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Sinn Féin: une victoire historique, pour rien?

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Le Sinn Fein, favorable à la réunification en Irlande, est devenu la première force politique d’Irlande du Nord, après les élections locales du 5 mai.


Selon un vers du poème « Invictus », écrit en 1888 par le poète anglais, William Ernest Henley, et qui a donné son titre au film sur la Coupe du monde de Rugby de 1995 en Afrique du Sud, « My head is bloodied, but unbowed » (« Ma tête est ensanglantée, mais reste droite »). C’est ainsi qu’on pourrait décrire Boris Johnson et le gouvernement conservateur qui ont pris une sacrée déculottée, quoique prévisible et non historique, lors des élections municipales qui se sont tenues, le 5 mai, en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles. Autrement historique, quoique tout aussi prévisible, était le résultat des élections pour la législature dévolue en Irlande du Nord qui ont eu lieu le même jour. Pour la première fois, le parti nationaliste, Sinn Féin, est arrivé en tête, ouvrant la voie à une éventuelle réunification de l’Irlande.

Les fêtes sont finies

Des élections municipales arrivant au milieu d’un mandat parlementaire sont rarement favorables au parti de gouvernement. C’est ainsi que le bilan global pour les Conservateurs affiche une perte de 11 municipalités, puisque, bien qu’en perdant le contrôle dans douze, ils l’ont quand même gagné dans une municipalité. Si les Travaillistes ont profité de ce recul, leur propre bilan n’est qu’un gain global de cinq municipalités, puisqu’ils en ont gagné 11 tout en perdant six. Le petit parti centriste des Libéraux démocrates a progressé de trois municipalités, tout comme les nationalistes gallois de Plaid Cymru. Le Parti national écossais a une municipalité de plus, mais comme il dominait déjà en Ecosse, les gains ne pouvaient être que limités. Le plus dramatique pour les Conservateurs est la perte de deux municipalités londoniennes, dont Westminster, qui était entre les mains des Tories depuis sa création il y a presque soixante ans, et Wandsworth.

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Cette défaite s’explique à la fois par la fatigue de mi-mandat du gouvernement et par les difficultés que connait l’électorat actuellement concernant le pouvoir d’achat et la montée de l’inflation. Il faut quand même y ajouter l’effet des scandales du « Partygate », ces différents rassemblements apparemment festifs de fonctionnaires et de personnel du Parti conservateur qui ont eu lieu au cours des confinements de 2020 et 2021 en violation des règles imposées par le gouvernement lui-même. Boris Johnson a déjà fait l’objet d’une amende, et d’autres enquêtes policières sont toujours en cours. L’image du Premier ministre a certainement été ternie aux yeux du public, et le leader travailliste, Sir Keir Starmer, a essayé d’en profiter en appelant à la démission de BoJo. Pourtant, la posture de modèle de vertu de Sir Keir a été minée par un autre scandale le concernant, le « Beergate ». Il aurait participé à un repas collectif – un curry arrosé de bière en bouteilles – en avril 2021, lors d’une campagne électorale à Hartlepool, ville du nord de l’Angleterre. Initialement, les Travaillistes avaient présenté le rassemblement comme étant quelque chose de spontané, avant que la fuite d’une note interne ne suggère qu’il s’agisse d’un événement planifié d’avance. Sir Keir fait désormais l’objet d’une enquête policière et pourrait se voir infliger une amende lui aussi. L’arroseur semblant bien arrosé, Boris Johnson s’en est tiré encore une fois et reste Premier ministre – jusqu’au prochain scandale, du moins. 

Vers la réunification irlandaise ?

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Mer d’Irlande, le triomphe attendu de Sinn Féin aux élections pour l’Assemblée législative de l’Irlande du Nord se confirmait. Le parti nationaliste, autrefois considéré comme la voix officielle de l’organisation terroriste interdite, l’IRA, a obtenu un total de 27 élus, dépassant les 25 sièges du Parti unioniste démocrate (DUP), qui dominait jusqu’ici et qui représente les électeurs protestants favorables au maintien de l’union avec le Royaume Uni. En fait, la victoire de Sinn Féin est le résultat moins d’une progression extraordinaire de son vote, puisque le parti avait déjà le même nombre de sièges, que de la progression du Parti de l’Alliance, une formation politique centriste et non-communautaire, qui a plus que doublé le nombre de ses élus, ces derniers passant de huit à 17, surtout aux dépens des unionistes. Globalement les députés unionistes restent toujours plus nombreux au palais de Stormont, à Belfast, que les nationalistes, ce qui a toujours été le cas sous le système actuellement en vigueur. Mais selon les règles, le parti qui a le plus de sièges doit nommer le Premier ministre, tandis que le deuxième parti nomme le vice Premier ministre. C’est ainsi que le leader de Sinn Féin, Michelle O’Neill peut, pour la première fois, prendre la tête de l’exécutif. Une nationaliste à la tête du gouvernement de cette « province » créée en 1921 ? Du jamais vu ?

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Sauf qu’il y a un hic. Le partage des pouvoirs en Irlande du Nord et le processus par lequel l’exécutif est constitué à partir des élus de la chambre législative sont fixés par l’Accord du Vendredi saint de 1998. On devrait plutôt dire les Accords de Belfast, puisqu’il y a deux accords complémentaires : l’un entre les partis nord-irlandais et l’autre entre les gouvernements du Royaume Uni et de la République d’Irlande. Selon ces accords, l’exécutif de l’Irlande du Nord ne peut fonctionner que si les deux grands partis nationaliste et unioniste se disent prêts à coopérer l’un avec l’autre. Or, pour l’instant, une telle coopération ne semble pas aller de soi. Le chef du DUP, Sir Jeffrey Donaldson, a annoncé son refus de participer à un gouvernement tant les problèmes entourant l’application du Protocole sur l’Irlande du Nord ne seraient pas résolus. Certes, les élus ont jusqu’à six mois pour constituer un gouvernement, mais l’exécutif a déjà été suspendu de nombreuses fois dans l’histoire : en 2000 ; deux fois – pendant 24 heures – en 2001 ; pendant cinq ans de 2002 à 2007 ; et, suite au référendum sur le Brexit, entre 2017 et 2020. L’exécutif s’est effondré de nouveau en février de cette année, lorsque le Premier ministre, appartenant au DUP, a démissionné en prétextant les problèmes liés au fameux protocole. 

Entre la réunification et le Brexit

Sinn Féin a fait campagne, non sur la réunification de l’Irlande, mais sur des sujets plus terre à terre comme le coût de la vie. Pourtant, la réunification fait bien partie de ses raisons d’être. Pour qu’elle soit possible, il faut réunir des circonstances qui sont, encore une fois, précisées – avec plus ou moins de précision ! – dans les Accords de Belfast. La réunification de l’Irlande doit recevoir le consentement librement donné par tous les citoyens de l’Irlande, Nord et Sud. 

Pourtant, rien n’est spécifié quant à la manière d’expression de ce consentement dans la République. Jusqu’à présent le gouvernement irlandais n’a rien fait pour préparer une telle éventualité. Côté Nord, la Loi sur l’Irlande du Nord promulguée par le parlement britannique en 1998 stipule que le Secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord, qui appartient au gouvernement britannique, doit organiser un référendum sur la réunification si les études d’opinion indiquent qu’une majorité des citoyens nord-irlandais est favorable à la réunification. Selon le sondage le plus récent, en avril, seul un tiers de la population y serait favorable en ce moment. Pour le moment, Sinn Féin met l’accent sur le besoin d’unité entre citoyens nord-irlandais quelle que soit leur appartenance communautaire, et parle de la réunification comme d’un projet à long terme qui pourrait prendre dix ans. Pour le moment, le plus urgent est la résolution des problèmes du protocole qui empêchent la constitution d’un exécutif. Les négociations entre Londres et Bruxelles ont été interrompues pendant la campagne électorale et vont reprendre. Le gouvernement britannique a déjà annoncé, au grand dam des unionistes, qu’il n’allait pas dénoncer le fameux protocole qui fait partie de l’Accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne et qui est destiné à maintenir l’Irlande du Nord dans une union douanière avec l’Union européenne. Face à de telles complexités, il faut que la patience de tous reste invaincue – « invicta »…

Pour ne pas désespérer Timothée

Dans un monde de plus en plus inquiétant, une jeunesse qui n’a pas encore l’âge de voter a pourtant pris la mesure du désastre en cours. 


Il est évident que si on regarde autour de nous, le monde fait peur. On apprend que la sècheresse sévit déjà alors qu’on est début mai, on sort (il faut espérer) d’une pandémie pour tomber dans une guerre où rôde le spectre de l’apocalypse nucléaire, on voit déjà arriver inflations et pénuries sans compter les tentations autoritaires qui se font jour dans toutes les démocraties ou presque… Bref, on se croirait au début d’un film catastrophe.

Inaction climatique

On pourrait croire que les plus jeunes n’en sont pas conscients mais on se tromperait. Il faut se souvenir, par exemple que ce sont en grande partie des adolescents qui ont exprimé leur colère devant l’inaction climatique avec l’icône Greta Thunberg. Il est vrai que selon qu’on ait encore dix, vingt ou trente ans à passer sur cette planète, on n’envisage pas l’avenir de la même manière. Je n’ai jamais vu de climatosceptique jeune. La semaine dernière, je me suis retrouvé lors une rencontre scolaire dans la banlieue lyonnaise autour d’un de mes romans jeunesse, Lou, après tout, qui raconte un effondrement possible du monde vers 2050 à travers le regard de plusieurs adolescents. A un moment, lors de la discussion, un garçon intervient. 

Appelons-le Timothée : « Moi, j’ai demandé à ma mère de m’apprendre à coudre et à mon grand-père de jardiner. » Quelques rires dans la classe mais Timothée ne se démonte pas et je l’invite à continuer : « Bah oui, quand tout va s’effondrer, j’aimerais bien avoir des compétences utiles. » Deux choses m’ont frappé : Timothée avait dit « quand » et non pas « si » en parlant de l’effondrement et ensuite, le ton sur lequel il faisait ce constat. C’était un ton déterminé plus que désespéré comme s’il envisageait, ce qu’il expliqua d’ailleurs par le suite, de reconstruire quelque chose après, une communauté « où il n’y aurait plus de chef et où on déciderait tous ensemble de ce qui était le mieux pour tout le monde. »

Je ne lui ai pas dit qu’il venait de réinventer le communisme, qu’il définissait finalement comme celui, originel, de Marx, mais j’ai lui ai dit que sa société utopique serait parfaite à mon avis. 

Mais avait-on besoin vraiment d’en passer par une catastrophe planétaire qui tuerait une bonne partie de l’humanité ?

Le syndrome Bartleby

Timothée a eu cette réplique digne du Bartleby de Melville : « Je ne préfèrerais pas » Sous entendu, bien sûr, je suis d’accord avec vous mais vous voyez une autre issue, vous ?

Là où je veux en venir, c’est que pour éviter cette catastrophe déjà intégrée comme inévitable par Timothée et pas mal d’ados, je ne vois guère que la gauche radicale (celle que les médias macronistes s’entêtent à appeler « l’extrême gauche » pour faire peur) puisque seule la gauche comprend que l’écologie ne peut se faire que dans une rupture avec le capitalisme. Ça tombe bien, il y a une petite chance de la faire arriver au pouvoir en juin. Et même si nous, communistes, tout ne nous enchante pas dans le Nupes (décidément, cet acronyme n’est pas beau du tout), on ne peut pas se permettre de faire la fine bouche pour des susceptibilités locales ou des allergies à certains candidats choisis.

En douceur

Nous le devons à Timothée, et à tous les autres, pour qu’ils n’envisagent plus le futur comme un cauchemar déjà écrit mais comme un passage, en douceur, vers une utopie concrète.

Lou, après tout : Le Grand Effondrement

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Cancel Kultur sur tous les fronts de la guerre en Ukraine

Le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa a été exclu, en mars, de l’Académie cinématographique ukrainienne. Alors que le pays est attaqué par la Russie, son «cosmopolitisme» et son «manque de loyauté» lui sont reprochés…


Combien y a-t-il de réalisateurs ukrainiens célèbres en France ? Les cinéphiles en connaissent au moins un : Serhiy Loznitsa, connu sous le prénom russisé de Sergei. Il a reçu, en Ukraine, l’équivalent des Oscars à six reprises ainsi que l’Œil d’or en 2021 (le prix du documentaire décerné chaque année au Festival de Cannes, récompense remise par la Société civile des auteurs multimédia).

Bien que nul média français ne l’ait évoqué, le 18 mars 2022, Serhiy/Sergei s’est retrouvé à nouveau, sous les feux de la rampe. Cette fois, ce n’était pas pour recevoir une récompense, mais pour se faire exclure de l’Académie ukrainienne du cinéma.

La raison invoquée étant un festival français des films russes et ukrainiens, il est probable que nous soyons également coupables, ou au moins complices : il n’y a pas de fumée sans feu !

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Pourtant, la France est devenue un pays convenablement woke, où l’on voit, pense et parle en politiquement correct dans le texte. Nous cochons toutes les cases de l’inclusion et en répétons tous les poncifs : les Noirs sont gentils, les Blancs méchants, les LGBT sont victimes, les hérétos normatifs, les Russes sont tous des assassins et les Ukrainiens des anges.

Sergei Loznitsa est Ukrainien : cherchez l’erreur ! Après l’avoir exclu, l’Académie ukrainienne a demandé qu’on le « cancelle », selon une tradition locale éprouvée. Les médias français n’en ont pas parlé : l’ukrainolâtrie ambiante interdit de mentionner les procédés staliniens de la nation martyre, nécessairement parfaite.

Nul n’est prophète en son pays

Loznitsa a commis les crimes de nuance, de complexité et d’intelligence. D’où son exclusion syndicale à perpétuité : « Le réalisateur Serhiy Loznytsa a souligné à plusieurs reprises qu’il se considère comme un cosmopolite, « un homme du monde ». Cependant, aujourd’hui, alors que l’Ukraine lutte pour défendre son indépendance, le concept clé dans la rhétorique de chaque Ukrainien devrait être son identité nationale. Il ne peut y avoir de compromis ou de demi-teintes ici. En outre, les films de Serhiy Loznytsa ont récemment été inclus dans le programme du festival du film russe de la ville française de Nantes, intitulé « De Lviv à l’Oural ». Dans le contexte de la guerre sanglante à grande échelle que la Russie a déclenchée, c’est tout à fait inacceptable. Nous en appelons à la communauté mondiale en lui demandant de ne pas considérer Serhiy Loznytsa comme un représentant de la sphère culturelle ukrainienne.[1] »

Sous Staline, « cosmopolite » est le terme qui servait à condamner les Juifs en blouses blanches, pendant qu’aux États-Unis, Mc Carthy les emprisonnait pour communisme.

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Loznytsa s’est revendiqué « citoyen du monde », a déclaré qu’il ne représentait pas l’Ukraine, mais ses propres idées et que cette édition du festival Univerciné de Nantes ne s’appelait pas « De Lviv à l’Oural », au sous-entendu impérialiste, mais « entre Lviv et l’Oural », impliquant la diversité. Et il a cancelé le verdict de l’Académie en s’affirmant ad vitam æternam réalisateur ukrainien. « En s’élevant contre le cosmopolitisme, les « académiciens » ukrainiens reprennent ce même discours inventé par Staline, fondé sur la haine, la négation de la liberté d’expression, prônant la culpabilité collective et interdisant toute manifestation d’individualisme et de choix individuel.[2] »

Le contexte ukrainien

De mauvais esprits (synonymes : « des juifs parano ») insinuent que l’exclusion syndicale sanctionne, en réalité, le dernier documentaire du cinéaste : Babi Yar. Context, à base de films d’archives et d’interviews, montrant le meurtre de 33 771 Juifs tués, les 29 et 30 septembre 1941, par un commando de l’occupant allemand, aidé de deux bataillons de la police ukrainienne, sans la moindre protestation de la population locale. De Babyn Yar non plus, on ne parle pas en France, malgré son Prix cannois. Sergei Loznytsa estime que la mission du cinéaste est de dire toute la vérité, sans fard, aussi choisit-il les thèmes les plus douloureux de la mémoire soviétique.

Pas étonnant qu’il ne soit pas populaire en France, un pays soviétique dans l’âme de ses élites, où un admirateur de Cuba, inspiré par le gouvernement du Venezuela, espère devenir Premier ministre !


[1] https://businessdoceurope.com/sergei-loznitsa-excluded-from-ukrainian-film-academy-loznitsas-response/

[2] https://www.vulture.com/2022/04/sergei-loznitsa-on-the-absurd-boycott-of-russian-films.html

Immigration: l’exemple suédois ouvrira-t-il les yeux des Français?

Réputée pour son État providence, sa bienveillance et sa qualité de vie, la Suède, voulant comme une majorité de pays de l’UE contrecarrer une démographie déclinante et un vieillissement de sa population, a ouvert ses portes à des centaines de milliers d’immigrés. La proportion de sa population d’origine extra-européenne est passée de 2 à 20% en vingt ans. Le pays est désormais confronté à des émeutes ethnico-religieuses particulièrement préoccupantes.


La Suède comptait 8 % de musulmans en 2016. En 2050, elle comptera 11 % de musulmans si l’immigration cesse totalement, 21 % si elle reste “normale”, 31 % si elle se poursuit au même rythme que ces dernières années (1). Après les dernières émeutes dans des quartiers à forte population immigrée musulmane, la première ministre sociale-démocrate, Magdalena Andersson, a été obligée de reconnaître publiquement que : 1) l’immigration en Suède a été trop importante ; 2) elle est excessivement coûteuse ; 3) elle est de plus en plus communautariste et séparatiste ; 4) elle est la principale contributrice à l’explosion de la criminalité. Les autorités suédoises réfléchissent maintenant au moyen d’infléchir leur politique migratoire. Pourtant, de nombreux signes avant-coureurs auraient dû les alerter depuis au moins 30 ans.

Des accommodements surprenants

Le premier signal d’alarme apparaît dans les années 90. La Suède accueille alors des milliers de réfugiés fuyant la guerre des Balkans. Des communautés ethniques et religieuses commencent à se former dans quelques villes, refusant de s’intégrer au mode de vie suédois. La délinquance augmente en proportion de cette nouvelle population sous la coupe de gangs bosniaques. Au contraire de l’idée reçue selon laquelle la population suédoise serait favorable à l’immigration, un sondage de l’époque (paru dans le journal Expressen en 1993) indique que 63 % des Suédois désirent le retour des immigrés chez eux. Mais la classe politique suédoise n’en a cure : la Suède accélère le processus migratoire à partir des années 2000 avec la bénédiction des médias qui refusent de parler d’immigration autrement qu’en termes positifs. À partir de 2010, le phénomène s’accroît encore.

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Comme le souligne Alexandre Del Valle (2), la stratégie victimaire des Frères musulmans leur permet d’infiltrer les médias et certains partis politiques, en particulier la gauche sociale-démocrate et les Verts, et de réclamer des « accommodements » surprenants : il est demandé par exemple de cesser de faire sonner les cloches des églises afin « de ne pas choquer les musulmans » lorsqu’ils sont en nombre important dans certaines villes.

Dans le même temps, la mosquée de Växjö devient en 2018 la troisième de Suède où l’adhan (l’appel de la prière par le muezzin) est autorisé. Les Frères ont des idiots utiles au sein même de l’establishment : fin 2019, la municipalité de Skurup, ville du sud de la Suède, promulgue une interdiction du voile islamique à l’école (autorisé en Suède depuis 2007) pour les écolières de… moins de 13 ans. La Direction nationale de l’enseignement fait annuler cette interdiction sous les applaudissements de la presse, en particulier du Göteborg-Posten, un des principaux journaux suédois, qui considère que « beaucoup de jeunes portent le voile de leur plein gré » et qu’il faut surtout mieux faire apprécier cette « religion mal connue dans le pays ».

Dans la presse, rien ne doit venir entacher le mythe d’une immigration édénique

Malmö, une ville envahie

L’intégration est de plus en plus difficile, voire rendue impossible par des imams prêchant un islam rigoriste et félicitant leurs coreligionnaires lorsque ceux-ci montrent des signes forts de soumission religieuse et de refus de s’intégrer à la société suédoise. La délinquance explose mais les autorités et les médias font tout pour que cela ne se sache pas. En 2014, à Stockholm, lors d’un célèbre festival de musique annuel, des dizaines de très jeunes filles sont frappées et violées par des migrants afghans. Aucune arrestation. Aucun rapport de police. Aucun papier dans la presse. En 2015, la déclaration de la chancelière allemande pour un accueil des migrants presque sans limites provoque une ruée en Suède. Des villes comme Malmö sont, au sens littéral, envahies. Les agressions se multiplient. Des gangs ethniques quadrillent des pans entiers de nombreuses villes. Des viols par des migrants ont lieu à nouveau à Stockholm, Malmö, etc. La Suède a, en 2015, le deuxième taux de viol par habitant le plus élevé du monde. De rares médias osent révéler que la majorité de ces viols sont le fait d’immigrés musulmans. Qu’importe, la dilection pour l’Autre et la haine de soi se manifestent dans un tweet hallucinant de Barbro Sörman, parlementaire et militante féministe de gauche : « Les hommes suédois qui violent le font par choix actif. Et c’est pire que ce que font les réfugiés. […] Il est normal que les réfugiés aient tendance à vouloir violer les femmes car c’est culturel dans leur pays ».

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Dans le même temps, l’antisémitisme qui était quasiment inexistant en Suède prend des proportions considérables. À Malmö (où la moitié de la population est maintenant d’origine extra-européenne) ou Göteborg, le nombre d’agressions antisémites augmente parallèlement à l’augmentation de la population musulmane : des synagogues, des lieux associatifs, la chapelle du cimetière juif de Malmö, sont attaqués au cocktails molotov. Des Suédois non-juifs accompagnent les Juifs qui portent la kippa ou se rendent à la synagogue pour éviter qu’ils soient agressés. Quand elles le peuvent, les familles juives quittent ces villes pour le Royaume-Uni ou Israël (3). Ces sujets sont à peine évoqués dans la presse et, lorsqu’ils le sont, ils sont minorés. Rien ne doit venir entacher le mythe d’une immigration édénique.

Les sociaux-démocrates s’alignent sur le parti nationaliste

La population suédoise, à rebours des discours lénifiants des médias, vit de plus en plus mal ces situations. Le parti des Démocrates de Suède, opposé à cette immigration de masse, est passé de 0 à 20 % des votes en vingt ans. Il est bien sûr qualifié « d’extrême-droite » par ses opposants politiques et la majorité des journalistes. Pourtant, c’est en s’alignant dernièrement sur la ligne anti-immigrationniste de ce parti que le parti social-démocrate a, semble-t-il, retrouvé la faveur des Suédois qui s’en étaient éloignés. Des universitaires et des politiciens qui s’étaient tus jusqu’à présent, de peur d’être traités de racistes ou de ruiner leur carrière, sont heureux de constater que le gouvernement ouvre enfin les yeux. Mais nombreux sont ceux qui se demandent également s’il n’est pas trop tard.

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La France souffre des mêmes maux que la Suède. La partition se dessine de plus en plus clairement. Le gouvernement et la presse minorent autant qu’ils le peuvent les faits de délinquance et d’antisémitisme qui redoublent et sont corrélés à une forte immigration extra-européenne et musulmane. L’extrême-gauche immigrationniste et islamo-compatible continue de promouvoir une immigration qui serait « une chance pour la France » mais qui est surtout pour elle un potentiel réservoir de voix. Aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ne semble avoir pris la mesure du problème. Des quartiers et des villes tombent entre les mains de musulmans radicaux qui imposent ce que l’imam Tareq Oubrou appelle la « charia de minorité » – c’est-à-dire des impératifs religieux alimentaires, vestimentaires (hijab, burkini), cultuels (prières de rue, appel à la prière), « acceptables » par la majorité non-musulmane, en attendant qu’un nombre plus important de pratiquants permette une application plus large et plus stricte de la loi islamique. Les islamistes et la racaille qui font la loi dans les cités savourent les succès qui s’accumulent : un hijab ici, un burkini là, un appel du muezzin à Creil, une « plus grande mosquée d’Europe » à Strasbourg, des zones de non-droit affranchies des lois et des mœurs françaises un peu partout, et des agressions quasi-quotidiennes contre la police, les pompiers, les kouffars ou les musulmans pas suffisamment “soumis”.

Dans un entretien donné au Figaro, le chercheur irano-suédois Tino Sanandaji souligne que les médias suédois, dix ans après les émeutes de 2005 en France qu’ils décrivaient comme un « événement exotique, voire extraterrestre », sont contraints de reconnaître que la Suède a rejoint voire dépassé la France en termes d’insécurité. Chez nous, les médias dans leur grande majorité restent aveugles. Dans les organes de presse les mieux-pensants, France Inter et Le Monde en tête, c’est la sempiternelle ritournelle sur les bienfaits d’une immigration qui enrichirait la France, quand bien même tout le monde sait à présent qu’elle nous coûte excessivement cher, tant du point de vue strictement financier et sécuritaire que du point de vue culturel et civilisationnel. De nombreux Suédois pensent que, dans leur pays, minuit est passé d’un bon quart d’heure et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Et en France, quelle heure est-il ?

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(1) « Croissance de la population musulmane en Europe », Pew research Center, novembre 2017.

(2) Alexandre Del Valle et Emmanuel Ravazi, Le Projet, la stratégie de conquête et d’infiltration des Frères musulmans en France et dans le monde, Éditions de L’Artilleur.

(3) Beaucoup des faits et chiffres cités ici sont extraits du livre très documenté de Douglas Murray, L’étrange suicide de l’Europe, immigration, identité, islam, paru aux éditions de L’Artilleur.

Le Printemps des bourges

Le consensus bourgeois autour du président n’augure pas la refondation du contrat social. Il est l’aboutissement d’un mépris profond pour les classes laborieuses et annonce des révoltes populaires d’autant plus violentes que la disparition de toute référence à l’intérêt général rend le dialogue impossible.


La récente présidentielle a révélé une France plus clivée que jamais. Les sujets de stupéfaction ne manquent pas : absence de campagne électorale et de débats, vote téléguidé par des centaines de sondages, unanimisme du champ médiatique, ingérences étrangères et religieuses, fascisation de l’adversaire en guise de programme, etc.

Mais au-delà des aspects idéologiques, internationaux et médiatiques, le plus frappant est la confirmation de ce qu’a révélé le premier quinquennat d’Emmanuel Macron : la réunification autour de lui du bloc bourgeois, sans équivalent depuis la monarchie de Juillet et son vote censitaire. En contrepoint, une véritable populophobie s’est déployée dans certains médias.

La bourgeoisie, principale pourvoyeuse de voix d’Emmanuel Macron

La bourgeoisie, intacte, est presque unanime dans ses quatre composantes sociologiques : la bourgeoisie d’argent et la banque ; la bourgeoisie intellectuelle et ses clercs ; les notables de province guidés par les grands médias parisiens ; et les retraités aisés issus de ces trois catégories, véritable génération-classe, détachée du monde du travail, plus aisée que les actifs, qui constitue un bloc électoral déterminant dans le vote.

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La bourgeoisie réunifiée pèse pour 20 % de la population et de l’électorat, et plus de la moitié du vote Macron ; l’autre pilier de ce vote est constitué du reste des retraités boomers. L’unité du monde bourgeois a été rendue possible par l’effondrement du socialisme et par l’affaissement du catholicisme, qui permettent d’oublier les pauvres – ou plus exactement de les trier. L’effacement du clivage droite/gauche autorise la bourgeoisie, avant tout soucieuse de préserver ses intérêts matériels et ses positions sociales, à ne plus s’embarrasser de considérations idéologiques et politiques. C’est le retour à Balzac sans les romantiques. La bourgeoisie n’a été patriote que lorsque ses intérêts vitaux étaient en jeu : face à l’aristocratie ; quand il lui fallait défendre la liberté économique ; contre l’émeute populaire ou la menace de collectivisation. Seul De Gaulle, qui la méprisait, est parvenu à la dominer parce qu’elle avait collaboré sans vergogne avec les nazis. Ayant tiré la leçon, notre bourgeoisie met aujourd’hui en avant le supplément d’âme qu’elle s’est choisi.

Un mépris de classe qui se banalise

Lors de la crise des Gilets jaunes, le pouvoir avait appelé au secours et mis à l’écran une poignée d’intellectuels organiques issus de Mai 1968 pour criminaliser le peuple révolté. Certains l’avaient accusé de fascisme et d’antisémitisme. D’autres avaient appelé l’armée et la police à tirer à vue. Les intérêts supérieurs de la bourgeoisie étaient effectivement en jeu. On se rappelle comment la famille pauvre et provinciale de Gilets jaunes avec quatre enfants, présentée dans Le Monde, avait attiré les sarcasmes, les injures et les railleries de plus de 1 000 internautes ; certains ayant même appelé à sa stérilisation – propos purement fasciste au demeurant. La scène s’est reproduite le lundi 25 avril 2022 sur les réseaux sociaux, après qu’a été montrée à l’écran la tristesse des femmes du peuple d’Hénin-Beaumont, le 24 avril au soir, devant la défaite de leur championne. Insultes, moqueries, railleries, mépris de classe, déversement de haine se sont abattus sur ces femmes pauvres. Il est vrai que nos urbains ne rencontrent jamais de leur vie des gens de condition modeste, car le pauvre n’a que le visage du migrant ou du SDF croisé en bas de chez eux. Même le réseau ferroviaire libéralisé a été soigneusement segmenté selon les classes sociales afin qu’elles ne se croisent plus.

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Cette violence de classe décomplexée, pure et cristalline, véritable carburant d’une guerre civile en devenir, manifestée par des anonymes faisant certainement assaut de républicanisme, voire d’esprit citoyen, est à questionner en urgence.

Une élection qui reflète des tendances longues

Relevons d’emblée que cette élection, comme tous ces remugles haineux, valide l’ensemble des thèses expliquées ces dernières années sur le déclassement du pays, la France périphérique, l’archipellisation de la société – bourgeoisie mise à part – et la partition produite par la métropolisation. Mais la violence d’État et la populophobie qui s’exprime désormais régulièrement à visage découvert doivent être contextualisées.

La déchristianisation de la société et l’effondrement du socialisme, qui en était une émanation sans Dieu – à ce que dit Jaurès –, ont libéré des instincts vengeurs et une violence animale que plus aucune morale sociale, individuelle et collective ne retient. La vieille bourgeoisie, qui avait singé l’aristocratie, était tenue par les apparences et les enseignements de l’Église. On a assez moqué les « dames patronnesses » pour reconnaître que la préoccupation du sort des pauvres et des « malheureux » était au cœur de l’agir chrétien, en l’occurrence bourgeois. Mais depuis que les classes dirigeantes ont délégué à l’État et à des professionnels l’assistance sociale, elles sont libérées de cette charge. Voire se scandalisent que ce « pognon de dingue » ne leur suffise pas.

Les catholiques français, davantage bourgeois que conservateurs

Il n’en reste pas moins que l’Église catholique survit, notamment, peuplée dans les métropoles d’une bourgeoise rajeunie au centre-ville et en banlieue de chrétiens issus de l’ancien empire colonial. Une fraction importante de ce segment social, catholique et pratiquante à des degrés divers, a voté pour le président sortant. La Croix et certains évêques ont d’ailleurs appelé à voter pour lui. Passant par pertes et profit ses choix sociétaux, 55 % des catholiques ont choisi Macron, notamment dans les vieux bastions régionaux catholiques depuis le xixe siècle, comme le Grand Ouest, Vendée en tête. Comment la bourgeoisie catholique, naguère partiellement socialiste, est-elle entrée dans ce consensus bourgeois et ce qu’il révèle de violence sociale ? La réponse tient à la réorganisation de la société depuis quarante ans. Les catholiques des métropoles, cœur battant de l’Église actuelle, n’ont plus de contact avec le peuple français relégué dans la France périphérique.

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Celui-ci a été chassé des métropoles, comme le dévoilent les scores soviétiques qu’y réalise le président Macron, généralement 80 %, voire 85 % à Paris, laboratoire parfait. À l’inverse, les classes populaires de la France périphérique ont placé Marine Le Pen en tête dans plus de la moitié des communes du pays, DOM-TOM compris. Dans le Bassin parisien, cœur historique de la France révolutionnaire, et dans les régions désindustrialisées du Nord et de l’Est, la population est très largement déchristianisée, de sorte que l’Église nationale et le peuple s’y sont donné congé. Dans les métropoles en revanche, l’Église catholique, à l’unisson de la bourgeoisie et du monde médiatique qui en est issu, est au contact du nouveau peuple issu de l’immigration. Ce prolétariat de substitution focalise les moyens et l’attention de l’État et des institutions. Il est devenu, pour la bourgeoisie, le peuple légitime et souffrant ; il est la nouvelle référence charitable de l’Église des métropoles. Cet écran invisibilise les classes populaires disqualifiées, mais majoritaires de la France périphérique.

Acte III du mouvement des Gilets jaunes, Paris, décembre 2018 © Mustafa Yalcin / Anadolu Agency via AFP

C’est pourquoi l’irruption dans la métropole ou dans les médias de « Blancs pauvres » – la France n’étant pas une société postcoloniale comme le Brésil ou le sud des États-Unis, on ne parlera pas ici de « petits Blancs », comme le fait Houria Bouteldja dans sa rhétorique décolonialiste – est perçue comme impropre, anachronique, provocatrice, inopinée et suscite l’incompréhension, et in fine la haine. La bourgeoisie française a choisi ses pauvres, avec lesquels elle est en contact au quotidien, qu’elle feint de plaindre, dont elle (sous-)paye les services, comme le port des colis et des repas à domicile, petit rappel du temps des colonies. Supplément d’âme, la bourgeoisie cléricale (civile notamment) travaille à la promotion de ses enfants les plus futés : pour promouvoir la discrimination positive, le président Macron s’est engagé dans le démantèlement des concours puis des corps de la fonction publique, l’école et le mérite étant jugés incapables de promouvoir des enfants d’immigrés. Les clercs d’Île-de-France, qu’ils soient religieux, universitaires, journalistes ou artistes, travaillent en ce sens. Depuis l’archétypal film La Haine, le cinéma parisien met ordinairement en scène le face-à-face entre bourgeois des métropoles et « jeunes ». Pour le président Macron, la Seine-Saint-Denis est l’avenir de la France.

Des classes populaires victimes des bourgeoisies

De fait, le peuple historique ayant été chassé par la désindustrialisation et la spéculation immobilière d’Île-de-France et des grandes villes, il est inexistant aux yeux des métropolitains. Ces derniers nourrissent d’ailleurs une peur croissante envers ce peuple inconnu. Alimentée par une transposition des films américains, elle évoque le mépris des citadins romains pour les paysans, alias païens, Qu’ils se rassurent, les pauvres édentés des Appalaches entrevus lors des élections américaines n’ont pas d’équivalent en France.

Chaque secteur de la bourgeoisie précédemment cité trouve son compte dans cet effet d’optique et ces représentations. D’abord la bourgeoise d’argent et la banque, qui sont les organisateurs et les bénéficiaires financiers de la migration internationale, directement corrélée à notre petit taux de croissance annuel, en vertu du triangle « filet migratoire/endettement de l’État/consommation privée » ; puis la bourgeoisie cléricale, qui voit dans l’immigration la légitimation du projet historique français et l’opportunité d’accomplir ses (bonnes) œuvres ; même les notables de province y trouvent un supplément d’âme pour légitimer leurs hauts revenus au milieu d’une population appauvrie. Enfin les retraités aisés, protégés dans leurs beaux appartements, ou résidant dans des communes-refuges, loin des métropoles, bercés par les médias nationaux, peinent à percevoir que le monde qu’ils ont connu n’existe déjà plus.

Des classes populaires majoritaires et invisibilisées

Tous s’illusionnent sur l’état réel de notre société. Ils méconnaissent en effet les mécanismes de ségrégation sociale à l’œuvre depuis des décennies envers les diverses classes populaires. Eux, qui ont bénéficié de l’école quand elle fonctionnait pour les plus âgés, ou bien là où elle fonctionne encore pour les plus riches, ne conçoivent pas à quel point cette institution est en état de délabrement, et ne voient pas qu’elle peine tant à sélectionner et à promouvoir les meilleurs dans la plus grande partie du pays – ni ne parvient à former a minima une part croissante de leurs concitoyens. Ils ne comprennent pas (peut-être s’en fichent-ils ?) que la désindustrialisation, d’une part, et l’automatisation des fonctions les plus ordinaires, de l’autre (caissières, agents des péages et des pompes à essence, guichetiers et contrôleurs), condamnent à l’inactivité et au sous-emploi, donc à l’assistanat et à la pauvreté, une dizaine de millions de nos concitoyens et leurs proches. Ils ne parviennent pas à se dire que l’utopie républicaine est toujours une utopie : l’ascension sociale est réservée à une élite et une société ne peut pas être exclusivement composée de cadres ; ni que la fausse promesse du bac et des études supérieures pour tous crée une immense frustration, une colère sourde que partagent nombre d’enfants révoltés et humiliés des classes populaires. Car plutôt que de les payer décemment et à leur juste prix pour exécuter des travaux d’ouvrier, les possédants – non sans se justifier moralement – préfèrent importer des travailleurs dociles et sous-payés.

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De ce fait, 30 à 40 millions de Français modestes, autrement appelés les classes populaires, voient leurs conditions d’existence se dégrader depuis trente ans. L’accepter, ce serait reconnaître que l’on s’est trompé, que l’Europe maastrichtienne n’a pas créé les conditions du décollage attendu, mais l’effet inverse ; que le projet républicain est très malade ; que notre modèle économique ne fonctionne qu’au profit de l’élite sociale riche et mondialisée, et que seul un endettement permanent et non soutenable maintient la barque à flot. Tout cela est compliqué et la bourgeoise rechigne à penser disait Flaubert (« J’appelle bourgeois quiconque pense bassement »). Pour les intellectuels, qui savent confusément tout cela, ainsi qu’en attestent de nombreux écrits, il n’est pas simple de cautionner ce retour à la France des notables du xixe siècle. Rappelons-nous les mots de Sartre, « tout anticommuniste » est un « chien », disait-il quand le PCF était le parti prolétarien des années cinquante. Mais la double injonction à se désolidariser de sa classe – ce qui est en principe le propre des intellectuels – et à risquer d’endosser l’infamie du fascisme – qu’appelle toute manifestation de solidarité avec les classes populaires non liées à l’immigration – pousse les intellectuels et tous les clercs à se taire. Relevons les voix solitaires et tonitruantes de Marcel Gauchet, Christophe Guilluy, Jérôme Fourquet, Michel Onfray ou Emmanuel Todd qui sauvent leur honneur auprès du peuple sans vendre leur âme. Mais il y a lieu de penser que les classes populaires, dispersées sur le sol de leur nation, sont très seules.

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Allo? Patron! Y’a Mélenchon qui son et y’a person qui y répond?!

Mais que fait le patronat ? Qui dénoncera officiellement les recettes empoisonnées de la « vie meilleure », mijotées par l’extrême gauche?  


Qui dénoncera cette gauche qui ne serait même plus extrême, depuis qu’une bonne partie du PS et des Verts s’est fait engager par le cuistot ?!
Alors, combien de circonscriptions, pour le plat de lentilles ?   
Qui dira tout haut ce que contient le programme idéologique économiquement mortifère de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale?

Mélenchon recyclé par les journalistes

On regarde passer le train en ricanant. Les journalistes commentent les tractations politiques avec délectation. C’est un spectacle comme ils les aiment. Mais pas un mot n’est prononcé sur le fond. Ce serait prendre parti. À se demander si nombre de journalistes ne trouvent pas sympathique ce candidat perdant, recyclé gagnant.
Même silence relatif dans les rangs du patronat, qui ménage ses arrières. Il faudra pourtant bien travailler avec ceux qui seront élus. Et donc on se lave les mains de ce qui peut se passer pendant la campagne des législatives… on verra après. Au premier tour de l’élection présidentielle, on s’était timidement prononcé sur le programme qui était le moins mauvais pour les entreprises, en l’occurrence pour Emmanuel Macron.

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Aujourd’hui les entrepreneurs et leurs représentants continuent de regarder la télé en se disant que de toutes façons le slogan de pub « Élisez-moi Premier ministre » – génial, au demeurant – n’est qu’un sketch qu’il ne faut pas prendre au sérieux, parce que cela n’a aucune chance d’arriver. A priori, c’est heureusement probable. Sauf que pendant ce temps, les jeunes (même la jeunesse dorée, à qui on piquera le fric des parents), les Français nécessiteux, les déçus, les exaspérés, d’autres ignorants et confiants, votent pour le révolutionnaire qui amuse si bien la galerie et qui ment tant aux Français sans contradiction étoffée. La pédagogie de l’économie de marché est aux abonnés absents, niveau zéro.  

Sophie de Menthon: un cri dans la nuit

Est-ce que, point par point, le MEDEF ou la CPME, par exemple, ne pourraient pas commenter les répercussions dramatiques qu’aurait cette générosité dictatoriale mélenchoniste ? Dans le meilleur des cas, désormais, on nous promet un Premier ministre de gauche (et une femme, de préférence, alors que c’est le cadet de nos soucis). Et la droite ? Quasi muette, elle lèche ses plaies.
Or, c’est maintenant que les Français sont réceptifs à des explications, à des projections de ce qu’entrainerait pour eux une pauvreté partagée… mais équitablement ! Quand l’idéologie et la politique brouillent les cartes de la réalité du terrain et du contexte économique, il faut que les acteurs extérieurs, en l’occurrence les 3,5 millions d’entrepreneurs se manifestent et ne se cachent pas en attendant que ça passe. Sans compter que le seul terme de libéralisme est passé à la trappe : personne n’ose plus jamais prononcer le mot « libéralisme », qui, en France, est synonyme d’ogre capitaliste tueur !
Il faut aider les Français à ne pas voter en ignorant tout des conséquences futures de choix dangereux. Après avoir joué au « tout sauf Le Pen », on joue à « rien contre Mélenchon » ? Pourtant, c’est économiquement bien pire.

Les petites entreprises menacées

Peut-on expliquer aux Français que passer le SMIC à 1400 euros, en pleine crise des matières premières de surcroit, et sans que les chefs d’entreprise n’aient d’autre choix que d’obéir, c’est mettre des entreprises en très grave difficulté ? Que c’est décaler toute la grille des salaires – sauf à ce que ceux qui gagnent déjà 1400 euros se retrouvent tous au SMIC ? Quant à la généralisation de la sixième semaine de congés payés, mais ce serait toute la production qui en souffrirait, à moins que Mélenchon ne pense que les salariés ne servent à rien, et que leur absence une semaine de plus n’a aucune importance ? Sympa, aussi, l’idée de passer aux 32 heures… Le tout voté demain, dans la loi ?

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Je passe rapidement sur la cascade de nationalisations qu’on nous promet, elles vont de toutes les banques généralistes à toutes les infrastructures numériques et de télécommunications en passant par Sanofi, Arianespace… Pas de problème, puisque la dette est selon l’extrême gauche un « prétexte » et que la Banque centrale européenne est sommée de l’annuler ! Je me répète, mais qui pour reprendre point par point et faire comprendre les conséquences de toutes les exigences des nouveaux amis insoumis de la presse – et aussi celles des Verts, lesquels ont aussi de « bonnes » idées.
Il est de notoriété publique que les Français sont assez ignorants en matière d’économie. À force de leur dire que lorsque cela ne va pas on va leur faire un chèque, comment leur en vouloir…
Emmanuel Macron est réélu, donc nous sommes sauvés ? Mais qui pense cela, sérieusement !
Si les entreprises bénéficient, heureusement, d’une opinion très favorable et qui s’accroit considérablement, il n’en demeure pas moins, malheureusement, que la croyance dans le fait que l’État est le grand maitre dont tout dépend – et qu’après tout, ce n’est pas plus mal – ne faiblit pas ! Il est à ce titre frappant et symbolique que dans le discours d’investiture du nouveau président de la République, le mot ENTREPRISE n’ait pas été prononcé un fois, bien qu’Emmanuel Macron ait pourtant bien parlé de ses intentions économiques. Mélenchon a, un jour de fureur, clamé « la République c’est moi ». Le président de la République penserait-il, au fond de lui, « l’entreprise c’est moi » ?

Il est temps de dire fermement et objectivement ce qu’il en est : une terrible inquiétude gagne tous ceux qui sont au fait de ce qui se passe dans le monde du travail. Le patronat doit s’y atteler et vite : l’économie du pays est menacée, et avec elle chacun d’entre nous. Il n’y pas de « neutralité politique » qui tienne !

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Les juifs professionnels à l’épreuve de l’alliance rouges-bruns-verts et roses

Cela fait des décennies que les juifs « professionnels » donnent des leçons de morale et des instructions de vote aux Français.


Les juifs professionnels ? Ce sont ces pseudo-notables qui vivent de la communauté juive, de ses malheurs passés ou présents et sans doute aussi, à venir. Ils vivent de subventions publiques octroyées au prix de soumissions et de silences imposés. Profitant de la naïveté de certains donateurs privés qui croient sincèrement faire le bien et du travail d’une masse importante de petits contributeurs qui ignorent tout de la manière dont leur argent est dépensé, ils avalent toutes les couleuvres de nos dirigeants politiques successifs depuis 40 ans.

« Juifs de Cour »

Les juifs professionnels sont de toutes les réunions et cocktails avec les pouvoirs publics, de tous les voyages officiels, de toutes les cérémonies commémoratives. Ils sont la face visible du CRIF, du Fonds Social Juif Unifié, du Mémorial de la Shoah, de l’UEJF et de tant d’autres institutions qui ont eu – il y a longtemps – leur heure de respectabilité mais qui aujourd’hui… font le jeu du pouvoir, de tous les pouvoirs qui se succèdent en France, quels qu’ils soient.

En revanche, pour lutter contre les violences ou les infamies du présent, pour faire entendre leur voix contre l’islamisme, l’antisémitisme musulman, les votes iniques de la France contre Israël dans toutes les arènes internationales, ces notables juifs sont aux abonnés absents.

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Certains les appellent des « Juifs de Cour » mais l’appellation fait en réalité injure aux Juifs de Cour. En effet, dans le passé, ceux-ci servaient les intérêts du Prince, mais parfois, au détour d’une rencontre, ils plaidaient aussi et autant qu’ils le pouvaient, la cause de leurs coreligionnaires.

Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, les enfants Sandler et leur père, Myriam Monsonégo – pour les plus connus –, tous assassinés par des islamistes, ne sont malheureusement plus là pour témoigner de l’inutilité de ces juifs professionnels.

Eternels donneurs de leçons

Des décennies durant, ces donneurs de leçons n’ont eu en réalité qu’une seule fonction : servir le bloc de gauche qui nous gouverne et faire « barrage à l’extrême drouaaaate ». En d’autres termes, ces soi-disant « notables » font partie du cadenas qui verrouille la démocratie en France. Ils sont la caution juive de ce « front républicain » qui se monte automatiquement chaque fois que quelqu’un tente de poser enfin la question de l’immigration musulmane. Ils sont la meute qui hurle au « nazisme » chaque fois que la droite approche du pouvoir, ils sont le verrou moral qui bloque le débat d’idées et l’alternance en politique.  

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Avant l’élection présidentielle de 2022, le CRIF, le Grand Rabbin, le Fonds Social Juif Unifié, l’UEJF et tant d’autres se sont déchainés contre Eric Zemmour, épargnant un Jean-Luc Mélenchon porté par le vote communautariste islamiste. Après l’élection présidentielle de 2022, l’extrême gauche en la personne de Jean-Luc Mélenchon a pris le contrôle de la gauche et centralise autour de la mal nommée « France Insoumise » – les Verts, le Parti Communiste et le Parti Socialiste sans que nos « élites juives » lèvent un sourcil de protestation. Nos antinazis professionnels du 21ème siècle deviennent muets quand le PS (dont la plupart sont issus), le PC et les écologistes s’allient avec l’extrême gauche antisioniste inféodée à l’islam radical. Le silence de ces organisations et de ces personnalités juives les discrédite totalement.

Aucune voie juive pour Zemmour ?

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 ont montré que les juifs professionnels n’ont aucune influence sur la communauté juive qu’ils prétendent représenter. Ainsi, alors que le président du CRIF avait proclamé « aucune voix juive pour Zemmour » et que le grand rabbin avait affirmé que Zemmour était « raciste et antisémite », les électeurs français établis en Israël ont voté à plus de 50% pour le candidat Eric Zemmour. De même, les bureaux de vote de Sarcelles identifiés comme « juifs », tout comme ceux de Neuilly et du 16ème arrondissement de Paris, lui ont offert ses plus beaux scores en France métropolitaine.

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Face à leurs échecs répétés dans la lutte contre l’antisémitisme, à la défense d’Israël dans les arènes politiques et médiatiques françaises et face à la cuisante révélation de leur non-représentativité au vu des résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022, il serait temps qu’un vent de renouveau souffle sur les institutions juives et chasse ces marchands qui font tourner le temple à leur profit au lieu de le servir. Mais la caution politique qu’ils apportent au pouvoir en place les protège. Pourtant, les autorités qui les traitent avec les égards qui ne leur sont pas dus feraient bien de chercher d’autres interlocuteurs s’ils veulent vraiment connaître le point de vue de la « rue juive »… 

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Mais la France en peine, où est-elle?

Devant un parterre fourni de courtisans et d’affidés, et en la présence de deux anciens présidents de la République, Emmanuel Macron a été réinvesti lors d’une cérémonie officielle au Palais de l’Elysée, samedi. 450 invités triés sur le volet! Le bloc bourgeois dans toute sa splendeur? Un billet « populiste » de Philippe Bilger.


Que ce billet soit considéré comme populiste, voire démagogique est tout à fait possible et je l’assume.

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron le 24 avril et cette forme de subtil sadisme présidentiel qui fait patienter le Premier ministre, les ministres, les forces politiques du pays comme la communauté nationale, on ne peut pas dire que l’esprit républicain ne soit pas respecté mais pourtant je m’interroge : où est la France en peine ?

La vie politico-médiatique désormais rythmée par les manœuvres de LFI

On a été les témoins, heureux ou indignés selon nos convictions, de la domination de LFI inspirée par un Jean-Luc Mélenchon prenant sa revanche après tant de frustrations. Les autres partis de gauche se soumettant peu ou prou aux diktats d’un programme d’extrême gauche pour sauver les meubles avant les élections législatives du mois de juin, en oubliant la pureté de leurs principes socialistes, écologiques et communistes. Pourquoi pas après tout ? Il ne faut pas se moquer d’un Créon qui ne pouvait plus se permettre d’être Antigone mais cependant je m’interroge: où est la France en peine ?

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La République en marche est devenue Renaissance, on a vu un trio feignant une parfaite concorde : Richard Ferrand, François Bayrou et Edouard Philippe, apparemment heureux d’avoir sauvegardé leur autonomie dans une structure globale qui, paraît-il, ne les ligotera pas. Le président de la République, qui n’a pas eu le temps de débattre avant le premier tour, se penche attentivement sur la liste de « ses » candidats pour les législatives à venir et il donnera son aval. Il n’y a rien, dans cette emprise et cette vigilance, de particulièrement choquant mais j’ai le droit de m’interroger : où est la France en peine ?

Valérie Pécresse refuse d’être humiliée

On continue d’annoncer la mort de LR. Nicolas Sarkozy a déserté, il a rejoint le camp d’Emmanuel Macron et Valérie Pécresse a bien fait de refuser son don humiliant. Il y a des personnalités qui dans la tourmente tiennent bon et portent haut et fort l’honneur d’une identité qui n’a pas sombré au prétexte qu’elle a été mal défendue durant la campagne présidentielle. D’autres ont trahi en simulant une compatibilité entre le macronisme victorieux et la droite républicaine. Rien de dramatique dans tout cela, il y a des combats apparemment désespérés qui sont les plus beaux parce qu’ils ne peuvent que faire gagner demain mais je suis enclin à m’interroger : où est la France en peine ?

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La cérémonie d’investiture pour, selon Emmanuel Macron, « un président nouveau et un mandat nouveau », a eu lieu le 7 mai et le formalisme républicain, dans son rituel, sa solennité à la fois civile et militaire, a battu son plein face à une assistance hétérogène où se mêlaient des personnalités à la présence évidente et des artistes et people dont on pouvait se demander ce qu’ils faisaient là, probablement des choix du couple présidentiel. Des salutations longues, familières, affectueuses du président, des embrassades avec Alexis Kohler et François Bayrou, avec ses parents, les enfants et la famille de son épouse, rien que de très doux et sympathique mais me lancinait cette interrogation : où est la France en peine ?

Grandeurs et coups fourrés de la monarchie républicaine

Le sourire et l’émotion du Premier ministre qui probablement sera remplacé, le visage des ministres, cette multitude politique questionnant de quoi demain sera fait, les ambitions et les inconditionnalités mélangées, deux anciens présidents de la République, l’un tout heureux de sa complicité délétère avec Emmanuel Macron, l’autre parvenant à sembler cordial face à celui qui l’avait trahi, rien que de très usuel dans l’univers de la monarchie républicaine, de ses grandeurs et de ses coups fourrés mais je continue à m’interroger : où est la France en peine ?

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J’ai entendu le discours d’une dizaine de minutes du président réélu après l’annonce des résultats par le président du Conseil constitutionnel s’étant trompé dans les chiffres ! On a eu droit de la part d’Emmanuel Macron à ce qu’on attendait, une dénonciation du repli et de la France qui n’avait pas voté pour lui tout en prônant l’exigence du rassemblement. Tout sera nouveau, il y aura de l’action, mais j’ai eu beau chercher, écouter avec intérêt et impatience, rien ne m’est apparu qui mette le peuple au centre, rien n’a fait surgir cette France en peine qui n’en peut plus d’avoir été oubliée durant cinq ans et qui craint de le rester. Et ce n’est pas cette brillante et disparate péripétie démocratique d’avant, enfin, l’empoignade avec le réel multiforme qui de partout fait peur, qui nous rassurera.

Un fait divers de mauvais augure

Je sais, ma conclusion va faire mauvais genre, mais au milieu de tant de pompe, de grâces républicaines, des hommages qu’un pouvoir renouvelé se rendait à lui-même, considérant le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur, je ne suis pas parvenu à oublier qu’à Nancy, un homme qui avait poignardé à 82 reprises sa victime avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et que bénéficiant d’une libération conditionnelle au bout de 11 ans, il avait été mis en examen tout récemment pour viol. J’ai conscience que ce scandale judiciaire et pénitentiaire ne va indigner que la France profonde, celle que la cérémonie d’investiture a veillé à ne pas inviter. On préfère rester entre soi. Mais je ressasse mon angoisse. La France en peine, où est-elle ?

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L’armée, c’est pour les durs

L’armée brésilienne est vraiment bichonnée…


Parfois, il n’y a pas que le moral des troupes qui doit être rehaussé. Le 11 avril, le député brésilien de gauche, Elias Vaz, révèle une curieuse dépense du gouvernement de Bolsonaro pour son armée : 35 000 pilules de Viagra.

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Il serait tombé sur cet achat pour le moins curieux en consultant le portail de transparence du gouvernement, qui propose en libre accès des données concernant les dépenses publiques. La dépense était étiquetée « sildénafil » plutôt que « Viagra », mais il s’agit de la substance active du produit revigorant. Tweetant la nouvelle, Vaz s’est plaint d’une telle dépense au moment où les hôpitaux brésiliens manquent cruellement de médicaments, notamment de l’analgésique dipyrone. De plus, l’épisode intervient après que Jair Bolsonaro a créé la polémique en opposant son veto à une loi garantissant la distribution gratuite de serviettes hygiéniques aux femmes pauvres, avant de faire volte-face.

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L’armée brésilienne est-elle impuissante ? Selon le ministère de la Défense, les pilules sont destinées à traiter des personnes souffrant d’hypertension artérielle pulmonaire. Pourtant, Vaz a révélé que le gouvernement avait aussi acheté, pour une somme avoisinant les 676 000 euros, 60 implants péniens gonflables, qui sont bien utilisés contre les dysfonctionnements érectiles. Les internautes s’en sont donné à cœur joie, accusant le président d’être un nostalgique de la « dicta-dure », le régime des généraux qui a gouverné le Brésil entre 1964 et 1985. Selon le site satirique Sensacionalista, « avec ces pilules, l’armée va pouvoir se foutre encore plus de la démocratie ». Il s’agit peut-être d’un simple renvoi d’ascenseur : les militaires ont soutenu l’élection du gouvernement ; ce dernier soutient leur érection.

Jean ne sait plus où il crèche

Le personnage principal de Dépossession, le roman d’Edouard De Praron, s’appelle Jean, et beaucoup de nos lecteurs pourront se retrouver en lui. Un jeune cadre dynamique, qui a tout pour être heureux au premier abord. Seulement, lui aussi, il connait ce sentiment si répandu parmi nos compatriotes : la dépossession. Dépossession que ressentent beaucoup de Français face à l’immigration, la déchristianisation, la remise en cause de nos modes de vie et de nos idéaux… Extrait.


Comme souvent, Jean déjeuna avec Claire et Frédéric au restaurant de l’entreprise. Au moment du dessert, après une conversation à bâtons rompus sur les derniers rebondissements de leurs différents projets respectifs, Jean évoqua l’histoire de la crèche :
– Dans mon immeuble, j’ai une voisine qui a mis une crèche au pied du sapin. Une personne a mis un mot pour demander de l’enlever en disant qu’on était dans un pays laïc.
– Normal, dit Frédéric.
– Oui, c’est bizarre une crèche dans un immeuble, dit Claire.
[…]
– Vous trouvez ça vraiment bizarre ? À partir du moment où y a un sapin ? questionna Jean.
– Ce n’est pas la même chose. Un sapin n’a rien de religieux, répondit Frédéric.
– Dans ce cas, pourquoi tu mets un sapin, rétorqua Jean.
– Bah pour les fêtes, intervint Claire. 
– Tu fêtes quoi ?
– Aujourd’hui, ce n’est plus une fête religieuse. On fête la famille, le fait de se retrouver, répondit Claire.
– Donc tu fêtes la fête. Mais dans ce cas tu peux te retrouver avec ta famille le 25 mars ou 25 avril. Même si tu ne crois pas en Dieu, tu peux au moins célébrer ce que représente symboliquement pour notre civilisation la nativité. Par tradition chrétienne, parce que…

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– On est dans un pays laïc de toute façon, interrompit Frédéric.
– Non, un État laïc. Nuance. Et un pays de tradition chrétienne, dit Jean.
– Avec la crèche, tu imposes ta croyance aux gens de l’immeuble, dit Frédéric.
Pour l’instant, le ton était resté calme dans la conversation. Jean et Frédéric avaient l’habitude de débattre.
– Ce sont des croyances mais aussi tout simplement de la culture. Une crèche tout simplement parce que c’est Noël, asséna Jean. 
– La culture est laïque maintenant. Désormais Noël c’est sans Jésus, répliqua Frédéric.
Jean et Frédéric commençaient à s’échanger des propos un peu lapidaires.
– Et tu vas me faire un calendrier laïc ? Fini le « avant Jésus-Christ » et le « après Jésus-Christ » ? Déjà qu’on a enlevé les termes « saint » et « sainte » de certains calendriers, demanda Jean.
– C’est bon, faut évoluer. La religion, c’est bon pour nos grands-parents. C’est fini tout ça, soupira Claire.
– Pourquoi ça serait fini ?
– À part diviser les gens, ça ne sert à rien. Regarde c’est comme avec l’islam, les gens tuent au nom de la religion. Y’a que le bouddhisme qui prône la paix.

Lorsque Nasser déjeunait avec eux et que la conversation dérivait sur la religion, rares étaient les propos de ce style. La plupart des collègues de Jean prenaient beaucoup moins de pincettes pour parler du catholicisme en présence de catholiques que pour parler de l’islam devant un musulman. Enfin ce qu’ils estimaient être une personne musulmane. Ils avaient tendance à considérer toute personne arabe comme musulmane. Ils devaient percevoir inconsciemment que même un arabe non pratiquant était façonné par l’islam à travers son éducation et sa culture alors qu’ils ne percevaient pas combien eux-mêmes étaient façonnés par le christianisme à travers la culture française. Depuis les actes terroristes de Mohamed Merah et les deux ou trois attentats avec des voitures béliers, les langues s’étaient un peu déliées. Enfin la lutte contre l’amalgame primait. Mais si une personne d’origine maghrébine se trouvait dans la conversation, plus personne n’osait questionner et sortir les mêmes poncifs que sur l’Église catholique. Il était entendu qu’un Français d’origine arabe faisait le ramadan. Un Français jeûnant pour le carême était vu avec bienveillance, voire admiré, mais un peu comme une bête de foire rescapée d’une époque révolue. Jean n’avait jeûné qu’une fois à l’occasion d’un bol de riz proposé dans son lycée privé. Il ne faisait pas le carême mais avait reçu par ses grands-parents une solide culture chrétienne. Il savait par exemple ce qu’était la transsubstantiation, le sacrifice reproduit à chaque messe faisant du pain et du vin le corps et le sang réels du Christ. Il ne savait pas s’il y croyait mais il savait ce que c’était. Et ce qui l’inquiétait était le fait que plus personne ne savait ce que c’était. Comment pouvait-on comprendre notre histoire, nos oeuvres d’art, des tableaux de peinture aux opéras de Mozart si on ne savait pas ce qu’était la transsubstantiation et la signification pour les chrétiens de la résurrection et de la croix ? Les générations nées dans les années quarante, cinquante et soixante avaient reçu ces enseignements ou avaient été éduquées dans la foi. Mais, influencées de manière plus ou moins consciente par l’oeuvre d’intellectuels français « déconstructeurs », les membres de ces générations n’avaient pas transmis à leurs enfants ce qu’ils avaient reçu de leurs ancêtres. Pourtant, ils étaient nombreux à adhérer aux « valeurs » du christianisme et à vouloir les perpétuer, mais ils avaient voulu s’affranchir du cadre qui avait fait émerger ces « valeurs ». Les générations qui les suivaient ignoraient donc tout un pan de leur culture, pourtant essentielle pour comprendre l’histoire de leur pays et l’état de la société qui les entourait. Jean était agacé par ces Français reniant leur passé chrétien plus par paresse que par militantisme. Ils baignaient dans un environnement dont les valeurs étaient issues du christianisme. Leurs pensées étaient formatées par le christianisme. Il suffisait de discuter avec un Chinois pour comprendre que sa conception du monde et son mode de vie étaient très éloignés des populations des pays de traditions chrétiennes. D’autres Français reconnaissaient ce que devait la France au christianisme. Mais pour mieux le laisser dans le passé. Comme s’il n’avait plus rien à apporter dans le présent et était à ranger sur un rayon d’étagère aux côtés des langues mortes.

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Jean était surtout agacé par ceux qui tenaient des propos réducteurs sur la religion chrétienne tout en s’extasiant devant le bouddhisme par pur exotisme et méconnaissance. Jean répondit à Claire :
– Le bouddhisme n’est pas une religion. Et va de­mander ce qu’en pensent les Rohingyas qui se font mas­sacrer par des bouddhistes. J’ai pas souvenir que les gens tuent pour la religion catholique ?
– T’as pas souvenir ? Et la Saint-Barthélemy, les croisades, l’Inquisition ? questionna Claire.
Le point Godwin de la religion catholique était atteint. Les croisades étaient à la religion catholique ce que la colonisation était à la France. Le sparadrap du capitaine Haddock dont on ne savait comment se dé­barrasser. Toute conversation sur le bien-fondé des reli­gions finissait avec les croisades. Jean répondit en soupi­rant « Ça n’a rien à voir. C’était dans d’autres contextes historiques. »
– Mais si c’est pareil, la religion c’est la guerre. Point, asséna Claire.
– Islam et catholicisme, c’est pareil. Faut pas faire d’amalgame mais y a toujours la frange dangereuse, ajouta Frédéric.
– Tu la vois où la frange dangereuse dans le catho­licisme ? Les intégristes font trois manifs et se mettent à genoux dans la rue en récitant des chapelets, ça me paraît peu par rapport à l’islam dans les quartiers.
– N’oublie pas le passé, dit Claire.
– Les croisades, c’est un contexte d’affrontement entre deux armées avec en face une armée et un islam en expansion. L’Algérie, terre christianisée en partie, n’est pas devenue musulmane toute seule, je vous rappelle.
– C’est ce qu’on dit, les religions sèment la division. C’est la guerre, rétorqua Frédéric.
– Pourquoi vous mettez les religions dans le même sac que ce soit pour en dire du bien ou du mal ? C’est comme si j’associais tous les philosophes, même ceux qui se contredisent. Avec votre déférence pour la laïcité, vous êtes incapables de traiter de manière différente deux reli­gions qui n’ont pourtant que peu de points en commun. Et les aspirations de l’homme, vous en faites quoi ?

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Sinn Féin: une victoire historique, pour rien?

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Michelle O'Neill, chef du Sinn Féin en Irlande du Nord, 7 mai 2022 © Peter Morrison/AP/SIPA

Le Sinn Fein, favorable à la réunification en Irlande, est devenu la première force politique d’Irlande du Nord, après les élections locales du 5 mai.


Selon un vers du poème « Invictus », écrit en 1888 par le poète anglais, William Ernest Henley, et qui a donné son titre au film sur la Coupe du monde de Rugby de 1995 en Afrique du Sud, « My head is bloodied, but unbowed » (« Ma tête est ensanglantée, mais reste droite »). C’est ainsi qu’on pourrait décrire Boris Johnson et le gouvernement conservateur qui ont pris une sacrée déculottée, quoique prévisible et non historique, lors des élections municipales qui se sont tenues, le 5 mai, en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles. Autrement historique, quoique tout aussi prévisible, était le résultat des élections pour la législature dévolue en Irlande du Nord qui ont eu lieu le même jour. Pour la première fois, le parti nationaliste, Sinn Féin, est arrivé en tête, ouvrant la voie à une éventuelle réunification de l’Irlande.

Les fêtes sont finies

Des élections municipales arrivant au milieu d’un mandat parlementaire sont rarement favorables au parti de gouvernement. C’est ainsi que le bilan global pour les Conservateurs affiche une perte de 11 municipalités, puisque, bien qu’en perdant le contrôle dans douze, ils l’ont quand même gagné dans une municipalité. Si les Travaillistes ont profité de ce recul, leur propre bilan n’est qu’un gain global de cinq municipalités, puisqu’ils en ont gagné 11 tout en perdant six. Le petit parti centriste des Libéraux démocrates a progressé de trois municipalités, tout comme les nationalistes gallois de Plaid Cymru. Le Parti national écossais a une municipalité de plus, mais comme il dominait déjà en Ecosse, les gains ne pouvaient être que limités. Le plus dramatique pour les Conservateurs est la perte de deux municipalités londoniennes, dont Westminster, qui était entre les mains des Tories depuis sa création il y a presque soixante ans, et Wandsworth.

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Cette défaite s’explique à la fois par la fatigue de mi-mandat du gouvernement et par les difficultés que connait l’électorat actuellement concernant le pouvoir d’achat et la montée de l’inflation. Il faut quand même y ajouter l’effet des scandales du « Partygate », ces différents rassemblements apparemment festifs de fonctionnaires et de personnel du Parti conservateur qui ont eu lieu au cours des confinements de 2020 et 2021 en violation des règles imposées par le gouvernement lui-même. Boris Johnson a déjà fait l’objet d’une amende, et d’autres enquêtes policières sont toujours en cours. L’image du Premier ministre a certainement été ternie aux yeux du public, et le leader travailliste, Sir Keir Starmer, a essayé d’en profiter en appelant à la démission de BoJo. Pourtant, la posture de modèle de vertu de Sir Keir a été minée par un autre scandale le concernant, le « Beergate ». Il aurait participé à un repas collectif – un curry arrosé de bière en bouteilles – en avril 2021, lors d’une campagne électorale à Hartlepool, ville du nord de l’Angleterre. Initialement, les Travaillistes avaient présenté le rassemblement comme étant quelque chose de spontané, avant que la fuite d’une note interne ne suggère qu’il s’agisse d’un événement planifié d’avance. Sir Keir fait désormais l’objet d’une enquête policière et pourrait se voir infliger une amende lui aussi. L’arroseur semblant bien arrosé, Boris Johnson s’en est tiré encore une fois et reste Premier ministre – jusqu’au prochain scandale, du moins. 

Vers la réunification irlandaise ?

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Mer d’Irlande, le triomphe attendu de Sinn Féin aux élections pour l’Assemblée législative de l’Irlande du Nord se confirmait. Le parti nationaliste, autrefois considéré comme la voix officielle de l’organisation terroriste interdite, l’IRA, a obtenu un total de 27 élus, dépassant les 25 sièges du Parti unioniste démocrate (DUP), qui dominait jusqu’ici et qui représente les électeurs protestants favorables au maintien de l’union avec le Royaume Uni. En fait, la victoire de Sinn Féin est le résultat moins d’une progression extraordinaire de son vote, puisque le parti avait déjà le même nombre de sièges, que de la progression du Parti de l’Alliance, une formation politique centriste et non-communautaire, qui a plus que doublé le nombre de ses élus, ces derniers passant de huit à 17, surtout aux dépens des unionistes. Globalement les députés unionistes restent toujours plus nombreux au palais de Stormont, à Belfast, que les nationalistes, ce qui a toujours été le cas sous le système actuellement en vigueur. Mais selon les règles, le parti qui a le plus de sièges doit nommer le Premier ministre, tandis que le deuxième parti nomme le vice Premier ministre. C’est ainsi que le leader de Sinn Féin, Michelle O’Neill peut, pour la première fois, prendre la tête de l’exécutif. Une nationaliste à la tête du gouvernement de cette « province » créée en 1921 ? Du jamais vu ?

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Sauf qu’il y a un hic. Le partage des pouvoirs en Irlande du Nord et le processus par lequel l’exécutif est constitué à partir des élus de la chambre législative sont fixés par l’Accord du Vendredi saint de 1998. On devrait plutôt dire les Accords de Belfast, puisqu’il y a deux accords complémentaires : l’un entre les partis nord-irlandais et l’autre entre les gouvernements du Royaume Uni et de la République d’Irlande. Selon ces accords, l’exécutif de l’Irlande du Nord ne peut fonctionner que si les deux grands partis nationaliste et unioniste se disent prêts à coopérer l’un avec l’autre. Or, pour l’instant, une telle coopération ne semble pas aller de soi. Le chef du DUP, Sir Jeffrey Donaldson, a annoncé son refus de participer à un gouvernement tant les problèmes entourant l’application du Protocole sur l’Irlande du Nord ne seraient pas résolus. Certes, les élus ont jusqu’à six mois pour constituer un gouvernement, mais l’exécutif a déjà été suspendu de nombreuses fois dans l’histoire : en 2000 ; deux fois – pendant 24 heures – en 2001 ; pendant cinq ans de 2002 à 2007 ; et, suite au référendum sur le Brexit, entre 2017 et 2020. L’exécutif s’est effondré de nouveau en février de cette année, lorsque le Premier ministre, appartenant au DUP, a démissionné en prétextant les problèmes liés au fameux protocole. 

Entre la réunification et le Brexit

Sinn Féin a fait campagne, non sur la réunification de l’Irlande, mais sur des sujets plus terre à terre comme le coût de la vie. Pourtant, la réunification fait bien partie de ses raisons d’être. Pour qu’elle soit possible, il faut réunir des circonstances qui sont, encore une fois, précisées – avec plus ou moins de précision ! – dans les Accords de Belfast. La réunification de l’Irlande doit recevoir le consentement librement donné par tous les citoyens de l’Irlande, Nord et Sud. 

Pourtant, rien n’est spécifié quant à la manière d’expression de ce consentement dans la République. Jusqu’à présent le gouvernement irlandais n’a rien fait pour préparer une telle éventualité. Côté Nord, la Loi sur l’Irlande du Nord promulguée par le parlement britannique en 1998 stipule que le Secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord, qui appartient au gouvernement britannique, doit organiser un référendum sur la réunification si les études d’opinion indiquent qu’une majorité des citoyens nord-irlandais est favorable à la réunification. Selon le sondage le plus récent, en avril, seul un tiers de la population y serait favorable en ce moment. Pour le moment, Sinn Féin met l’accent sur le besoin d’unité entre citoyens nord-irlandais quelle que soit leur appartenance communautaire, et parle de la réunification comme d’un projet à long terme qui pourrait prendre dix ans. Pour le moment, le plus urgent est la résolution des problèmes du protocole qui empêchent la constitution d’un exécutif. Les négociations entre Londres et Bruxelles ont été interrompues pendant la campagne électorale et vont reprendre. Le gouvernement britannique a déjà annoncé, au grand dam des unionistes, qu’il n’allait pas dénoncer le fameux protocole qui fait partie de l’Accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne et qui est destiné à maintenir l’Irlande du Nord dans une union douanière avec l’Union européenne. Face à de telles complexités, il faut que la patience de tous reste invaincue – « invicta »…

Pour ne pas désespérer Timothée

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Image d'illustration Unsplash

Dans un monde de plus en plus inquiétant, une jeunesse qui n’a pas encore l’âge de voter a pourtant pris la mesure du désastre en cours. 


Il est évident que si on regarde autour de nous, le monde fait peur. On apprend que la sècheresse sévit déjà alors qu’on est début mai, on sort (il faut espérer) d’une pandémie pour tomber dans une guerre où rôde le spectre de l’apocalypse nucléaire, on voit déjà arriver inflations et pénuries sans compter les tentations autoritaires qui se font jour dans toutes les démocraties ou presque… Bref, on se croirait au début d’un film catastrophe.

Inaction climatique

On pourrait croire que les plus jeunes n’en sont pas conscients mais on se tromperait. Il faut se souvenir, par exemple que ce sont en grande partie des adolescents qui ont exprimé leur colère devant l’inaction climatique avec l’icône Greta Thunberg. Il est vrai que selon qu’on ait encore dix, vingt ou trente ans à passer sur cette planète, on n’envisage pas l’avenir de la même manière. Je n’ai jamais vu de climatosceptique jeune. La semaine dernière, je me suis retrouvé lors une rencontre scolaire dans la banlieue lyonnaise autour d’un de mes romans jeunesse, Lou, après tout, qui raconte un effondrement possible du monde vers 2050 à travers le regard de plusieurs adolescents. A un moment, lors de la discussion, un garçon intervient. 

Appelons-le Timothée : « Moi, j’ai demandé à ma mère de m’apprendre à coudre et à mon grand-père de jardiner. » Quelques rires dans la classe mais Timothée ne se démonte pas et je l’invite à continuer : « Bah oui, quand tout va s’effondrer, j’aimerais bien avoir des compétences utiles. » Deux choses m’ont frappé : Timothée avait dit « quand » et non pas « si » en parlant de l’effondrement et ensuite, le ton sur lequel il faisait ce constat. C’était un ton déterminé plus que désespéré comme s’il envisageait, ce qu’il expliqua d’ailleurs par le suite, de reconstruire quelque chose après, une communauté « où il n’y aurait plus de chef et où on déciderait tous ensemble de ce qui était le mieux pour tout le monde. »

Je ne lui ai pas dit qu’il venait de réinventer le communisme, qu’il définissait finalement comme celui, originel, de Marx, mais j’ai lui ai dit que sa société utopique serait parfaite à mon avis. 

Mais avait-on besoin vraiment d’en passer par une catastrophe planétaire qui tuerait une bonne partie de l’humanité ?

Le syndrome Bartleby

Timothée a eu cette réplique digne du Bartleby de Melville : « Je ne préfèrerais pas » Sous entendu, bien sûr, je suis d’accord avec vous mais vous voyez une autre issue, vous ?

Là où je veux en venir, c’est que pour éviter cette catastrophe déjà intégrée comme inévitable par Timothée et pas mal d’ados, je ne vois guère que la gauche radicale (celle que les médias macronistes s’entêtent à appeler « l’extrême gauche » pour faire peur) puisque seule la gauche comprend que l’écologie ne peut se faire que dans une rupture avec le capitalisme. Ça tombe bien, il y a une petite chance de la faire arriver au pouvoir en juin. Et même si nous, communistes, tout ne nous enchante pas dans le Nupes (décidément, cet acronyme n’est pas beau du tout), on ne peut pas se permettre de faire la fine bouche pour des susceptibilités locales ou des allergies à certains candidats choisis.

En douceur

Nous le devons à Timothée, et à tous les autres, pour qu’ils n’envisagent plus le futur comme un cauchemar déjà écrit mais comme un passage, en douceur, vers une utopie concrète.

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Cancel Kultur sur tous les fronts de la guerre en Ukraine

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Sergei Loznitsa (en costume au miilieu) lors de la 71e édition du Festival de Cannes, en mai 2018, pour la présentation du film"Donbass" qui évoque le conflit, qui depuis 2014, oppose les séparatistes pro-russes au gouvernement ukrainien © James Gourley /Shutterst /SIPA

Le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa a été exclu, en mars, de l’Académie cinématographique ukrainienne. Alors que le pays est attaqué par la Russie, son «cosmopolitisme» et son «manque de loyauté» lui sont reprochés…


Combien y a-t-il de réalisateurs ukrainiens célèbres en France ? Les cinéphiles en connaissent au moins un : Serhiy Loznitsa, connu sous le prénom russisé de Sergei. Il a reçu, en Ukraine, l’équivalent des Oscars à six reprises ainsi que l’Œil d’or en 2021 (le prix du documentaire décerné chaque année au Festival de Cannes, récompense remise par la Société civile des auteurs multimédia).

Bien que nul média français ne l’ait évoqué, le 18 mars 2022, Serhiy/Sergei s’est retrouvé à nouveau, sous les feux de la rampe. Cette fois, ce n’était pas pour recevoir une récompense, mais pour se faire exclure de l’Académie ukrainienne du cinéma.

La raison invoquée étant un festival français des films russes et ukrainiens, il est probable que nous soyons également coupables, ou au moins complices : il n’y a pas de fumée sans feu !

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Pourtant, la France est devenue un pays convenablement woke, où l’on voit, pense et parle en politiquement correct dans le texte. Nous cochons toutes les cases de l’inclusion et en répétons tous les poncifs : les Noirs sont gentils, les Blancs méchants, les LGBT sont victimes, les hérétos normatifs, les Russes sont tous des assassins et les Ukrainiens des anges.

Sergei Loznitsa est Ukrainien : cherchez l’erreur ! Après l’avoir exclu, l’Académie ukrainienne a demandé qu’on le « cancelle », selon une tradition locale éprouvée. Les médias français n’en ont pas parlé : l’ukrainolâtrie ambiante interdit de mentionner les procédés staliniens de la nation martyre, nécessairement parfaite.

Nul n’est prophète en son pays

Loznitsa a commis les crimes de nuance, de complexité et d’intelligence. D’où son exclusion syndicale à perpétuité : « Le réalisateur Serhiy Loznytsa a souligné à plusieurs reprises qu’il se considère comme un cosmopolite, « un homme du monde ». Cependant, aujourd’hui, alors que l’Ukraine lutte pour défendre son indépendance, le concept clé dans la rhétorique de chaque Ukrainien devrait être son identité nationale. Il ne peut y avoir de compromis ou de demi-teintes ici. En outre, les films de Serhiy Loznytsa ont récemment été inclus dans le programme du festival du film russe de la ville française de Nantes, intitulé « De Lviv à l’Oural ». Dans le contexte de la guerre sanglante à grande échelle que la Russie a déclenchée, c’est tout à fait inacceptable. Nous en appelons à la communauté mondiale en lui demandant de ne pas considérer Serhiy Loznytsa comme un représentant de la sphère culturelle ukrainienne.[1] »

Sous Staline, « cosmopolite » est le terme qui servait à condamner les Juifs en blouses blanches, pendant qu’aux États-Unis, Mc Carthy les emprisonnait pour communisme.

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Loznytsa s’est revendiqué « citoyen du monde », a déclaré qu’il ne représentait pas l’Ukraine, mais ses propres idées et que cette édition du festival Univerciné de Nantes ne s’appelait pas « De Lviv à l’Oural », au sous-entendu impérialiste, mais « entre Lviv et l’Oural », impliquant la diversité. Et il a cancelé le verdict de l’Académie en s’affirmant ad vitam æternam réalisateur ukrainien. « En s’élevant contre le cosmopolitisme, les « académiciens » ukrainiens reprennent ce même discours inventé par Staline, fondé sur la haine, la négation de la liberté d’expression, prônant la culpabilité collective et interdisant toute manifestation d’individualisme et de choix individuel.[2] »

Le contexte ukrainien

De mauvais esprits (synonymes : « des juifs parano ») insinuent que l’exclusion syndicale sanctionne, en réalité, le dernier documentaire du cinéaste : Babi Yar. Context, à base de films d’archives et d’interviews, montrant le meurtre de 33 771 Juifs tués, les 29 et 30 septembre 1941, par un commando de l’occupant allemand, aidé de deux bataillons de la police ukrainienne, sans la moindre protestation de la population locale. De Babyn Yar non plus, on ne parle pas en France, malgré son Prix cannois. Sergei Loznytsa estime que la mission du cinéaste est de dire toute la vérité, sans fard, aussi choisit-il les thèmes les plus douloureux de la mémoire soviétique.

Pas étonnant qu’il ne soit pas populaire en France, un pays soviétique dans l’âme de ses élites, où un admirateur de Cuba, inspiré par le gouvernement du Venezuela, espère devenir Premier ministre !


[1] https://businessdoceurope.com/sergei-loznitsa-excluded-from-ukrainian-film-academy-loznitsas-response/

[2] https://www.vulture.com/2022/04/sergei-loznitsa-on-the-absurd-boycott-of-russian-films.html

Immigration: l’exemple suédois ouvrira-t-il les yeux des Français?

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Malmö, Suède, 17 avril 2022 © Johan Nilsson/AP/SIPA

Réputée pour son État providence, sa bienveillance et sa qualité de vie, la Suède, voulant comme une majorité de pays de l’UE contrecarrer une démographie déclinante et un vieillissement de sa population, a ouvert ses portes à des centaines de milliers d’immigrés. La proportion de sa population d’origine extra-européenne est passée de 2 à 20% en vingt ans. Le pays est désormais confronté à des émeutes ethnico-religieuses particulièrement préoccupantes.


La Suède comptait 8 % de musulmans en 2016. En 2050, elle comptera 11 % de musulmans si l’immigration cesse totalement, 21 % si elle reste “normale”, 31 % si elle se poursuit au même rythme que ces dernières années (1). Après les dernières émeutes dans des quartiers à forte population immigrée musulmane, la première ministre sociale-démocrate, Magdalena Andersson, a été obligée de reconnaître publiquement que : 1) l’immigration en Suède a été trop importante ; 2) elle est excessivement coûteuse ; 3) elle est de plus en plus communautariste et séparatiste ; 4) elle est la principale contributrice à l’explosion de la criminalité. Les autorités suédoises réfléchissent maintenant au moyen d’infléchir leur politique migratoire. Pourtant, de nombreux signes avant-coureurs auraient dû les alerter depuis au moins 30 ans.

Des accommodements surprenants

Le premier signal d’alarme apparaît dans les années 90. La Suède accueille alors des milliers de réfugiés fuyant la guerre des Balkans. Des communautés ethniques et religieuses commencent à se former dans quelques villes, refusant de s’intégrer au mode de vie suédois. La délinquance augmente en proportion de cette nouvelle population sous la coupe de gangs bosniaques. Au contraire de l’idée reçue selon laquelle la population suédoise serait favorable à l’immigration, un sondage de l’époque (paru dans le journal Expressen en 1993) indique que 63 % des Suédois désirent le retour des immigrés chez eux. Mais la classe politique suédoise n’en a cure : la Suède accélère le processus migratoire à partir des années 2000 avec la bénédiction des médias qui refusent de parler d’immigration autrement qu’en termes positifs. À partir de 2010, le phénomène s’accroît encore.

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Comme le souligne Alexandre Del Valle (2), la stratégie victimaire des Frères musulmans leur permet d’infiltrer les médias et certains partis politiques, en particulier la gauche sociale-démocrate et les Verts, et de réclamer des « accommodements » surprenants : il est demandé par exemple de cesser de faire sonner les cloches des églises afin « de ne pas choquer les musulmans » lorsqu’ils sont en nombre important dans certaines villes.

Dans le même temps, la mosquée de Växjö devient en 2018 la troisième de Suède où l’adhan (l’appel de la prière par le muezzin) est autorisé. Les Frères ont des idiots utiles au sein même de l’establishment : fin 2019, la municipalité de Skurup, ville du sud de la Suède, promulgue une interdiction du voile islamique à l’école (autorisé en Suède depuis 2007) pour les écolières de… moins de 13 ans. La Direction nationale de l’enseignement fait annuler cette interdiction sous les applaudissements de la presse, en particulier du Göteborg-Posten, un des principaux journaux suédois, qui considère que « beaucoup de jeunes portent le voile de leur plein gré » et qu’il faut surtout mieux faire apprécier cette « religion mal connue dans le pays ».

Dans la presse, rien ne doit venir entacher le mythe d’une immigration édénique

Malmö, une ville envahie

L’intégration est de plus en plus difficile, voire rendue impossible par des imams prêchant un islam rigoriste et félicitant leurs coreligionnaires lorsque ceux-ci montrent des signes forts de soumission religieuse et de refus de s’intégrer à la société suédoise. La délinquance explose mais les autorités et les médias font tout pour que cela ne se sache pas. En 2014, à Stockholm, lors d’un célèbre festival de musique annuel, des dizaines de très jeunes filles sont frappées et violées par des migrants afghans. Aucune arrestation. Aucun rapport de police. Aucun papier dans la presse. En 2015, la déclaration de la chancelière allemande pour un accueil des migrants presque sans limites provoque une ruée en Suède. Des villes comme Malmö sont, au sens littéral, envahies. Les agressions se multiplient. Des gangs ethniques quadrillent des pans entiers de nombreuses villes. Des viols par des migrants ont lieu à nouveau à Stockholm, Malmö, etc. La Suède a, en 2015, le deuxième taux de viol par habitant le plus élevé du monde. De rares médias osent révéler que la majorité de ces viols sont le fait d’immigrés musulmans. Qu’importe, la dilection pour l’Autre et la haine de soi se manifestent dans un tweet hallucinant de Barbro Sörman, parlementaire et militante féministe de gauche : « Les hommes suédois qui violent le font par choix actif. Et c’est pire que ce que font les réfugiés. […] Il est normal que les réfugiés aient tendance à vouloir violer les femmes car c’est culturel dans leur pays ».

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Dans le même temps, l’antisémitisme qui était quasiment inexistant en Suède prend des proportions considérables. À Malmö (où la moitié de la population est maintenant d’origine extra-européenne) ou Göteborg, le nombre d’agressions antisémites augmente parallèlement à l’augmentation de la population musulmane : des synagogues, des lieux associatifs, la chapelle du cimetière juif de Malmö, sont attaqués au cocktails molotov. Des Suédois non-juifs accompagnent les Juifs qui portent la kippa ou se rendent à la synagogue pour éviter qu’ils soient agressés. Quand elles le peuvent, les familles juives quittent ces villes pour le Royaume-Uni ou Israël (3). Ces sujets sont à peine évoqués dans la presse et, lorsqu’ils le sont, ils sont minorés. Rien ne doit venir entacher le mythe d’une immigration édénique.

Les sociaux-démocrates s’alignent sur le parti nationaliste

La population suédoise, à rebours des discours lénifiants des médias, vit de plus en plus mal ces situations. Le parti des Démocrates de Suède, opposé à cette immigration de masse, est passé de 0 à 20 % des votes en vingt ans. Il est bien sûr qualifié « d’extrême-droite » par ses opposants politiques et la majorité des journalistes. Pourtant, c’est en s’alignant dernièrement sur la ligne anti-immigrationniste de ce parti que le parti social-démocrate a, semble-t-il, retrouvé la faveur des Suédois qui s’en étaient éloignés. Des universitaires et des politiciens qui s’étaient tus jusqu’à présent, de peur d’être traités de racistes ou de ruiner leur carrière, sont heureux de constater que le gouvernement ouvre enfin les yeux. Mais nombreux sont ceux qui se demandent également s’il n’est pas trop tard.

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La France souffre des mêmes maux que la Suède. La partition se dessine de plus en plus clairement. Le gouvernement et la presse minorent autant qu’ils le peuvent les faits de délinquance et d’antisémitisme qui redoublent et sont corrélés à une forte immigration extra-européenne et musulmane. L’extrême-gauche immigrationniste et islamo-compatible continue de promouvoir une immigration qui serait « une chance pour la France » mais qui est surtout pour elle un potentiel réservoir de voix. Aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ne semble avoir pris la mesure du problème. Des quartiers et des villes tombent entre les mains de musulmans radicaux qui imposent ce que l’imam Tareq Oubrou appelle la « charia de minorité » – c’est-à-dire des impératifs religieux alimentaires, vestimentaires (hijab, burkini), cultuels (prières de rue, appel à la prière), « acceptables » par la majorité non-musulmane, en attendant qu’un nombre plus important de pratiquants permette une application plus large et plus stricte de la loi islamique. Les islamistes et la racaille qui font la loi dans les cités savourent les succès qui s’accumulent : un hijab ici, un burkini là, un appel du muezzin à Creil, une « plus grande mosquée d’Europe » à Strasbourg, des zones de non-droit affranchies des lois et des mœurs françaises un peu partout, et des agressions quasi-quotidiennes contre la police, les pompiers, les kouffars ou les musulmans pas suffisamment “soumis”.

Dans un entretien donné au Figaro, le chercheur irano-suédois Tino Sanandaji souligne que les médias suédois, dix ans après les émeutes de 2005 en France qu’ils décrivaient comme un « événement exotique, voire extraterrestre », sont contraints de reconnaître que la Suède a rejoint voire dépassé la France en termes d’insécurité. Chez nous, les médias dans leur grande majorité restent aveugles. Dans les organes de presse les mieux-pensants, France Inter et Le Monde en tête, c’est la sempiternelle ritournelle sur les bienfaits d’une immigration qui enrichirait la France, quand bien même tout le monde sait à présent qu’elle nous coûte excessivement cher, tant du point de vue strictement financier et sécuritaire que du point de vue culturel et civilisationnel. De nombreux Suédois pensent que, dans leur pays, minuit est passé d’un bon quart d’heure et qu’aucun retour en arrière n’est possible. Et en France, quelle heure est-il ?

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(1) « Croissance de la population musulmane en Europe », Pew research Center, novembre 2017.

(2) Alexandre Del Valle et Emmanuel Ravazi, Le Projet, la stratégie de conquête et d’infiltration des Frères musulmans en France et dans le monde, Éditions de L’Artilleur.

(3) Beaucoup des faits et chiffres cités ici sont extraits du livre très documenté de Douglas Murray, L’étrange suicide de l’Europe, immigration, identité, islam, paru aux éditions de L’Artilleur.

Le Printemps des bourges

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Emmanuel Macron, palais de l'Élysée, 6 février 2019 © Nicolas Messyasz / SIPA

Le consensus bourgeois autour du président n’augure pas la refondation du contrat social. Il est l’aboutissement d’un mépris profond pour les classes laborieuses et annonce des révoltes populaires d’autant plus violentes que la disparition de toute référence à l’intérêt général rend le dialogue impossible.


La récente présidentielle a révélé une France plus clivée que jamais. Les sujets de stupéfaction ne manquent pas : absence de campagne électorale et de débats, vote téléguidé par des centaines de sondages, unanimisme du champ médiatique, ingérences étrangères et religieuses, fascisation de l’adversaire en guise de programme, etc.

Mais au-delà des aspects idéologiques, internationaux et médiatiques, le plus frappant est la confirmation de ce qu’a révélé le premier quinquennat d’Emmanuel Macron : la réunification autour de lui du bloc bourgeois, sans équivalent depuis la monarchie de Juillet et son vote censitaire. En contrepoint, une véritable populophobie s’est déployée dans certains médias.

La bourgeoisie, principale pourvoyeuse de voix d’Emmanuel Macron

La bourgeoisie, intacte, est presque unanime dans ses quatre composantes sociologiques : la bourgeoisie d’argent et la banque ; la bourgeoisie intellectuelle et ses clercs ; les notables de province guidés par les grands médias parisiens ; et les retraités aisés issus de ces trois catégories, véritable génération-classe, détachée du monde du travail, plus aisée que les actifs, qui constitue un bloc électoral déterminant dans le vote.

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La bourgeoisie réunifiée pèse pour 20 % de la population et de l’électorat, et plus de la moitié du vote Macron ; l’autre pilier de ce vote est constitué du reste des retraités boomers. L’unité du monde bourgeois a été rendue possible par l’effondrement du socialisme et par l’affaissement du catholicisme, qui permettent d’oublier les pauvres – ou plus exactement de les trier. L’effacement du clivage droite/gauche autorise la bourgeoisie, avant tout soucieuse de préserver ses intérêts matériels et ses positions sociales, à ne plus s’embarrasser de considérations idéologiques et politiques. C’est le retour à Balzac sans les romantiques. La bourgeoisie n’a été patriote que lorsque ses intérêts vitaux étaient en jeu : face à l’aristocratie ; quand il lui fallait défendre la liberté économique ; contre l’émeute populaire ou la menace de collectivisation. Seul De Gaulle, qui la méprisait, est parvenu à la dominer parce qu’elle avait collaboré sans vergogne avec les nazis. Ayant tiré la leçon, notre bourgeoisie met aujourd’hui en avant le supplément d’âme qu’elle s’est choisi.

Un mépris de classe qui se banalise

Lors de la crise des Gilets jaunes, le pouvoir avait appelé au secours et mis à l’écran une poignée d’intellectuels organiques issus de Mai 1968 pour criminaliser le peuple révolté. Certains l’avaient accusé de fascisme et d’antisémitisme. D’autres avaient appelé l’armée et la police à tirer à vue. Les intérêts supérieurs de la bourgeoisie étaient effectivement en jeu. On se rappelle comment la famille pauvre et provinciale de Gilets jaunes avec quatre enfants, présentée dans Le Monde, avait attiré les sarcasmes, les injures et les railleries de plus de 1 000 internautes ; certains ayant même appelé à sa stérilisation – propos purement fasciste au demeurant. La scène s’est reproduite le lundi 25 avril 2022 sur les réseaux sociaux, après qu’a été montrée à l’écran la tristesse des femmes du peuple d’Hénin-Beaumont, le 24 avril au soir, devant la défaite de leur championne. Insultes, moqueries, railleries, mépris de classe, déversement de haine se sont abattus sur ces femmes pauvres. Il est vrai que nos urbains ne rencontrent jamais de leur vie des gens de condition modeste, car le pauvre n’a que le visage du migrant ou du SDF croisé en bas de chez eux. Même le réseau ferroviaire libéralisé a été soigneusement segmenté selon les classes sociales afin qu’elles ne se croisent plus.

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Cette violence de classe décomplexée, pure et cristalline, véritable carburant d’une guerre civile en devenir, manifestée par des anonymes faisant certainement assaut de républicanisme, voire d’esprit citoyen, est à questionner en urgence.

Une élection qui reflète des tendances longues

Relevons d’emblée que cette élection, comme tous ces remugles haineux, valide l’ensemble des thèses expliquées ces dernières années sur le déclassement du pays, la France périphérique, l’archipellisation de la société – bourgeoisie mise à part – et la partition produite par la métropolisation. Mais la violence d’État et la populophobie qui s’exprime désormais régulièrement à visage découvert doivent être contextualisées.

La déchristianisation de la société et l’effondrement du socialisme, qui en était une émanation sans Dieu – à ce que dit Jaurès –, ont libéré des instincts vengeurs et une violence animale que plus aucune morale sociale, individuelle et collective ne retient. La vieille bourgeoisie, qui avait singé l’aristocratie, était tenue par les apparences et les enseignements de l’Église. On a assez moqué les « dames patronnesses » pour reconnaître que la préoccupation du sort des pauvres et des « malheureux » était au cœur de l’agir chrétien, en l’occurrence bourgeois. Mais depuis que les classes dirigeantes ont délégué à l’État et à des professionnels l’assistance sociale, elles sont libérées de cette charge. Voire se scandalisent que ce « pognon de dingue » ne leur suffise pas.

Les catholiques français, davantage bourgeois que conservateurs

Il n’en reste pas moins que l’Église catholique survit, notamment, peuplée dans les métropoles d’une bourgeoise rajeunie au centre-ville et en banlieue de chrétiens issus de l’ancien empire colonial. Une fraction importante de ce segment social, catholique et pratiquante à des degrés divers, a voté pour le président sortant. La Croix et certains évêques ont d’ailleurs appelé à voter pour lui. Passant par pertes et profit ses choix sociétaux, 55 % des catholiques ont choisi Macron, notamment dans les vieux bastions régionaux catholiques depuis le xixe siècle, comme le Grand Ouest, Vendée en tête. Comment la bourgeoisie catholique, naguère partiellement socialiste, est-elle entrée dans ce consensus bourgeois et ce qu’il révèle de violence sociale ? La réponse tient à la réorganisation de la société depuis quarante ans. Les catholiques des métropoles, cœur battant de l’Église actuelle, n’ont plus de contact avec le peuple français relégué dans la France périphérique.

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Celui-ci a été chassé des métropoles, comme le dévoilent les scores soviétiques qu’y réalise le président Macron, généralement 80 %, voire 85 % à Paris, laboratoire parfait. À l’inverse, les classes populaires de la France périphérique ont placé Marine Le Pen en tête dans plus de la moitié des communes du pays, DOM-TOM compris. Dans le Bassin parisien, cœur historique de la France révolutionnaire, et dans les régions désindustrialisées du Nord et de l’Est, la population est très largement déchristianisée, de sorte que l’Église nationale et le peuple s’y sont donné congé. Dans les métropoles en revanche, l’Église catholique, à l’unisson de la bourgeoisie et du monde médiatique qui en est issu, est au contact du nouveau peuple issu de l’immigration. Ce prolétariat de substitution focalise les moyens et l’attention de l’État et des institutions. Il est devenu, pour la bourgeoisie, le peuple légitime et souffrant ; il est la nouvelle référence charitable de l’Église des métropoles. Cet écran invisibilise les classes populaires disqualifiées, mais majoritaires de la France périphérique.

Acte III du mouvement des Gilets jaunes, Paris, décembre 2018 © Mustafa Yalcin / Anadolu Agency via AFP

C’est pourquoi l’irruption dans la métropole ou dans les médias de « Blancs pauvres » – la France n’étant pas une société postcoloniale comme le Brésil ou le sud des États-Unis, on ne parlera pas ici de « petits Blancs », comme le fait Houria Bouteldja dans sa rhétorique décolonialiste – est perçue comme impropre, anachronique, provocatrice, inopinée et suscite l’incompréhension, et in fine la haine. La bourgeoisie française a choisi ses pauvres, avec lesquels elle est en contact au quotidien, qu’elle feint de plaindre, dont elle (sous-)paye les services, comme le port des colis et des repas à domicile, petit rappel du temps des colonies. Supplément d’âme, la bourgeoisie cléricale (civile notamment) travaille à la promotion de ses enfants les plus futés : pour promouvoir la discrimination positive, le président Macron s’est engagé dans le démantèlement des concours puis des corps de la fonction publique, l’école et le mérite étant jugés incapables de promouvoir des enfants d’immigrés. Les clercs d’Île-de-France, qu’ils soient religieux, universitaires, journalistes ou artistes, travaillent en ce sens. Depuis l’archétypal film La Haine, le cinéma parisien met ordinairement en scène le face-à-face entre bourgeois des métropoles et « jeunes ». Pour le président Macron, la Seine-Saint-Denis est l’avenir de la France.

Des classes populaires victimes des bourgeoisies

De fait, le peuple historique ayant été chassé par la désindustrialisation et la spéculation immobilière d’Île-de-France et des grandes villes, il est inexistant aux yeux des métropolitains. Ces derniers nourrissent d’ailleurs une peur croissante envers ce peuple inconnu. Alimentée par une transposition des films américains, elle évoque le mépris des citadins romains pour les paysans, alias païens, Qu’ils se rassurent, les pauvres édentés des Appalaches entrevus lors des élections américaines n’ont pas d’équivalent en France.

Chaque secteur de la bourgeoisie précédemment cité trouve son compte dans cet effet d’optique et ces représentations. D’abord la bourgeoise d’argent et la banque, qui sont les organisateurs et les bénéficiaires financiers de la migration internationale, directement corrélée à notre petit taux de croissance annuel, en vertu du triangle « filet migratoire/endettement de l’État/consommation privée » ; puis la bourgeoisie cléricale, qui voit dans l’immigration la légitimation du projet historique français et l’opportunité d’accomplir ses (bonnes) œuvres ; même les notables de province y trouvent un supplément d’âme pour légitimer leurs hauts revenus au milieu d’une population appauvrie. Enfin les retraités aisés, protégés dans leurs beaux appartements, ou résidant dans des communes-refuges, loin des métropoles, bercés par les médias nationaux, peinent à percevoir que le monde qu’ils ont connu n’existe déjà plus.

Des classes populaires majoritaires et invisibilisées

Tous s’illusionnent sur l’état réel de notre société. Ils méconnaissent en effet les mécanismes de ségrégation sociale à l’œuvre depuis des décennies envers les diverses classes populaires. Eux, qui ont bénéficié de l’école quand elle fonctionnait pour les plus âgés, ou bien là où elle fonctionne encore pour les plus riches, ne conçoivent pas à quel point cette institution est en état de délabrement, et ne voient pas qu’elle peine tant à sélectionner et à promouvoir les meilleurs dans la plus grande partie du pays – ni ne parvient à former a minima une part croissante de leurs concitoyens. Ils ne comprennent pas (peut-être s’en fichent-ils ?) que la désindustrialisation, d’une part, et l’automatisation des fonctions les plus ordinaires, de l’autre (caissières, agents des péages et des pompes à essence, guichetiers et contrôleurs), condamnent à l’inactivité et au sous-emploi, donc à l’assistanat et à la pauvreté, une dizaine de millions de nos concitoyens et leurs proches. Ils ne parviennent pas à se dire que l’utopie républicaine est toujours une utopie : l’ascension sociale est réservée à une élite et une société ne peut pas être exclusivement composée de cadres ; ni que la fausse promesse du bac et des études supérieures pour tous crée une immense frustration, une colère sourde que partagent nombre d’enfants révoltés et humiliés des classes populaires. Car plutôt que de les payer décemment et à leur juste prix pour exécuter des travaux d’ouvrier, les possédants – non sans se justifier moralement – préfèrent importer des travailleurs dociles et sous-payés.

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De ce fait, 30 à 40 millions de Français modestes, autrement appelés les classes populaires, voient leurs conditions d’existence se dégrader depuis trente ans. L’accepter, ce serait reconnaître que l’on s’est trompé, que l’Europe maastrichtienne n’a pas créé les conditions du décollage attendu, mais l’effet inverse ; que le projet républicain est très malade ; que notre modèle économique ne fonctionne qu’au profit de l’élite sociale riche et mondialisée, et que seul un endettement permanent et non soutenable maintient la barque à flot. Tout cela est compliqué et la bourgeoise rechigne à penser disait Flaubert (« J’appelle bourgeois quiconque pense bassement »). Pour les intellectuels, qui savent confusément tout cela, ainsi qu’en attestent de nombreux écrits, il n’est pas simple de cautionner ce retour à la France des notables du xixe siècle. Rappelons-nous les mots de Sartre, « tout anticommuniste » est un « chien », disait-il quand le PCF était le parti prolétarien des années cinquante. Mais la double injonction à se désolidariser de sa classe – ce qui est en principe le propre des intellectuels – et à risquer d’endosser l’infamie du fascisme – qu’appelle toute manifestation de solidarité avec les classes populaires non liées à l’immigration – pousse les intellectuels et tous les clercs à se taire. Relevons les voix solitaires et tonitruantes de Marcel Gauchet, Christophe Guilluy, Jérôme Fourquet, Michel Onfray ou Emmanuel Todd qui sauvent leur honneur auprès du peuple sans vendre leur âme. Mais il y a lieu de penser que les classes populaires, dispersées sur le sol de leur nation, sont très seules.

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Allo? Patron! Y’a Mélenchon qui son et y’a person qui y répond?!

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Mais que fait le patronat ? Qui dénoncera officiellement les recettes empoisonnées de la « vie meilleure », mijotées par l’extrême gauche?  


Qui dénoncera cette gauche qui ne serait même plus extrême, depuis qu’une bonne partie du PS et des Verts s’est fait engager par le cuistot ?!
Alors, combien de circonscriptions, pour le plat de lentilles ?   
Qui dira tout haut ce que contient le programme idéologique économiquement mortifère de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale?

Mélenchon recyclé par les journalistes

On regarde passer le train en ricanant. Les journalistes commentent les tractations politiques avec délectation. C’est un spectacle comme ils les aiment. Mais pas un mot n’est prononcé sur le fond. Ce serait prendre parti. À se demander si nombre de journalistes ne trouvent pas sympathique ce candidat perdant, recyclé gagnant.
Même silence relatif dans les rangs du patronat, qui ménage ses arrières. Il faudra pourtant bien travailler avec ceux qui seront élus. Et donc on se lave les mains de ce qui peut se passer pendant la campagne des législatives… on verra après. Au premier tour de l’élection présidentielle, on s’était timidement prononcé sur le programme qui était le moins mauvais pour les entreprises, en l’occurrence pour Emmanuel Macron.

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Aujourd’hui les entrepreneurs et leurs représentants continuent de regarder la télé en se disant que de toutes façons le slogan de pub « Élisez-moi Premier ministre » – génial, au demeurant – n’est qu’un sketch qu’il ne faut pas prendre au sérieux, parce que cela n’a aucune chance d’arriver. A priori, c’est heureusement probable. Sauf que pendant ce temps, les jeunes (même la jeunesse dorée, à qui on piquera le fric des parents), les Français nécessiteux, les déçus, les exaspérés, d’autres ignorants et confiants, votent pour le révolutionnaire qui amuse si bien la galerie et qui ment tant aux Français sans contradiction étoffée. La pédagogie de l’économie de marché est aux abonnés absents, niveau zéro.  

Sophie de Menthon: un cri dans la nuit

Est-ce que, point par point, le MEDEF ou la CPME, par exemple, ne pourraient pas commenter les répercussions dramatiques qu’aurait cette générosité dictatoriale mélenchoniste ? Dans le meilleur des cas, désormais, on nous promet un Premier ministre de gauche (et une femme, de préférence, alors que c’est le cadet de nos soucis). Et la droite ? Quasi muette, elle lèche ses plaies.
Or, c’est maintenant que les Français sont réceptifs à des explications, à des projections de ce qu’entrainerait pour eux une pauvreté partagée… mais équitablement ! Quand l’idéologie et la politique brouillent les cartes de la réalité du terrain et du contexte économique, il faut que les acteurs extérieurs, en l’occurrence les 3,5 millions d’entrepreneurs se manifestent et ne se cachent pas en attendant que ça passe. Sans compter que le seul terme de libéralisme est passé à la trappe : personne n’ose plus jamais prononcer le mot « libéralisme », qui, en France, est synonyme d’ogre capitaliste tueur !
Il faut aider les Français à ne pas voter en ignorant tout des conséquences futures de choix dangereux. Après avoir joué au « tout sauf Le Pen », on joue à « rien contre Mélenchon » ? Pourtant, c’est économiquement bien pire.

Les petites entreprises menacées

Peut-on expliquer aux Français que passer le SMIC à 1400 euros, en pleine crise des matières premières de surcroit, et sans que les chefs d’entreprise n’aient d’autre choix que d’obéir, c’est mettre des entreprises en très grave difficulté ? Que c’est décaler toute la grille des salaires – sauf à ce que ceux qui gagnent déjà 1400 euros se retrouvent tous au SMIC ? Quant à la généralisation de la sixième semaine de congés payés, mais ce serait toute la production qui en souffrirait, à moins que Mélenchon ne pense que les salariés ne servent à rien, et que leur absence une semaine de plus n’a aucune importance ? Sympa, aussi, l’idée de passer aux 32 heures… Le tout voté demain, dans la loi ?

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Je passe rapidement sur la cascade de nationalisations qu’on nous promet, elles vont de toutes les banques généralistes à toutes les infrastructures numériques et de télécommunications en passant par Sanofi, Arianespace… Pas de problème, puisque la dette est selon l’extrême gauche un « prétexte » et que la Banque centrale européenne est sommée de l’annuler ! Je me répète, mais qui pour reprendre point par point et faire comprendre les conséquences de toutes les exigences des nouveaux amis insoumis de la presse – et aussi celles des Verts, lesquels ont aussi de « bonnes » idées.
Il est de notoriété publique que les Français sont assez ignorants en matière d’économie. À force de leur dire que lorsque cela ne va pas on va leur faire un chèque, comment leur en vouloir…
Emmanuel Macron est réélu, donc nous sommes sauvés ? Mais qui pense cela, sérieusement !
Si les entreprises bénéficient, heureusement, d’une opinion très favorable et qui s’accroit considérablement, il n’en demeure pas moins, malheureusement, que la croyance dans le fait que l’État est le grand maitre dont tout dépend – et qu’après tout, ce n’est pas plus mal – ne faiblit pas ! Il est à ce titre frappant et symbolique que dans le discours d’investiture du nouveau président de la République, le mot ENTREPRISE n’ait pas été prononcé un fois, bien qu’Emmanuel Macron ait pourtant bien parlé de ses intentions économiques. Mélenchon a, un jour de fureur, clamé « la République c’est moi ». Le président de la République penserait-il, au fond de lui, « l’entreprise c’est moi » ?

Il est temps de dire fermement et objectivement ce qu’il en est : une terrible inquiétude gagne tous ceux qui sont au fait de ce qui se passe dans le monde du travail. Le patronat doit s’y atteler et vite : l’économie du pays est menacée, et avec elle chacun d’entre nous. Il n’y pas de « neutralité politique » qui tienne !

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Les juifs professionnels à l’épreuve de l’alliance rouges-bruns-verts et roses

Marche pour Sarah Halimi, Marseille, 25 avril 2021 © Daniel Cole/AP/SIPA

Cela fait des décennies que les juifs « professionnels » donnent des leçons de morale et des instructions de vote aux Français.


Les juifs professionnels ? Ce sont ces pseudo-notables qui vivent de la communauté juive, de ses malheurs passés ou présents et sans doute aussi, à venir. Ils vivent de subventions publiques octroyées au prix de soumissions et de silences imposés. Profitant de la naïveté de certains donateurs privés qui croient sincèrement faire le bien et du travail d’une masse importante de petits contributeurs qui ignorent tout de la manière dont leur argent est dépensé, ils avalent toutes les couleuvres de nos dirigeants politiques successifs depuis 40 ans.

« Juifs de Cour »

Les juifs professionnels sont de toutes les réunions et cocktails avec les pouvoirs publics, de tous les voyages officiels, de toutes les cérémonies commémoratives. Ils sont la face visible du CRIF, du Fonds Social Juif Unifié, du Mémorial de la Shoah, de l’UEJF et de tant d’autres institutions qui ont eu – il y a longtemps – leur heure de respectabilité mais qui aujourd’hui… font le jeu du pouvoir, de tous les pouvoirs qui se succèdent en France, quels qu’ils soient.

En revanche, pour lutter contre les violences ou les infamies du présent, pour faire entendre leur voix contre l’islamisme, l’antisémitisme musulman, les votes iniques de la France contre Israël dans toutes les arènes internationales, ces notables juifs sont aux abonnés absents.

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Certains les appellent des « Juifs de Cour » mais l’appellation fait en réalité injure aux Juifs de Cour. En effet, dans le passé, ceux-ci servaient les intérêts du Prince, mais parfois, au détour d’une rencontre, ils plaidaient aussi et autant qu’ils le pouvaient, la cause de leurs coreligionnaires.

Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, les enfants Sandler et leur père, Myriam Monsonégo – pour les plus connus –, tous assassinés par des islamistes, ne sont malheureusement plus là pour témoigner de l’inutilité de ces juifs professionnels.

Eternels donneurs de leçons

Des décennies durant, ces donneurs de leçons n’ont eu en réalité qu’une seule fonction : servir le bloc de gauche qui nous gouverne et faire « barrage à l’extrême drouaaaate ». En d’autres termes, ces soi-disant « notables » font partie du cadenas qui verrouille la démocratie en France. Ils sont la caution juive de ce « front républicain » qui se monte automatiquement chaque fois que quelqu’un tente de poser enfin la question de l’immigration musulmane. Ils sont la meute qui hurle au « nazisme » chaque fois que la droite approche du pouvoir, ils sont le verrou moral qui bloque le débat d’idées et l’alternance en politique.  

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Avant l’élection présidentielle de 2022, le CRIF, le Grand Rabbin, le Fonds Social Juif Unifié, l’UEJF et tant d’autres se sont déchainés contre Eric Zemmour, épargnant un Jean-Luc Mélenchon porté par le vote communautariste islamiste. Après l’élection présidentielle de 2022, l’extrême gauche en la personne de Jean-Luc Mélenchon a pris le contrôle de la gauche et centralise autour de la mal nommée « France Insoumise » – les Verts, le Parti Communiste et le Parti Socialiste sans que nos « élites juives » lèvent un sourcil de protestation. Nos antinazis professionnels du 21ème siècle deviennent muets quand le PS (dont la plupart sont issus), le PC et les écologistes s’allient avec l’extrême gauche antisioniste inféodée à l’islam radical. Le silence de ces organisations et de ces personnalités juives les discrédite totalement.

Aucune voie juive pour Zemmour ?

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022 ont montré que les juifs professionnels n’ont aucune influence sur la communauté juive qu’ils prétendent représenter. Ainsi, alors que le président du CRIF avait proclamé « aucune voix juive pour Zemmour » et que le grand rabbin avait affirmé que Zemmour était « raciste et antisémite », les électeurs français établis en Israël ont voté à plus de 50% pour le candidat Eric Zemmour. De même, les bureaux de vote de Sarcelles identifiés comme « juifs », tout comme ceux de Neuilly et du 16ème arrondissement de Paris, lui ont offert ses plus beaux scores en France métropolitaine.

A lire aussi: Mélenchon, la revanche à n’importe quel prix

Face à leurs échecs répétés dans la lutte contre l’antisémitisme, à la défense d’Israël dans les arènes politiques et médiatiques françaises et face à la cuisante révélation de leur non-représentativité au vu des résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022, il serait temps qu’un vent de renouveau souffle sur les institutions juives et chasse ces marchands qui font tourner le temple à leur profit au lieu de le servir. Mais la caution politique qu’ils apportent au pouvoir en place les protège. Pourtant, les autorités qui les traitent avec les égards qui ne leur sont pas dus feraient bien de chercher d’autres interlocuteurs s’ils veulent vraiment connaître le point de vue de la « rue juive »… 

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Mais la France en peine, où est-elle?

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De gauche à droite, Laurent Fabius, Richard Ferrand, Gérard Larcher, Jean Castex, Emmanuel Macron et Brigitte Macron, Palais de l'Elysée, Paris, 7 mai 2022 © Gonzalo Fuentes/AP/SIPA

Devant un parterre fourni de courtisans et d’affidés, et en la présence de deux anciens présidents de la République, Emmanuel Macron a été réinvesti lors d’une cérémonie officielle au Palais de l’Elysée, samedi. 450 invités triés sur le volet! Le bloc bourgeois dans toute sa splendeur? Un billet « populiste » de Philippe Bilger.


Que ce billet soit considéré comme populiste, voire démagogique est tout à fait possible et je l’assume.

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron le 24 avril et cette forme de subtil sadisme présidentiel qui fait patienter le Premier ministre, les ministres, les forces politiques du pays comme la communauté nationale, on ne peut pas dire que l’esprit républicain ne soit pas respecté mais pourtant je m’interroge : où est la France en peine ?

La vie politico-médiatique désormais rythmée par les manœuvres de LFI

On a été les témoins, heureux ou indignés selon nos convictions, de la domination de LFI inspirée par un Jean-Luc Mélenchon prenant sa revanche après tant de frustrations. Les autres partis de gauche se soumettant peu ou prou aux diktats d’un programme d’extrême gauche pour sauver les meubles avant les élections législatives du mois de juin, en oubliant la pureté de leurs principes socialistes, écologiques et communistes. Pourquoi pas après tout ? Il ne faut pas se moquer d’un Créon qui ne pouvait plus se permettre d’être Antigone mais cependant je m’interroge: où est la France en peine ?

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La République en marche est devenue Renaissance, on a vu un trio feignant une parfaite concorde : Richard Ferrand, François Bayrou et Edouard Philippe, apparemment heureux d’avoir sauvegardé leur autonomie dans une structure globale qui, paraît-il, ne les ligotera pas. Le président de la République, qui n’a pas eu le temps de débattre avant le premier tour, se penche attentivement sur la liste de « ses » candidats pour les législatives à venir et il donnera son aval. Il n’y a rien, dans cette emprise et cette vigilance, de particulièrement choquant mais j’ai le droit de m’interroger : où est la France en peine ?

Valérie Pécresse refuse d’être humiliée

On continue d’annoncer la mort de LR. Nicolas Sarkozy a déserté, il a rejoint le camp d’Emmanuel Macron et Valérie Pécresse a bien fait de refuser son don humiliant. Il y a des personnalités qui dans la tourmente tiennent bon et portent haut et fort l’honneur d’une identité qui n’a pas sombré au prétexte qu’elle a été mal défendue durant la campagne présidentielle. D’autres ont trahi en simulant une compatibilité entre le macronisme victorieux et la droite républicaine. Rien de dramatique dans tout cela, il y a des combats apparemment désespérés qui sont les plus beaux parce qu’ils ne peuvent que faire gagner demain mais je suis enclin à m’interroger : où est la France en peine ?

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La cérémonie d’investiture pour, selon Emmanuel Macron, « un président nouveau et un mandat nouveau », a eu lieu le 7 mai et le formalisme républicain, dans son rituel, sa solennité à la fois civile et militaire, a battu son plein face à une assistance hétérogène où se mêlaient des personnalités à la présence évidente et des artistes et people dont on pouvait se demander ce qu’ils faisaient là, probablement des choix du couple présidentiel. Des salutations longues, familières, affectueuses du président, des embrassades avec Alexis Kohler et François Bayrou, avec ses parents, les enfants et la famille de son épouse, rien que de très doux et sympathique mais me lancinait cette interrogation : où est la France en peine ?

Grandeurs et coups fourrés de la monarchie républicaine

Le sourire et l’émotion du Premier ministre qui probablement sera remplacé, le visage des ministres, cette multitude politique questionnant de quoi demain sera fait, les ambitions et les inconditionnalités mélangées, deux anciens présidents de la République, l’un tout heureux de sa complicité délétère avec Emmanuel Macron, l’autre parvenant à sembler cordial face à celui qui l’avait trahi, rien que de très usuel dans l’univers de la monarchie républicaine, de ses grandeurs et de ses coups fourrés mais je continue à m’interroger : où est la France en peine ?

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J’ai entendu le discours d’une dizaine de minutes du président réélu après l’annonce des résultats par le président du Conseil constitutionnel s’étant trompé dans les chiffres ! On a eu droit de la part d’Emmanuel Macron à ce qu’on attendait, une dénonciation du repli et de la France qui n’avait pas voté pour lui tout en prônant l’exigence du rassemblement. Tout sera nouveau, il y aura de l’action, mais j’ai eu beau chercher, écouter avec intérêt et impatience, rien ne m’est apparu qui mette le peuple au centre, rien n’a fait surgir cette France en peine qui n’en peut plus d’avoir été oubliée durant cinq ans et qui craint de le rester. Et ce n’est pas cette brillante et disparate péripétie démocratique d’avant, enfin, l’empoignade avec le réel multiforme qui de partout fait peur, qui nous rassurera.

Un fait divers de mauvais augure

Je sais, ma conclusion va faire mauvais genre, mais au milieu de tant de pompe, de grâces républicaines, des hommages qu’un pouvoir renouvelé se rendait à lui-même, considérant le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur, je ne suis pas parvenu à oublier qu’à Nancy, un homme qui avait poignardé à 82 reprises sa victime avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et que bénéficiant d’une libération conditionnelle au bout de 11 ans, il avait été mis en examen tout récemment pour viol. J’ai conscience que ce scandale judiciaire et pénitentiaire ne va indigner que la France profonde, celle que la cérémonie d’investiture a veillé à ne pas inviter. On préfère rester entre soi. Mais je ressasse mon angoisse. La France en peine, où est-elle ?

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L’armée, c’est pour les durs

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D.R.

L’armée brésilienne est vraiment bichonnée…


Parfois, il n’y a pas que le moral des troupes qui doit être rehaussé. Le 11 avril, le député brésilien de gauche, Elias Vaz, révèle une curieuse dépense du gouvernement de Bolsonaro pour son armée : 35 000 pilules de Viagra.

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Il serait tombé sur cet achat pour le moins curieux en consultant le portail de transparence du gouvernement, qui propose en libre accès des données concernant les dépenses publiques. La dépense était étiquetée « sildénafil » plutôt que « Viagra », mais il s’agit de la substance active du produit revigorant. Tweetant la nouvelle, Vaz s’est plaint d’une telle dépense au moment où les hôpitaux brésiliens manquent cruellement de médicaments, notamment de l’analgésique dipyrone. De plus, l’épisode intervient après que Jair Bolsonaro a créé la polémique en opposant son veto à une loi garantissant la distribution gratuite de serviettes hygiéniques aux femmes pauvres, avant de faire volte-face.

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L’armée brésilienne est-elle impuissante ? Selon le ministère de la Défense, les pilules sont destinées à traiter des personnes souffrant d’hypertension artérielle pulmonaire. Pourtant, Vaz a révélé que le gouvernement avait aussi acheté, pour une somme avoisinant les 676 000 euros, 60 implants péniens gonflables, qui sont bien utilisés contre les dysfonctionnements érectiles. Les internautes s’en sont donné à cœur joie, accusant le président d’être un nostalgique de la « dicta-dure », le régime des généraux qui a gouverné le Brésil entre 1964 et 1985. Selon le site satirique Sensacionalista, « avec ces pilules, l’armée va pouvoir se foutre encore plus de la démocratie ». Il s’agit peut-être d’un simple renvoi d’ascenseur : les militaires ont soutenu l’élection du gouvernement ; ce dernier soutient leur érection.

Jean ne sait plus où il crèche

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Image d'illustration Unsplash

Le personnage principal de Dépossession, le roman d’Edouard De Praron, s’appelle Jean, et beaucoup de nos lecteurs pourront se retrouver en lui. Un jeune cadre dynamique, qui a tout pour être heureux au premier abord. Seulement, lui aussi, il connait ce sentiment si répandu parmi nos compatriotes : la dépossession. Dépossession que ressentent beaucoup de Français face à l’immigration, la déchristianisation, la remise en cause de nos modes de vie et de nos idéaux… Extrait.


Comme souvent, Jean déjeuna avec Claire et Frédéric au restaurant de l’entreprise. Au moment du dessert, après une conversation à bâtons rompus sur les derniers rebondissements de leurs différents projets respectifs, Jean évoqua l’histoire de la crèche :
– Dans mon immeuble, j’ai une voisine qui a mis une crèche au pied du sapin. Une personne a mis un mot pour demander de l’enlever en disant qu’on était dans un pays laïc.
– Normal, dit Frédéric.
– Oui, c’est bizarre une crèche dans un immeuble, dit Claire.
[…]
– Vous trouvez ça vraiment bizarre ? À partir du moment où y a un sapin ? questionna Jean.
– Ce n’est pas la même chose. Un sapin n’a rien de religieux, répondit Frédéric.
– Dans ce cas, pourquoi tu mets un sapin, rétorqua Jean.
– Bah pour les fêtes, intervint Claire. 
– Tu fêtes quoi ?
– Aujourd’hui, ce n’est plus une fête religieuse. On fête la famille, le fait de se retrouver, répondit Claire.
– Donc tu fêtes la fête. Mais dans ce cas tu peux te retrouver avec ta famille le 25 mars ou 25 avril. Même si tu ne crois pas en Dieu, tu peux au moins célébrer ce que représente symboliquement pour notre civilisation la nativité. Par tradition chrétienne, parce que…

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– On est dans un pays laïc de toute façon, interrompit Frédéric.
– Non, un État laïc. Nuance. Et un pays de tradition chrétienne, dit Jean.
– Avec la crèche, tu imposes ta croyance aux gens de l’immeuble, dit Frédéric.
Pour l’instant, le ton était resté calme dans la conversation. Jean et Frédéric avaient l’habitude de débattre.
– Ce sont des croyances mais aussi tout simplement de la culture. Une crèche tout simplement parce que c’est Noël, asséna Jean. 
– La culture est laïque maintenant. Désormais Noël c’est sans Jésus, répliqua Frédéric.
Jean et Frédéric commençaient à s’échanger des propos un peu lapidaires.
– Et tu vas me faire un calendrier laïc ? Fini le « avant Jésus-Christ » et le « après Jésus-Christ » ? Déjà qu’on a enlevé les termes « saint » et « sainte » de certains calendriers, demanda Jean.
– C’est bon, faut évoluer. La religion, c’est bon pour nos grands-parents. C’est fini tout ça, soupira Claire.
– Pourquoi ça serait fini ?
– À part diviser les gens, ça ne sert à rien. Regarde c’est comme avec l’islam, les gens tuent au nom de la religion. Y’a que le bouddhisme qui prône la paix.

Lorsque Nasser déjeunait avec eux et que la conversation dérivait sur la religion, rares étaient les propos de ce style. La plupart des collègues de Jean prenaient beaucoup moins de pincettes pour parler du catholicisme en présence de catholiques que pour parler de l’islam devant un musulman. Enfin ce qu’ils estimaient être une personne musulmane. Ils avaient tendance à considérer toute personne arabe comme musulmane. Ils devaient percevoir inconsciemment que même un arabe non pratiquant était façonné par l’islam à travers son éducation et sa culture alors qu’ils ne percevaient pas combien eux-mêmes étaient façonnés par le christianisme à travers la culture française. Depuis les actes terroristes de Mohamed Merah et les deux ou trois attentats avec des voitures béliers, les langues s’étaient un peu déliées. Enfin la lutte contre l’amalgame primait. Mais si une personne d’origine maghrébine se trouvait dans la conversation, plus personne n’osait questionner et sortir les mêmes poncifs que sur l’Église catholique. Il était entendu qu’un Français d’origine arabe faisait le ramadan. Un Français jeûnant pour le carême était vu avec bienveillance, voire admiré, mais un peu comme une bête de foire rescapée d’une époque révolue. Jean n’avait jeûné qu’une fois à l’occasion d’un bol de riz proposé dans son lycée privé. Il ne faisait pas le carême mais avait reçu par ses grands-parents une solide culture chrétienne. Il savait par exemple ce qu’était la transsubstantiation, le sacrifice reproduit à chaque messe faisant du pain et du vin le corps et le sang réels du Christ. Il ne savait pas s’il y croyait mais il savait ce que c’était. Et ce qui l’inquiétait était le fait que plus personne ne savait ce que c’était. Comment pouvait-on comprendre notre histoire, nos oeuvres d’art, des tableaux de peinture aux opéras de Mozart si on ne savait pas ce qu’était la transsubstantiation et la signification pour les chrétiens de la résurrection et de la croix ? Les générations nées dans les années quarante, cinquante et soixante avaient reçu ces enseignements ou avaient été éduquées dans la foi. Mais, influencées de manière plus ou moins consciente par l’oeuvre d’intellectuels français « déconstructeurs », les membres de ces générations n’avaient pas transmis à leurs enfants ce qu’ils avaient reçu de leurs ancêtres. Pourtant, ils étaient nombreux à adhérer aux « valeurs » du christianisme et à vouloir les perpétuer, mais ils avaient voulu s’affranchir du cadre qui avait fait émerger ces « valeurs ». Les générations qui les suivaient ignoraient donc tout un pan de leur culture, pourtant essentielle pour comprendre l’histoire de leur pays et l’état de la société qui les entourait. Jean était agacé par ces Français reniant leur passé chrétien plus par paresse que par militantisme. Ils baignaient dans un environnement dont les valeurs étaient issues du christianisme. Leurs pensées étaient formatées par le christianisme. Il suffisait de discuter avec un Chinois pour comprendre que sa conception du monde et son mode de vie étaient très éloignés des populations des pays de traditions chrétiennes. D’autres Français reconnaissaient ce que devait la France au christianisme. Mais pour mieux le laisser dans le passé. Comme s’il n’avait plus rien à apporter dans le présent et était à ranger sur un rayon d’étagère aux côtés des langues mortes.

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Jean était surtout agacé par ceux qui tenaient des propos réducteurs sur la religion chrétienne tout en s’extasiant devant le bouddhisme par pur exotisme et méconnaissance. Jean répondit à Claire :
– Le bouddhisme n’est pas une religion. Et va de­mander ce qu’en pensent les Rohingyas qui se font mas­sacrer par des bouddhistes. J’ai pas souvenir que les gens tuent pour la religion catholique ?
– T’as pas souvenir ? Et la Saint-Barthélemy, les croisades, l’Inquisition ? questionna Claire.
Le point Godwin de la religion catholique était atteint. Les croisades étaient à la religion catholique ce que la colonisation était à la France. Le sparadrap du capitaine Haddock dont on ne savait comment se dé­barrasser. Toute conversation sur le bien-fondé des reli­gions finissait avec les croisades. Jean répondit en soupi­rant « Ça n’a rien à voir. C’était dans d’autres contextes historiques. »
– Mais si c’est pareil, la religion c’est la guerre. Point, asséna Claire.
– Islam et catholicisme, c’est pareil. Faut pas faire d’amalgame mais y a toujours la frange dangereuse, ajouta Frédéric.
– Tu la vois où la frange dangereuse dans le catho­licisme ? Les intégristes font trois manifs et se mettent à genoux dans la rue en récitant des chapelets, ça me paraît peu par rapport à l’islam dans les quartiers.
– N’oublie pas le passé, dit Claire.
– Les croisades, c’est un contexte d’affrontement entre deux armées avec en face une armée et un islam en expansion. L’Algérie, terre christianisée en partie, n’est pas devenue musulmane toute seule, je vous rappelle.
– C’est ce qu’on dit, les religions sèment la division. C’est la guerre, rétorqua Frédéric.
– Pourquoi vous mettez les religions dans le même sac que ce soit pour en dire du bien ou du mal ? C’est comme si j’associais tous les philosophes, même ceux qui se contredisent. Avec votre déférence pour la laïcité, vous êtes incapables de traiter de manière différente deux reli­gions qui n’ont pourtant que peu de points en commun. Et les aspirations de l’homme, vous en faites quoi ?

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