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Le président est nu

Le billet politique de Philippe Bilger


Le président est nu
Le président de la République Emmanuel Macron sur les bords de la Seine, ce matin. Image : capture BFMTV.

La démission surprise de Sébastien Lecornu est aussi affligeante que démoralisante, à l’heure où la situation exigerait des réformes financières radicales et rapides. Privée de gouvernement et de budget, la France est affaiblie


Emmanuel Macron: le corps nu

Après Michel Barnier, François Bayrou et la démission expéditive de celui qu’il espérait être son bouclier le plus sûr, Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron est dorénavant confronté à sa responsabilité fondamentale : à cause d’une dissolution aberrante qui a rendu l’exercice parlementaire impraticable et, au-delà, gangrené la vie démocratique, le président de la République n’a à sa disposition que des solutions qui mettront en lumière son propre échec.

Arrogance

Le président ne démissionnera pas. Une telle décision, si elle émanait de lui seul, serait le signe d’une démarche parfaitement républicaine. Mais le propre d’Emmanuel Macron, et du macronisme qu’il a inspiré, a toujours été de substituer à la lucidité sur leurs erreurs une arrogance occultant le désastre.

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En refusant la politique du pire et pour éviter le pire de la politique, le président peut être tenté de nommer un Premier ministre de gauche qui sera conforté par des forces de gauche et d’extrême gauche miraculeusement réunies par la tactique et l’unité imposée. Ce gouvernement peu probable serait balayé très rapidement.

La dissolution, cette fois nécessaire, devrait être l’expédient suprême. Sans le front républicain qui avait totalement dénaturé le résultat des dernières élections législatives, de nouvelles élections, organisées dans une totale liberté et transparence démocratiques, pourraient aboutir à une victoire incontestable, amplifiée, du Rassemblement national.

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Si le RN se retrouvait en position de proposer un Premier ministre, le président, en l’acceptant, mettrait ce parti dans une position très inconfortable avant l’élection présidentielle : cela révélerait davantage son impuissance que son efficacité.

La France vit une situation totalement inédite. Le président est nu. Ce n’est plus seulement une crise, pas encore une révolution. Le peuple piaffe. Nous sommes au bord du gouffre. Il faut résister à la tentation – perverse ou lasse – d’y tomber.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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