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Villers-Cotterêts City?

Alors que les sénateurs votaient hier une loi pour encadrer la détestable « écriture inclusive », le président Macron a fait mine d’exalter notre langue en inaugurant la Cité internationale de la langue française…


Le château s’appelait Mon Plaisir. Il est situé dans l’Aisne. François Ier y venait souvent. C’était un rendez-vous de chasse. C’est là qu’il signa, en 1539, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, premier texte politique toujours en vigueur, qui fonde l’unité du royaume sur la langue française. De ce château tombé en ruines, Macron décida de faire le fleuron de son règne, en le restaurant. Ce « rêve fou » qui coûta 210 millions d’euros, cette « utopie devenue réalité par la force de la volonté », s’appelle donc désormais la Cité internationale de la langue française. Le président Macron l’inaugura hier.

Le président attendu sur l’écriture inclusive

Ne boudons pas notre plaisir à l’écoute d’un discours qui rappela que notre langue est le ciment de notre nation et caractérisa son génie. Attendu sur l’écriture inclusive, le président la « tacla » comme dirent aussitôt les médias, tout en rappelant la nécessité des fondamentaux, de la dictée et de l’apprentissage de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe. Nul doute que le nouveau ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, très attentif, en fera son miel toutes fleurs. De cela on ne peut que féliciter l’orateur même si le problème de l’inclusive qui gangrène notre langue ne se contentera pas de la remarque du prince sur le caractère non discriminant du genre grammatical : ce serait oublier la circulaire Blanquer et la déclaration d’Edouard Philippe restées, en leur temps, sans effet. Alors que la solution pourtant en est simple : faire appliquer l’ordonnance !

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Le discours développa ensuite les lieux communs de la francophonie d’une langue ouverte sur la vocation « à se répandre » dans le temps et l’espace, capable de relever les défis linguistiques de la modernité, en particulier ceux posés par l’IA. C’est là que Macron dégaina une autre ordonnance, celle de Montpellier, faite toute exprès pour notre temps, en 1537, par François Ier ! (Le lecteur ira voir). Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes français et francophone possible, dans ce lieu d’exception qui accueillerait les professeurs, les écoliers, les artistes, les traducteurs et qui ne manquerait pas d’attirer le monde entier en devenant « un lieu où on penserait les mots » : un lieu d’attractions et de rencontres. Enfilant des perles, Macron tenait les auditeurs sous son charme tout en rappelant aux crispés que le français n’était pas une langue repliée sur elle-même mais une langue qui n’hésite pas à prendre son bien dans les autres langues, même à leur « voler » des mots. Non pas hégémonique mais destinée à vivre avec les autres avec, pour horizon, le métissage cher à Erik Orsenna. Et Emmanuel Macron d’élargir son rêve devenu réalité, grâce aux traductions d’un Balzac en arabe, pour le bonheur de lecteurs inconnus. Nous étions revenus au bon vieux temps de Senghor. Une époque où notre langue était aimée, libre, vivace, féconde, et la francophonie respectée et encouragée. Une époque où l’anglais ne colonisait pas notre espace public et nos institutions, en violation constante de la loi Toubon. Une époque où le président d’une puissance non anglophone ne s’exprimait pas, à l’étranger, régulièrement en anglais.

Une longue liste de forfaitures

Sur le site CERMF, dirigé par Ilyes Zouari, auteur d’un dictionnaire de la francophonie, on peut lire un article prouvant, en douze points, l’hostilité inédite des autorités françaises vis-à-vis de la francophonie, depuis 20071 : l’anglicisation planifiée de la langue, sa soumission à l’atlantisme et aux européistes. Que ce soit les titres uniquement en anglais, One Ocean Sumnit (Brest, février 2022) et le Forum de Paris sur la paix (novembre 2022) où fut interdit l’usage du français, ou encore le site gouvernemental Make our Planet great again (2017) avec interdiction du site en français, la création d’un Parquet et d’une Cour des compte européens en anglais, la correspondance, en anglais, entre le gouvernement français et l’UE, l’usage croissant de l’anglais en Afrique francophone sans traduction française… Citer toutes ces forfaitures serait trop long.

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Face à ces réalités accablantes, le discours du président Macron a été entendu par certains comme un « tombeau littéraire ». Ou bien un Requiem. Une pavane pour une infante défunte. Laissons plutôt le dernier mot à un Académicien devenu— quel bonheur !—  bien frondeur, qui, dans le Figaro Vox du 30 octobre, a qualifié Macron de « Tartuffe de la langue française à Villers-Cotterêts-City »2. Pour mémoire, rappelons que c’est en ce château que Molière fit représenter son Tartuffe pour la première fois.

La guerre au français

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  1. https://www.cermf.org/langue-francaise-lhostilite-de-la-france-a-legard-de-la-francophonie-en-12-points-ahurissants-sous-emmanuel-macron ↩︎
  2. https://www.lefigaro.fr/vox/culture/jean-marie-rouart-emmanuel-macron-tartuffe-de-la-langue-francaise-a-villers-cotterets-city-20231022 ↩︎

Bibliothèque François-Mitterrand: la police ouvre le feu sur une islamiste menaçante

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Félicitations à la police nationale, parvenue à maitriser la femme qui inquiétait les usagers des transports en commun!


Les chaines d’information en continu, déjà sur le qui-vive compte tenu de l’actualité internationale, ont vite affiché leurs bandeaux spéciaux.

À Paris, un incident grave vient de se produire ce matin, au cours duquel la police a ouvert le feu sur une femme intégralement voilée, rapporte l’AFP. La femme, qui proférait des menaces et des « Allahou Akbar » dans un train du RER C – ce cri de paix bien connu, selon certains politiciens d’extrême gauche – a été grièvement blessée et conduite à l’hôpital. Selon les autorités, l’islamiste a refusé de se conformer aux ordres des policiers et est allée jusqu’à menacer de se faire exploser ! Un policier lui a répondu en tirant un coup de feu, causant des blessures graves. Le pronostic vital de la femme serait en jeu. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a confirmé que la femme portait un voile intégral islamiste, ce qui est interdit depuis 2010, a dit que les policiers étaient munis de caméras, lesquelles seront utiles à l’enquête, et que la femme avait déjà été condamnée par le passé pour des propos tenus à l’encontre de la force Sentinelle.

A lire aussi: La députée parisienne qui tente d’apaiser la communauté juive

L’incident a commencé lorsque des passagers ont alerté la police, signalant la présence d’une femme portant un voile et proférant des menaces à bord d’un train du RER C circulant dans le Val-de-Marne. Les forces de l’ordre ont réussi à l’isoler, à la station Bibliothèque François-Mitterrand, qui a été rapidement évacuée. Malgré les injonctions des policiers, la femme a persisté dans ses menaces, ce qui a conduit à l’utilisation de la force.

Deux enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur cet incident. La première enquête, menée par la police judiciaire parisienne, concerne des accusations d’apologie du terrorisme, de menaces de mort et d’actes d’intimidation envers les représentants de l’autorité publique. La seconde enquête, confiée à l’inspection générale de la police nationale, examinera le recours à l’arme à feu par le policier, conformément à la procédure standard dans de tels cas.

L’incident survient alors que le conflit entre Israël et le Hamas a des répercussions inquiétantes dans le monde entier (voir notre numéro en vente ce jour), et dans un contexte de fortes tensions communautaristes. Suite à l’attentat islamiste contre le professeur d’Arras, Dominique Bernard, la France a décidé d’élever le niveau de son plan Vigipirate à son seuil le plus élevé : «urgence attentat», sur tout le territoire national. Sur CNews, notre contributrice Céline Pina affirmait, à midi : « Les policiers ont bien fait de tirer (…), mais on sent monter une atmosphère d’absence de concorde civile, d’envie d’en découdre… »

Les réactions politiques seront regardées de près par nombre d’observateurs.

La députée parisienne qui tente d’apaiser la communauté juive

Samedi, la députée Caroline Yadan (Renaissance) était rue Copernic, à Paris, pour écouter les doléances des Français juifs, une communauté très inquiète. Liliane Messika est allée écouter.


Caroline Yadan est un spécimen rare. La députée du XVIIIe arrondissement n’a pas besoin de transitionner chimiquement ou chirurgicalement pour être un homme, un vrai : elle dit ce qu’elle voit et elle fait ce qu’elle dit.

Premier voyage parlementaire dans le pays martyr

Le 15 octobre 2023, une semaine après la série de pogromes infligée par le Hamas à des civils juifs dans l’État juif, un groupe de parlementaires français s’est rendu sur place pour témoigner sa solidarité aux victimes et affirmer son soutien à la seule démocratie du Moyen-Orient. Ils partirent à dix, dont Manuel Valls et Caroline Yadan et revinrent bouleversés. Et déterminés à faire savoir, contre les vents et les marées de la désinformation islamo-gauchiste. Ce voyage ? Caroline Yadan l’a décrit comme « une nécessité pour dire notre douleur au monde, mais aussi et surtout pour signifier à nos amis israéliens et au peuple juif, que nous avons fait le choix de la civilisation face à la barbarie, de la démocratie face au terrorisme, de l’humanité face à l’animalité, de la lumière face à l’obscurantisme ».

La députée a rendu compte de son voyage dans un « journal de bord » tenu heure par heure, dès le décollage. Elle y décrit sans fioriture les « 327 corps de femmes, hommes, enfants, vieillards, bébés, [qui] n’ont pas encore été identifiés car carbonisés, découpés en morceaux, fracassés à la hache, guillotinés. Des enfants retrouvés brûlés vifs enlacés, des femmes enceintes éventrées, des veilles femmes violées puis décapitées.[1]» 

Témoigner

Y avait-il besoin du témoignage de quelques députés français alors que 800 journalistes sont déjà basés à Jérusalem ? « Nous sommes députés », explique Yadan, « nous représentons la France. Nous sommes reçus comme tels et pouvons parler à des responsables. Nous pouvons agir ». Le Quai d’Orsay les avait prévenus avant leur départ : le moment n’était pas opportun, ils allaient courir du danger dans un environnement instable… Tout pour démotiver des ronds-de-cuir, rien pour ralentir des acteurs volontaristes de la société.

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Samedi 28 octobre 2023, Madame Yadan est venue parler à quelques Français juifs. Causeur était là, au milieu de gens au cœur brisé par les supplices qu’endurent toujours leurs sept millions de frères et sœurs israéliens et inquiets pour leurs enfants ici, en France : en 2022, 436 faits antisémites avaient été recensés[2]. Entre le 7 et le 28 octobre 2023, plus de 800 actes avaient déjà été commis[3].

Que faire ?

Au moment des questions-réponses, « que faire » était sur toutes les lèvres. Que faire pour protéger les enfants, qui se font agresser à l’école ? Que faire pour les empêcher de culpabiliser quand les « copains » les accusent d’avoir « volé la terre des Palestiniens » ?

Que faire pour faire comprendre à nos concitoyens qu’Israël est un rempart contre une barbarie qui nous menace et nous a déjà endeuillés, à Toulouse (2012)[4], à Paris trois fois en 2015 : Charlie, l’Hyper Cacher et le Bataclan ; à Magnanville en 2016[5], à Nice sur la  Promenade des Anglais en 2016, à St Etienne du Rouvray la même année[6], à Marseille (2017)[7], à Trèbes (2018) [8], au marché de Noël de Strasbourg en 2018, à la Préfecture de police de Paris en 2019[9], à Villejuif[10], à Romans sur Isère[11] et à Conflans Ste Honorine[12] en 2020, à Rambouillet en 2021[13], à Arras, cette année…

Des pistes

Caroline Yadan est députée avant tout, avocate de formation et légaliste de constitution. Les réponses qu’elle apporte aux inquiétudes de ses interlocuteurs sont cachères, halal et républicaines. La première, évidemment, est « adressez-vous à votre député : il vous représente et il est votre intermédiaire vis-à-vis de l’État. »

« Impossible ! » L’exclamation a jailli, alors que le vieux monsieur n’avait même pas demandé la parole. « Impossible : j’habite chez Mathilde Panot ! » Rire nerveux de l’assistance. Puis prise de conscience : dans la patrie des droits de l’Homme, aujourd’hui en 2023, un citoyen juif ne peut pas demander d’aide à son député.

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« Alors, il faut parler au maire, ou au député d’une autre circonscription », reprend Caroline Yadan, qui enchaîne sur la proposition de loi qu’elle veut porter à l’Assemblée sur la protection des enfants palestiniens contre l’incitation à l’antisémitisme. Ils en sont imprégnés dès le CP, à travers les manuels scolaires financés par l’Union européenne. « On leur apprend à compter les cercueils des combattants martyrs et les balles nécessaires pour tuer les Juifs. Jamais on ne pourra parler de paix tant qu’on leur enseignera la guerre et la haine ! »

Le conflit ne crée pas l’antisémitisme, il lui sert de prétexte

Même en France, les enfants entendent les mantras sur l’apartheid, la colonisation ou le génocide contre les Palestiniens. Pour contrer ces accusations, il n’y a que les faits. Malheureusement, ils sont impuissants, quand les jeunes ont déjà été abreuvés à la désinformation : dans le pays accusé d’apartheid, les victimes ont eu un parti au gouvernement jusqu’en novembre 2022. Dans le pays que les Juifs d’aujourd’hui sont accusés de coloniser, toutes les fouilles archéologiques mettent à jour les vestiges de leurs ancêtres. Dans le pays accusé de génocide, le nombre des « génocidés » a été mulitplié par plus de dix depuis que leur « génocideur » est aux manettes. « IL-FAUT-LE-FAIRE-SA-VOIR ! », scande Caroline Yadan sous les applaudissements.


[1] https://israelvalley.com/2023/10/16/caroline-yadan-un-voyage-de-soutien-a-israel-journal-de-bord-de-notre-delegation-parlementaire-en-israel/

[2] www.spcj.org/les-chiffres-de-l-antis%C3%A9mitisme-2022-a

[3] www.latribune.fr/economie/france/la-terreur-des-juifs-de-france-981845.html

[4] www.fenvac.org/memoire-i-attentats-de-mars-2012

[5] www.20minutes.fr/dossier/attentat-magnanville

[6] www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/saint-etienne-du-rouvray/

[7] www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque-au-couteau-a-la-gare-de-marseille/

[8] www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2023/attentat-de-trebes-la-gendarmerie-rend-hommage-au-colonel-arnaud-beltrame

[9] www.leparisien.fr/faits-divers/tuerie-de-la-prefecture-de-police-la-piste-terroriste-confirmee-26-02-2020-8267010.php

[10] www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/01/04/le-parquet-antiterroriste-se-saisit-de-l-enquete-sur-l-attaque-au-couteau-a-villejuif_6024813_1653578.html

[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_du_4_avril_2020_%C3%A0_Romans-sur-Is%C3%A8re

[12] www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/27/assassinat-de-samuel-paty-huit-suspects-seront-juges-a-la-fin-de-2024_6196833_3224.html

[13] https://actu.fr/ile-de-france/rambouillet_78517/attentat-de-rambouillet-stephanie-monferme-reconnue-victime-du-terrorisme_51767012.html

Agence France Presse ou Agence France Palestine?

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L’agence de presse connait des remous en interne au sujet de son traitement du conflit entre Israël et le Hamas. Après être tombée dans la fake news du mouvement terroriste concernant les morts à l’hôpital Al-Ahli, le 17 octobre, l’AFP a publié ce weekend une dépêche pour expliquer pourquoi elle refusait de qualifier le mouvement islamiste de terroriste: «Conformément à sa mission de rapporter les faits sans porter de jugement, l’AFP ne qualifie pas des mouvements, groupes ou individus de terroristes sans attribuer directement l’utilisation de ce mot ou sans utiliser des guillemets»… Arno Klarsfeld explique dans quel contexte s’inscrit ce que beaucoup de Français, juifs ou non, commencent à considérer comme de la partialité.


Pour l’AFP quand un Israélien est assassiné en Cisjordanie, il est qualifié dans le texte de la dépêche comme un « colon ». Pour l’AFP, un terroriste du Hamas qui assassine des enfants juifs dans les kibboutzim du sud d’Israël est la plupart du temps qualifié dans le corps des dépêches comme un combattant du Hamas et pas comme un terroriste.

Pourquoi?

Il y a sans doute des raisons économiques à cela. L’AFP est une organisation qui tire une grande partie de ses revenus des nombreux pays arabes et une position jugée pro-israélienne ou même neutre pourrait lui être préjudiciable. Une étude détaillée sur le chiffre d’affaires tiré des pays musulmans par rapport au chiffre d’affaires global serait nécessaire pour appuyer cette assertion.

Il y a sans doute aussi chez certains de ses journalistes la volonté de voir le peuple juif, qui a été la victime d’un génocide industriel perpétré par l’Allemagne nazie avec des complicités européennes sur tout le continent, se métamorphoser lui aussi en un peuple de bourreaux ou, pour laver une culpabilité qu’ils ressentent alors que l’on n’est responsable que de ses propres actes ou alors parce qu’ils voudraient que le peuple juif soit aussi cruel que les autres peuples.

Et puis il y a aussi une volonté d’être en phase avec le milieu de gauche dont ces journalistes sont issus et qui veut voir dans les Juifs des colonisateurs étrangers maltraitant une population indigène innocente.

Et puis il y en a aussi qui subissent sans pouvoir se rebeller.

Mais je crois enfin que si la révolution française a libéré les Juifs dans l’inconscient collectif d’une partie de l’Europe chrétienne, le peuple juif n’a pas encore gagné le droit d’être considéré à l’égal des autres peuples. Les Juifs, oui ; Israël, non. Paradoxal pour les Nations d’accorder au peuple juif de se reconstituer en tant qu’État et de lui refuser le droit de se défendre en tant que tel.

Ce droit, on lui refusait déjà en 1967, le message du Général de Gaulle était alors « Ne vous défendez qu’une fois attaqués. Pas d’initiative d’auto-défense » et quand la victoire fut acquise, cela donna la formule célèbre du « peuple sûr de lui et dominateur ».

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En 1973, Israël pourtant attaqué par surprise sur trois fronts, dans le sud, par l’Egypte, dans le Nord par la Syrie et à l’est par la Jordanie et l’Irak ne trouva pas non plus grâce auprès de la diplomatie et du gouvernement français qui décréta un embargo à son encontre, refusa aux avions américains chargés des éléments nécessaires à sa défense, le droit de se poser sur son territoire et qui résuma, par la bouche de Michel Jobert, alors ministre des Affaires Étrangères, la politique extérieure de la France quant à la guerre menée contre Israël : « Je ne trouve rien d’étonnant pour les pays arabes, de vouloir rentrer chez eux ».

Et la politique de la France n’a guère changé aujourd’hui, refusant toujours à Israël le droit de se défendre et de protéger ses citoyens. La preuve cette résolution honteuse qui vient d’être votée par les Nations Unies avec la voix de la France et qui appelle au cessez-le-feu, c’est-à-dire interdisant à Israël de se défendre, et sans même mentionner les massacres du Hamas ou les otages détenus par l’organisation terroriste dont parmi eux de nombreux Français. Qui pourrait le croire ? Et pourtant l’Italie, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Australie, le Canada… ont eu la décence de s’abstenir.

Pour la presse comme pour la diplomatie française on a l’impression que le message est le suivant: « Retirez-vous de Cisjordanie et les attentats cesseront », alors que tout endroit duquel Israël s’est retiré a aussitôt été transformé en base pour des attaques terroristes à l’encontre de la population israélienne.

Une partie de la presse et de la diplomatie agit et se comporte comme si les menaces à l’encontre d’Israël étaient insignifiantes ou ne portaient pas à conséquence. Comme si Israël était Goliath et les Palestiniens David, alors qu’aujourd’hui David est toujours Juif et les pays arabes le véritable Goliath. Des dizaines de millions d’hommes et des femmes fanatisés par des dirigeants qui n’ont cure du bonheur de leur peuple mais qui cherchent avant tout à assurer la pérennité de leur pouvoir personnel.

Mais je crois aussi que les choses changent et que les Français comprennent de plus en plus que le combat d’Israël est le leur parce qu’ils réalisent que les dangers qui menacent Israël sont les mêmes que ceux qui les menacent. C’est vrai, ils ne se mobilisent pas dans la rue – et ils n’ont certes pas directement leur mot à dire dans la rédaction des textes de l’AFP (un « organisme autonome » de droit privé, qui remplit une mission générale pour laquelle elle reçoit une compensation financière de l’État, a rappelé Judith Waintraub dans Le Figaro) NDLR – mais je suis persuadé qu’ils n’en pensent pas moins.

Un ministre de l’Intérieur bien vantard…

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Gérald Darmanin, ou comment ne surtout pas traiter le problème de l’immigration


Depuis plusieurs jours, le ministre de l’Intérieur communique sur les réseaux sociaux, notamment son compte Twitter, les chiffres quotidiens des expulsions d’étrangers délinquants. Ah, comme il est fier, Gérald Darmanin ! Comme il se rengorge ! Comme il s’attache à nous montrer sa détermination sans faille, les fruits d’une mobilisation sans précédent, sa « grande fermeté » ! Pensez donc, 92 expulsions rien que la semaine dernière, quel rythme effréné.

Résistons à la tentation populisto-complotiste !

À cette allure vertigineuse, il suffira de trois ans, 10 mois et 3 semaines pour expulser les 18 345 étrangers incarcérés en France (chiffre de l’Administration Pénitentiaire en juin 2023, concernant uniquement les « personnes d’origine étrangère et n’ayant pas la nationalité française », c’est-à-dire excluant les binationaux). On pourra alors s’attaquer aux étrangers délinquants non incarcérés (et on sait que la politique pénale du gouvernement consistant à incarcérer le moins possible, ceux-ci sont nécessairement plus nombreux que les incarcérés), puis aux délinquants binationaux incarcérés, puis aux délinquants binationaux non incarcérés. Et, bien sûr, on compte sur cette démonstration de force et d’implacable sévérité pour que d’ici là il n’y ait aucun délinquant étranger ou binational supplémentaire – soit que les étrangers et les binationaux déjà présents sur notre sol se tiennent à carreau, soit que ceux tentés par la délinquance renoncent à venir en France. On comprend que le ministre de l’Intérieur se laisse aller à quelques bien légitimes vantardises, au fond bien modestes au regard de ses extraordinaires résultats, à la hauteur du taux d’exécution légendaire des OQTF.

A lire aussi, du même auteur: De Magnanville à Israël

Et pendant que les Français éblouis s’extasieront devant la puissance salvifique de la République qui met ainsi tout en œuvre pour les protéger, on pourra tranquillement régulariser massivement les clandestins pour alimenter les « métiers en tension » et continuer à faire venir près de 300 000 immigrés extra-européens par an, et personne n’y trouvera à redire – à part bien sûr quelques complotistes populistes propagateurs de fake-news, mais ce n’est pas grave puisque les heureux bénéficiaires du Fonds Marianne se chargeront de les décrédibiliser aux yeux de l’électorat macroniste, et que Thierry Breton leur interdira bientôt les réseaux sociaux. Et de toute façon, qui irait se plaindre du dumping social, à part ces sans-dents de gilets jaunes qui n’ont qu’à traverser la rue ? L’important, c’est qu’Eric Dupond-Moretti ait de la main d’œuvre pas chère pour ramasser ses poubelles et que les premiers de cordée puissent s’offrir une domesticité uberisée. En plus, les émeutes c’est de la faute de Kévin et Matthéo, et Elisabeth Borne a trouvé la solution pour résoudre le problème : élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques et promouvoir la « mixité sociale » qui est, comme elle l’a dit, « une chance » et « nécessaire ». Une chance pour qui, et nécessaire à quoi, on ne le saura pas, mais faisons confiance au gouvernement au lieu de céder à la tentation populisto-complotiste.

Poudre aux yeux

Pardon ? Choc des civilisations ? Islam conquérant ? Antisémitisme ? Mais arrêtez, enfin ! Emmanuel Macron nous a appelés à rester unis, alors restons unis : unis avec ceux qui ont crié « Allah akbar » place de la République (c’est une parole de paix ne l’oubliez pas, les vidéos filmées et diffusées par le Hamas le 7 octobre vous le confirmeront aisément), unis avec Jean-Luc Mélenchon (qui est un Européen de souche, d’ailleurs, tout comme Louis Boyard et Ersilia Soudais, vous voyez bien que tout ça n’a rien à voir avec l’immigration), unis avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris qui nous a rassurés en nous expliquant qu’il est anormal qu’un musulman soit antisémite. Mais si, vous savez bien, ce recteur tellement attaché aux saintes valeurs de la divine République rassemblant dans ses bras aimants toutes les civilisations, toutes les croyances et tous les peuples (ce qui n’est évidemment pas de l’hubris puisque c’est républicain, faites un effort, faut suivre), si attaché donc à ces valeurs qu’il a appelé « iftar républicain » son goûter de soutien à Emmanuel Macron – après avoir fait réciter à des enfants les hadiths nawawi, qui font l’éloge des conversions forcées et de la mise à mort des apostats, mais on ne va pas s’offusquer pour si peu. Comment ? Le Grand Imam d’Al-Azhar, la Ligue Islamique Mondiale et l’Organisation de la Coopération Islamique ont pris fait et cause contre Israël et pour le Hamas ? Non mais ça va, hein, Al-Azhar, la LIM, l’OCI, les versets antisémites du Coran et le « bel exemple » du prophète, tout ça ce n’est pas le vrai islam, le vrai islam est paix et tolérance, c’est celui de ma voisine si gentille qui m’offre des gâteaux au miel pendant le Ramadan et condamne bien sûr le terrorisme mais n’est jamais descendue dans la rue pour le dire, alors qu’elle manifeste souvent contre l’islamophobie et pour le droit de porter le hijab partout et tout le temps. Mais c’est pas pareil.

A lire aussi, Arno Klarsfeld: Agence France Presse ou Agence France Palestine?

Dormez tranquilles, braves gens, et faites confiance au gouvernement. Ne lisez pas les threads de Marc Vanguard sur Twitter. Ne lisez pas les études de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie. Ne lisez pas les analyses de Jean-Marc Leclerc, ou de Jean-Éric Schoettl et Noëlle Lenoir. Et surtout, ne lisez pas votre serviteur !

Vers le triomphe de l’arbitraire

Il vous dirait que tous les débats autour du projet de loi immigration actuel ne sont que de la poudre aux yeux, car l’essentiel n’est pas abordé. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui l’entrée en France est un phénomène de masse, alors que les expulsions sont traitées une par une, au cas par cas, tandis que la loi offre tous les prétextes aux immigrés (légaux ou illégaux) et à leurs avocats (payés par des associations subventionnées par l’Etat) pour rendre l’expulsion impossible. Alors que reprendre la maîtrise de notre destin passe par une inversion radicale de ce processus : refuser l’entrée en France et expulser les clandestins et les délinquants étrangers et binationaux doit être la norme, automatiquement appliquée, et ce sont les exceptions éventuelles à cette règle qui doivent être examinées au cas par cas. Pire encore, il serait capable de vous expliquer pourquoi la macronie tient tant à l’immigration massive : parce qu’elle a besoin du dumping social et du multiculturalisme. Elle en a besoin pour briser la résistance morale, politique et culturelle du peuple français et le priver de sa souveraineté. Elle en a besoin pour mettre fin à la décence commune élaborée depuis trois millénaires par la civilisation européenne et qui, pour le moment, bride encore les appétits des « élites ». Comme les adeptes de la « déconstruction », comme les suprémacistes Noirs, les activites écologistes, les militants LGBTQI+++ et les thuriféraires de l’islam théocratique totalitaire, l’extrême-centre veut étouffer l’élan vers le Juste, le Vrai, le Beau et le Bien qui caractérise la civilisation helléno-judéo-chrétienne, et le remplacer par le triomphe de l’arbitraire. Songez : Aurélien Marq a même écrit un livre sur le sujet ! Ce n’est pas pour rien que l’ouvrage s’appelle Refuser l’arbitraire, et prenez garde : sa lecture pourrait vous inspirer l’envie de défendre notre civilisation, vous donner d’excellentes raisons de vous opposer à la politique du gouvernement, vous proposer des arguments pour convaincre autour de vous, vous montrer que rien n’est perdu, et même vous faire des suggestions concrètes pour agir.

Portes malheurs

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Plusieurs députés d’extrême gauche ont été aperçus dans la manifestation propalestinienne interdite, samedi, à Paris. Parmi eux, notamment, Thomas Portes (LFI, Seine-Saint-Denis), Aurélien Taché (apparenté Europe Ecologie-Les Verts, Val-d’Oise), Jérôme Legavre (LFI, Seine-Saint-Denis), Eva Sas (EELV, Paris) ou encore Sabrina Sebaihi (EELV, Hauts-de-Seine).


Le député Thomas Portes avait démontré être plus que maladroit avec ses pieds. Il est pire avec sa tête. Si la bande de Gaza compte plus de 500 kms de tunnels, la bande de Mélenchon creuse tous les jours sous la Place de la République son trou dans le déni, et s’y enferme avec une obstination maladive.

Portes d’usine. Quand Mélenchon a monté sa petite entreprise, il s’est lancé dans le clonage de robots sensés relayer ses sourates de Grand Mufti enragé. Les premiers robots à sortir de la chaine, comblent son égo de grand mégalo. Un roux nickel chrome, des grands, des petits, des grosses, des blonds, des maigres, des blancs, des noirs, bref de tout pour ratisser large. A l’usage, les premiers lâchés dans la nature lui donnent satisfaction. Malgré quelques ratés. Le rouquin, pas suffisamment déshumanisé, a gardé une goutte de sang chaud qui met un coup de frein à son ascension. Rafistolé, il revient dans le jeu sur la pointe des pieds. Si pour les premiers de la fournée Méluche avait tout le matos, il se retrouve vite en manque de pièces. À partir de Panot il est à court de boulons. Avec Boyard ça dévisse. Au tour d’Obono, il met la carte à puce de son appareil à raclette pour finir le job. Au moment du dernier, il n’a plus rien sous la main. Il le gonfle avec sa pompe à vélo, lui passe une doudoune rouge pour le rendre “discret” et, et puis merde on verra bien…

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Portes ouvertes. Pour voir on voit. Que du rouge. À l’Assemblée, il ne vient jamais sans son ballon. Il fait du collage avec son bâton Uhu, colle la tête à Dudule dessus, un champion de l’usine à Macron, et jongle dans l’hémicycle sous le regard attendri d’Ersilia Soudais qui s’est pointée en short, collants, baskets, pour toucher de la baballe. Privé de ballon, Portes veut jouer avec le micro. Pourquoi le karaoké ne serait réservé qu’à la Panotte, à l’Obonotte et à l’Aymeric Carotte ? A ce jeu il se voit Ballon d’Or le bougre.

Portes blindées. Devant sa télé, au moment des premières sorties de piste, Mélenchon se mangeait les ongles, les doigts. Mais avant d’arriver au coude, il a compris qu’avec ses derniers de la classe il pouvait taper dans une nouvelle clientèle, et pas la plus désertée. Les couillons qui ont le droit de vote, et qui en usent plus surement que les désabusés, les dégoutés, les plus jamais. Le spectacle donné pose des questions, surtout une question. Cette démocratie est-elle le meilleur des systèmes? Et tous ces bouffons moins éclairés qu’un warning qui citent encore et toujours les Lumières. Portes député, demain Portes ministre (portefeuille), allez Portes Président. Le pire malheur serait qu’il nous fasse des Portillons.

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Piégé!

Aux prises avec un frigo qui chante la Macarena, entouré d’œuvres d’art, Willem Dafoe parviendra-t-il à s’échapper du gratte-ciel new-yorkais dont il est prisonnier? Réponse mercredi, au cinéma


« L’Homme n’a pas de Corps distinct de son âme, l’Energie est la seule vie, et procède du Corps, l’Energie est l’éternel Délice ». Extraite du Mariage du ciel et de l’enfer, le célèbre poème de William Blake paru en 1793, dont on voit Nemo (Willem Dafoe) compulser le manuscrit, la phrase revient, en voix off, comme un mantra, aux deux extrémités du film A l’intérieur.  

Un cambriolage qui tourne mal

Nemo, monte-en-l’air également artiste et bon dessinateur féru d’art plastique, s’introduit par les airs dans un immense et fastueux penthouse high tech perché au faîte d’un gratte-ciel new-yorkais, résidence truffée d’œuvres d’art modernes et contemporaines, dont on comprendra que le maître des lieux, en voyage d’affaires, est un oligarque originaire du Kazakhstan… Déguisé en ouvrier d’entretien, notre cambrioleur correspond à distance par talkie-walkie avec son complice, qu’il n’appellera jamais que « numéro 3 ». Mais voilà que le fric-frac si professionnellement planifié part en vrille : l’autoportrait d’Egon Schiele, pièce maîtresse du casse, manque à l’appel. Mais surtout se déclenche brusquement une alarme assourdissante qui tout à la fois clignote, sonne et siffle en répétant : « System/ not/ function ». Tandis que le loft se cadenasse de l’intérieur – Inside : d’où le titre. Piégé !  

« Numéro 3 » a déguerpi, bien sûr, et ne répond plus aux appels affolés de Némo, nouveau Robinson naufragé dans le périmètre insulaire d’un logis aux baies ouvertes sur l’océan du skyline, mais verrouillé comme un coffre-fort. Ce huis-clos est une performance – à tous les sens du mot. Performance d’acteur, au premier chef, car il faut une sacrée présence scénique pour tenir la distance, sans autre réplique que celles que Nemo finira par s’adresser à lui-même au fil de son lent martyre. Performance, au sens où l’inventivité de l’homme pour sa survie est, comme on le verra, sans limites. Performance, enfin, dans l’acception actuelle du mot : à mesure que, mû par l’instinct de conservation mais aussi doté d’une remarquable intelligence pratique, Nemo saccage et dépèce les lieux dans sa tentative désespérée d’évasion, il construit proprement, avec les moyens du bord, ce qu’il est convenu d’appeler une installation artistique. Jusqu’à se réaliser, au risque de la perdition, comme authentique créateur de formes.

Humour noir

C’est même précisément la belle leçon allégorique d’Inside, chemin de croix dont on ne va pas vous déflorer ici les stations. D’autant qu’une bonne part d’humour noir les anime : comme, par exemple, ce frigidaire « intelligent » qui, dès qu’on en ouvre la porte, lâche non sans ironie macabre les décibels d’une chanson latino : « dale a tu cuerpo alegria, Macarena »; ou encore, ce dérèglement climatique qui –  plaisant indice de l’anthropocène où l’humanité gravite – s’est emparé du système d’air conditionné, provoquant tour à tour, de façon incontrôlable, chaleur tropicale et froid polaire… Ou bien cette femme de ménage que le muet noir et blanc des écrans de vidéosurveillance montre au prisonnier impuissant, passant l’aspirateur sur le palier tout en chantonnant, écouteurs dans l’oreille, indifférente et aveugle à son sort… Nemo la croquera, au crayon, sur son petit carnet, en la prénommant « Jasmine »….

L’amusant, si l’on ose dire, dans ce film à la tonalité macabre, c’est que la planète des grands galeristes et collectionneurs se soit mobilisée comme fournisseurs patentés des pièces aussi onéreuses que rarissimes propres à rendre authentique cet aride décor de richissime parvenu – de Schiele à Maurizio Cattelan, en passant par Maxwell Alexandre, Luc Tuymans ou la photographe polonaise Joanna Piotrowska… Pour un autodafé en règle, par la main d’un supplicié qui trouvera son salut dans ce sacrifice quasi rituel, sous le signe de l’acte créatif : « Les chats meurent, la musique s’estompe, mais l’Art demeure », psalmodie Nemo, en guise d’épigraphe, sous les traits d’un Willem Dafoe qui, comme figure christique et artiste maudit, cultive à la perfection le physique de l’emploi.


Au passage, on ne peut s’empêcher de repenser au « Complot de l’art », cette tribune du regretté Jean Baudrillard, parue naguère dans Libération, et qui en son temps avait électrifié la profession : « mais peut-être, au fond, ne faisons-nous que nous jouer la comédie de l’art ? (…) L’art (moderne) a pu faire partie de la part maudite », écrivait le philosophe en référence à Georges Bataille, « en étant une sorte d’alternative dramatique à la réalité, en traduisant l’irruption de l’irréalité dans la réalité. Mais que peut encore signifier l’art dans un monde hyperréaliste d’avance, cool, transparent, publicitaire ? (…) Sinon de nous lancer un dernier clin d’œil paradoxal, celui de la réalité qui se rit d’elle-même sous sa forme hyperréaliste (…), celui de l’art qui se rit de lui-même sous sa forme la plus artificielle : l’ironie. De toutes façons, la dictature des images est une dictature ironique. Mais cette ironie elle-même ne fait plus partie de la part maudite, elle fait partie du délit d’initié, de cette complicité occulte et honteuse qui lie l’artiste jouant de son aura de dérision avec les masses stupéfiées et incrédules ». Et d’évoquer « les métastases du discours sur l’art, qui s’emploie généreusement à faire valoir cette nullité comme valeur (y compris sur le marché de l’art, évidemment) ».

La sobre perfection formelle de A l’intérieur (écran large, plans fixes cadrés au millimètre, bande-son superbe, signée Frederik Van De Moortel, avec des ponctuations de John Cage) s’adosse ainsi à un discours ambivalent quant aux vertus propitiatoires de l’art, tel qu’il est véhiculé aujourd’hui sous l’autorité des collectionneurs capitaines d’industrie – stade ultime de l’abstraction spéculative.  

Vasilis Katsoupis, dont c’est le premier long métrage de fiction, s’est appuyé sur un scénario signé Ben Hopkins : auteur d’un roman, Cathedral, qui raconte la construction de la cathédrale de Strasbourg, Hopkins est aussi le scénariste de Limonov, le nouveau film très attendu du Russe en exil Kirill Serebrennikov, adaptation du roman d’Emmanuel Carrère.

À l’intérieur (Inside). Film de Vasilis Katsoupis. Avec Willem Dafoe. Durée : 1h46. En salles le 1er novembre 2023

Le Polisario attaque de nouveau le Maroc

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Le Front Polisario a revendiqué dimanche 29 octobre une attaque survenue dans la ville d’Es-Smara au Maroc, ayant causé la mort d’un Marocain vivant en France ainsi que trois blessés graves, ainsi que d’autres dans les régions de Mahbas, Farsia et Smara.


Dans la soirée du 28 au 29 octobre, quatre déflagrations ont secoué la ville d’Es-Smara, située dans la région de Laâyoune Sakia El Hamra à environ 80 kilomètres du nord de la frontière mauritanienne et 300 kilomètres à l’ouest de la frontière algérienne. L’attaque a touché quatre zones d’impact dans trois quartiers différents de cette petite ville, des photos diffusées par des habitants révélant des traces d’éclats d’obus sur des murs d’habitations. Située à quarante kilomètres du « mur de défense », cette ville est malheureusement à portée de certains obus utilisés par le groupe séparatiste Front Polisario.

Ce lundi 30 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU doit d’ailleurs se prononcer sur le renouvellement de la mission d’interposition onusienne dans cette région sous tension du fait des activités militaires du Front Polisario, souvent soupçonné d’être le « proxy » de l’Algérie dans le cadre de la guerre froide larvée qui oppose les deux pays, à l’image de ce que peut être le Hezbollah pour l’Iran. De fait, la fin du cessez-le-feu décrétée par le Front Polisario, fin 2020, a conduit depuis à la revendication de plusieurs centaines de petites attaques menées par les séparatistes contre le mur de défense des Forces Armées Royales marocaines dressé en plein Sahara.

A lire aussi, Driss Ghali: Le Maroc a mal

Certains analystes craignent que la montée des violences au Proche-Orient n’agisse par contagion sur différents mouvements irrédentistes du monde arabe, singulièrement celui du Front Polisario. La Russie a notamment proposé des amendements au texte américain prévoyant le renouvellement du mandat de la mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) auxquels la France et les Émirats se sont notamment opposés. Moscou a ainsi présenté une série d’arguments soutenant le droit des populations du Sahara à exercer leur « droit à l’autodétermination », méthode qui rappellera notamment les précédents du Donbass ou encore les tentatives catalanes.

Le Sahara est occupé par des populations marocaines. Comment pourrait-on y organiser un référendum d’auto-détermination valable sans aller contre la souveraineté du royaume chérifien ? La France a tout intérêt à aider à prévenir l’émergence d’un nouveau foyer de conflit dans cette région du monde, surtout à l’heure où le monde s’embrase. Personnage évoqué dans un précédent article consacré aux réseaux du Hamas en France, l’avocat Gilles Devers est aussi celui du Front Polisario qu’il a défendu à la Cour de Justice de l’Union européenne ce mois-ci à propos des accords de pêche liant l’UE au Maroc que les séparatistes entendent contester avec l’aide de l’extrême-gauche européenne…

Macron et l’Union européenne sont-ils vraiment les amis/alliés d’Israël?

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Vendredi, l’Assemblée générale des Nations Unies a appelé à une « trêve humanitaire immédiate » à Gaza. La France, avec 120 autres pays, a voté cette résolution tout à fait contestable. Le texte ne mentionne ni les massacres du 7 octobre, ni les otages capturés et retenus dans l’enclave palestinienne! Le Hamas s’est immédiatement félicité de ce vote, et a réclamé sa « mise en œuvre immédiate afin de permettre de fournir carburant et aide humanitaire aux civils ». « Honte à vous », a pesté de son côté l’ambassadeur d’Israël. Si le soutien sans faille de Washington est à noter, les autres pays occidentaux, où sont présents de nombreux musulmans, semblent tétanisés par l’opinion de ces minorités. En revanche, personne ne pense jamais à demander à tous les pays musulmans où sont passés leurs juifs au cours des dernières décennies.


Alors que cinq pays européens ont voté contre (Autriche, Croatie, République tchèque, Roumanie et Hongrie) et quinze se sont abstenus, la France et la Belgique ont approuvé vendredi une résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui ne mentionne pas les crimes du Hamas. Et, lors du récent Sommet européen, les chefs d’Etat et de gouvernements n’ont pas conditionné leur appel à des « pauses humanitaires » à la libération des otages. 

D’abord, ne pas nuire…

L’Union européenne ne compte pas au Proche-Orient, elle a tendance à l’oublier. La dernière fois que des pays européens ont joué un rôle politique dans la région, c’était en 1956, lors de la crise de Suez, avant la fondation de la Communauté économique européenne l’année suivante, lorsque Français et Anglais se sont fait boutés, humiliés, hors de la région. Depuis, la Communauté puis l’Union européenne de même que la France, l’Angleterre et l’Allemagne s’en tiennent à une politique déclamatoire consistant à affirmer des principes, comme la solution à deux Etats, même s’ils sont devenus caducs depuis longtemps et à fournir de l’aide humanitaire aux Palestiniens, au Fatah corrompu et, indirectement, au Hamas terroriste, pour maintenir un semblant d’équilibre dans la région. Quand on ne compte pas, on devrait commencer par se taire. Primum non nocere, comme on l’apprend aux étudiants en médecine.

Le Sommet européen de la semaine dernière était une chance d’afficher un soutien clair et sans ambiguïté à Israël. Au lieu de cela, à peine trois semaines après les tueries de juifs, les 27 ont commencé à s’en prendre à Israël, en réclamant des « pauses humanitaires », ce qui constitue une victoire pour le Hamas dont l’intention génocidaire, telle qu’elle figure dans la définition de l’ONU de 1948 est peu contestable. 

L’islam qui nous tétanise

Américains et Britanniques ne se sont pas souciés du sort des populations allemandes bombardées sans discrimination, alors qu’Israël ne s’en prend pas délibérément aux civils à Gaza.

A lire aussi, Céline Pina: Pourraient-ils soutenir Gaza sans prêter allégeance au Hamas?

Le nombre de victimes des bombardements israéliens est, pour le moment, relativement faible en comparaison de celui des guerres en Syrie ou en Irak. Les pays européens soutiennent sans réserve l’Ukraine, un pays bien moins démocratique qu’Israël, dans sa reconquête du territoire, mais l’État hébreu n’aura pas droit à la même indulgence dans son juste combat contre le terrorisme islamiste. Les pays arabes affichent un soutien hypocrite aux Palestiniens qu’ils ne veulent surtout pas accueillir chez eux, mais dont ils se sentent culturellement proches. L’Union européenne et la France sont effrayées de choisir entre notre allié civilisationnel et… l’islam, qui les tétanise à cause, désormais, de la présence massive de populations musulmanes en Europe qu’il faudrait « apaiser » par une politique étrangère soi-disant équilibrée. Au lieu d’un communiqué chèvrechoutiste à l’issue du sommet de vendredi, l’UE aurait dû déclarer : « nous soutenons sans réserve Israël, parce que c’est une démocratie victime du terrorisme, comme nous l’avons été nous-mêmes à Paris, Bruxelles, Berlin, Barcelone, Nice… ». Et dès le lendemain, les Européens se sont divisés aux Nations-Unies, la France votant avec 7 autres pays des 27 (Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, Malte, Slovénie, Irlande), une résolution qualifiée à juste titre de honteuse par Israël. 

Qui va distribuer l’aide ?

Le président Macron réclame « une trêve pour organiser la protection des populations civiles ». Que veut-il dire par là et comment compte-t-il s’y prendre ? Trente-cinq Français ont été assassinés, neuf sont pris en otages, parmi deux cents autres, mais la France veut fournir de l’aide à ceux qui les détiennent ? N’est-ce pas insultant pour les Français, pour les familles françaises des morts et des otages ? Pardon, il est question d’aider les populations civiles, pas le Hamas. Il faudrait alors expliquer comment la nourriture va être distribuée à la population sans que cela bénéficie au Hamas ? Qui va organiser les distributions, sinon la seule structure organisée encore fonctionnelle : le Hamas. Quelle partie de l’essence amenée par l’aide internationale sera détournée au profit de la guerre du Hamas pour tuer des soldats israéliens ? 

La question des otages est centrale

La question des otages est centrale. Ce n’est pas avec des couloirs et des pauses humanitaires que leur libération va être facilitée, bien au contraire. La France et l’Union européenne auraient dû conditionner leur aide à la libération des otages et affirmer qu’aucune aide « humanitaire » ne serait fournie aussi longtemps que le Hamas ne les aurait pas libérés.

C’est ce dernier qui a créé cette situation, pas Israël.

Virginie Calmels : « Je ne dis pas que je ne reviendrai jamais en politique »

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Entretien vidéo avec Virginie Calmels, chef d’entreprise et femme politique française. Face à notre infatigable chroniqueur, elle dit craindre que LR ne soit plus un vote jugé utile par les Français, et que le parti se prenne une gamelle aux Européennes.


J’ai « soumis à la question » Virginie Calmels. Une personnalité remarquable dont le parcours professionnel a été très riche, notamment sur les plans médiatique – avec l’incroyable succès d’Endemol – et politique, quand Alain Juppé l’a choisie pour être sa première adjointe à la mairie de Bordeaux.

A revoir aussi : Léon Deffontaines: «On a besoin de retrouver notre outil industriel, nos valeurs de travail émancipateur!»

Il me semble que la leçon essentielle à tirer de cette dernière expérience, avec le fiasco à la fois juridique et politique de sa volonté avortée de se présenter à la présidence de LR, est la difficulté, pour une personne étrangère au sérail partisan, d’être acceptée malgré l’évidence de ses dons, talents et compétences. On préfère ne prendre aucun risque : il vaut mieux rester entre soi, avec un ronron rassurant, plutôt que laisser une chance à qui va bousculer et réveiller !

Causeur vous propose de visionner cet entretien, enregistré dans le studio de Fréquence Protestante (100.7 FM Paris).


« J’ai une maxime, de Thomas Jefferson : « Plus je travaille, plus j’ai de la chance. » J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie, mais j’ai beaucoup travaillé. »

« Le fait d’être une femme ne m’a jamais vraiment posé un problème. Ça peut même être un atout. Mais en politique, c’est plus compliqué. »

« Dans l’univers politique, l’arrivée des femmes a créé un rapport complexe avec les hommes. Ainsi, il existe une forme de sororité, de respect et d’entraide entre femmes malgré le désaccord politique. »

« Les quotas ne tirent pas les femmes vers le haut, parce qu’ils enclenchent un soupçon d’illégitimité. (…) Il n’est pas aisé de dire à un homme qu’il doit laisser sa place à une femme, au nom d’un sacro-saint quota. Je crois à une vraie forme de méritocratie. »

« J’ai toujours adoré suivre la politique. On m’a donné l’occasion d’en devenir acteur. J’ai ainsi changé de planète : je suis une femme d’entreprise qui s’est engagée en politique. On m’a lancé dans la piscine, il fallait montrer que je savais nager. »

« En tant que débutante, j’ai eu la chance d’être portée par les plus grands : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon… Mais une fois arrivée dans la cour des grands, une vraie rivalité de personnes s’instaure. »

« J’ai représenté la troisième voix à incarner, après Eric Ciotti et Aurélien Pradié, pour la tête du parti. J’ai été invalidée pour des motifs fallacieux, me faisant passer pour une andouille. J’ai lavé mon honneur au tribunal, mais ai dû me retirer de l’élection. »

« Il y a plein de propositions que la droite aurait pu faire, et je la trouve en panne d’idées, à tourner en rond. La droite n’est pas assez innovante ! »

« La droite aurait dû faire un accord de gouvernement, non pas en reniant ses valeurs, mais en tenant compte des forces en présence : la droite a voté pour Emmanuel Macron en 2022 ! Le peuple de droite est derrière lui. On aurait pu droitiser Emmanuel Macron. »

« La droite ne fera pas un bon score aux Européennes. Je crains que LR ne soit plus un vote jugé utile. »

« Je ne dirai jamais que je ne reviendrai pas en politique un jour. Mais j’ai le ressenti, depuis les primaires, que mon parti n’a aucune envie que je revienne. Je ne forcerai pas la porte, je ne cherche pas à être dans la lumière. »

Villers-Cotterêts City?

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Le président Macron et son épouse à Villers-Cotterêts, 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Alors que les sénateurs votaient hier une loi pour encadrer la détestable « écriture inclusive », le président Macron a fait mine d’exalter notre langue en inaugurant la Cité internationale de la langue française…


Le château s’appelait Mon Plaisir. Il est situé dans l’Aisne. François Ier y venait souvent. C’était un rendez-vous de chasse. C’est là qu’il signa, en 1539, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, premier texte politique toujours en vigueur, qui fonde l’unité du royaume sur la langue française. De ce château tombé en ruines, Macron décida de faire le fleuron de son règne, en le restaurant. Ce « rêve fou » qui coûta 210 millions d’euros, cette « utopie devenue réalité par la force de la volonté », s’appelle donc désormais la Cité internationale de la langue française. Le président Macron l’inaugura hier.

Le président attendu sur l’écriture inclusive

Ne boudons pas notre plaisir à l’écoute d’un discours qui rappela que notre langue est le ciment de notre nation et caractérisa son génie. Attendu sur l’écriture inclusive, le président la « tacla » comme dirent aussitôt les médias, tout en rappelant la nécessité des fondamentaux, de la dictée et de l’apprentissage de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe. Nul doute que le nouveau ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, très attentif, en fera son miel toutes fleurs. De cela on ne peut que féliciter l’orateur même si le problème de l’inclusive qui gangrène notre langue ne se contentera pas de la remarque du prince sur le caractère non discriminant du genre grammatical : ce serait oublier la circulaire Blanquer et la déclaration d’Edouard Philippe restées, en leur temps, sans effet. Alors que la solution pourtant en est simple : faire appliquer l’ordonnance !

A lire aussi: La langue française menacée d’écroulement

Le discours développa ensuite les lieux communs de la francophonie d’une langue ouverte sur la vocation « à se répandre » dans le temps et l’espace, capable de relever les défis linguistiques de la modernité, en particulier ceux posés par l’IA. C’est là que Macron dégaina une autre ordonnance, celle de Montpellier, faite toute exprès pour notre temps, en 1537, par François Ier ! (Le lecteur ira voir). Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes français et francophone possible, dans ce lieu d’exception qui accueillerait les professeurs, les écoliers, les artistes, les traducteurs et qui ne manquerait pas d’attirer le monde entier en devenant « un lieu où on penserait les mots » : un lieu d’attractions et de rencontres. Enfilant des perles, Macron tenait les auditeurs sous son charme tout en rappelant aux crispés que le français n’était pas une langue repliée sur elle-même mais une langue qui n’hésite pas à prendre son bien dans les autres langues, même à leur « voler » des mots. Non pas hégémonique mais destinée à vivre avec les autres avec, pour horizon, le métissage cher à Erik Orsenna. Et Emmanuel Macron d’élargir son rêve devenu réalité, grâce aux traductions d’un Balzac en arabe, pour le bonheur de lecteurs inconnus. Nous étions revenus au bon vieux temps de Senghor. Une époque où notre langue était aimée, libre, vivace, féconde, et la francophonie respectée et encouragée. Une époque où l’anglais ne colonisait pas notre espace public et nos institutions, en violation constante de la loi Toubon. Une époque où le président d’une puissance non anglophone ne s’exprimait pas, à l’étranger, régulièrement en anglais.

Une longue liste de forfaitures

Sur le site CERMF, dirigé par Ilyes Zouari, auteur d’un dictionnaire de la francophonie, on peut lire un article prouvant, en douze points, l’hostilité inédite des autorités françaises vis-à-vis de la francophonie, depuis 20071 : l’anglicisation planifiée de la langue, sa soumission à l’atlantisme et aux européistes. Que ce soit les titres uniquement en anglais, One Ocean Sumnit (Brest, février 2022) et le Forum de Paris sur la paix (novembre 2022) où fut interdit l’usage du français, ou encore le site gouvernemental Make our Planet great again (2017) avec interdiction du site en français, la création d’un Parquet et d’une Cour des compte européens en anglais, la correspondance, en anglais, entre le gouvernement français et l’UE, l’usage croissant de l’anglais en Afrique francophone sans traduction française… Citer toutes ces forfaitures serait trop long.

A lire aussi: Les fossoyeurs du français, et les autres

Face à ces réalités accablantes, le discours du président Macron a été entendu par certains comme un « tombeau littéraire ». Ou bien un Requiem. Une pavane pour une infante défunte. Laissons plutôt le dernier mot à un Académicien devenu— quel bonheur !—  bien frondeur, qui, dans le Figaro Vox du 30 octobre, a qualifié Macron de « Tartuffe de la langue française à Villers-Cotterêts-City »2. Pour mémoire, rappelons que c’est en ce château que Molière fit représenter son Tartuffe pour la première fois.

La guerre au français

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  1. https://www.cermf.org/langue-francaise-lhostilite-de-la-france-a-legard-de-la-francophonie-en-12-points-ahurissants-sous-emmanuel-macron ↩︎
  2. https://www.lefigaro.fr/vox/culture/jean-marie-rouart-emmanuel-macron-tartuffe-de-la-langue-francaise-a-villers-cotterets-city-20231022 ↩︎

Bibliothèque François-Mitterrand: la police ouvre le feu sur une islamiste menaçante

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Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Félicitations à la police nationale, parvenue à maitriser la femme qui inquiétait les usagers des transports en commun!


Les chaines d’information en continu, déjà sur le qui-vive compte tenu de l’actualité internationale, ont vite affiché leurs bandeaux spéciaux.

À Paris, un incident grave vient de se produire ce matin, au cours duquel la police a ouvert le feu sur une femme intégralement voilée, rapporte l’AFP. La femme, qui proférait des menaces et des « Allahou Akbar » dans un train du RER C – ce cri de paix bien connu, selon certains politiciens d’extrême gauche – a été grièvement blessée et conduite à l’hôpital. Selon les autorités, l’islamiste a refusé de se conformer aux ordres des policiers et est allée jusqu’à menacer de se faire exploser ! Un policier lui a répondu en tirant un coup de feu, causant des blessures graves. Le pronostic vital de la femme serait en jeu. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a confirmé que la femme portait un voile intégral islamiste, ce qui est interdit depuis 2010, a dit que les policiers étaient munis de caméras, lesquelles seront utiles à l’enquête, et que la femme avait déjà été condamnée par le passé pour des propos tenus à l’encontre de la force Sentinelle.

A lire aussi: La députée parisienne qui tente d’apaiser la communauté juive

L’incident a commencé lorsque des passagers ont alerté la police, signalant la présence d’une femme portant un voile et proférant des menaces à bord d’un train du RER C circulant dans le Val-de-Marne. Les forces de l’ordre ont réussi à l’isoler, à la station Bibliothèque François-Mitterrand, qui a été rapidement évacuée. Malgré les injonctions des policiers, la femme a persisté dans ses menaces, ce qui a conduit à l’utilisation de la force.

Deux enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur cet incident. La première enquête, menée par la police judiciaire parisienne, concerne des accusations d’apologie du terrorisme, de menaces de mort et d’actes d’intimidation envers les représentants de l’autorité publique. La seconde enquête, confiée à l’inspection générale de la police nationale, examinera le recours à l’arme à feu par le policier, conformément à la procédure standard dans de tels cas.

L’incident survient alors que le conflit entre Israël et le Hamas a des répercussions inquiétantes dans le monde entier (voir notre numéro en vente ce jour), et dans un contexte de fortes tensions communautaristes. Suite à l’attentat islamiste contre le professeur d’Arras, Dominique Bernard, la France a décidé d’élever le niveau de son plan Vigipirate à son seuil le plus élevé : «urgence attentat», sur tout le territoire national. Sur CNews, notre contributrice Céline Pina affirmait, à midi : « Les policiers ont bien fait de tirer (…), mais on sent monter une atmosphère d’absence de concorde civile, d’envie d’en découdre… »

Les réactions politiques seront regardées de près par nombre d’observateurs.

La députée parisienne qui tente d’apaiser la communauté juive

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Caroline Yadan, ici photogrpahiée dans le 17e arrondissement, est députée de la 3e circonscription de Paris. D.R.

Samedi, la députée Caroline Yadan (Renaissance) était rue Copernic, à Paris, pour écouter les doléances des Français juifs, une communauté très inquiète. Liliane Messika est allée écouter.


Caroline Yadan est un spécimen rare. La députée du XVIIIe arrondissement n’a pas besoin de transitionner chimiquement ou chirurgicalement pour être un homme, un vrai : elle dit ce qu’elle voit et elle fait ce qu’elle dit.

Premier voyage parlementaire dans le pays martyr

Le 15 octobre 2023, une semaine après la série de pogromes infligée par le Hamas à des civils juifs dans l’État juif, un groupe de parlementaires français s’est rendu sur place pour témoigner sa solidarité aux victimes et affirmer son soutien à la seule démocratie du Moyen-Orient. Ils partirent à dix, dont Manuel Valls et Caroline Yadan et revinrent bouleversés. Et déterminés à faire savoir, contre les vents et les marées de la désinformation islamo-gauchiste. Ce voyage ? Caroline Yadan l’a décrit comme « une nécessité pour dire notre douleur au monde, mais aussi et surtout pour signifier à nos amis israéliens et au peuple juif, que nous avons fait le choix de la civilisation face à la barbarie, de la démocratie face au terrorisme, de l’humanité face à l’animalité, de la lumière face à l’obscurantisme ».

La députée a rendu compte de son voyage dans un « journal de bord » tenu heure par heure, dès le décollage. Elle y décrit sans fioriture les « 327 corps de femmes, hommes, enfants, vieillards, bébés, [qui] n’ont pas encore été identifiés car carbonisés, découpés en morceaux, fracassés à la hache, guillotinés. Des enfants retrouvés brûlés vifs enlacés, des femmes enceintes éventrées, des veilles femmes violées puis décapitées.[1]» 

Témoigner

Y avait-il besoin du témoignage de quelques députés français alors que 800 journalistes sont déjà basés à Jérusalem ? « Nous sommes députés », explique Yadan, « nous représentons la France. Nous sommes reçus comme tels et pouvons parler à des responsables. Nous pouvons agir ». Le Quai d’Orsay les avait prévenus avant leur départ : le moment n’était pas opportun, ils allaient courir du danger dans un environnement instable… Tout pour démotiver des ronds-de-cuir, rien pour ralentir des acteurs volontaristes de la société.

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Samedi 28 octobre 2023, Madame Yadan est venue parler à quelques Français juifs. Causeur était là, au milieu de gens au cœur brisé par les supplices qu’endurent toujours leurs sept millions de frères et sœurs israéliens et inquiets pour leurs enfants ici, en France : en 2022, 436 faits antisémites avaient été recensés[2]. Entre le 7 et le 28 octobre 2023, plus de 800 actes avaient déjà été commis[3].

Que faire ?

Au moment des questions-réponses, « que faire » était sur toutes les lèvres. Que faire pour protéger les enfants, qui se font agresser à l’école ? Que faire pour les empêcher de culpabiliser quand les « copains » les accusent d’avoir « volé la terre des Palestiniens » ?

Que faire pour faire comprendre à nos concitoyens qu’Israël est un rempart contre une barbarie qui nous menace et nous a déjà endeuillés, à Toulouse (2012)[4], à Paris trois fois en 2015 : Charlie, l’Hyper Cacher et le Bataclan ; à Magnanville en 2016[5], à Nice sur la  Promenade des Anglais en 2016, à St Etienne du Rouvray la même année[6], à Marseille (2017)[7], à Trèbes (2018) [8], au marché de Noël de Strasbourg en 2018, à la Préfecture de police de Paris en 2019[9], à Villejuif[10], à Romans sur Isère[11] et à Conflans Ste Honorine[12] en 2020, à Rambouillet en 2021[13], à Arras, cette année…

Des pistes

Caroline Yadan est députée avant tout, avocate de formation et légaliste de constitution. Les réponses qu’elle apporte aux inquiétudes de ses interlocuteurs sont cachères, halal et républicaines. La première, évidemment, est « adressez-vous à votre député : il vous représente et il est votre intermédiaire vis-à-vis de l’État. »

« Impossible ! » L’exclamation a jailli, alors que le vieux monsieur n’avait même pas demandé la parole. « Impossible : j’habite chez Mathilde Panot ! » Rire nerveux de l’assistance. Puis prise de conscience : dans la patrie des droits de l’Homme, aujourd’hui en 2023, un citoyen juif ne peut pas demander d’aide à son député.

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« Alors, il faut parler au maire, ou au député d’une autre circonscription », reprend Caroline Yadan, qui enchaîne sur la proposition de loi qu’elle veut porter à l’Assemblée sur la protection des enfants palestiniens contre l’incitation à l’antisémitisme. Ils en sont imprégnés dès le CP, à travers les manuels scolaires financés par l’Union européenne. « On leur apprend à compter les cercueils des combattants martyrs et les balles nécessaires pour tuer les Juifs. Jamais on ne pourra parler de paix tant qu’on leur enseignera la guerre et la haine ! »

Le conflit ne crée pas l’antisémitisme, il lui sert de prétexte

Même en France, les enfants entendent les mantras sur l’apartheid, la colonisation ou le génocide contre les Palestiniens. Pour contrer ces accusations, il n’y a que les faits. Malheureusement, ils sont impuissants, quand les jeunes ont déjà été abreuvés à la désinformation : dans le pays accusé d’apartheid, les victimes ont eu un parti au gouvernement jusqu’en novembre 2022. Dans le pays que les Juifs d’aujourd’hui sont accusés de coloniser, toutes les fouilles archéologiques mettent à jour les vestiges de leurs ancêtres. Dans le pays accusé de génocide, le nombre des « génocidés » a été mulitplié par plus de dix depuis que leur « génocideur » est aux manettes. « IL-FAUT-LE-FAIRE-SA-VOIR ! », scande Caroline Yadan sous les applaudissements.


[1] https://israelvalley.com/2023/10/16/caroline-yadan-un-voyage-de-soutien-a-israel-journal-de-bord-de-notre-delegation-parlementaire-en-israel/

[2] www.spcj.org/les-chiffres-de-l-antis%C3%A9mitisme-2022-a

[3] www.latribune.fr/economie/france/la-terreur-des-juifs-de-france-981845.html

[4] www.fenvac.org/memoire-i-attentats-de-mars-2012

[5] www.20minutes.fr/dossier/attentat-magnanville

[6] www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/saint-etienne-du-rouvray/

[7] www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque-au-couteau-a-la-gare-de-marseille/

[8] www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2023/attentat-de-trebes-la-gendarmerie-rend-hommage-au-colonel-arnaud-beltrame

[9] www.leparisien.fr/faits-divers/tuerie-de-la-prefecture-de-police-la-piste-terroriste-confirmee-26-02-2020-8267010.php

[10] www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/01/04/le-parquet-antiterroriste-se-saisit-de-l-enquete-sur-l-attaque-au-couteau-a-villejuif_6024813_1653578.html

[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_du_4_avril_2020_%C3%A0_Romans-sur-Is%C3%A8re

[12] www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/27/assassinat-de-samuel-paty-huit-suspects-seront-juges-a-la-fin-de-2024_6196833_3224.html

[13] https://actu.fr/ile-de-france/rambouillet_78517/attentat-de-rambouillet-stephanie-monferme-reconnue-victime-du-terrorisme_51767012.html

Agence France Presse ou Agence France Palestine?

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L’agence de presse connait des remous en interne au sujet de son traitement du conflit entre Israël et le Hamas. Après être tombée dans la fake news du mouvement terroriste concernant les morts à l’hôpital Al-Ahli, le 17 octobre, l’AFP a publié ce weekend une dépêche pour expliquer pourquoi elle refusait de qualifier le mouvement islamiste de terroriste: «Conformément à sa mission de rapporter les faits sans porter de jugement, l’AFP ne qualifie pas des mouvements, groupes ou individus de terroristes sans attribuer directement l’utilisation de ce mot ou sans utiliser des guillemets»… Arno Klarsfeld explique dans quel contexte s’inscrit ce que beaucoup de Français, juifs ou non, commencent à considérer comme de la partialité.


Pour l’AFP quand un Israélien est assassiné en Cisjordanie, il est qualifié dans le texte de la dépêche comme un « colon ». Pour l’AFP, un terroriste du Hamas qui assassine des enfants juifs dans les kibboutzim du sud d’Israël est la plupart du temps qualifié dans le corps des dépêches comme un combattant du Hamas et pas comme un terroriste.

Pourquoi?

Il y a sans doute des raisons économiques à cela. L’AFP est une organisation qui tire une grande partie de ses revenus des nombreux pays arabes et une position jugée pro-israélienne ou même neutre pourrait lui être préjudiciable. Une étude détaillée sur le chiffre d’affaires tiré des pays musulmans par rapport au chiffre d’affaires global serait nécessaire pour appuyer cette assertion.

Il y a sans doute aussi chez certains de ses journalistes la volonté de voir le peuple juif, qui a été la victime d’un génocide industriel perpétré par l’Allemagne nazie avec des complicités européennes sur tout le continent, se métamorphoser lui aussi en un peuple de bourreaux ou, pour laver une culpabilité qu’ils ressentent alors que l’on n’est responsable que de ses propres actes ou alors parce qu’ils voudraient que le peuple juif soit aussi cruel que les autres peuples.

Et puis il y a aussi une volonté d’être en phase avec le milieu de gauche dont ces journalistes sont issus et qui veut voir dans les Juifs des colonisateurs étrangers maltraitant une population indigène innocente.

Et puis il y en a aussi qui subissent sans pouvoir se rebeller.

Mais je crois enfin que si la révolution française a libéré les Juifs dans l’inconscient collectif d’une partie de l’Europe chrétienne, le peuple juif n’a pas encore gagné le droit d’être considéré à l’égal des autres peuples. Les Juifs, oui ; Israël, non. Paradoxal pour les Nations d’accorder au peuple juif de se reconstituer en tant qu’État et de lui refuser le droit de se défendre en tant que tel.

Ce droit, on lui refusait déjà en 1967, le message du Général de Gaulle était alors « Ne vous défendez qu’une fois attaqués. Pas d’initiative d’auto-défense » et quand la victoire fut acquise, cela donna la formule célèbre du « peuple sûr de lui et dominateur ».

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En 1973, Israël pourtant attaqué par surprise sur trois fronts, dans le sud, par l’Egypte, dans le Nord par la Syrie et à l’est par la Jordanie et l’Irak ne trouva pas non plus grâce auprès de la diplomatie et du gouvernement français qui décréta un embargo à son encontre, refusa aux avions américains chargés des éléments nécessaires à sa défense, le droit de se poser sur son territoire et qui résuma, par la bouche de Michel Jobert, alors ministre des Affaires Étrangères, la politique extérieure de la France quant à la guerre menée contre Israël : « Je ne trouve rien d’étonnant pour les pays arabes, de vouloir rentrer chez eux ».

Et la politique de la France n’a guère changé aujourd’hui, refusant toujours à Israël le droit de se défendre et de protéger ses citoyens. La preuve cette résolution honteuse qui vient d’être votée par les Nations Unies avec la voix de la France et qui appelle au cessez-le-feu, c’est-à-dire interdisant à Israël de se défendre, et sans même mentionner les massacres du Hamas ou les otages détenus par l’organisation terroriste dont parmi eux de nombreux Français. Qui pourrait le croire ? Et pourtant l’Italie, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Australie, le Canada… ont eu la décence de s’abstenir.

Pour la presse comme pour la diplomatie française on a l’impression que le message est le suivant: « Retirez-vous de Cisjordanie et les attentats cesseront », alors que tout endroit duquel Israël s’est retiré a aussitôt été transformé en base pour des attaques terroristes à l’encontre de la population israélienne.

Une partie de la presse et de la diplomatie agit et se comporte comme si les menaces à l’encontre d’Israël étaient insignifiantes ou ne portaient pas à conséquence. Comme si Israël était Goliath et les Palestiniens David, alors qu’aujourd’hui David est toujours Juif et les pays arabes le véritable Goliath. Des dizaines de millions d’hommes et des femmes fanatisés par des dirigeants qui n’ont cure du bonheur de leur peuple mais qui cherchent avant tout à assurer la pérennité de leur pouvoir personnel.

Mais je crois aussi que les choses changent et que les Français comprennent de plus en plus que le combat d’Israël est le leur parce qu’ils réalisent que les dangers qui menacent Israël sont les mêmes que ceux qui les menacent. C’est vrai, ils ne se mobilisent pas dans la rue – et ils n’ont certes pas directement leur mot à dire dans la rédaction des textes de l’AFP (un « organisme autonome » de droit privé, qui remplit une mission générale pour laquelle elle reçoit une compensation financière de l’État, a rappelé Judith Waintraub dans Le Figaro) NDLR – mais je suis persuadé qu’ils n’en pensent pas moins.

Un ministre de l’Intérieur bien vantard…

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Alors qu'il reste soutenu par l'aile gauche de la majorité présidentielle, l'article 3 concernant la régulation des travailleurs immigrés des métiers en tension, pourrait ne pas figurer dans la loi immigration de Gérald Darmanin. Sénat, 11 novembre 2023, Paris © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Gérald Darmanin, ou comment ne surtout pas traiter le problème de l’immigration


Depuis plusieurs jours, le ministre de l’Intérieur communique sur les réseaux sociaux, notamment son compte Twitter, les chiffres quotidiens des expulsions d’étrangers délinquants. Ah, comme il est fier, Gérald Darmanin ! Comme il se rengorge ! Comme il s’attache à nous montrer sa détermination sans faille, les fruits d’une mobilisation sans précédent, sa « grande fermeté » ! Pensez donc, 92 expulsions rien que la semaine dernière, quel rythme effréné.

Résistons à la tentation populisto-complotiste !

À cette allure vertigineuse, il suffira de trois ans, 10 mois et 3 semaines pour expulser les 18 345 étrangers incarcérés en France (chiffre de l’Administration Pénitentiaire en juin 2023, concernant uniquement les « personnes d’origine étrangère et n’ayant pas la nationalité française », c’est-à-dire excluant les binationaux). On pourra alors s’attaquer aux étrangers délinquants non incarcérés (et on sait que la politique pénale du gouvernement consistant à incarcérer le moins possible, ceux-ci sont nécessairement plus nombreux que les incarcérés), puis aux délinquants binationaux incarcérés, puis aux délinquants binationaux non incarcérés. Et, bien sûr, on compte sur cette démonstration de force et d’implacable sévérité pour que d’ici là il n’y ait aucun délinquant étranger ou binational supplémentaire – soit que les étrangers et les binationaux déjà présents sur notre sol se tiennent à carreau, soit que ceux tentés par la délinquance renoncent à venir en France. On comprend que le ministre de l’Intérieur se laisse aller à quelques bien légitimes vantardises, au fond bien modestes au regard de ses extraordinaires résultats, à la hauteur du taux d’exécution légendaire des OQTF.

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Et pendant que les Français éblouis s’extasieront devant la puissance salvifique de la République qui met ainsi tout en œuvre pour les protéger, on pourra tranquillement régulariser massivement les clandestins pour alimenter les « métiers en tension » et continuer à faire venir près de 300 000 immigrés extra-européens par an, et personne n’y trouvera à redire – à part bien sûr quelques complotistes populistes propagateurs de fake-news, mais ce n’est pas grave puisque les heureux bénéficiaires du Fonds Marianne se chargeront de les décrédibiliser aux yeux de l’électorat macroniste, et que Thierry Breton leur interdira bientôt les réseaux sociaux. Et de toute façon, qui irait se plaindre du dumping social, à part ces sans-dents de gilets jaunes qui n’ont qu’à traverser la rue ? L’important, c’est qu’Eric Dupond-Moretti ait de la main d’œuvre pas chère pour ramasser ses poubelles et que les premiers de cordée puissent s’offrir une domesticité uberisée. En plus, les émeutes c’est de la faute de Kévin et Matthéo, et Elisabeth Borne a trouvé la solution pour résoudre le problème : élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques et promouvoir la « mixité sociale » qui est, comme elle l’a dit, « une chance » et « nécessaire ». Une chance pour qui, et nécessaire à quoi, on ne le saura pas, mais faisons confiance au gouvernement au lieu de céder à la tentation populisto-complotiste.

Poudre aux yeux

Pardon ? Choc des civilisations ? Islam conquérant ? Antisémitisme ? Mais arrêtez, enfin ! Emmanuel Macron nous a appelés à rester unis, alors restons unis : unis avec ceux qui ont crié « Allah akbar » place de la République (c’est une parole de paix ne l’oubliez pas, les vidéos filmées et diffusées par le Hamas le 7 octobre vous le confirmeront aisément), unis avec Jean-Luc Mélenchon (qui est un Européen de souche, d’ailleurs, tout comme Louis Boyard et Ersilia Soudais, vous voyez bien que tout ça n’a rien à voir avec l’immigration), unis avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris qui nous a rassurés en nous expliquant qu’il est anormal qu’un musulman soit antisémite. Mais si, vous savez bien, ce recteur tellement attaché aux saintes valeurs de la divine République rassemblant dans ses bras aimants toutes les civilisations, toutes les croyances et tous les peuples (ce qui n’est évidemment pas de l’hubris puisque c’est républicain, faites un effort, faut suivre), si attaché donc à ces valeurs qu’il a appelé « iftar républicain » son goûter de soutien à Emmanuel Macron – après avoir fait réciter à des enfants les hadiths nawawi, qui font l’éloge des conversions forcées et de la mise à mort des apostats, mais on ne va pas s’offusquer pour si peu. Comment ? Le Grand Imam d’Al-Azhar, la Ligue Islamique Mondiale et l’Organisation de la Coopération Islamique ont pris fait et cause contre Israël et pour le Hamas ? Non mais ça va, hein, Al-Azhar, la LIM, l’OCI, les versets antisémites du Coran et le « bel exemple » du prophète, tout ça ce n’est pas le vrai islam, le vrai islam est paix et tolérance, c’est celui de ma voisine si gentille qui m’offre des gâteaux au miel pendant le Ramadan et condamne bien sûr le terrorisme mais n’est jamais descendue dans la rue pour le dire, alors qu’elle manifeste souvent contre l’islamophobie et pour le droit de porter le hijab partout et tout le temps. Mais c’est pas pareil.

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Dormez tranquilles, braves gens, et faites confiance au gouvernement. Ne lisez pas les threads de Marc Vanguard sur Twitter. Ne lisez pas les études de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie. Ne lisez pas les analyses de Jean-Marc Leclerc, ou de Jean-Éric Schoettl et Noëlle Lenoir. Et surtout, ne lisez pas votre serviteur !

Vers le triomphe de l’arbitraire

Il vous dirait que tous les débats autour du projet de loi immigration actuel ne sont que de la poudre aux yeux, car l’essentiel n’est pas abordé. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui l’entrée en France est un phénomène de masse, alors que les expulsions sont traitées une par une, au cas par cas, tandis que la loi offre tous les prétextes aux immigrés (légaux ou illégaux) et à leurs avocats (payés par des associations subventionnées par l’Etat) pour rendre l’expulsion impossible. Alors que reprendre la maîtrise de notre destin passe par une inversion radicale de ce processus : refuser l’entrée en France et expulser les clandestins et les délinquants étrangers et binationaux doit être la norme, automatiquement appliquée, et ce sont les exceptions éventuelles à cette règle qui doivent être examinées au cas par cas. Pire encore, il serait capable de vous expliquer pourquoi la macronie tient tant à l’immigration massive : parce qu’elle a besoin du dumping social et du multiculturalisme. Elle en a besoin pour briser la résistance morale, politique et culturelle du peuple français et le priver de sa souveraineté. Elle en a besoin pour mettre fin à la décence commune élaborée depuis trois millénaires par la civilisation européenne et qui, pour le moment, bride encore les appétits des « élites ». Comme les adeptes de la « déconstruction », comme les suprémacistes Noirs, les activites écologistes, les militants LGBTQI+++ et les thuriféraires de l’islam théocratique totalitaire, l’extrême-centre veut étouffer l’élan vers le Juste, le Vrai, le Beau et le Bien qui caractérise la civilisation helléno-judéo-chrétienne, et le remplacer par le triomphe de l’arbitraire. Songez : Aurélien Marq a même écrit un livre sur le sujet ! Ce n’est pas pour rien que l’ouvrage s’appelle Refuser l’arbitraire, et prenez garde : sa lecture pourrait vous inspirer l’envie de défendre notre civilisation, vous donner d’excellentes raisons de vous opposer à la politique du gouvernement, vous proposer des arguments pour convaincre autour de vous, vous montrer que rien n’est perdu, et même vous faire des suggestions concrètes pour agir.

Portes malheurs

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Le député islamo-gauchiste Thomas Portes (LFI), apostrophé par Frédéric Haziza, à la manifestation interdite pro-Gaza, samedi 28 octobre 2023 à Paris. Image: Capture Twitter.

Plusieurs députés d’extrême gauche ont été aperçus dans la manifestation propalestinienne interdite, samedi, à Paris. Parmi eux, notamment, Thomas Portes (LFI, Seine-Saint-Denis), Aurélien Taché (apparenté Europe Ecologie-Les Verts, Val-d’Oise), Jérôme Legavre (LFI, Seine-Saint-Denis), Eva Sas (EELV, Paris) ou encore Sabrina Sebaihi (EELV, Hauts-de-Seine).


Le député Thomas Portes avait démontré être plus que maladroit avec ses pieds. Il est pire avec sa tête. Si la bande de Gaza compte plus de 500 kms de tunnels, la bande de Mélenchon creuse tous les jours sous la Place de la République son trou dans le déni, et s’y enferme avec une obstination maladive.

Portes d’usine. Quand Mélenchon a monté sa petite entreprise, il s’est lancé dans le clonage de robots sensés relayer ses sourates de Grand Mufti enragé. Les premiers robots à sortir de la chaine, comblent son égo de grand mégalo. Un roux nickel chrome, des grands, des petits, des grosses, des blonds, des maigres, des blancs, des noirs, bref de tout pour ratisser large. A l’usage, les premiers lâchés dans la nature lui donnent satisfaction. Malgré quelques ratés. Le rouquin, pas suffisamment déshumanisé, a gardé une goutte de sang chaud qui met un coup de frein à son ascension. Rafistolé, il revient dans le jeu sur la pointe des pieds. Si pour les premiers de la fournée Méluche avait tout le matos, il se retrouve vite en manque de pièces. À partir de Panot il est à court de boulons. Avec Boyard ça dévisse. Au tour d’Obono, il met la carte à puce de son appareil à raclette pour finir le job. Au moment du dernier, il n’a plus rien sous la main. Il le gonfle avec sa pompe à vélo, lui passe une doudoune rouge pour le rendre “discret” et, et puis merde on verra bien…

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Portes ouvertes. Pour voir on voit. Que du rouge. À l’Assemblée, il ne vient jamais sans son ballon. Il fait du collage avec son bâton Uhu, colle la tête à Dudule dessus, un champion de l’usine à Macron, et jongle dans l’hémicycle sous le regard attendri d’Ersilia Soudais qui s’est pointée en short, collants, baskets, pour toucher de la baballe. Privé de ballon, Portes veut jouer avec le micro. Pourquoi le karaoké ne serait réservé qu’à la Panotte, à l’Obonotte et à l’Aymeric Carotte ? A ce jeu il se voit Ballon d’Or le bougre.

Portes blindées. Devant sa télé, au moment des premières sorties de piste, Mélenchon se mangeait les ongles, les doigts. Mais avant d’arriver au coude, il a compris qu’avec ses derniers de la classe il pouvait taper dans une nouvelle clientèle, et pas la plus désertée. Les couillons qui ont le droit de vote, et qui en usent plus surement que les désabusés, les dégoutés, les plus jamais. Le spectacle donné pose des questions, surtout une question. Cette démocratie est-elle le meilleur des systèmes? Et tous ces bouffons moins éclairés qu’un warning qui citent encore et toujours les Lumières. Portes député, demain Portes ministre (portefeuille), allez Portes Président. Le pire malheur serait qu’il nous fasse des Portillons.

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Piégé!

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Willem Dafoe dans "A l'intérieur" (2023) de Vasilis Katsoupis © Copyright Steve Annis / L'Atelier Distrib.

Aux prises avec un frigo qui chante la Macarena, entouré d’œuvres d’art, Willem Dafoe parviendra-t-il à s’échapper du gratte-ciel new-yorkais dont il est prisonnier? Réponse mercredi, au cinéma


« L’Homme n’a pas de Corps distinct de son âme, l’Energie est la seule vie, et procède du Corps, l’Energie est l’éternel Délice ». Extraite du Mariage du ciel et de l’enfer, le célèbre poème de William Blake paru en 1793, dont on voit Nemo (Willem Dafoe) compulser le manuscrit, la phrase revient, en voix off, comme un mantra, aux deux extrémités du film A l’intérieur.  

Un cambriolage qui tourne mal

Nemo, monte-en-l’air également artiste et bon dessinateur féru d’art plastique, s’introduit par les airs dans un immense et fastueux penthouse high tech perché au faîte d’un gratte-ciel new-yorkais, résidence truffée d’œuvres d’art modernes et contemporaines, dont on comprendra que le maître des lieux, en voyage d’affaires, est un oligarque originaire du Kazakhstan… Déguisé en ouvrier d’entretien, notre cambrioleur correspond à distance par talkie-walkie avec son complice, qu’il n’appellera jamais que « numéro 3 ». Mais voilà que le fric-frac si professionnellement planifié part en vrille : l’autoportrait d’Egon Schiele, pièce maîtresse du casse, manque à l’appel. Mais surtout se déclenche brusquement une alarme assourdissante qui tout à la fois clignote, sonne et siffle en répétant : « System/ not/ function ». Tandis que le loft se cadenasse de l’intérieur – Inside : d’où le titre. Piégé !  

« Numéro 3 » a déguerpi, bien sûr, et ne répond plus aux appels affolés de Némo, nouveau Robinson naufragé dans le périmètre insulaire d’un logis aux baies ouvertes sur l’océan du skyline, mais verrouillé comme un coffre-fort. Ce huis-clos est une performance – à tous les sens du mot. Performance d’acteur, au premier chef, car il faut une sacrée présence scénique pour tenir la distance, sans autre réplique que celles que Nemo finira par s’adresser à lui-même au fil de son lent martyre. Performance, au sens où l’inventivité de l’homme pour sa survie est, comme on le verra, sans limites. Performance, enfin, dans l’acception actuelle du mot : à mesure que, mû par l’instinct de conservation mais aussi doté d’une remarquable intelligence pratique, Nemo saccage et dépèce les lieux dans sa tentative désespérée d’évasion, il construit proprement, avec les moyens du bord, ce qu’il est convenu d’appeler une installation artistique. Jusqu’à se réaliser, au risque de la perdition, comme authentique créateur de formes.

Humour noir

C’est même précisément la belle leçon allégorique d’Inside, chemin de croix dont on ne va pas vous déflorer ici les stations. D’autant qu’une bonne part d’humour noir les anime : comme, par exemple, ce frigidaire « intelligent » qui, dès qu’on en ouvre la porte, lâche non sans ironie macabre les décibels d’une chanson latino : « dale a tu cuerpo alegria, Macarena »; ou encore, ce dérèglement climatique qui –  plaisant indice de l’anthropocène où l’humanité gravite – s’est emparé du système d’air conditionné, provoquant tour à tour, de façon incontrôlable, chaleur tropicale et froid polaire… Ou bien cette femme de ménage que le muet noir et blanc des écrans de vidéosurveillance montre au prisonnier impuissant, passant l’aspirateur sur le palier tout en chantonnant, écouteurs dans l’oreille, indifférente et aveugle à son sort… Nemo la croquera, au crayon, sur son petit carnet, en la prénommant « Jasmine »….

L’amusant, si l’on ose dire, dans ce film à la tonalité macabre, c’est que la planète des grands galeristes et collectionneurs se soit mobilisée comme fournisseurs patentés des pièces aussi onéreuses que rarissimes propres à rendre authentique cet aride décor de richissime parvenu – de Schiele à Maurizio Cattelan, en passant par Maxwell Alexandre, Luc Tuymans ou la photographe polonaise Joanna Piotrowska… Pour un autodafé en règle, par la main d’un supplicié qui trouvera son salut dans ce sacrifice quasi rituel, sous le signe de l’acte créatif : « Les chats meurent, la musique s’estompe, mais l’Art demeure », psalmodie Nemo, en guise d’épigraphe, sous les traits d’un Willem Dafoe qui, comme figure christique et artiste maudit, cultive à la perfection le physique de l’emploi.


Au passage, on ne peut s’empêcher de repenser au « Complot de l’art », cette tribune du regretté Jean Baudrillard, parue naguère dans Libération, et qui en son temps avait électrifié la profession : « mais peut-être, au fond, ne faisons-nous que nous jouer la comédie de l’art ? (…) L’art (moderne) a pu faire partie de la part maudite », écrivait le philosophe en référence à Georges Bataille, « en étant une sorte d’alternative dramatique à la réalité, en traduisant l’irruption de l’irréalité dans la réalité. Mais que peut encore signifier l’art dans un monde hyperréaliste d’avance, cool, transparent, publicitaire ? (…) Sinon de nous lancer un dernier clin d’œil paradoxal, celui de la réalité qui se rit d’elle-même sous sa forme hyperréaliste (…), celui de l’art qui se rit de lui-même sous sa forme la plus artificielle : l’ironie. De toutes façons, la dictature des images est une dictature ironique. Mais cette ironie elle-même ne fait plus partie de la part maudite, elle fait partie du délit d’initié, de cette complicité occulte et honteuse qui lie l’artiste jouant de son aura de dérision avec les masses stupéfiées et incrédules ». Et d’évoquer « les métastases du discours sur l’art, qui s’emploie généreusement à faire valoir cette nullité comme valeur (y compris sur le marché de l’art, évidemment) ».

La sobre perfection formelle de A l’intérieur (écran large, plans fixes cadrés au millimètre, bande-son superbe, signée Frederik Van De Moortel, avec des ponctuations de John Cage) s’adosse ainsi à un discours ambivalent quant aux vertus propitiatoires de l’art, tel qu’il est véhiculé aujourd’hui sous l’autorité des collectionneurs capitaines d’industrie – stade ultime de l’abstraction spéculative.  

Vasilis Katsoupis, dont c’est le premier long métrage de fiction, s’est appuyé sur un scénario signé Ben Hopkins : auteur d’un roman, Cathedral, qui raconte la construction de la cathédrale de Strasbourg, Hopkins est aussi le scénariste de Limonov, le nouveau film très attendu du Russe en exil Kirill Serebrennikov, adaptation du roman d’Emmanuel Carrère.

À l’intérieur (Inside). Film de Vasilis Katsoupis. Avec Willem Dafoe. Durée : 1h46. En salles le 1er novembre 2023

Le Polisario attaque de nouveau le Maroc

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Militants du Front Polisario à Pampelune, Espagne, mars 2022 © Alvaro Barrientos/AP/SIPA

Le Front Polisario a revendiqué dimanche 29 octobre une attaque survenue dans la ville d’Es-Smara au Maroc, ayant causé la mort d’un Marocain vivant en France ainsi que trois blessés graves, ainsi que d’autres dans les régions de Mahbas, Farsia et Smara.


Dans la soirée du 28 au 29 octobre, quatre déflagrations ont secoué la ville d’Es-Smara, située dans la région de Laâyoune Sakia El Hamra à environ 80 kilomètres du nord de la frontière mauritanienne et 300 kilomètres à l’ouest de la frontière algérienne. L’attaque a touché quatre zones d’impact dans trois quartiers différents de cette petite ville, des photos diffusées par des habitants révélant des traces d’éclats d’obus sur des murs d’habitations. Située à quarante kilomètres du « mur de défense », cette ville est malheureusement à portée de certains obus utilisés par le groupe séparatiste Front Polisario.

Ce lundi 30 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU doit d’ailleurs se prononcer sur le renouvellement de la mission d’interposition onusienne dans cette région sous tension du fait des activités militaires du Front Polisario, souvent soupçonné d’être le « proxy » de l’Algérie dans le cadre de la guerre froide larvée qui oppose les deux pays, à l’image de ce que peut être le Hezbollah pour l’Iran. De fait, la fin du cessez-le-feu décrétée par le Front Polisario, fin 2020, a conduit depuis à la revendication de plusieurs centaines de petites attaques menées par les séparatistes contre le mur de défense des Forces Armées Royales marocaines dressé en plein Sahara.

A lire aussi, Driss Ghali: Le Maroc a mal

Certains analystes craignent que la montée des violences au Proche-Orient n’agisse par contagion sur différents mouvements irrédentistes du monde arabe, singulièrement celui du Front Polisario. La Russie a notamment proposé des amendements au texte américain prévoyant le renouvellement du mandat de la mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) auxquels la France et les Émirats se sont notamment opposés. Moscou a ainsi présenté une série d’arguments soutenant le droit des populations du Sahara à exercer leur « droit à l’autodétermination », méthode qui rappellera notamment les précédents du Donbass ou encore les tentatives catalanes.

Le Sahara est occupé par des populations marocaines. Comment pourrait-on y organiser un référendum d’auto-détermination valable sans aller contre la souveraineté du royaume chérifien ? La France a tout intérêt à aider à prévenir l’émergence d’un nouveau foyer de conflit dans cette région du monde, surtout à l’heure où le monde s’embrase. Personnage évoqué dans un précédent article consacré aux réseaux du Hamas en France, l’avocat Gilles Devers est aussi celui du Front Polisario qu’il a défendu à la Cour de Justice de l’Union européenne ce mois-ci à propos des accords de pêche liant l’UE au Maroc que les séparatistes entendent contester avec l’aide de l’extrême-gauche européenne…

Macron et l’Union européenne sont-ils vraiment les amis/alliés d’Israël?

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Vendredi, l’Assemblée générale des Nations Unies a appelé à une « trêve humanitaire immédiate » à Gaza. La France, avec 120 autres pays, a voté cette résolution tout à fait contestable. Le texte ne mentionne ni les massacres du 7 octobre, ni les otages capturés et retenus dans l’enclave palestinienne! Le Hamas s’est immédiatement félicité de ce vote, et a réclamé sa « mise en œuvre immédiate afin de permettre de fournir carburant et aide humanitaire aux civils ». « Honte à vous », a pesté de son côté l’ambassadeur d’Israël. Si le soutien sans faille de Washington est à noter, les autres pays occidentaux, où sont présents de nombreux musulmans, semblent tétanisés par l’opinion de ces minorités. En revanche, personne ne pense jamais à demander à tous les pays musulmans où sont passés leurs juifs au cours des dernières décennies.


Alors que cinq pays européens ont voté contre (Autriche, Croatie, République tchèque, Roumanie et Hongrie) et quinze se sont abstenus, la France et la Belgique ont approuvé vendredi une résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui ne mentionne pas les crimes du Hamas. Et, lors du récent Sommet européen, les chefs d’Etat et de gouvernements n’ont pas conditionné leur appel à des « pauses humanitaires » à la libération des otages. 

D’abord, ne pas nuire…

L’Union européenne ne compte pas au Proche-Orient, elle a tendance à l’oublier. La dernière fois que des pays européens ont joué un rôle politique dans la région, c’était en 1956, lors de la crise de Suez, avant la fondation de la Communauté économique européenne l’année suivante, lorsque Français et Anglais se sont fait boutés, humiliés, hors de la région. Depuis, la Communauté puis l’Union européenne de même que la France, l’Angleterre et l’Allemagne s’en tiennent à une politique déclamatoire consistant à affirmer des principes, comme la solution à deux Etats, même s’ils sont devenus caducs depuis longtemps et à fournir de l’aide humanitaire aux Palestiniens, au Fatah corrompu et, indirectement, au Hamas terroriste, pour maintenir un semblant d’équilibre dans la région. Quand on ne compte pas, on devrait commencer par se taire. Primum non nocere, comme on l’apprend aux étudiants en médecine.

Le Sommet européen de la semaine dernière était une chance d’afficher un soutien clair et sans ambiguïté à Israël. Au lieu de cela, à peine trois semaines après les tueries de juifs, les 27 ont commencé à s’en prendre à Israël, en réclamant des « pauses humanitaires », ce qui constitue une victoire pour le Hamas dont l’intention génocidaire, telle qu’elle figure dans la définition de l’ONU de 1948 est peu contestable. 

L’islam qui nous tétanise

Américains et Britanniques ne se sont pas souciés du sort des populations allemandes bombardées sans discrimination, alors qu’Israël ne s’en prend pas délibérément aux civils à Gaza.

A lire aussi, Céline Pina: Pourraient-ils soutenir Gaza sans prêter allégeance au Hamas?

Le nombre de victimes des bombardements israéliens est, pour le moment, relativement faible en comparaison de celui des guerres en Syrie ou en Irak. Les pays européens soutiennent sans réserve l’Ukraine, un pays bien moins démocratique qu’Israël, dans sa reconquête du territoire, mais l’État hébreu n’aura pas droit à la même indulgence dans son juste combat contre le terrorisme islamiste. Les pays arabes affichent un soutien hypocrite aux Palestiniens qu’ils ne veulent surtout pas accueillir chez eux, mais dont ils se sentent culturellement proches. L’Union européenne et la France sont effrayées de choisir entre notre allié civilisationnel et… l’islam, qui les tétanise à cause, désormais, de la présence massive de populations musulmanes en Europe qu’il faudrait « apaiser » par une politique étrangère soi-disant équilibrée. Au lieu d’un communiqué chèvrechoutiste à l’issue du sommet de vendredi, l’UE aurait dû déclarer : « nous soutenons sans réserve Israël, parce que c’est une démocratie victime du terrorisme, comme nous l’avons été nous-mêmes à Paris, Bruxelles, Berlin, Barcelone, Nice… ». Et dès le lendemain, les Européens se sont divisés aux Nations-Unies, la France votant avec 7 autres pays des 27 (Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, Malte, Slovénie, Irlande), une résolution qualifiée à juste titre de honteuse par Israël. 

Qui va distribuer l’aide ?

Le président Macron réclame « une trêve pour organiser la protection des populations civiles ». Que veut-il dire par là et comment compte-t-il s’y prendre ? Trente-cinq Français ont été assassinés, neuf sont pris en otages, parmi deux cents autres, mais la France veut fournir de l’aide à ceux qui les détiennent ? N’est-ce pas insultant pour les Français, pour les familles françaises des morts et des otages ? Pardon, il est question d’aider les populations civiles, pas le Hamas. Il faudrait alors expliquer comment la nourriture va être distribuée à la population sans que cela bénéficie au Hamas ? Qui va organiser les distributions, sinon la seule structure organisée encore fonctionnelle : le Hamas. Quelle partie de l’essence amenée par l’aide internationale sera détournée au profit de la guerre du Hamas pour tuer des soldats israéliens ? 

La question des otages est centrale

La question des otages est centrale. Ce n’est pas avec des couloirs et des pauses humanitaires que leur libération va être facilitée, bien au contraire. La France et l’Union européenne auraient dû conditionner leur aide à la libération des otages et affirmer qu’aucune aide « humanitaire » ne serait fournie aussi longtemps que le Hamas ne les aurait pas libérés.

C’est ce dernier qui a créé cette situation, pas Israël.

Virginie Calmels : « Je ne dis pas que je ne reviendrai jamais en politique »

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Virginie Calmels et Alain Juppé au conseil municipal de Bordeaux en 2018. © UGO AMEZ/SIPA

Entretien vidéo avec Virginie Calmels, chef d’entreprise et femme politique française. Face à notre infatigable chroniqueur, elle dit craindre que LR ne soit plus un vote jugé utile par les Français, et que le parti se prenne une gamelle aux Européennes.


J’ai « soumis à la question » Virginie Calmels. Une personnalité remarquable dont le parcours professionnel a été très riche, notamment sur les plans médiatique – avec l’incroyable succès d’Endemol – et politique, quand Alain Juppé l’a choisie pour être sa première adjointe à la mairie de Bordeaux.

A revoir aussi : Léon Deffontaines: «On a besoin de retrouver notre outil industriel, nos valeurs de travail émancipateur!»

Il me semble que la leçon essentielle à tirer de cette dernière expérience, avec le fiasco à la fois juridique et politique de sa volonté avortée de se présenter à la présidence de LR, est la difficulté, pour une personne étrangère au sérail partisan, d’être acceptée malgré l’évidence de ses dons, talents et compétences. On préfère ne prendre aucun risque : il vaut mieux rester entre soi, avec un ronron rassurant, plutôt que laisser une chance à qui va bousculer et réveiller !

Causeur vous propose de visionner cet entretien, enregistré dans le studio de Fréquence Protestante (100.7 FM Paris).


« J’ai une maxime, de Thomas Jefferson : « Plus je travaille, plus j’ai de la chance. » J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie, mais j’ai beaucoup travaillé. »

« Le fait d’être une femme ne m’a jamais vraiment posé un problème. Ça peut même être un atout. Mais en politique, c’est plus compliqué. »

« Dans l’univers politique, l’arrivée des femmes a créé un rapport complexe avec les hommes. Ainsi, il existe une forme de sororité, de respect et d’entraide entre femmes malgré le désaccord politique. »

« Les quotas ne tirent pas les femmes vers le haut, parce qu’ils enclenchent un soupçon d’illégitimité. (…) Il n’est pas aisé de dire à un homme qu’il doit laisser sa place à une femme, au nom d’un sacro-saint quota. Je crois à une vraie forme de méritocratie. »

« J’ai toujours adoré suivre la politique. On m’a donné l’occasion d’en devenir acteur. J’ai ainsi changé de planète : je suis une femme d’entreprise qui s’est engagée en politique. On m’a lancé dans la piscine, il fallait montrer que je savais nager. »

« En tant que débutante, j’ai eu la chance d’être portée par les plus grands : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon… Mais une fois arrivée dans la cour des grands, une vraie rivalité de personnes s’instaure. »

« J’ai représenté la troisième voix à incarner, après Eric Ciotti et Aurélien Pradié, pour la tête du parti. J’ai été invalidée pour des motifs fallacieux, me faisant passer pour une andouille. J’ai lavé mon honneur au tribunal, mais ai dû me retirer de l’élection. »

« Il y a plein de propositions que la droite aurait pu faire, et je la trouve en panne d’idées, à tourner en rond. La droite n’est pas assez innovante ! »

« La droite aurait dû faire un accord de gouvernement, non pas en reniant ses valeurs, mais en tenant compte des forces en présence : la droite a voté pour Emmanuel Macron en 2022 ! Le peuple de droite est derrière lui. On aurait pu droitiser Emmanuel Macron. »

« La droite ne fera pas un bon score aux Européennes. Je crains que LR ne soit plus un vote jugé utile. »

« Je ne dirai jamais que je ne reviendrai pas en politique un jour. Mais j’ai le ressenti, depuis les primaires, que mon parti n’a aucune envie que je revienne. Je ne forcerai pas la porte, je ne cherche pas à être dans la lumière. »