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Une journée qui ébranla le monde

Le regard libre d'Elisabeth Lévy


Une journée qui ébranla le monde
Des Palestiniens et des terroristes du Hamas transportent Yarden Bibas vers Gaza après l’avoir enlevé à son domicile de Nir Oz, un kibboutz en Israël près de la frontière avec Gaza, le 7 octobre 2023 © Hatem Ali/AP/SIPA

Il y a deux ans, le Hamas lançait une attaque terroriste terrible contre Israël. Je pense aux victimes (dont 51 Français), aux familles inconsolées, à Noa, 23 ans, assassinée au festival Nova, à sa mère, Mali, infirmière, que j’ai rencontrée, qui accueille et soigne les otages revenus de l’enfer – elle qui n’aura jamais la chance de revoir sa fille. Je pense aux otages prisonniers dans les tunnels de Gaza. Je pense aussi aux enfances brisées et aux civils palestiniens, dont un dirigeant du Hamas disait que plus ils mourraient mieux ce serait pour la cause.

Nouvelle donne

Beaucoup d’Israéliens sont encore habités aujourd’hui par une angoisse vitale. Ils ont la certitude, comme ils disent, qu’ « ils veulent nous détruire ». Et beaucoup d’amis d’Israël ne comprennent pas cette guerre interminable. Alors on se dit que le 7-octobre est irréparable.

Et pourtant, il existe aujourd’hui un espoir réel que la diplomatie prenne le relais de la force. Pas parce que le monde écoute la France comme semble le croire Emmanuel Macron, mais parce que la riposte israélienne a créé une nouvelle donne stratégique, parce qu’Assad est tombé en Syrie, que les mollahs iraniens sont affaiblis, tout comme le Hezbollah et le Hamas lui-même. A la suite de cet usage de la force, le plan Trump ne s’appuie ni sur l’ONU ni sur l’Autorité Palestinienne – une excellente chose – mais est soutenu par le monde arabo-musulman.

A lire aussi, Gil Mihaely: Gaza: Trump enferme le Hamas avec ses otages

Chaque étape à venir est pleine de chausse-trapes. On négocie aujourd’hui le retour des otages. Et on ne sait pas si au bout il y aura un Etat palestinien. Mais pour la première fois depuis longtemps, on trace un chemin vers la coexistence.

Tsunami antisémite

Le Hamas a-t-il perdu cette guerre lancée le 7-Octobre ? Sur le terrain, oui. Très affaibli militairement, le mouvement terroriste a quand même réussi à replacer la question palestinienne à l’agenda international, même s’il sera lui-même exclu du jeu dans le futur. Le problème, c’est que le Hamas a beaucoup gagné dans les esprits occidentaux. Croyant défendre les Palestiniens, toute une jeunesse est happée par sa propagande – c’est-à-dire, l’idée de la Palestine « de la mer au Jourdain » (un seul État, et donc pas d’État juif).

Dans nos facs, « sale sioniste » a remplacé sale juif. Beaucoup de juifs européens et français se demandent s’ils ont encore leur place dans leurs pays respectifs. En France, un mouvement politique a fait de la haine d’Israël son principal fonds de commerce. Ses dirigeants déplorent le futur désarmement d’un mouvement terroriste (quand ils ne le qualifient pas de résistant).

Au-delà de la question antisémite, le drapeau palestinien est devenu l’emblème de la haine de la France, il accompagne désormais violences, désordres et démonstrations de force islamistes dans nos rues.

Mais malgré tout, il y a une raison d’être optimiste. Une majorité de Français ne mange pas de ce pain-là. Contrairement à Olivier Faure, beaucoup de gens de gauche ont clairement rompu avec les Insoumis. Peut-être que les assassins lancés par Yahya Al-Sinwar il y a deux ans seront aussi les fossoyeurs politiques d’un parti aux méthodes fascistoïdes.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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