La plupart des journaux ont critiqué le ton agressif de l’allocution de Donald Trump, mardi 23 septembre, à l’ONU, dénonçant une rhétorique populiste et des attaques virulentes contre les instances supranationales, le changement climatique et les pays européens. Elisabeth Lévy n’est pas de cet avis. Nous vous proposons de l’écouter.
Le discours de Donald Trump à l’ONU a secoué les chancelleries. Et plus encore les médias convenables qui ont trouvé de quoi nourrir leur détestation. Moi, je n’ai pas du tout été gênée par sa leçon aux Européens sur l’immigration incontrôlée, « question politique numéro un de notre époque ». C’est ce que pense la plus grande partie de la population. « Vos pays sont en train d’être détruits et vous ne faites rien » a-t-il dit. La maison craque et vous regardez ailleurs… Il a raison. Et il est visionnaire quand il dit que l’avenir appartient aux patriotes et pas aux mondialistes.
Pied de nez à la doxa multilatéraliste
Une grande partie de ses critiques de l’ONU devenue le bureau politique du Sud global sont justifiées. Je pourrais même adhérer à sa dénonciation de la religion climatique et des décisions absurdes qu’elle nous impose, comme tuer l’industrie automobile européenne. Le problème, c’est que ces propos raisonnables voire stimulants de mon point de vue sont contaminés par le reste. Quand l’homme le plus puissant du monde déclare que le réchauffement climatique est une escroquerie inventée par la gauche, c’est complotiste, c’est une négation pure et simple de la vérité. On peut discuter des origines et des réponses (on devrait pouvoir le faire, même), pas du phénomène.
Et puis, il y a le style de bateleur de Donald Trump, le mépris de ses adversaires et cette façon de parler de lui-même comme d’un super-héros. Quand on l’écoute, on se croirait par moments face au dirigeant d’un pays totalitaire. Il crache sur son prédécesseur Joe Biden pour expliquer que depuis que Super-Donald est là, tout a changé – c’est vraiment inélégant.
Trump a sifflé la fin de la récréation woke
C’est faux, et c’est un propos de campagne électorale. On se demande ce que cela venait faire devant l’Assemblée générale des Nations Unies. L’Amérique n’est évidemment pas passée de l’ombre à la lumière. Mais elle n’est pas non plus passée de la lumière à l’ombre : Donald Trump a réussi des choses. Sur l’économie, voyez avec Éric Revel ! Sur l’immigration, sa fermeté semble payer. Et puis, surtout, il a redonné de la voix et de l’espoir à une Amérique méprisée et ignorée par l’élite démocrate. Le wokisme était dominant dans les universités et influent dans le capitalisme; il était menaçant et réduisait ses adversaires au silence.
À relire: Panique dans le camp du bien: la tech passe à droite
Seulement, on ne voudrait pas que ça recommence dans l’autre sens et qu’une cancel culture de droite se substitue à la cancel culture de gauche.
Signes inquiétants
Après l’assassinat de Charlie Kirk, les MAGA ont traqué ceux qui ne communiaient pas voire ironisaient. Je n’approuve pas ces derniers, mais c’était pourtant bien leur droit, c’est la liberté d’expression. Puis est survenue la fameuse affaire Jimmy Kimmel, cet humoriste dont le late show a été suspendu par la chaîne ABC après qu’il eut accusé les MAGA d’exploiter la mort de Kirk. Il est finalement revenu à l’antenne après une mobilisation de célébrités indignées. Le bras de fer entre Trump et cet humoriste continue : Trump en fureur menace ABC d’un procès. Trump a été élu sur la défense de la liberté d’expression. Elle n’a aucun sens si elle ne bénéficie pas à ses détracteurs. On ne peut pas défendre le blasphème quand il vise Mahomet et l’interdire quand il s’attaque à Charlie Kirk.
Cette chronique a été diffusée sur Sud radio
Retrouvez notre directrice dans la matinale de Patrick Roger
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