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Pourraient-ils soutenir Gaza sans prêter allégeance au Hamas?

Jeudi soir, le cri glaçant de "Allah Akbar" a retenti place de la République


Pourraient-ils soutenir Gaza sans prêter allégeance au Hamas?
Paris, 19 octobre 2023 © Fiora Garenzi/SIPA

Place de la République, jeudi, entre 3000 et 4000 manifestants ont exulté quand ils ont appris que la manifestation était finalement autorisée, avant d’ensuite scander des slogans révoltants, à l’initiative d’Europalestine, du NPA et d’autres organisations pro-Palestine. L’indécence d’une foule reprenant le cri du ralliement du Hamas au nom de la solidarité avec la Palestine ne peut qu’inquiéter. « L’ordre public a été troublé à deux titres : par les heurts qui ont eu lieu en cours et en fin de manifestation ; par l’apologie du terrorisme que constituait à lui seul, dans le contexte des pogroms du 7 octobre, le soutien publiquement apporté aux « combattants » du Hamas et qu’explicitaient pancartes, tags et slogans » déplore dans Marianne, Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel.


Une foule entière hurlant Allah Akbar. Voilà l’image marquante de la manifestation pro-palestinienne qui s’est déroulée, place de la République, ce jeudi 19 octobre. Pourquoi ces cris, au-delà de leur indécence manifeste, ont de quoi faire peur ?

Allah Akbar, cri de ralliement et de jouissance des tueurs

D’abord parce que c’est au cri d’Allah Akbar que les islamistes ont commis des crimes contre l’humanité, c’est toujours en vociférant cela qu’on les voit sur les vidéos qu’ils diffusent complaisamment assassiner des personnes désarmées, tuer des enfants, violer des femmes. Ce cri est devenu un signe de ralliement et un appel à la galvanisation. Aujourd’hui, dans un contexte d’attentats islamistes et de pogrome antisémite, « Allah Akbar » est devenu un cri de guerre qui annonce la mort. Il dit à qui est destiné le sacrifice humain et le sang versé. Personne ne l’ignore. Le but de ce cri est d’engendrer la peur et d’annoncer la mort. Le voir repris en chœur en signe d’allégeance est une menace implicite et explicite et a été ressenti comme telle.

Un cri révélateur de l’emprise islamiste

Ensuite parce que ce cri, dans ces circonstances, alors que les horreurs commises par les commandos du Hamas nous renvoient à la barbarie hitlérienne, a quelque chose de profondément déshumanisant. Pendant qu’en Israël on cherche encore à reconstituer les corps démembrés par les commandos terroristes du Hamas, ici la foule hurle « Israël assassin » et « Allah Akbar » avec délectation et jouissance. Mais cela indique surtout à quel point le normatif islamiste a pénétré dans les esprits. Toutes les personnes rassemblées Place de la République, en reprenant le cri des terroristes du Hamas, leur rendaient hommage et dans le fond le savent très bien. C’est le grand public et les journalistes qu’ils prennent pour des imbéciles. Et ils auraient tort de s’en priver vu que cela marche.

C’est ainsi que la cause palestinienne est devenue un viatique qui permet d’exprimer librement son antisémitisme et de cultiver le ressentiment arabo-musulman en l’inscrivant dans une guerre de civilisation. Et les Allah Akbar hurlés montrent que la plupart de ces gens ont choisi leur camp, refusent explicitement la République, et ne sont pas choqués par la barbarie car elle s’abat sur un peuple qu’ils haïssent. Il y a de quoi ne pas être rassuré.

Le déni face aux horreurs commise par le Hamas

Le beuglement de cette foule (en partie) antisémite, le jour même des obsèques du professeur de français est d’autant plus douloureux que l’on ne cesse de découvrir l’ampleur des horreurs commises par le Hamas. Une tribune de psychanalystes israéliens témoigne du choc traumatique vécu par ces thérapeutes.

Ils racontent la cruauté, le sadisme dirigées contre des bébés, des enfants et de jeunes adolescents : beaucoup d’entre eux ont été mutilés à vif, violés et torturés après avoir été forcés d’assister à l’assassinat de leurs parents, et parfois de leur famille toute entière. « Ceci ne relève pas de la seule et implacable haine des Juifs (que le Hamas propage de manière tout à fait ouverte et claire dans ses réseaux officiels), ni d’un conflit de nature territoriale ou religieuse, mais d’un crime contre l’humanité. »

Les atrocités vécues par les enfants enlevés

Ils évoquent aussi le sort des enfants enlevés et ramenés à Gaza : « Certains de ces enfants sont devenus brutalement et sans aucune pitié, orphelins d’un instant à l’autre, alors que les terroristes violaient leurs parents , pour les tuer ensuite, sous les yeux de leurs enfants obligés d’assister à ces scènes effroyables. Les terroristes tiraient sur le corps des parents, les brûlant ensuite, tout ceci devant les yeux des enfants. En même temps les terroristes fêtaient le massacre, tout en le filmant et le diffusant tous azimuts sur leurs réseaux, via leurs téléphones portables. Une de leurs vidéos qui montre un jeune enfant errant dans les rues de Gaza, brutalisé par les enfants palestiniens a envahi la toile, des images qui nous hantent et qui ne peuvent être métabolisées par un cerveau qui se dit humain. Le fait de cibler de manière délibérée et sadique des bébés et des enfants pour les violer, les torturer et les assassiner est une manière de faire voler en éclats ce qu’il y a de plus fondamentalement humain en l’humain. »

Un antisémitisme assumé

Les témoignages se multiplient non seulement sur les faits, mais aussi sur la façon dont la haine et la violence sont inculquées aux jeunes gazaouis. Le Hamas se sert de sa population comme chair à canon et bouclier humain, il n’a donc cure de l’éduquer ; en revanche il tient à l’aliéner, à en faire des personnalités violentes, haineuses, déshumanisées. La haine du Juif leur est inculquée dès le berceau et ce que les militants ont fait en Israël prouve que ce conditionnement fonctionne et qu’il crée des monstres. C’est pour cela que les pays arabes ne veulent pas accueillir les Palestiniens. Ils les voient comme dangereux et facteurs de déstabilisation.

Pourtant, grâce au soutien de LFI et à la bêtise d’une certaine presse qui reprend les communiqués du Hamas, mouvement terroriste, comme s’ils émanaient de l’AFP, des milliers de personnes se sentent parfaitement à l’aise quand il s’agit de soutenir un pogrome et d’aller hurler Israël assassin. En revanche, cette même presse qui aime à donner des leçons, évite soigneusement d’expliquer la différence entre un crime contre l’humanité et un dommage collatéral. La guerre tue et une bombe ne fait pas de détails, surtout quand la population, comme à Gaza, est utilisée par le Hamas comme bouclier humain. Mais les civils ne sont pas une cible, les objectifs sont militaires. Le Hamas, lui, n’avait pas d’objectifs militaires. Les civils étaient sa cible et les torturer autant que les tuer, son objectif. En cela le Hamas est semblable aux nazis, comme il l’est aussi par l’atrocité des méthodes employées.

L’impossible réplique aux crimes contre l’humanité 

Il est donc à souhaiter que la réponse d’Israël ne soit pas proportionnelle aux crimes des dirigeants de Gaza car il n’y a rien de pire que le crime contre l’humanité. Répliquer à la même hauteur est impossible. Alors Tsahal va faire ce qu’elle a toujours fait : répliquer tout en essayant d’épargner la vie des Palestiniens autant que faire se peut. Mais cela reste une guerre et les morts sont inévitables. Ce qui s’est passé en Israël nous concerne tous, car aux yeux des islamistes, tout ce qui n’est pas eux doit être soumis ou détruit et ce qui a été fait là-bas illustre leur méthode d’action. « C’est une culture infiltrée par la mort, la haine et la destruction. Ceci n’a rien à voir avec toute forme de revendication territoriale ou de conflit quel qu’il soit, mais a tout à voir avec une idéalisation perverse de la mort et de la torture. » Or, ceux qui tuent là-bas partagent la même idéologie que ceux qui ont déjà tué ici et que celui qui vient d’égorger un professeur de français.

Je ne sais si les morts en Israël reposeront en paix un jour, mais je sais que pour tous les vivants, il est temps de se réveiller. L’islamisme ne vaut pas mieux que le nazisme. Il vient de le prouver et pourtant une partie de la gauche lui tient la porte et organise des manifestations pour le soutenir. Au terme de ce processus, la cause palestinienne a été transformée en soutien aux islamistes et en déni de crime contre l’humanité. Ne reste que l’horreur et la barbarie qu’Israël a subies et qui n’épargneront pas l’Europe si nous continuons à être aussi lâches.




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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