabilité s’est traduite par une dégradation progressive du rating souverain italien : après plusieurs déclassements depuis les années 2000, l’Italie a atteint en 2014 le niveau BBB, soit le dernier échelon de l’«investment grade », confirmant en décembre 2021 ce statut fragile. Ce positionnement demeure un signal d’alerte permanent, rappelant que toute instabilité politique ou dérive budgétaire pourrait entraîner une nouvelle perte de crédibilité sur les marchés.

Toutefois, les récentes évaluations marquent un changement significatif : Fitch a récompensé l’Italie pour ses efforts de réduction du déficit et de maîtrise des dépenses publiques, saluant une trajectoire budgétaire plus solide et une confiance accrue des investisseurs. Les spreads souverains italiens ont ainsi atteint leur plus bas niveau depuis quinze ans, soutenus par une forte demande tant étrangère que nationale. Selon une grande banque d’investissement américaine, le déficit devrait tomber durablement sous la barre des 3% du PIB à partir de 2026. Cette reconnaissance souligne qu’une combinaison de discipline fiscale rigoureuse et de stabilité politique renforce la crédibilité de l’Italie sur les marchés internationaux, accroît la confiance des investisseurs et garantit la soutenabilité de la dette à moyen et long terme.

Les défis clés pour l’avenir du pays

Malgré les progrès économiques réalisés ces trois dernières années, les défis pour le gouvernement Meloni restent complexes et structurels. La fuite des jeunes talents à l’étranger, le décalage entre l’offre et la demande dans les secteurs innovants – non compensé ni par la main-d’œuvre italienne ni par l’immigration – et le persistant écart de productivité et de richesse entre le Nord et le Sud demeurent des enjeux cruciaux.

Le succès futur du pays dépendra de sa capacité à traiter ces inégalités par des politiques ciblées et des stratégies de développement équilibrées. Si les résultats obtenus d’ici la fin du mandat sont convaincants, une reconduction pourrait consolider la trajectoire de croissance et apporter une nette amélioration économique et sociale.




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Edoardo Secchi est entrepreneur et conseiller économique France-Italie

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