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Vacances scolaires: déchristianiser pour mieux régner?

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À l’école, certains rêvent de renommer les vacances de la Toussaint ou de Noël. Le gouvernement écarte l’idée, ayant pour l’instant d’autres chats à fouetter.


Décadi 10 vendémiaire de l’an républicain CCXXXIV, le Conseil Supérieur de l’Education a adopté par 44 voix « pour » et sept voix « contre », sur proposition du syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré, la FSU-SNUipp, une motion visant à modifier le nom des vacances de la Toussaint et des vacances de Noël, afin de les « laïciser » en supprimant toute référence chrétienne dans leur appellation.

Avidité ultra-progressiste

Retour d’un fantasme au moins aussi vieux que la révolution, qui n’est qu’un aspect parmi beaucoup d’autres de la volonté d’effacer la culture française pour mieux laisser libre cours à l’ingénierie sociale des « avant-gardes éclairées », qu’on les appelle « cercle de la Raison », « partis de gouvernement » ou « arc républicain ». Comme l’écrivait Maurice Druon, certains sont avides de « couper les nouvelles générations des acquis ancestraux » afin de « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Cette proposition a, semble-t-il, été rejetée par le ministère, du moins pour l’instant. Tant mieux. Le soutien massif qu’elle a reçu au sein du CSE doit néanmoins alerter, tout comme la volonté de déchristianisation assumée et militante qui l’inspire. Si tous les Français ne sont évidemment pas chrétiens (à commencer par votre serviteur), la France est de culture chrétienne, d’une culture littéralement impensable, impossible à penser, sans les références chrétiennes et l’ethos chrétien, plus précisément catholique (précisons que le catholicisme auquel je pense ici est celui de Saint Louis et Jacques de Longuyon, pas celui qui bénit les glaçons et glorifie l’islamisation migratoire). « Du passé faisons table rase » est par définition un projet totalitaire, et derrière le charme poétique du calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine, il y avait la guillotine, la baignoire nationale et les colonnes infernales !

Un nouveau séparatisme

Il est cocasse d’entendre la FCPE (parmi d’autres) invoquer la laïcité pour défendre cette mesure, quand on se souvient que la même FCPE ne s’était pas gênée pour encourager la normalisation du hijab – toujours au nom de la laïcité ! – dans une affiche qui avait beaucoup fait réagir il y a quelques années (la FCPE avait d’ailleurs porté plainte contre feu Laurent Bouvet, lui reprochant d’avoir parodié cette image pour en démontrer l’absurdité). Ironie de l’histoire, le député montagnard Pierre-Louis Bentabole (1756 – 1798), lui, avait fini par s’opposer au projet de calendrier républicain en déclarant : « Lorsque Mahomet, conquérant et législateur, donna une autre ère aux peuples soumis à sa puissance, son but fut de les séparer du reste des hommes et de leur inspirer un respect superstitieux pour le culte qu’il leur prescrivait. » On ne se prononcera pas sur la pertinence du propos de cet élu en ce qui concerne le calendrier islamique, mais on notera qu’en parlant de volonté de séparation, il touche probablement au cœur du projet moderne du CSE. Séparer les jeunes générations des traditions et des références culturelles de leur pays, en faire des déshérités sans repères, sans recul historique qui leur permettrait de porter un regard critique sur l’idéologie officielle et sur les modes du moment, « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Aujourd’hui comme hier, la République aux mains de la gauche estime que la France lui appartient pour en disposer selon son bon plaisir : pour en capter les richesses aux moyens des impôts les plus élevés de l’OCDE, pour y faire venir du monde entier ses clientèles et ses alliés, pour en rééduquer le peuple du haut de son mépris et à coups de mensonges. Ainsi de cet « historien spécialiste de l’immigration », Gérard Noiriel, essayant de faire croire qu’il n’y aurait pas d’immigrés en Seine-et-Marne, ou de ce magazine, Télérama, qualifiant la cuisine régionale de « réactionnaire, passéiste et nationaliste ». Le « j’assume tout » de Napoléon n’est visiblement pas parvenu à refermer la boîte de Pandore, et les efforts de De Gaulle n’ont pas suffi à remettre le régime au service de la nation : la gauche continue à trouver normal que la nation soit au service du régime.

Déchristianisation et islamisation

Mais ce que Bentabole n’imaginait probablement pas il y a deux siècles, malgré sa référence à Mahomet, c’est que le projet de séparer les Français du passé et de l’identité de la France, finirait par s’accompagner d’un projet d’islamisation massive du pays, et plus largement de l’Europe. Ce n’est un secret pour personne, entre l’évidence de la politique migratoire (y compris le refus obstiné d’exercer les pressions nécessaires à l’exécution de plus d’une fraction des OQTF), les déclarations de Gérald Darmanin sur « la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République[1] » (ce qui nous en apprend beaucoup plus sur ladite République que sur l’islam) et celles sur « la France telle qu’on voudrait qu’elle soit[2] » de Delphine Ernotte (à la tête des médias officiels de cette République, en laquelle on peine décidément à trouver quoi que ce soit qui demeurerait de l’esprit du Grand Charles), ou encore les actions de l’Union européenne. Ce qui est moins clair, c’est de savoir quel est le but et quels sont les outils, entre disparition programmée de l’identité française, anti-christianisme, et volonté d’islamisation.

La gauche veut-elle aujourd’hui effacer le christianisme pour mieux laisser la place à l’islam, ou encourage-t-elle l’islam parce qu’elle voit en lui un allié contre le christianisme ? Veut-elle effacer le christianisme pour mieux se débarrasser de l’identité française, ou veut-elle effacer l’identité française parce que le christianisme en fait partie et qu’elle le hait ? Dans tous les cas, j’en tire la même conclusion : il est indispensable d’affirmer fermement, fièrement et même joyeusement cette identité, y compris dans ce qu’elle doit au christianisme, partie intégrante de ce que Marc Bloch appelait son « héritage spirituel ». « La France demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé. Nourri de son héritage spirituel et de son histoire, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. » (Oui, on croirait parfois entendre un autre intellectuel français, juif et patriote bien connu…) Nous ne sommes pas une page blanche sur laquelle des idéologues pourraient écrire selon leur bon plaisir : nous avons un passé, des traditions, un ancrage, une identité sur lesquels nous appuyer pour refuser que l’oligarchie gauchiste décide de notre avenir à notre place, pour refuser l’effacement de notre art de vivre et de notre décence commune, dont assurément nous n’avons pas à rougir. Au sein de la civilisation d’Athéna, nous sommes le pays de Jeanne d’Arc. Et ce n’est pas une nostalgie, c’est une promesse.

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[1] https://www.la-croix.com/Religion/Gerald-Darmanin-lislam-religion-moins-difficulte-travailler-Republique-2020-09-18-1201114744

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/medias/representer-la-france-telle-qu-on-voudrait-qu-elle-soit-ce-que-revele-l-aveu-de-la-presidente-de-france-tv-20230711

Akhannouch, bouc émissaire idéal

Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch concentre les critiques du mouvement GenZ 212. Le roi parlera en fin de semaine.


Il y a une grande similitude entre Emmanuel Macron et Aziz Akhannouch. Les deux représentent une parenthèse politique qui est en train de se refermer dans leurs pays respectifs. Le Mozart de la Finance a échoué à sauver la France. Le Mozart des Affaires, milliardaire multicartes, a échoué à alléger le malaise économique au Maroc. Les deux sont détestés par une partie significative de l’opinion publique, très active sur les réseaux sociaux.  Les épouses des deux sont vilipendées à des degrés divers. Si Brigitte intrigue les Français, Selwa Akhannouch attire la haine des envieux et des ratés parce qu’elle est riche et ne le cache pas. Elle investit activement dans les shopping centers de luxe, le genre de secteur qui « ne passe pas » dans un pays du tiers-monde, surtout quand les gens ont du mal à boucler leurs fins de mois.

Cela dit, le Maroc n’est pas la France. Et les similitudes s’arrêtent ici probablement.

Un héritier

Akhannouch est un berbère de la région d’Agadir. C’est un héritier, mais pas seulement, car il a beaucoup travaillé pour devenir une des premières fortunes du pays, estimée à plus de 1.6 milliard d’USD selon Forbes. Il est actif dans l’agriculture, la distribution d’hydrocarbures, l’immobilier, l’environnement etc. Il est formé au Canada et pas en France, la pépinière traditionnelle des élites marocaines.

Il n’est pas vraiment à l’aise en public et à l’oral. Il a du mal avec l’Arabe classique, la langue magique qui séduit l’inconscient collectif marocain. Quiconque la maîtrise a un avantage certain en politique, même chez les Berbères. Akhannouch se rattrape par sa puissance de frappe : l’argent et l’organisation. Son parti de centre-droit, le Rassemblent National des Indépendants (RNI), ne manque de rien. Il dispose d’une stratégie digitale très pointue et d’une formation interne très active. Il est surtout très bien vu du Makhzen, ce qui au Maroc est un talisman qui désarme les préventions de l’administration et du peuple.  Le RNI est arrivé au pouvoir en 2021 après avoir gagné les élections sur la promesse de l’efficacité et du progrès. Il s’est présenté comme l’antithèse des islamistes en place depuis 2011 et qui ont été globalement des amateurs en matière de gestion et de croissance. Sous leur coupe, le pays aurait pu stagner, sans l’intervention décisive du Makhzen, qui via différents canaux d’investissement et d’intervention dans l’économie, a pu faire avancer le pays.

Immense colère

Au bout de quatre ans, le RNI est sur les rotules. La croissance économique n’est pas au rendez-vous, le niveau de vie est en baisse continue. Et contrairement aux islamistes (qui ont quand même quelques qualités), le RNI s’est empêtré dans des scandales de corruption et des conflits d’intérêts extrêmement indécents. Face à la hausse des prix de la viande, le gouvernement a mis des fortunes sur la table pour inciter les entrepreneurs à importer du fourrage, des moutons vivants à abattre ou bien de la viande bovine (brésilienne notamment). Les Marocains n’ont pas vu la couleur de ses subventions sur les étals du boucher. Et cerise sur le gâteau, en pleine crise hydrique (le climat s’assèche à vitesse grand V au Maroc depuis sept ans), Akhannouch a remporté l’appel d’offres de la construction d’une méga-station de dessalement de l’eau à Casablanca. Et le plus naturellement du monde, il s’en justifie en invoquant le fait que sa société et ses associés ont présenté le meilleur prix… dans un appel d’offres écrit et jugé par l’administration qu’il dirige lui-même. Peu importe sa sincérité, le conflit d’intérêt est tellement gigantesque qu’il ne souffre aucune excuse.

Quand tout va bien, les gens regardent ailleurs. Mais, aujourd’hui, les Marocains ont du mal à boucler les fins de mois. Les pauvres se nourrissent moins bien et les classes moyennes commencent à retirer leurs enfants des écoles privées parce qu’elles ne peuvent plus payer les mensualités. D’où l’immense colère qui s’abat depuis une semaine sur Akhannouch et son gouvernement.

Colère justifiée, mais aussi colère malsaine, car elle est animée par un brin de jalousie. Personne n’aime les riches, surtout quand ils leur ressemblent, car ils leur démontrent que le succès est possible.

Non, il ne faut pas blâmer les foules mais le système qui a confié les affaires du pays à un parti comme le RNI et à un milliardaire. Le RNI est un parti de notables, sans idéologie. Son credo se limite grosso modo à « enrichissez-vous ». Pourquoi pas ? Cette vision peut avoir sa place à la tête du Ministère des Finances ou de l’Industrie, mais pas à la tête d’une équipe qui est censée guider un peuple qui souffre. 

Puisque l’on parle de conflits d’intérêts, votre serviteur en a un, lui aussi. Mon père était sympathisant du RNI et admirateur de son fondateur, Ahmed Osman. Il s’agissait du parti idéal pour quelqu’un comme mon père, un entrepreneur, un notable, un monarchiste, un progressiste qui veut bien du progrès technique mais pas de la révolution sociale. Mais, le Marocain n’est pas comme ça, il a d’autres besoins.

Il est trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de Monsieur Akhannouch. La classe politique est en train de se retourner contre lui, progressivement. Elle espère peut-être que son départ suffira à apaiser l’opinion publique. Possible. Cela dit, il n’y a personne à mettre à la place. Les islamistes sont démonétisés, la gauche est atteinte du même syndrome que le RNI depuis qu’elle n’a plus d’idéologie.

Avant de mourir, mon père disait souvent : « il y a gens bien payés pour régler ce genre de problème, qu’ils se démerdent, sers-moi plutôt un verre de rouge et donne un bout de pain et du beurre ! »

Je lui désobéirai encore une fois pour dire une dernière chose.

Que Monsieur Akhannouch serve de bouc émissaire n’est pas un drame.  C’est le jeu. Mais, la solution à l’équation marocaine est beaucoup plus complexe que cela.

Akhannouch a eu le mérite de démontrer aux Marocains et au monde que le Maroc est un vivier de forces vives prêtes à éclore. Au lieu de les vilipender, il convient de les encourager à sortir de leur réserve, à condition qu’ils fassent des affaires et seulement des affaires. La politique et les idées ont besoin d’autres profils, dont l’âme vibre non pas pour l’argent mais pour la gloire. Le Maroc a vivement besoin de gens du calibre d’un Mehdi Ben Barka en politique et d’un Mehdi El Mendjra dans le champ des idées. Ces deux élites du passé avaient besoin de liberté. Les candidats à milliardaire n’ont besoin que de la liberté économique. Et les candidats au magistère politique ou moral ont besoin de la liberté de conscience et d’expression. Deux versants de la Liberté que les mentalités arabes et nord-africaines regardent avec suspicion.  Mais, comme dirait mon père : « baraka min el hadra ou koumu tkhadmu » (assez de palabre et au boulot !).

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Une journée qui ébranla le monde

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Il y a deux ans, le Hamas lançait une attaque terroriste terrible contre Israël. Je pense aux victimes (dont 51 Français), aux familles inconsolées, à Noa, 23 ans, assassinée au festival Nova, à sa mère, Mali, infirmière, que j’ai rencontrée, qui accueille et soigne les otages revenus de l’enfer – elle qui n’aura jamais la chance de revoir sa fille. Je pense aux otages prisonniers dans les tunnels de Gaza. Je pense aussi aux enfances brisées et aux civils palestiniens, dont un dirigeant du Hamas disait que plus ils mourraient mieux ce serait pour la cause.

Nouvelle donne

Beaucoup d’Israéliens sont encore habités aujourd’hui par une angoisse vitale. Ils ont la certitude, comme ils disent, qu’ « ils veulent nous détruire ». Et beaucoup d’amis d’Israël ne comprennent pas cette guerre interminable. Alors on se dit que le 7-octobre est irréparable.

Et pourtant, il existe aujourd’hui un espoir réel que la diplomatie prenne le relais de la force. Pas parce que le monde écoute la France comme semble le croire Emmanuel Macron, mais parce que la riposte israélienne a créé une nouvelle donne stratégique, parce qu’Assad est tombé en Syrie, que les mollahs iraniens sont affaiblis, tout comme le Hezbollah et le Hamas lui-même. A la suite de cet usage de la force, le plan Trump ne s’appuie ni sur l’ONU ni sur l’Autorité Palestinienne – une excellente chose – mais est soutenu par le monde arabo-musulman.

A lire aussi, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Chaque étape à venir est pleine de chausse-trapes. On négocie aujourd’hui le retour des otages. Et on ne sait pas si au bout il y aura un Etat palestinien. Mais pour la première fois depuis longtemps, on trace un chemin vers la coexistence.

Tsunami antisémite

Le Hamas a-t-il perdu cette guerre lancée le 7-Octobre ? Sur le terrain, oui. Très affaibli militairement, le mouvement terroriste a quand même réussi à replacer la question palestinienne à l’agenda international, même s’il sera lui-même exclu du jeu dans le futur. Le problème, c’est que le Hamas a beaucoup gagné dans les esprits occidentaux. Croyant défendre les Palestiniens, toute une jeunesse est happée par sa propagande – c’est-à-dire, l’idée de la Palestine « de la mer au Jourdain » (un seul État, et donc pas d’État juif).

Dans nos facs, « sale sioniste » a remplacé sale juif. Beaucoup de juifs européens et français se demandent s’ils ont encore leur place dans leurs pays respectifs. En France, un mouvement politique a fait de la haine d’Israël son principal fonds de commerce. Ses dirigeants déplorent le futur désarmement d’un mouvement terroriste (quand ils ne le qualifient pas de résistant).

Au-delà de la question antisémite, le drapeau palestinien est devenu l’emblème de la haine de la France, il accompagne désormais violences, désordres et démonstrations de force islamistes dans nos rues.

Mais malgré tout, il y a une raison d’être optimiste. Une majorité de Français ne mange pas de ce pain-là. Contrairement à Olivier Faure, beaucoup de gens de gauche ont clairement rompu avec les Insoumis. Peut-être que les assassins lancés par Yahya Al-Sinwar il y a deux ans seront aussi les fossoyeurs politiques d’un parti aux méthodes fascistoïdes.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

Branlette écolo


Le média écologiste Reporterre a récemment proposé à ses lecteurs un dossier très complet et très instructif1 dénommé « Sexe et écologie ».

Après avoir affirmé que « le queer, c’est de la biodiversité », la « penseuse féministe et décoloniale » Myriam Bahaffou explique que l’écosexualité consiste à s’adonner à « toute pratique érotique n’ayant pas l’humain au centre ». Myriam conseille de « murmurer des mots doux aux plantes » ou de « caresser un arbre » tout en recourant à la « respiration orgasmique », le but ultime étant de « répandre ses fluides dans la nature ». En cas d’échec, la flagellation végétale est autorisée.

A lire aussi, du même auteur: Fumisteries et balivernes: quand le théâtre féministe «taille en pièces le patriarcat»…

Inspirés par cette nouvelle façon de prendre son pied, des artistes militant pour une « dimension écologique au sein d’une narration pornographique » ont réalisé un film « écoporn » dans lequel « des personnes se fouettent les fesses avec du houx ». Les fruits et les légumes peuvent également avoir une grande place dans les pratiques sexuelles écologiques, apprend-on dans la rubrique « Sextoys ». L’utilisation de légumes à forme phallique – concombres, aubergines et autres courgettes – peut être combinée à celle de « fruits et légumes moins connus ». Les avocats et les pêches sont, paraît-il, d’excellents stimulateurs clitoridiens. Toutefois, avertit une éco-sexothérapeute, il est nécessaire de laver le fruit ou le légume à chaque utilisation. Par ailleurs, précise-t-elle, « il faut faire attention en cas de pénétration anale, car les fruits et légumes peuvent rester coincés dans le rectum ».

Pour préserver la planète, la spécialiste recommande également l’usage de sextoys en bois, en particulier ceux fabriqués avec du merisier ou du noyer, pour leur faible empreinte écologique. « Une partie du bois vient de scieries locales, la consommation électrique est très faible, aucune matière chimique n’est utilisée, mis à part pour la très fine couche de vernis qui les recouvre, explique le créateur de la marque Idée du désir. Pour ceux qui en prennent soin, ils peuvent durer toute une vie. » Décidément, l’écologie s’introduit partout.


  1. https://reporterre.net/Sexe-et-ecologie ↩︎

F-O-U-T-U

Dans ce vieux pays fatigué, la progression de l’islamisme, du wokisme, du nihilisme et du crétinisme semble inéluctable. Pour Éric Naulleau le constat est évident : tout est foutu.


F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière médiatique, tant il est mieux vu, sur les plateaux de télévision comme dans les colonnes des gazettes, d’en appeler au sursaut ou au choc d’autorité, de dissimuler sous un vocabulaire ronflant l’évidence de la défaite, de même que l’on masque de parfums une odeur de putréfaction. De prétendre se battre quand on ne fait que se débattre. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière politique quand le parti foutuiste serait une contradiction dans les termes. Si ses sympathisants, toujours plus nombreux, font parler la poudre, ce n’est jamais que la poudre d’escampette. Sauve qui peut, chacun se cherche un arrière-pays ou un autre pays pour mettre à l’abri du désastre sa personne et ses enfants. Non pas en attendant des jours meilleurs, mais en prévision des jours plus malheureux encore. Ce n’est plus la tentation de Venise, c’est N’importe Où Hors de France, pour emprunter à Baudelaire. Jusque sur des terres menacées par l’apocalypse nucléaire. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Il faudrait un de Gaulle ou un Napoléon pour nous sortir de là (laissons Jeanne d’Arc de côté pour le moment). Mais même si, par extraordinaire, une personnalité hors norme se dissimulait parmi les actuels boutiquiers de la politique, auprès desquels les combinards de la IVe République font désormais figure d’aigles planant au plus haut des cieux historiques, sa tâche se révélerait autrement plus ardue que dans la France de 1799 ou de 1940. Quand le général de Gaulle lança son appel du 18 juin, 144 habitants de l’île de Sein s’embarquèrent illico sur des bateaux de pêche pour Londres – ce n’est pas la même chose que de se ruer vers les canots de sauvetage en espérant réchapper du naufrage, ainsi que nous y invitent les temps mauvais. De Gaulle combattait le Mal. On ne combat pas le Bien, on le fuit.

A lire aussi: Causeur: sommes-nous foutus ?

Et la difficulté ne s’arrête pas là. Pris séparément, nos principaux ennemis ne sont pas irrésistibles, il demeure très possible de défaire l’islamisme, le wokisme, le nihilisme ou le crétinisme. Mais F-O-U-T-U, oui, c’est foutu : unis comme ils se dressent aujourd’hui, ils deviennent invincibles, rien n’empêchera ces nouveaux barbares associés de détruire, jusqu’à ce qu’il ne reste pierre sur l’autre, notre république, notre pays, notre culture, notre civilisation. Ils disposent d’une École dont la mission paraît d’initier les têtes blondes au monde merveilleux des drag queens et à la théorie du genre plutôt que de leur transmettre les savoirs fondamentaux. Ils disposent d’un service public dont la plus puissante représentante, nous avons nommé Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions, a officiellement déclaré que son rôle était « de représenter la France non telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être » – le délire schizophrène comme programme officiel, du jamais vu depuis le stalinisme. Ils disposent des institutions et des médias, ils disposent d’à peu près tous les lieux de pouvoir, ils disposent d’une armada de sociologues comme autant d’émissaires d’un pays imaginaire, d’une dimension parallèle.

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Mince consolation que de connaître enfin ce qu’éprouvèrent les contemporains de la chute de l’Empire romain. Quand des militants LGBT défilent en soutien à leurs futurs égorgeurs islamistes, quand une féministe déclare « préférer les jeteuses de sorts aux ingénieurs EPR », quand des lycéens, dont le crâne a été vidé de sa cervelle par l’Éducation nationale pour être farci d’un tas d’inepties, s’en prennent à tout drapeau français comme à un symbole fasciste, quand on est prié de croire, sous peine d’être poursuivi en justice, qu’un homme peut devenir une femme, menstruer et tomber « enceint », quand les bouffeurs de curés baisent les babouches d’imams intégristes, quand « La Palestine de la rivière à la mer », équivalent jugé acceptable de « Mort aux juifs ! », est un slogan repris en chœur par des gens qui ignorent de quelle rivière et de quelle mer il s’agit, quand boire des demis en terrasse de 18 heures jusqu’à l’aube devient un projet de vie, quand commander son sandwich favori à un esclave à vélo devient un acte militant au service de l’utopie multiculturelle, alors tout est joué, les noces de l’ignorance et du cynisme sont consommées. Les portes de Troie battent à tous les vents – Jean-Luc Mélenchon peut alors s’asseoir à la table rase, décréter la créolisation générale comme d’autres la mobilisation générale, en appeler au grand remplacement d’un peuple par un autre sans cette fois tirer de leur sommeil la moindre orfraie, assimiler la France des traditions à « une France diminuée », décréter que notre langue n’existe plus. Ah oui, parce que l’ennemi dispose aussi d’un parti officiel. Ses ouailles décérébrées acquiescent avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elles ne savent à peu près rien de ce pays, de sa culture, de son histoire et de sa langue, sinon qu’ils sont autant de motifs de honte, de sujets de repentance – si ce qu’à Dieu ne plaise, Jean-Michel Aphatie parvenait au pouvoir, sa première mesure serait « de raser le château de Versailles afin que la France expie sa grandeur ». On a les intellectuels organiques (comme on parle d’engrais organique) que l’on mérite du côté de l’anti-France.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Le grand choir

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Car il y a pire encore. Une forme de résignation chez le plus grand nombre, une perte d’énergie vitale, plus envie de travailler, plus envie d’avoir des enfants, plus envie de faire l’amour. Pourquoi ne pas déléguer tout cela à des nouveaux venus ? Moins cher, moins fatigant. L’impression, plus ou moins vivement ressentie et directement exprimée, que nous devons nous effacer de l’Histoire, que c’est au tour des anciens colonisateurs d’être colonisés. Un acquiescement, une soumission à l’idée de notre propre disparition. La grandeur de la France est devenue un fardeau pour les Français, trop de gloire, trop de génie, trop de beauté, trop de savants, d’écrivains (Proust ET Céline, non mais allô, quoi…), de peintres, de cathédrales, de musées, trop de place laissée aux femmes. L’éternité n’est plus notre mesure, l’exception n’est plus notre règle. Quand nous aurons laissé sur le bord du chemin cet encombrant bagage, le pas se fera plus léger. Quand le souci métaphysique se limitera à connaître la date des prochains soldes, l’angoisse se fera moins vive. Et l’appel à la prière dans les centres commerciaux viendra rappeler qu’Allah s’occupe du reste. Quand tous les classiques littéraires sembleront avoir été écrits dans une langue étrangère, nous continuerons de les lire dans les catacombes. Quand la France ne sera plus, quand y régnera le nouvel ordre islamo-consumériste, elle sera devenue l’Abistan du 2084 de Boualem Sansal : « À la fin des fins régnera le silence et il pèsera lourd, il portera le poids des choses disparues depuis le début du monde et celui encore plus lourd des choses qui n’auront pas vu le jour faute de mots sensés pour les nommer. » Et personne ne connaîtra plus la signification du mot F-O-U-T-U.

Le président est nu

La démission surprise de Sébastien Lecornu est aussi affligeante que démoralisante, à l’heure où la situation exigerait des réformes financières radicales et rapides. Privée de gouvernement et de budget, la France est affaiblie


Emmanuel Macron: le corps nu

Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.

Arrogance

Le président ne démissionnera pas. Une telle décision, si elle émanait de lui seul, serait le signe d’une démarche parfaitement républicaine. Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre.

A lire aussi, Eric Naulleau: F-O-U-T-U

En refusant la politique du pire et pour éviter le pire de la politique, le président peut être tenté de nommer un Premier ministre de gauche qui sera conforté par des forces de gauche et d’extrême gauche miraculeusement réunies par la tactique et l’unité imposée. Ce gouvernement peu probable serait balayé très rapidement.

La dissolution, cette fois nécessaire, devrait être l’expédient suprême. Sans le front républicain qui avait totalement dénaturé le résultat des dernières élections législatives, de nouvelles élections, organisées dans une totale liberté et transparence démocratiques, pourraient aboutir à une victoire incontestable, amplifiée, du Rassemblement national.

Bardella demain à Matignon ?

Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité.

La France vit une situation totalement inédite. Le président est nu. Ce n’est plus seulement une crise, pas encore une révolution. Le peuple piaffe. Nous sommes au bord du gouffre. Il faut résister à la tentation – perverse ou lasse – d’y tomber.

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Les «Ringards» au pouvoir!

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À la vue du nouveau gouvernement et sa composition tragi-comique, Monsieur Nostalgie préfère les vrais, les authentiques, les flamboyants Ringards du film de Robert Pouret de 1978. Ceux-là ne nous décevaient jamais et avaient la décence de ne pas faire de la politique !


Il y a comme ça des dimanches patibulaires. Crépusculaires. Ils annoncent la fin d’une classe politique démonétisée depuis quarante ans. Le divorce est consommé. Système tournant à vide, à la botte de quelques affidés, sans plus aucune consistance intellectuelle et assise réelle. Un machin hors-sol que le peuple, par salubrité, par honte aussi (lui ne nie pas ses fautes), a mis à distance. Très loin de sa vue. Cachez-nous ces représentants, les enfants regardent la télévision, ils pourraient prendre pour acquis leurs mauvaises manières. On apprenait jadis dans les IEP que ce peuple français était politique, colérique, passionné par la « chose publique » et le débat des idées, qu’il avait le sens du collectif et de la controverse, qu’il croyait à la geste de ses élus et au récit national. Ce peuple tant honni et tellement infantilisé fait désormais sécession dans les urnes et dans les têtes. Il est ailleurs. Il est fragmenté. Il est satellisé. Il répond aux abonnés absents. Il n’a plus le courage de participer et encore moins d’encourager les gesticulations de ce théâtre répétitif, besogneux, visqueux, laid et vide des ors de la République. Le peuple, contrairement à ses élites, ne se défausse pas, il a sa part de responsabilité dans la création de ce « monstre » démocratique. Ce système chimérique et ses relents de morgue, il en a été l’artisan.

À ne pas manquer, Éric Naulleau: F-O-U-T-U

Au fond de lui, par fatigue morale, par étranglement économique et peur de sombrer, par des votations erratiques et des entourloupes constitutionnelles, le peuple a laissé courir. Il a été floué. On lui a menti. Il a été faible. Bien qu’il n’ait jamais cru aux boniments, aux promesses, aux grands soirs, il s’est laissé anesthésier, peu à peu, jusqu’à se désintéresser du schmilblick. Il a laissé prospérer le délitement. Laissé à une classe d’apprentis-sorciers les rênes du commandement par dépit, rarement par enthousiasme débordant. Il a même admis, magnanime, que cette classe surprotégée pouvait vivre à ses frais, sur son dos, le tondre à l’occasion et le faire culpabiliser. Il a accepté de les nourrir, de les loger, de les habiller, sans contrepartie. C’est la grandeur des vieilles nations, notre courtoisie bienveillante. Les Français sont des seigneurs un peu las de tout ce cirque médiatique. De ce barnum qui captive seulement quelques professionnels du commentaire sur les antennes. Nous avons pourtant l’habitude d’être dupés. Là, peut-être à cause de l’accumulation, du côté farce et amateurisme, l’amertume nous monte à la gorge. Un petit goût d’enfumage plane sur notre pays. Nous avons délégué, durant des décennies, à des plus « sachants », à des supposés plus « instruits » que nous. Les diplômes dorés, parfois plaqués, de nos dirigeants ne font plus guère illusion. Le diplôme sans la culture, sans la stature, sans l’incarnation et sans la vibration intime de notre terre n’est qu’une guenille. Des frusques. Face à cette faillite, je préfère m’en remettre aux vrais « Ringards », ceux du film sorti à la fin du mois de septembre 1978. Nous étions sous Barre III. Boulin était au Travail, Soisson au Sport et Deniau, le navigateur berrichon au Commerce extérieur.

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Place aux authentiques branques, aux « bons à rien » de classe internationale, braqueurs pathétiques, un aréopage d’inutiles et de gentils parasites. Des flamboyants de la « lose ». Incapables de mener à bien une mission. Ils s’appelaient Aldo Maccione qui fêtera ses 90 ans en novembre prochain, dragueur turinois impénitent, Julien Guiomar, le Breton professoral et Charles Gérard, le réfractaire en polo de tennis. Une triplette qui mériterait d’entrer dans les ministères sous la supervision de Mireille Darc conduisant une Lancia dans la cour de Matignon. Ils étaient nuls, fainéants, des tire-au-flanc splendides de bêtises et d’arrivisme.  Avec eux, au moins, on riait de bon cœur et on oubliait nos misères quotidiennes. J’apprends que Georges Descrières et Katia Tchenko ont été coupés au montage de cette comédie ratée. Ils auraient mérité leur maroquin.

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Trump et Netanyahou feront-ils bouger l’histoire?

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Le Premier ministre israélien Netanyahou se dit certain de pouvoir libérer les otages et désarmer les terroristes du Hamas, que ce soit grâce au plan de Donald Trump ou par la force.


La politique produit des grands et des petits hommes. Les grands hommes sont ceux qui affrontent, seuls le plus souvent, le mur du conformisme afin d’atteindre leurs objectifs. Les petits sont ceux qui tergiversent, se trompent d’adversaires, pactisent avec la meute. Le plastronnant Emmanuel Macron est de cette seconde race. Voici un président qui flatte l’opinion anti-israélienne en joignant sa voix à ceux qui accablent Benyamin Netanyahou, et qui accuse Vladimir Poutine de « confrontations permanentes » contre l’Europe. Le chef de l’État voit beaucoup de complots russes ; y compris dans des « pétroliers fantômes » contre qui il a exigé des « politiques d’entrave ». C’est ainsi que la Marine a arraisonné la semaine dernière, dans les eaux internationales au large de Saint-Nazaire, un navire soupçonné d’être pro-russe et d’être la plate-forme de drones envoyés dernièrement survoler le Danemark.

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Vérifications faites, l’équipage était chinois et aucun appareil n’a été trouvé. Le bateau a repris sa route jeudi soir après une garde à vue de son capitaine. Ce flop a été aimablement passé sous silence par les médias. Le fiasco est venu rappeler néanmoins le jeu trouble que Macron entretient avec les peurs collectives, en alimentant cette fois un possible conflit avec une puissance nucléaire. Aurait-il le dessein de constituer autour de lui, avec une guerre contre la Russie, une solidarité nationale qui part en lambeaux (16% de satisfaits dans le dernier baromètre du Figaro Magazine !) ? La question mérite en tout cas d’être posée, tant le personnage est sans limite. Sébastien Lecornu a au moins l’honnêteté de se présenter comme « le Premier ministre le plus faible de la République ».

Parallèlement à ces manœuvres médiocres, qui rendent par capillarité le spectacle politique français affligeant d’amateurisme[1], des grands hommes sont en train d’écrire l’histoire.

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Donald Trump et le Premier ministre israélien, tous deux conspués par l’unanimisme médiatique, sont de ceux-ci. Le choix de Netanyahou d’éradiquer coûte que coûte le Hamas islamiste, au prix d’une guerre cruelle lancée à Gaza après le 7-Octobre 2023, semble avoir atteint son but : sous la pression conjointe du président américain, le mouvement terroriste s’est dit prêt à accepter les conditions de sa reddition, en acceptant notamment de libérer les 48 derniers otages, dont beaucoup sont morts. Dix-sept pays arabes, dont le Qatar qui abrite la branche politique du Hamas, sont prêts à consolider une paix avec Israël. Si «Bibi» avait obtempéré aux coups de menton de Macron en cessant le feu prématurément, le Hamas n’aurait vraisemblablement pas eu à rendre les armes. Certes, rien n’est encore, ce lundi matin, totalement acquis de la part d’un mouvement islamiste apocalyptique. Mais une dynamique de paix est enclenchée. MM. Trump et Netanyahou, les deux pires parias occidentaux (après Poutine) aux yeux des esprits capitulards, sont en train de clore la politique du « soft power » qui jusqu’alors était la norme convenue. Tous deux ne manquent pas de défauts, c’est entendu. Mais les petits hommes, eux, n’ont aucune qualité.

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[1] Les LR devaient dire, ce lundi à midi, s’ils se maintiendraient dans le nouveau gouvernement macronien… dont le Premier ministre vient de démissionner.

Emmanuel Macron: Je trolle donc je suis

Dernière minute : Reçu ce matin au Palais de l’Elysée, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président Macron, qui l’a acceptée. Le grand cirque continue… •

Sébastien Lecornu a frappé fort hier soir avec l’annonce des 18 premiers membres de son gouvernement. Lui qu’on pensait incapable de peser face à Emmanuel Macron, quel démenti cinglant infligé à ses détracteurs, quel séisme ! Car la nouvelle équipe ne ressemble en rien à la précédente, et c’est à peine si l’on y reconnaît un visage…

Ah ! nous espérions un acte d’émancipation, nous avons été servis ! Après tout, Emmanuel Macron nous avait annoncé qu’il allait révolutionner la politique ; il fallait donc s’attendre à ce que Sébastien Lecornu, l’un de ses plus fidèles disciples, révolutionne l’art de composer un gouvernement.

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé

Mais tout de même, se dit-on. Patrick Mignola, Marie Barsacq, Laurent Marcangeli, Eric Lombard, François Rebsamen : une telle hémorragie de talents, alors que la France, on le sait, est un patient affaibli, est-ce vraiment bien raisonnable ?

Aucun grand médecin, certes, n’ignore les vertus d’une saignée ; mais celle-ci, par son audace, passait décidément toutes les bornes connues.

Aussi ne pouvait-on s’empêcher de se demander, étreint d’un doute atroce, en ce dimanche finissant : Jupiter, notre infaillible Jupiter, n’était-il pas allé trop loin cette fois, en amputant l’État de cinq de ses piliers ? Et nous maudissions Ganymède, son nouveau Premier ministre, de l’avoir entraîné ainsi dans l’hybris et l’inconnu.

« Je vous ai compris »

De la grande telenovela voulue et réalisée par Emmanuel Macron depuis l’été 2024, l’épisode du 5 octobre demeurera comme un des sommets de la seconde saison. Car cette annonce du gouvernement, c’est l’équivalent jupitérien du « Je vous ai compris » gaullien, c’est-à-dire une manière très particulière de marquer sa compréhension de ce qu’on lui demande, mais qui, en l’occurrence, ne s’embarrasse plus d’aucune ambiguïté (car Jupiter l’intrépide, lui, ne craint pas qu’on « vienne le chercher »). Mon seul regret, dans cette belle trouvaille, c’est donc que nos deux scénaristes n’aient pas osé aller au bout de leur idée, en conservant toute l’équipe précédente et en nommant simplement Bayrou aux Armées, pour parachever leur troll.

La dream team toujours là

Mais je boude mon plaisir, car la fine équipe qu’ont commencé à réunir Jupiter et Ganymède, nos deux orfèvres politiques, s’annonce déjà comme une farandole de pépites.

Il serait évidemment trop long de les passer toutes en revue ; aussi, rassurons-nous en disant qu’à l’exception de nos cinq disparus de Saint-Agil, le cœur battant de la brillante phalange gouvernementale dont nous disposions est toujours là. En particulier, la superbe batterie constituée par ces sortes de ministres-tofu – Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure, Amélie de Montchalin, etc. – dont on a l’impression qu’ils pourraient rester en place 1000 ans sans laisser une quelconque trace de leur passage, est parfaitement préservée. 

Ensuite, si nous nous attardons plus particulièrement sur quelques joyaux, les nations du monde entier, en tout premier lieu, nous ont remercié pour la reconduction de l’indispensable Jean-Noël Barrot à la tête de notre diplomatie. Avec cet excellent paillasson hypoallergénique, toujours disposé à servir, nos partenaires diplomatiques sont en effet assurés d’avoir leurs semelles propres en permanence, et ont donc été ravis de pouvoir conserver cet article de télé-achat, notamment en Algérie, où les semelles se salissent notoirement très vite.

Nos confettis d’empire n’ont pas non plus été oubliés et Manuel Valls a été confirmé, pour son plus grand bonheur, dans ses anciennes responsabilités ; il n’aura donc pas à s’expatrier dans un nouveau pays pour y essayer à toute force de récupérer un maroquin quelconque. La loi établie avec Ségolène Royal pour les pôles se confirme ainsi avec lui pour l’outre-mer : plus un territoire s’éloigne de la métropole, et plus il faut convoquer les forces vives de la nation pour y représenter dignement le gouvernement.

La Culture, quant à elle, aurait évidemment été orpheline sans cet autre superbe exemple de 4×4 idéologique qu’est Rachida Dati, jamais à court d’un reniement si cela peut lui sécuriser un débouché. Quand on pense que même Nicolas Sarkozy, avec son immense bagage littéraire, n’avait pas osé la nommer à ce poste, on mesure combien Malraux serait surclassé…

Le rappel de Cincinnatus

Mais c’est surtout le rappel de Bruno Le Maire aux affaires qui traduit la conscience aiguë que Bouvard et Pécuchet (Macron et Lecornu) ont désormais de l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons.

La République romaine, comme on sait, avait instauré dans ses premières années d’existence une magistrature extraordinaire, pour faire face aux situations de péril ou d’urgence extrêmes qu’elle pouvait traverser : la dictature. Alors, pendant une période limitée, un individu, généralement choisi parmi les anciens consuls, se voyait confier un pouvoir absolu, le temps de résoudre la crise.

Bruno Le Maire est le nouvel avatar de cette dictature romaine ; plus exactement, le lointain successeur, à travers les âges, du grand Cincinnatus, que les envoyés du Sénat vinrent arracher à sa charrue, en 458 avant notre ère, pour sauver Rome des Èques, tâche qu’il accomplit en seulement seize jours, avant de rendre le pouvoir aussi sec pour retourner labourer ses terres au-delà du Tibre. Malheureusement, Bruno Le Maire ne disposera pas des pleins pouvoirs – sans quoi nous serions sauvés  –, mais il pourra compter sur ses talents multiples, d’autant qu’il n’est pas le seul à être rappelé des limbes par Jupiter et Ganymède. Son come-back s’accompagne en effet de celui d’un autre grand revenant, Éric Woerth, tout juste relaxé, étonnamment nommé à l’aménagement du territoire quand son expertise financière eut été bien utile aux Comptes publics. Espérons que cette anomalie sera vite régularisée, car notre talentueux gouvernement pourrait devoir se révéler plus expéditif encore dans sa mission que l’excellent Cincinnatus.

Les fourberies de Scapin

La seule incompréhension qui persiste ainsi chez moi, à l’heure tardive où j’écris ces lignes, naît du rempilage du brave Bruno Retailleau à l’Intérieur. Rempilage à propos duquel il faut bien reproduire l’interrogation médusée de Géronte, dans ces délicieuses fourberies de Scapin auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister la semaine dernière, à la Comédie française, avec un Noam Morgensztern génial dans le rôle éponyme : « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? »

Saint Thomas Becket et Dame Sarah Mullally: du martyre à la bien-pensance

Tout compte fait, la nomination de Sarah Mullally, première femme archevêque de Canterbury, est aussi frustrante pour les progressistes que pour les conservateurs. Analyse.


Quatorze siècles de tradition immuable se sont écoulés pour qu’une femme accède, enfin, à la primatie de l’Église d’Angleterre. Le 3 octobre 2025, Charles III a entériné la nomination de Sarah Mullally, actuelle évêque de Londres et ancienne infirmière en chef du NHS, comme 106ᵉ archevêque de Canterbury. Un moment que les commentateurs qualifient d’« historique ». Mais en quoi cette nomination serait-elle véritablement historique ? D’un sursaut spirituel ou d’un alignement complaisant sur l’air du temps ?

Le vernis du progrès

La nouvelle primat n’a rien d’une théologienne flamboyante : sa carrière fut d’abord médicale, puis managériale. Profil idéal pour une Église transformée en ONG morale. Alors que les temples se vident et que les scandales d’abus minent sa crédibilité, l’anglicanisme a trouvé une parade : ériger son archevêque en symbole inclusif. Première femme, donc première victoire… mais surtout pour la communication.

Un essaim de promesses

Elle succède à Justin Welby, emporté par l’affaire Smyth et ses graves défaillances en matière de protection des fidèles. Mme Mullally promet « d’écouter les survivants ». Des mots mille fois entendus. Ce dont l’Église anglicane a besoin, ce n’est pas d’un nouveau slogan, mais d’une réforme en profondeur – et cela, on peine à le discerner dans son discours.

La vitrine de l’archevêque

Ses positions sont connues : bénédiction des couples homosexuels, respect « de ceux qui refusent son ministère féminin », soutien au LGBT+ History Month. Sur l’avortement, elle se dit « plus proche du pro-choice que du pro-life », tout en penchant « personnellement vers le pro-life ». Sur l’euthanasie, elle s’est opposée à l’aide à mourir à la Chambre des Lords. Bref : compromis, nuances, demi-teintes. Une théologie du « en même temps » – inclusive pour les progressistes, rassurante pour les conservateurs… mais frustrante pour tous.

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Un trône fracturé

Cette nomination réjouit Londres, mais scandalise le Sud anglican. Le GAFCON a déjà dénoncé une « trahison biblique ». Pour les Églises africaines et asiatiques, une femme archevêque n’est pas seulement une hérésie : c’est la preuve que l’Occident impose sa modernité comme une nouvelle colonisation culturelle. Inclusivité, oui – mais au prix de l’unité.

À cheval sur deux mondes

Mme Mullally n’est pas seulement pasteure : elle siège à la Chambre des Lords, où elle s’oppose aux projets du gouvernement, de l’euthanasie à l’expulsion des migrants vers le Rwanda. Ses interventions la placent au cœur du débat politique. Mais l’archevêque est-elle encore une figure spirituelle, ou simplement la conscience sociale attitrée d’un Royaume en quête de morale d’État ?

Du feu de Cranmer au vernis de l’époque

Souvenons-nous : l’anglicanisme naquit dans la fureur d’Henri VIII et la radicalité de Thomas Cranmer, brûlé vif pour sa foi. Cinq siècles plus tard, l’audace s’est muée en conformisme. De la défense intransigeante de la vérité, on est passé aux compromis inclusifs. L’archevêque d’hier affrontait les rois. Celle d’aujourd’hui rassure les éditorialistes.

La nomination de Sarah Mullally restera comme un jalon. Mais que marque réellement ce jalon ? Un réveil spirituel ou une soumission à l’idéologie dominante ? À force de vouloir plaire à tout le monde, l’Église d’Angleterre risque bien de ne plus émouvoir personne. En 1170, Thomas Becket mourait à genoux devant l’autel, refusant de céder au pouvoir. En 2025, Dame Sarah Mullally s’incline, elle, devant le pouvoir de l’air du temps.

Vacances scolaires: déchristianiser pour mieux régner?

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Issy les Moulineaux, 2024 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

À l’école, certains rêvent de renommer les vacances de la Toussaint ou de Noël. Le gouvernement écarte l’idée, ayant pour l’instant d’autres chats à fouetter.


Décadi 10 vendémiaire de l’an républicain CCXXXIV, le Conseil Supérieur de l’Education a adopté par 44 voix « pour » et sept voix « contre », sur proposition du syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré, la FSU-SNUipp, une motion visant à modifier le nom des vacances de la Toussaint et des vacances de Noël, afin de les « laïciser » en supprimant toute référence chrétienne dans leur appellation.

Avidité ultra-progressiste

Retour d’un fantasme au moins aussi vieux que la révolution, qui n’est qu’un aspect parmi beaucoup d’autres de la volonté d’effacer la culture française pour mieux laisser libre cours à l’ingénierie sociale des « avant-gardes éclairées », qu’on les appelle « cercle de la Raison », « partis de gouvernement » ou « arc républicain ». Comme l’écrivait Maurice Druon, certains sont avides de « couper les nouvelles générations des acquis ancestraux » afin de « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Cette proposition a, semble-t-il, été rejetée par le ministère, du moins pour l’instant. Tant mieux. Le soutien massif qu’elle a reçu au sein du CSE doit néanmoins alerter, tout comme la volonté de déchristianisation assumée et militante qui l’inspire. Si tous les Français ne sont évidemment pas chrétiens (à commencer par votre serviteur), la France est de culture chrétienne, d’une culture littéralement impensable, impossible à penser, sans les références chrétiennes et l’ethos chrétien, plus précisément catholique (précisons que le catholicisme auquel je pense ici est celui de Saint Louis et Jacques de Longuyon, pas celui qui bénit les glaçons et glorifie l’islamisation migratoire). « Du passé faisons table rase » est par définition un projet totalitaire, et derrière le charme poétique du calendrier de Romme et de Fabre d’Eglantine, il y avait la guillotine, la baignoire nationale et les colonnes infernales !

Un nouveau séparatisme

Il est cocasse d’entendre la FCPE (parmi d’autres) invoquer la laïcité pour défendre cette mesure, quand on se souvient que la même FCPE ne s’était pas gênée pour encourager la normalisation du hijab – toujours au nom de la laïcité ! – dans une affiche qui avait beaucoup fait réagir il y a quelques années (la FCPE avait d’ailleurs porté plainte contre feu Laurent Bouvet, lui reprochant d’avoir parodié cette image pour en démontrer l’absurdité). Ironie de l’histoire, le député montagnard Pierre-Louis Bentabole (1756 – 1798), lui, avait fini par s’opposer au projet de calendrier républicain en déclarant : « Lorsque Mahomet, conquérant et législateur, donna une autre ère aux peuples soumis à sa puissance, son but fut de les séparer du reste des hommes et de leur inspirer un respect superstitieux pour le culte qu’il leur prescrivait. » On ne se prononcera pas sur la pertinence du propos de cet élu en ce qui concerne le calendrier islamique, mais on notera qu’en parlant de volonté de séparation, il touche probablement au cœur du projet moderne du CSE. Séparer les jeunes générations des traditions et des références culturelles de leur pays, en faire des déshérités sans repères, sans recul historique qui leur permettrait de porter un regard critique sur l’idéologie officielle et sur les modes du moment, « fabriquer un homme nouveau pour un monde nouveau. »

Aujourd’hui comme hier, la République aux mains de la gauche estime que la France lui appartient pour en disposer selon son bon plaisir : pour en capter les richesses aux moyens des impôts les plus élevés de l’OCDE, pour y faire venir du monde entier ses clientèles et ses alliés, pour en rééduquer le peuple du haut de son mépris et à coups de mensonges. Ainsi de cet « historien spécialiste de l’immigration », Gérard Noiriel, essayant de faire croire qu’il n’y aurait pas d’immigrés en Seine-et-Marne, ou de ce magazine, Télérama, qualifiant la cuisine régionale de « réactionnaire, passéiste et nationaliste ». Le « j’assume tout » de Napoléon n’est visiblement pas parvenu à refermer la boîte de Pandore, et les efforts de De Gaulle n’ont pas suffi à remettre le régime au service de la nation : la gauche continue à trouver normal que la nation soit au service du régime.

Déchristianisation et islamisation

Mais ce que Bentabole n’imaginait probablement pas il y a deux siècles, malgré sa référence à Mahomet, c’est que le projet de séparer les Français du passé et de l’identité de la France, finirait par s’accompagner d’un projet d’islamisation massive du pays, et plus largement de l’Europe. Ce n’est un secret pour personne, entre l’évidence de la politique migratoire (y compris le refus obstiné d’exercer les pressions nécessaires à l’exécution de plus d’une fraction des OQTF), les déclarations de Gérald Darmanin sur « la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République[1] » (ce qui nous en apprend beaucoup plus sur ladite République que sur l’islam) et celles sur « la France telle qu’on voudrait qu’elle soit[2] » de Delphine Ernotte (à la tête des médias officiels de cette République, en laquelle on peine décidément à trouver quoi que ce soit qui demeurerait de l’esprit du Grand Charles), ou encore les actions de l’Union européenne. Ce qui est moins clair, c’est de savoir quel est le but et quels sont les outils, entre disparition programmée de l’identité française, anti-christianisme, et volonté d’islamisation.

La gauche veut-elle aujourd’hui effacer le christianisme pour mieux laisser la place à l’islam, ou encourage-t-elle l’islam parce qu’elle voit en lui un allié contre le christianisme ? Veut-elle effacer le christianisme pour mieux se débarrasser de l’identité française, ou veut-elle effacer l’identité française parce que le christianisme en fait partie et qu’elle le hait ? Dans tous les cas, j’en tire la même conclusion : il est indispensable d’affirmer fermement, fièrement et même joyeusement cette identité, y compris dans ce qu’elle doit au christianisme, partie intégrante de ce que Marc Bloch appelait son « héritage spirituel ». « La France demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé. Nourri de son héritage spirituel et de son histoire, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. » (Oui, on croirait parfois entendre un autre intellectuel français, juif et patriote bien connu…) Nous ne sommes pas une page blanche sur laquelle des idéologues pourraient écrire selon leur bon plaisir : nous avons un passé, des traditions, un ancrage, une identité sur lesquels nous appuyer pour refuser que l’oligarchie gauchiste décide de notre avenir à notre place, pour refuser l’effacement de notre art de vivre et de notre décence commune, dont assurément nous n’avons pas à rougir. Au sein de la civilisation d’Athéna, nous sommes le pays de Jeanne d’Arc. Et ce n’est pas une nostalgie, c’est une promesse.

La possibilité de Dieu

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[1] https://www.la-croix.com/Religion/Gerald-Darmanin-lislam-religion-moins-difficulte-travailler-Republique-2020-09-18-1201114744

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/medias/representer-la-france-telle-qu-on-voudrait-qu-elle-soit-ce-que-revele-l-aveu-de-la-presidente-de-france-tv-20230711

Akhannouch, bouc émissaire idéal

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M. Aziz Akhannouch, Premier ministre du Royaume du Maroc, en visite à Paris le 22 février dernier © Gabrielle CEZARD/SIPA

Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch concentre les critiques du mouvement GenZ 212. Le roi parlera en fin de semaine.


Il y a une grande similitude entre Emmanuel Macron et Aziz Akhannouch. Les deux représentent une parenthèse politique qui est en train de se refermer dans leurs pays respectifs. Le Mozart de la Finance a échoué à sauver la France. Le Mozart des Affaires, milliardaire multicartes, a échoué à alléger le malaise économique au Maroc. Les deux sont détestés par une partie significative de l’opinion publique, très active sur les réseaux sociaux.  Les épouses des deux sont vilipendées à des degrés divers. Si Brigitte intrigue les Français, Selwa Akhannouch attire la haine des envieux et des ratés parce qu’elle est riche et ne le cache pas. Elle investit activement dans les shopping centers de luxe, le genre de secteur qui « ne passe pas » dans un pays du tiers-monde, surtout quand les gens ont du mal à boucler leurs fins de mois.

Cela dit, le Maroc n’est pas la France. Et les similitudes s’arrêtent ici probablement.

Un héritier

Akhannouch est un berbère de la région d’Agadir. C’est un héritier, mais pas seulement, car il a beaucoup travaillé pour devenir une des premières fortunes du pays, estimée à plus de 1.6 milliard d’USD selon Forbes. Il est actif dans l’agriculture, la distribution d’hydrocarbures, l’immobilier, l’environnement etc. Il est formé au Canada et pas en France, la pépinière traditionnelle des élites marocaines.

Il n’est pas vraiment à l’aise en public et à l’oral. Il a du mal avec l’Arabe classique, la langue magique qui séduit l’inconscient collectif marocain. Quiconque la maîtrise a un avantage certain en politique, même chez les Berbères. Akhannouch se rattrape par sa puissance de frappe : l’argent et l’organisation. Son parti de centre-droit, le Rassemblent National des Indépendants (RNI), ne manque de rien. Il dispose d’une stratégie digitale très pointue et d’une formation interne très active. Il est surtout très bien vu du Makhzen, ce qui au Maroc est un talisman qui désarme les préventions de l’administration et du peuple.  Le RNI est arrivé au pouvoir en 2021 après avoir gagné les élections sur la promesse de l’efficacité et du progrès. Il s’est présenté comme l’antithèse des islamistes en place depuis 2011 et qui ont été globalement des amateurs en matière de gestion et de croissance. Sous leur coupe, le pays aurait pu stagner, sans l’intervention décisive du Makhzen, qui via différents canaux d’investissement et d’intervention dans l’économie, a pu faire avancer le pays.

Immense colère

Au bout de quatre ans, le RNI est sur les rotules. La croissance économique n’est pas au rendez-vous, le niveau de vie est en baisse continue. Et contrairement aux islamistes (qui ont quand même quelques qualités), le RNI s’est empêtré dans des scandales de corruption et des conflits d’intérêts extrêmement indécents. Face à la hausse des prix de la viande, le gouvernement a mis des fortunes sur la table pour inciter les entrepreneurs à importer du fourrage, des moutons vivants à abattre ou bien de la viande bovine (brésilienne notamment). Les Marocains n’ont pas vu la couleur de ses subventions sur les étals du boucher. Et cerise sur le gâteau, en pleine crise hydrique (le climat s’assèche à vitesse grand V au Maroc depuis sept ans), Akhannouch a remporté l’appel d’offres de la construction d’une méga-station de dessalement de l’eau à Casablanca. Et le plus naturellement du monde, il s’en justifie en invoquant le fait que sa société et ses associés ont présenté le meilleur prix… dans un appel d’offres écrit et jugé par l’administration qu’il dirige lui-même. Peu importe sa sincérité, le conflit d’intérêt est tellement gigantesque qu’il ne souffre aucune excuse.

Quand tout va bien, les gens regardent ailleurs. Mais, aujourd’hui, les Marocains ont du mal à boucler les fins de mois. Les pauvres se nourrissent moins bien et les classes moyennes commencent à retirer leurs enfants des écoles privées parce qu’elles ne peuvent plus payer les mensualités. D’où l’immense colère qui s’abat depuis une semaine sur Akhannouch et son gouvernement.

Colère justifiée, mais aussi colère malsaine, car elle est animée par un brin de jalousie. Personne n’aime les riches, surtout quand ils leur ressemblent, car ils leur démontrent que le succès est possible.

Non, il ne faut pas blâmer les foules mais le système qui a confié les affaires du pays à un parti comme le RNI et à un milliardaire. Le RNI est un parti de notables, sans idéologie. Son credo se limite grosso modo à « enrichissez-vous ». Pourquoi pas ? Cette vision peut avoir sa place à la tête du Ministère des Finances ou de l’Industrie, mais pas à la tête d’une équipe qui est censée guider un peuple qui souffre. 

Puisque l’on parle de conflits d’intérêts, votre serviteur en a un, lui aussi. Mon père était sympathisant du RNI et admirateur de son fondateur, Ahmed Osman. Il s’agissait du parti idéal pour quelqu’un comme mon père, un entrepreneur, un notable, un monarchiste, un progressiste qui veut bien du progrès technique mais pas de la révolution sociale. Mais, le Marocain n’est pas comme ça, il a d’autres besoins.

Il est trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de Monsieur Akhannouch. La classe politique est en train de se retourner contre lui, progressivement. Elle espère peut-être que son départ suffira à apaiser l’opinion publique. Possible. Cela dit, il n’y a personne à mettre à la place. Les islamistes sont démonétisés, la gauche est atteinte du même syndrome que le RNI depuis qu’elle n’a plus d’idéologie.

Avant de mourir, mon père disait souvent : « il y a gens bien payés pour régler ce genre de problème, qu’ils se démerdent, sers-moi plutôt un verre de rouge et donne un bout de pain et du beurre ! »

Je lui désobéirai encore une fois pour dire une dernière chose.

Que Monsieur Akhannouch serve de bouc émissaire n’est pas un drame.  C’est le jeu. Mais, la solution à l’équation marocaine est beaucoup plus complexe que cela.

Akhannouch a eu le mérite de démontrer aux Marocains et au monde que le Maroc est un vivier de forces vives prêtes à éclore. Au lieu de les vilipender, il convient de les encourager à sortir de leur réserve, à condition qu’ils fassent des affaires et seulement des affaires. La politique et les idées ont besoin d’autres profils, dont l’âme vibre non pas pour l’argent mais pour la gloire. Le Maroc a vivement besoin de gens du calibre d’un Mehdi Ben Barka en politique et d’un Mehdi El Mendjra dans le champ des idées. Ces deux élites du passé avaient besoin de liberté. Les candidats à milliardaire n’ont besoin que de la liberté économique. Et les candidats au magistère politique ou moral ont besoin de la liberté de conscience et d’expression. Deux versants de la Liberté que les mentalités arabes et nord-africaines regardent avec suspicion.  Mais, comme dirait mon père : « baraka min el hadra ou koumu tkhadmu » (assez de palabre et au boulot !).

Mon père, le Maroc et moi: Une chronique contemporaine

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Une journée qui ébranla le monde

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Des Palestiniens et des terroristes du Hamas transportent Yarden Bibas vers Gaza après l’avoir enlevé à son domicile de Nir Oz, un kibboutz en Israël près de la frontière avec Gaza, le 7 octobre 2023 © Hatem Ali/AP/SIPA

Il y a deux ans, le Hamas lançait une attaque terroriste terrible contre Israël. Je pense aux victimes (dont 51 Français), aux familles inconsolées, à Noa, 23 ans, assassinée au festival Nova, à sa mère, Mali, infirmière, que j’ai rencontrée, qui accueille et soigne les otages revenus de l’enfer – elle qui n’aura jamais la chance de revoir sa fille. Je pense aux otages prisonniers dans les tunnels de Gaza. Je pense aussi aux enfances brisées et aux civils palestiniens, dont un dirigeant du Hamas disait que plus ils mourraient mieux ce serait pour la cause.

Nouvelle donne

Beaucoup d’Israéliens sont encore habités aujourd’hui par une angoisse vitale. Ils ont la certitude, comme ils disent, qu’ « ils veulent nous détruire ». Et beaucoup d’amis d’Israël ne comprennent pas cette guerre interminable. Alors on se dit que le 7-octobre est irréparable.

Et pourtant, il existe aujourd’hui un espoir réel que la diplomatie prenne le relais de la force. Pas parce que le monde écoute la France comme semble le croire Emmanuel Macron, mais parce que la riposte israélienne a créé une nouvelle donne stratégique, parce qu’Assad est tombé en Syrie, que les mollahs iraniens sont affaiblis, tout comme le Hezbollah et le Hamas lui-même. A la suite de cet usage de la force, le plan Trump ne s’appuie ni sur l’ONU ni sur l’Autorité Palestinienne – une excellente chose – mais est soutenu par le monde arabo-musulman.

A lire aussi, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Chaque étape à venir est pleine de chausse-trapes. On négocie aujourd’hui le retour des otages. Et on ne sait pas si au bout il y aura un Etat palestinien. Mais pour la première fois depuis longtemps, on trace un chemin vers la coexistence.

Tsunami antisémite

Le Hamas a-t-il perdu cette guerre lancée le 7-Octobre ? Sur le terrain, oui. Très affaibli militairement, le mouvement terroriste a quand même réussi à replacer la question palestinienne à l’agenda international, même s’il sera lui-même exclu du jeu dans le futur. Le problème, c’est que le Hamas a beaucoup gagné dans les esprits occidentaux. Croyant défendre les Palestiniens, toute une jeunesse est happée par sa propagande – c’est-à-dire, l’idée de la Palestine « de la mer au Jourdain » (un seul État, et donc pas d’État juif).

Dans nos facs, « sale sioniste » a remplacé sale juif. Beaucoup de juifs européens et français se demandent s’ils ont encore leur place dans leurs pays respectifs. En France, un mouvement politique a fait de la haine d’Israël son principal fonds de commerce. Ses dirigeants déplorent le futur désarmement d’un mouvement terroriste (quand ils ne le qualifient pas de résistant).

Au-delà de la question antisémite, le drapeau palestinien est devenu l’emblème de la haine de la France, il accompagne désormais violences, désordres et démonstrations de force islamistes dans nos rues.

Mais malgré tout, il y a une raison d’être optimiste. Une majorité de Français ne mange pas de ce pain-là. Contrairement à Olivier Faure, beaucoup de gens de gauche ont clairement rompu avec les Insoumis. Peut-être que les assassins lancés par Yahya Al-Sinwar il y a deux ans seront aussi les fossoyeurs politiques d’un parti aux méthodes fascistoïdes.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

Branlette écolo

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Ce n'est pas sale... DR.

Le média écologiste Reporterre a récemment proposé à ses lecteurs un dossier très complet et très instructif1 dénommé « Sexe et écologie ».

Après avoir affirmé que « le queer, c’est de la biodiversité », la « penseuse féministe et décoloniale » Myriam Bahaffou explique que l’écosexualité consiste à s’adonner à « toute pratique érotique n’ayant pas l’humain au centre ». Myriam conseille de « murmurer des mots doux aux plantes » ou de « caresser un arbre » tout en recourant à la « respiration orgasmique », le but ultime étant de « répandre ses fluides dans la nature ». En cas d’échec, la flagellation végétale est autorisée.

A lire aussi, du même auteur: Fumisteries et balivernes: quand le théâtre féministe «taille en pièces le patriarcat»…

Inspirés par cette nouvelle façon de prendre son pied, des artistes militant pour une « dimension écologique au sein d’une narration pornographique » ont réalisé un film « écoporn » dans lequel « des personnes se fouettent les fesses avec du houx ». Les fruits et les légumes peuvent également avoir une grande place dans les pratiques sexuelles écologiques, apprend-on dans la rubrique « Sextoys ». L’utilisation de légumes à forme phallique – concombres, aubergines et autres courgettes – peut être combinée à celle de « fruits et légumes moins connus ». Les avocats et les pêches sont, paraît-il, d’excellents stimulateurs clitoridiens. Toutefois, avertit une éco-sexothérapeute, il est nécessaire de laver le fruit ou le légume à chaque utilisation. Par ailleurs, précise-t-elle, « il faut faire attention en cas de pénétration anale, car les fruits et légumes peuvent rester coincés dans le rectum ».

Pour préserver la planète, la spécialiste recommande également l’usage de sextoys en bois, en particulier ceux fabriqués avec du merisier ou du noyer, pour leur faible empreinte écologique. « Une partie du bois vient de scieries locales, la consommation électrique est très faible, aucune matière chimique n’est utilisée, mis à part pour la très fine couche de vernis qui les recouvre, explique le créateur de la marque Idée du désir. Pour ceux qui en prennent soin, ils peuvent durer toute une vie. » Décidément, l’écologie s’introduit partout.


  1. https://reporterre.net/Sexe-et-ecologie ↩︎

F-O-U-T-U

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Éric Naulleau © Hannah Assouline

Dans ce vieux pays fatigué, la progression de l’islamisme, du wokisme, du nihilisme et du crétinisme semble inéluctable. Pour Éric Naulleau le constat est évident : tout est foutu.


F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière médiatique, tant il est mieux vu, sur les plateaux de télévision comme dans les colonnes des gazettes, d’en appeler au sursaut ou au choc d’autorité, de dissimuler sous un vocabulaire ronflant l’évidence de la défaite, de même que l’on masque de parfums une odeur de putréfaction. De prétendre se battre quand on ne fait que se débattre. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Au moins ne me reprochera-t-on pas de vouloir faire carrière politique quand le parti foutuiste serait une contradiction dans les termes. Si ses sympathisants, toujours plus nombreux, font parler la poudre, ce n’est jamais que la poudre d’escampette. Sauve qui peut, chacun se cherche un arrière-pays ou un autre pays pour mettre à l’abri du désastre sa personne et ses enfants. Non pas en attendant des jours meilleurs, mais en prévision des jours plus malheureux encore. Ce n’est plus la tentation de Venise, c’est N’importe Où Hors de France, pour emprunter à Baudelaire. Jusque sur des terres menacées par l’apocalypse nucléaire. F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Il faudrait un de Gaulle ou un Napoléon pour nous sortir de là (laissons Jeanne d’Arc de côté pour le moment). Mais même si, par extraordinaire, une personnalité hors norme se dissimulait parmi les actuels boutiquiers de la politique, auprès desquels les combinards de la IVe République font désormais figure d’aigles planant au plus haut des cieux historiques, sa tâche se révélerait autrement plus ardue que dans la France de 1799 ou de 1940. Quand le général de Gaulle lança son appel du 18 juin, 144 habitants de l’île de Sein s’embarquèrent illico sur des bateaux de pêche pour Londres – ce n’est pas la même chose que de se ruer vers les canots de sauvetage en espérant réchapper du naufrage, ainsi que nous y invitent les temps mauvais. De Gaulle combattait le Mal. On ne combat pas le Bien, on le fuit.

A lire aussi: Causeur: sommes-nous foutus ?

Et la difficulté ne s’arrête pas là. Pris séparément, nos principaux ennemis ne sont pas irrésistibles, il demeure très possible de défaire l’islamisme, le wokisme, le nihilisme ou le crétinisme. Mais F-O-U-T-U, oui, c’est foutu : unis comme ils se dressent aujourd’hui, ils deviennent invincibles, rien n’empêchera ces nouveaux barbares associés de détruire, jusqu’à ce qu’il ne reste pierre sur l’autre, notre république, notre pays, notre culture, notre civilisation. Ils disposent d’une École dont la mission paraît d’initier les têtes blondes au monde merveilleux des drag queens et à la théorie du genre plutôt que de leur transmettre les savoirs fondamentaux. Ils disposent d’un service public dont la plus puissante représentante, nous avons nommé Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions, a officiellement déclaré que son rôle était « de représenter la France non telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être » – le délire schizophrène comme programme officiel, du jamais vu depuis le stalinisme. Ils disposent des institutions et des médias, ils disposent d’à peu près tous les lieux de pouvoir, ils disposent d’une armada de sociologues comme autant d’émissaires d’un pays imaginaire, d’une dimension parallèle.

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Mince consolation que de connaître enfin ce qu’éprouvèrent les contemporains de la chute de l’Empire romain. Quand des militants LGBT défilent en soutien à leurs futurs égorgeurs islamistes, quand une féministe déclare « préférer les jeteuses de sorts aux ingénieurs EPR », quand des lycéens, dont le crâne a été vidé de sa cervelle par l’Éducation nationale pour être farci d’un tas d’inepties, s’en prennent à tout drapeau français comme à un symbole fasciste, quand on est prié de croire, sous peine d’être poursuivi en justice, qu’un homme peut devenir une femme, menstruer et tomber « enceint », quand les bouffeurs de curés baisent les babouches d’imams intégristes, quand « La Palestine de la rivière à la mer », équivalent jugé acceptable de « Mort aux juifs ! », est un slogan repris en chœur par des gens qui ignorent de quelle rivière et de quelle mer il s’agit, quand boire des demis en terrasse de 18 heures jusqu’à l’aube devient un projet de vie, quand commander son sandwich favori à un esclave à vélo devient un acte militant au service de l’utopie multiculturelle, alors tout est joué, les noces de l’ignorance et du cynisme sont consommées. Les portes de Troie battent à tous les vents – Jean-Luc Mélenchon peut alors s’asseoir à la table rase, décréter la créolisation générale comme d’autres la mobilisation générale, en appeler au grand remplacement d’un peuple par un autre sans cette fois tirer de leur sommeil la moindre orfraie, assimiler la France des traditions à « une France diminuée », décréter que notre langue n’existe plus. Ah oui, parce que l’ennemi dispose aussi d’un parti officiel. Ses ouailles décérébrées acquiescent avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elles ne savent à peu près rien de ce pays, de sa culture, de son histoire et de sa langue, sinon qu’ils sont autant de motifs de honte, de sujets de repentance – si ce qu’à Dieu ne plaise, Jean-Michel Aphatie parvenait au pouvoir, sa première mesure serait « de raser le château de Versailles afin que la France expie sa grandeur ». On a les intellectuels organiques (comme on parle d’engrais organique) que l’on mérite du côté de l’anti-France.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Le grand choir

F-O-U-T-U, oui, c’est foutu. Car il y a pire encore. Une forme de résignation chez le plus grand nombre, une perte d’énergie vitale, plus envie de travailler, plus envie d’avoir des enfants, plus envie de faire l’amour. Pourquoi ne pas déléguer tout cela à des nouveaux venus ? Moins cher, moins fatigant. L’impression, plus ou moins vivement ressentie et directement exprimée, que nous devons nous effacer de l’Histoire, que c’est au tour des anciens colonisateurs d’être colonisés. Un acquiescement, une soumission à l’idée de notre propre disparition. La grandeur de la France est devenue un fardeau pour les Français, trop de gloire, trop de génie, trop de beauté, trop de savants, d’écrivains (Proust ET Céline, non mais allô, quoi…), de peintres, de cathédrales, de musées, trop de place laissée aux femmes. L’éternité n’est plus notre mesure, l’exception n’est plus notre règle. Quand nous aurons laissé sur le bord du chemin cet encombrant bagage, le pas se fera plus léger. Quand le souci métaphysique se limitera à connaître la date des prochains soldes, l’angoisse se fera moins vive. Et l’appel à la prière dans les centres commerciaux viendra rappeler qu’Allah s’occupe du reste. Quand tous les classiques littéraires sembleront avoir été écrits dans une langue étrangère, nous continuerons de les lire dans les catacombes. Quand la France ne sera plus, quand y régnera le nouvel ordre islamo-consumériste, elle sera devenue l’Abistan du 2084 de Boualem Sansal : « À la fin des fins régnera le silence et il pèsera lourd, il portera le poids des choses disparues depuis le début du monde et celui encore plus lourd des choses qui n’auront pas vu le jour faute de mots sensés pour les nommer. » Et personne ne connaîtra plus la signification du mot F-O-U-T-U.

Le président est nu

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Le président de la République Emmanuel Macron sur les bords de la Seine, ce matin. Image : capture BFMTV.

La démission surprise de Sébastien Lecornu est aussi affligeante que démoralisante, à l’heure où la situation exigerait des réformes financières radicales et rapides. Privée de gouvernement et de budget, la France est affaiblie


Emmanuel Macron: le corps nu

Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.

Arrogance

Le président ne démissionnera pas. Une telle décision, si elle émanait de lui seul, serait le signe d’une démarche parfaitement républicaine. Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre.

A lire aussi, Eric Naulleau: F-O-U-T-U

En refusant la politique du pire et pour éviter le pire de la politique, le président peut être tenté de nommer un Premier ministre de gauche qui sera conforté par des forces de gauche et d’extrême gauche miraculeusement réunies par la tactique et l’unité imposée. Ce gouvernement peu probable serait balayé très rapidement.

La dissolution, cette fois nécessaire, devrait être l’expédient suprême. Sans le front républicain qui avait totalement dénaturé le résultat des dernières élections législatives, de nouvelles élections, organisées dans une totale liberté et transparence démocratiques, pourraient aboutir à une victoire incontestable, amplifiée, du Rassemblement national.

Bardella demain à Matignon ?

Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité.

La France vit une situation totalement inédite. Le président est nu. Ce n’est plus seulement une crise, pas encore une révolution. Le peuple piaffe. Nous sommes au bord du gouffre. Il faut résister à la tentation – perverse ou lasse – d’y tomber.

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Les «Ringards» au pouvoir!

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Les Ringards (1978) de R. Pouret © NANA PRODUCTIONS/SIPA

À la vue du nouveau gouvernement et sa composition tragi-comique, Monsieur Nostalgie préfère les vrais, les authentiques, les flamboyants Ringards du film de Robert Pouret de 1978. Ceux-là ne nous décevaient jamais et avaient la décence de ne pas faire de la politique !


Il y a comme ça des dimanches patibulaires. Crépusculaires. Ils annoncent la fin d’une classe politique démonétisée depuis quarante ans. Le divorce est consommé. Système tournant à vide, à la botte de quelques affidés, sans plus aucune consistance intellectuelle et assise réelle. Un machin hors-sol que le peuple, par salubrité, par honte aussi (lui ne nie pas ses fautes), a mis à distance. Très loin de sa vue. Cachez-nous ces représentants, les enfants regardent la télévision, ils pourraient prendre pour acquis leurs mauvaises manières. On apprenait jadis dans les IEP que ce peuple français était politique, colérique, passionné par la « chose publique » et le débat des idées, qu’il avait le sens du collectif et de la controverse, qu’il croyait à la geste de ses élus et au récit national. Ce peuple tant honni et tellement infantilisé fait désormais sécession dans les urnes et dans les têtes. Il est ailleurs. Il est fragmenté. Il est satellisé. Il répond aux abonnés absents. Il n’a plus le courage de participer et encore moins d’encourager les gesticulations de ce théâtre répétitif, besogneux, visqueux, laid et vide des ors de la République. Le peuple, contrairement à ses élites, ne se défausse pas, il a sa part de responsabilité dans la création de ce « monstre » démocratique. Ce système chimérique et ses relents de morgue, il en a été l’artisan.

À ne pas manquer, Éric Naulleau: F-O-U-T-U

Au fond de lui, par fatigue morale, par étranglement économique et peur de sombrer, par des votations erratiques et des entourloupes constitutionnelles, le peuple a laissé courir. Il a été floué. On lui a menti. Il a été faible. Bien qu’il n’ait jamais cru aux boniments, aux promesses, aux grands soirs, il s’est laissé anesthésier, peu à peu, jusqu’à se désintéresser du schmilblick. Il a laissé prospérer le délitement. Laissé à une classe d’apprentis-sorciers les rênes du commandement par dépit, rarement par enthousiasme débordant. Il a même admis, magnanime, que cette classe surprotégée pouvait vivre à ses frais, sur son dos, le tondre à l’occasion et le faire culpabiliser. Il a accepté de les nourrir, de les loger, de les habiller, sans contrepartie. C’est la grandeur des vieilles nations, notre courtoisie bienveillante. Les Français sont des seigneurs un peu las de tout ce cirque médiatique. De ce barnum qui captive seulement quelques professionnels du commentaire sur les antennes. Nous avons pourtant l’habitude d’être dupés. Là, peut-être à cause de l’accumulation, du côté farce et amateurisme, l’amertume nous monte à la gorge. Un petit goût d’enfumage plane sur notre pays. Nous avons délégué, durant des décennies, à des plus « sachants », à des supposés plus « instruits » que nous. Les diplômes dorés, parfois plaqués, de nos dirigeants ne font plus guère illusion. Le diplôme sans la culture, sans la stature, sans l’incarnation et sans la vibration intime de notre terre n’est qu’une guenille. Des frusques. Face à cette faillite, je préfère m’en remettre aux vrais « Ringards », ceux du film sorti à la fin du mois de septembre 1978. Nous étions sous Barre III. Boulin était au Travail, Soisson au Sport et Deniau, le navigateur berrichon au Commerce extérieur.

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Place aux authentiques branques, aux « bons à rien » de classe internationale, braqueurs pathétiques, un aréopage d’inutiles et de gentils parasites. Des flamboyants de la « lose ». Incapables de mener à bien une mission. Ils s’appelaient Aldo Maccione qui fêtera ses 90 ans en novembre prochain, dragueur turinois impénitent, Julien Guiomar, le Breton professoral et Charles Gérard, le réfractaire en polo de tennis. Une triplette qui mériterait d’entrer dans les ministères sous la supervision de Mireille Darc conduisant une Lancia dans la cour de Matignon. Ils étaient nuls, fainéants, des tire-au-flanc splendides de bêtises et d’arrivisme.  Avec eux, au moins, on riait de bon cœur et on oubliait nos misères quotidiennes. J’apprends que Georges Descrières et Katia Tchenko ont été coupés au montage de cette comédie ratée. Ils auraient mérité leur maroquin.

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Trump et Netanyahou feront-ils bouger l’histoire?

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Washington, le 29 septembre 2025 © Nathan Posner/Shutterstock/SIPA

Le Premier ministre israélien Netanyahou se dit certain de pouvoir libérer les otages et désarmer les terroristes du Hamas, que ce soit grâce au plan de Donald Trump ou par la force.


La politique produit des grands et des petits hommes. Les grands hommes sont ceux qui affrontent, seuls le plus souvent, le mur du conformisme afin d’atteindre leurs objectifs. Les petits sont ceux qui tergiversent, se trompent d’adversaires, pactisent avec la meute. Le plastronnant Emmanuel Macron est de cette seconde race. Voici un président qui flatte l’opinion anti-israélienne en joignant sa voix à ceux qui accablent Benyamin Netanyahou, et qui accuse Vladimir Poutine de « confrontations permanentes » contre l’Europe. Le chef de l’État voit beaucoup de complots russes ; y compris dans des « pétroliers fantômes » contre qui il a exigé des « politiques d’entrave ». C’est ainsi que la Marine a arraisonné la semaine dernière, dans les eaux internationales au large de Saint-Nazaire, un navire soupçonné d’être pro-russe et d’être la plate-forme de drones envoyés dernièrement survoler le Danemark.

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Vérifications faites, l’équipage était chinois et aucun appareil n’a été trouvé. Le bateau a repris sa route jeudi soir après une garde à vue de son capitaine. Ce flop a été aimablement passé sous silence par les médias. Le fiasco est venu rappeler néanmoins le jeu trouble que Macron entretient avec les peurs collectives, en alimentant cette fois un possible conflit avec une puissance nucléaire. Aurait-il le dessein de constituer autour de lui, avec une guerre contre la Russie, une solidarité nationale qui part en lambeaux (16% de satisfaits dans le dernier baromètre du Figaro Magazine !) ? La question mérite en tout cas d’être posée, tant le personnage est sans limite. Sébastien Lecornu a au moins l’honnêteté de se présenter comme « le Premier ministre le plus faible de la République ».

Parallèlement à ces manœuvres médiocres, qui rendent par capillarité le spectacle politique français affligeant d’amateurisme[1], des grands hommes sont en train d’écrire l’histoire.

A lire aussi, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Donald Trump et le Premier ministre israélien, tous deux conspués par l’unanimisme médiatique, sont de ceux-ci. Le choix de Netanyahou d’éradiquer coûte que coûte le Hamas islamiste, au prix d’une guerre cruelle lancée à Gaza après le 7-Octobre 2023, semble avoir atteint son but : sous la pression conjointe du président américain, le mouvement terroriste s’est dit prêt à accepter les conditions de sa reddition, en acceptant notamment de libérer les 48 derniers otages, dont beaucoup sont morts. Dix-sept pays arabes, dont le Qatar qui abrite la branche politique du Hamas, sont prêts à consolider une paix avec Israël. Si «Bibi» avait obtempéré aux coups de menton de Macron en cessant le feu prématurément, le Hamas n’aurait vraisemblablement pas eu à rendre les armes. Certes, rien n’est encore, ce lundi matin, totalement acquis de la part d’un mouvement islamiste apocalyptique. Mais une dynamique de paix est enclenchée. MM. Trump et Netanyahou, les deux pires parias occidentaux (après Poutine) aux yeux des esprits capitulards, sont en train de clore la politique du « soft power » qui jusqu’alors était la norme convenue. Tous deux ne manquent pas de défauts, c’est entendu. Mais les petits hommes, eux, n’ont aucune qualité.

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[1] Les LR devaient dire, ce lundi à midi, s’ils se maintiendraient dans le nouveau gouvernement macronien… dont le Premier ministre vient de démissionner.

Emmanuel Macron: Je trolle donc je suis

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© Raphael Lafargue -pool/SIPA
Dernière minute : Reçu ce matin au Palais de l’Elysée, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président Macron, qui l’a acceptée. Le grand cirque continue… •

Sébastien Lecornu a frappé fort hier soir avec l’annonce des 18 premiers membres de son gouvernement. Lui qu’on pensait incapable de peser face à Emmanuel Macron, quel démenti cinglant infligé à ses détracteurs, quel séisme ! Car la nouvelle équipe ne ressemble en rien à la précédente, et c’est à peine si l’on y reconnaît un visage…

Ah ! nous espérions un acte d’émancipation, nous avons été servis ! Après tout, Emmanuel Macron nous avait annoncé qu’il allait révolutionner la politique ; il fallait donc s’attendre à ce que Sébastien Lecornu, l’un de ses plus fidèles disciples, révolutionne l’art de composer un gouvernement.

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé

Mais tout de même, se dit-on. Patrick Mignola, Marie Barsacq, Laurent Marcangeli, Eric Lombard, François Rebsamen : une telle hémorragie de talents, alors que la France, on le sait, est un patient affaibli, est-ce vraiment bien raisonnable ?

Aucun grand médecin, certes, n’ignore les vertus d’une saignée ; mais celle-ci, par son audace, passait décidément toutes les bornes connues.

Aussi ne pouvait-on s’empêcher de se demander, étreint d’un doute atroce, en ce dimanche finissant : Jupiter, notre infaillible Jupiter, n’était-il pas allé trop loin cette fois, en amputant l’État de cinq de ses piliers ? Et nous maudissions Ganymède, son nouveau Premier ministre, de l’avoir entraîné ainsi dans l’hybris et l’inconnu.

« Je vous ai compris »

De la grande telenovela voulue et réalisée par Emmanuel Macron depuis l’été 2024, l’épisode du 5 octobre demeurera comme un des sommets de la seconde saison. Car cette annonce du gouvernement, c’est l’équivalent jupitérien du « Je vous ai compris » gaullien, c’est-à-dire une manière très particulière de marquer sa compréhension de ce qu’on lui demande, mais qui, en l’occurrence, ne s’embarrasse plus d’aucune ambiguïté (car Jupiter l’intrépide, lui, ne craint pas qu’on « vienne le chercher »). Mon seul regret, dans cette belle trouvaille, c’est donc que nos deux scénaristes n’aient pas osé aller au bout de leur idée, en conservant toute l’équipe précédente et en nommant simplement Bayrou aux Armées, pour parachever leur troll.

La dream team toujours là

Mais je boude mon plaisir, car la fine équipe qu’ont commencé à réunir Jupiter et Ganymède, nos deux orfèvres politiques, s’annonce déjà comme une farandole de pépites.

Il serait évidemment trop long de les passer toutes en revue ; aussi, rassurons-nous en disant qu’à l’exception de nos cinq disparus de Saint-Agil, le cœur battant de la brillante phalange gouvernementale dont nous disposions est toujours là. En particulier, la superbe batterie constituée par ces sortes de ministres-tofu – Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure, Amélie de Montchalin, etc. – dont on a l’impression qu’ils pourraient rester en place 1000 ans sans laisser une quelconque trace de leur passage, est parfaitement préservée. 

Ensuite, si nous nous attardons plus particulièrement sur quelques joyaux, les nations du monde entier, en tout premier lieu, nous ont remercié pour la reconduction de l’indispensable Jean-Noël Barrot à la tête de notre diplomatie. Avec cet excellent paillasson hypoallergénique, toujours disposé à servir, nos partenaires diplomatiques sont en effet assurés d’avoir leurs semelles propres en permanence, et ont donc été ravis de pouvoir conserver cet article de télé-achat, notamment en Algérie, où les semelles se salissent notoirement très vite.

Nos confettis d’empire n’ont pas non plus été oubliés et Manuel Valls a été confirmé, pour son plus grand bonheur, dans ses anciennes responsabilités ; il n’aura donc pas à s’expatrier dans un nouveau pays pour y essayer à toute force de récupérer un maroquin quelconque. La loi établie avec Ségolène Royal pour les pôles se confirme ainsi avec lui pour l’outre-mer : plus un territoire s’éloigne de la métropole, et plus il faut convoquer les forces vives de la nation pour y représenter dignement le gouvernement.

La Culture, quant à elle, aurait évidemment été orpheline sans cet autre superbe exemple de 4×4 idéologique qu’est Rachida Dati, jamais à court d’un reniement si cela peut lui sécuriser un débouché. Quand on pense que même Nicolas Sarkozy, avec son immense bagage littéraire, n’avait pas osé la nommer à ce poste, on mesure combien Malraux serait surclassé…

Le rappel de Cincinnatus

Mais c’est surtout le rappel de Bruno Le Maire aux affaires qui traduit la conscience aiguë que Bouvard et Pécuchet (Macron et Lecornu) ont désormais de l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons.

La République romaine, comme on sait, avait instauré dans ses premières années d’existence une magistrature extraordinaire, pour faire face aux situations de péril ou d’urgence extrêmes qu’elle pouvait traverser : la dictature. Alors, pendant une période limitée, un individu, généralement choisi parmi les anciens consuls, se voyait confier un pouvoir absolu, le temps de résoudre la crise.

Bruno Le Maire est le nouvel avatar de cette dictature romaine ; plus exactement, le lointain successeur, à travers les âges, du grand Cincinnatus, que les envoyés du Sénat vinrent arracher à sa charrue, en 458 avant notre ère, pour sauver Rome des Èques, tâche qu’il accomplit en seulement seize jours, avant de rendre le pouvoir aussi sec pour retourner labourer ses terres au-delà du Tibre. Malheureusement, Bruno Le Maire ne disposera pas des pleins pouvoirs – sans quoi nous serions sauvés  –, mais il pourra compter sur ses talents multiples, d’autant qu’il n’est pas le seul à être rappelé des limbes par Jupiter et Ganymède. Son come-back s’accompagne en effet de celui d’un autre grand revenant, Éric Woerth, tout juste relaxé, étonnamment nommé à l’aménagement du territoire quand son expertise financière eut été bien utile aux Comptes publics. Espérons que cette anomalie sera vite régularisée, car notre talentueux gouvernement pourrait devoir se révéler plus expéditif encore dans sa mission que l’excellent Cincinnatus.

Les fourberies de Scapin

La seule incompréhension qui persiste ainsi chez moi, à l’heure tardive où j’écris ces lignes, naît du rempilage du brave Bruno Retailleau à l’Intérieur. Rempilage à propos duquel il faut bien reproduire l’interrogation médusée de Géronte, dans ces délicieuses fourberies de Scapin auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister la semaine dernière, à la Comédie française, avec un Noam Morgensztern génial dans le rôle éponyme : « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? »

Saint Thomas Becket et Dame Sarah Mullally: du martyre à la bien-pensance

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Sarah Mullally prononce un discours dans le chœur de la cathédrale de Cantorbéry, dans le Kent, à la suite de l’annonce de sa nomination comme 106ᵉ archevêque de Cantorbéry, le vendredi 3 octobre 2025 © Gareth Fuller/AP/SIPA

Tout compte fait, la nomination de Sarah Mullally, première femme archevêque de Canterbury, est aussi frustrante pour les progressistes que pour les conservateurs. Analyse.


Quatorze siècles de tradition immuable se sont écoulés pour qu’une femme accède, enfin, à la primatie de l’Église d’Angleterre. Le 3 octobre 2025, Charles III a entériné la nomination de Sarah Mullally, actuelle évêque de Londres et ancienne infirmière en chef du NHS, comme 106ᵉ archevêque de Canterbury. Un moment que les commentateurs qualifient d’« historique ». Mais en quoi cette nomination serait-elle véritablement historique ? D’un sursaut spirituel ou d’un alignement complaisant sur l’air du temps ?

Le vernis du progrès

La nouvelle primat n’a rien d’une théologienne flamboyante : sa carrière fut d’abord médicale, puis managériale. Profil idéal pour une Église transformée en ONG morale. Alors que les temples se vident et que les scandales d’abus minent sa crédibilité, l’anglicanisme a trouvé une parade : ériger son archevêque en symbole inclusif. Première femme, donc première victoire… mais surtout pour la communication.

Un essaim de promesses

Elle succède à Justin Welby, emporté par l’affaire Smyth et ses graves défaillances en matière de protection des fidèles. Mme Mullally promet « d’écouter les survivants ». Des mots mille fois entendus. Ce dont l’Église anglicane a besoin, ce n’est pas d’un nouveau slogan, mais d’une réforme en profondeur – et cela, on peine à le discerner dans son discours.

La vitrine de l’archevêque

Ses positions sont connues : bénédiction des couples homosexuels, respect « de ceux qui refusent son ministère féminin », soutien au LGBT+ History Month. Sur l’avortement, elle se dit « plus proche du pro-choice que du pro-life », tout en penchant « personnellement vers le pro-life ». Sur l’euthanasie, elle s’est opposée à l’aide à mourir à la Chambre des Lords. Bref : compromis, nuances, demi-teintes. Une théologie du « en même temps » – inclusive pour les progressistes, rassurante pour les conservateurs… mais frustrante pour tous.

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Un trône fracturé

Cette nomination réjouit Londres, mais scandalise le Sud anglican. Le GAFCON a déjà dénoncé une « trahison biblique ». Pour les Églises africaines et asiatiques, une femme archevêque n’est pas seulement une hérésie : c’est la preuve que l’Occident impose sa modernité comme une nouvelle colonisation culturelle. Inclusivité, oui – mais au prix de l’unité.

À cheval sur deux mondes

Mme Mullally n’est pas seulement pasteure : elle siège à la Chambre des Lords, où elle s’oppose aux projets du gouvernement, de l’euthanasie à l’expulsion des migrants vers le Rwanda. Ses interventions la placent au cœur du débat politique. Mais l’archevêque est-elle encore une figure spirituelle, ou simplement la conscience sociale attitrée d’un Royaume en quête de morale d’État ?

Du feu de Cranmer au vernis de l’époque

Souvenons-nous : l’anglicanisme naquit dans la fureur d’Henri VIII et la radicalité de Thomas Cranmer, brûlé vif pour sa foi. Cinq siècles plus tard, l’audace s’est muée en conformisme. De la défense intransigeante de la vérité, on est passé aux compromis inclusifs. L’archevêque d’hier affrontait les rois. Celle d’aujourd’hui rassure les éditorialistes.

La nomination de Sarah Mullally restera comme un jalon. Mais que marque réellement ce jalon ? Un réveil spirituel ou une soumission à l’idéologie dominante ? À force de vouloir plaire à tout le monde, l’Église d’Angleterre risque bien de ne plus émouvoir personne. En 1170, Thomas Becket mourait à genoux devant l’autel, refusant de céder au pouvoir. En 2025, Dame Sarah Mullally s’incline, elle, devant le pouvoir de l’air du temps.